Elle
Ne
Décolérait
Pas.
Voilà plusieurs heures que le déjeuner cataclysmique s'était produit, durant lequel Gojo Satoru, éminant et exaspérant exorciste de classe S, avait décidé de s'imposer dans son voyage jusqu'au nord de l'archipel... Elle ne l'avait pas vu venir, mais elle le sentait déjà passer en travers de sa gorge... Le porteur du sixième œil n'avait depuis cessé de lui envoyer des messages, des vocaux et des photos de lui-même tout le long de l'après-midi, mettant à mal ses nerfs déjà à vif...
Mais quel démon cet homme-là ! Et c'était censé être un chaman bienveillant ?
Comment avait-il fait pour avoir son numéro d'ailleurs ? Était-ce Yuji qui le lui avait donné ?
Quelle plaie !
La grande perche aux cheveux de neige voulait soi-disant l'accompagner pour lui éviter de tuer des humains... Mais le seul humain qu'elle rêverait de tuer dans l'immédiat, c'était lui et lui seul !
Au comble de l'exaspération, Kali faisait depuis des heures des kilomètres dans son appartement, enchainant les allers et retours à travers les différentes pièces, incapable de tenir en place. Elle revint finalement dans sa chambre et sauta sans ménagement sur son lit, venant attraper un de ses oreillers pour lui asséner d'innombrables coups de poings rageurs en imaginant qu'il s'agissait de la tête de l'homme aux yeux d'infini.
"Garde-fou, je vais t'en mettre des garde-fous moi !" maugréa-t-elle avec humeur, venant mordre le tissu moelleux du coussin qu'elle tenait à bras le corps de ses crocs, s'étant auparavant libérée de ses scellés. Il allait sans aucun doute tout gâcher le bougre ! Ça l'énervait tellement !
"KYU !"
Le petit fléau albinos voleta vers elle depuis le salon avant de venir un poser un peu plus loin sur son lit, la scrutant de ses yeux de sang, un rien inquiet face à son déferlement de colère.
"Je me suis faite avoir, Kyu ! Comme une débile !"
Elle s'adressa à son ami volant, braquant son regard d'or cerclé d'améthyste sur lui en enfonçant des ongles dans l'oreiller qu'elle tenait toujours contre elle.
"Et tout ça... C'est juste à cause de moi en plus !"
D'un coup elle brandit le coussin au-dessus de sa tête avant de venir l'abattre furieusement contre son matelas, ponctuant sa phrase.
"Je … Suis … DEBILE !"
Elle continua à malmener son pauvre oreiller innocent quelques minutes quand une musique familière se fit entendre non loin, la coupant soudainement dans son élan destructeur. C'était... Son téléphone...
"Putain !" cracha l'hybride en jetant sa victime de tissu sans ménagement contre le lit, se relevant d'un bond pour se diriger d'un pas furibond vers le salon où elle avait abandonné son cellulaire plus tôt "Si c'est Gojo, je jure sur ma vie que je vais le retrouver pour le pendre avec ses propres tripes... Quitte à en crever !"
Elle arriva rapidement face au mobile s'égosillant, l'attrapant d'un geste un peu brusque. Kali braqua son regard enragé et félin sur l'écran lumineux, lisant, avec surprise, le nom qui s'y affichait.
Il ne s'agissait pas, contrairement à ce qu'elle avait supposé, du porteur du sixième œil... Non, il s'agissait d'un autre chaman, bien plus sympathique à ses yeux que l'autre albinos. Sans plus attendre, elle décrocha, mettant son téléphone en mode haut-parleur pour plus de confort.
"Yuji..." commença-t-elle dans un profond soupire, se laissant tomber lourdement dans son canapé, brusquement exténuée. "Si tu savais comme ça me soulage que se soit toi... Si ça avait encore été Gojo-le-lourdingue qui m'appelait, je crois que j'aurais tout simplement implosé... Quelle plaie ce mec, je te jure !"
"Je ne peux qu'être d'accord avec toi sur le fait qu'il soit horripilant, crevette..." répondit Sukuna de sa voix grave et caressante, prenant de court Kali qui se redressa immédiatement, comme électrisée. "Mais non ce n'est pas le gamin..."
"Sukuna-san... C'est vous ? Yuji dort déjà ?" demanda-t-elle, comme s'extirpant de la brume qu'avait été sa colère ces dernières heures. Elle vint se saisir à nouveau de son mobile pour le faire s'illuminer pour découvrir l'heure plus que tardive qu'il était, la laissant décontenancée. Il était déjà si tard ?
"C'est le mécontentement qui t'aveugle, crevette ? Tu t'es fait prendre au piège, pas vrai ?"
De son côté, le roi des fléaux avait une nouvelle fois pris possession du corps de son hôte pendant son sommeil, savourant sa relative liberté. Il en profita pour contacter l'hybride comme elle le lui avait indiqué lors de leur précédente discussion, s'étirant de tout son long contre le matelas de l'adolescent, un sourire amusé aux lèvres. L'épisode du restaurant de ramen l'avait intrigué à plusieurs niveaux, il avait bien envie d'en discuter avec elle...
"S'il vous plait, ne vous moquez pas, Sukuna-san... J'ai TELLEMENT mal joué ce coup-là... Je le paie déjà assez cher..." soupira Kali en s'allongeant sur son canapé, venant étreindre une énorme peluche en forme d'Hello Kitty trainant à porter de bras, la blottissant contre sa poitrine, reniflant faiblement.
"Je vais devoir me le coltiner pendant toute l'expédition... Des jours ENTIERS ! Vous imaginez ? Je la sens de moins en moins cette vente aux enchères !"
Elle roula sur le dos, venant enfouir son visage contre les poils synthétiques du faux chat, profondément blasée.
De son côté le maitre des poisons scrutait le plafond plongé dans l'ombre de son double regard rubis, plaçant avec désinvolture un bras musclé derrière sa tête, essayant d'imaginer en combien de minutes l'exorciste de classe S lui ferait perdre son sang-froid s'ils étaient amenés à se côtoyer en tête à tête... Minutes étaient surement optimistes...
"Je te dirais bien de le tuer pendant votre escapade, crevette..." reprit le démon millénaire, lui-même rêvant de trancher en mille morceaux le porteur du sixième œil. "Mais vu ton niveau tu n'as aucune chance. Il te détruirait en un claquement de doigts."
"NYAAAAA !" gémit son interlocutrice au creux de son oreille, lui arrachant un sourire amusé. "Je SAIS ! Ça me soule, mais ça me SOULE à un point, Sukuna-san ! Même si, au final, la relique est vraiment la mienne, il serait capable de me la confisquer juste au cas où je devienne un fléau méchant méchant ! C'est l'angoisse complète !"
Sa tirade un rien enfantine arracha au tatoué un vif éclat de rire se perdant à cette heure indue de la nuit. Elle était tellement jeune dans sa façon d'être, tellement honnête et sans filtre, tellement... inconsciente dans son absence presque totale de peur vis-à-vis de sa personne... c'était terriblement rafraichissant...
"Vous vous moquez !" reprit-elle, outrée, une moue boudeuse aux lèvres qu'il pouvait parfaitement s'imaginer.
"Absolument." laissa-t-il tomber, narquois, laissant bouche bée son interlocutrice. "Tu me fais rire, crevette."
"Au moins l'un de nous deux passe un bon moment..." murmura-t-elle du bout des lèvres, de mauvaise grâce.
"Tu ne fais pas la tête pour si peu quand même, crevette ?" susurra-t-il, la faisant se redresser pour venir s'assoir contre l'assise du canapé, étreignant fermement la peluche de chat contre sa poitrine.
"Vous n'imaginez pas ce que c'est …" Elle vint se saisir de son téléphone, retournant sur la toute nouvelle conversation numérique qu'elle avait avec l'exorciste de classe S, pleine de plusieurs dizaines de missives. Mis à part quelques 'ta gueule' ou 'va au diable' de sa part, tout le reste venait de l'homme aux yeux d'infini, lui arrachant un profond soupire. "Gojo m'a harcelée toute l'après-midi à coup de messages ou de photos de sa tête... Il me rend folle ! Il m'a même envoyé des liens pour des t-shirt coordonnés débiles à porter pendant le voyage..."
"Des... t-shirts coordonnés ?" répéta Sukuna, intrigué. "Qu'est-ce donc encore que cette chose-là ?"
"Un truc idiot ... Sur le mien il y aurait écrit 'si perdue, retournée à Gojo-sama' et sur le sien 'Je suis Gojo-sama'... Ah et en petit sur celui qui m'est destiné, il a ajouté 'Attention, peut mordre'..."
Sukuna écouta, haussant les sourcils, avant de laisser échapper un pouffement de rire malgré lui en imaginant la scène. Ça lui faisait mal de le reconnaitre mais sur ce coup-là, le chaman aux cheveux de neige était plein d'humour.
"C'est pas drôle, Sukuna-san ! Pourquoi pas une laisse tant qu'il y est... Il voulait même qu'on prenne des chambres avec porte communicante ! Plutôt mourir ... " bougonna Kali en gigotant sur son canapé, profondément exaspérée.
"Des chambres communicantes ? Vraiment ?" releva le roi des fléaux, tiquant légèrement. Le porteur du sixième œil avait-il des idées mal placées vis-à-vis de la jeune hybride ? Il fallait avouer qu'elle était appétissante, avec ses courbes alléchantes et son regard d'or impertinent qui ne demandait qu'à être maté... Et l'autre était avant tout un mâle, malgré les grands airs qu'il se donnait. Et, comme tout à chacun, il avait des besoins primaires ne demandant qu'à être assouvis... Putain, qu'il aimerait pouvoir lui aussi laisser libre cours à ses envies ! Si seulement il avait plus d'emprise sur le corps du gamin...
"Peut-être veut-il te posséder et que ce voyage est l'excuse parfaite, crevette." lâcha-t-il, laissant ses propres idées perverses déteindre sur les actions de l'exorciste. L'hybride resta muette, visiblement prise de court à cette idée complètement saugrenue.
"Me..." commença-t-elle, les sourcils haussés, décontenancée. "Posséder ? Qui ça ? Gojo ?"
Kali repensa aux peu de choses qu'elle connaissait sur le chaman, aux discussions qu'ils avaient eues depuis leur récente rencontre, à son comportement par rapport à elle, son attitude condescendante et infantilisante... Non, c'était impossible. Satoru la voyait assurément comme une enfant turbulente qu'il devait garder à l'œil, rien de plus. Elle en mettrait sa main à couper.
"Non... Non, vraiment, Sukuna-san. Je n'y crois pas une seconde." Elle reprit, réfléchissant à toute vitesse. "Concrètement, je ne pense même pas qu'il me considère comme une femme à proprement parler... plus comme un problème potentiel à régler"
"Hum... Pourtant, tu en es bien une, ça ne laisse aucun doute..." susurra-t-il d'une voix caressante, passant une main sur ses lèvres. Il se remémorait le décolleté plus que généreux de l'hybride qu'il avait pu admirer il y avait de cela quelques jours, la sensation électrisante de son corps félin contre celui de Yuji quand ce dernier l'avait prise contre lui dans la clinique abandonnée... Tout cela éveillait en lui une faim terrible depuis bien trop longtemps laissée insatisfaite.
Kali, de son coté, sentit le feu lui monter aux joues en entendant la dernière intervention du roi des malédictions. Elle pouvait presque sentir son regard carnacier sur elle, lui faisant resserrer sa prise sur sa peluche, comme si cette dernière était une sorte de bouclier. Il parvenait si facilement à la déstabiliser...
"Pas à ses yeux, j'en suis certaine. Il ne manquerait plus que ça, tient …" murmura-t-elle du bout des lèvres, ne parvenant même pas à imaginer son futur chaperon tenter quoi que se fut d'intime envers elle. C'était tellement … Improbable.
Pas qu'il n'ait pas quelques atouts pour lui, elle devait le concéder. Sa haute stature, son charisme naturel, son aura contenue et pourtant déjà terriblement puissante, son arrogance et son assurance désinvolte, tout ça passait difficilement inaperçu... Bien malgré elle, la demi fléau avait remarqué l'élégance de son corps nerveux et musclé dissimulé sous son uniforme sombre, la délicatesse de ses mains de pianiste, la courbe sensuelle de ses lèvres exaspérantes où se dessinait constamment des sourires un rien moqueurs. Kali déglutit inconsciemment. Et ses yeux... Ses fameux yeux d'infini... Jusqu'à présent elle ne les avait jamais vu, le chaman ayant toujours porté un bandeau lors de leurs rencontres. Elle n'en connaissait que l'intensité sur sa peau quand Satoru les braquait sur elle. Ils devaient être... incroyables, l'européenne en était persuadée, brulante de curiosité. Peut-être aurait-elle l'occasion de les découvrir lors de leur voyage, et c'était là l'unique point positif de qu'elle parvenait à trouver à la présence impromptue de l'exorciste lors de son excursion dans le nord de l'archipel...
"Assez parlé de lui, crevette..." reprit finalement Sukuna de sa voix profonde, plus que désireux de ramener la complète attention de son interlocutrice sur sa personne. "J'ai appris un nouveau tour depuis notre dernière conversation, si tu veux tout savoir..."
En entendant cela, Kali se redressa d'un coup, intriguée, toute son intérêt se dirigeant à nouveau sur le démon au bout du fil.
"Un nouveau tour vous dîtes ? Qu'entendez-vous par là, Sukuna-san ?"
La voix aux accents étrangers de l'hybride laissait transparaitre une vive curiosité, faisant sourire le roi des fléaux qui avait ainsi obtenu ce qu'il voulait. Gojo était d'ores et déjà relayé aux oubliettes.
" Peut-être devrais je te montrer, se sera plus simple …" Dit-il en s'asseyant au milieu des draps du lit de Yuji, une folle envie de jouer l'étreignant tout entier.
"Me... Montrer ? Le tour que vous avez appris ?" questionna la jeune femme qui pouvait sentir une certaine fébrilité l'envahir, se demandant bien ce que manigançait le maitre des poisons. " Vous m'intriguez terriblement ! Qu'est-ce que c'est ?"
"Quelle impatience, crevette..." ricana-t-il, narquois. "Reste sage quelques minutes et tu le sauras. Je reviens."
Sans attendre la réponse de Kali, le fléau vint couper la conversation, abandonnant son interlocutrice à sa curiosité dévorante. Elle fixa d'un œil dubitatif l'écran silencieux de son téléphone, un rien vexée qu'il ait raccroché aussi brutalement. Le mufle millénaire...
Brusquement une grande fièvre parcourut son corps, lui donnant envie de bouger. D'un mouvement souple la jeune femme rejeta la peluche sur le côté et se releva, commençant à faire les cent pas dans son appartement, le portable toujours à la main.
Kyu voleta vers elle avant de ses poser avec douceur sur son épaule, plaquant sa petite truffe humide contre son cou. Dans un geste machinal elle vint lui gratter le haut de la tête, à la torture face au silence de son portable.
"Il va rappeler, pas vrai, Kuy ?"
Le petit fléau albinos braqua son regard rubis vers elle, penchant un peu le museau sur le côté, peu convaincu. Il fallait qu'il rappelle... La journée avait été tellement insupportable, elle ne pouvait pas se finir comme ça, sur un lapin numérique du roi des fléaux ! Ça l'achèverait...
TING!
Perdue dans ses pensées, Kali sursauta en entendant la sonnerie de son téléphone, se rendant compte à quel point ces quelques minutes d'attente avait mis ses nerfs à rudes épreuve. Vraiment, il fallait qu'elle essaie de bien plus garder son sang froid vis-à-vis du démon...
Riche de cette décision, la jeune femme ferma dans un premier temps les yeux avant de prendre une profonde inspiration, expirant sur plusieurs secondes pour rassembler ses esprits. Calme. Sérénité. Elle pouvait le faire.
Elle réactiva ensuite son téléphone pour y découvrir un nouveau message sur sa conversation avec 'Yuji', l'intriguant terriblement. Après quelques clics elle afficha l'échange numérique, découvrant son nouveau contenu...
Qui la laissa complètement sous le choc, faisant naitre un brasier sur ses joues et dans ses veines.
De ses yeux à la couleur d'or liquide cerclé d'améthyste elle pouvait admirer une photo de Yuj... Non de Sukuna, terriblement peu vêtu, braquant son regard de prédateur droit vers l'objectif, comme la transperçant de part en part.
Calme, sérénité, adieu !
Kali déglutit, allant se laisser choir lourdement sur son canapé, incapable de détacher son regard du cliché. C'était... inattendu... et diablement sexy ! Le roi des démons s'était pris en selfie du bout du bras, en contre plongée, nonchalamment assis au milieu de draps froissés, maniant déjà à merveille l'art de la mise en scène. Il offrait à l'hybride une vue imprenable sur son torse nu magnifiquement musclé, couvert de lignes sombres semblant le souligner avec brio, guidant le regard vers sa ceinture d'Apollon incroyablement dessinée. Kali ne put s'empêcher de sentir son sang s'échauffer en découvrant le boxer sombre et étroit lui enserrant les hanches, seul vêtement qu'il portait, ayant visiblement bien du mal à contenir ce qu'il y cachait...
C'était la première fois qu'elle voyait le fléau en étant maître du corps de l'adolescent, et elle devait le concéder... Elle n'était pas déçue. Elle avait beau reconnaitre les traits doux du visage d'Itadori, sa physionomie, la ressemblance s'arrêtait là. Entre les tatouages sombres parcourant sa peau hâlée, comme posés précisément pour souligner son impressionnante musculature ou l'ossature élégante de son visage, son double regard aux teintes de sang qui la fixait, implacable, à travers l'écran et surtout son charisme outrageusement arrogant et prédateur, le fossé entre les deux êtres partageant le même corps était abyssal. C'était un peu... déconcertant...affreusement excitant...
TING !
Un nouveau message vint faire sursauter Kali, l'extirpant d'un coup de sa fascinante observation. Elle allait finir cardiaque à ce rythme-là ...
*Ton tour* s'était contenté d'envoyer le démon millénaire, ravivant le rouge sur les joues de la jeune femme.
Ce n'était pas une demande. C'était un ordre, elle le sentait bien...
Kali vint plaquer le téléphone contre sa poitrine, prise de court. Il voulait... qu'elle lui envoie une photo dans le même style ? Elle balaya la pièce du regard, son attention tombant sur l'adorable et innocente peluche de chat qui se trouvait non loin. Elle pourrait faire comme avec le coup de la bouteille d'eau de la dernière fois et lui envoyer un cliché complètement hors sujet... Ça lui avait sauvé la mise alors que la discussion commençait à lui échapper complètement quelques jours plus tôt. Mais, elle s'en doutait au fond d'elle-même, l'homme aux yeux de sang n'accepterait certainement pas un nouveau revirement identique de sa part.
Elle avait besoin de rester dans ses bonnes grâces, au cas où son expédition à Kumamoto se solderait par un échec... Et puis...
Et puis elle appréciait ce jeu entre eux, c'était plus fort qu'elle...
C'était dangereux, elle le savait parfaitement. C'était un prédateur et elle était une proie toute désignée. Pourtant leurs échanges glissants la grisaient au plus haut point, lui donnant envie de toujours plus.
Au point où elle en était, autant continuer...
Elle alluma donc son appareil photo, le passant en mode selfie, scrutant de son regard d'or sa propre image y apparaissant. Et... Maintenant ? Quelle pose prendre ? A quel point montrer sa peau ? Quelle attitude adopter ? Elle était loin d'avoir le magnétisme brutal de son interlocuteur, et les lignes qui parcouraient son propre corps n'avaient aucunement l'esthétisme de ses tatouages à lui...
Les lignes... Son cercle d'encrage ! L'idée venait de jaillir dans son esprit, la faisant se relever d'un bond brusque. Kyu, qui somnolait depuis sur son épaule, tomba alors de son perchoir dans un petit cris mécontent, allant se réfugier sur le canapé, vexé. Mais Kali n'y prêta pas attention, trop concentrée sur son idée. Elle fonça dans l'entrée de son appartement pour y récupérer son sac, fouillant dedans avec empressement.
"La voilà !" lacha-t-elle, victorieuse, au bout de quelques secondes, extirpant une perche à selfie qu'elle déploya immédiatement, venant y placer son téléphone.
Elle se dirigea ensuite vers sa chambre d'un pas déterminé, un sourire aux lèvres, se débarrassant sans ménagement du large T-shirt qu'elle portait jusqu'à présent, se retrouvant en tanga à motifs colorés. Elle attrapa une pince trainant par-là, ramenant ses cheveux d'automne en un chignon rapide, libérant complètement sa nuque et ses épaules. Sans perdre de temps elle alluma une lampe de chevet, tamisant la lumière, avant de grimper au milieu du lit, s'y agenouillant. La demi fléau positionna alors la perche à selfie légèrement dans son dos, se cambrant ostensiblement pour encore accentuer sa chute de reins déjà vertigineuse, cachant un peu de sa main libre ses seins nus. PARFAIT. Avec cet angle de vu, son cercle d'encrage était tout de même assez visible, ainsi que la ligne de ses épaules, la courbe en partie dissimulée de sa poitrine... Il lui suffisait de faire le bon regard et c'était dans la poche ! Séduisante, joueuse et surtout elle faisait voir au maitre des poison son pentacle, ce qui ne manquerait pas, elle en était certaine, d'attiser (entre autres) sa curiosité.
Alors qu'elle appuyait sur le déclencheur de son portable, la jeune femme affichait un air mutin et un rien machiavélique, satisfaite de son dessein. Elle allait faire une pierre deux coups avec son cliché, elle en était sûr !
Après quelques prises, Kali vint récupérer son téléphone, choisissant rapidement l'une des photos avec un sourire satisfait aux lèvres. Il fallait qu'elle se dépêche... Si elle faisait plus attendre Sukuna elle perdrait de son effet, elle s'en doutait bien... Il ne devait pas être du genre très patient !
Elle glissa l'image dans la conversation en tapant avec entrain sur la touche d'envoi, voyant le cliché glisser vers le haut, preuve irréfutable de son transfert. Presque immédiatement, une petite croix verte apparue au niveau du message qu'elle venait d'envoyer, preuve de sa bonne réception par le roi des fléaux, faisant naitre un frisson le long de l'échine de l'hybride.
Oh. Mon. Dieu. Elle l'avait fait ! Elle venait d'envoyer une photo dénudée au roi des fléaux millénaire ! Elle se sentait comme... grisée, du feu parcourant ses veines. Elle avait l'impression qu'elle venait de franchir un seuil et qu'elle ne pourrait plus faire machine arrière à présent...
"Raaaaaaaah ! T'es timbrée, ma pauvre !"
Elle se laissa tomber sur le matelas, venant s'enrouler dans son drap, roulant d'un côté et de l'autre du lit. Elle finit par s'immobiliser, un peu essoufflée, scrutant le plafond. Il allait aimer la photo, pas vrai ? Il ne pouvait en être autrement … Du moins, elle l'espérait sincèrement.
De son côté, le destinataire du cliché le dévorait de son double regard de sang, plus qu'appréciateur, un sourire de prédateurs aux lèvres. Ce qu'il voyait sur l'écran du téléphone de l'adolescent était... terriblement alléchant, faisant se dilater ses pupilles d'excitation. Ce regard d'or qui le dévisageait, ces courbes sensuelles, cette peau laiteuse... Putain il aurait beaucoup donné pour être physiquement auprès de l'hybride et pouvoir la posséder, là, immédiatement ! Elle avait une chute de rein à se damner, des hanches voluptueuses qui ne demandaient qu'à être saisies et malmenées, des seins aguicheurs qu'elle osait lui cacher en partie... Y avait pas à dire, elle avait de sacrés arguments, la crevette...
Et ce fameux cercle d'encrage, qu'elle lui montrait malicieusement, ne le trompant cependant pas une seconde, lui arrachant un sourire amusé... Le stratagème était gros comme une maison mais bon... Vu le feu que faisait naitre dans ses veines la photo qu'elle avait prise, il voulait bien le lui pardonner pour cette fois... Il savait être arrangeant quand il le souhaitait !
Le démon rapprocha le téléphone de son visage, scrutant les traits grossiers défigurant un peu le dos de l'hybride, l'intriguant au plus haut point.
C'était... une horreur.
Sukuna haussa un sourcil, dubitatif face à la qualité catastrophique du pentacle qu'il observait, venant se saisir le menton d'une main. Comment faisait-elle pour être seulement en vie avec un tel truc liant son âme humaine et l'orbe fléautique des flammes d'ombres ? C'était comme si quelqu'un avait accomplis la cérémonie d'encrage dans la précipitation et sans vraies connaissances. Ce qui était complètement discordant avec le fait qu'un encrage était une technique de pointe maitrisée par une poignée d'individus à son époque... Qu'est ce qui c'était que cette histoire ?
C'était vraiment étrange...
Sans plus attendre il rappela la jeune femme, calant son téléphone au creux de son épaule tatouée.
"Sukuna-san, vous en avez mis du temps ! c'est pas sympa !" piailla Kali, un peu boudeuse, le faisant sourire.
"Oh ?" susurra-t-il du bout des lèvres, taquin. "Mais quelle impertinence, crevette... Tu te rends bien compte que tu devras un jour payer tous ces manques de respect ? Moi qui voulais te parler de ton cercle d'encrage... Peut-être ne le mérites-tu pas, finalement ..."
"QUOI ?!" S'étrangla la jeune femme, outrée. "Vous êtes dur !"
"Ça, tu ne crois pas si bien dire …" ironisa le roi des fléaux qui pouvait sentir l'excitation parcourir tout son corps, tendant son sexe toujours prisonnier de son boxer. "Et tout ça, c'est de ta faute..."
"C'est vous qui avez commencé, non ?" murmura-t-elle d'une voix caressante et faussement innocente venant le ravir un peu plus encore. "Où diable avez-vous appris à faire des photos comme ça ?..."
"J'apprends vite, il suffit d'être un peu observateur et d'avoir un peu de jugeote, crevette."
Sukuna faisait comme si cela avait été facile mais en réalité il avait mis un brave moment à comprendre comment prendre un cliché correct. Il avait bataillé contre le téléphone avec humeur, lui adressant d'innombrables insultes ancestrales face à sa récalcitrance à lui obéir... Mais ça, il était hors de question de le faire savoir à sa jeune interlocutrice si facilement impressionnable !
"Il faudra surement que vous supprimiez les clichés de la galerie votre téléphone, et également ceux de la conversation, si vous souhaitez toujours cacher vos agissements à Yuji..." reprit Kali de son coté, regardant à nouveau la photo terriblement sensuelle que lui avait envoyé le démon, appréciatrice. C'était fou à quel point il était différent de l'adolescent aux yeux tendres...
Le roi des fléaux laissa échapper un profond soupire, un rien blasé. Avoir à effacer ses traces comme ça, qu'est-ce que ça pouvait le fatiguer ! Il avait tellement hâte de retrouver sa liberté complète... Pouvoir agir au grand jour, faire tout ce qu'il lui plaisait... Tout en s'énumérant mentalement toutes les choses qu'il aimerait pouvoir faire en premier une fois qu'il aurait retrouvé le contrôle de son enveloppe, Ryomen tapota sur le téléphone de son hôte, effaçant la multitude de clichés ratés qu'il avait pris un peu auparavant avant de parvenir à obtenir celui qu'il avait envoyé à l'hybride. Il revint finalement à leur conversation numérique commune, hésitant un bref instant à l'effacer, son double regard fixant l'image plus qu'alléchante que lui avait partagé l'européenne.
"Vous devriez peut-être n'effacer que nos derniers messages, Sukuna-san" précisa la demi démone. "La dernière fois, Yuji avait été assez étonné de voir que notre discussion avait complètement disparue..."
"Oh... On peut supprimer seulement les messages que l'on souhaite ?" répéta-t-il, un sourire en rien machiavélique aux lèvres.
Il essaya donc, découvrant avec plaisir qu'effectivement il pouvait choisir les éléments qu'il souhaitait dissimuler aux yeux du gamin. Parfait, il allait donc s'amuser un peu à ses dépens ...
"Vous allez finir par devenir un expert !"
La voix légère de Kali lui caressa l'oreille, faisant flotter un léger sourire sur ses lèvres.
"J'en suis déjà un dans bien des domaines, crevette..." Le maitre des poisons s'étira un peu sur son lit, faisant rouler ses muscles puissants contre le matelas. Maintenant que ses traces numériques avaient été effacées, il avait terriblement envie de jouer... "Et sinon, dis-moi... Tu es toujours aussi indécemment peu vêtue que tout à l'heure ? ..."
Un court silence se fit entendre dans un premier temps, seulement perturbé par le doux bruissement de draps froissés, avant que son interlocutrice ne reprenne la parole au creux de son oreille.
"Et vous donc ?" se contenta-t-elle de lui renvoyer, mutine, amusant irrémédiablement le roi millénaire. Mais quelle impudence, vraiment...
Alors qu'il ouvrait la bouche pour répondre, une violente alarme s'échappa brutalement du téléphone qu'il tenait contre son oreille, lui vrillant le tympan.
Instantanément, la conscience de Yuji s'éveilla dans leur corps commun, reprenant le contrôle en un instant, ce qui eut pour effet de repousser à nouveau Ryomen dans son espace vital. Ce dernier rouvrit les yeux au milieu des crânes macabres formant son trône, balayant l'espace immense et baigné d'une lueur sanglante qu'il connaissait si bien. Sa prison personnelle...
Putain, le gamin l'avait eu ! Il n'avait pas pensé à désactiver ces satanés réveils... Quelle poisse ! La colère emplit brusquement ses veines, échauffant tout son corps. Il vint se saisir du premier crâne à portée de main, le lançant de toutes ses forces à travers l'espace vide lui faisant face. L'objet alla s'écraser avec fracas sur l'une des côtes gigantesque formant la voute de son espace, ne le soulageant cependant en rien de sa mauvaise humeur...
Sukuna s'avachit sur son siège improbable, venant passer ses deux mains dans ses cheveux courts, soupirant profondément. Juste au moment où il allait vraiment commencer à s'amuser ! Mais quel timing détestable...
Il scruta de son double regard de sang le plafond d'os le surplombant, repensant brièvement à l'amusante discussion qu'il avait cependant eu avec l'hybride, apaisant un rien son exaspération. Il pouvait parfaitement se remémorer le cliché qu'elle lui avait envoyé, chaque détail de son corps dévoilé ainsi que de son cercle d'encrage au rabais, lui arrachant un sourire calculateur.
Il ne savait certes pas qui avait pu être à l'origine de la transformation initiale de Kali, mais la qualité médiocre de son travail allait lui être des plus profitables, lui offrant un moyen parfait pour manipuler la jeune hybride aux yeux d'or...
Il y avait assurément là de quoi un peu le distraire de son ennuie... et apaiser certaines de ses faims dévorantes...
"A très vite, crevette..." laissa-t-il échapper dans un murmure profond, une lueur terrible faisant briller son regard carnacier.
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Mot de l'auteur :
M : Et bonjour tout le monde ! Comment allez-vous ? J'espère que ce chapitre vous a plu !
Sukuna, toujours en boxer : Je me suis montré presque nu, évidemment que ça leur a plu, quelle question !
Yuji, de mauvais poil : Oui bah ça va là, va te rhabiller espèce d'exhibitionniste ! C'est mon corps que tu montres à tout le monde là !
Sukuna, moqueur : Parle pour toi, je te signale que tu es pas plus fringué que moi, gamin … Tu te souviens, mon corps, ton corps …
Yuji, virant cramoisi en se rendant compte de ce détail : Je... euh … PUTAIN !
Megumi qui jette un drap à son camarade pour qu'il puisse se rouler dedans tel un sushi : Sans déconner, Itadori, tu t'étais pas rendu compte que tu étais presque à poil ?
Yuji, s'enroulant toujours plus dans son drap : nan …
Sukuna qui lui s'en fout complet et reste en boxer, jouant avec le téléphone de Yuji : Bien sur que non, il était trop occupé à me crier dessus, pour changer... C'est … vous appelez ça comment déjà... du harcèlement moral ça, non ? Et, l'auteur, c'est pas puni par la loi ce truc ?
M : Faut pas pousser, Tigrouna... Celui qui harcèle le plus l'autre, c'est certainement pas Yuji...
Yuji : Et toc ! Mais attends... Qu'est ce que tu fous avec mon téléphone encore ?
Sukuna, tirant sur l'élastique de son boxer pour prendre son contenu en photo : J'envoie un truc à la crevet...
*CLAC!*
Immédiatement Gojo, fringué comme un policier cliché, envoie une violente claque à l'arrière du crâne de Sukuna alors que Yuji et M vont se saisir du téléphone, l'éloignant vivement.
Gojo, lui passant les menottes : La main dans le sac, mécréant ! Au nom de la police anti dick pics, je vous arrête !
Sukuna : Quoi ? Mais vous déconnez ?
M, une perruque de juge sur la tête, tapant de son maillet du haut de son siège de juge : Tigrouna, vous êtes reconnu coupable de l'infâme crime d'avoir voulu envoyer une dick pic à une jeune femme n'ayant pas émis le souhait d'en recevoir ! Pour la peine, je vous condamne à regarder l'INTEGRALITE de la petite maison dans la prairie, trois fois de suite ! Bourreau, vous laisse appliquer la sentence !
Sukuna, trainé par Gojo dans la salle des tortures (oui, il y a aussi ça ici...) : Impertinents, je reviendrai !
M : Repenti, j'espère !
Sukuna, de derrière la porte, JAMAAAAAIS!
M : On verra ça après la sentence ! Bon, tout le monde, encore merci de nous suivre 3 Merci à vous de voter pour notre histoire ! N'hésitez pas à laisser un petit commentaire, les zouzous ou moi-même seront ravis d'y répondre. Sur ce, bonne journée et à très vite !
