Le soleil était incandescent en ce caniculaire mois de juillet 2018, écrasant de son feu blafard la capitale nippone depuis des jours. Les cigales elle-même semblaient souffrir de la chaleur, leur chant un rien métallique se perdant dans la moiteur presque palpable de l'air étouffant. Les habitants anonymes et innombrables de la ville tentaculaire tâchaient de suivre le cours normal de leur existence, sautant de flaques d'ombre en flaques d'ombres, de climatisation en climatisation, grouillant tels des insectes...

Ça la rendait malade...

Comment osaient-ils tous continuer à vivre comme si de rien n'était ?

Comment le monde osait-il encore tourner sur son axe après le drame ayant eu lieu quelques jours auparavant ?

Elle... Elle ne le pouvait pas, terrassée.

Tout ça... s'était de sa faute... Seulement de sa faute...

Elle le savait...

Alors qu'elle pouvait encore voir le visage doux et le regard tendre de Yuji, qui était à présent mort...

Elle le savait.

Alors qu'il lui semblait entendre au creux de son oreille la voix puissante et narquoise de baryton de Sukuna, emporté en même temps dans le trépas que son réceptacle.

ELLE LE SAVAIT !

Alors qu'elle se remémorait sans cesse la seule et unique raison de leur disparition à tous les deux : à savoir l'absence à leur coté du chaman le plus puissant de leur aire, Satoru Gojo qui, au lieu de les protéger, eux, avait dû la chaperonner, elle...

C'était de sa faute...

Si le porteur du sixième œil n'avait pas eu à l'accompagner de l'autre côté de l'archipel, jamais la situation n'aurait pris un tournant aussi dramatique...

De sa faute...

Si elle n'avait pas voulu minauder en parlant aux exorcistes de la vente aux enchères, jamais l'homme aux cheveux de neige n'aurait pris la décision de quitter la ville, pouvant ainsi protéger Yuji et Sukuna de leur funeste destin...

Uniquement de sa faute...

Et si elle n'avait seulement pas été aussi égoïste pour mêler à la base l'adolescent au capharnaüm de son existence, rien de tout cela ne se serait jamais produit...

Un nouveau sanglot retentit dans l'appartement silencieux plongé dans l'obscurité casi totale, comme se répercutant contre les murs...

D'un œil extérieur, quiconque serait entré en ces lieux aurait pu croire qu'ils avaient été abandonnés... Tous les stores étaient fermement baissés, bloquant tout accès à la lumière naturelle extérieure... L'air était lourd, vicié, chargé d'ondes négatives étouffantes... Le sol était jonché de débris d'objets brisés, de vêtements déchirés, de coussins éventrés... Le canapé avait été renversé, la table basse broyée, le matelas du lit mis en pièces... On aurait pu croire que plus personne ne vivait plus ici...

Pourtant... elle était là... enfin en partie...

Dans le coin le plus sombre du salon, roulée en boule sous un draps en piteux état qu'elle griffait de ses ongles acérés libérés malgré elle, Kali luttait avec la souffrance incommensurable enserrant son esprit et son corps, comme soule de douleur...

Son existence entière était un fiasco...

Les fausses enchères n'avaient fait que lui montrer à quel point elle était prise au piège, incapable de se défendre seule, incompétente à se protéger sans avoir à en faire pâtir d'autres...

Elle était responsable de la mort de Yuji, lui ayant arraché le mentorat de Gojo pour un plan foireux n'ayant mené nulle part...

Elle était toujours condamnée à plus ou moins court terme, et, en plus, elle avait jeté dans les bras de la faucheuse deux êtres qu'elle appréciait à un degré lui étant jusque-là inconnu, la dégoutant d'elle-même à un stade dangereux...

Elle avait gâché des vies... dont deux cruciales à ses yeux... Et pour rien...

Elle se dégoutait tellement !

Un nouveau sanglot lui échappa alors qu'elle se roulait encore un peu plus sur elle-même, plaquant ses deux mains sur ses yeux. Elle aurait préféré pouvoir disparaitre, que cette sensation de vide abyssal finisse par bel et bien l'engloutir, effaçant la culpabilité foudroyante qui l'écrasait toute entière. Cela finirait bien par arriver un moment ou à un autre... A force de rester allongée là, sans partir à la chasse, son cercle d'encrage finirait par se briser par manque d'énergie occulte... Et se serait terminé.

Non loin, une sonnerie de téléphone se fit entendre, ne parvenant pas à extraire de ses sombres pensées la jeune femme. Elle n'y répondait plus depuis son retour à Tokyo. Les seuls contacts qu'elle avait encore étaient les quelques messages qu'elle envoyé de temps à autre à Prasad afin d'éviter qu'il n'envoie qui que ce fut pour la récupérer... Elle ne voulait pas être sauvée. Elle ne le voulait plus...

Le silence retomba brièvement dans l'appartement désolée, avant que le téléphone ne recommence à s'égosiller, irritant un rien l'hybride à fleur de peau. Elle attrapa dans ses mains le tissu l'enveloppant, se roulant encore un peu plus en boule, des larmes dévalant sur son visage un peu amaigri. Qui que ce fut, il pouvait aller au diable !

Hélas, l'individu cherchant à la contacter avait visiblement de la suite dans les idées car les sonneries ne cessaient de s'enchainer, faisant s'enflammer de colère le sang refroidi de Kali. Quel monde, on ne pouvait même plus se morfondre en paix !

"MAIS PUTAIN TA GUEULE !" Hurla-t-elle d'un coup en se redressant, se débattant avec le bout de tissu qui l'enserrait, ses prunelles félines étrécies de rage. Elle fut cependant stoppée dans son élan, un puissant vertige lui flouta la vision, lui donnant presque envie de vomir. Depuis combien de temps était-elle allongée par terre, exactement ?

Mais se n'était pas le plus important... Si tôt son malaise calmé, l'européenne se traina jusqu'au mobile qui continuait à clayonner sans discontinuité. Il se trouvait à quelques mètres de là, branché à une prise, mais la distance lui parut être multipliée par cent. Elle devait vraiment faire peine à voir. Quand elle arriva finalement près de l'appareil, elle l'attrapa avec violence, l'arrachant sans ménagement de son câble de chargement. Elle scruta de son regard inhumain l'écran, un seau d'eau glacée coulant instantanément dans son dos alors qu'elle découvrait la personne étant à l'origine de ses innombrables appels.

C'était Gojo...

Kali n'avait plus parler à l'exorciste depuis qu'il l'avait laissé en plan à Kumamoto après la terrible annonce, usant de ses extraordinaires pouvoirs afin de retourner en un instant à la capitale, espérant très certainement que la funeste information fut erronée... Hélas, se ne fut pas le cas. L'homme aux yeux d'infinis lui avait alors envoyé un ultime sms qui lui avait broyé le cœur, tuant tous les espoirs que l'hybride avait tenté de conserver entre temps.

*Il n'y a pas d'erreur. Je suis navré Kali. Je te recontacte plus tard.*

Pourquoi la recontactait-il maintenant ? Il n'y avait plus rien à faire, la messe avait été dite... Voulait-il la tuer pour la punir de sa responsabilité dans la mort de Yuji ? Cela l'aurait presque arrangé … Mais la jeune femme se doutait bien que le porteur du sixième œil n'était pas un homme comme ça.

Quoi qu'il ait pu vouloir lui dire, ça ne l'intéressait pas...

La demi démone éteignit son téléphone, coupant court à une nouvelle tentative d'appel de la part du chaman, plongeant une nouvelle fois le salon dans une obscurité presque totale. Des larmes dévalèrent à nouveau de ses yeux d'or ternis. Elle se sentait si fatiguée...

Yuji était mort.

Sukuna avait disparu en même temps que lui.

Des gens cherchaient à lui mettre la main dessus pour une raison inconnue.

Et elle n'avait plus de piste pour son orbe...

Tout ce qu'elle souhaitait, c'était m...

"KALI ! KALI JE SAIS QUE TU ES LA, OUVRE LA PORTE !"

La voix puissante de Gojo fit sursauter l'intéressée alors qu'il tambourinait sans ménagement à la porte de son appartement, lui faisant frôler la crise cardiaque. Mais... Qu'est-ce qu'il faisait là ? Qu'est-ce que ça pouvait lui importer, ce qu'elle devenait ?

L'exorciste continua à s'époumoner et à malmener le panneau de bois, plongeant l'hybride dans une perplexité sans nom. Que devait-elle faire ? Elle ne voulait absolument pas le voir, absolument pas lui parler... Elle ne voulait pas qu'on cherche à la raisonner, elle voulait juste embrasser sa souffrance et son désespoir...

"Kali ! Kali, me force pas à défoncer la porte, parce que je vais le faire !" continua l'exorciste, d'une voix où transperçait une inquiétude palpable.

Qu'il aille au diable ! Comment avait-il fait d'ailleurs pour savoir où elle vivait ? Elle ne le lui avait jamais dit !

A peine eut-elle pensé cela qu'un bruit furieux de griffures se fit également entendre de l'autre côté de la porte, ainsi que des petits cris aigus qu'elle ne connaissait que trop bien...

KYU?

C'était Kyu qui était allé chercher le chaman ? Le monde se liguait-il contre elle pour lui pourrir la vie ? Elle avait jeté dehors le petit fléau volant quelques jours plus tôt, ne supportant plus ses cris incessants et la sollicitude qu'elle lisait dans ses petits yeux sang, l'écorchant chaque minute un peu plus. Si elle ne l'avait pas fait, elle aurait pu finir par lui faire du mal et elle en avait largement déjà assez fait...

Kali vint se plaquer les mains sur les oreilles, allant poser son front contre le sol. Quelle merde !

"Allez-vous en..." murmura-t-elle contre le carrelage, étonnée d'entendre sa propre voix aussi érayée. "Allez-vous en..." reprit-elle plus fort, se griffant inconsciemment le cuir chevelu. "ALLEZ-VOUS-EN !"finit-elle par hurler de toutes ses forces restantes à l'attention des deux êtres se tenant sur son seuil, ainsi que, peut-être, pour l'univers entier.

Ce simple geste la laissa essoufflée, son cœur tambourinant dans sa poitrine. Le silence était cependant retomber, preuve que cela avait été efficace.

"Kali..." reprit Gojo, arrachant à la demi démone une vive grimace. "Kali, ouvre-moi. Yuji..."

"NON ! Tais-toi, Gojo, je ne veux pas l'entendre !" la coupa-t-elle avec virulence, la voix étranglée par des sanglots mal contenus. "C'est ma faute tout ça, je veux pas... Je veux pas... Tais-toi tais-toi tais-toi!"

"Putain, Kali, il est vivant !" lâcha avec un peu d'humeur le professeur, statufiant instantanément son interlocutrice peu commode.

Elle avait forcément mal entendu...

"Qu... quoi ? Tu … Tu mens …" parvint-elle à baragouiner après un temps d'arrêt, comme foudroyée. En son sein, son rythme cardiaque commençait à s'accélérer un peu, comme réchauffant son être meurtri.

"Non, je te le jure..." répondit d'une voix plus douce Gojo, comme soulagé. "Ouvre-moi la porte, Kali, s'il te plait. J'ai déjà assez attiré l'attention comme ça..."

Yuji... Vivant ? Que... Comment ? Était-ce seulement possible ? Avec une lenteur abominable, s'y prenant à plusieurs fois, l'européenne parvint à se remettre debout sur ses jambes, aussi peu stable qu'un faon venant de naitre. Elle avait vraiment poussé son corps dans ses derniers retranchements... Doucement elle traversa les quelques mètres la séparant de la porte d'entrée, brusquement saturée d'un espoir complètement fou. Il le lui avait juré...

La main un peu tremblant Kali vint retirer les loquets sécurisants l'accès à son appartement, venant enfin se saisir de la poignée entre ses doigts fins. Sa respiration se faisait de plus en plus courte alors qu'elle actionnait le mécanisme, ouvrant doucement le battant de porte, le cœur complètement affolé.

Elle découvrit alors sur le seuil Satoru qui la fixa, abasourdi, ses yeux d'infini simplement dissimulés derrière des lunettes de soleil sombres, une tenue civile ayant remplacé son uniforme noir. Kuy était perché sur son épaule, fébrile, jouant de ses griffes dans le tissu épais de la verste en jeans qu'il portait, poussant des petits cris alarmés.

"Oh mon dieu, Kali... Mais dans quel état tu t'es mise..." murmura le professeur d'un ton profondément navré, détaillant l'aspect catastrophiquement mal en point de sa vis-à-vis.

Cette dernière, qui ne savait absolument ce à quoi elle ressemblait dans l'instant et s'en moquait éperdument, fit quelques pas pour venir se saisir de sa main griffue le t-shirt élégant du jeune homme, le serrant de toutes ses forces.

"Gojo... Yuji... Il est …" chuchota-t-elle, à bout de nerf, les yeux remplis de larmes.

Il la fixa, lui adressant un sourire un peu triste avant de venir lui poser une main sur le haut du crane, lui ébouriffant doucement ses cheveux déjà en champs de bataille.

"Il est vivant, Kali. Il est bel et bien vivant..." Un profond sanglot s'échappa de la gorge de la toute jeune hybride, lui serrant le cœur. Il vint l'étreindre un bref instant, paternel, sentant entre ses bras combien son corps était en souffrance et son énergie occulte instable. Heureusement que Kyu était venu le trouver... A ce rythme-là, elle n'aurait pas tenu longtemps... L'intéressé se faufila d'ailleurs le long de son bras pour aller se blottir au creux du cou de sa maitresse, plaquant sa petite truffe froide contre sa peau. "Vient, rentrons, je vais tout t'expliquer."

La demi démone renifla un peu contre lui avant de se redresser, essuyant maladroitement son visage d'un revers de main.

"Ah... Okay..." souffla-t-elle, brusquement gênée, fuyant son regard. "Par contre, je... je te préviens, c'est un peu... chaotique dedans..."

Elle fit volte-face, le précédent dans l'espace plongé dans une obscurité presque totale de son appartement, se dirigeant vers l'interrupteur des baies vitrées, l'actionnant afin de faire entrer de la lumière. L'homme lui emboita le pas en soupirant doucement, mettant ses mains dans ses poches, avant de s'arrêter net sur le seuil, découvrant le théâtre sinistré qui s'étendait devant ses yeux. L'hybride, qui protégeait ses pupilles d'un revers de main de cette trop forte luminosité, ouvrit dans la foulée en grand les fenêtres, faisant entrer un peu d'air, si ce n'était pas frais vu la chaleur du dehors, au moins sain.

"Sympa, ta déco..." laissa tomber Gojo, embrassant du regard l'appartement complètement ravagé, incrédule. Elle n'y était pas allée avec le dos de la cuillère, la petite. "Tu me donneras le nom de ton décorateur..."

Kali lui glissa un regard un peu courroucé, mais l'ombre d'un sourire flotta sur les lèvres, rassurant un peu son interlocuteur. En plein lumière, Gojo pouvait encore plus se rendre compte de l'état dans lequel se trouvait la femme, lui arrachant un pincement au cœur. Ça ne s'était vraiment pas joué à grand-chose...

Actuellement, elle ne portait qu'un débardeur sombre partiellement déchiré et le reste d'un shorty assorti, ses cheveux n'était qu'une masse ébouriffée et indomptable autour de son visage aux traits tirés et amaigri. Les lignes de son pentacle, qu'il pouvait en partie voir dans son dos et sur une partie de son corps, donnaient l'impression d'être à vif, du sang perlant même à certains endroits. Son cercle d'encrage instable manquait cruellement d'énergie occulte et n'était pas loin du point de rupture, tentant de s'alimenter directement de la force vitale de la jeune femme pour se maintenir... Il fallait qu'elle chasse très rapidement sous peine d'avoir de lourdes séquelles, si ce n'était pas déjà le cas.

Ses yeux aux prunelles félines, quant à eux, étaient lourdement cerné et leur couleur habituellement si profonde, était terni par un épuisement immense aussi bien physique que psychologique.

Jamais le chaman n'aurait cru que l'annonce de la mort (temporaire pour le coup) de Yuji l'aurait mise dans un tel état. Cependant, il avait oublié de prendre en considération le fait que Kali n'était âgée que de quelques mois et que, jusqu'à présent, elle n'avait presque connu aucun gros déboire au cours de sa courte existence. Prasad, son protecteur, avait dû veiller à cela coute que coute, protégeant sa princesse dans un sens, mais ne l'armant absolument pas pour affronter un choc émotionnel tel que celui-ci dans un autre. Les enchères, la mort de l'adolescent... Toute cette déception et cette douleur lui avait fait complètement perdre pieds. Si Kyu n'était venu lui hurler dessus pour l'alerter... Il y aurait très certainement eu une vraie mort à déplorer, au final.

"Gojo... Dis, Gojo, tu m'écoutes ?" La voix de Kali l'extirpa de ses pensées, le ramenant à l'instant présent. "Yuji est bien vivant, tu me le jures ? Où est-il ? Il va bien ?!"

Elle s'était rapprochée de lui et le fixait avec une intensité déstabilisante.

"Il est vivant, je te l'ai dit..." répondit-il en souriant. "Et il est à l'abri, car pour le moment, personne ne doit savoir qu'il n'a fait qu'un touch and go au royaume des morts !"

"Mais... comment ? Il n'était pas vraiment mort au final ?" La jeune femme fronça les sourcils, perplexe.

"Ah, si si. Il était bel et bien mort !" éluda Gojo avant de partir dans une tirade d'explications. "Mais Sukuna l'a ramené à la vie en régénérant le cœur qu'il lui avait lui-même arraché plus tôt pour tenter de conserver le contrôle sur son corps..."

Kali fit des yeux ronds, assimilant les informations.

"Sukuna-san... avait pris le contrôle du corps de Yuji en plein jour ?" questionna-t-elle, son interlocuteur acquiesçant.

"Et il a.… volontairement arraché le cœur de Yuji ?..." nouvel hochement de tête.

"Pour garder le contrôle de leur corps ?" Encore un.

"Et si Yuji est mort... C'est qu'il a préféré se sacrifier plutôt que de laisser la place à Sukuna-san ?" Gojo acquiesça encore.

"Mais finalement, Sukuna-san a régénéré le cœur de Yuji et les a ramené tous les deux à la vie ?"

"C'est un sans-faute, Kali-chan !" s'amusa le professeur, lui adressant deux pouces levés.

"Et il aurait fait ça … juste pour pas perdre le réceptacle quasiment idéal qu'est Yuji ?" questionna encore la demoiselle, tapant pile dans la zone d'ombre qui inquiétait un peu le chaman.

"Alors ça... Je n'y crois pas une seconde, ma belle..." soupira Satoru, faisant quelques pas dans l'espace ravagé de l'appartement. "J'ai bien peur que Sukuna ait réussi à passer un serment inviolable avec Yuji, mais impossible de le savoir... Il est bien trop malin pour avoir laissé les choses aux hasards..."

"Un... serment inviolable ?" répéta Kali, intriguée.

"Tu ne connais peut-être pas..." commença le professeur en fixant sa vis-à-vis, se souvenant qu'il ne savait rien de ses connaissances réelles du monde occultes. "C'est un marché passé entre un fléau et un autre individu, humain ou démon. Sa puissance vient du fait que si l'une ou l'autre des parties le brise, elle en paiera le prix cher... Rendre un cœur... ça me parait être carte idéale pour négocier un tel pacte, même si Yuji n'aurait certainement jamais accepté quelque chose donnant ouvertement un avantage à Sukuna... Enfin bon ! Revenons à nos moutons, Kali-chan ! C'est à dire toi et ton état déplor..."

"Je veux voir Yuji." La coupa-t-il d'une voix ferme, sans appel, venant se planter devant lui.

"Alors..." reprit-il d'un ton calme, sentant déjà que la situation risquait de lui échapper. "C'est pas le plus urgent. Il va bien, il est en sécurité. Toi, tu ne vas pas bien. Donc on va déjà gérer ça."

"Non." lacha-t-elle en croisant les bras sous sa poitrine, reniflant faiblement. "Je veux voir Yuji. J'irai chasser après, mais je veux le voir avant."

"Kali chérie..." soupira l'homme aux cheveux de neige, venant poser ses mains de part et d'autre de ses épaules un peu osseuses. "Tu t'es vue récemment ? Tu n'es pas en état d'aller chasser. Tu te ferais botter en touche par le premier 3 venu..."

"Faut quand même pas exagérer !" Elle se dégagea de son étreinte, un rien de mauvaise foi.

Elle s'éloigne un peu, lui tournant le dos, offrant à sa vue son pentacle sanglant. Vraiment, il n'exagérait qu'à peine. D'un coup la jeune femme fait volte-face, parcourant de ses pieds nus s'écorchant aux innombrables débris jonchant le sol les quelques mètres les séparant, une lueur nouvelle brillant dans ses prunelles d'or cerclés de violet.

"De toute façon..." commença-t-elle d'une voix ravivée et sure d'elle. "moi aussi j'ai besoin d'être protégée ! Au moins le temps que je reprenne des forces... Et puis, on ne sait pas si les personnes qui me recherchent ne sont pas déjà sur ma piste tokyoïte... Tu ne laisserais pas une pauvre jeune hybride que tu dis toi-même sans défense à la merci d'individus malveillants, si ? Je demande le droit d'asile !"

Gojo la fixa un instant, un rien prit de court avant d'éclater de rire, vexant un peu son interlocutrice.

"Alors pour commencer, Kali..." répondit-il finalement, s'essuyant le bord des yeux. "Le droit d'asile, c'est que dans les églises. J'ai l'air d'un prêtre, franchement ? Ensuite, je ne suis vraiment pas certain que ce soit une bonne idée... Yuji doit s'entrainer et rester concentrée, c'est très important ! Et enfin, je ne pense pas que les gens qui en ont après toi sachent à quoi tu ressembles, ni où tu es, l'ampleur du piège qu'ils ont monté pour essayer de t'attraper le prouve. Ils auraient déployé moins de moyens s'ils avaient plus d'informations. Alors, tant que tu fais profil bas, il n'y a aucune raison qu'ils en apprennent plus sur toi."

"Je pourrais très bien décider d'user de mes flammes à tort et à travers..."bougonna la jeune hybride, boudeuse mais déterminée, le défiant du regard.

"Tu ne ferais pas ça..." Satoru l'observait attentivement, doutant de sa propre conviction. Elle avait ça en commun avec Yuji, c'est qu'elle était diablement têtue... Et la lueur un rien machiavélique qu'il voyait briller dans les yeux félins ne lui disait rien de bon.

"Kali … Tu ne ferais pas ça, n'est-ce pas ? Tu ne mettrais pas sciemment ta sécurité et potentiellement ta vie en danger juste pour que je...Je... cède... à ton caprice..." Un sourire de défis s'étira sur les lèvres de la jeune femme, lui indiquant à quel point elle était capable de le faire, bien au contraire...

"Chiche." se contenta-t-elle de lui répondre, venant le conforter dans ses craintes.

Immédiatement l'exorciste poussa un profond soupire, venant se frotter les yeux sous ses lunettes d'une main. Et le pire était qu'elle en serait parfaitement capable, il en était certain... Yuji se trouvait actuellement dans un ancien sanctuaire, protégé d'innombrables scellés rendant sa présence indétectable. Théoriquement il y avait largement la place pour abriter plusieurs dizaines de personnes entre ces murs, alors caler la petite hybride dans un coin ne serait pas bien difficile... Mais était-ce une bonne idée de laisser Kali et Yuji seuls la plupart du temps, lui ayant ses obligations d'exorciste et de professeur à respecter pour éviter d'éveiller les soupçons ? Sukuna était toujours là à roder, prêt à saisir la moindre occasion pour faire des siennes...

D'un autre coté... Kali était visiblement dans un état de grande fragilité, c'était clairement une cible facile dans son état actuel. S'il la faisait venir dans le sanctuaire, il pourrait avoir plus aisément un œil sur elle et essayer d'en savoir plus sur son cercle d'encrage, l'orbe fléautique qu'elle portait, ses pouvoirs véritables...

De toute façon... Avait-il vraiment le choix, au final ? Il n'allait pas laisser l'européenne mettre sa vie en danger aussi inutilement … Mine de rien, il l'aimait bien...

Il laissa échapper un nouveau soupire, venant placer ses mains sur ses hanches, vaincu.

"Il faudra un jour que j'ai une sérieuse conversation avec ton Prasad... Il t'a beaucoup trop pourri gâtée, ça crève les yeux..."

"Et du couuuuup? …" Kali le fixait avec intensité, une énergie nouvelle l'animant toute entière, arrachant à l'homme un sourire malgré lui.

"Du coup... Va faire tes valises, pour peu qu'il te reste encore quelque chose d'intacte à amener... Je t'embarque."

"OUIIIIIIII !" sauta de joie la demi démone, se jetant au coup de l'exorciste, métamorphosée. "Merci, Gojo, merci ! Je serai sage comme une image ! Tu verras même pas que je suis là !"

"Oui, alors là, laisse-moi en douter..." maugréa Satoru en rendant quand même son étreinte à sa nouvelle protégée, amusé. "Allez file... Et pour l'amour du ciel, va prendre une douche, tu sens le chat mouillé !"

Kali le lâcha alors dans un grand éclat de rire, tournoyant au milieu des débris de son salon, son désespoir définitivement envolé.

Elle allait finalement retrouver Yuji et Sukuna...

Et cela emplissait son cœur de joie et d'impatience !

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Mot de l'auteur :

M : Salut tout le monde ! Est-ce que ça va bien ? Bon lundi à tous !

Yuji : J'aime pas les lundis ! Faut retourner en cours !

Gojo : Moi non plus ! Faut retourner au taf !

Megumi, dubitatif : Pour ce que vous bossez, Sensei …

Gojo, outré : Tu es tellement cruel !

Sukuna, du haut de son trône de crânes : Bande de pleutres ! Vous me faites tous rire, avec vos histoires de week-end, de lundi... Moi je n'ai jamais eu ce genre chose...

M : Depuis quand tu as ramené tout ton barda ici, Sukuna ?

Sukuna, faisant la sourde oreille : Car moi je ne le connaissais pas, le repos ! Massacrer des gens, c'est un boulot à plein temps si on veut que se soit bien fait et se faire une réputation ! Être le roi des fléaux, ça se mérite ! Il faut chasser, hacher, tuer, dépecer, terroriser, violer, détruire, incendier... Et la liste ne s'arrête pas là ! C'était une époque florissante où...

Yuji : ça y est il est reparti dans un de ses monologues de boomers...

Gojo: tu as le droit à ça souvent ?

Yuji, soupirant : Si vous saviez …

Gojo : Mon pauvre Yuji … Si ça peut te remontrer le moral … En plus d'être ressuscité, je vais te ramener des colocataires !

Yuji, intrigué : Des collocataires ? C'est qui, c'est qui ?

Gojo, amusé : Motus et bouche cousue ! Tu verras au prochain chapitre !

Yuji : Mais naaaaaan, je veux savoir !

Sukuna, vexé qu'on ne l'écoute pas : ET ! Les moustiques, on m'écoute quand je parle ! Et c'est quoi ça, un colocataire ?

Megumi : C'est un peu ce qui se passe dans le corps de Yuji avec toi... Deux personnes partageant un même espace …

Sukuna, choqué : Attendez... Vous voulez mettre une autre âme dans le corps du gamin ? Je dis NON, c'est mon réceptacle, je l'ai trouvé, je le garde !

Yuji : T'as rien trouvé du tout, c'est moi qui t'ai bouffé par inadvertance ! Et non, là on parle de la planque … Merci, Gojo-sensei, merci mille fois ! Avoir quelqu'un avec qui parler autre que lui, qui que se soit, se sera forcément génial !

Sukuna : Hey ! Je suis d'excellente compagnie, c'est toi qui n'as aucun goût !

Yuji, faisant la sourde oreille : Alors Gojo-sensei... c'est qui c'est qui c'est qui ?

Gojo, a deux doigts de céder devant les yeux de chat potté de Yuji : alors c'est...

M qui vient bâillonner Gojo avant qu'il ne spoil toute la surprise : NOP! Il faudra attendre le prochain chapitre pour que tu découvres ça, Yuji-chou ! Merci à tout le monde de suivre nos aventures, j'espère que ce chapitre vous aura plu ! N'hésitez pas à voter ou à commenter notre histoire, ça nous fait toujours plaisir ! Je vous dis à très vite pour le début du deuxième arc, celui de la collocation !

A très vite !