La mort régnait dans cette forêt.
Les feuilles des arbres étaient au sol, noires et sèches. Les troncs étaient ternes, gris et friables. Si quelqu'un venait à passer sa main sur l'écorche, celle-ci tomberait en miettes à son contact. L'herbe était jaune, cassante. Marcher dessus lui faisait émettre des petits craquements assourdissants, comme s'il s'agissait de coquilles d'escargot. Plus aucune fleur ne parsemait le sol. Elles étaient toutes flétries, comme si cela faisait des mois qu'elle n'avait pas reçu une seule goutte d'eau. Pourtant, il y avait une légère pluie qui tombait du ciel. Enfin, à quelques endroits ici et là, il y avait des cadavres d'oiseaux, tombés raide mort du ciel en plein vol. Leurs ailes étaient encore dépliées, montrant que la mort les avait frappé sans sommation. Un ou deux lapins étaient couchés sur le sol terreux, au loin, sur le flanc. Dans leurs yeux ouverts, plus aucune étincelle de vie n'y brillait.
Au milieu de ce champ de mort, un homme appuyé contre l'un de ces arbres morts. Il regardait les oiseaux étendus inertes sur le sol d'un air triste. Aucune larme, cependant, ne glissait sur ses joues. Il se contentait de fixer la mort qui lui faisait face, qui l'entourait, le hantait. Malgré les siècles écoulés, il ne s'était toujours pas habitué à la mort qu'il causait contre son gré, ne parvenait pas à s'empêcher de tuer des êtres vivants innocents.
Il releva brutalement la tête lorsqu'il entendit le bruit de chaussures écrasant l'herbe sèche, prêt à faire fuir l'intrus afin de ne pas le tuer. Avant qu'il n'ait eu le temps de dire quoi que ce soit, le nouvel arrivant, un homme âgé avec une très longue barbe blanche et vêtue d'une longue robe violette, dit :
- C'était donc ici que vous vous cachiez.
- Dumbledore, dit le garçon en hochant légèrement la tête.
Il prit appui sur l'arbre derrière lui afin de se relever. Il leva la main devant lui, faisant signe à l'homme de cesser de s'avancer, ce que l'autre fit, sans poser de questions sur la raison pour laquelle il ne devait pas s'approcher davantage.
- Lorsque j'ai entendu des rumeurs affirmant que des zones de forêts étaient comme frappées par la mort, j'ai tout de suite sut que c'était de ton fait, Zeleph.
Zeleph se contenta de l'observer en silence. Il n'était pas une personne bavarde. Les siècles qu'il avait passé dans la solitude, à craindre de tuer sans le vouloir quiconque s'approchant de lui ne l'avaient pas rendus loquace, bien qu'il parla régulièrement seul.
- Tom Jedusor est de retour, se contenta de dire Dumbledore.
Une étrange lueur passa dans les yeux de Zeleph.
- Je vois. C'est donc ainsi…
Il baissa légèrement la tête.
- C'était bien sûr prévisible. Lorsqu'il s'est attaqué au jeune Harry Potter alors bébé, il n'est pas mort. Son âme a erré ces dernières années dans notre monde, guettant attentivement le moment qui sonnerait son retour. Et cela est arrivé il y a deux mois. A présent, il rassemble ses fidèles petit à petit, se cachant du ministère pendant qu'il raffermit son pouvoir, se prépare à entrer une nouvelle fois en guerre.
Zeleph croisa le regard de Dumbledore, se demandant pourquoi il était venu jusqu'ici pour lui dire tout cela. Il était très loin de Poudlard, s'étant tenu à l'écart de cette école de magie pour éviter d'attirer l'attention de qui que ce soit ou de tuer des gens, les terres autour de l'école étant très habitées.
- J'ai décidé de reformer l'Ordre du Phénix afin de combattre Voldemort et toi, Zeleph Dragnir, tu vas nous y aider.
La surprise teinta le regard de Zeleph. Toute son attention était désormais sur Dumbledore qui venait de prononcer les mots les plus incohérents qu'il ait jamais entendu.
- C'est toi qui a enseigné à Voldemort tout ce qu'il sait sur les Horcruxes et qui lui a appris tant de sombres magies qui avaient sombrées dans l'oubli pour d'excellentes raisons.
- Je reconnais, dit lentement Zeleph, que ce que tu dis est vrai. Lorsque nos routes se sont croisées et qu'il m'a demandé de lui apprendre tout ce que je savais de la magie noire pour défendre le monde sorcier d'une grande menace, j'ai accepté, loin de me douter de ce qu'était cette menace qui planait sur votre monde et surtout, de ce qu'il comptait faire. Tant de sorciers m'ont demandé leur aide…
Sa mémoire dériva au loin, se remémorant la jeune Mavis qu'il avait croisé par hasard au cours de ses voyages et qui souhaitait sauver une ville d'une guilde illégale qui maltraitait les habitants de Magnolia.
- Tu dois prendre tes responsabilités pour les crimes que Tom a commis à cause de tes enseignements et de ta négligence, Zeleph, affirma Dumbledore.
Zeleph supposait que c'était le cas.
- Rejoins l'Ordre pour aider Harry à vaincre Voldemort une bonne fois pour toute.
- Tu me dis d'assumer mes responsabilités, dit lentement Zeleph, mais je ne peux pas me mêler à tes sorciers avec ma magie risquant de les tuer accidentellement.
- J'ai conscience des risques que je fais encourir à l'Ordre en te demandant de nous rejoindre. Je connais l'imprévisibilité de ta magie et le fait qu'elle risque à tout moment d'échapper à ton contrôle. Malheureusement, je n'ai pas le choix face au danger qui attend Harry Potter. Il fut un temps où tu étais considéré comme le plus grand mage ayant jamais foulé cette terre. Sombre, certes, mais le plus grand de tous. Nombre de tes travaux ont posé les bases de la magie moderne bien que tout le monde l'ait oublié. Et c'est sans compter le fait que tu es celui qui connait le mieux Voldemort à l'heure actuelle.
Zeleph ne pouvait réfuter ce que Dumbledore disait néanmoins il savait d'expérience que c'était une très mauvaise idée que de le mêler aux autres humains. Il suffisait de voir l'état dans lequel il avait mis cette forêt pour se rendre compte d'à quel point le projet du directeur de Poudlard était insensé.
- Je regrette Dumbledore, mais je ne peux pas faire cela.
- J'endosserai toute la responsabilité si tu venais à tuer quelqu'un.
Zeleph secoua la tête.
- Même si tu dis cela, je ne peux accepter. Tu auras beau dire que tu prendras toute la responsabilité, il n'empêche que c'est moi qui les aurait tout de même tué.
Zeleph se détourna de Dumbledore et commença à s'en aller. Le vieil homme ne semblait pas vouloir entendre raison, alors il était préférable qu'il parte afin de mettre fin à cette conversation. Il comprenait l'importance de la situation, mais il ne pouvait pas accepter la demande de Dumbledore, pas alors que tant de vie était en jeu et combien même il était responsable de cette situation. Il se disait que si cela venait à trop dégénérer, il pourrait tout aussi bien régler lui-même le compte de Tom Jedusor de son côté, de manière à ce qu'aucune vie innocente ne soit menacée.
- Natsu Dragnir sera à Poudlard.
Ces mots suffirent à faire s'arrêter Zeleph.
Il se retourna vers Dumbledore, les yeux écarquillés de surprise.
- J'ai fait appel à sa guilde, Fairy Tail, afin qu'il nous vienne en aide. Même si le ministère de la Magie ne reconnait pas son retour, nous allons passer à l'offensive et nous lancer à la chasse aux Horcruxes. Nous ignorons encore combien il en a et quelle forme ils ont mais avec toute les informations que tu possèdes, toutes ces questions trouverons une réponse, je n'en doute pas un seul instant.
Cette fois-ci, Zeleph hésita.
D'un côté, il savait qu'il ne devait pas accepter l'offre de Dumbledore. C'était bien trop risqué pour toutes les personnes avec lesquelles il serait en contact. Sa magie instable risquait de se déchainer et de tuer toutes les personnes dans la même pièce que lui, y compris Natsu. Mais de l'autre, il avait envie de voir comment se portait son frère et à quel point il avait progressé depuis la dernière fois qu'il l'avait vu. Peut-être qu'à présent, il était capable de le tuer.
- En quoi consisterait mon rôle ? demanda prudemment Zeleph en se tournant vers Dumbledore qui souriait, comme s'il connaissait déjà sa réponse avant qu'il ne la formule.
- Tu enseignerais la défense contre les forces du mal à Poudlard. Ils ont besoin de savoir comment se battre contre la magie noire et tu es indéniablement le mieux placer pour ce genre de choses. Natsu serait ton co-professeur. A vous deux, vous seriez en mesure de les préparer à la guerre qui approche à grands pas. En tant que professeur et membre de l'Ordre du Phénix, tu pourrais transmettre à Harry et ses amis toutes les connaissances dont ils auront besoin sur Voldemort pour le vaincre.
- Je pourrais m'occuper de Tom moi-même.
Dumbledore secoua la tête.
- Il faut que ce soit Harry qui le tue, comme stipulé dans la prophétie. Si la prophétie n'est pas réalisée, de lourdes conséquences pourraient s'ensuivre. Ne me demande pas lesquelles car je l'ignore. Ce que je sais, c'est que cette prophétie n'est pas là pour rien. Ce n'est pas pour rien qu'elle stipule qu'Harry doit tuer Voldemort alors qu'il n'est encore qu'un enfant.
Zeleph devait reconnaitre qu'il avait raison là-dessus.
- Je doute que Natsu accepte d'enseigner avec moi, dit-il d'une voix douce.
Lors de leur rencontre sur l'ile de Tenro, Natsu était furieux contre lui pour avoir dégrader l'écharpe d'Ignir. Il ne serait certainement pas heureux de le revoir et certainement pas dans ces conditions.
- Si c'est ce qui t'empêche d'accepter, il n'y a pas à s'inquiéter : je m'en occupe. Est-ce que tu acceptes, alors ?
- Et concernant mes effusions de magie mortelle ?
Il désigna d'un regard le paysage mort qui les entourait.
- Je ne pourrais rien faire pour elle, dit lentement Dumbledore. Mais je sais que ta malédiction est sous ton contrôle lorsque tu ne fais pas attention à l'importance de la vie.
- Quand j'oublie que la vie est importante, les gens ont tendance à mourir.
Dumbledore pinça les lèvres, n'ayant visiblement pas penser à ça. Zeleph ne pouvait pas lui en vouloir : le mal dont il souffrait n'était plus aussi connu que lorsqu'il était jeune. Sa connaissance avait sombré dans l'oubli, au même titre que de très nombreuses magies mortelles, comme l'avait mentionné Dumbledore un peu plus tôt.
- Je me soucie de la vie de Natsu, ajouta Zeleph. Il est le seul qui puisse un jour espérer me tuer… J'ai bien peur de ne pas pouvoir accepter ta demande, Dumbledore. Dans une école, il y a bien trop de vies qui sont en jeu pour que je prenne le risque.
Dumbledore sembla hésiter avant de dire précautionneusement :
- Ne pourrais-tu pas considérer la vie des élèves comme n'étant pas importante ? Ou un moyen de rattraper le péché d'avoir enseigner à Voldemort tant de magie sombre ?
Zeleph n'était pas vraiment familier avec Dumbledore. Il n'avait dû le voir que quelques fois au court de son existence. Néanmoins, il connaissait la mentalité de cet homme qui mettait l'amour au dessus de toute magie. Lui suggérer de considérer ses élèves comme des pions et non comme des êtres sensibles dont la vie était importante devait beaucoup lui coûter. Sa présence dans l'école devait être réellement importante pour qu'il en vienne à une telle extrémité.
- Je peux le faire. Mais ma magie pourrait toujours devenir incontrôlable.
- Je te donnerai la plus grande salle de classe de Poudlard. Ainsi, les pupitres des élèves seront loin de toi. A combien estimes-tu la portée de ta malédiction lorsqu'elle t'échappe légèrement ?
Zeleph prit quelques minutes pour réfléchir, regardant autour de lui la portée qu'avait eu sa magie cette fois-ci.
- Cinq mètres.
C'était également à cette distance qu'il avait enseigné la magie à Mavis et ses camarades. Tout s'était bien passé.
- Nous ferons comme cela, alors.
Zeleph n'était pas convaincu par les paroles de Dumbledore. Cependant, et il se détestait pour cela, il avait envie d'aller à Poudlard. Il était fatigué de voyager seul, ayant pour seule compagnie la mort. Il voulait aussi revoir Natsu. Cela faisait si longtemps qu'il ne l'avait pas vu. Avait-il grandi depuis la dernière fois ?
- C'est d'accord à la condition que tu lèves les barrières anti-transplanage de ma salle de classe.
- Nous avons un accord, alors.
Dumbledore lui donna quelques informations concernant Poudlard et des instructions pour son arrivée avant de le laisser à nouveau seul.
Zeleph avait une semaine pour se préparer à l'année scolaire à venir
