"Yuji... arrête de gigoter, je vais finir par te crever un œil !"

Kali souriait en fixant le visage de l'adolescent qui ne pouvait s'empêcher de faire des grimaces, visiblement à la torture.

"Mais ça gratteeee.." se plaignit le jeune homme en fronçant les sourcils, venant se frotter le nez sans pouvoir s'en empêcher.

L'européenne vint se saisir de sa main avant qu'il eut complètement ruiner le travail de contouring qu'elle tentait désespérément de faire depuis plus d'une demi-heure, lui arrachant un soupire attendri.

"Allez, courage, si tu te tiens tranquille, il n'y en plus pour longtemps." tenta la demoiselle, réajustant un peu le bandeau aux motifs flashy de fraises qui maintenait les cheveux courts du garçon en arrière, s'amusant elle terriblement. "Je dois juste uniformiser tout ça pour qu'on ne voit plus tes cicatrices... Soit adorable et tient le coup, Yuji …"

Itadori soupira, gigotant un peu sur le canapé, les yeux fermement clos, essayant de se concentrer au maximum afin de résister aux sensations étranges que faisait naitre chacun des coups de pinceau de sa colocataire sur son visage. "Les filles font vraiment ça tous les jours ? Quel enfer...Je suis bien content d'être un mec !"

Cette réflexion fit pouffer de rire Kali, éloignant un peu sa main du minois du garçon. "Tous les jours ? Tu es fou... Tu vois le temps que ça prend ? Là c'est parce qu'il faut te camoufler que cela prend autant de temps..." Elle glissa doucement sa main sous le menton du réceptacle démoniaque, lui faisant tourner avec délicatesse son visage à droite puis à gauche, admirant son œuvre. Les vidéos qu'elle avait passé une partie de l'après-midi à regarder sur internet avaient visiblement porté leurs fruits, les marques sous les yeux du futur exorciste étaient quasiment invisible, sauf pour un œil sachant où les chercher... ça irait largement.

"Voilà... On a fini..." murmura-t-elle, passant furtivement sa main sur la joue de son vis-à-vis, lui arrachant un léger frisson. "Tout du moins pour cette partie !"

"Ah ?" lâcha avec effroi Yuji en allant fixer la jeune femme qui s'était un peu éloignée, posant son pinceau au milieu d'autres instruments de tortures dont elle s'était servie pour le maquiller.

Elle se saisit de deux petites boites circulaires, lui glissant un regard machiavélique, avant de venir se rassoir en face de lui, les lui mettant sous le nez. "Bah oui, voyons ! Il manque encore les lentilles de contact, la perruque et les lunettes ! Les lentilles, si tu as pas l'habitude d'en mettre, il vaudra mieux les porter qu'au dernier moment..." La demoiselle mis les deux réceptacles à l'intérieur desquels flottaient des petites sphères colorées de chaque côté du visage de Yuji, songeuse. "Hum je me demande ce qui t'éloignerait le plus de ta teinte naturelle... Du vert ou du marron foncé... "

"Je peux pas juste mettre des lunettes de soleil, comme Gojo-sensei ?" bougonna le lycéen, peu enclin à devoir se mettre un truc directement dans les yeux.

"En pleine soirée ? Ça va carrément attirer l'attention..." répondit Kali, plongée dans ses réflexions stylistiques. "Dis-toi que c'est une nouvelle expérience !"

"Moui..." souffla l'adolescent, peu convaincu, une petite voix intérieure lui murmurant que ce n'était pas le genre d'expérience nouvelle qu'il voulait tenter en ce moment alors qu'il relevait son regard noisette vers l'européenne lui faisant face, le faisant un peu rougir... La fin d'après-midi de ce début juillet était particulièrement caniculaire, et le sanctuaire abandonné était pour ainsi dire un vrai four... Kali ne portait donc qu'assez peu de tissu, se résumant à une robe légère, sombre et décolleté à bretelles fines s'arrêtant à mi-cuisse, rendant difficile au garçon le fait de réfléchir correctement.

" … Yuji ? Allo, la terre, me recevez-vous ?"

La voix de Kali lui semblait venir de terriblement loin, l'extirpant à grande peine de ses pensées lubriques.

"Hein ?" Vraiment, aujourd'hui, il ne tournait pas rond...

"Je te demandais si on devrait aller s'habiller ? Il est 18h passées déjà..." L'hybride regardait son téléphone, un sourire aux lèvres, visiblement terriblement impatiente et enfantine, faisant un rien culpabiliser Yuji de ne penser qu'à son corps nu s'étirant langoureusement sur ce canapé.

"Oui, s'habiller... Vous avez raison, Sempai." murmura l'adolescent, secouant doucement sa tête.

"ça va, Yuji, tu es sur ?" demanda Kali en s'approchant de lui, son visage bien trop proche de celui du garçon noyé dans ses désirs tenaces, venant encrer ses prunelles d'or un peu inquiète dans celles, troublées, de son vis-à-vis. "Quelque chose te tracasse ? Tu as des doutes par rapport à notre sortie ?"

Le tracasser non... L'obséder, complètement... "Non, non, bien sûr que non, Kali-sempai !" se défendit le lycéen, se redressant dans un bond pour donner le change et s'éloigner un peu de la jeune femme, histoire de s'extirper de son aura hypnotisant. "Au contraire, il me tarde d'y être ! Vous allez adorer, je n'en doute pas une seule seconde ! Donc, il faut maintenant choisir nos Yukata... Vous en avez quand même un peu trop pris, Sempai, vous ne trouvez pas... ?"

Le futur exorciste alla se planter face au présentoir qu'avait improvisé l'européenne avec un escabeau, un porte manteau et des fils, balayant du regard la dizaine de tenues attendant tranquillement d'être choisies pour l'occasion. Il y en avait là cinq pour et cinq pour elle, de toutes les couleurs possibles. Assurément, ils avaient l'embarras du choix.

"Je n'arrivais pas à choisir..." expliqua la demi démone en le rejoignant, amusée. "Je voulais être sure d'en prendre un qui te plairait vraiment !"

Yuji ouvrit la bouche, voulant lui dire qu'il se sentait un peu mal à l'aise qu'elle ait dépensé autant d'argent pour lui, mais elle fut plus rapide, reprenant déjà la parole. "Et avant que tu ne dises quoi que ce soit, sache que Prasad tient à te les offrir pour te remercier de prendre soin de moi. Qu'il insiste. Et que ça ne se fait pas de contrarier un vieil homme dans son état. Tu ne voudrais pas briser le cœur de mon abhidhaavac?"

Elle lui glissa un regard perçant, lui montrant son téléphone sur lequel s'affichait une conversation qui était parfaitement illisible pour l'adolescent, une icône de totoro servant visiblement d'avatar au protecteur de l'hybride. Yuji fronça les sourcils, tentant vainement de traduire la langue étrangère complexe qu'il lisait, ne reconnaissant que son prénom par moment ainsi qu'une photo des articles que la jeune femme avait acheté la nuit d'avant. "Votre... Quoi ?"

"Abhidhaavac. Mon gardien." expliqua la demi démone, posant un regard attendrit sur l'échange numérique qu'elle avait avec l'hindou. "Dans la famille de Prasad, protéger l'œuf dans lequel je dormais était une mission pour ainsi dire... sacrée."

"Un... Œuf ?" s'étonna Itadori, se rendant compte qu'il en connaissait en réalité très peu sur sa colocataire et son passé mystérieux, attisant immédiatement sa curiosité.

"Une sorte d'œuf..." réfléchit-elle, pensive. "Il m'a montré des photos, c'est vrai que c'était assez ovoïde. Mais en pierre très sombre et irrégulière, un peu comme du verre volcanique... Nervé d'or et d'améthyste... C'était assez..."

Froid... Silencieux... Terrifiant... Oppressant... Kali se tut, ressentant, comme à chaque fois qu'elle repensait à la période précédant son éveil, une sensation de vertige profond et malaisant, comme si son âme allait se faire aspirer par le néant. Elle déglutit discrètement, sentant une sorte d'étau glacé se refermant sur sa peau, faisant s'étrécir ses iris, l'angoisse prenant de l'ampleur en son sein. Il fallait qu'elle change de sujet, immédiatement.

"Enfin bref, c'est pas intéressant tout ça !" éluda-t-elle en se passant une main dans les cheveux, cherchant à se donner contenance, adressant à son vis-à-vis un sourire un peu creux ne le trompant pas. "Ces Yukatas sont pour toi, et c'est non négociable ! Lequel veux-tu porter du coup ?"

Yuji, ainsi que Sukuna, avaient pu sentir le changement brutal d'atmosphère autour de l'européenne, les intriguant aussi bien l'un que l'autre. Mais là où l'un ressentit immédiatement une vive inquiétude face à la tension la traversant, l'autre, quant à lui, cherchait dans sa mémoire millénaire ce que ces nouveaux détails pouvaient lui apprendre sur l'improbable création de la crevette, le plongeant dans une certaine perplexité.

"Sempai..." souffla l'adolescent, s'approchant doucement de la demoiselle, venant lui saisir doucement la main, inquiet.

"ça va, ne t'en fais..." Elle vint encrer son regard dans le sien, mêlant ses doigts aux siens, s'accrochant à la délicate chaleur émanant de leur point de contact pour chasser les nuages de son esprit. "ça me fait toujours un peu... étrange, de parler de ça. Une drôle de sensation... C'est difficile à expliquer. On change de sujet si ça t'embête pas ?"

"D'accord..." soupira le lycéen, un rien coupable de ne pas pouvoir l'aider plus. "Je crois que je suis donc dans l'obligation d'accepter le présent de votre abdi...Adiva.. Abidi.."

"Prasad, se sera plus simple..." sourit Kali, amusée.

"Prasad-san." répéta Yuji, rassuré de voir les ombres quitter les prunelles d'or de la jeune femme. "C'est effectivement plus facile à prononcer. Vous le remercierez de ma part, Sempai ?"

"Compte sur moi ! Il en sera heureux..." Kali alla se saisir d'un Yukata bleu nuit avec des motifs géométriques argentés qu'elle plaqua devant l'adolescent, le jaugeant d'un regard. "Reste plus qu'à choisir, du coup... Allez, dis-moi tout, Yuji ! C'est quoi ta couleur préférée ?"

L'intéressé regarda l'habit devant lui, devant admettre qu'il était un peu foncé pour lui. "Oh, vous savez, Sempai, je ne suis pas très compliqué. Mais j'avoue que j'aime bien les couleurs un peu plus vives."

"Oh ! Je vois !" Kali rangea la première tenue avant d'en prendre deux autres, l'une d'un orange tendre uni, l'autre d'un beige chaud virant presque au bouton d'or, les lui tendant dans un sourire. "Tu préfères des choses aussi rayonnantes au toi, c'est normal !"

"Aussi rayo..." commença le lycéen, rougissant un peu. "Vous exagérez, Kali-sempai..."

Elle hocha doucement la tête de façon négative, ses cheveux d'automne ondulant autour de son minois des plus sérieux. "Tu es la personne la plus solaire que je connaisse, Yuji. Je ne te laisserai pas dire le contraire... Hum... Les deux t'iraient, mais je trouve que l'orange te correspond mieux !"

Le jeune homme passa une main dans sa nuque rasée, un peu mal à l'aise face à ces compliments terriblement honnêtes. Comment... Comment pouvait-elle dire de telles choses avec un tel naturel ? Était-il vraiment... 'solaire', comme elle le prétendait ? Il s'était toujours contenté d'être comme il était, sans réfléchir. On l'avait déjà traité d'impulsif, d'inconscient, d'idiot parfois, mais jamais de quelque chose d'aussi mélioratif...

Une douce chaleur commença lentement à s'étirer à travers son corps alors que le futur chaman venait prendre le kimono d'été à la couleur crépusculaire des mains de sa vis-à-vis, un sourire des plus tendres aux lèvres. "L'orange, c'est parfait, Sempai... J'aime beaucoup cette couleur en plus..."

L'européenne répondit à son sourire, visiblement ravie qu'il ait trouvé son bonheur, se retournant vers le portique improvisé, parcourant de son regard d'or les tenues qu'elle s'était commandé pour elle-même.

"Et vous, lequel allez-vous prendre, Kali-sempai ?" questionna le jeune homme au bout de quelques instants, en la voyant scruter les vêtements, visiblement incapable de se décider.

"Aucune idée, ils sont tous jolis..." soupira l'hybride, frôlant les étoffes colorées du bout des doigts. "Tu choisis pour moi, Yuji ?"

" Que je..." répéta le réceptacle de Sukuna, prit de court. "Vous êtes certaine ?"

"Hum." se contenta de répondre la demoiselle, penchant légèrement la tête sur le côté, terriblement adorable. "Je te fais complètement confiance ! De toute façon, tu ne peux pas te tromper, tous me plaisent !"

"Vraiment ?" souffla-t-il, sentant soudain une terrible pression sur ses épaules. Choisir la tenue d'une fille, ce n'était quelque chose de super intime normalement ?

"Mais oui ! Tu peux même prendre au hasard, si tu ne sais pas non plus." tenta de l'aider l'hybride, haussant les épaules, ne se rendant absolument pas compte que sa demande pouvait sembler un peu déplacée.

L'intéressé fixa avec attention les quelques tenues lui faisant face, au comble de la concertation. Incontestablement, c'était un choix cornélien, car, à ses yeux, chaque vêtement irait parfaitement à sa troublante colocataire. Rien que le fait de l'imaginer dans un vêtement traditionnel échauffait un peu son sang, ne l'aidant pas à réfléchir... Mais il se devait de prendre une décision, la jeune femme comptait sur lui !

Yuji souffla doucement, scrutant les Yukatas. Il y en avait vraiment de tous les styles, mais un lui tapa immédiatement dans l'œil, soulageant un peu l'adolescent, avec son bleu doux et ses motifs de fleurs violettes et de feuillages tendres le parcourant entièrement, le tout parsemé de petites touches de doré... Il irait parfaitement à la jeune femme et était totalement dans l'ambiance estivale du Tanabata.

"Celui-ci..." murmura doucement Itadori, saisissant avec délicatesse la manche de l'habit entre ses doigts. "Celui-ci, c'est mon préféré... Il vous ira très bien..."

"Avec les belles de nuit et les glycines ?" Kali tira le vêtement vers elle, le soupesant de son regard. "Tu as bon gout, tu sais... ça fait partie de mes fleurs préférées. Merci Yuji !" Elle plaqua le kimono léger entre ses bras, lui offrant un sourire radieux qui toucha son interlocuteur, heureux d'avoir tapé dans le mille.

"En avant pour l'habillage, alors ! GO !" Reprit l'européenne, trottinant avec entrain vers sa chambre, armée de sa future tenue, attendrissant le futur exorciste.

Il lui emboita le pas, se rendant sa propre chambre, son Yukata dans les bras, un sourire flottant sur ses lèvres. La soirée s'annonçait des plus plaisantes... Sans plus attendre, Yuji passa son t-shirt par-dessus sa tête, le jetant sur son lit sans ménagement, puis retira son short, ne se retrouvant plus qu'à porter un boxer coloré lui enserrant les hanches.

Il enfila ensuite la tenue orangée, l'ajustant rapidement à sa taille, venant la nouer grâce à une première ceinture autour de son bassin, retrouvant des gestes qu'il n'avait pas fait depuis des années. La partie la plus simple étant passée, il allait à présent devoir attacher la seconde ceinture, plus ornementale celle-ci, le Obi, qui nécessitait un peu plus de dextérité que la précédente. Heureusement pour l'adolescent, il était un homme, et le nœud qu'il devait réaliser demeurait malgré tout assez peu complexe. Yuji attrapa donc l'épais tissu sombre, large d'une main, et l'enroula plusieurs fois autour de lui, recouvrant ainsi le premier lien, avant de le nouer fermement contre son ventre. Plutôt satisfait du résultat, le lycéen fit coulisser la ceinture à 180 degrés, afin que la partie plate de la ceinture se retrouve devant et l'attache au milieu de son dos, ainsi que le voulait l'usage.

Itadori soupira, soulagé d'être parvenu sans peine à s'habiller ainsi, l'exercice ne lui étant pas coutumier. Il ne lui restait plus qu'à aller s'attifer du reste de son déguisement pour pouvoir passer incognito, à savoir sa perruque brune et, hélas, les redoutées lentilles de contacts... Vraiment, l'idée de devoir poser à même son doigt quelque chose littéralement sur son œil ne l'enchantait aucunement... Cependant, si c'était la condition pour passer une heure ou deux au festival avec sa colocataire, il pouvait bien faire cet effort là...

L'adolescent retourna donc chercher, sans entrain, les éléments manquants à son costume dans le salon avant de se rendre dans la salle de bain, un miroir étant plus que nécessaire pour ajuster la perruque ainsi que pour pouvoir placer ses fausses prunelles... Yuji posa sur le rebord du lavabo unique la petite boîte contenant les lentilles vertes, secouant ensuite la tignasse brune et un peu hirsute devant son visage, lui arrachant un léger rire.

Cette coupe de cheveux lui faisait incontestablement penser à Megumi, son camarade de classe blasé dont les cheveux rebelles se résumaient en un amas d'épis sombre se dressant chaotiquement dans toutes les directions, s'opposant totalement avec le flegme terrible du manipulateur des ombres. A cette pensée, le cœur du lycéen s'alourdit un peu... Il espérait que l'invocateur, ainsi que Nobarra, son autre comparse d'école, se portaient au mieux et qu'il pourrait rapidement les revoir. Ils lui manquaient énormément, même s'ils ne se connaissaient pas depuis très longtemps. Au fond, les deux lycéens l'avaient, chacun à leur manière, complètement accepté alors qu'il était le porteur d'un démon millénaire sanguinaire et que les pontes de l'exorcisme l'auraient préféré mort... Ils n'y étaient pas obligés mais l'avaient pourtant fait, le soutenant et le traitant comme un camarade de classe, le touchant profondément.

Yuji espérait que l'annonce de sa mort ne leur avait pas trop fait de mal... Il détestait l'idée de causer du tort au gens... Encore plus aux personnes à qui il tenaient.

"Yu... Yuji..."

Une petite voix l'extirpa de ses pensées sombres, le faisant cligner des yeux. Il tourna la tête vers l'entrée de la salle de bain, découvrant le minois de sa colocataire qui demeurait presque entièrement cachée derrière le mur, visiblement mal à l'aise, une profonde gêne envahissant son regard.

"Kali-sempai... ? Quelque chose ne va pas ?" s'enquit immédiatement l'adolescent, faisant quelques pas vers elle.

"J'y arrive pas..." murmura tout bas l'européenne, le feu empourprant son visage, fuyant les yeux noisette du lycéen.

Le futur chaman haussa un sourcil, ne comprenant pas. "Vous... Vous n'arrivez pas à quoi, Sempai ?"

La jeune femme ne dit rien dans un premier temps, gigotant un peu, visiblement très mal à l'aise, intriguant un peu plus encore son interlocuteur. "...A mettre le Yukata..." finit-elle par chuchoter, l'aveu lui coutant visiblement beaucoup. "ça ressemble pas du tout à la vidéo, je comprends pas où je me trompe..."

"Oh." lâcha simple Itadori, ne s'attendant pas du tout à ça. En même temps, il aurait dû y songer, la demoiselle était européenne et non japonaise, elle n'avait jamais dû porter un tel vêtement ni à se servir d'obi.

"Tu..." hésita l'étrangère, osant enfin regarder à nouveau son colocataire. "Tu penses que tu pourrais m'aider ?"

"OH." répéta, Yuji, son cœur ratant instantanément un battement. L'aider à.… s'habiller ?

Courageusement, la jeune femme sortit de sa cachette, le feu aux pommettes, tapant nerveusement ses poings fermés l'un contre l'autre, se dévoilant aux yeux de l'adolescent immédiatement charmé. Il avait incontestablement très bien choisi le Yukata, car les teintes douces de ce dernier allaient à merveille à la jeune femme qui avait remonté ses cheveux en un chignon agrémenté de quelques accessoires traditionnels en Kanzashi.

Visiblement, la demoiselle avait plus ou moins réussi à nouer les deux premiers liens servant de mise en place aux vêtements féminins, le premier lui enserrant les hanches, le second le buste, mais elle s'était arrêtait là, les pans de tissus se rebellant contre l'ordre qu'elle avait tenté de leur imposer.

"Je comprends pas pourquoi je dois faire autant de nœuds..." reprit l'hybride, enserrant son torse de ses bras afin de se cacher derrière les larges manches de son habit, rougissante. "Je pourrais pas simplement l'attacher comme un homme, juste à la taille ? Moi ça m'irait bien..."

"Absolument pas, Sempai !" Refusa brusquement Yuji, surprenant un rien Kali. Ça aurait été tellement dommage qu'elle ne parvienne pas à porter la tenue complète alors qu'elle était déjà si jolie. "Je suis sûr que vous y êtes presque, on va regarder ça ensemble. C'est surtout le Obi qui va tout aplanir, faites-moi confiance... Montrez-moi la vidéo."

Obéissant docilement à l'injonction de son vis-à-vis, l'européenne lui tendit son téléphone qu'elle avait en main, où était ouverte la page du tutoriel qu'elle avait tenté de suivre pour parvenir à s'habiller correctement. Le jeune homme la fit défiler rapidement, la scrutant avec le plus grand des sérieux, ne se rendant même pas compte que l'européenne le détaillait avec un regard terriblement appréciateur. L'orange, vraiment, était une couleur qui lui correspondait bien...

"Bien !" reprit finalement le lycéen d'un air déterminé. "Vraiment, vous êtes pas loin. Il faut juste réajuster un peu et je vais vous aider pour le Obi, mais je pourrais pas vous faire un truc très compliqué..."

"Si déjà j'ai un truc, ça me convient tout à fait..." soupira l'étrangère, se demandant intérieurement comment on avait pu porter des vêtements aussi compliqués au quotidien autrefois, ses pensées dérivant malgré elle vers le démon millénaire que portait en son sein son interlocuteur. A peine cette idée lui effleura l'esprit qu'elle la rejeta au loin, refusant de perdre un seul instant avec Sukuna. Elle lui en voulait terriblement et il ne méritait pas qu'elle lui accorde une seule seconde de cette journée.

"Il me faut le Obi, du coup, Sempai..."

La voix de Yuji ramena kali au moment présent, terminant de chasser l'image du visage tatoué du fil de ses pensées. "Le Obi. Bien sûr... Il est dans ma chambre. J'arrive."

La jeune femme fit volte-face, allant rapidement chercher la longue ceinture colorée, large de près d'une vingtaine de centimètres, avant de revenir sur ses pas pour rejoindre son habilleur improvisé, la lui tendant avec un sourire.

"Bien. On a le Obi. Alors si je suis les instructions de la vidéo..." Le lycéen, prenant sa mission très à cœur, regarda une nouvelle fois la vidéo, tentant de mémoriser les gestes du professeur virtuel. "Il faudrait que vous retiriez un peu les pans avant pour mieux les plaquer..."

"J'ai bien essayé..." rétorqua l'européenne, une moue aux lèvres, un peu contrariée, regardant les bosses indisciplinées de tissus, en rien ressemblant au résultat escompté. "Mais quand je vais ça, l'ouverture dans le dos se carapate..."

"Hummm... Ce qu'on peut faire..." réfléchit tout haut l'adolescent, se rapprochant un peu de sa colocataire, regardant un peu la tenue récalcitrante. "Ce qu'on peut faire, Sempai, c'est que je peux tenir le col dans votre nuque pendant que vous réajustez les pans avant, comme ça l'ouverture ne bougera pas !"

"Brillant, Yuji !" Déclara la jeune femme, ses yeux brillant d'excitation à l'idée. "Allez, on fait ça !"

Sans attendre, la demoiselle se tourna afin d'offrir son dos à la vue de l'adolescent, venant passer inconsciemment une main dans sa nuque pour plaquer d'éventuels cheveux fous contre son chignon, faisant brutalement prendre conscience à Yuji de l'intimité de la situation. Il déglutit faiblement, parcourant la faible distance les séparant encore, venant se saisir d'une main un peu hésitante du tissu épais formant l'arrière du Yukata, le maintenant à distance du cou de la jeune femme, comme l'usage le souhaitait.

Il ne put s'empêcher de la détailler, le faisant discrètement déglutir. Elle avait une peau tellement laiteuse, presque nacrée, contrastant magnifiquement avec l'intensité de la couleur de ses cheveux fins, lui rappelant la chaleur des feuilles d'érables à l'automne. Et sa nuque était magnifiquement déliée, sa courbe délicate lui donnant affreusement envie d'y déposer ses lèvres pour l'embrasser, comprenant en cet instant pourquoi cet endroit avait depuis toujours été mis en avant chez les Geishas notamment. Il n'aurait eu qu'à se pencher un tout petit peu, ce qu'il fit inconsciemment, le parfum fruité du shampoing qu'utilisait l'hybride venant lui chatouiller le nez, l'enivrant complètement. Qu'est-ce que cela pouvait bien être... De la pêche... ?

"Yuji, je crois que c'est bon ! Ça ressemble déjà plus à la vidéo... Plus que le Obi !"

L'intéressé sursauta, se redressant brusquement, comme s'il avait pris une châtaigne, le feu embrasant son visage. "Ah ! Oui... Le Obi... A... Allons-y !" Itadori fit vivement volte-face pour aller récupérer la ceinture, ravi de pouvoir encore un peu se cacher de son interlocutrice, profondément troublé. Il se jeta un regard dans le miroir, découvrant avec effroi le rouge sur ses joues ainsi que ses pupilles dilatées par ses idées inconvenantes, maudissant intérieurement ses foutues hormones. Il fallait qu'il se reprenne !

"Comment on va faire, Yuji ?" Reprit innocemment Kali, venant à sa rencontre. "Je tiens mes manches et je maintiens la ceinture pendant que tu me saucissonnes ?"

"Euh... Oui, c'est une bonne idée, Sempai..." murmura le lycéen en essayant de penser de toutes ses forces à des choses tristes afin de se calmer, se remémorant notamment le film dramatique qu'ils avaient vu ensemble la veille, n'obtenant hélas qu'un résultat des plus mitigé.

Il se tourna vers elle, la découvrant à quelques pas seulement de lui, adorable et souriante, mettant à néant tous ses efforts. Il avait tellement envie de l'embrasser, là, maintenant...

Un rien comique, s'amusant de son côté visiblement beaucoup, l'étrangère fit des moulinets avec ses bras pour que les manches pendantes s'y enroulent, avant de se retourner à nouveau, envoyant à l'adolescent troublé un clin d'œil complice.

"Je te laisse m'attacher, Yuji, c'est une sacrée preuve de confiance ! Essaie de ne pas en abuser !" s'amusa-t-elle avant de pouffer doucement de rire, n'aidant absolument pas son vis-à-vis à la torture.

Vraiment, elle ne se rendait pas compte de ce qu'elle disait...

Se raisonnant autant qu'il lui était possible de le faire, Itadori s'approcha, passant ses mains contre la taille fine de la jeune femme, y plaquant la large ceinture. Cette position l'obligeait à se tenir tout contre la demoiselle, le saturant de son aura et son parfum. Pourquoi diable n'avaient-ils simplement pas pu aller à ce festival en jogging ?

Essayant de ne pas penser à cette terrible proximité, Yuji fit passer plusieurs fois l'épais tissu autour de l'étrangère qui l'aidait à le maintenir bien à plat contre son ventre avant de finalement venir faire un nœud de rosette assez simple dans son dos, semblable à celui qu'il utilisait pour lacer ses chaussures. Le résultat était correct pour une première, et, hélas, il ne saurait pas faire mieux.

"Voilà, Sempai... J'ai fait mon maximum !" Il s'éloigna de quelques pas alors qu'elle tentait de regarder dans son dos, un sourire radieux aux lèvres, adorant d'ores et déjà le résultat du travail du garçon.

"C'est parfait, Yuji, merci beaucoup ! Sans toi je n'y serais pas arrivée... Merci, merci !" Portée par son entrain, l'hybride bondit à côté de l'adolescent, se hissant sur la pointe des pieds pour déposer un baiser léger sur sa joue, avant de se souvenir des nombreuses couches de maquillage qu'elle avait passé un temps considérable à appliquer sur sa peau, se reculant un peu. "Oups, désolée, ton camouflage..."

"C'est rien, Sempai." souffla le futur exorciste qui se moquait bien de son make-up autant que de sa première couche "Vous... vous êtes... ça vous va très bien..."

"Tu trouves ?" Elle tournoya sur elle-même, éblouissante d'une joie candide et brute, bouleversant un rien le lycéen.

"Oui... " reprit-il d'une voix douce "Je... je vais terminer de me déguiser, je vous rejoins au salon, d'accord ?"

"Tu n'as pas besoin d'aide ?" questionna-t-elle en se rapprochant de lui, à son grand damne.

"NON... " Il fallait qu'il reprenne ses esprits, il avait besoin d'être un peu seul. "Je veux dire, non, ça va, Sempai. J'arrive dans quelques minutes."

"Humm... D'accord ! Comme tu veux !" Elle lui adressa un dernier sourire, se penchant vers lui pour aller se saisir de son téléphone avant de se retourner, s'éloignant d'un pas plein d'entrain "A tout de suite, Yuji ! Si tu as besoin, je suis là !"

Elle se dirigea vers le salon, sautant dans le canapé, ressentant un profond contentement. Elle avait tellement hâte d'aller au festival, maintenant ! Et de voir Yuji complètement déguisé... A quoi allait-il bien pouvoir ressembler, en brun, avec les cheveux plus longs et des yeux verts ? Vu son charmant visage, il sera surement très beau, elle n'en doutait pas. Peut-être aurait-elle dû chercher à l'enlaidir un peu, histoire de ne pas attirer l'attention de toutes les femmes qu'ils allaient croiser... Mais elle ne voyait pas bien comment elle aurait pu faire. Kali vint se saisir des fausses lunettes qui trainaient sur la table basse, les enfilant avec amusement. Rien ne pourrait étouffer le charisme solaire de l'adolescent, aucun artifice ni déguisement...

"Ka... Kali-sempai, c'est bon, je suis prêt... On peut y aller..."

Kali se retourna dans l'instant en entendant la voix de l'adolescent, découvrant Yuji à quelques pas, lui arrachant un nouveau sourire.

"Whaou, Yuji ! Tu es... méconnaissable !"

Kali bondit vers son colocataire, s'arrêtant à quelques pas pour le détailler sans vergogne, admirant son travail de composition. Son corps puissant était définitivement mis en valeur par le Yukata orange l'enserrant, laissant deviner sa puissante carrure sous le tissu à la couleur vive. Le noir brillant des cheveux mi longs et ébouriffés de la perruque durcissait naturellement les traits du jeune homme, les camouflant un peu tout en lui donnant l'air plus âgé. Le vert profond des lentilles, quant à lui, tranchait avec le teint halé de sa peau, effaçant la douceur naturelle qu'on y lisait habituellement. Le maquillage, cachant ses cicatrices, ajouté à cela, on aurait presque dit une toute autre personne ! Un cousin éloigné, peut-être...

"Et la dernière touche..." Kali retira les lunettes fictives qu'elle avait mise sur son nez et vint les placer avec une infinie délicatesse sur celui de son vis-à-vis, terminant de le vieillir un peu plus. Il aurait facilement pu paraitre majeur ainsi accoutré !

"Je ne suis pas peu fière, j'avoue..." murmura Kali, s'éloignant un peu en croisant les bras sous sa poitrine. "On peut y aller sans crainte, personne ne te reconnaitra !"

"Vous êtes certaine ?" Yuji vint se gratter un peu la nuque, ne s'étant pas encore habitué à l'étrange sensation de la perruque sur sa tête, ni celle, encore plus étrange, des lentilles contre ses yeux.

"Oui, je t'assure ! Ça te va plutôt pas mal..." L'européenne se pencha vers lui, s'attrapant le menton d'une main, joueuse. "Même si tu es bien plus beau au naturel, bien sûr !"

"Que... vraiment ?" souffla Yuji, le peu de calme qu'il était parvenu à retrouver commençant déjà à s'effriter.

"Hum !" éluda la demoiselle, avant de venir attraper une main de son interlocuteur, commençant déjà à l'entrainer vers le couloir. "Bon... On y va ? On est prêts, non ?"

"Oui... Allons-y, Sempai ! Vous avez bien votre téléphone et tout le reste ?"

"Oh punaise, mon téléphone..." La jeune femme retourna rapidement sur ses pas, venant se saisir de son mobile abandonné sur la table ainsi qu'un petit sac en forme de bourse assorti à sa tenue, avant de revenir auprès de l'adolescent. Ils se sourirent alors, se dirigeant sans plus perdre de temps vers l'étage supérieur du sanctuaire abandonné puis vers sa sortie. Itadori respira profondément l'air de l'extérieur, le savourant pour la première fois depuis ce qui lui paraissait être une éternité.

En cet instant précis, il ressentit presque de la compassion pour Sukuna qui, lui, avait passé 1000 ans emprisonné loin de cette simple sensation de fraicheur, coincé dans ses reliques. S'il avait été conscient tout ce temps, cela avait dû être terriblement long, il fallait bien le reconnaitre.

Utilisant dans un premier temps le GPS du téléphone de Kali, les deux clandestins se parcoururent rapidement les ruelles animées de la ville portuaire, n'en ayant bientôt plus l'utilité tant le flot de personnes revêtant des tenues traditionnelles leur indiquait le chemin à suivre. L'ambiance était festive, l'air chaud de cette fin de journée était chargée d'éclats de rires et de notes de musiques, faisant trépigner l'européenne, amusant le lycéen. En cet instant, si lui paraissait plus vieux que son âge, elle, à contrario, semblait terriblement plus jeune.

"Olala, il y a tellement de monde !" murmura Kali, impressionnée par la foule qui ne cessait de grossir au fur et à mesure qu'ils s'approchaient de l'épicentre des festivités, non loin du temple majeur de la ville. Jamais, dans sa courte existence, elle n'avait été confrontée à une telle marée humaine, l'impressionnant un peu.

"Ne me perdez pas de vue, Sempai. Dans une telle foule, il est facile de se perdre. Et je n'ai pas de téléphone avec moi ! " C'était une des mesures de sécurité de Gojo depuis sa résurrection, le garçon devait se tenir le plus à distance possible de tout smartphone ou appareil connecté pouvant trahir sa position.

L'hybride acquiesça et alla se coller un peu plus à son colocataire, un peu mal à l'aise face au sentiment d'oppression que faisait naitre en elle toutes ces auras anonymes l'assaillant de toute part. Visiblement, les bains de foules, c'était pas son fort.

D'un coup, elle sentit son téléphone vibrer dans sa main, la sonnerie se perdant dans le brouhaha environnant, la faisant s'arrêter un instant. Elle balaya l'écran du doigt, découvrant un message de Gojo.

*Amusez-vous bien les chatons ! Une heure, pas de folies, beaucoup de sobas ! Oubliez pas ma photo !*

Le sms arracha un sourire à la jeune femme. "Yuji, c'est Gojo... Qu'il est bête, vraim..." Elle releva la tête, se rendant alors compte que son interlocuteur n'était absolument plus à ses côtés, lui glaçant le sang.

Quelle idiote ! Elle avait arrêté d'avancer sans prévenir le lycéen, faisant exactement ce qu'il lui avait demandé d'éviter de faire. Comment allait-elle le retrouver à présent, dans cette marée humaine ? Elle devait avancer, elle le retrouverait surement... Hélas, vu sa petite stature et la masse de gens l'entourant, elle ne parvenait pas à se frayer un chemin ni voir loin devant elle, faisant s'embraser en elle une vive angoisse teintée d'une peur plus profonde et vicieuse, viscérale, remontant d'avant son éveil. Elle se sentait ballotée, écrasée, l'idée de ne pas retrouver Yuji l'effrayant de plus en plus au fil des minutes, ainsi que de lui avoir fait courir un risque inutile pour finalement le perdre de vue au bout de quelques instants seulement. Elle avait envie de crier son prénom, mais sa voix lui paraissait étranglée dans sa gorge par la panique grondante, lui faisant presque monter les larmes aux yeux. Mais quelle crétine, franchement ! Sukuna avait raison, elle n'était qu'une...

D'un coup une main vint se refermer autour de son poignet, l'entrainant sur le côté, l'extirpant un peu de la foule. Elle se retrouva plaquée contre un torse puissant, enserrée par des bras musclés et implacables, une aura qu'elle ne reconnaissait que trop bien saturant ses sens.

"Kali-sempai... Je vous ai retrouvée..." murmura Yuji à son oreille d'une voix où transpirait l'inquiétude, faisant culpabiliser l'hybride qui enlaça avec force le jeune homme, serrant dans ses mains le tissu rêche de son Yukata, y nichant son minois.

"Pardon, Yuji... J'ai pas fait attention...pardon..." Elle releva son visage vers le sien, une larme glissant malgré elle le long de sa joue, crevant le cœur de son interlocuteur.

L'intéressé la fixa, le souffle court, posant une main sur sa joue, la tension terrible l'aillant écraser ces dernières minutes s'envolant de ses épaules. Il l'avait retrouvé, c'était là tout ce qui lui importait... Il vint balayer avec douceur d'un doigt la larme de sa vis-à-vis avant se lover contre elle, enfouissant son visage contre le sien. "C'est rien, Sempai... Tout va bien... Calmez-vous..."

"Je... Je crois que j'aime pas les grosses foules..." chuchota la demoiselle, touchant l'adolescent qui pouvait effectivement percevoir un très léger tremblement secouant le corps de la jeune femme qu'il tenait entre ses bras.

"Vous préférez qu'on fasse demi-tour et que l'on rentre ?" finit-il par dire après un bref instant de réflexion, se redressant un peu, allant encrer ses yeux déguisés dans ceux, confus, de la demi-démone.

"NON !" se défendit-elle instantanément, secouant négativement la tête. "Non, surtout pas... mais juste... Ne me lâche pas, Yuji... S'il plait..."

"Sous aucun prétexte, Kali-sempai." Il vint se saisir de sa main, la serrant avec délicatesse, mêlant ses doigts aux siens. "Je vous le jure."

Elle glissa sa main contre sa joue, allant ensuite remettre un peu d'ordre dans les mèches revêches de la perruque du jeune homme, un petit sourire flottant sur ses lèvres. "Merci...Je vais finir par t'appeler abhidhaavac, toi aussi..."

"Ce serait un grand honneur..." soupira Yuji, un peu bouleversé par sa proposition en connaissant la haute estime qu'avait l'européenne pour son protecteur. "Vous vous sentez prête à affronter la foule ?"

"Avec toi à mes côtés, sans l'ombre d'une hésitation." assura Kali, mentant un petit peu à son interlocuteur, refusant de leur faire perdre plus de temps à profiter du festival à cause de sa soudaine agoraphobie, préférant la passer sous silence.

Ils se sourirent, puis ils se jetèrent à nouveau dans la marée humaine s'étant encore accrue pendant leur courte pause, faisant instantanément se tendre un peu l'hybride qui alla attraper le bras de Yuji de sa main libre, resserrant sa prise sur sa main. Elle se sentait tellement sans défense dans ce marasme, entre le nombre d'auras les entourant et ses scellés la privant de ses pouvoirs dont elle devait, de toute manière, limiter l'usage à ses seuls moments de chasse. Si l'adolescent n'avait pas été là, elle aurait très certainement fait demi-tour, elle devait se l'avouer...

Ils approchèrent périlleusement de l'épicentre des festivités se tenant aux pieds du temple shinto Tsurugaoka Hachiman, la musique battant à présent son plein, le bruit des percussions emplissant l'air chaud de ce début de soirée. De part et d'autre de la large rue se tenaient d'innombrables stands colorés devant lesquels s'attardaient les badauds, offrant une profusion incroyable de plats cuisinés sur place à l'odeur alléchantes, de talismans divers, des jeux multiples pour tous les âges... Jamais Kali n'avait participé à un évènement de cette taille, Prasard l'ayant protégée du reste du monde entre les murs protecteurs de son manoir aussi longtemps qu'il l'avait pu. C'était à la fois grisant et intimidant, saturant ses sens d'adrénaline.

"Sempai !" Yuji semblait quant à lui radieux, retrouvant ici des sensations de normalité dont il avait été complètement privé depuis une éternité. "Qu'est-ce que vous voulez faire pour commencer ? Vous voulez que l'on aille prendre quelque chose à manger ?"

Il avait l'air si heureux, son sourire éblouissant apaisant un peu les craintes de l'européenne. Il était hors de question de lui gâcher son plaisir. Lui, plus que tout autre au monde, méritait de prendre du bon temps. Kali lui répondit alors en souriant à son tour, tentant d'enfermer au plus profond de son être ses peurs insensées. "Tout ce que tu veux, Yuji ! Je te suis lui yeux fermés."

L'adolescent rayonna littéralement à cette réponse, se frayant un chemin au milieu de la foule en prenant soin de protéger sa précieuse colocataire de toute bousculade. "Qu'est-ce qui vous tenterez ? C'est vrai qu'on mange habituellement des sobas au Tanabata, mais il n'y a pas que ça ! J'ai vu un stand de takoyaki, et un de yakitoris qui avait l'air très sympa ! Oh, et là-bas, on dirait qu'il y a même des okonomiyakis ! "

En énumérant tout cela, les yeux faussement émeraude du jeune homme pétillaient littéralement, trahissant une faim terrible qui fit rire l'hybride. Il était tellement adorable... "Pourquoi choisir, Yuji ? On pourrait prendre un peu de tout et se faire une sorte de buffet quelque part, qu'en dis-tu ?"

A ces mots, l'intéressé la fixa avec une intensité enfantine, visiblement des plus charmés par cette proposition. "Vraiment ? Vous voulez ?"

Kali ne put s'empêcher de pouffer légèrement de rire en voyant son air de chaton machiavéliquement mignon, lui donnant dans l'instant envie de lui céder. Décidément, entre lui et le démon millénaire qu'il hébergeait, ils avaient vraiment une passion commune pour la nourriture... Mais bon, elle était assez mal placée pour les juger... "Si je te le dis, Yuji. Comment veux-tu que l'on procède ? On se sépare pour aller plus vite ou bien..."

"Hors de question de se séparer !" Itadori la fixa avec sérieux, la prenant un peu de court, resserrant sa main autour de la sienne, comme pour la dissuader de toute tentative de fugue. "On y va ensemble, sempai, je ne veux plus vous perdre de vue."

Passé la surprise, la demoiselle acquiesça, touchée par l'implication du garçon, allant lui caresser tendrement la joue de sa main libre. "ça me convient tout à fait aussi... Je te suis alors..."

Le futur chaman ferma un bref instant les yeux, savourant le doux contact de ses doigts contre sa peau, rêvant de les lui saisir pour y déposer un baiser... Mais il se ressaisit rapidement, s'extirpant de ses rêveries, tentant de se focaliser sur leur objectif actuel à savoir trouver leur futur dîner.

Ils se sourirent une poignée de secondes, terriblement complices, avant de commencer à arpenter les allées du festival, s'arrêtant çà et là pour commander des plats à emporter, alourdissant progressivement leur bras libre à chacun, Yuji refusant obstinément de lâcher la main de l'hybride plus de quelques secondes. Une fois une profusion gargantuesque de nourriture achetée, grâce, une nouvelle fois, aux fonds de Prasad, les deux chatons clandestins cherchèrent un endroit un peu à l'écart pour s'installer et déguster leur festin, s'enfonçant dans les ruelles parallèles au sanctuaire, plus désertées que l'artère principale.

Au bout de quelques minutes ils arrivèrent près de la rivière Nameri qui traversait la ville, gonflée d'un flot vivace dû aux pluies d'il y avait une dizaine de jour seulement. Le bruit, ainsi que la foule, n'était ici qu'un murmure lointain et étouffé par le glougloutement de l'eau bouillonnante se jetant vers la mer, allégeant irrémédiablement le cœur de l'hybride. Les deux jeunes gens marchèrent encore un peu avant de tomber bientôt sur un espace boisé des plus charmants, un banc vide n'appelant qu'eux au milieu de brassée de hauts bambous coupés attendant sagement d'être amenés au cœur du festival. Un lampadaire à la lumière douce surplombait l'ensemble, baignant l'espace d'une lueur délicate attirant déjà quelques lucioles timides et brillantes dans son giron.

"Kali-sempai... Ici c'est parfait, vous ne trouvez pas ?" Yuji, qui avait passé une grande partie de ces derniers jours à dévorer un nombre improbable de films, dont certains des plus romantiques, ne s'empêcher de trouver cet endroit des plus propices à un tête à tête avec la toute jeune demi démone, lui faisant se resserrer un peu sa prise sur sa main délicate.

"Oui, c'est terriblement mignon comme endroit... " acquiesça sa vis-à-vis, détaillant avec plaisir chaque parcelle de l'espace idyllique leur tendant les bras. "Il y a même des bambous ! Moi, je dis, adjugé ! "

Ils échangèrent un sourire avant d'aller s'installer sur le banc n'attendant qu'eux, commençant à déballer l'amoncellement incongru de plats qu'ils avaient acheté, les planches de bois nues de l'assise se retrouvant très rapidement couverte d'emballages divers d'où s'échappaient de délicieuses fragrances.

"On a.… un peu exagéré... non ?" Souffla Kali qui prenait quelques clichés avec son téléphone pour les envoyer à son protecteur, Yuji se penchant malicieusement devant l'objectif en souriant.

"Ne vous inquiétez pas Sempai... J'ai une faim de loup, il n'en restera pas une miette !" assura le lycéen, visiblement affamé.

"Je suis impressionnée..." s'amusa l'européenne en envoyant son message, glissant un regard taquin à son interlocuteur. "C'est dû à quoi, cet appétit, tu penses ? A ta nature, ta croissance, ou au fait que tu manges pour deux en comptant Sukuna-san ?"

"J'en sais rien..." éluda l'adolescent dans un haussement d'épaules, tendant une paire de baguettes et une serviette à la demoiselle, ne voulant absolument pas penser à son démon d'invité. "Les trois, peut-être ? J'ai toujours eu pas mal d'appétit mais c'est vrai que depuis que j'ai bouffé son premier doigt je mange beaucoup plus... Vous pensez que je suis un goinfre, Kali-sempai ?"

A cette question la porteuse des flammes d'ombres éclata de rire, faisant un peu rougir le futur chaman. "Un goinfre ? Yuji, tu ne m'as jamais vu dévorer l'orbe d'un fléau quand je suis en manque d'énergie occulte... C'est à faire rougir les pires gorets ! Alors je suis mal placée pour juger qui que ce soit ! Mais, pour l'heure, un festin nous attend, ne le laissons pas refroidir..." Elle vint séparer ses baguettes d'un geste vif avant de plaquer ses mains l'une contre l'autre, souriante. "Merci à tous ceux ayant cuisiné pour nous régaler, bon appétit, Yuji !"

Le jeune homme l'imita alors, un sourire flottant sur ses lèvres. "Merci à eux, bon appétit Sempai !"

Sans plus attendre ils commencèrent à picorer dans l'amoncellement de plats, ponctuant chacune de leurs nouvelles bouchées de soupirs appréciateurs, visiblement comblés.

"Oh mon dieu, Yuji !" Marmonna Kali qui mâchonnait avec délice une boulette incroyablement fondante au poulpe, au bord de l'extase, mettant une main devant sa bouche. "C'est tellement bon ! J'adore définitivement la cuisine japonaise !"

"Vous trouvez ?" Répondit son interlocuteur en terminant d'avaler une énorme bouchée de nouilles sobas magnifiquement caramélisées dans la sauce soja, un sourire extatique aux lèvres. "Je suis heureux si ça vous plait !"

" Si ça me plait ?" Répéta la demi démone, taquine. "C'est un euphémisme ! Tout est si délicieux !" Une pensée des plus fourbes jaillit alors dans son esprit, lui tirant une grimace qui échappa à Itadori, trop occupé à batailler avec un énorme bout de tonkatsu fourré au fromage, la mozzarella un rien caoutchouteuse s'étirant à l'infini entre ses lèvres et ses baguettes. "Enfin... certains trucs mis à part.…" bougonna-t-elle en pensant à un certain poisson fermenté, allant planter ses baguettes dans un bout de karaage avant de le gober avec un peu de hargne.

Pourquoi le roi des démons s'invitait-il ainsi dans ses pensées tout le temps ? Elle ne voulait pourtant pas penser à lui... Pourtant, c'était plus fort qu'elle, elle ne pouvait s'empêcher de l'imaginer ici, avec eux, jugeant avec dédain de sa voix grave et sensuelle de la qualité excellente des plats qu'ils mangeaient, les savourant pourtant sans l'avouer, comme le gamin hautain qu'il était.

"Kali-sempai, vous avez testé ça ?"

La voix de Yuji l'extirpa de ses pensées, la faisant le fixer de ses yeux d'or, lui et son déguisement improbable le rendant physiquement si différent de lui-même alors que son aura incroyable, elle, demeurait inimitable. Elle aurait tant aimé lui retirer tous ces artifices pour le voir juste tel qui était, solaire, avec ses cheveux châtains à la nuance si particulière et ses yeux couleurs noisette tellement tendres...

Il lui tendait dans un sourire une brochette yakitori de saumon glacé à la sauce soja, lui donnant immédiatement une idée des plus distrayantes... Un rien mutine, la jeune femme se pencha immédiatement vers l'aliment ainsi offert à sa portée, le mordant avec malice, en arrachant un bout avec un rien de sauvagerie, bougeant la tête de gauche à droite, se mettant de la sauce brune un peu partout autour de la bouche. Alors qu'elle se redressait, savourant le goût effectivement incroyable du poisson des plus fondants sur sa langue, elle vint récolter d'un revers de pouce les restes de la marinade caramélisée sur ses lèvres, faisant déglutir Itadori qui la dévisageait, un rien bouche bée, son pouls s'accélérant doucement.

"Un délice, Yuji..." finit par dire l'hybride en venant récolter la sauce sur son doigt du bout des lèvres, terminant de faire perdre pied au jeune homme qui sentit son corps se tendre d'une tension sexuelle terrible, lui serrant les entrailles. Comment pouvait-on être à la fois aussi mignonne et aguicheuse en même temps ? S'en rendait-elle seulement compte ou ne faisait-elle que suivre l'impulsion de ses envies, sans filtre et dans limite, bien trop jeune pour se rendre réellement compte de la portée de ses actes ?

Alors qu'il réfléchissait à cela, l'objet de ses fantasmes s'était à nouveau penché vers lui, venant planter avec énergie ses dents autour de la brochette, l'arrachant de sa main dans un sourire amusé et innocent, répondant sans s'en rendre compte aux questionnements de l'adolescent. Indubitablement, elle ne se rendait pas vraiment compte de sa propre image, il en était à présent persuadé alors qu'il la regardait dévorait avec un entrain détaché son butin, mordillant avec application le bâton de bois à présent nu de ses dents pour récolter les dernières miettes de saumon.

"Hum ?" laissa-t-elle tomber, le pic toujours entre les lèvres, haussant les sourcils en fixant le futur exorciste, étonnée de son immobilité soudaine. "Quelque chose ne pas, Yuji ?"

"Ah... Non, absolument pas, Sempai !" se défendit immédiatement le lycéen, passant une main dans sa nuque, surpris d'y sentir des cheveux raides sous ses doigts. Il alla attraper de ses baguettes un bout d'okonomiyaki qu'il enfourna avec précipitation pour se donner contenance, cherchant à calmer l'excitation parcourant son corps. Vraiment, il ne se reconnaissait plus lui-même...

Ils continuèrent à dîner quelques minutes, l'adolescent essayant de noyer ses envies sensuelles sous un amas inconvenant de nourriture, dévorant les plats s'étalant sur leur table improvisée alors que l'européenne s'était arrêtée de manger, repue et des plus satisfaites de ce festin, soupirant doucement.

"Yuji, tu vas te rendre malade..." finit par dire l'hybride, impressionnée par la quantité colossale de nourriture que pouvait encore emmagasiner son colocataire, elle-même rassasiée pour un bon moment, la ceinture de son Yukata l'enserrant bien plus qu'auparavant.

Le réceptacle du fléau millénaire secouant négativement la tête tout en terminant le large plat de Sobas qu'ils avaient acheté, déterminé à ne rien laisser. "Mon grand-père disait toujours que la nourriture, c'était sacré et que ça ne se gâchait pas !"

"Je suis d'accord avec toi, Yuji... " commença doucement Kali en rassemblant toutes les boites vides en une pile. "Mais on aurait pu aussi ramener les restes chez nous, tu sais..."

Chez nous...

En entendant ces simples mots le lycéen termina d'avaler sa bouchée, profondément touché. Chez eux... Cela faisait juste une poignée de jours que la jeune femme avait emménagé dans le sanctuaire, pour être à ses côtés, mais elle appelait déjà ce lieu vétuste avec un terme tel que celui-ci... C'était tellement adorable...

"On peut toujours ramener ce qu'il reste..." murmura le lycéen, regardant l'espace la séparant de la demi démone à présent déblayer de presque tous les plats, un dernier yakitori trônant dans sa boite noire étant le seul survivant de leur repas, lui faisant hausser les sourcils. Il avait vraiment avalé tout le reste ?

Kali le fixa un instant, plaquant la main devant sa bouche en se rendant compte que son vis-à-vis avait englouti tous ces aliments sans même s'en apercevoir, étouffant un rire qui ne demandait qu'à jaillir, faisant pétiller ses yeux d'amusement.

Malicieuse, elle vint se saisir du couvercle correspondant au plat de la brochette, le posant solennellement par-dessus l'unique met rescapé de la faim gargantuesque du futur chaman, le soulevant avec un respect exagéré. " Ceci est donc... la précieuse brochette... survivante entre toutes... Elle sera ramenée à la maison et adulée comme il se doit..."

"Vous vous moquez, Sempai !"s'indigna Yuji qui ne put cependant pas s'empêcher de rire en la voyant baisser la tête et porter aussi haut que le lui permettaient ses bras la boite en plastique, tel un objet sacré, terriblement taquine.

"Grand dieu, je n'oserai pas !" rétorqua-t-elle, faussement outrée, venant plaquer le Yakitori contre sa poitrine. "J'aurai trop peur que tu me manges si c'était le cas …"

"Mais naaaaan !" s'indigna le lycéen, un immense sourire aux lèvres malgré tout, ne pouvant résister à la mine comique de son interlocutrice.

"Bon, arrêtons de rigoler..." reprit plus sérieusement la demi démone, calmant instantanément le jeune homme déguisé. "maintenant que tu dois avoir avalé l'équivalent d'un mammouth, on va pouvoir passer aux choses sérieuses..."

"Aux... aux choses sérieuses ?" répéta Itadori alors que Kali posait la brochette derrière elle, déblayant ensuite toutes les boites vides en les déposant au sol, intriguant son colocataire.

Elle vint ensuite enfiler ses mains dans les larges manches de son yukata, y farfouillant un peu, une moue aux lèvres, avant d'afficher un sourire malicieux, scrutant le lycéen avec une lueur calculatrice. D'un coup elle lui brandit sous le nez une poignée de cartons colorées et quelques stylos qu'elle extirpa de l'ouverture de ses manches, visiblement ravie de son effet.

"TADA ! C'est l'heure de faire des vœux ! Le ciel est clair, y a pas d'excuse !"

Yuji se recula un peu, écarquillant les yeux, son regard passant alternativement entre les papiers et la jeune femme, confus. "Mais... Mais quand avez-vous récupérez..."

"Tututu ! Un magicien ne révèle jamais ses tours, Yu-ji !" Eluda-t-elle en venant poser les cartons sur ses lèvres, terriblement joueuse. "Tient, c'est pour toi, écrit ce qui te plait !" Elle lui fourra alors entre les mains quelques papiers ainsi qu'un stylo, retournant ensuite s'assoir de son coté du banc, très sérieuse. "Il ne faut pas dire son vœu, tu sais... Sinon il ne se réalisera pas... Alors je regarderai pas le tien, mais toi, tu dois en faire de même !"

Yuji regarda les cartons vierges, un peu perdu. Des vœux, il en avait tellement... Être à la hauteur des attentes bienveillantes mais implacables de son grand père sur son lit de mort, réussir à protéger les gens, parvenir à échapper à la peine de mort lui pendant au nez, pouvoir retrouver ses amis et qu'ils se portent au mieux, rendre fier son professeur Gojo qui prenait tant de risques pour lui, botter le cul de Sukuna, pouvoir passer à l'étape supérieur avec Kali... Comment pouvait-il tous les résumer en un seul ?

"Fini ! " S'écria soudainement la demoiselle, faisant sursauter le réceptacle du démon. Elle avait déjà trouvé ?

"Je … je me dépêche..." murmura l'adolescent, réfléchissant à toute vitesse. S'il devait résumer toutes ses pensées en une seule... Il aurait dit... D'une main un peu maladroite il écrivit sur le carton une phrase où pouvait se lire *Aller au Tanabata l'an prochain avec tous ceux que j'aime*. Cela pouvait paraitre un peu simpliste mais ce seul souhait impliquait énormément de choses... La survie de ses amis et proches, la sienne, le fait qu'ils soient tous en un seul morceau, que le monde n'est pas été détruit par le roi des fléaux qu'il portait... Il n'aurait pas pu mieux trouver en cet instant.

"On doit les mettre sur les bambous maintenant, c'est bien ça ?" Questionna Kali en se mettant debout en un bon, se dirigeant vers les hautes branches d'un vert tendre les attendant non loin.

"Oui, le plus haut possible !" Répondit Yuji en la rejoignant, fixant de ses lentilles les feuilles les plus élevées.

"Mais... Comment on va faire ?" s'interrogea l'européenne qui s'imaginait déjà devoir utiliser ses pouvoirs pour flotter jusqu'à la cime, caressant inconsciemment ses scellés.

"Tenez cela, Sempai..." dit Yuji en lui tendant le carton jaune portant son vœu, un sourire aux lèvres" Je m'en charge !"

Sans plus attendre il alla jusqu'au fagot de bambou le plus proche, le prenant à bras le corps pour le venir le coucher comme si de rien n'était, arrachant un rire à sa colocataire toujours admirative de sa puissance naturelle.

"J'oublie parfois à quel point tu es époustouflant, Yuji..." s'amusa-t-elle en se dirigeant vers la pointe des branches vertes, ne voyant ainsi pas la rougeur s'épanouissant que les pommettes de son interlocuteur. Elle attacha ensuite consciencieusement les bout de papier aux fines branches des tiges de bambou les plus hautes, un sourire tendre aux lèvres. Si, avec cela, leurs souhaits ne se réalisaient pas... "C'est bon, c 'est attaché !"

D'un mouvement souple le lycéen redressa le fagot de verdure, emmenant aux sommets les deux vœux dont les couleurs pastels se détachaient sur le ciel étoilé les surplombant.

"Merci, Yuji !" s'enthousiasma la demoiselle en bondissant auprès de l'adolescent, venant naturellement l'enlacer, ses yeux ne pouvant pas se détacher des petits cartons ballotés à quelques mètres au-dessus de leur tête, la ravissant complètement.

"Tout le plaisir est pour moi, Sempai..." souffla Itadori, venant enserrer de ses bras la demoiselle, savourant avec un peu de culpabilité la sensation de son corps contre le sien.

La jeune femme vint lover son visage dans son cou, s'enivrant du parfum de sa peau ainsi que de son aura, lui donnant presque envie de le mordre pour le gouter de sa langue.

Yuji frissonna, saturé par l'envie de passer une autre étape avec l'hybride, venant passer une main dans sa nuque, savourant la douceur ineffable de sa peau sous ses doigts. Kali se redressa un peu, électrisée par cette exquise sensation, plongeant son regard d'or dans celui de son vis-à-vis, comme hypnotisée. Ça serait tellement naturel de l'embrasser, là, maintenant... autant que le fait de respirer...

Lentement, comme attirés l'un vers l'autre par une loi d'attraction newtonienne, les deux jeunes gens se rapprochèrent, leur souffle se mêlant alors que leurs lèvres n'étaient séparées que de quelques centimètres seulement...

"Sem...pai..."

D'un coup la sonnerie terriblement pinçante et angoissante du film 'l'exorciste' retentit entre eux, les faisant sursauter dans l'instant, s'éloignant, comme prit la main dans le sac, leur visage s'empourprant irrémédiablement.

"Putain, pas lui..." siffla entre ses dents Kali, allant se saisir de son téléphone caché dans une de ses manches, fusillant avec rage son mobile où s'affichait un nom qu'elle n'aurait pas préféré voir ce soir. Elle décrocha, de mauvaise humeur, faisant volte face pour que son adorable colocataire ne puisse pas voir la grimace colérique déformant son visage.

"QUOI, GOJO ?" cracha-t-elle, de mauvais poil, souhaitant en cette seconde voir l'exorciste de rang S sans un four.

"Oula, je dérange, mignonette ? " S'amusa l'homme aux cheveux de neige, terminant d'irriter l'hybride qui aurait mille fois préféré avoir ses lèvres plaquées contre celles de l'adolescent en cet instant plutôt que de devoir s'en servir pour parler au porteur du sixième œil.

"Qu'est-ce que tu veux donc, très impromptu ami ?" ironisa l'européenne, serrant un peu trop fortement son téléphone dans sa main, passant à deux doigts de le briser.

"Vu mes estimations, ça doit faire presque deux heures que vous êtes au festival... Alors c'est l'heure de rentrer ! En plus, vous ne m'avez même pas envoyé de photos de vous, c'est cruel..." s'amusa Satoru, un sourire mutin aux lèvres.

"Fais gaffe à tes vœux, je peux t'en envoyer une de photo, pas sûr que tu sois ravi du résultat..."

"Roh, tu es tellement dure... J'ai vraiment du tomber au mauvais moment..." s'amusa l'exorciste qui se disait malgré tout qu'il aurait peut-être du téléphoner quelques minutes plus tard. "Mais quoi qu'il en soit, c'est l'heure de rentrer, mes petites cendrillons... Hop hop hop !"

"C'est déjà l'heure, Kali-sempai ?" questionna Yuji, ayant compris que c'était son improbable professeur au bout du fil.

"Ecoute Yuji, Choupinette. Lui est sage..." souffla l'intéressé, arrachant une moue enfantine et boudeuse à l'européenne aux yeux d'or. "Et n'oubliez pas ma photo de vous deux !"

"Je vais raccrocher, Gojo... bonne soirée..." se contenta de dire Kali en levant les yeux au ciel, joignant l'acte à la parole.

Elle raccrocha avec mauvaise humeur, se tournant vers son vis-à-vis, une lueur un peu mécontente ombrant son regard. "Yuji..."

Il lui tendit la main, un sourire aux lèvres, cherchant à cacher sa déception par rapport à la fin un peu abrupte de leur tête à tête. "On a déjà eu de la chance de pouvoir venir." tenta de temporiser un peu le lycéen, apaisant instantanément don interlocutrice, allant rassembler les boites vides de leur festin dans un sac plastique, posant la brochette rescapée au sommet. Il tendit ensuite sa main libre vers Kali, un sourire tendre illuminant son visage fardé. "Rentrons, Sempai... Ensemble."

Elle lui prit la main, allant se lover contre son bras. La bulle parfaite qui s'était créée autour d'eux avait éclaté mais leur aisance mutuelle demeurait intacte.

"Oui... Ensemble, Yuji... je te suis..." murmura dans un souffle Kali, mêlant ses doigts aux siens, un sourire naissant immédiatement sur ses lèvres.

Sans un mot ils reprirent la route, les mains entrelacées, retournant d'un pas léger vers le refuge qui étaient à présent leur chez eux à tous les deux... ou, plutôt, malgré l'étrange silence de Sukuna au cours de la soirée, à tous les trois...

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Mot de l'auteur :

M : AAAAAAAAAAAAAAAAAH !

Gojo, haussant un sourcil : oui ?

M, respirant lourdement : oui, bah moi aussi j'ai le droit ! Je viens de faire un vlog de près de 10 000 mots, j'ai le droit de crier !

Gojo : Bah quoi ?

M : Bah rien... ils étaient tellement choupinoupinou que j'ai pas pu m'empêcher de les suivre TOUT LE LONG mais bon, je préfère quand même quand Sukuna est dans la place...

Sukuna : Ah bah voilà, enfin une parole sensée !

M : on te voit dans le prochain chapitre, je compte sur toi...

Sukuna : si la crevette est agoraphobe, elle a qu'à venir dans mon espace intérieur, y a juste ma majestueuse personne.

Gojo : pas sûr que ce soit moins oppressant en fait …

Sukuna, outré : PARDON ?

Yuji, prenant un comprimé effervescent pour aider à la digestion : Je suis d'accord par le professeur !

Sukuna, le pointant du doigt : Toi, le goret, tu auras le droit à la parole quand tu seras capable d'embrasser une fille qui s'offres à toi ! Quoi que non, oublies ce que je viens de dire, ça m'arrange ! T'y touches pas, la crevette, elle est pour moi... Je peux avoir un autre réceptacle ?

M : moi je voudrais bien un million d'euros sur mon compte et chris evans en masseur personnel, chacun ses soucis Sukuna...

Sukuna, blasé : peuh, c 'est mesquin...

M : réaliste ! En tous cas, merci à tous de nous lire, de commenter et de voter ! Merci beaucoup! J'espère que ce chapitre entre les deux chatons vous aura plu, ils sont mignonets ensemble ! Je vous rassure, Sukuna revient le chapitre prochain, il a pas perdu une miette de ce qui s'est passé et est déterminé à intervenir !

Des bisous, à très vite !