Disclaimer : tout l'univers de Saint Seiya que vous reconnaîtrez aisément appartient à Masami Kurumada. Les autres personnages sont à moi et ceux de la mythologie à tout le monde. Je n'ai pas d'informations précises concernant certains personnages de Saint Seiya, j'ai donc mis ce que m'arrangeait.

Résumé : un Sanctuaire inconnu va se retrouver mêlé, contre son gré, aux problèmes que va rencontrer celui d'Athéna à cause d'une nouvelle menace non divine.


Ninanina : merci pour ton commentaire. Je suis contente que tu continues à suivre cette histoire. Je me souviens que, quand je l'ai écrite, je n'étais pas certaine de faire ce qu'il fallait. Mais j'ai eu de bons retours. Et j'ai mis du temps pour trouver les bons mots et les mettre dans bon ordre pour que ça reste érotique. La menace viendra ne t'inquiète pas. Je te laisse avec ce nouveau chapitre. Bonne lecture.

Moon Shadow : ton commentaire me touche beaucoup, merci. Je suis contente que ce chapitre t'ait plu. C'est vrai qu'il est plein d'information et il le faut si je veux que les lecteurs comprennent bien tout ce qui se passe. Pour Kanon et Kayla tout ira bien. Je ne suis pas sadique à ce point. ^^ Voici la suite, j'espère que ça te plaira.


Chapitre 17

Sanctuaire d'Athéna, mercredi 3 juin 1998…

Shion se réveilla très tôt. Le soleil faisait tout juste pâlir le ciel. À ses côtés, Dohko dormait profondément. Le Grand Pope se tourna et observa son amant. Ses cheveux mi-longs étaient étalés sur le coussin, son front détendu. Ses lèvres légèrement ouvertes attiraient Shion comme la lumière, les papillons de nuit. Il avait envie de l'embrasser. Ses yeux descendirent sur les épaules solides, sa poitrine se soulevait au rythme de sa respiration. Une main reposait sur son flanc, l'autre était relevée derrière sa tête. Ces mains si douces, qui le caressaient de façon si magique, si exquise, ces mains puissantes qui pouvaient aussi se saisir des armes de Libra pour tuer. Ces mains qui pouvaient donner tant d'Amour, et qui dispensaient également la mort. Il les aimait ces mains qui pouvaient lui faire tout oublier.

Son ventre aux abdominaux proéminents se soulevait régulièrement. Sous le nombril une fine ligne de duvet descendait jusqu'au pubis où reposait le sexe recouvert par le drap. Shion sentit une vague de désir le parcourir et se mordit les lèvres. Il éprouvait des sentiments violents pour cet homme, des sentiments qui allaient bien au-delà du désir physique et de la simple affection comme il en ressentait pour Mursia. Lui, le libertin, qui s'était si souvent servi des hommes et des femmes qui avaient jalonné son existence pour son plaisir sans se soucier des passions qu'il avait pu déclencher, il était tombé amoureux, vraiment amoureux, complètement amoureux. Il avait eu des aventures depuis trois ans qu'il était revenu des Enfers, en particulier avec la ravissante Thémis et surtout la sublime Mursia qu'il avait fréquentée quelques semaines.

Mais ce qu'il éprouvait pour le Chevalier d'Or de la Balance, il aurait fallu qu'il invente des mots pour l'expliquer. Ce qu'il savait, c'est que la violence et la profondeur de ses sentiments lui faisaient mal tout en le transportant de bonheur. Et le fait que leurs cosmos se mettaient à briller ensemble pour ne plus en former qu'un plus étincelant et plus puissant était significatif de la force de leur amour et de leur complémentarité, et qu'ils avaient trouvé l'Union Parfaite dans leur couple.

Il devait être honnête et s'avouer que ce qu'il ressentait pour Dohko n'était en rien comparable à ses sentiments pour Mursia. Il avait toujours aimé la Balance, depuis qu'ils se connaissaient, mais il n'en avait pas conscience. Par respect pour eux, il devait faire un choix. Un choix qui était d'ailleurs fait depuis longtemps. Mursia n'avait jamais eu aucune chance, même si elle était une Atlante.

Il déposa un léger baiser sur les lèvres de Dohko qui soupira et quitta la chambre. Il grimpa les escaliers jusqu'à son Palais, profitant du calme de l'heure matinale. Il percevait la quiétude des cosmoénergies des occupants des Temples qu'il traversait. Tout le Sanctuaire était en paix. Il prit une douche et commanda un petit-déjeuner qu'il prit le temps de déguster. Il se sentait d'humeur légère et détendue. Maintenant qu'il avait mis un nom sur ce qui lui perturbait l'esprit depuis des semaines, il éprouvait de la sérénité. Il envoya un mail à Athéna pour la prévenir qu'aujourd'hui, il devait voir les Atlantes avec Mû et Kiki pour tenter une expérience psychique. Il terminait son message lorsqu'il perçut les cosmos des deux hommes.


Sanctuaire de Gaïa, le même jour.

Kamryl les attendait assise devant la Flamme en tailleur comme de coutume. Mais pour une fois, elle avait allumé des bougies afin d'éclairer un peu plus la caverne pour ses invités qui n'avaient pas l'habitude de cette obscurité. Belta, Mursia et Orlyna arrivèrent en compagnie de Shion, Mû et Kiki. Ils prirent place en arc de cercle face à l'Oracle, la Flamme au centre.

— J'me sens un peu intimidé d'être là, fit Shion en observant tout autour de lui les murs de la grotte.

— Vous êtes les premiers hommes à pénétrer ici. C'est un privilège.

— Nous en sommes conscients et c'est un honneur pour nous, répliqua humblement Kiki.

— Comme nous ne savons pas à quoi nous attendre, fit Belta, je suggère que nous tentions une télépathie commune pour commencer.

— Lorsque ce sera fait, pourquoi ne pas essayer une régression ? proposa Mursia. Vous avez déjà fait ce genre de choses ? demanda-t-elle aux hommes.

Ils répondirent par la négative en souhaitant une explication.

— Il s'agit de remonter jusqu'à l'instant de notre naissance et de nous y maintenir tous ensemble pour ensuite aller plus loin dans le passé, leur exposa Orlyna d'un ton professoral.

— Plus loin dans le passé ? fit Shion d'un air dubitatif. Vous pensez que nous allons explorer nos vies précédentes ? Vous croyez à ça ?

— Pourquoi pas, laissa tomber Mû avec une pointe d'amusement dans la voix.

Les six Atlantes se relaxèrent et joignirent leurs esprits. Ils régressèrent jusqu'à leur venue au monde, à la seconde où ils poussèrent leur premier cri. Ils restèrent là un moment, chacun assistant à la naissance des autres. Belta revécut son accouchement avec une joie indicible, la communiquant aux autres. Si les jumelles connaissaient leur mère, leur grand-mère et leur arrière-grand-mère, il n'en était pas de même pour Kiki, Shion et Mû. À aucun instant, ils ne virent le visage de celle qui les avait mis au monde.


Temple du Scorpion, le même jour.

Milo tournait en rond dans son Temple. Il avait rêvé de Camus… et de lui… faisant l'Amour ensemble quelques nuits plus tôt. En se réveillant, il avait découvert ses draps souillés. Il avait eu un petit rire. Depuis combien d'années cela ne lui était-il plus arrivé ? Il ressentait encore les derniers frissons du plaisir qui l'avait balayé dans son rêve… et dans son lit. Il comprit qu'il éprouvait ces sentiments depuis longtemps pour le Verseau, mais il avait fallu un rêve plus vrai que nature pour qu'il en prenne conscience.

Il se sentait heureux et inquiet à la fois. Sa vie allait être bouleversée, mais dans quel sens ? Allait-il combler son désir le plus fou ou allait-il souffrir éternellement ? Comment savoir si ses sentiments étaient partagés ? Il avait bien remarqué ses yeux se poser sur lui avec plus ou moins d'insistance, sa voix semblait parfois tendre et suave quand il lui parlait alors qu'avant il était beaucoup plus réservé et glacial. Les efforts que faisait le Verseau pour être plus ouvert et social avaient été autant de signaux qui avaient pénétré l'inconscient du Scorpion pour faire un travail de conquête sur son cœur. Camus l'aurait-il fait exprès ? Tout en douceur, en subtilité plutôt que lui faire du rentre-dedans flagrant, attitude qui ne s'accordait pas du tout avec l'élégance du Maître des Glaces.

Il y avait toujours eu une profonde amitié et un grand respect entre les deux Chevaliers, beaucoup d'affection aussi. Pourtant, même si Milo avait eu des partenaires des deux sexes, il se sentait davantage attiré par les femmes que par les hommes, même si la dernière femme avec qui il avait fait l'Amour était une Amazone qu'il n'était pas près d'oublier et que son dernier amant en date n'était autre que le Cancer et pas plus tard que ce matin.

Quand Camus avait été tué par Hyoga, Milo avait cru mourir de chagrin. Les batailles s'étaient enchaînées et il s'était confronté à son ami dans le Temple de la Vierge pendant la guerre contre Hadès. Malgré sa douleur et sa colère, il avait fait son devoir jusqu'au bout. Puis tous les Chevaliers d'Or s'étaient rassemblés devant le Mur des Lamentations, mais l'urgence de la situation ne lui avait pas permis de lui parler. Il s'était consolé en se disant que de toute façon, ils allaient mourir et qu'enfin il aurait peut-être la possibilité de le retrouver, quel que soit l'endroit où ils iraient après...

Pendant douze ans, sans savoir que tant d'années s'étaient écoulées ni où ils se trouvaient, il avait enveloppé Camus de son affection et de son amitié sans vraiment réaliser qu'il s'agissait d'Amour. Le Verseau aussi avait entouré Milo de tendresse, il le faisait encore. Depuis qu'ils étaient de retour, il le voyait multiplier les aventures sans lendemain. Que ce soit avec des inconnus ou des Chevaliers, Camus semblait vouloir rattraper le temps perdu. En réalité il ne l'était pas puisque aucun d'eux n'avait vieilli. Et à chaque fois qu'il partait, accompagné d'un homme ou d'une femme, le Scorpion se sentait triste et contrarié. Et ses derniers temps, ça devenait insupportable. Il n'en pouvait plus de voir le Verseau se désintéresser de lui. Pourquoi Kanon ou Mikael et pas lui ? Et pourtant, il ne pouvait s'empêcher d'espérer à cause de tous ces petits détails, les regards, le son de la voix, certains gestes. Il se souvint d'un entraînement ou Saga l'avait pas mal amoché sans le vouloir. Camus avait été le premier à ses côtés, et l'inquiétude qu'il avait vue alors dans ses yeux avait été comme un baume sur son cœur sans qu'il comprenne vraiment pourquoi.

Il fallait qu'il sache à quoi s'en tenir. L'ignorance le rendait fou. Il ne pensait plus qu'à ça, Camus l'obsédait complètement en particulier depuis son réveil ce matin. Il devait savoir si ses sentiments étaient partagés ou s'il devait tourner la page et passer à autre chose. Il en avait assez de l'incertitude. Il fonça dans son salon, pris quelques livres qu'il avait empruntés à Camus et il monta jusqu'au onzième Temple…

Temple du Verseau, un peu plus tard.

Camus avait commencé à préparer son déjeuner lorsqu'il perçut le cosmos de Milo. Son cœur bondit dans sa poitrine, mais en digne Maître des Glaces, il se contrôla parfaitement.

— Y a quelqu'un ?

— Dans la cuisine !

— Salut ! Mmm… ça sent bon ! C'est quoi ?

— Bavette à l'échalote. Tu veux manger avec moi ?

Les mots étaient sortis de sa bouche sans qu'il ne puisse les retenir. Mais en avait-il eu envie ? Aurait-il pu les ravaler ? N'était-ce pas la preuve flagrante qu'il désirait la présence de son ami et que cette invitation n'avait rien de fortuit ?

— Euh… oui avec plaisir.

Milo n'en croyait pas ses oreilles. Il s'attendait à faire une visite éclair, du genre "Salut, tiens j'te ramène tes bouquins. J'ai adoré. Allez, à plus!" Alors que là, il avait l'opportunité de passer un long moment avec le Verseau. Il posa les livres sur un coin de la table et s'approcha de Camus.

— J'peux t'aider ?

— Oui, rince la batavia, le saladier est sur la table avec la vinaigrette.

Ils s'affairèrent plusieurs minutes en silence, s'observant à la dérobée. Milo avait un petit sourire accroché aux lèvres dont il ne parvenait pas à se départir. Quant à Camus, il faisait de gros effort pour calmer les battements de son cœur.

— Tu m'as ramené quoi comme bouquins ?

— Euh…, Asimov, Rice et Tolkien.

— T'as aimé ?

— Ouais, surtout "Chroniques des vampires" d'Anne Rice. Elle a une façon bien à elle de revoir le mythe.

— Ils en ont fait un film justement avec Brad Pitt et Tom Cruise, "Entretien avec un vampire". Tu l'as vu ?

— Non. Il est bien ?

— Il est excellent. Les acteurs crèvent l'écran et Anne Rice a participé à l'écriture du scénario.

— J'aimerais bien le voir.

— Passe-moi le poivre s'il te plaît… Si tu veux, on peut l'regarder après manger.

— D'accord.

Ils passèrent à table et Camus fit le service avec un style tout français. Milo était fasciné par les gestes précis et élégants de son ami.

— Et les autres ?

— Tolkien c'est génial. Ce type a une imagination extraordinaire. Dommage que l'bouquin soit si énorme.

Camus éclata de rire, ce qui le rendit absolument irrésistible. Milo ne savait plus comment il devait agir. Il était certain que son trouble se voyait comme le nez au milieu de la figure.

— Le Seigneur des Anneaux est un vrai chef-d'œuvre. Si t'aimes l'Heroic Fantasy, j'ai d'autres auteurs qui pourraient te plaire. Et Asimov ?

— Là c'est complètement différent. On passe du Fantastique à la Science Fiction. J'ai bien aimé le "Cycle de Fondation"

— Harry Seldon et la psychohistoire. C'est bien tortueux comme idée. Il faudra qu'tu lises le "Cycle des Robots". Tu veux encore du vin ?

— Oui s'il te plaît. Tu m'les passeras à l'occasion.

— J'te passerai Herbert aussi, toute la saga de "Dune". C'est aussi de la SF, mais c'est très différent d'Azimov et tout aussi passionnant.

— J'croyais qu'tu lisais qu'des classiques d'la littérature ou des pavés philosophiques ?

— J'en lis aussi…

Ils discutèrent ainsi jusqu'au dessert. Visiblement, ils appréciaient d'être là, face à face, à parler de tout et de rien sans que les Dieux, les Guerres Saintes ou les Amazones ne s'invitent à la table. Milo commençait à penser que Camus éprouvait quelque chose de plus que de l'amitié pour lui sans se douter que le Verseau se faisait exactement les mêmes réflexions.

— J'vais faire la vaisselle et ensuite on se boit un bon expresso devant le film.

— OK ! Tu laves, j'essuie ?

— Ça marche.

La corvée fut rapidement expédiée et Camus prépara les cafés pendant que Milo cherchait le film qu'ils allaient regarder. Le Verseau arriva avec un petit plateau où il avait posé deux tasses remplies d'un nectar noir et parfumé et un sucrier. Il déposa le tout sur la table basse et pris la télécommande pour mettre le film en lecture quand Milo poussa un cri et se leva d'un bond. Il venait de renverser le café brûlant sur lui.

— Ne bouge pas, fit Camus d'un ton ferme.

Il posa sa main sur le haut de la cuisse du Scorpion. Elle s'auréola d'une fine poussière de glace. La douleur disparut presque immédiatement et Milo reprit son souffle.

— Enlève ton froc, j'vais t'prêter un des miens.

— Camus, j'suis désolé. J'ai taché ton tapis…

— C'est pas grave, ça arrive à tout l'monde, fit-il en revenant avec un bas de survêtement.

— J'le f'rai nettoyer.

— Oublie ça. Le Sanctuaire a des employés qui sont payés pour ce genre de chose. J'te refais un café.

— Merci, j'essaierai de pas l'renverser cette fois…

Milo passa le pantalon et se rassit sur le canapé. Il avait cru s'évanouir quand Camus avait posé sa main sur sa cuisse, provoquant une réaction qu'il n'avait pu contrôler. Il sentait encore une légère sensation dans son aîne. Il avait chaud, très chaud, pourtant la main de Camus était glaciale. Il revint de la cuisine avec un expresso et un tube de crème contre les brûlures.

— Fais voir ta cuisse.

— Hein ?

— Bois ton café et fais voir ta cuisse. J'vais t'passer ça.

— Je… j'peux l'faire, ça va.

— Ta peau est gelée, c'est pour ça qu'tu sens rien. Le froid aussi provoque des brûlures. Si tu mets pas la pommade comme il faut, tu vas t'arracher la peau. Moi je sais comment faire.

Camus avait là un argument de taille. Effectivement, Milo n'avait pas envie d'avoir une vilaine cicatrice à cet endroit ni à aucun autre d'ailleurs. Mais la situation était en train de lui échapper. Camus allait passer ses doigts juste à côté de la partie la plus sensible de son anatomie et il n'était pas du tout sûr de contrôler son corps. Et si c'était là l'occasion qu'il cherchait ?

Camus déboucha le tube et commença à étaler le produit sur la peau qui se réchauffa rapidement, calmant la douleur qui s'était réveillée. Milo plongea dans sa tasse pour cacher son trouble. Agenouillé entre ses jambes, le français jetait des coups d'œil au grec pour voir ce qu'il ressentait. Il savait que la situation était ambiguë et il adorait ça. Le regard de Milo se promenait de partout dans la pièce sauf sur sa cuisse. Sa réaction ne se fit pas attendre. Une petite bosse commençait à déformer son boxer, ce qui n'échappa pas à Camus, ravi de voir son ami réagir ainsi. Il reboucha le tube avant de terminer son massage. Milo avait fini son café et ne savait pas quoi faire de sa tasse. S'il se redressait pour s'en débarrasser sur la table, il prenait le risque de mettre fin à cette douce torture et s'il la gardait à la main, il aurait l'air du dernier des idiots… Tant pis il aurait l'air idiot !

C'est alors que Camus le débarrassa de l'encombrant objet puis il posa ses mains sur ses cuisses en le regardant droit dans les yeux. Il était tant de passer à autre chose. Ses mains remontèrent jusqu'aux hanches du Scorpion. Leurs yeux ne se quittaient pas. Ceux de Milo exprimaient un violent désir alors que ceux de Camus étaient insondables. Il agrippa l'arrière des genoux du grec et le tira brusquement du canapé. Milo se retrouva presque allongé, un éclat d'excitation dans le regard tandis que le Verseau s'asseyait à califourchon sur lui.

— Camus, qu'est-ce tu fais ?

— Rien que tu ne souhaites pas, murmura-t-il lentement, en remontant ses mains sur les hanches et il poursuivit en les faufilant sous le t-shirt, provocant un violent frisson chez Milo.

— Euh… écoute, je sais pas si…

— Tu veux qu'j'arrête ?

Camus continuait ses caresses avec ses mains, avec ses yeux, avec sa voix. Il se pencha sur le Scorpion, mettant leurs visages à quelques centimètres, son regard allant de ses lèvres à ses yeux. Milo ne savait plus comment réagir. Lui, d'ordinaire plutôt entreprenant, était surpris par l'attitude du Chevalier des Glaces. Il crevait d'envie de prendre le Verseau dans ses bras, d'embrasser cette bouche humide, de caresser ce corps magnifique, mais son comportement le déstabilisait. Jamais il ne l'aurait imaginé si audacieux.

— Alors, j'continue…, ou j'arrête ?

Aaah ! Cette voix… ! À peine un murmure, elle était chargée d'érotisme, provocante et caressante. Le souffle tiède frôla les lèvres de Milo le faisant un peu plus sombrer dans un univers de volupté. Il ne voulait surtout pas que ça s'arrête. Il désirait plus que tout savoir où tout cela allait le mener. Et tant pis si ça ne le menait pas bien loin.

— Continue... souffla-t-il.

— Dis-moi c'que tu veux…

Et il posa ses lèvres sur celles de Milo en un baiser torride qui fit perdre pied au Scorpion.

— C'que j'veux…, murmura-t-il quand Camus libéra sa bouche, le regard perdu dans celui du Verseau, que tu m'aimes, Gabriel… que tu m'aimes autant que je t'aime, termina le Scorpion, le souffle court, ses magnifiques yeux turquoise assombris par le désir… et l'Amour.

Camus, le cœur gonflé d'une joie incommensurable, ému comme il ne l'aurait pas cru possible à l'évocation de son véritable prénom, fondit sur lui en grondant tel un fauve affamé…


Sanctuaire de Gaïa

Les Atlantes sentirent un esprit étranger entrer en communication avec eux. Leur premier réflexe fut de rompre le lien, mais une voix leur demanda de ne rien en faire. Sans vraiment comprendre, ils savaient qu'elle venait de l'intérieur d'eux-mêmes, du tréfonds de leur propre esprit. Ils avaient l'impression qu'une zone inaccessible de leur cerveau s'était activée.

C'est tout à fait ça, fit la voix.

Qui êtes-vous? demanda doucement Belta.

Je suis l'esprit du dernier Grand Prêtre d'Atlantis et de ses assistants. Je n'ai jamais pu, jusqu'à aujourd'hui, transmettre mon savoir à nos descendants. Mais maintenant je vais pouvoir le faire et partir pour le Grand Jardin.

Qu'est-ce que tu veux dire?

Mon cher Shion… ne sois pas surpris que je connaisse ton nom, fit gentiment la voix devant le sursaut du Grand Pope, je suis dans vos têtes, ne l'oublie pas… j'ai été obligé d'attendre des milliers d'années, profondément enfoui dans votre mémoire pour qu'enfin des Atlantes des deux sexes soient à nouveau réunis pour vous léguer votre héritage. Nous nous sommes déplacés d'un Atlante à l'autre, d'une génération à la suivante, dans l'espoir qu'un jour hommes et femmes soient rassemblés.

Comment auriez-vous fait si nous n'avions pas décidé de tenter cette expérience?

Question pertinente, Mursia. Je vous aurais soufflé l'idée tout simplement. Ce que j'ai à vous dire est d'une importance vitale si vous voulez vaincre ce qui vous menace à l'aube de ce nouveau millénaire.

Comment t'appelles-tu? demanda Kiki.

Veuillez me pardonner. Je suis si heureux de notre rencontre que j'en oublie les bonnes manières. Je me nomme Altaël. Lors du tremblement de terre qui a englouti notre royaume, tous les Atlantes qui ont pu le faire nous ont transmis leur savoir et leurs souvenirs. Malheureusement, la somme de connaissance était si gigantesque que pour survivre nous avons dû faire une sélection dans ce que nous devions garder. Une très grande partie s'est irrémédiablement perdue.

Raconte-nous ton histoire, dit Orlyna.

Cela remonte à près de douze mille ans. Nous n'étions assujettis à aucun Dieu. Le titre de Grand Prêtre signifiait juste "Celui qui sauvegarde". En d'autres termes, celui qui devait garder en mémoire un maximum d'informations sur notre culture si jamais nous venions à disparaître. D'autres portèrent ce titre avant moi.

Vous n'aviez pas une technologie pour enregistrer toutes ces données?

Tu fais allusion à quelque chose comme vos ordinateurs Kiki? Non. Nous étions très avancés dans les domaines de l'énergie, de la mer, de l'agriculture ou de l'astronomie, mais nos cerveaux étaient encore le meilleur endroit où garder notre savoir, nos connaissances et notre histoire. Notre île fut détruite par un formidable cataclysme qui engloutit absolument tout. Certains voyageurs avant cela qui firent une halte chez nous emportèrent avec eux des souvenirs dont ils firent le récit. Ainsi naquit la légende de l'Atlantide. Mais très peu d'informations sur nous subsistent aujourd'hui quant à notre culture, notre savoir ou l'emplacement exact de notre île.

Pourquoi ne pas avoir transmis ce savoir avant? demanda Mû

Parce que par un concours de circonstances, les hommes et les femmes Atlantes survivants furent séparés sans jamais se retrouver. Or, ce que je sais, ne peut être transmis qu'aux représentants des deux sexes et à condition qu'ils soient au moins quatre.

Pourquoi?

Parce qu'une seule mémoire ne peut contenir un tel volume de connaissances et que chez nous, les hommes et les femmes ont toujours tout partagé. Vous n'entendez que ma voix, mais en réalité nous sommes quatre. Je vous ai dit que j'étais l'esprit du Grand Prêtre ET de ses assistants.

Qui sont les autres?

Je reconnais bien là de la méfiance de la Guerrière. Je crois que vous êtes exactement ceux que nous attendions. Il y a Noris qui est un homme, Rephlym et Saïko qui sont des femmes. Le fait que vous soyez six va permettre un partage plus large de la mémoire, ce qui vous affectera beaucoup moins.

Comment ça? s'inquiéta Belta.

N'aie crainte, vous ne serez pas en danger. Ce processus va ouvrir une partie de votre mémoire dont vous ne vous êtes jamais servis. Mais après cela, vous y aurez accès n'importe quand comme à vos souvenirs propres. Cet afflux de connaissances fera partie de vous, mais rangé dans un coin différent de votre cerveau. Vos capacités psychiques seront élevées au même niveau qu'étaient les nôtres lorsque nous étions vivants. Vous pourrez communiquer entre vous, même éloignés de milliers de kilomètres ainsi qu'avec ceux qui sont télépathes.

C'est vrai qu'actuellement ce n'est pas le cas, avoua Shion. Lorsque nous sommes trop loin, nous ne percevons plus que des impressions et la communication proprement dite est impossible.

C'est parce que vous avez beaucoup de gènes humains en vous. Même si les gènes Atlantes sont restés dominants, ils ont été affaiblis par le croisement avec les Hommes. Mais c'était à prévoir, vous deviez perpétuer notre espèce.

Nous ne sommes pas humains alors?

Si, mais différents, Kiki. Une des branches de l'évolution a dévié vers nous. Pourquoi? C'est un mystère. Mais nous sommes aussi humains puisque notre patrimoine génétique et celui des Hommes sont compatibles. Sinon, vous n'auriez jamais pu vous reproduire en vous accouplant avec eux. La Nature fait bien les choses.

J'ai encore une question, fit Mû. Comment se fait-il que les Amazones ne connaissent pas la technique de réparation des armures?

Il semble que ce soit le Dieu Héphaïstos qui leur ait confié son savoir. Les Atlantes, de par leurs capacités psychiques, semblent être les candidats parfaits pour accomplir ce travail. Le premier Atlante qui entra au service de la Déesse Athéna fut instruit par le Dieu lui-même. Les Amazones avaient disparu depuis bien longtemps aux yeux des Divintés à cette époque, ne l'oubliez pas. Mais je sais que vous pourriez l'apprendre avec des professeurs tels que Shion, Mû et Kiki. Sans problème.

Où se trouve l'île de l'Atlantide? demanda Belta à juste titre.

Malheureusement cette information a été perdue malgré son importance capitale.

Quand devons-nous commencer le processus de transmission? s'enquit Orlyna qui avait envie de connaître sa propre culture.

Il a déjà commencé. Lorsque ce sera terminé, vous ressentirez une très grande fatigue et un besoin impérieux de dormir. Mais ne vous inquiétez surtout pas, c'est normal. Nous ne mettrions pas en danger les derniers représentants de notre peuple en sachant que vous êtes peut-être les seuls à pouvoir sauver l'Humanité et donc votre avenir avec l'aide des Dieux et Déesses que vous servez.

Comment ça?

La question avait surgi des six Atlantes en même temps. Kamryl les observait, prête à intervenir si l'un d'eux montrait des signes de faiblesse. Elle voyait sur leurs visages des expressions fugaces, leur peau était recouverte de sueur. Elle se demandait ce qui pouvait bien leur arriver. Elle avait, elle aussi, tenté, une méditation avec l'espoir que Gaïa lui explique ce qui était en train de se passer, mais elle n'y était pas parvenue.

Au bout de presque une heure, les six Atlantes semblèrent s'éveiller. Belta lui expliqua brièvement avant de s'écrouler sur le sol de la grotte, en proie à un profond sommeil. L'Oracle demanda à sa disciple Makira de lui apporter des couvertures. Ils étaient glacés et Kamryl ignorait combien de temps ils allaient dormir. Les deux femmes s'installèrent confortablement et veillèrent sur le repos des six derniers Atlantes, sans savoir encore qu'ils étaient peut-être une des clés de la victoire…

Kayla, Naralys et Naël, en compagnie d'une vingtaine d'Amazones d'Argent et de Bronze, chevauchaient depuis deux jours pour inspecter les frontières du royaume. Les Abarites avaient tenté quelques incursions pour voler de la nourriture ou détruire quelques infrastructures. Rien de bien grave, mais la somme de travail supplémentaire engendrée par la nécessité de reconstruire obligeait Kayla à envoyer des Guerrières et des apprenties en renfort. En d'autres circonstances, elle aurait apprécié de partir quelques jours à cheval, chasser, dormir à la belle étoile, se laver dans les rivières, mais là, elle n'était pas vraiment concentrée sur sa mission. À plusieurs reprises Naël et Naralys l'avaient sortie de ses pensées qui étaient exclusivement tournées vers ses filles et vers un certain Chevalier d'Or qui avait dû se mettre en mode "traque et capture". Cette idée la fit sourire et elle songeait qu'à la fin de cette inspection, elle demanderait à sa sœur de lui donner deux jours de repos. Elle avait bien l'intention de poursuivre ce que Kanon et elle avaient commencé sur la plage. À ce souvenir, une vague de désir lui tordit le ventre. Elle ferma les yeux un instant, savourant cette sensation.

— Hé ! T'es avec nous ? fit la voix de Naralys qui chevauchait à côté d'elle.

— Hein ? Oui… je pensais, c'est tout.

— Tu pensais à ses beaux yeux verts, à ses lèvres douces et caressantes, à la chaleur et la force de ses bras, à sa…

— Ça suffit ! Arrête ou j'vous plante ici pour le rejoindre ! l'interrompit-elle en riant.

— Et alors ? T'attends quoi ? Vas-y, j'terminerai la mission.

— Tu sais très bien que j'peux pas. Ma sœur serait capable de me mettre une semaine aux arrêts ! Et toi, tes bêtes à pinces ?

— On a fini la nuit tous les trois dans le même lit. Ça faisait longtemps qu'ça m'était pas arrivé. Mais c'était absolument… divin !

— T'as utilisé le Parfum d'Aphrodite ?

— Juste un peu pour les aider à se contrôler. Je ne voulais pas que ça se termine trop vite.

— Et… tu n'es pas amoureuse ? Juste un tout petit peu ?

— Eh ben…, j'sais pas… J'ai un faible pour Milo, mais on peut pas dire que j'sois amoureuse. De toute manière, il est amoureux de quelqu'un d'autre.

— Et Angelo ?

— J'avoue que son côté bad boy me fait complètement craquer, mais j'sais pas si j'suis amoureuse de lui. Ça fait comment ?

Kayla regarda son amie avec un sourire rêveur. Elle se perdit dans la contemplation de la plaine qui s'étendait devant elle, jusqu'aux montagnes qui s'élevaient majestueusement au loin.

— C'est étrange comme sensation, avoua-t-elle, songeuse. Tu as l'impression d'étouffer et en même temps, tu n'as jamais aussi bien respiré de ta vie. C'est comme si avant je ne vivais pas, je survivais. Je me sens entière, j'ai trouvé la partie qui me manquait.

— Waouw ! Et vous n'avez même pas encore fait l'Amour ! Qu'est-ce que ça va être après alors ! la taquina son amie.

— Ça se résume pas à ça, Naralys. C'est beaucoup plus profond. Faire l'Amour, c'est la cerise sur le gâteau. J'ai besoin de le voir, de l'entendre, de le sentir, d'être simplement à ses côtés. Ça fait trois jours qu'on s'est pas vu, et c'est comme si j'étais en manque. Il est comme une drogue, je l'ai dans la peau.

— Ben ma vieille, t'es bien accrochée on dirait !

— Je ressens son absence physiquement. J'ai tellement besoin de le voir que j'en ai mal au ventre. J'ai la gorge serrée, j'ai du mal à penser, je dors très peu. Être amoureuse c'est merveilleux et douloureux à la fois.

— J'sais pas si ça m'plairait quand j'vois dans quel état t'es…

— Ça s'commande pas. T'y peux rien, tu peux pas lutter. Il m'avait déjà attiré lorsqu'ils étaient encore tous dans notre clinique, ensuite j'l'ai vu bien vivant quand on les a ramenés et puis j'ai eu le coup de foudre la première fois qu'on est allé au Sanctuaire d'Athéna.

— Ça t'a pas empêché d'passer la nuit avec Camus.

— C'était pas c'que je voulais, j'savais pas encore c'qui m'arrivais, mais j'ai pas pu résister à Camus, enfin c'est mon corps qui a pas résisté… C'est au "Free Love" que j'ai compris…

Elles continuèrent à discuter jusqu'à ce que Kayla ordonne le bivouac. Elles terminaient de grignoter leurs rations lorsqu'elles sentirent l'affaiblissement brutal de leur cosmos. Un groupe d'une quarantaine d'Abarites sortit des bois en hurlant et vociférant dans le plus parfait désordre.

— Putain ! Y nous lâcheront jamais ! C'est pas vrai ! grogna Naralys.

— En selle ! cria Kayla en enfourchant Titan d'un bond.

Les Amazones se ruèrent sur l'ennemi. Naël noua ses rênes à sa selle, sortit ses deux épées dorsales et sauta sur deux hommes en plantant ses lames dans leur poitrine avec un cri de rage. Naralys venait de faire deux entailles dans le ventre d'un Abarites qui tenta avec ses mains de retenir ses tripes qui se déversèrent au sol dans une gerbe écarlate. Kayla trancha la tête d'un autre homme en formant un ciseau avec ses lames avant de les enfoncer comme des banderilles dans un corps qui puait la peur et la sueur. En moins d'une demi-heure, les Amazones avaient réglé leur compte aux Abarites sans qu'aucune ne soit blessée.

— J'trouve qu'ils attaquent souvent ces temps-ci, observa une Guerrière d'Argent.

— Moi aussi, renchérit Naël. Leurs groupes ont moins d'effectifs, mais leurs assauts sont plus fréquents et sur toute la frontière.

— J'en parlerai avec Tyrin. Ils ont peut-être des phases différentes dans leurs attaques. Je devrais pouvoir trouver quelque chose aux archives. On repart !

Les jeunes femmes éperonnèrent leurs montures et se dirigèrent au petit trop vers les contreforts de la montagne qu'elles atteignirent en milieu d'après-midi. Une fois sur place, elles patrouillèrent sur un large secteur avant de reprendre le chemin de la ville.

— Tu sais qu'on pourrait se téléporter, fit Naralys, une pointe de cynisme dans la voix.

— Tu fais quoi des chevaux ?

— Ben, on les téléporte avec nous.

— J'suis pas sûr que les pauvres bêtes s'en remettraient.

— Attends Kayla ! Est-ce qu'au moins t'as déjà essayé ?

— Non et j'ai pas envie ! Et j't'interdis de l'faire !

C'était un ordre du Commandant Suprême, pas une suggestion de son amie. Naralys n'insista pas, se disant qu'après tout, c'était peut-être un peu risqué et que la dépense d'énergie serait énorme. Seules les jumelles étaient assez puissantes pour une telle tentative. En fin d'après-midi, elles prirent le chemin du retour et quatre heures plus tard, elles purent enfin retirer leurs armures et s'asseoir devant un bon repas après s'être douchées. Kayla fit son rapport et discuta avec Tyrin du changement de tactique dans les attaques des Abarites. L'ancien Commandant Suprême ne trouva rien d'étrange à ça.


Temple du Verseau, le même après-midi.

Le baiser de Camus n'en finissait pas. "Il embrasse comme un Dieu, songea Milo, il me rend fou!" Il dévorait la bouche du Scorpion, enroulant sa langue autour de la sienne. De temps en temps, il plantait des baisers derrière l'oreille ou dans le cou avant de revenir le bâillonner de ses lèvres. Il s'enivrait de l'odeur de sa peau, de son goût sucré-salé. Il avait posé ses deux mains sur le canapé de chaque côté de la tête de Milo et collait son torse au sien, ondulant des hanches contre les siennes. La respiration du Gardien du huitième Temple s'était accélérée et il poussait de légers gémissements en caressant le dos de Camus.

— Gabriel…

— Mmm...ouais…, grogna le Verseau dans son cou.

— Je… ça va trop… mmm… trop vite…

Camus se redressa et plongea son regard glacial dans celui enflammé de Milo. Un petit sourire enjôleur s'étira sur sa bouche rougie par les baisers. Il commença à déboutonner sa chemise avec une atroce lenteur. Puis il débarrassa le grec de son t-shirt, parcourut la poitrine et le ventre magnifiquement musclé du bout des doigts, s'attardant sur les perles de chair faisant sursauter un Scorpion bouillonnant qui se mordit les lèvres pour ne pas gémir, en fermant les yeux.

— Est-ce que ça te convient ? fit Camus d'un ton rauque en retirant son vêtement d'un mouvement tout aussi langoureux.

— Oui… je peux mieux apprécier sans être la proie impuissante de c'que j'ressens.

Camus prit les mains de Milo et les posa sur son torse.

— Caresse-moi…, souffla-t-il d'une voix chaude et chargée de désir.

Il ne se le fit pas dire deux fois. Les deux hommes se mirent à explorer le corps de l'autre, avec douceur, lenteur et Amour. Ils échangeaient des baisers brûlants, leur peau se consumait sous les sillons de feu allumés par leurs effleurements. Milo se redressa sur le canapé et entoura Gabriel de ses bras pour le serrer contre lui. Le français renversa la tête en arrière avec une sensualité féline, offrant sa gorge aux lèvres de plus en plus exigeantes du grec. Dans cette position, leurs bassins étaient en étroit contact. Le Verseau ondulait, sentant le désir dur de son amant contre le sien à travers leurs vêtements. Bientôt, ils auraient besoin de plus que ça, bien plus. Gabriel se leva et débarrassa Milo du pantalon qu'il avait encore sur les chevilles et l'entraîna vers sa chambre. Le Scorpion le coinça entre le mur et son corps, il prenait les choses en main.

— Écoute, murmura Gabriel contre son oreille.

— Quoi…

— T'entends pas ?

— Mais quoi donc ?

— Le lit… il nous appelle…

Un petit rire lui répondit. Collés l'un à l'autre, ils se dirigèrent prudemment vers cette couche qui les attirait tant. Avant de s'y laisser tomber, Gabriel ôta rapidement son pantalon et ils se retrouvèrent en sous-vêtement. La passion qui les dévorait s'intensifia, ils s'étourdissaient du corps de l'autre, se perdant dans des sensations toujours plus grisantes. Le Verseau, à moitié allongé sur les coussins, avait levé les bras au-dessus de sa tête, dans une attitude plus passive qui ordonnait presque au Scorpion de se repaître de son corps. Celui-ci enleva le dernier vêtement qui lui faisait obstacle. Gabriel gémit de délice, se sentant libre. Milo sourit, il l'avait enfin à sa merci. Il posa délicatement sa main sur le sexe gonflé et dur, arrachant un grondement de plaisir à Gabriel. Puis sa langue entama une divine torture, douce et humide sur toute la longueur pendant que ses doigts jouaient avec les bourses.

— Haan… Milo… c'est insupportable…

— Tu veux qu'j'arrête ? fit malicieusement le Scorpion, en croisant le regard fiévreux du Verseau, pris à son propre jeu.

— Surtout pas…

Il continua à tourmenter délicieusement la colonne de chair chaude et palpitante. Il agaça le bout de la pointe de la langue pendant un très long moment, regardant avec satisfaction son amant se noyer dans un océan de volupté. Quand il le prit en bouche, Gabriel poussa un râle puissant et arqua son corps. Milo débuta un va-et-vient, odieusement lent, mettant son amant au supplice. Le sentant sur le point de jouir, il arrêta ses caresses. Après avoir enlevé son boxer, il rampa sur le corps du français pour atteindre sa bouche qu'il embrassa goulûment. Il ondulait du bassin, pressant leurs virilités, augmentant encore leur désir, si tant est que ce fût possible. Le Scorpion s'assit à califourchon sur la poitrine du Verseau, les genoux sous ses bras. Il se redressa et s'appuya d'une main contre le mur en face de lui pour garder son équilibre. Gabriel avait le sexe de Milo devant les yeux. Quand celui-ci passa son autre main sous sa nuque pour le soutenir, il n'hésita pas une seconde et l'engloutit tout entier, d'une bouche vorace. Milo a eu un hoquet de surprise qui lui coupa le souffle puis un soupir rocailleux s'échappa de sa gorge.

Instinctivement, son bassin entama des mouvements de va-et-vient dans le chaud fourreau humide. Il baissa le regard et rencontra les yeux insolents de Gabriel. Il ne pouvait se détourner de ceux de son amant. Il était comme hypnotisé et sentait son cœur se remplir d'un Amour qu'il n'aurait jamais imaginé si immense. De temps à autre, le Verseau laissait glisser le membre hors de sa bouche pour le lécher sur toute sa longueur, tout en le caressant d'une main, avant de le reprendre. Cette vision lubrique excitait le grec plus qu'il ne l'aurait cru possible. Le gardien du onzième Temple présenta les doigts de son autre main devant la bouche du Scorpion qui les pourlécha. Puis Gabriel glissa celle-ci entre les fesses fermes, dont il sentait les muscles se contracter à chaque mouvement. Il le détendit avec des effleurements insistants sur son intimité.

— Hnnnn… ouiii… partout… aaah… c'est booon…

Quand il estima que le Scorpion était assez décontracté, Gabriel se dégagea de l'étau de ses jambes. Il prit un tube de lubrifiant dans sa table de nuit dont il enduisit son sexe et son amant. Il ne voulait pas qu'il ait mal. Pour rien au monde, il ne voulait le faire souffrir, plus jamais, d'aucune manière. Milo avait basculé à quatre pattes et le regardait entre ses longs cils, par-dessus son épaule, sa splendide chevelure répandue sur son dos. Le Verseau exerça une pression de plus en plus insistante contre l'intimité impatiente. Milo haletait et ses reins s'ouvrirent doucement pour accueillir l'envahisseur sans la moindre douleur.

Gabriel stoppa sa progression, attendant que le grec s'habitue à sa présence, mais c'est lui qui s'empala d'un coup sur le sexe du français. Une première vague de plaisir leur vrilla le ventre et fit flamboyer leurs sens. Le Verseau commença à bouger ses hanches, des mouvements lents, mais puissants. Le Scorpion se sentait comme harponné par cette flèche de chair. Leurs gémissements remplissaient la chambre. L'air était chargé d'une odeur de sexe et de sueur. Gabriel accéléra la cadence, Milo colla son dos contre sa poitrine, se cambra et croisa ses mains derrière la nuque du Verseau pour conserver son équilibre. Il devina une bouche avide embrasser son cou, son épaule pour revenir sur l'oreille et deux mains descendre sur son bas-ventre pour caresser toute cette zone et l'embraser.

— J'aime quand tu dis mon prénom …

— Ah oui… Haaan…

— Dis mon nom…

— Gabriel…

— Encore.

— Gabrieel…

— Ouiii ! Plus fort !

— Gabrieeel !

— Miloooo !

Dans un même cri, le Verseau se libéra dans le corps du Scorpion qui macula les draps de sa semence. Il s'affala sur le lit, Gabriel sur son dos, luttant pour reprendre son souffle. Il le délivra de sa présence et couvrit ses épaules et son cou de baisers tendres et doux. Puis il roula sur le côté. L'un sur le ventre, l'autre sur le dos, leurs regards s'accrochèrent, fiévreux, remplis de désir et de quelque chose de plus profond, de magnifique et d'infiniment précieux. Ils avaient tous les deux remarqué que leurs cosmos s'étaient mis à briller indépendamment de leur volonté, pour brûler d'une seule puissante et même aura.

— J'te veux Milo… aime-moi…

Le grec s'approcha et posa ses lèvres sur celles du français. Un baiser léger, tendre avant de lui donner ses doigts à lécher. De la même manière que Gabriel l'avait préparé, il lui prodigua une caresse identique. Le Verseau écarta largement les cuisses pour faciliter la pénétration. Milo, qui avait repris des forces, s'introduisit en douceur, malgré le désir qui lui tenaillait le ventre. Son amant grimaça à peine et bientôt une expression d'extase pure se peignit sur son beau visage. À son tour il entama cette merveilleuse danse venue du fond des âges. Gabriel referma ses jambes dans le dos de Milo, le projetant loin en lui. Leurs gémissements s'intensifièrent, se transformant en cris de plaisir. Le Scorpion plongeait encore et encore dans cette chair chaude et douce qui le recevait, entièrement offerte. Leurs corps étaient devenus des fournaises de passion que rien ne pourrait éteindre sauf l'explosion finale de leur plaisir. Gabriel était à l'agonie. Des larmes brûlantes perlèrent à ses yeux et roulèrent sur ses tempes. Il enlaça Milo et l'attira à lui pour un baiser sulfureux. Le grec se répandit en lui avec un cri puissant que le français recueillit sur ses lèvres alors que lui jouissait entre leurs ventres. Le même phénomène se reproduisit. Leurs cosmoénergies se joignirent à nouveau.

À bout de souffle, ils restèrent plusieurs minutes sans bouger, savourant les dernières vagues de leur bonheur. Ils tremblaient, épuisés, leurs corps et leurs sens à feu et à sang, comme écorchés vifs.

— Gabriel…

— Hmm ?

— Je t'aime…

— Je sais… moi aussi je t'aime…

Ils prirent une douche ensemble, se caressant et s'embrassant sagement avant de retourner se coucher.

— Milo… je veux que tu m'fasses l'amour comme ça tous les jours… toutes les nuits…

Le Scorpion se souleva sur un coude et plongea dans les yeux bleus du Verseau, pas tout à fait certain de bien comprendre l'implication des mots qu'il venait d'entendre.

— Tu veux que… qu'on reste ensemble ?

— C'que j'éprouve pour toi, ça ne m'était jamais arrivé pour personne. J'ai cru un jour que j'aimais, réellement. Mais en comparaison de c'que je ressens aujourd'hui, je sais qu'mes sentiments de l'époque étaient dérisoires.

Les yeux de Milo s'emplirent de larmes et brillèrent comme des étoiles. Il posa ses lèvres sur celles de Gabriel pour sceller ces paroles qu'ils venaient tous deux de prononcer.

— Milo ?

— Mmm…

— J'veux qu'tu sois l'seul à m'appeler Gabriel. Gabriel t'appartient, il n'est qu'à toi et à toi seul.

— Et qu'est-ce qu'on fait d'Camus ?

— Camus c'est pour tous les autres. C'est le Chevalier d'Or du Verseau, le Magicien de l'Eau et de la Glace, le Chevalier d'Athéna. Gabriel c'est l'homme qui t'aime plus que tout…

— Moi aussi je t'aime plus que tout… Euh… j'ai juste une petite question…

— Laquelle ?

— T'aurais pu soigner ma brûlure avec ton cosmos, ou moi avec le mien…

— Ne m'dis pas que t'as pas apprécié mon traitement…, le taquina le Camus.

— Je l'dirai pas…, chuchota le Scorpion en se serrant contre son amant.

— Au fait, tu sais c'qui arrive à nos cosmoénergies ?

— Aucune idée…

À suivre…