Ça fait longteeemps !
Je n'avais pas remis les pieds ici depuis la publication de l'épilogue de Disparu et vous me manquiez trop. Du coup, j'arrive avec mes gros sabots et un petit (gros) one-shot qui, j'espère, vous plaira.
C'est du Dramione, c'est lisible par , c'est des bons sentiments et de l'humour. Pour reprendre les mots de mon cher Cailean : « ça fait un peu esprit de Noël, tant c'est léger et doux ».
J'en profite pour vous dire que je suis en ce moment sur l'écriture d'une nouvelle fiction longue. Ça me prend du temps parce que l'IRL me prend aussi du temps, mais j'avance.
Ah ! Et l'illustration de cet OS a été réalisée par la talentueuse Arangtriestodraw que vous pouvez retrouver sous ce pseudo sur Instagram. Merci du fond du cœur à cette artiste pour son temps et son talent au service de ma petite histoire.
Je vous embrasse fort.
Bonne lecture !
Merci à Lyra Verin, Nova Frogster et Cailean Charmeleon pour leur relecture et leur soutien indéfectible.
Janvier 2007
Un gobelet en plastique à la main, Hermione traversa le couloir du troisième étage de Ste Mangouste en chantonnant.
Elle ne savait pas pourquoi elle avait cette chanson moldue en tête. Peut-être parce qu'elle passait à la radio du café où elle venait de prendre son chaï latte… Toujours est-il qu'elle l'avait mise de bonne humeur.
Elle n'avait aucune raison de ne pas l'être, d'ailleurs. Elle avait passé les quinze derniers jours à profiter de sa famille et de ses amis pour les festivités de fin d'année et elle s'était suffisamment ressourcée pour reprendre le travail avec le sourire.
Elle revoyait les sourires émus de Molly et Arthur quand ils avaient compris que, pour ce Noël, tout le monde s'était cotisé pour leur offrir deux semaines de vacances au Mexique, leur destination de rêve.
Elle revoyait les larmes dans les yeux de Pansy lorsque Harry avait mis un genou à terre, le soir du nouvel an, pour lui demander de l'épouser sur les douze coups de minuit.
Elle revoyait les danses de la joie effectuées par les jumeaux de Blaise et Ginny en découvrant leurs balais-jouet au pied du sapin.
Ce fut avec un soupir légèrement nostalgique, mais heureux, qu'elle poussa la porte des vestiaires.
Elle rangea son sac dans son casier, enfila sa blouse blanche brodée de l'emblème de Ste Mangouste et se rendit dans son laboratoire. Jusqu'à peu, elle devait le partager avec d'autres potionnistes, mais depuis qu'elle avait été promue potionniste en chef de l'hôpital, elle avait le privilège d'avoir son propre espace de travail.
Elle déposa son gobelet sur le dessous de verre en forme de marguerite placé à un endroit précis où, même s'il venait à se renverser, cela n'endommagerait rien, puis ouvrit son planning à la page du jour.
• Trente fioles de remède à la dragoncelle pour le Service des virus et microbes magiques
• Trente fioles de potion anti-démangeaisons pour le Service d'empoisonnement par potions et plantes
• Trente fioles de potion anesthésiante pour le Service des blessures par créatures vivantes
Hermione alluma le feu sous ses chaudrons et sortit ses ingrédients et ustensiles avant de les placer devant les récipients correspondants.
Dans sa vie professionnelle comme personnelle, Hermione aimait ses habitudes.
Elle ne se sentait sereine que dans le confort de sa routine. Elle répétait tout le temps, à qui voulait bien l'entendre - ou non -, que chaque chose avait sa place, et que chaque place avait sa chose.
Raison pour laquelle le métier de potionniste lui allait à merveille. Les recettes des potions, elle les connaissait par cœur. Elles ne changeaient jamais. Il fallait toujours deux brins de valériane dans une potion d'amnésie. Toujours trois mesures de sisymbre dans un Polynectar. Toujours remuer dans le sens inverse des aiguilles d'une montre après avoir ajouté de la poudre bleue dans un philtre de paix.
Pas de place à l'improvisation.
Alors qu'elle était en train de réduire en poudre des asphodèles, trois coups furent frappés contre sa porte.
- Entrez ! lança-t-elle sans lâcher ses plantes des yeux.
La porte grinça, claqua, et Hermione quitta son plan de travail du regard.
- Auror Krueger, le salua-t-elle avec le sourire. Bonjour.
- Bonjour, Hermione. Tu sais que tu peux m'appeler Dimitri, n'est-ce pas ?
- Je le sais, oui, mais je sais aussi que tu aimes bien quand je t'appelle par ton titre.
Dimitri s'avoua vaincu, Hermione le devina à son sourire.
Tous les mois, Harry envoyait un Auror de son équipe afin qu'il récupère les potions préparées par les potionnistes de Ste Mangouste : Polynectar, Veritaserum, Felix Felicis, pour ne citer qu'elles. C'était un Auror différent qui venait à chaque fois, selon sa disponibilité. De ce fait, elle connaissait tous les Aurors du Ministère.
Et également parce que son meilleur ami était leur chef et qu'il n'avait que son travail à la bouche.
Dimitri faisait partie de ceux qui venaient le plus souvent. Hermione le trouvait gentil, assez drôle, mais un peu lourd, parfois. Certaines de ses blagues étaient limites.
- Tiens, dit-elle en lui donnant trois cartons de potions. Les fioles à l'intérieur sont protégées, tu peux miniaturiser les cartons à ta guise.
- Merci, Hermione. J'ai déposé sur ton bureau la liste des commandes pour le mois prochain. Harry a mis une note avec.
- Super. Merci beaucoup, Dimitri.
L'Auror se saisit des cartons et les miniaturisa pour les ranger dans la poche intérieure de sa cape.
- Tu seras présente à la soirée de la nouvelle année organisée par le Ministère ? lui demanda-t-il avec un sourire qu'elle ne sut déchiffrer.
Était-ce charmeur ? Énigmatique ? Était-ce même un sourire et pas plutôt une grimace ?
- J'ai eu mon invitation, mais je ne suis pas encore décidée, répondit-elle.
- Ah…
- Pourquoi ?
- Parce que je me demandais si… Enfin… Peut-être que tu… J'en sais rien, mais…
- Dimitri, l'appela Hermione qui commençait - malheureusement - à comprendre où il voulait en venir.
- Je me disais qu'on aurait pu y aller ensemble ? Si tu es d'accord, bien sûr, et si tu es libre, et si…
S'il avait pu se cacher dans un trou de souris, Dimitri l'aurait probablement fait.
Hermione aussi, d'ailleurs. Elle sentait ses mains devenir moites tant elle était mal à l'aise face à cette situation et la réponse qu'elle allait lui donner. Elle le voyait déjà demander à Harry de ne plus jamais remettre les pieds à Ste Mangouste pour ne pas avoir à la croiser.
- C'est très gentil de ta part, Dimitri, finit-elle par dire, mais je ne peux pas accepter. Je t'apprécie, mais ça n'ira pas plus loin, je suis désolée.
L'Auror hocha très vite la tête, les joues devenues écarlates, avant de se dandiner sur place.
- Pas de problème. Je… J'y vais. Bonne nuit, euh, bonne journée, Hermione. À plus !
Hermione n'eut même pas le temps d'ajouter quelque chose qu'il avait déjà claqué la porte derrière lui.
Elle soupira, gênée d'avoir eu à vivre un tel moment.
De toute façon, elle n'était même pas sûre d'aller à cette soirée et encore moins accompagnée. Elle n'avait pas besoin d'un homme dans sa vie en ce moment. Sa rupture avec Paolo était encore trop fraîche et même si elle n'avait plus de sentiments pour lui, elle n'était pas prête à s'engager émotionnellement. Elle avait trop souffert lorsqu'elle avait appris qu'il avait tenté d'embrasser Ginny à la soirée d'anniversaire de Molly.
Elle n'allait pas se forcer à accepter la proposition de Dimitri, qui ne lui plaisait pas vraiment, en plus, mais elle sentait que ses visites dans son laboratoire allaient se faire rares.
Février 2007
Hermione déposa son gobelet rempli de chaï latte sur sa sous-tasse marguerite et se saisit de son planning de la journée.
Celle d'hier avait été productive, donc celle-ci devrait être plus calme. Elle n'avait qu'une dizaine de potions à préparer et une fois que l'Auror serait venu pour récupérer sa commande, elle pourrait se rendre au Service des blessures par créatures vivantes. Elle avait rendez-vous avec Hippocrate Smethwyck, le guérisseur-en-chef, pour discuter d'une amélioration sur la potion pour soigner les morsures de Doxys.
Hermione s'installa à sa paillasse pour préparer ses chaudrons de Polynectar, puis quelqu'un toqua à peine eut-elle ajouté les bottes de polygonum.
- Entrez !
La porte grinça, claqua, et Hermione fronça le nez.
Elle connaissait ce parfum. Bergamote, légèrement poivré…
- Malefoy ?! s'étonna-t-elle en levant les yeux de son chaudron.
- Lui-même. Bonjour, Granger.
Malefoy la toisait de toute sa hauteur, debout devant son plan de travail, tout de noir vêtu.
L'uniforme des Aurors n'était en rien original, il était surtout pratique. Un pantalon noir, un t-shirt à manches longues de la même couleur et une cape avec l'emblème du Ministère brodé en doré sur la poitrine. Hermione savait également, pour avoir vu Harry dans cette tenue plus d'une fois, qu'un holster de baguette était attaché à leur cuisse.
Et Malefoy, du haut de son mètre quatre-vingt-cinq, avait ainsi un air de corbeau prêt à déployer ses ailes.
- Qu'est-ce que tu fais ici ?
- Potter m'a demandé de récupérer la commande de février.
- Pourquoi toi ?
- Parce que mon cher chef envoie tous les mois quelqu'un de son équipe récupérer les potions et, jusqu'à preuve du contraire, je suis Auror.
Une hérésie, d'ailleurs, pensa Hermione. De ce qu'elle savait, Malefoy était devenu Auror pour se racheter une image. Pour prouver à la communauté sorcière de Grande-Bretagne qu'il était devenu quelqu'un de bien, de confiance et de respectable qui pouvait se battre pour un monde plus juste.
Toujours était-il qu'il pouvait se contenter de montrer ses nouvelles qualités à ses collègues sans venir en faire une démonstration ici.
Harry savait très bien qu'ils se portaient mieux quand ils ne se voyaient pas, tous les deux, donc pourquoi diable l'avait-il envoyé ? Ou alors était-ce une vengeance de la part de Dimitri ? Est-ce que c'était lui qui devait venir et qui avait échangé sa place avec Malefoy ? Cela ne serait pas étonnant que cette fouine ait accepté juste pour l'énerver.
Hermione n'en savait rien, mais elle n'était pas du tout ravie que son horrible parfum de bergamote envahisse son laboratoire. Il allait faire tourner les potions.
Après un lourd soupir, très exagéré, elle se rendit au fond de la pièce pour prendre les cartons, non sans claquer des talons au sol pour montrer son agacement.
- Tiens, dit-elle en lui tendant les boîtes pleines.
- Cache ta joie, Granger, se moqua-t-il après avoir pris sa marchandise.
Elle lui offrit son sourire le plus abominablement faux en guise de réponse avant de retrouver son air contrarié.
- Je dois déjà te supporter en dehors du travail parce que mon meilleur ami est fiancé à ta meilleure amie et parce que ton meilleur ami est le père des enfants de ma meilleure amie, donc si on pouvait éviter de se voir ici aussi, ça m'arrangerait.
- J'adore te mettre en colère, c'est mon péché mignon.
- Dégage de là avant que je te mette la tête dans un chaudron pour que tu t'y noies.
Malefoy ricana avant de tourner les talons et de quitter le laboratoire sans demander son reste, laissant flotter derrière lui son horrible parfum de bergamote.
Mars 2007
Hermione ajouta la dernière pincée de poudre de coquille d'œuf de dragon à sa préparation et celle-ci devint bleu nuit, exactement comme c'était prévu. Satisfaite de sa potion de régénération sanguine, elle remplit plusieurs fioles de liquide et les déposa dans un support en bois pour les laisser reposer. Elle pourrait ainsi les livrer dans les différents services d'ici quelques heures.
Elle vérifia l'heure et, comme l'Auror n'allait pas tarder à arriver, elle ne se lança pas tout de suite dans une nouvelle préparation. Elle prit juste le temps de sortir les ingrédients, notamment ceux qui devaient revenir à température ambiante après avoir été conservés au frais.
- Entrez ! invita-t-elle la personne qui venait de toquer.
La porte grinça, claqua, et Hermione fronça le nez.
C'était extrêmement rare qu'Harry envoie deux fois d'affilée le même Auror pour récupérer les potions. Pourtant, elle reconnaissait cette odeur. Ce parfum poivré si désagréable qui appartenait à un homme tout aussi désagréable.
- Bonjour, Granger.
- Encore toi ?! s'exclama-t-elle.
- Il faut croire. Potter a d'abord demandé à Delgado de venir, mais lui et son binôme ont dû partir en urgence sur une mission. Il a ensuite demandé à Krueger qui a refusé sans nous dire pourquoi, du coup me voilà.
- Tu es donc le troisième choix, ça me rassure. Je commençais à croire qu'Harry avait une dent contre moi et qu'il me le faisait payer comme ça.
- Vu la manière dont tu m'accueilles, ça ne m'enchante pas de venir, je te rassure.
Hermione arqua un sourcil. Il se payait sa tête, non ? Ce n'était pas possible autrement.
- Comment veux-tu que je t'accueille, Malefoy ? Tu veux que je te déroule le tapis rouge et que je lance des confettis à ton arrivée ?
Malefoy fit semblant de réfléchir, comme s'il considérait son sarcasme comme une réelle possibilité.
- Arrête de rêver, poursuivit-elle. Je ne vais pas faire semblant de t'apprécier, même dans l'intimité de ce labo.
- Il faut toujours que tu exagères.
- Ah, parce que ce n'est pas vrai ce que je dis ?
- Nous ne sommes pas les meilleurs amis du monde, mais disons qu'on se… tolère.
- Parce qu'on n'a pas le choix, conclut Hermione.
Ce qui était en partie vrai.
Quand Harry leur avait annoncé qu'il sortait avec Pansy Parkinson, Hermione en avait été plus que surprise. Elle n'était pas persuadée, à l'époque, qu'elle était une femme pour lui, mais elle avait fait confiance à son meilleur ami et à son jugement. Elle avait bien fait, puisqu'ils étaient maintenant fiancés et qu'Hermione pouvait facilement définir Pansy comme étant son amie et la partenaire parfaite pour Harry.
La même chose s'était produite quand Ginny lui avait dit que Blaise Zabini l'avait invitée à sortir. Hermione l'avait mise en garde. Si Zabini était comme son meilleur ami, il allait lui briser le cœur. Mais il l'avait faite mentir en se comportant comme un gentleman et en traitant Ginny avec l'amour et le respect qu'elle méritait. Résultat, ils étaient désormais parents de jumeaux débordant d'énergie.
Et puis il y avait eu Ron, qui s'était lié d'amitié avec Grégory Goyle. Aussi improbable que cela pouvait paraître, ces deux-là s'étaient trouvés des centres d'intérêts communs et étaient désormais inséparables. Hermione avait d'ailleurs toujours un peu de mal à y croire.
De ce fait, Hermione et Malefoy étaient en proie à un running gag contre leur gré. Puisque deux couples s'étaient formés ainsi qu'une amitié, ils n'avaient pas d'autre choix que de faire de même. Hermione avait bien tenté de protester, mais la situation amusait beaucoup trop leurs amis pour qu'ils lâchent l'affaire si facilement.
Hermione, dans toute son obstination, mettait donc un point d'honneur à donner tort à tout le monde en détestant Malefoy de tout son être.
Même si, au fond, elle ne le trouvait pas si horrible.
- Bref, tu as besoin d'autre chose ? demanda-t-elle alors qu'elle se rendait au fond du laboratoire pour prendre le carton de potions destiné au Bureau des Aurors.
- Oui, tu n'oublieras pas de me rendre mon pull.
Hermione fronça les sourcils, perdue.
- Pardon ? Ton pull ?
- Oui, le noir en cachemire que je t'ai prêté l'autre soir à l'anniversaire de Weasley parce que tu avais froid.
- Tu dois faire erreur, Malefoy, je ne me souviens pas d'une telle chose. Si j'avais pris ton pull, tu penses bien que je m'en rappellerais.
- Hum, mais si je ne me trompe pas, tu dois avoir quelques souvenirs assez flous de cette soirée, n'est-ce pas ?
Hermione se sentit rougir.
Il avait raison. Charlie avait ramené un alcool roumain, ce soir-là, et elle s'était faite avoir par son délicieux goût sucré. L'alcool, qu'elle ne sentait presque pas, lui était monté à la tête et le dernier souvenir qu'elle avait de cette soirée, c'était de s'être allongée sur le canapé.
En revanche, elle ne se rappelait pas avoir demandé son pull à Malefoy.
- Laisse-moi te rafraîchir la mémoire, dit-il en posant le carton sur le plan de travail. Tu étais avachie sur le canapé, tu commençais à t'endormir et à ronfler, puis tu t'es réveillée en sursaut en criant que Gripsec voulait te chatouiller les pieds avec une plume de Focifère. J'étais seul dans le salon à ce moment-là, je t'avoue que j'ai bien rigolé jusqu'à ce que tu me dises être frigorifiée. Alors, dans un élan d'altruisme et de générosité, je t'ai prêté mon pull.
Au fur et à mesure que Malefoy lui racontait cette histoire, des flashs se succédaient dans la tête d'Hermione. Elle se souvenait maintenant être rentrée chez elle et s'être demandée, au moment de se coucher, à qui appartenait ce pull incroyablement doux avec une odeur de bergamote.
Horrible odeur de bergamote.
- Il… Hum, ton pull doit être au lavage. Je te le rends dès qu'il sera propre.
- Bien. Compte sur moi pour être là le mois prochain, si nous ne nous sommes pas vus entre-temps. Et le cachemire, ça se lave à l'eau froide.
Malefoy récupéra le carton plein de potions et quitta le laboratoire.
Hermione avait l'impression d'être une mandragore prenant racine. Pourquoi Malefoy lui avait prêté son pull ? Ils étaient censés se détester, il n'avait aucune raison de le faire. Et puis, même s'il s'était senti l'âme généreuse comme il l'avait dit, il aurait très bien pu lui proposer un plaid ou appeler Ron pour qu'il lui prête quelque chose.
Non, il lui avait donné son pull.
Avril 2007
Assise sur sa chaise, les mains coincées entre ses genoux serrés, Hermione fixait le pull en cachemire noir soigneusement plié sur un coin du bureau.
Comme prévu, elle l'avait trouvé au fond de son panier de linge sale et lorsqu'elle s'en était saisie, l'image de Malefoy l'aidant à l'enfiler s'était imposée devant ses yeux.
Elle l'avait donc lavé, effaçant cette odeur de bergamote qui chatouillait constamment ses narines, et elle l'avait emmené à Ste Mangouste avec elle. Depuis, il trônait sur un coin de son bureau en attendant que Malefoy vienne le récupérer, puisqu'ils n'avaient pas eu l'occasion de se voir depuis le mois dernier.
Hermione avait l'impression que le pull la narguait. Il aurait pu se transformer en une créature blonde aux yeux gris qu'elle n'aurait pas été étonnée.
Elle sursauta lorsqu'on toqua à la porte.
- Entrez, lança-t-elle en essayant de reprendre contenance.
La porte grinça et Hermione croisa aussitôt le regard d'acier de Malefoy.
- Bonjour, Granger.
- Bonjour, Malefoy, le salua-t-elle avec le même ton traînant.
Le silence s'installa dans le laboratoire. Un silence durant lequel Malefoy plissait de plus en plus les yeux en la regardant, comme s'il la sondait. Comme s'il attendait qu'elle dise ou fasse quelque chose. Hermione était légèrement déstabilisée.
- Un problème ? s'enquit-elle.
- Non. J'attendais la remarque acerbe, le sarcasme ou la petite pique gratuite, mais comme ça ne vient pas, je me dis que tu commences à être heureuse de me voir.
Hermione ne put retenir un éclat de rire avant de plaquer sa main contre sa bouche, un peu gênée. Trop tard, Malefoy ricanait.
- Ne prends pas tes rêves pour la réalité, Malefoy. On va dire que je commence à m'habituer à ta présence. D'ailleurs, ça me fait penser, pourquoi Harry t'envoie toujours toi, maintenant ?
En attendant sa réponse, elle se dirigea vers le fond de la pièce pour récupérer les cartons.
- Simple concours de circonstances, répondit-il.
Hermione se contenta de cette réponse. Finalement, peu importait, tant que les potions partaient bien pour le Bureau des Aurors.
- Tiens, voici les potions. Vous me direz des nouvelles de ce Polynectar. J'ai tenté une légère modification de la recette afin que les effets durent un peu plus longtemps.
- C'est vrai ?
- Hum hum, approuva-t-elle avec un petit hochement de tête.
- J'ignorais que c'était possible. Je sais que la durée des effets peut varier selon les compétences du sorcier qui le prépare et que les tiens ont la durée maximale, mais ça veut dire que tu peux maintenir les effets plus de douze heures ?
- Oui, au moins quatorze si je me suis bien débrouillée.
- Comment tu as fait ?
Hermione haussa rapidement ses sourcils avec un sourire mutin au coin des lèvres.
- Une bonne potionniste ne révèle jamais ses secrets.
- Quelle modestie, ricana-t-il.
- Tu as admis toi-même que j'étais une sorcière compétente pas plus tard qu'il y a dix secondes.
Malefoy balaya l'air d'un geste de la main comme si cela n'avait pas d'importance. Pourtant, Hermione trouvait que cela en avait. Rares étaient les compliments qui sortaient de la bouche de cet homme, encore plus à son intention.
- Blague à part, je préfère que vous testiez avant de partager ma modification.
- Tes manœuvres de petite chimiste sont sans risques ?
- Sois-en sûr. Je ne prendrais pas le risque d'empoisonner mon meilleur ami.
- Ah ! Parce que moi, oui ?
Elle lui offrit un clin d'œil en guise de réponse et Malefoy ricana à nouveau.
- Ce n'est pas que ta compagnie me dérange, Granger, mais je dois y aller, dit-il en prenant le carton qu'Hermione avait posé sur son bureau. On se voit vendredi soir ?
Hermione fronça les sourcils. Vendredi soir ?
- L'anniversaire des jumeaux, l'informa Malefoy.
- Oh ! Oui, c'est vrai. Oui, oui, on se voit vendredi.
Elle sentit le rouge gagner ses joues et son cœur se mettre à battre plus vite, sans savoir pourquoi.
Qu'avait-elle imaginé lorsqu'il avait dit cela ? Évidemment que c'était pour une raison de ce genre. Pour quelle autre raison auraient-il été amenés à se voir, de toute façon ?
Elle le raccompagna à la porte sans oser affronter son regard qu'elle savait pourtant braqué sur elle. Il devait se payer sa tête, comme toujours.
Lorsqu'il eut quitté son laboratoire, Hermione s'adossa contre la porte alors que son cœur battait toujours trop vite.
C'était absurde. Malefoy n'avait jamais fait battre son cœur si fort. C'était une sensation nouvelle et Hermione détestait la nouveauté, c'était bien connu. Elle se complaisait trop dans ses habitudes et son confort pour les laisser se faire renverser par les gros sabots de Drago Malefoy.
Il fallait qu'elle se remette au travail pour éviter de penser à des choses auxquelles elle ne voulait pas penser.
Mais en se dirigeant vers son plan de travail, elle s'arrêta net, les yeux rivés sur son bureau.
Ce fichu pull était encore là.
Mai 2007
Assise à son bureau, Hermione sortit un morceau de parchemin et une plume afin de rédiger sa lettre.
Harry l'avait informée que ses essais avaient été concluants et que les effets de son dernier Polynectar avaient duré presque quinze heures d'affilée.
C'était donc avec une fierté non dissimulée qu'elle avait accueilli la nouvelle et qu'elle écrivait maintenant un courrier à la direction de l'hôpital. Elle voulait les tenir au courant de sa découverte et, ainsi, pouvoir faire avancer son domaine de travail. Hermione était sans cesse en train de se renseigner à propos des dernières découvertes en termes de potions, donc elle avait vraiment envie et besoin de partager ses propres avancées.
Concentrée dans sa rédaction, elle ne leva pas le nez de son morceau de parchemin lorsqu'on toqua à la porte. Elle se contenta d'inviter la personne à entrer, tout en continuant d'écrire. Elle ne voulait pas perdre le fil de ses pensées.
- Bonjour, Malefoy. Les cartons sont au fond, là où je les range toujours. Première étagère, les trois cartons de gauche, sers-toi.
La porte grinça et un toussotement lui répondit. Hermione fronça les sourcils. Lorsqu'elle leva les yeux, elle fut surprise de croiser non pas le regard de Malefoy, mais celui de Annette Oberbeck, une Auror qu'elle voyait peu.
- Oh ! Bonjour, Annette. Excuse-moi, je… je ne m'attendais pas à te voir.
- Désolée, je suis moins jolie que Drago, tu devras te contenter de moi aujourd'hui.
- Ne dis pas de bêtises, voyons.
Malgré tout, Hermione était étonnée. Cela faisait trois mois que Malefoy venait, alors pourquoi avait-il cédé sa place aujourd'hui ? Ils ne s'étaient pourtant pas disputés récemment.. enfin, pas plus que d'habitude.
- Du coup, commença Annette, je peux prendre les trois cartons de gauche sur la première étagère ?
- Oui, oui, bien sûr, sers-toi.
- Super ! Un message à faire passer à Harry ? lui demanda l'Auror alors qu'elle se dirigeait vers le fond de la pièce.
- Non, rien de particulier.
- Ça marche. Au fait, bravo pour ton amélioration du Polynectar, on a pu s'en servir sur une mission, c'était génial.
Annette leva son pouce en l'air avec un clin d'œil complice et Hermione lui sourit.
- Si ça peut vous aider, alors je suis ravie.
- Continue comme ça, t'es au top ! Bonne journée !
- Bonne journée, Annette.
L'Auror quitta la pièce, laissant Hermione toujours un peu hébétée, sa plume suspendue au-dessus de son parchemin. L'encre gouttait sur ce dernier, mais elle ne s'en rendit pas compte.
Elle avait d'autres préoccupations en tête. Pourquoi Malefoy n'était pas venu aujourd'hui ?
Un empêchement ? Allait-il bien ? Avait-elle dit ou fait quelque chose qui l'avait contrarié ?
Hermione s'en voulait de se poser tant de questions alors que, quelques mois plus tôt, elle aurait pu supplier Harry de ne plus envoyer Malefoy pour récupérer les potions. Voilà que maintenant elle se demandait pourquoi il n'était pas là.
Elle se secoua mentalement et physiquement en s'aspergeant le visage d'eau fraîche à son lavabo. Les mains appuyées sur la céramique, elle affronta son propre regard dans le miroir en face d'elle.
Qu'est-ce qui avait changé pour qu'elle en vienne à penser de telles choses ? Elle n'aurait pas dû accorder de l'importance à ce détail. Peut-être que Malefoy ne voulait plus venir. Peut-être avait-il du travail. Peu importait, finalement, puisqu'il s'agissait de Malefoy.
Par chance, on toqua à nouveau à sa porte et celle-ci fut franchie par Martha, l'une de ses collègues, qui venait lui proposer de déjeuner avec elle ce midi. Hermione saisit l'opportunité au vol. Elle appréciait Martha et elle n'était jamais à court de sujets de discussion, donc elle pourrait - inconsciemment - l'aider à penser à autre chose.
Juin 2007
C'était la course, aujourd'hui.
Hermione avait arpenté l'hôpital toute la matinée pour honorer chacune de ses réunions, suivre les projets en cours, prendre des nouvelles de ses potionnistes et chapeauter un entretien d'embauche. C'était à peine si elle avait eu le temps de manger un sandwich entre deux rendez-vous.
Il était presque quinze heures quand elle eut enfin le temps de se poser dans son laboratoire pour boire un thé. Un Earl Grey au citron et au gingembre bien chaud, malgré les températures plutôt élevées à l'approche de l'été.
Lorsqu'elle but la première gorgée, elle soupira de bonheur. Elle avait bien besoin de ce moment de calme pour se remettre de sa journée passée à trottiner dans les couloirs.
Mais sa petite bulle de sérénité éclata lorsque des coups furent frappés à sa porte. Qui avait encore besoin d'elle ?!
- Entrez, dit-elle avec peu d'enthousiasme et sans trop élever la voix, espérant qu'on ne l'entende pas.
La porte grinça, claqua, et Hermione fronça le nez.
Aux senteurs citronnées de son thé vint se mêler celle de la bergamote.
Elle leva les yeux de sa tasse pour croiser ceux de Malefoy, puis elle soupira.
- Malefoy, je suis fatiguée et pas d'humeur, l'avertit-elle.
- Ça tombe bien, je suis venu enterrer la hache de guerre et voici mon drapeau blanc.
Il fit quelques pas vers elle et lui tendit une boîte en plastique.
Hermione fronça les sourcils. Sa phrase, déjà, l'avait interpellée, mais ce geste la déstabilisa encore plus.
- Qu'est-ce que c'est ? demanda-t-elle en saisissant la boîte.
- Une part de gâteau. Un Paris-Brest, plus exactement. C'est Français.
Les odeurs de citron et de bergamote disparurent au profit du praliné. Cette senteur sucrée était tout simplement divine. Une exquise douceur pour les narines d'Hermione et bientôt pour ses papilles.
- Pourquoi ?
Elle salivait tellement qu'elle fut incapable de contextualiser sa demande.
- C'était mon anniversaire, hier, expliqua-t-il.
Hermione se sentit soudain très bête.
Bête et pourtant touchée.
Bête parce qu'elle connaissait la date de naissance de Malefoy et qu'elle était pourtant passée à côté de l'événement. Elle ne lui aurait pas envoyé de fleurs ou de cadeau, mais elle aurait pu y penser et lui envoyer une carte. Ou au moins le lui souhaiter à son arrivée.
Et touchée qu'il ait pensé à elle au point de lui apporter une part de gâteau.
Elle ne pouvait pas ignorer ce pas en avant qu'il faisait vers elle. Tout comme ce sourire bien trop bienveillant pour être malhonnête qu'il affichait en ce moment-même.
Alors Hermione laissa tomber le dernier rempart qu'elle érigeait entre elle et cet homme qu'elle avait tant détesté. Elle fit venir à elle, d'un coup de baguette, deux assiettes dans lesquelles elle déposa un morceau de gâteau. Il n'était pas question qu'il ne mange pas avec elle.
- Joyeux anniversaire, Malefoy, lui dit-elle avec un sourire, tout en l'invitant à prendre place l'autre côté de son bureau, face à elle.
Il ne se fit pas prier et s'installa sur la chaise libre.
- Je suis ravi que tu apprécies cette trêve, Granger.
- Une trêve c'est une cessation provisoire des combats, dit-elle. Tu ne veux pas que cette hache soit enterrée définitivement ?
- Je n'aurais pas osé en demander tant, mais puisque tu insistes…
Hermione pouffa avant de prendre une bouchée de gâteau. Ce fut une explosion de saveurs. La crème au praliné était onctueuse, délicate et suffisamment sucrée pour ne pas être écœurante. La pâte à choux, elle, était fondante en bouche.
Hermione ne retint pas le gémissement de plaisir qui lui échappa.
Elle plaqua aussitôt sa main sur sa bouche, les joues rougies par la honte, tandis que Malefoy la regardait avec un sourcil rehaussé et un rictus au coin des lèvres.
- Là non plus je n'en demandais pas tant, la taquina-t-il.
- Je suis désolée, c'est juste que… par Merlin, ce gâteau est incroyablement bon !
- Merci. C'est moi qui l'ai fait, je prends donc ce petit gémissement de plaisir pour moi et j'en suis ravi.
Si Hermione avait pu creuser un trou dans le sol et s'y cacher, elle l'aurait fait.
- Je ne te savais pas bon pâtissier, lança-t-elle pour changer de sujet et éviter d'être encore plus mal à l'aise.
- Après des années à me détester, c'est normal que tu ignores beaucoup de choses à mon sujet, dit-il avant de prendre une bouchée de gâteau.
- Je ne te déteste pas vraiment, corrigea-t-elle. Disons que j'aime bien donner l'illusion de te détester pour agacer nos amis.
- Qu'est-ce que tu veux dire par là ?
Malefoy avait arrêté de manger. Ses sourcils étaient froncés et il regardait Hermione avec une expression d'étonnement pure.
Elle soupira avant de se lancer.
- Ça m'énerve qu'ils soient sans cesse en train de nous pousser l'un vers l'autre sous prétexte que eux ont chacun trouvé leur pendant dans le groupe. Harry est fiancé à Pansy, Ginny a des enfants avec Blaise et Ron a trouvé un ami fidèle en Grégory.
- J'ignorais que ça te pesait autant.
- Peser est un peu fort, mais c'est la raison pour laquelle je donne l'impression de te détester. Je pense qu'au fond, je t'aime bien.
Hermione sourit alors que ses joues redevenaient certainement très rouges. Elle ne voulait pas que Malefoy sur-interprète ce qu'elle venait de dire. Elle fut d'ailleurs surprise que ce ne soit pas le cas, puisqu'il lui renvoya un sourire qui n'avait rien de narquois ou de mesquin.
- Je t'aime bien aussi, Granger.
Le regard de Malefoy sur elle était assez déstabilisant. D'habitude, elle pouvait y lire son sarcasme, sa roublardise de Serpentard ou sa vanité, mais pas là. Il y avait quelque chose d'étonnamment sincère et presque… charmant, dans l'éclat de ses pupilles.
Troublée, Hermione cacha sa gêne derrière une cuillère de gâteau.
Juillet 2007
Hermione était heureuse de retrouver son laboratoire après deux semaines de vacances.
Elle en avait eu bien besoin, de cette pause estivale, mais elle n'était pas mécontente de retourner au travail reposée, apaisée et un peu bronzée.
Elle avait d'abord passé cinq jours à Palma avec Ginny et Pansy, puis deux jours dans le sud de la France chez ses grands-parents maternels. Elle était ensuite rentrée en Angleterre où elle en avait profité pour prendre soin d'elle et faire toutes ces choses qu'elle n'avait pas le temps de faire quand elle travaillait.
Résultat, elle était si ressourcée et de bonne humeur aujourd'hui que sa journée de travail fila à une allure folle. Elle passa si vite qu'elle regarda l'heure pour la première fois à dix-sept heures quarante-sept, soit treize minutes avant la fin de sa journée.
Elle remplit ses derniers tubes à essai et les déposa au frais pour faire rapidement redescendre la température, comme la recette le mentionnait. Elle testait une nouvelle formule pour ses potions de régénération sanguine et celle-ci voulait qu'un choc thermique ait lieu. Hermione était sceptique quant au succès de cette méthode, mais elle devait en avoir le cœur net.
Les potions seraient prêtes le lendemain et un test magique pourrait être effectué.
Elle était en train de ranger son matériel lorsqu'on toqua à la porte.
- Entrez !
C'était probablement l'Auror qui venait récupérer la commande. Il n'était pas venu de la journée et Harry lui avait envoyé un Patronus une heure plus tôt pour l'excuser du retard.
La porte grinça, claqua et Hermione sourit.
- Bonjour, Male…foy.
Elle ne s'était pas attendue à cette vision.
Contrairement à d'habitude, Malefoy ne portait pas son uniforme d'Auror, mais un pantalon chino beige et une chemise en lin blanche dont il avait légèrement retroussé les manches. Sa peau était dorée et dans ses cheveux, bien plus clairs que d'ordinaire, était logée une paire de lunettes de soleil. Tout portait à croire qu'il était en vacances et pas au travail.
Son étonnement dut se voir, puisque Malefoy prit la parole sans qu'elle ait eu le temps de dire quoi que ce soit.
- Oui, je suis en vacances, dit-il.
- Mais… Que fais-tu là, alors ?
- Potter m'a demandé de passer au bureau pour que je récupère des documents dont j'ai besoin pour un rendez-vous à Gringotts demain. Il avait l'air tellement débordé avec des missions imprévues que je me suis proposé de venir.
- Très louable de ta part, ça.
- Je sais, ma bonté me perdra.
- Ta bonté, oui, c'est ça, pouffa Hermione. Bon, je ne vais pas te retenir trop longtemps alors, tu dois avoir mieux à faire si tu es en vacances.
- Ne t'inquiètes pas, Potter est bien trop occupé pour se rendre compte de quoi que ce soit.
Hermione sourit du coin des lèvres, touchée que Malefoy ne cherche pas à partir le plus tôt possible. Elle déposa malgré tout les cartons devant lui.
- Tu étais en vacances toi aussi, non ? s'enquit-il.
- Oui, deux semaines. Je suis partie à Palma avec Pansy et Ginny et quelques jours en France, en famille.
- Ah oui, le fameux séjour à Palma…
Malefoy laissa traîner sa voix, énigmatique, en lui souriant de la même manière. Ses dents parfaitement blanches contrastaient avec sa peau halée.
- Ce qui se passe à Palma, reste à Palma, indiqua Hermione en le pointant du doigt, méfiante. Je ne sais pas ce que Pansy t'a dit, mais c'est faux.
- Oh elle ne m'a rien dit, j'ai vu.
Hermione fronça les sourcils.
- Tu as vu quoi ?
- Une photo de toi avec un diadème sur la tête, debout sur la table de mixage d'un DJ en boîte de nuit.
- Oh par Merlin, couina Hermione en cachant son visage derrière ses mains.
Elle avait l'alcool bien trop joyeux, c'était un fait, et elle détestait ses amies de capturer des preuves de ce trait de caractère !
Soudain, elle se figea en sentant une chaleur autour de ses poignets que Malefoy venait d'entourer de ses mains.
Elle décala lentement ses mains pour le regarder, mais il laissa les siennes là où elles étaient.
Le cœur d'Hermione battait un peu trop vite. Une chose qui avait bien souvent lieu lorsqu'elle était en sa présence depuis quelques mois.
- La Granger bourrée me plait beaucoup, confessa-t-il à voix basse.
Hermione sentit une décharge électrique parcourir tout son corps.
- Enfin, il n'y a pas que cette version de toi qui me plait, bien entendu, mais celle-ci, je la trouve particulièrement drôle.
Hermione déglutit péniblement. Elle ne savait pas comment interpréter ses propos. Disait-il cela pour la mettre à l'aise ? Était-il sérieux ?
Est-ce qu'elle lui plaisait vraiment ?
Cette option lui semblait absurde. Elle ne pouvait pas lui plaire. Pas elle. Pas à lui.
- Et… hum, et pourquoi cette version de moi te… plait ? bafouilla-t-elle.
- Parce que c'est la Granger qui lâche prise. Celle qui sort de ses habitudes, de sa zone de confort. Celle qui est imprévisible.
Hermione n'aurait jamais cru qu'on puisse penser une telle chose d'elle. Elle qui se plaisait dans sa routine, dans son quotidien méthodique, n'aurait jamais pensé que quelqu'un puisse apprécier lorsqu'elle était à l'opposé d'elle-même.
Si elle était honnête, elle aimait aussi cette version d'elle. Elle se laissait rarement aller à l'improvisation et au lâcher prise mais lorsqu'elle le faisait, elle se sentait libre. Que quelqu'un comme Malefoy le remarque la touchait plus qu'elle n'oserait l'admettre.
Elle réalisa que ses mains étaient toujours autour de ses poignets lorsqu'il caressa subtilement sa peau.
- Mais j'aime aussi la Granger qui classe ses céréales par ordre alphabétique et qui mange les aliments dans son assiette par ordre de préférence.
Hermione rougit.
- Tu as remarqué ça ?
- Je suis bien plus attentif que tu ne le penses.
- Ah oui ?
- Oui, confirma-t-il en déplaçant ses mains pour jouer avec ses doigts. Tu assortis toujours tes chaussettes aux couleurs de ton haut, même si tu dois en mettre deux différentes. Tu touches discrètement ton nez aux heures miroir. Tu lis toujours la dernière page d'un roman avant de le commencer. Tu…
Hermione n'écoutait plus vraiment.
Son cerveau était hypnotisé par les longs doigts fins de Malefoy qui jouaient avec les siens. Par les mots qu'il venait de lui dire, lui prouvant encore une fois qu'elle ne le détestait pas tout à fait.
Le fait qu'il connaisse ses petites habitudes aurait pu la mettre mal à l'aise, mais c'était le contraire. Hermione était touchée. Émue, presque, qu'il ait été attentif à ces détails. C'était la première fois que quelqu'un lisait en elle de cette manière.
Parce que ce n'était pas anodin, pas vrai ?
Ce n'était pas insignifiant si Malefoy avait noté tous ces détails de sa personnalité de manière si précise.
Son regard remonta le long de ses bras, s'attardant à peine sur le serpent noir qui dépassait de la manche retroussée de sa chemise. Il glissa ensuite sur ses clavicules saillantes, son cou, ses mâchoires anguleuses, sa bouche qui bougeait toujours sans qu'Hermione n'en perçoive les sons. Son nez en pointe, ses pommettes, les pattes d'oie au coin de ses yeux, ses iris gris de lune, ses cheveux encore plus blonds à cause du soleil.
Si elle n'était pas paralysée par la peur et l'incertitude, Hermione lui aurait certainement coupé la parole en lui demandant l'autorisation de l'embrasser. Il aurait dit oui, alors elle aurait attrapé le col de sa chemise pour attirer son visage vers le sien. Elle l'aurait embrassé à en perdre haleine, abandonnant sur sa langue toute cette fausse haine et ses remarques acerbes.
Mais Hermione était pétrifiée. Pétrifiée car elle n'était pas sûre d'elle, qu'elle avait peur qu'il la repousse, qu'elle se soit trompé sur toute la ligne. Peur de sortir de sa zone de confort, encore une fois.
Elle ne revint à elle que lorsque la chaise qu'occupait Malefoy grinça. Il était en train de se lever, interprétant probablement son silence comme du je m'en foutisme. Ce qui était loin d'être le cas.
- Je vais y aller, dit-il d'une voix grave en prenant les cartons.
Hermione se leva elle aussi, maladroitement, et le raccompagna à la porte.
Elle le regarda avancer dans le couloir, le cœur comprimé dans un étau.
- Malefoy ! l'appela-t-elle pour le retenir.
Il se retourna et bien qu'il soit à quelques mètres d'elle, Hermione décela une lueur inhabituelle dans ses yeux.
- Merci, souffla-t-elle.
- D'être venu récupérer les potions ?
- Non. De m'avoir vraiment regardée.
Elle lui sourit et il lui renvoya la même expression. Quelque chose venait de changer entre eux, elle en était persuadée.
Août 2007
Hermione avait l'impression que des trolls dansaient dans sa boîte crânienne.
Le moindre de ses mouvements était épuisant et faisait résonner la migraine dans sa tête. Alors elle avançait doucement, agissait au ralenti, pour éviter d'amplifier cette horrible douleur.
Elle avait pourtant avalé une potion contre la gueule de bois avant de se coucher, mais force était de constater que cela n'avait pas fonctionné. Elle n'avait plus vingt ans, en somme.
Sa tête reposant dans sa main, elle regardait son médicament se dissoudre dans l'eau. Le crépitement que celui-ci émettait était hypnotisant.
Des coups frappés à sa porte la firent sursauter et la combinaison de tout ça ne fit qu'augmenter son mal de tête.
- Humph-trez, marmonna-t-elle entre ses dents comme si le simple fait de parler était une épreuve insurmontable.
La porte grinça, claqua et Hermione fronça le nez. Elle s'était attendue à avoir la nausée mais, étonnamment, l'odeur de bergamote de Malefoy n'était pas si horrible. Au contraire, ce courant d'air frais lui fit du bien.
- Qu'est-ce que c'est que cette tête ? lui demanda-t-il, moqueur.
- Tu le sais très bien puisque tu étais là, répliqua Hermione en grimaçant.
- Oui, l'anniversaire de Potter, je sais. Mais quand je suis parti, tu semblais aller bien. J'ai l'impression que ce n'est plus trop le cas ce matin.
- Disons que je regrette les derniers verres que j'ai bus…
- Hermione Granger s'est pris une cuite la veille d'un jour de travail ?!
- Tu diras ça à ta meilleure amie qui remplit les verres des gens en douce, marmonna-t-elle en se levant tout doucement.
Elle l'entendit ricaner, mais elle ne releva pas.
- J'ai peut-être quelque chose pour toi, bouge pas.
Hermione se retint de lui répliquer qu'elle n'allait pas aller bien loin de toute façon.
Malefoy plongea sa main dans la poche intérieure de sa cape d'uniforme. Elle le vit froncer les sourcils et se mordillant la lèvre inférieure, concentré dans sa recherche. Finalement, il en sortit une petite fiole avec une étiquette annotée à la main.
- De l'huile essentielle de menthe poivrée, annonça-t-il.
- Qu'est-ce que tu fais avec ça ? demanda Hermione en s'approchant de lui.
Malefoy ouvrit le flacon et le passa sous le nez d'Hermione qui soupira d'aise. L'odeur était forte, mais très agréable.
- C'est efficace contre les maux de tête, les nausées et surtout le mal des transports. J'ai beaucoup de collègues Aurors qui ont la gerbe après le transplanage, du coup j'ai toujours ça sur moi pour éviter qu'ils vomissent sur mes chaussures.
Amusée, Hermione sourit. Elle n'avait pas la force de faire plus.
Malefoy commença à fouiller dans son laboratoire à la recherche de quelque chose et finit par trouver son bonheur dans une bouteille d'huile végétale. Hermione ne se souvenait même plus avoir ça dans ses placards. Elle avait probablement dû s'en servir lors d'une pause déjeuner qu'elle avait prise ici.
Il prit un bol dans lequel il versa de l'huile et quelques gouttes de menthe poivrée. Il mélangea la préparation d'un coup de baguette avant de plonger ses indexs et ses majeurs dedans. Il les frotta l'un contre l'autre avant de revenir vers Hermione.
- Je peux ? demanda-t-il en tendant ses mains vers elle.
Elle hocha la tête autant que sa migraine le lui permettait, puis Malefoy déposa délicatement ses doigts sur ses tempes.
Hermione ferma les yeux au contact de sa peau sur la sienne. Non seulement il avait les mains douces, mais la fraîcheur de la menthe poivrée était si agréable qu'elle put sentir sa douleur s'évaporer.
Malefoy massait ses tempes avec une infinie douceur. Il décrivait de petits cercles avec une telle délicatesse qu'Hermione se sentait bercée. Les yeux toujours clos, elle se pinçait les lèvres pour ne pas soupirer de bien-être. Il s'était payé sa tête une fois comme ça, pas deux.
Le massage dura quelques minutes, puis elle ouvrit les yeux lorsqu'il ôta ses doigts. Elle leva légèrement la tête pour croiser son regard gris et elle lui sourit avec reconnaissance.
- Merci, souffla-t-elle à voix basse.
- Si je peux aider, c'est avec plaisir, répliqua-t-il sur le même ton et avec un sourire au coin de ses lèvres.
Dans le calme de son laboratoire, le temps était suspendu.
L'irrésistible envie de l'embrasser s'empara à nouveau d'Hermione et à la manière dont Malefoy lorgnait sur sa bouche, il y avait de fortes chances que cette envie soit partagée.
Elle déglutit. Elle était proche de céder, sans pour autant se sentir prête à franchir le pas.
Qu'est-ce que cela signifierait ? Que se passerait-il après ce baiser ? Cela impliquait beaucoup trop de choses, beaucoup trop de données auxquelles elle n'avait pas réfléchi.
Et en même temps, Malefoy lui-même lui avait dit qu'il aimait quand elle était imprévisible.
- Je peux…
On frappa à la porte et Hermione jura entre ses dents. Malefoy, lui, eut un petit rire.
Il se pencha vers son oreille, chatouillant sa peau de son souffle.
- Ce n'est que partie remise, Granger.
Il se recula et lui envoya un clin d'œil. Il se saisit des cartons et céda sa place à une collègue d'Hermione qui, même si elle l'appréciait, était bien moins intéressante que Malefoy.
Il lui fallut plusieurs heures pour recouvrer ses esprits et toute sa capacité de réflexion.
Elle ne savait pas comment Malefoy était passé du stade "faussement détesté" à celui de "furieusement désiré", mais les faits étaient là.
Septembre 2007
Hermione était de très bonne humeur.
Et pour cause.
En ce dix-neuf septembre, elle fêtait ses vingt-huit ans. Ce n'était pas un âge avec une symbolique particulière, mais elle était toujours heureuse le jour de son anniversaire. Elle recevait des petites attentions, elle pouvait être déraisonnable et elle avait droit de manger du gâteau jusqu'à la crise de foie.
Elle se souvenait encore de l'anniversaire de ses dix ans. Son père avait préparé un gâteau au chocolat si bon qu'elle en avait mangé quatre parts. Elle l'avait amèrement regretté quand elle s'était tordue de douleur dans son lit le soir-même mais, sur le moment, cela avait été délicieux.
Elle avait hésité à poser un jour de congé, aujourd'hui. Cependant, lorsqu'elle avait réalisé que c'était le jour où l'Auror venait récupérer les potions, elle s'était ravisée. Rien que d'y penser, elle était gênée. Elle avait l'impression d'être une adolescente qui faisait tout et n'importe quoi pour croiser son béguin au détour d'un couloir.
Drago Malefoy, un béguin. Hermione se mit à sourire bêtement tout en versant de la poudre d'ailes de chrysopes dans son chaudron.
Elle regarda l'heure sur l'horloge murale et son cœur se mit à battre plus vite. Dans quelques minutes à peine, il franchirait cette porte.
Mais soudain, Hermione se raidit. Et si Harry avait décidé d'envoyer quelqu'un d'autre ? Et si Malefoy était occupé sur le terrain ? Ces derniers mois, il était presque le seul à être venu, mais ce n'était pas immuable.
Elle sursauta quand quelqu'un toqua à la porte et son cœur accéléra sa course dans sa poitrine.
- Entrez, invita-t-elle d'une voix peu assurée.
La porte grinça et Hermione sentit un poids quitter son estomac en croisant le regard d'acier de Malefoy.
- Tout va bien ? s'enquit-il après l'avoir vu soupirer.
- Oui ! s'empressa-t-elle de répondre pour sauver les apparences. Oui, oui, ça va, je… j'avais peur d'avoir mis trop d'ailes de chrysopes en poudre dans ma potion, mais elle n'a pas viré.
- Comme si c'était dans tes habitudes de faire des erreurs.
Hermione haussa les épaules.
- Sait-on jamais.
Contrairement à d'habitude, Malefoy prit ses aises. Il ôta sa cape qu'il déposa sur le dossier d'une chaise avant de s'asseoir sur celle-ci. Il croisa sa jambe, reposant sa cheville gauche sur son genou droit et plongea sa main dans la poche de son pantalon avant d'en ressortir une boîte.
Hermione fronça les sourcils.
- On est le dix-neuf, c'est ça ? supposa Malefoy en la regardant.
Elle n'était pas dupe, alors elle lui sourit.
- Il paraît, oui, confirma-t-elle en baissant le feu sous sa potion pour la laisser mijoter.
- Hum hum. C'est un jour spécial.
- Pas forcément pour tout le monde, mais je suppose qu'il doit y avoir sur Terre quelques personnes qui apprécient ce jour à sa juste valeur.
Malefoy la regardait dans les yeux, tout en faisant tourner cette petite boîte dans sa main.
- Dont toi, dit-il.
- Dont moi, confirma-t-elle.
Elle contourna son plan de travail et s'y appuya, faisant face à Malefoy, toujours nonchalamment assis sur sa chaise.
Il passa une main détendue dans ses cheveux pour les coiffer vers l'arrière, puis il s'assit normalement. Pour une fois, ce fut à lui de lever les yeux pour la regarder et cette impression de domination sur lui fit une drôle de sensation dans le corps d'Hermione.
- Joyeux anniversaire, lui souhaita-t-il en lui tendant la boîte.
Le regard d'Hermione jongla entre la boîte et le visage de Malefoy pendant quelques secondes.
Un cadeau.
Il lui avait fait un cadeau.
C'était aussi inattendu que touchant.
Hermione prit timidement la boîte et la regarda sous toutes les coutures.
- Elle ne va pas t'exploser au visage, ricana-t-il.
- Idiot. C'est juste que… merci. Je ne m'y attendais pas.
- Ne me remercie pas avant d'avoir vu ce que c'est, la mit-il en garde.
- Peu importe, sourit Hermione. La démarche en elle-même me fait déjà très plaisir.
Ils échangèrent des sourires sincères et d'un signe de tête, Malefoy la poussa à ouvrir son présent.
Hermione tira sur le ruban bleu pour défaire le nœud qui fermait la boîte. Le cœur battant la chamade, elle l'ouvrit.
Les larmes envahirent aussitôt ses yeux.
Sur un délicat tissu satiné reposait une broche. Et pas n'importe laquelle.
Le bijou en or représentait un soleil avec, en son centre, une perle nacrée. Elle aurait reconnu cette broche entre mille. C'était sa broche familiale qu'elle pensait avoir perdu depuis des mois. Elle l'avait égarée au moment des fêtes de fin d'année, quand ils étaient allés faire le marché de Noël de Hyde Park. Elle s'était rendue compte que la broche n'était plus accrochée à son manteau uniquement lorsqu'elle était de retour chez elle.
Elle avait pleuré. Elle avait averti ses amis pour qu'ils fouillent dans leurs affaires, juste au cas où, mais personne ne l'avait trouvée.
Cette broche avait une valeur sentimentale forte pour Hermione. Elle se léguait de mère en fille depuis des générations et elle lui avait été offerte par sa propre mère le jour de ses vingt ans. Depuis, elle ne s'en séparait jamais. Cela avait été une tragédie pour elle de la perdre dans de telles conditions.
Elle ignorait comment Malefoy avait pu mettre la main dessus. Car c'était bien sa broche et pas une réplique. Elle le savait, sa broche était légèrement émaillée à l'arrière, comme celle-ci.
Hermione passa un doigt tremblant sur le bijou jusqu'à ce que la main de Malefoy apparaisse dans son champ de vision. Sans mot dire, il se saisit de la broche et l'épingla à sa blouse, juste en dessous de l'écusson de Ste Mangouste.
Hermione leva ses yeux embués de larmes vers lui. Un millier de mots lui brûlaient les lèvres, mais même un simple "merci" était incapable de sortir.
- Je me suis rendu au commissariat de Westminster, débuta-t-il. Ils ont une réserve avec des objets trouvés et je ne sais pas par quel miracle, ta broche y était. Alors peut-être que j'ai jeté un léger sort de confusion à la responsable du service pour qu'elle me la donne alors que je n'avais aucune preuve qu'elle était à moi, mais le résultat est là.
- Je… Je ne sais pas quoi dire, c'est… merci, bafouilla-t-elle, émue.
- J'ai cru comprendre que tu tenais vraiment à ce bijou.
Vu l'état dans lequel elle s'était mise le jour de sa perte…
- Cette broche a une valeur sentimentale très importante pour moi. Merci de l'avoir retrouvée, Drago.
Hermione se surprit elle-même à utiliser son prénom. Lui aussi était étonné, si elle en croyait ses yeux légèrement écarquillés. Et pourtant, elle l'avait dit avec une telle spontanéité que cela ne faisait aucun doute sur son honnêteté.
- Je ne sais pas comment te remercier, poursuivit-elle. J'ai l'impression qu'un simple merci n'est absolument pas suffisant.
- Tu pourrais m'embrasser, dit-il, sûr de lui. Qu'est-ce que tu en penses ?
Le cœur d'Hermione fit un looping.
Elle n'avait donc pas rêvé tout ce qui se passait silencieusement entre eux depuis quelques mois. Il s'en était rendu compte lui aussi. Elle ne fabulait pas.
Hermione se mordilla la lèvre inférieure, timide. Drago dut comprendre puisqu'il donna l'impulsion qui lui manquait en l'attirant à lui, une main logée au creux de ses reins.
Hermione posa ses mains sur ses joues et déposa ses lèvres contre les siennes.
Elle s'attendait à tout, autant qu'elle s'attendait à rien, mais ce baiser était au-delà de toute son imagination.
Ce qui était d'abord un simple baiser devint moins chaste et plus langoureux.
Hermione n'avait pas embrassé beaucoup d'hommes, mais elle pouvait sans conteste affirmer que Drago Malefoy était bon dans ce domaine. Les papillons dans son ventre dansaient avec frénésie tandis que les battements de son cœur faisaient n'importe quoi.
Mais rien n'avait d'importance. Seule la bouche de Drago sur la sienne comptait. La potion toujours sur le feu pouvait bien exploser. La directrice de l'hôpital pouvait bien entrer. La Terre pouvait bien s'arrêter de tourner, tant qu'il n'arrêtait pas de l'embrasser.
La main de Drago qui n'était pas dans le bas de son dos vint se loger au creux de son cou, son pouce caressant sa mâchoire, avant de s'enfoncer à la racine de ses cheveux.
Les papillons dans le ventre d'Hermione remontèrent jusqu'à son cœur.
Elle se recula sans vraiment le vouloir, mais parce que sa respiration devenait trop courte.
Elle garda son visage entre ses paumes. Il garda ses mains dans ses boucles et sur ses reins.
Ses yeux gris pétillaient. Son sourire irradiait. Ses pommettes rougeoyaient. Hermione ne l'avait jamais trouvé aussi beau qu'à cet instant très précis, avec ses lèvres brillantes et colorées.
- Ça vaut tous les mercis de l'Univers, dit-il avant de rire.
Hermione fit de même, cachant par la même occasion son visage dans son cou.
Octobre 2007
Hermione augmenta le volume de la radio. Une chanson qu'elle écoutait beaucoup quand elle était petite était jouée et elle avait envie qu'elle résonne dans tout son laboratoire.
Elle se dandinait tout en préparant sa potion et même si elle se trouvait un peu ridicule, cela lui était égal.
Ce n'était pas son genre d'écouter de la musique en travaillant, mais elle faisait beaucoup de choses qui ne lui ressemblaient pas ces jours-ci.
Embrasser Drago Malefoy arrivait en tête de liste, d'ailleurs.
Ils ne s'étaient pas revus depuis leur premier baiser ici-même, puisqu'il avait dû partir dans le nord de l'Écosse pour plusieurs semaines d'infiltration dans un réseau de trafiquants de baguettes.
Pourtant, Hermione n'avait pas arrêté d'y penser. En quelques mois, elle avait abandonné toutes les barrières qu'elle avait érigées entre eux. Elle avait totalement mis de côté l'idée de tenir tête à leur amis. Drago s'était fait une place dans ses journées, puis dans sa tête et enfin dans son cœur. Elle ignorait comment tout ceci allait évoluer, mais elle ne pouvait pas oublier ce qui se passait en elle dès qu'elle pensait à lui.
Elle n'avait parlé de ce baiser à personne, pas même à Harry. Et elle se doutait que Drago n'avait rien dit non plus puisque personne n'était venu la trouver en son absence pour lui tirer les Véracrasses du nez.
Alors elle se contentait de garder ce petit secret dans sa tête en attendant qu'il soit de retour.
- Entrez ! lança-t-elle à la personne qui venait de toquer.
La porte grinça, claqua et Hermione leva les yeux de son chaudron pour croiser ceux de Drago.
Drago ?!
- Mais… Qu'est-ce que tu fais là ? s'étonna-t-elle.
Elle s'essuya les mains et s'avança vers lui alors qu'il retirait sa cape.
- Cache ta joie, Granger, ricana-t-il.
- Pardon, c'est juste que selon Harry, tu ne devais pas rentrer de Thurso avant mercredi prochain.
- La mission a été écourtée, les trafiquants ont été arrêtés par la police moldue alors qu'ils essayaient de rejoindre Stromness en ferry illégalement.
- Une chance qu'ils n'aient pas été prévoyants.
- Oui, je t'avoue que ça m'arrange pas mal. Il pleut beaucoup trop à cette période de l'année dans le nord de l'Écosse, ce n'est pas bon pour mes cheveux.
Puisqu'elle était suffisamment proche de lui, Hermione glissa ses doigts dans ses mèches blondes pour les tirer vers l'arrière. Certaines retombèrent sur son front, d'autres restèrent en place, mais elle put admirer ses yeux plus facilement.
- Je suis contente de te voir, confia-t-elle sur le ton du secret.
- Et moi donc. J'avais comme un… goût de trop peu.
Drago accompagna sa remarque d'une caresse sur ses lèvres avec son pouce. Il glissa derrière son oreille une boucle brune qui obstruait légèrement sa vue, puis il l'embrassa enfin. Les papillons, restés statiques dans son ventre depuis quelques semaines, décollèrent à nouveau pour reprendre leur danse.
- Bonjour, dit-il à la fin du baiser.
- Bonjour, pouffa Hermione. Est-ce que tu as quelques minutes devant toi ou tu dois absolument livrer ces potions à ton chef ?
- Mon chef peut bien se passer de moi et de ces potions pendant quelques minutes encore.
- Super, souffla Hermione avant de l'embrasser à nouveau.
Il n'y aurait rien de plus que des baisers. Pas ici. Pas maintenant. Elle voulait profiter de ces simples échanges, comme si elle craignait que tout s'envole. Cela lui semblait tellement surréaliste qu'elle s'accrochait à tout ce que Drago pouvait dire, faire, donner, pour se prouver qu'elle ne rêvait pas.
Elle abandonna ses lèvres à contre-cœur pour le laisser s'asseoir sur une chaise et s'installer à califourchon sur lui.
Elle fronça les sourcils en constatant seulement maintenant une cicatrice qui barrait son sourcil droit.
- Qu'est-ce qui t'est arrivé ? s'enquit-elle, glissant son index sur la légère boursouflure.
- J'aimerais te dire que c'est arrivé lors d'un combat à mort avec un des trafiquants et que tu devrais voir ce que je lui ai fait, car c'est incomparable face à cette misérable cicatrice mais… la vérité est toute autre.
Hermione sourit du coin des lèvres. Connaissant Drago, cela ne devait pas être glorieux, sinon il s'en serait déjà vanté.
- Dis toujours. Peut-être que ça me séduira quand même.
- Je me suis pris une branche quand on était en planque dans les landes de Thurso. Annette, devant moi, ne l'a pas retenue et elle m'a fouetté l'œil.
Hermione dissimula son rire derrière ses mains et Drago leva les yeux au ciel.
- Tu m'as l'air vachement séduite.
- Pardon. C'est juste que j'imagine la scène et… Merlin, c'est drôle !
Elle ne put se retenir plus longtemps et éclata de rire, cachée dans le cou de Drago.
- Vas-y, fous-toi de moi, Granger ! Dans mes souvenirs, je ne me suis pas moqué, moi, quand tu as foncé dans ce réverbère le soir de l'anniversaire de Blaise, parce que tu ne regardais pas où tu mettais les pieds.
Hermione cessa aussitôt de rire. Elle s'en souvenait parfaitement. Tout comme elle se souvenait parfaitement pourquoi elle ne regardait pas où elle mettait les pieds ce soir-là.
- Oh, je connais cette tête.
Le rouge monta aux joues d'Hermione.
- Granger…, gronda-t-il gentiment.
- Très bien ! céda-t-elle alors que son visage entier avait pris une teinte écarlate. La raison pour laquelle je ne regardais pas où je marchais ce soir-là c'est… Godric, j'ai honte.
Drago glissa son index sous son menton et releva son visage. Il n'y avait pas une once de moquerie dans son regard, ce qui était à la fois étonnant et rassurant.
- Ça ne sortira pas de ce labo, lui promit-il avec un baiser sur le nez.
- J'ai foncé dans ce réverbère parce que… parcequejeregardaistesfesses.
Il faisait chaud, dans cette pièce, tout à coup. Son cœur battait si fort qu'elle dut prendre le contrôle de sa respiration pour essayer d'en apaiser les battements.
- Tu peux répéter ? demanda-t-il. Tu as parlé si vite et entre tes dents que je n'ai rien compris.
Hermione souffla un bon coup pour se donner du courage.
- Je regardais tes fesses, assuma-t-elle enfin, son regard dans le sien.
Drago écarquilla légèrement les yeux, avant de sourire avec son petit air prétentieux habituel.
- Tu regardais mes fesses ? répéta-t-il.
- C'est entièrement ta faute. Tu portais ce pantalon bleu marine qui te va si bien, celui que tu avais aussi pour l'anniversaire des jumeaux.
- J'ignorais que ce pantalon me faisait de belles fesses, fanfaronna-t-il. Je pense que je vais le porter plus souvent à partir de maintenant.
- Tiens donc, le contraire m'aurait étonnée.
- La prochaine fois que tu veux te rincer l'œil, tu n'auras qu'à me demander. Ça t'évitera un cocard.
- Drago !
- Je rigole, je rigole !
Il se mit à rire en la serrant contre lui pour qu'elle ne se soustraie pas à son étreinte.
Le visage enfoui dans son cou, Hermione respira son odeur de bergamote à plein nez. Comment avait-elle pu trouver cette odeur horrible et désagréable alors que c'était si doux et si frais ?
Ils restèrent enlacés ainsi quelques minutes avant que Drago ne l'embrasse sur la tête.
- Je vais devoir y aller.
Hermione grogna un peu avant de se redresser, mécontente.
- Je sais, mais tu connais mon chef. Il peut être tyrannique quand il l'a décidé.
Hermione leva les yeux au ciel. Elle peinait à imaginer que cela puisse être vrai !
- Mes parents devaient venir dîner chez moi ce soir, mais ce n'est plus d'actualité, expliqua-t-il tout en remettant sa cape. Tu peux passer, si le cœur t'en dit.
- Si je ne risque pas de croiser ton père, ce sera avec plaisir.
Drago secoua la tête.
- C'est justement à cause de lui que le dîner n'est plus au programme. Une urgence pour le travail, je crois, mais je m'intéresse tellement peu à ce qu'il dit que je n'en suis pas si sûr.
Hermione lui sourit en pressant légèrement son bras d'un air compatissant. Elle savait que sa relation avec son père n'était pas au beau fixe, mais qu'il ne tenait pas plus que ça à en parler. Donc, elle se contenta de lui montrer son soutien silencieux.
- Je termine à dix-huit heures, tu seras chez toi ?
- Oui, confirma-t-il. Totalement disponible et probablement en train de déboucher une bouteille de Chablis.
- J'ai déjà hâte, dit-elle avant de l'embrasser.
- Alors à ce soir.
Drago l'embrassa à son tour et quitta le laboratoire. Hermione referma la porte derrière lui et s'y adossa. Les papillons dans son ventre dansaient toujours et le sourire idiot et rêveur sur ses lèvres ne semblait pas décidé à s'en aller.
Novembre 2007
Hermione déposa son gobelet de chaï latte sur sa sous-tasse en forme de marguerite.
Il faisait si froid en ce début de mois de novembre qu'elle commença sa journée de travail enveloppée par sa grande écharpe comme s'il s'agissait d'une couverture. Ce ne serait pas pratique pour faire ses potions mais, en attendant, comme elle n'avait que de l'administratif à faire, cela ne la dérangeait pas.
Elle but une longue gorgée de sa boisson et apprécia la vague de chaleur que cela lui procura.
Surprise par des coups frappés à sa porte, Hermione se redressa d'un coup, les sourcils froncés. Il était bien trop tôt pour que ce soit Drago.
- Entrez, dit-elle en tendant le cou pour voir qui allait passer cette porte. Harry ?!
- Lui-même, le Survivant, le Garçon-Qui-A-Survécu, en chair et en os. Comment vas-tu ?
Une fois à sa hauteur, il l'embrassa sur le joue et Hermione lui rendit son baiser.
- Je vais bien. Je ne m'attendais pas à te voir, mais ça me fait plaisir. Que me vaut l'honneur de la visite du chef du Bureau des Aurors en personne ?
- Je viens récupérer nos potions. Désolé, tu t'attendais sûrement à voir débarquer un grand blond avec beaucoup d'assurance et un sourire ténébreux, mais ce n'est que moi.
- Ne sois pas bête, je suis très contente de te voir, Harry.
Son meilleur ami lui adressa un clin d'œil avant de prendre place sur une chaise.
- Alors, ça roule avec Malefoy ?
- Ça roule, oui, affirma-t-elle en insistant sur le verbe qu'elle trouvait ridicule. On était ensemble hier soir, on a fait la chasse aux bonbons à Loutry Ste Chaspoule avec les jumeaux pour Halloween.
- Qu'est-ce que c'est romantique, railla-t-il.
- Ce n'était pas le but. Ginny est en déplacement avec les Harpies et Blaise a eu une urgence au cabinet, donc il a demandé à Drago de le remplacer pour faire la tournée des maisons. Il a accepté et m'a proposé de les accompagner. C'était une super soirée.
Bien que Adélaïde et Alban soient deux petites tornades rousses, ils avaient été parfaits. Sages, attentifs, polis, Hermione et Drago n'avaient pas eu de peine à les chaperonner. Lorsque Blaise fut rentré chez eux, ils avaient ramené les jumeaux et leurs deux paniers remplis de friandises avant de s'éclipser.
Hermione rougit légèrement en repensant à la manière dont cette soirée s'était terminée. Elle croisa les doigts pour que Harry n'ait pas remarqué son trouble.
Harry s'appuya complètement au dossier de la chaise, ses mains croisées derrière son crâne. Il la regardait avec un sourire à la fois fier et un peu malicieux qui ne lui disait rien qui vaille.
- Je peux savoir pourquoi tu fais cette tête ?
- Parce que je suis fier de moi. C'est un peu grâce à moi si tu files le parfait amour avec Malefoy en ce moment.
- Tu peux être un peu plus explicite ? demanda-t-elle.
- Figure-toi que j'ai vu des choses. On vous taquine depuis longtemps, tous les deux, mais ça faisait un petit moment que j'avais l'impression que Malefoy en pinçait pour toi. Je ne pouvais pas le lui demander directement, tu le connais, du coup j'ai mis un plan à exécution.
Hermione fronça les sourcils. Elle avait raison de se méfier de ce sourire.
- Au mois de février, j'ai envoyé Malefoy récupérer les potions et il est revenu avec un sourire comme il n'en fait jamais. Pareil pour le mois de mars et le mois d'avril. Du coup, j'ai commencé à mener une enquête plus sérieuse, à prêcher le faux pour savoir le vrai, mais il ne disait rien. Une vraie tombe. Cependant, il commençait à se poser des questions sur le pourquoi du comment c'était toujours lui qui devait se rendre à Ste Mangouste, même si ça n'avait pas l'air de lui déplaire. Donc j'ai inventé des mensonges, j'ai envoyé quelqu'un au mois de mai pour dissiper tout malentendu, avant de reprendre mon plan. Je…
- Attends, attends, le coupa Hermione, une main tendue vers lui pour qu'il se taise. Tu es en train de me dire que tu as manigancé tout ça ? Que tu as fait exprès de faire venir Drago tous les mois parce que tu le soupçonnais d'avoir des sentiments pour moi ?
- Et j'ai vu juste !
- C'est surtout… malhonnête !
- N'exagère pas, Hermione, j'ai simplement donné la petite impulsion qu'il vous manquait. Parce que vous êtes bien beaux, tous les deux, avec votre fierté et votre esprit de contradiction, mais il fallait que quelqu'un vous donne un coup de pouce pour que vous compreniez que vous avez vraiment des sentiments l'un pour l'autre. Vous êtes la personnification du proverbe "qui aime bien, châtie bien" !
Hermione se renfrogna, déroutée. Elle avait l'impression d'avoir été utilisée par Harry comme une petite marionnette pour son expérience sociale ! Pourtant, quand elle voyait le résultat, elle ne pouvait pas être en colère contre lui. Sans ça, peut-être que Drago et elle seraient toujours en train de s'envoyer des petites remarques acerbes à la figure.
- Ma manière de faire est peut-être contestable, mais tu aurais réagi comment si j'étais venu te voir, un beau matin, en te disant : "Salut Hermione, au fait, je pense que Malefoy craque pour toi et que toi, contrairement à ce que tu dis, tu l'aimes bien. Vous devriez sortir ensemble !"
- Il y a une différence entre ça et forcer le destin, Harry.
- Je n'ai pas forcé le destin, je lui ai juste donné un coup de pouce pour vous éviter de perdre encore plus de temps. Hermione, je vois la lumière dans ses yeux quand il parle de toi ou même quand quelqu'un d'autre lui parle de toi. Je vous ai vu ensemble, votre complicité est surprenante. Et j'ai vu à quel point tu étais radieuse quand tu m'as annoncé que vous vous étiez embrassés. Tu es ma meilleure amie, je t'aime et je veux simplement que tu sois heureuse.
Hermione abdiqua. Ses yeux la picotaient et elle dut prendre sur elle pour ne pas verser une larme. Elle était touchée par les mots de son meilleur ami. Touchée qu'il ait remarqué ça et parce que c'était vrai. Cela ne faisait que quelques semaines, mais elle était sur un petit nuage.
- Tu sais que tu aurais vraiment mérité d'aller à Serpentard ? le taquina-t-elle avant de le forcer à se lever pour le prendre dans ses bras.
- Et je vais en épouser une, alors imagine !
Hermione pouffa avant de fermer les yeux, blottie contre le torse de son ami.
- Merci, Harry.
- De t'avoir poussée dans les bras de Malefoy ? Avec plaisir.
- Je pense que sans ton intervention, j'aurais continué à me voiler la face à son sujet.
- Aussi surprenant que cela puisse paraître, il n'est pas si mauvais. Il est même… sympa, avoua-t-il.
- Et drôle, ajouta Hermione.
- C'est vrai, confirma Harry.
- Et incroyablement sexy.
- C'est… wow ! Tu ne me feras pas dire ça de Malefoy !
Hermione rit à nouveau contre son torse.
- Par contre, il va falloir que je le mette en garde. C'est le meilleur ami de ma fiancée, OK, mais s'il te brise le cœur, il n'y a plus d'amitié qui tienne. Je lui pète les dents.
- Je ne pense pas que ce soit dans ses intentions, dit Hermione en souriant, et je sais me défendre.
- Oh je sais, tu as été la première à tenter de lui péter les dents en troisième année, tout le monde s'en souvient très bien.
Hermione grimaça en étouffant un rire. Effectivement, tout le monde avait bonne mémoire à propos de ça.
- Bon, je vais te laisser, ma grande, dit Harry après l'avoir embrassée sur les cheveux. Tu me donnes les potions ?
Hermione lui confia les cartons et Harry se chargea de les miniaturiser pour pouvoir les transporter plus facilement.
- Merci ! Je t'envoie un Patronus bientôt, Pansy veut vous inviter à dîner. Il paraît que nos deux meilleurs amis qui sortent ensemble, ça se fête.
Hermione leva les yeux au ciel. Elle n'aurait pas dû s'attendre à moins venant de Pansy Parkinson.
- Ça sera avec plaisir. Passe une bonne journée, fais attention à toi.
Elle l'embrassa sur la joue puis le raccompagna à la porte. Elle ne retourna au travail qu'après que Harry lui ait fait un signe de la main et envoyé un baiser depuis le bout du couloir.
Décembre 2007
L'approche des fêtes de Noël mettait toujours Hermione dans un état d'euphorie.
Dès l'arrivée du premier jour du mois de décembre, elle faisait son sapin de Noël, décorait sa maison, planifiait sa course aux cadeaux et chantait à tue-tête l'indémodable "All I want for Christmas is you".
Elle adorait Noël. L'ambiance générale, offrir des cadeaux, les yeux émerveillés des petits et des grands, les repas familiaux, l'odeur de sapin, les lumières colorées. Tout ceci la rendait tellement heureuse qu'elle aurait voulu que Noël dure toute l'année.
Mais cette année serait particulière. Ce serait son premier Noël accompagnée depuis longtemps. Donc aujourd'hui, Drago venait récupérer les potions et elle avait une demande à lui faire. Une demande délicate qui la stressait tellement qu'elle en avait oublié de boire son chaï latte, désormais froid sur sa sous-tasse marguerite.
Lorsqu'il toqua à la porte, elle l'invita à entrer en essayant de ne pas paraître nerveuse. Elle se concentra sur sa potion qui mijotait, à laquelle elle ajouta les pattes de scarabée séchées. Lorsque la préparation vira au rouge sang, elle fut rassurée et put lever les yeux vers Drago.
- Merlin ! sursauta-t-elle. Qu'est-ce que…
Drago était posté devant son plan de travail, une pomme d'amour dans la main droite et un bonhomme en pain d'épices dans la gauche.
- Je suis passée devant un petit marché de Noël et je n'ai pas pu me décider. Qu'est-ce que tu préfères ?
Caché derrière les sucreries, Hermione décela son sourire enfantin et son cœur sembla fondre.
- La pomme d'amour, dit-elle en se saisissant du bâtonnet de bois. C'est adorable, merci, Drago.
- De rien, ça me fait plaisir.
Il s'assit sur la chaise et croqua un morceau de la tête du petit bonhomme.
- J'adore le pain d'épices. Dobby en faisait tous les dimanches de décembre et j'en ai un souvenir délicieux. Mon père, cet imbécile, n'a jamais apprécié ça à sa juste valeur, alors Dobby les faisait en cachette, quand il n'était pas là, et il m'en amenait une boîte entière dans ma chambre. Je les cachais sous mon lit et mon père se demandait toujours pourquoi ça empestait la cannelle. Je lui disais que c'était un parfum artificiel pour se mettre dans l'ambiance de Noël et il partait de ma chambre en râlant et en disant que ça puait.
Hermione souriait simplement.
Drago n'était pas quelqu'un de bavard. Il ne s'ouvrait pas beaucoup et ne partageait que rarement ses sentiments et ses pensées. Hermione était d'autant plus touchée qu'il le fasse avec un tel naturel. On aurait dit qu'il revivait ces moments d'insouciance, comme si Dobby était encore là pour lui apporter des petits bonshommes en pain d'épices qu'il cacherait sous son lit.
Lorsqu'il se dévoilait ainsi à elle, sensible et vulnérable, elle oubliait totalement leur passé, leurs différends, l'adolescent insupportable qu'il avait été.
Drago avait fait les choses bien. Il avait prouvé sa valeur, prouvé qu'il avait changé, qu'il n'était pas que le fils d'un Mangemort ou qu'un Mangemort lui-même. Il assumait son passé, affichait son bras tatoué sans sourciller, répondait lorsqu'on le réduisait au rang de sbire couard de Voldemort. Il assumait qui il avait été et qui il était. Il avait fait preuve de patience pour être compris.
Et Hermione le comprenait désormais. Cette façade, ce masque, pour se protéger et protéger les siens. Mais derrière tout cela, si l'on grattait sous la carapace, il y avait un homme passionnant, drôle, généreux et attentionné. Tout ce qu'il s'évertuait à cacher et n'offrait qu'à qui il en estimait être digne.
Hermione était fière de compter parmi ces gens-là. Et fière de pouvoir compter cet homme dans son entourage proche.
- … Hermione ?
Un claquement de doigts devant ses yeux la sortit de ses pensées. Elle battit plusieurs fois des cils pour revenir à elle.
- Tu étais partie très loin dans tes pensées, constata Drago. J'ai le droit de savoir ce qui les occupait ?
- Toi, révéla Hermione avec une spontanéité déconcertante.
- Moi ? dit-il en pointant son torse du doigt.
Hermione hocha la tête.
- Oui, toi. Je te trouve… Mince, ça ne va pas aider ton égo, mais je te trouve incroyable.
Cela s'avéra vrai, puisqu'il fanfaronna aussitôt. S'il n'était pas si mesuré dans son comportement, il aurait pu se mettre à danser que cela n'aurait pas été surprenant.
- Je peux savoir ce qui te fait dire ça et, surtout, pourquoi tu ne t'en rends compte que maintenant ?
- Harry m'a tout dit.
À la manière dont Drago fronça les sourcils, Hermione comprit qu'il n'était pas au courant.
- À propos de ? s'enquit-il.
- Tu ne sais vraiment pas ou tu me fais marcher ?
- J'ai l'air de plaisanter ?
- Non, justement.
Hermione prit alors le temps de lui raconter. De la découverte de Harry à propos des sentiments de Drago envers elle jusqu'à son petit plan machiavélique digne d'un Serpentard.
Au fil de son discours, les joues de Drago se colorèrent de plus en plus. Sa peau halée de l'été n'était plus qu'un lointain souvenir et celle-ci, redevenue aussi pâle que d'ordinaire, laissait bien transparaître sa gêne.
- Il avait vu juste ? voulut-elle savoir.
Hermione, qui s'était levée pour se poster face à Drago, glissa ses doigts dans ses mèches blondes avant de nouer ses mains derrière de sa nuque.
- Est-il nécessaire de nier ce que sa majesté Harry Potter a vu depuis des mois ? demanda Drago avec une pointe d'amertume dans la voix.
- Je ne crois pas, sourit Hermione. Alors, depuis quand ?
Drago posa ses mains sur ses hanches qu'il serra légèrement. Le temps de la réflexion, pour se donner du courage, Hermione n'en savait rien, mais elle aimait qu'il soit tactile avec elle.
- Depuis longtemps, avoua-t-il. Il n'y a pas de date ou de moment précis, je dirais que ça a été une évolution assez croissante. J'ai appris à te connaître, à t'apprécier, puis j'ai été séduit sans que tu cherches à le faire. Je me suis rendu compte qu'il y avait quelque chose de plus au nouvel an de l'année dernière.
- Au nouvel an ? Chez Harry et Pansy ?
Drago hocha la tête.
- Quand il a fait sa demande, je t'ai regardée. Tu étais si souriante, si heureuse pour tes amis… Je me suis dit que j'étais prêt à tout pour que tu aies ce visage si rayonnant tout le temps et pour avoir la chance de l'admirer.
Drago glissa une phalange le long de sa joue. Émue, les mots d'Hermione étaient bloqués dans sa gorge.
- Et plus tu me repoussais, plus ça me donnait envie de me rapprocher de toi. Alors, dès que Potter m'envoyait ici, je voyais l'occasion de faire un pas vers toi, même si toi tu reculais. Le pull, le gâteau d'anniversaire, la menthe poivrée… C'était des perches que je te tendais.
Les pièces du puzzle s'assemblèrent dans la tête d'Hermione. Ainsi, elle n'était pas folle. Il n'avait pas fait tout cela pour rien, cela cachait bien quelque chose d'autre. Une attirance, elle n'y aurait pas pensé, mais maintenant qu'il le disait… c'était logique.
- J'ai vu que tu baissais tes défenses petit à petit, poursuivit-il, donc je me suis dit que je pouvais peut-être tenter ma chance. C'est ce que j'ai fait avec la broche. Si tu n'avais pas été réceptive, si je n'avais pas senti quelque chose à ce moment-là, je n'aurais rien fait. Mais… Je ne sais pas. J'ai senti que je pouvais me lancer.
- Et comme tu as bien fait.
Hermione l'attira vers elle pour l'embrasser. Il était si doué avec les mots pour traduire ce qu'il ressentait qu'elle n'était pas sûre de pouvoir faire mieux. Elle espérait, à travers ce baiser, qu'il comprenne à quel point elle avait apprécié ces derniers mois. Qu'elle ne comptait pas le laisser filer et qu'elle partageait ses sentiments.
- Viens fêter Noël avec moi, l'invita-t-elle après avoir mis fin au baiser, les lèvres encore rougies et le souffle court.
- Comment ?
- Chez mes parents, en banlieue de Londres. Il n'y aura qu'eux et moi. Enfin, il y aura aussi Chaussette, notre chat, mais il est gentil, tu verras, il va t'adorer. Maman fait une dinde aux marrons et papa s'occupe toujours de l'accompagnement. Je crois que cette année, il veut faire des tomates farcies et des pommes de terre en papillote. Ils cuisinent très bien, tous les deux. Oh ! Et tu pourrais te charger du dessert ? Il me semble que…
Drago la fit taire d'un baiser et Hermione se rendit compte seulement maintenant de son débit de parole et de toutes les absurdités qu'elle venait de dire.
Il n'allait jamais accepter ! Pourquoi le ferait-il ? Ils n'étaient pas ensemble depuis suffisamment longtemps, il ne voudrait jamais rencontrer sa famille si tôt. Qu'allait-il penser de sa proposition ? Il allait trouver ça malvenu, bien entendu. Hermione elle-même se trouvait bête d'avoir dit tout ça ! Mais elle s'était laissée porter par ses sentiments, par toute cette énergie positive en elle, par la magie de Noël et par sa furieuse envie d'avoir Drago à ses côtés pour ces moments qu'elle chérissait tant…
- Pardon, murmura-t-elle contre ses lèvres, avec une voix de petite fille désolée.
- Ne t'excuse jamais d'ouvrir ton cœur.
- Non, mais… Je n'aurais jamais dû te proposer ça, je ne sais pas ce qu'il m'a pris.
- Pourquoi ?
- Parce que c'est stupide ! Certains de nos amis ne savent pas encore qu'on est ensemble, tes parents non plus, j'ai à peine parlé de toi aux miens, et puis…
- Et puis tu aimes quand tout est parfait, cadré, réfléchi, ordonné, je sais, Hermione. Mais avec moi, tu peux te laisser porter.
Drago embrassa son nez du bout des lèvres, puis sa pommette droite, puis la gauche, et enfin sa bouche.
Ce n'était pas la première fois qu'il prononçait son prénom, mais après des années à l'entendre l'appeler par son nom de famille, c'était toujours si doux à ses oreilles.
- Je serais ravi de t'accompagner, dit-il. Il me tarde de rencontrer tes parents et Chaussette.
Hermione eut mal à la mâchoire tant son sourire fut spontané et large.
- Tu vas les adorer !
Elle lui sauta au cou avec un cri de joie et Drago la réceptionna en riant.
Hermione ne laissait jamais place à l'improvisation, mais avec Drago dans sa vie, elle savait qu'elle pouvait avancer les yeux fermés. Confiante, sereine.
Et peut-être un peu amoureuse.
Et voilà !
J'espère que vous avez apprécié ce concentré de fluff héhé.
Je vous souhaite une belle journée / soirée / semaine / week-end, tout dépend quand est-ce que vous lisez ces mots.
Du love pour vous, les p'tits chats, à bientôt !
