"Maharani, qu'est-ce que vous dîtes ? Votre pentacle commence à s'étendre ? Mais c'est une catastrophe !"
La voix du vieil indou était chargée d'inquiétude, arrachant une grimace à l'européenne, cause de tous ses maux. Elle pouvait l'imaginer, lui et son visage buriné par les années, ses lunettes à oxygène sous son nez, crispant ses doigts noueux autour de son téléphone portable avec une profonde fébrilité. Il faudrait vraiment qu'elle essaie de lui téléphoner pour lui donner autre chose que des mauvaises nouvelles...
"Prasad, on savait que cela arriverait tôt ou tard, non ?" tenta de dédramatiser Kali qui était sortie dans la cour du sanctuaire, seul endroit possédant un peu de verdure et où elle pouvait profiter du soleil.
Elle avait étalé une serviette à même le sol avant de s'y allonger, grimaçant un peu en sentant le sol de pavé dur contre son dos. Dire que la plage était à une vingtaine de minutes à peine de là... Mais s'y rendre n'aurait pas été prudent, surtout sans ses scellés. Elle avait déjà bien assez pris de risques la veille, il ne fallait pas abuser de sa chance...La jeune femme tendit un instant l'oreille, s'assurant que les deux seuls autres personnes présentes entre les murs du refuge se trouvaient toujours au sous-sol avant de passer au-dessus de sa tête son ample T-shirt, se retrouvant torse nu, seulement vêtue de sa petite culotte à motif fleuri. Elle roula ensuite le vêtement en boule pour s'en faire une sorte d'oreiller, tentant de se caler le plus confortablement possible, savourant déjà sur sa peau pâle striée des traits de son cercle d'encrage défectueux la douce chaleur du soleil de juillet.
"Mais... Vous n'avez même pas six mois, Maharani... Je ne pensais pas que nous arriverions à une telle situation aussi rapidement..." soupira douloureusement son interlocuteur à l'autre bout du monde, arrachant une moue à l'intéressée.
"Moi non plus, Prasad, je ne vais pas te mentir..." concéda-t-elle à contre cœur. "Celui qui a fait mon pentacle a vraiment fait un travail de sagouin, que veux-tu que je te dise ! Mais Bon, ce qui est fait est fait."
"Vous avez raison..." souffla le vieil homme, abattu. "Il est inutile de débattre sur des faits inaliénables... Il nous faut nous focaliser sur la stratégie que nous allons à présent mettre en place pour empêcher que... que ..."
"Que je ne meure." termina Kali, un peu maussade, sentant à quel point cette simple idée brisait le cœur de son protecteur, faisant se serrer le sien. "Vu l'urgence, il devient inutile de se voiler la face ou de prendre des pincettes, tu sais. Je suis bien consciente des choses, même si ça me fait mal de l'admettre... Est-ce que par hasard tes équipes de recherches auraient découvert une nouvelle piste pour mon orbe ?"
"Hélas, Maharani" Déplora-t-il faiblement "Vous imaginez bien que si cela avait été le cas, je vous aurais contacter dans la minute..."
"Oui... je m'en doutais un peu..."répondit l'intéressée, une moue aux lèvres, scrutant de son regard inhumain le ciel immaculé qui la surplombait entre les hauts murs d'enceinte du sanctuaire. Le spectre des possibilités qui lui étaient données pour échapper à une mort certaine se réduisait à présent à peau de chagrin...
"Peut-être devriez-vous ..." reprit l'homme au teint ocre après quelques instants de silence suspendu "Rentrer au manoir ?"
La demoiselle fit une nouvelle grimace, brusquement mal à l'aise. Elle se tourna alors sur le ventre, gigotant contre les pavés brulant de la cours, incapable de trouver une position confortable. Elle avait redouté cette question... Elle savait que son tuteur ne pensait qu'à son bienêtre et sa sécurité, mais elle ne pouvait accepter de rentrer en Europe. Elle n'aurait pu qu'y mourir, de toute façon. Sa seule chance de survie était ici, au Japon, auprès de l'exorciste le plus puissant de cette ère et du Roi des Fléaux.
"Tu revoir me ferait un immense plaisir, tu le sais..." commença prudemment l'étrangère, ne voulant surtout pas blesser cet homme quelle appréciait au plus haut point et à qui elle devait tant. "Mais qu'est-ce que cela pourrait bien changer, Prasad ? Me faire cajoler ne comblera pas la soif de mon pentacle. Je dois rester aux cotés de Gojo et de Sukuna, l'un comme l'autre sont mes potentielles seules planches de salut."
Un hoquet de stupeur résonna au creux de l'oreille de la jeune demi démone.
"Je ne suis pas rassuré de vous savoir au près du porteur du sixième œil ..." La voix de l'indou était alourdie par une inquiétude presque palpable, voir viscérale, parfaitement compréhensible dans un sens. Un exorciste qui aidait un fléau, même à moitié seulement, ce n'était pas chose courante, il fallait le reconnaitre.
"Il cherche à m'aider, tu sais..." dit la demoiselle en essayant de rassurer au mieux son protecteur. "Je le crois en tous cas quand il me le dit."
"Méfiez-vous..." rétorqua son interlocuteur, ouvertement septique. "Je ne vois pas pourquoi un exorciste aiderez une hybride à parfaire sa transformation en fléau à part entière. Je vous avoue que cela me parait... Incohérent."
"C'est un drôle de personnage !" éluda Kali en pouffant doucement de rire, repensant à l'étrange et insaisissable exorciste aux cheveux de lune. "Si tu le rencontrais, tu verrais immédiatement qu'il est... assez... hors norme !" Vraiment, j'ai confiance en lui. Enfin, en tous cas, jusqu'à présent il n'a jamais à me faire du mal alors qu'il aurait parfaitement pu m'éliminer d'un claquement de doigts !"
"Peut-être a-t-il des projets en tête..." objecta du bout des lèvres Prasad, peu convaincu. "Maharani, n'accordez pas votre confiance trop rapidement, restez sur vos gardes, je ne saurai que vous le conseiller vivement. Vous êtes si jeune, et si naïve, vous ne savez rien du monde... ni de la cruauté des hommes."
"Je ne suis pas une enfant..."bougonna faiblement la demoiselle, une moue aux lèvres, arrachant un faible rire entre coupé d'une quinte de toux à son lointain interlocuteur.
"Vous êtes bien pire que cela, ma reine." reprit-il une fois son souffle retrouvé. "C'est surement un peu de ma faute, je vous ai bien trop protégé de la réalité. Mais je vous l'ai toujours dit et répété, votre nature attise les convoitises, il vous faut être très prudente."
"J'essaie de l'être, je te l'assure..." Elle repensa à tous les risques qu'elle avait pris au cours de la journée précédente, lui arrachant une grimace. La vilaine menteuse qu'elle était...
Prasad soupira, comme lisant dans ses pensées. "Au moins, je dois reconnaitre que le sanctuaire dans lequel vous vous trouvez actuellement est une bénédiction. Les sorts du chaman sont puissants, le rideau dissimule complètement vos énergies, à vous et à l'hôte de Sukuna-sama. Essayez d'y rester autant que possible, surtout si vous ne pouvez plus mettre vos scellés."
"Rester cacher n'est pas une solution non plus..." soupira Kali. "Il faut bien que j'aille chasser. Sinon mon espérance de vie va se résumer à une poignée de jours !"
"Sukuna-sama ne pourrait-il pas faire quelque chose ?"questionna le vieil homme, plein d'espoirs.
En entendant cela, la jeune femme leva les yeux au ciel. "Oh, mais si, il pourrait !" elle s'emporta un peu, se redressant sur sa serviette. "Il pourrait même parfaitement ! Mais il ne fait rien pour rien, ce couillon, vois-tu ..."
"Votre langage, Maharani..." la corrigea gentiment son tuteur d'une voix douce et patiente. "Qu'entendez-vous par cela ?"
"Il veut que l'on passe un pacte ensemble, lui et moi." expliqua-t-elle en se rallongeant mollement sur le sol, un rien abattue par les conditions saugrenues imposées par le démon millénaire. "Il veut que... je... que je lui vende mon âme en échange de son énergie."
Un silence pesant lui répondit au bout du fil. Un lourd silence qui s'éternisa, faisant vérifier à l'hybride si la communication n'avait pas été coupée. Mais ce n'était pas le cas, lui faisant froncer les sourcils. Elle s'apprêtait à reprendre la parole quand l'homme la coupa d'un ton inhabituellement tranchant.
"Pardon ? Il veut quoi ?"
La demoiselle gigota un peu, rougissante et mal à l'aise, se doutant bien que cette idée ne ravissait absolument pas l'hindou.
"Il veut que..." reprit-elle courageusement, cherchant ses mots afin d'enjoliver un peu la situation. Hélas, il n'y avait pas 36 façons de dire ces choses-là... "Il veut que 'je sois à lui' pour reprendre ses propres termes. Et en échange il alimentera en continue mon pentacle avec son énergie. Il m'a fait une petite démonstration, c'était assez probant, je dois le reconnaitre."
"Il vous a fait une démonstration de quoi ?" s'emporta instantanément Prasad, la faisant sursauter.
Jamais elle ne l'avait entendu comme ça. Il baragouina entre deux toux des mots en indous qu'elle ne comprit pas mais qu'elle devina peu adapté dans une discussion courtoise. Jamais elle n'avait entendu le vieil homme sortir de ses gonds.
"De ce que son énergie pouvait m'apporter, Prasad, rien de plus." mentit-elle éhontément, soucieuse d'apaiser son protecteur.
Le vieil homme laissa échapper un profond soupire, un peu résigné, retrouvant son calme en apprenant cela. "Je suppose qu'il aurait été bien trop utopiste pour moi d'espérer que le maharaja accepte de vous aider sans contrepartie... Mais je vous avoue que j'espérais qu'il n'en demande pas tant..."
"C'est mal le connaitre..." Ironisa Kali, se remémorant les déjà nombreux coups d'éclat du démon envers elle. "La demi-mesure, ce n'est clairement pas son fort, je peux te le garantir..."
"Par contre..." Prasad se tut quelques instants, comme plongé dans une profonde réflexion. Elle pouvait presque le voir, assit sur son imposant fauteuil de cuir couleur émeraude trônant dans son bureau, son regard noir comme une nuit sans lune se perdant dans la contemplation des jardins du manoirs qu'il pouvait voir depuis sa fenêtre. " Vendre votre âme... C'est étonnamment vague."
"Tu trouves ?" Sa réflexion extirpa brusquement la jeune européenne de ses pensées nostalgique, la ramenant à l'instant présent.
"Oui. Je vous explique, Maharani." Kali sourit, reconnaissant le timbre de voix calme et posé, un rien professoral, que prenait toujours son tuteur lorsqu'il essayait de lui enseigner quelque chose. "Un pacte, ou un serment inviolable, normalement, repose sur des conditions précises. C'est vraiment une sorte de... contrat, si vous préférez. Avec des possibilités de clauses, ect."
La demoiselle cogita une poignée de secondes, assimilant ces nouvelles données. "Et ces conditions et clauses... Elles doivent être clairement énoncées, c'est ça ?"
"Exactement." acquiesça l'hindou. " Vendre une âme, ça veut tout et rien dire, comprenez-vous ?"
"Hum... Oui... Je vois ce que tu veux dire." Kali vint se tapoter le menton, songeuse. "Et il ne peut pas y avoir de clauses cachées ?"
"Non... Le serment doit être fait avec la plus grande honnêteté. Et les clauses doivent être scrupuleusement respectées, sous peine de répercussions."
"De répercussions ?"s'étonna la demoiselle, haussant un sourcil.
"Oui..." répondit Prasad, une légère grimace déformant sa bouche. "Il y a un prix à payer quand on bafoue un serment inviolable, mais il n'est jamais connu à l'avance..."
Silence pensif s'étira alors entre les deux interlocuteurs, tous deux réfléchissant à tout ce qu'impliquait potentiellement un tel serment passé entre la jeune hybride et le roi des fléaux.
"Vous pensez à accepter sa proposition, Maharani ?"finit par questionner le tuteur de la demoiselle, appuyant là où cela faisait mal.
Cette dernière ne répondit pas immédiatement, fermant ses yeux pour tenter de voir les choses dans leur globalité, prenant en considération son état, ses possibilités d'échappatoire, les risques et les dangers l'entourant. Elle soupira, revenant toujours à la même conclusion. "Pas pour le moment, non. Pas si j'ai d'autres options. Mais il faudrait peut-être que je tente d'en savoir plus. Avec ce que tu viens de me dire, je suis plus amème de lui tirer les vers du nez et de négocier. Le jeu n'est toujours pas équitable, mais au moins j'ai des atouts en main, moi aussi."
"Hum, faites attention à vous, Maharani..." la pria-t-il dans un souffle, bien trop conscient du côté borné de sa protégée.
"Je vais faire au mieux." répondit très honnêtement l'hybride, un léger sourire mutin aux lèvres. "Merci en tous cas Prasad. Je vais réfléchir à tout ça. Je te rappelle bientôt."
"Je reste votre humble serviteur, ma reine." souffla doucement l'intéressé au creux de son oreille, apaisant un peu les maux de son âme. A ses yeux, il était un roc, un phare au milieu de l'océan d'incertitudes et de dangers sur lequel elle essayait de voguer, telle une petite coquille de noix ballotée de toute part.
Elle mit fin au coup de fil, posant son téléphone sur les pavés chauds, non loin d'elle. Elle croisa les bras pour y enfouir son visage, pensive. Le démon ne lui avait pas encore vraiment révélé son jeu, alors... Qu'avait-il donc en tête, exactement ? Elle soupira, fermant les yeux, offrant son pentacle à la morsure du soleil au zénith, laissant sa douceur chaleur l'entrainer inexorablement dans le sommeil.
Sukuna... Qu'est-ce qu'il pouvait avoir derrière la tête ? Et comment faire pour réussir à le savoir ? Et Gojo dans tout ça... Avait-il, lui aussi, des plans insoupçonnés dont elle serait un pion ? Tout ça était d'un fatiguant...
Le soleil avait tranquillement continué sa course dans le ciel à l'azur parfait de cette chaude journée d'été. Après quelques heures d'un entrainement intensif pour aider Yuji à gérer son énergie occulte, Gojo avait jugé qu'ils en avaient assez fait pour la journée, laissant un adolescent lessivé vautré sur le canapé du salon de visionnage, un sourire attendri aux lèvres. Ce gamin, vraiment... Il en avait dans le bide, il n'y avait pas d'autre chose à dire ! Son âme était d'une force pure peu commune, dans tous les sens du terme. Même lui, s'il se comparé au lycéen, pouvait facilement passer pour quelqu'un d'exécrable...
Mais au fond, en étant honnête, il l'était un peu, il le savait parfaitement !
Hélas, l'heure était à nouveau venue d'abandonner son protéger. Il devait rentrer à Tokyo afin de ne pas éveiller les soupçons... Il vint ébouriffer affectueusement les cheveux courts du réceptacle de Sukuna.
"Allez, Yuji, je file..." déclara le chaman d'un ton enjoué. "Je vais dire aurevoir à la pitchoune, travaille bien jusqu'à mon retour ! Et surtout... Pas de bêtise !"
L'intéressé bougonna faiblement une réponse, visiblement complètement hors service après cette après-midi de travail occulte plus qu'intense, arrachant un léger rire à son professeur.
L'homme aux yeux d'infini mit ses mains dans les poches de son sombre uniforme, puis se dirigea dans les couloirs silencieux du sanctuaire. Il alla taper à la porte de la chambre de l'hybride, désireux de lui dire quelques mots d'encouragement avant de partir, mais personne ne répondit.
"Pitchoune ? Tu es là ?"
Le chaman ouvrit doucement la porte, découvrant un espace complètement vide. Visiblement, elle n'était pas là... Où diable était-elle passée ? Était-elle à nouveau partie en chasse ? Non, vu son état, cela aurait été du suicide, et elle le savait. Satoru se concentra une fraction de seconde, repérant immédiatement l'aura si particulière, funambule et précaire, de l'hybride. Elle était dehors.
Gojo se dirigea donc vers la cour du refuge improvisé d'un pas nonchalant, songeant à la situation épineuse de la jeune femme. C'était peut-être horrible, et cela lui faisait du mal de l'avouer, mais il devenait flagrant que sa survie ne tenait plus qu'à un fil. Et, pire que tout, le pacte que lui proposait l'autre démon était effectivement la solution la plus rapide et efficace pour l'éloigner de la faucheuse qui tournoyait toujours plus près d'elle. Ce n'était pas idéal, c'était certain...
Cependant...
Cependant, s'il n'y avait pas d'autre échappatoire, peut-être y aurait-il du bon à tirer de tout cela...
Arrivé en haut des escaliers, l'homme se figea, brutalement extrait de ses pensées par la vision qu'il découvrit à quelques mètres seulement de lui, lui faisant hausser un sourcil. Allongée à même les pavés brûlant, Kali se trouvait là, allongée sur le ventre, visiblement endormie, juste vêtue d'une culotte. Depuis combien de temps dormait-elle là, sous le soleil de plomb de cet été caniculaire ? Elle devait être totalement épuisée pour supporter une telle chaleur...
L'exorciste s'approcha à pas de loup, scrutant le dos mis à nu de la jeune européenne, y découvrant avec horreur les traits de son pentacle qu'il pouvait pour la première fois observer à loisir. C'était hurlant qu'il n'était pas loin du point de rupture... Les lignes sombres s'étiraient dans tous les sens depuis le cercle centrale de l'encrage, s'étirant sur tout son corps, comme une pieuvre l'enserrant de ses macabres tentacules. Il allait falloir trouver une solution dans les plus brefs délais, c'était flagrant...
Ce qui l'était également, flagrant, c'était qu'il était plus que grand temps d'extirper la demoiselle des griffes du soleil... Sous les lignes sombres de son maudit tatouage, elle était... rouge pivoine, arrachant un léger sourire, un peu coupable quand même, à Gojo. Elle avait littéralement cramé, la pauvre. Il fallait qu'elle arrête là avant de prendre littéralement feu !
L'homme aux cheveux de neige s'accroupit doucement à côté de l'européenne, hésitant quant à la stratégie à adopter, une moue taquine ornant ses lèvres fines.
"Pitchoune... Pitchoune, faut te réveiller ! Tu es cuite plus qu'à point, là..." s'amusa le professeur d'art occulte, venant toucher d'un doigt l'épaule de l'intéressée.
Immédiatement la jeune femme laissa échapper un léger bougonnement, enfouissant un peu plus son visage entre ses bras croisés. Satoru appuya encore un peu plus sur son épaule, faisant relever son visage à Kali, les yeux encore clos, apparemment toujours à moitié endormie.
"Mais aiiiiieuh !" maugréa faiblement la jeune femme qui vint se frotter l'endroit malmené, fixant entre ses paupières plissée son tortionnaire, s'extirpant à grandes peines des bras de morphée. "Gojo ? C'est toi ? J'aurai pu te confondre avec Sukuna, qu'est ce qui te prend d'appuyer fort comme ça ?"
"Pardon pardon !" S'excusa platement l'homme, levant ses deux mains en l'air en signe de paix. "Mais je n'ai pas appuyé si fort que ça, sache-le... C'est juste que tu as pris un coup de soleil de l'enfer, pitchoune !"
"Que... Quoi ?" balbutia-t-elle, se redressant un peu, déployant un peu maladroitement son t-shirt froissé contre sa poitrine, glissant un regard par-dessus son épaule.
"Oh mais nooooon !" s'écria-t-elle avec effarement, en se rasseyant d'un mouvement brusque, scrutant l'arrière de ses bras, le haut de son dos, le feu du soleil s'éveillant d'un coup sous sa peau malmenée. "J'suis complètement cramée !"
De son côté, Satoru ne put retenir un léger pouffement, s'attirant un regard courroucé de la part de l'hybride. "En plus d'être zébrée, t'es vanille-fraise maintenant, pitchoune !"
La mâchoire de l'intéressée se décrocha presque à cette remarque, la laissant, dans un premier temps, muette. "Mais..." finit-elle par siffler, outrée. "Tu te fous de moi là, je rêve ! Goujat !"
Elle tourna alors le dos à son interlocuteur ricanant de plus belle, enfilant avec précipitation son t-shirt avant de se relever d'un bond, voulant pouvoir le toiser de toute sa hauteur. Cependant, la fatigue ne la lâchant à présent plus la rattrapa d'un coup, lui faisant tourner la tête par ce simple geste, la faisant tanguer sur ses jambes à présent bicolores.
Gojo réagit dans la seconde, se redressant à son tour pour venir enserrer la jeune femme dans ses bras, la serrant contre lui pour l'empêcher de tomber. Kali se retrouva sans force, la joue collée contre le torse fin mais puissant du chaman, son cœur puissant battant vigoureusement au creux de son oreille. Elle se focalisa sur ce bruit le temps que la tête finisse de lui tourner et qu'elle puisse se remettre droite sans aide, prenant brusquement conscience de la douleur que provoquait le simple contact des bras de Satoru contre sa peau brulée, lui arrachant une vive grimace.
"ça va, Kali ?" demanda le chaman qui la fixait avec inquiétude, détaillant son visage avec intensité.
"Oui... Je me suis juste levée trop vite je crois..." soupira l'européenne, relevant ses yeux inhumains vers ceux, toujours dissimulés derrière son sempiternel bandeau noir, de son interlocuteur. "Elle vend pas du rêve, la porteuse des flammes d'ombres, hein ?"
Elle laissa échapper un faible éclat de rire sans joie, arrachant une moue compatissante à l'homme la tenant toujours dans ses bras.
"ça va aller... On va trouver une solution, pitchoune..."
"Si tu le dis..." soupira la demoiselle, s'extirpant doucement de l'étreinte du chaman, faisant quelques pas dans la cour.
"Déjà... On va commencer par soigner ce MONSTRUEUX coup de soleil..." reprit Gojo d'un ton qu'il souhaitait léger, parvenant à arracher un léger sourire à la demi démone. "Vous avez pas de crème solaire de là d'où tu viens ? Et ton capital peau, tu y as pensé ?"
Les remarques de l'homme firent rire doucement la jeune femme. "Pour ma défense, je ne comptais pas jouer à la chipolata sur son grill toute l'après-midi !"
Satoru rit à son tour, amusé par l'idée. "J'imagine bien !"
"C'est..." murmura Kali, allant appuyer d'un doigt la peau rouge et brulante de l'arrière de sa cuisse, un peu fascinée. "C'est mon premier coup de soleil."
"Ah, bah tu vas pas être déçue du voyage !" s'amusa le chaman, croisant les bras sur son torse. "Tu vas douiller sec, je te le dis ! Je te dirais bien d'user d'un sort d'inversion si tu en étais capable, mais vu ton état ce ne serait de toute façon par une bonne idée. Il va falloir le faire en human style, bébé !"
Kali jeta un regard circonspect à son interlocuteur loufoque, haussant un sourcil. "Bébé, sérieux ? "
"Tu n'as que quelques mois, j'ai le droit !" éluda l'homme avant de s'approcher en quelques grandes enjambées. Il se pencha vers la demoiselle, pointant un doigt vers elle, professoral. "En cas de brûlure, il faut laisser couler de l'eau à température ambiante dessus au minimum dix minutes ! Et après mettre des onguents adaptés ! Il y a une trousse de secours dans la salle de bain, tu trouveras certainement un tube ou deux de pommades anti brûlure. Et tu vas te prendre un looooong bain pour essayer d'apaiser un peu tout ça. Ça ne fera pas de miracle, mais ça limitera la casse. Je te ferais envoyer des sots de crème dès demain, vu la surface cramée..."
"Tu exagères..." bougonna faiblement Kali, boudeuse.
"Fait comme tu veux !" Gojo se redressa en haussant les épaules, remettant ses mains dans ses poches. "Mais quand demain tu re retrouveras pleines de cloques et incapable de supporter ne serait-ce qu'un tissu ou l'air sur ta peau, faudra pas te plaindre !"
A cette idée, un violent frisson de dégout remonta le long de la colonne vertébrale de l'hybride, faisant se dresser ses cheveux dans sa nuque. Voilà une optique des plus... déplaisantes...
"Température ambiante, donc..." souffla-t-elle doucement, amusant grandement l'exorciste surpuissant.
"Exactement !" acquiesça l'homme dans un sourire satisfait et victorieux, rappelant étrangement à Kali un certain fléau millénaire. "Et de la pommade ! Sur ce, pitchoune, je dois filer ! Prend soin de toi ! Et je te conseille de le faire de suite, de toute manière, Yuji dort comme un loir au salon !"
"Oh …" laissa tomber la jeune femme, un peu déçue.
"Tu le verras plus tard, Kali... En attendant..." Il fit volte-face, se dirigeant vers la sortie du sanctuaire. "Bain et pommade, Pitchoune ! Et serre les dents, demain ça risque de piquer !"
Sans lui laisser le temps de répondre, Gojo effectua un de ses déplacements à la rapidité surhumaine, laissant seule l'hybride au dos cramoisi qui commençait déjà à la lancer, lui arrachant une grimace.
"Bain... température ambiante... et pommade..." énuméra pour elle-même la demoiselle qui retourna dans le sanctuaire une fois sa serviette et son téléphone récupérés. Elle ne put s'empêcher de s'arrêter devant le couloir menant au salon plongé dans la pénombre, tendant l'oreille pour guetter le moindre signe qui aurait pu témoigner de l'éveil de son colocataire. Mais seul le silence régnait en ces lieux. Il devait vraiment dormir...
Kali laissa échapper un soupire déchirant, se rendant ensuite dans la salle de bain dont elle ferma la porte. Elle posa ses affaires sur l'un des meubles présents avant de commencer à ouvrir tous les placards de la pièce, à la recherche de la fameuse trousse de premier secours. Elle mit la main dessus assez rapidement mais tomba quelque peu des nues quand elle se rendit compte qu'elle avait plus d'une dizaine d'année. La plupart des produits qu'elle contenait était périmé, lui arrachant une grimace. Elle trouva cependant un tube de crème anti-brulure, certes périmée, mais ayant le mérite d'exister. Vu l'état de toute sa partie dorsale, il valait mieux cela que rien du tout. L'idée d'être couverte de cloques la réjouissait bien moins que de s'enduire d'un onguent à la date de péremption dépassée...
La jeune hybride alla ensuite ouvrir en grand le robinet de la baignoire du sanctuaire, plutôt petite mais fonctionnelle, s'assurant de la température de l'eau qui y coulait. Elle alla ensuite se planter devant le miroir de la pièce, un peu rongé par l'humidité et l'âge, ôtant d'un geste son t-shirt, se retournant pour voir l'étendue des dégâts. Un hoquet de surprise lui échappa alors qu'elle découvrit avec stupeur la couleur pivoine incandescente ornant tout son dos, faisant ressortir le tracé sombre de son pentacle et jurant affreusement avec la pâleur de sa peau épargnée. Jamais le terme 'vanille-fraise' n'avait eu autant de sens...
"Oh. Mon. Dieu." souffla Kali, scrutant avec effroi son reflet bicolore.
"Tu m'as appelé, crevette ?"
L'intéressée sursauta, venant immédiatement enserrant ses seins de ses bras, se tournant vers la porte de la salle de bain pour y découvrir le roi des fléaux. Il était nonchalamment accoudé à l'encadrement de porte, torse nu, la dévorant de son double regard carnacier, un sourire terrible aux lèvres. Elle ne l'avait même pas entendu ni sentit arriver... Et maintenant, elle se retrouvait prise au piège dans une pièce dont l'unique issue était bloquée par le corps sculptural et tatoué du démon, faisant s'accélérer son cœur dans sa poitrine. Une crevette acculée par un requin... C'était bien sa veine !
"Su... Sukuna-san..." souffla d'une petite voix la demoiselle, reculant d'un pas vers le meuble miroir, sur ses gardes et intimidée face à sa propre casi nudité offerte aux yeux du démon.
Sans répondre, il s'avança vers elle d'un pas assuré, ne la lâchant pas un instant des yeux, prédateur. Elle se recula jusqu'à sentir le bois rugueux du meuble contre ses fesses, l'empêchant de fuir plus loin, la faisant doucement déglutir. Il vint se planter juste devant elle, la surplombant d'une bonne tête, appréciant aussi bien le trouble flagrant qu'il pouvait lire dans les prunelles félines de la jeune femme que le fait qu'elle soutienne impertinemment son regard, courageuse et suicidaire.
Putain, elle était tellement alléchante en cet instant, presque nue, effrayée, bien consciente de sa supériorité, de tout ce qu'il pourrait lui faire, et pourtant continuant à le défier, son parfum habituel se mêlant à celui entêtant du soleil d'été. D'un coup il vint poser ses mains de part et d'autre des hanches de la jeune hybride, crispant ses doigts contre le bois du meuble, se penchant vers elle, ne sachant que faire.
Ah... Si seulement il avait pleinement eu le contrôle de son enveloppe... Déjà, il pouvait sentir son sexe se tendre douloureusement à la simple idée de tout ce qu'il aurait pu faire à ce corps félin et intact de tout homme, ce corps à la nature rarissime qu'il se réservait d'ores et déjà, ce corps qui finirait tôt ou tard par être à lui... Hélas, il cohabitait pour l'heure avec l'autre puceau, et le simple fait de follement fantasmer à toutes les manières dont il aurait pu posséder la demi démone se trouvant à porter de mains, de langue et de queue, suffisait à faire diminuer son emprise sur son être de chair, il pouvait le sentir...
PU-TAIN !
Ça le contrariait tellement d'être ainsi prisonnier de la volonté d'un autre ! Lui qui s'était juré à lui-même, un millier d'années plus tôt, d'être toujours son seul et unique maitre... Le voilà réduit à subir des contraintes imposées par un morveux complètement niais et idiot, qui n'avait pas eu la moindre puissance occulte jusqu'à ce qu'il le prenne involontairement comme invité ! C'était tellement... frustrant !
D'un coup Sukuna laissa échapper un profond soupire, fermant les yeux quelques instants, surprenant Kali. Il les rouvrit, se détournant d'elle en tournant la tête pour balayer la pièce du regard, s'arrêtant sur le bain qui continuait tranquillement à se remplir dans un doux bruissement d'eau, le faisant tiquer. Quitte à ne pas jouer aux jeux auxquels il aurait voulu s'adonner, il venait de trouver une autre idée ...
"Su... Sukuna... san ?" tenta la demoiselle qui fixait l'homme lui faisant face, déboussolée par son mutisme et son attitude changeante.
D'un coup, le fléau millénaire se redressa, s'éloignant de quelques pas avant de commencer à batailler avec le bouton de son short, faisant couler de l'eau glacée dans le dos de l'européenne.
"Ah, ça, non !" laissa-t-elle tomber avec virulence, tentant de s'échapper vers la porte de la salle de bain, bondissant dans le dos du démon.
Fort de ses réflexes surhumains, Ryomen se retourna dans l'instant, venant attraper d'un bras par la taille de la fugitive, la plaquant contre son torse puissant, son autre main allant lui saisir ses poignets afin de l'empêcher de trop se débattre.
"Où tu comptes aller, crevette ?" susurra-t-il à l'oreille de sa captive, un sourire terrible aux lèvres, son short tombant sur ses chevilles, ne le laissant qu'en boxer contre le corps gigotant de l'hybride.
"Je ne veux pas coucher avec vous !" siffla-t-elle entre ses dents, essayant, sans succès, d'échapper à la poigne de fer du roi millénaire. "Je vous laisserai pas me violer sans me défendre ! Je vais hurler, je vais..."
D'un coup, Sukuna resserra son étreinte contre la taille de l'européenne, lui coupant le souffle. Il soupira avant de laisser tomber de sa voix de baryton un peu lasse "Calme toi. Je veux juste prendre un bain, crevette."
Elle se figea alors qu'il relâchait un peu l'étau de son bras, glissant un regard par-dessus son épaule pour capter le sien, perplexe. "Juste... Juste un bain ?" murmura-t-elle, ne parvenant à y croire.
Il leva les yeux au ciel face à tant de scepticisme. "Oui, juste un bain, crevette. Tu es bien égocentrique pour croire je cherche constamment à te posséder."
La remarque fit se hausser un sourcil à la demoiselle, mais elle préféra ne pas relever, bien trop désireuse de ne pas réveiller à nouveau le dangereux appétit du démon ancestral.
"Vous..." commença Kali, tentant de saisir la balle au vol. "Je... Je vais vous laisser, alors. Vous en profiterez bien pl..."
"Certainement pas." La coupa-t-il d'un ton sans appel, brisant les espoirs de fuites de la demoiselle. "Je n'ai pas envie de le prendre seul."
"Et moi je n'ai pas envie de me retrouver nue devant vous !" répondit au tac au tac l'hybride, levant le menton pour défier du regard son interlocuteur, refusant de lui céder là-dessus. Au fond, ce matin encore, elle s'était promis de ne plus subir les caprices du démon, elle devait s'y tenir !
"Oh ?" s'amusa l'intéressé, se penchant vers la demi fléau, taquin. "Mais, moi, je peux être nu devant toi alors ?" La réflexion fit monter un brasier sur les pommettes de la jeune femme alors qu'il enchainait, sûr de lui. "Tu peux bien garder ton étrange dessous, si ça te fait arrêter de couiner. C'est contre toutes les règles de savoir vivre, mais au fond, tu es une sauvageonne..."
Rah, il était impossible... Elle devrait peut-être le mordre, là, de suite, pour le renvoyer là d'où il venait... Mais elle ne pouvait se permettre d'attiser la colère du roi démoniaque. Il avait passé l'éponge une fois, miser sur un nouvel élan de bonté de sa part était certainement pure folie. Il allait falloir jouer plus finement...
"D'accord... Mais que si vous aussi." laissa-t-elle tomber, intriguant Ryomen.
"Moi aussi... Quoi ?"
"Que si... vous gardez votre boxer..." souffla courageusement Kali, le rouge lui montant au visage, gardant son regard d'or et d'améthyste encré au sang de celui de son vis-à-vis, l'amusant au plus haut point.
"Mais quel impudence..." siffla l'homme tatoué entre ses dents, ne sachant ce qu'il devait faire de cette chose fragile et effrontée plaquée contre lui. "Tu veux donner des ordres au Roi des fléaux, petite crevette suicidaire ?"
"Non..." assura-t-elle avec honnêteté. "Je cherche juste... un terrain d'entente... Histoire que l'on y trouve notre compte tous les deux..."
"Je me moque complètement que tu y trouves ton compte, crevette." répliqua dans l'instant le seigneur des malédictions, faisant se dresser le duvet des bras de Kali. C'était la vérité brute, elle le sentait dans ses tripes.
Vu que la manière douce ne fonctionnait pas, elle allait devoir changer de stratégie. "Je pourrais crier ou essayer de vous mordre alors...Ou même relâcher mes flammes... ça ne vous fera certainement rien, mais cela risque de réveiller Yuji."
"Relâcher tes flammes ?" se moqua Sukuna, terrible. "Tu n'oserais pas, vu ton état cela pourrait te tuer."
"Oh, Sukuna-san..." murmura l'hybride d'une voix doucereuse, faisant tiquet son geôlier. "Vous n'imaginez pas à quel point je peux être butée quand je m'y mets..."
Le silence tomba entre les deux interlocuteurs qui se fixaient avec intensité, seul le bruit de l'eau coulant toujours se faisant entendre.
Ah, cette gamine capricieuse et pourrie gâtée... Bien entendu qu'elle en serait capable, il le savait. Juste pour ne pas accepter ses conditions... Il pourrait la tuer pour la punir de son impudence... Ou seulement l'estropier. Cependant... Il n'avait pas envie d'abimer ce corps qui serait bientôt à lui. Et il avait besoin qu'elle baisse sa garde pour qu'elle finisse par accepter de passer le pacte avec lui. Attendre qu'elle fût aux portes de la mort l'ennuyait profondément, il voulait que cela aille plus vite.
Alors... Si pour cela il lui fallait lui concéder de menus détails dans ses ordres... C'était comme faire un investissement pour l'avenir, en quelque sorte.
"Soit. J'accepte, crevette." finit-il par dire du bout des lèvres, faisant naitre un léger sourire sur les lèvres sensuelles de l'hybride. Tout ça, il lui fera payer un jour prochain, il se le jurait...
Sans plus attendre, Sukuna souleva Kali comme si elle était faite de plumes, la prenant de court. Il se débarrassa sans ménagement du short qui lui emprisonnait les chevilles avant d'enjamber le rebord de la baignoire à présent complètement pleine, s'y asseyant dans une multitude d'éclaboussures, savourant contre sa peau la douce tiédeur de l'eau, la jeune hybride toujours plaquée contre son torse. Cette dernière frissonna quant à elle au contact du liquide qui lui parut presque froid contre ses brûlures, et le simple fait d'avoir la peau de ses fesses contre l'émail immaculé de la baignoire faisait naitre sous son épiderme malmené des décharges électriques. Gojo n'avait pas menti, cela n'allait pas en s'améliorant.
Le roi des fléaux se figea en sentant sa captive se crisper entre ses bras, le contrariant un peu.
"Qu'y a-t-il donc encore, princesse crevette ? N'as-tu pas eu ce que tu voulais ?" bougonna-t-il, la mauvaise humeur montant en lui telle une lame de fond.
"Je..." hésita faiblement la jeune femme, ne sachant pas comment le fléau n'avait pas pu voir la rougeur de son dos, complètement obnubilé par ses propres désirs et envies. "Désolée, c'est pas vous, Sukuna-san. C'est juste que j'ai le dos en feu … J'ai cramé au soleil."
"Oh ?" Il relâcha alors son étreinte pour venir observer son dos de son double regard, découvrant effectivement un flamboiement inhabituel, lui arrachant un ricanement amusé. C'était donc pour cela que sa peau était aussi chaude contre son torse... Il se pencha vers elle, venant poser ses lèvres contre sa nuque, y sentant le feu bouillonner sous son épiderme.
"Dis donc..." la taquina-t-il, soudain terriblement amusé. "Tu t'es pas loupée, crevette...Et après c'est moi qui ne m'y connais pas en demi-mesure..."
Il posa fermement un doigt entre ses omoplates, la faisant frémir, avant de le retirer, admirant la marque blanche comme neige ainsi apparue au milieu de la brûle rouge vif reprendre la même teinte, lui arrachant un sourire terrible.
"Maintenant, tu es véritablement une crevette... Il ne fallait pas prendre mes mots au pied de la lettre comme ça, tu sais" murmura-t-il, espiègle, faisant tiquer Kali. "ça fait très paysanne, quand même..."
"Parrrrrdon?" s'offusqua instantanément l'intéressée, tentant de se retourner pour foudroyer du regard son tortionnaire. Cependant il ne lui laissa pas l'occasion de le faire, venant la plaquer à nouveau contre son torse musclé et nu, ricanant contre sa peau brulante.
L'européenne afficha une moue terriblement boudeuse, resserrant ses bras contre sa poitrine. Quel gamin ce mec !
"Demain, ça va être encore pire, tu le sais ?" Questionna-t-il sur un ton léger, sa bonne humeur étant visiblement de retour.
"On m'a déjà prévenue..." répondit, un rien de mauvais poil, la jeune femme. "Mais ça va aller, je vais mettre une pommade que j'ai trouvé dans un placard, ça apaisera le coup de chaud..."
"Une pommade ?" Questionna le tatoué, toujours un peu intrigué par la magie moderne.
La demoiselle pointa du doigt le tube abandonné sur le meuble non loin. "Hum, un onguent contre les brûles."
Sans lui laisser le temps de réfléchir, Ryomen poussa la jeune femme vers l'avant de la baignoire, se relevant pour aller se saisir de l'objet avant de retourner à sa place d'origine, venant glisser un bras autour de la taille de l'hybride pour venir à nouveau la placer contre lui.
"Vous gênez pas surtout !" s'offusqua l'hybride, rougissante et un peu vexée d'avoir été déplacée comme un simple objet.
"Jamais, crevette." se contenta de répondre le démon, tournant et retournant le tube dans sa main, lisant les inscriptions. Il finit par le débouchonner avec ses dents, crachant le capuchon au loin, allant renifler le parfum assez particulier de l'onguent avec un froncement de nez peu convaincu.
"Je suppose..." commença sans grande conviction l'hybride en le regardant faire. "Qu'il est insensé de vous demander de m'aider à en m'en mettre sur le d... EEEEEEH !"
Le démon passa son bras par-dessus le rebord de la baignoire avant de presser le tube ouvert entre ses doigts, le vidant sur le sol sous le regard effaré de Kali.
"Mais ...Mais ..." Bégaya-t-elle, interloquée. "Mais pourquoi ? Qu'est ce qui vous a pris ?"
"Il pue ton truc." Laissa-t-il simplement tomber, jetant le tube à présent vide plus loin, le nez toujours froncé dans une expression de dégout. "Je refuse que tu t'en étales sur la peau, ça va en modifier le parfum pendant des jours."
L'explication laissa Kali bouche bée et désarçonnée, lui demandant quelques instants pour rassembler à nouveau ses esprits et contre attaquer. "Ah, parce que vous croyez que si j'ai des phlyctènes sur tout le dos ça sera mieux ? Je ne suis pas certaine que la lymphe ça sente la rose !"
Il ricana, amusé par la répartie, somme toute véridique, de la petite impudente. "Effectivement..."
Il se tut un instant, un sourire machiavélique apparaissant progressivement sur ses lèvres alors qu'il observait le dos rougeoyant de sa prisonnière. "Après... Je pourrais effacer tout ça, tu sais... ça me prendrait que quelques instants."
Elle le regarda par-dessus son épaule, un peu boudeuse et sur ses gardes, mais intriguée malgré tout. "Et, bien sûr, vous feriez ça par pure gentillesse, je suppose ?"
"Bien sûr que non !" répliqua-t-il immédiatement, haussant les épaules. "Je veux quelque chose en contrepartie !"
"Qu'est ce qui m'empêcherait de me carapater dès que vous n'aurez plus la main mise sur votre corps, pour aller acheter un nouveau tube de pommade ?" Rétorqua la demoiselle, insolente et rebelle.
Sans crier gare, il la plaqua contre son torse d'une main, lui arrachant une vive grimace de douleur, allant lui murmurer d'une voix dangereusement grave et caressante à l'oreille. "Qu'est ce qui t'en empêcherait, crevette ?... L'ordre que je te donne... Le fait que me désobéir me déplairait fortement... Mon étreinte qui pourrait devenir mortelle... ça te suffit ou je continue, petite effrontée ?"
Elle grommela faiblement, le foudroyant du regard mais étant bien consciente qu'il avait parfaitement raison. Désobéir à cet homme-là n'était pas chose aisée, ni sans risque. Il ne lâcherait pas l'affaire, elle commençait à le connaitre.
"Et... en supposant que je prenne en considération votre proposition, qu'est-ce que vous voudriez en échange ?"
"Laisse-moi réfléchir..." Il vint s'adosser avec décontraction contre la paroi de la baignoire, l'entrainant contre lui, caressant sa nuque du bout des doigts de sa main libre pour en savourer le feu bouillonnant sous sa peau. Il y posa un doigt, s'amusant à tracer des traits blanchis le long des lignes du pentacle de l'hybride, la faisant frissonner. C'était à la fois... douloureux et sensuel, faisant naitre en son sein des sentiments partagés et coupables alors qu'elle pouvait sentir comme de douces étincelles crépiter dans son ventre. Au bout de quelques instants de ce jeu enivrant, Kali parvint à grande peine à rassembler ses esprits et sa détermination, se retournant un peu pour venir fixer le démon dans son dos, le dévisageant avec une lueur complexe qui l'amusa terriblement.
Ah, cette lueur insondable dans ces yeux qu'il pouvait voir par moment, où il pouvait à la fois déceler des feux qu'il ne connaissait que trop bien et d'autres qui lui étaient complètement inconnus. C'était... Intriguant ? Distrayant. C'était ça qu'elle était à ses yeux. Distrayante.
"Je veux un baiser." Finit-il par dire, faisant se hausser les sourcils de la demoiselle qui ne s'était pas attendue à cela, visiblement.
"Qu... quoi ?" Balbutia-t-elle, décontenancée.
"Un baiser crevette." répéta le roi des démons, un sourire aguicheur aux lèvres, étrangement patient. "Un vrai cette fois, pas un ersatz d'enfant."
Kali se renfrogna un peu, sur la défensive. Où était le loup dans cette demande ? C'était trop simple, trop pieux pour qu'il n'y ait pas anguille sous roche, elle en était persuadée. Et puis... Et puis elle s'était promis à elle-même de ne plus s'adonner à ce genre de jeux avec la malédiction millénaire ! Cependant... Cependant, si elle était honnête avec elle-même, elle se trouvait déjà dans un bain avec lui, tout juste vêtue d'une culotte pour sa part et d'un boxer du sien ! Ses bonnes résolutions n'avaient pas tenu bien longtemps...
Néanmoins, pour sa propre défense, il était assez difficile de dire non au démon ancestral... Tout ce qu'elle pouvait faire, si elle souhaitait demeurer en vie, c'était de lui laisser mener la danse tout en le guidant inconsciemment vers la direction qu'elle souhaitait. Mais avait-elle la carrure pour affronter un danseur aussi doué que lui ? La toute jeune hybride n'en savait pour ainsi dire rien.
Elle réfléchissait à toute vitesse, essayant de peser le pour et le contre, les bénéfices potentiels et les risques qu'elle encourait à lui céder. Si c'était qu'un baiser, ce n'était pas si grave que ça, au fond...
"Juste... un baiser ?" répéta faiblement la jeune femme, se tournant un peu plus vers le démon, cherchant à capter ses yeux pour le jauger. "Vraiment ?"
Il relâcha alors un peu plus son étreinte pour qu'elle puisse complètement se tourner vers lui, la fixant avec intensité, comme si lui aussi cherchait à lire dans son jeu.
"Juste un baiser, crevette..." assura-t-il alors qu'elle ne parvenait pas à savoir s'il disait la vérité ou non. "Mais je serai seul juge pour dire quand cela sera suffisant."
Elle tiqua "Co... Comment ça ?"
"Je t'ai dit, crevette, je veux un vrai baiser." dit-il d'une voix grave faisant s'accélérer les battements de son cœur tant elle transpirait la sensualité. "Tu vas vite comprendre la différence... Mais je ne ferai rien d'autre."
Elle le fixa, rougissant un peu face à l'intensité du regard double et sûr de lui braqué sur elle. Elle avait dit qu'elle ne lui cèderait plus... Mais un simple baiser, ce n'était pas vraiment lui céder, n'est-ce pas ? Dans certaines contrées du monde, d'après les rumeurs, on le faisait même pour se dire bonjour...
"D'accord..." murmura-t-elle doucement, arrachant un sourire carnacier et victorieux au roi des démons.
"Alors approche, crevette." Il alla se caler contre la paroi de la baignoire dans son dos avec l'assurance hypnotique et détestable des hommes qui se savent victorieux. "Crois-tu que ce soit à moi d'aller vers toi alors que je te fais une fleur ?"
Ah, le démon... Il prenait un vrai plaisir à l'entrainer dans ses jeux, c'était hurlant. Mais s'il soignait son coup de soleil, peut être soulagera-t-il encore un peu son pentacle... Elle s'avança lentement vers lui, le feu aux joues, ne sachant pas comment s'y prendre. Il savait qu'elle était complètement néophyte en la matière... Il la regardait faire, l'écrasant de son aura, l'intimidant brusquement bien plus qu'elle ne l'aurait avoué.
Elle déglutit faiblement, hésitant entre poser sa main sur le rebord de la baignoire ou sur l'épaule puissante du roi des fléaux. Il vint se saisir de son poignet pour la faire venir vers lui, impatient, venant attraper son menton entre deux doigts de son autre main. Il relâcha ensuite son poignet pour venir lui saisir la taille, l'attirant contre son torse, noyant son regard implacable dans le sien, félin et troublé. Leurs lèvres se frôlaient presque, faisant courir de l'électricité et de la lave dans les veines de l'un et de l'autre.
"Un... Un baiser ?" Chuchota Kali contre les lèvres du démon tatoué, les yeux mis clos, comme enivrée.
"Juste un baiser, crevette..." assura son interlocuteur, savourant ce parfum et cette aura si particulière qu'avait l'hybride "Juste un..."
Doucement il vint plaquer ses lèvres contre les siennes, commençant doucement à l'embrasser, ne voulant pas la faire fuir de suite. Il lâcha son menton pour passer sa main dans ses cheveux d'automne, l'amenant encore un peu plus vers lui. Elle avait fermé les yeux, ses mains allant naturellement se poser sur ses pectoraux puissants alors qu'il resserrait son emprise sur elle. Elle se raidit un instant en sentant sa langue tatouée venir caresser sa bouche, en demandant l'accès, embrasant ses joues et son sang. Cependant elle se laissa faire, entre ouvrant ses lèvres pour laisser libre cours aux envies du démon, le ravissant au plus haut point.
Instantanément Sukuna en profita, glissant sa langue contre celle de l'hybride, la faisant un peu sursauter. La sensation était déroutante, terriblement intime, déboussolant un peu la jeune femme. Cependant, le démon ne lui laissa pas le loisir de la réflexion, goutant et savourant sa bouche, jouant avec sa langue inexpérimentée avec une dextérité terrible.
Au fil des secondes le baiser s'amplifia follement, Sukuna ne lui laissa aucun répit, la dévorant avec une avidité acharnée. Un instant il s'éloigna un tout petit peu d'elle pour observer son visage en feu, la lueur troublée de ses yeux, son souffle raccourcis. Il vint alors lui mordre la lèvre inférieure, faisant un peu perler son sang qu'il vint ensuite gouter dans un grognement brut de plaisir.
"Su...Sukuna-san... Laisser moi respirer..." Soupira Kali, manquant un peu d'air, enivrée par l'aura implacable et les baisers étourdissants du démon.
"Un vrai baiser crevette, ça laisse complètement hors d'haleine..." Lui susurra de fléau couronné, savourant bien trop ce jeu pour le laisser finir si rapidement. "Si tu es encore capable de maugréer, c'est qu'il est encore insuffisant..."
Il l'embrassa alors à nouveau, avec plus encore de gloutonnerie, venant attraper les cuisses de l'hybride pour la faire se placer à califourchon sur lui, son bassin venant naturellement se positionner contre son entre jambe contrite de désir. Poussée par le feu embrasant son corps et son esprit, Kali passa inconsciemment ses mains dans la nuque de son troublant vis-à-vis, savourant la douceur des cheveux courts rasés sous ses doigts.
Aaaah... Que ces bouts de tissus séparant encore leurs corps étaient frustrants ! Finalement, il aurait dû la faire se déshabiller complètement, quitte à ce qu'elle se débatte... Il avait mal calculé son coup... Enfin ça, ça pouvait facilement se régler. Il passa alors une main le long de sa cuisse, vint la glisser sous sa culotte pour se saisir de sa fesse, laissant échapper un grognement appréciateur.
Immédiatement Kali s'éloigna un peu, le fixant d'un regard où se lisait à la fois la peur de l'inconnue et une fougue ne demandant qu'à être libérée.
"...Un baiser." murmura-t-elle cependant, refusant de laisser encore déraper le démon millénaire, le cœur tambourinant à tout rompre dans sa poitrine.
"Un baiser... ?" chuchota-t-il contre ses lèvres, sur de son charme et du trouble qu'il faisait naitre chez la demoiselle, venant brièvement en mordiller l'inférieur, joueur et affamé. "Tu es certaine ? Je suis presque certain que tu as envie de plus..."
Il s'approcha à nouveau d'elle en la dévorant du regard, faisant glisser sa main libre dans son dos entre ses omoplates brulantes. Il fit alors glisser son énergie en elle, retrouvant le chemin menant à son pentacle avec une facilité déconcertante, comme s'il lui était déjà familier. Immédiatement Kali ressentit son pouvoir incommensurable en elle, déferlant dans son corps comme un raz de marée, apaisant le moindre des maux de son corps, guérissant sa peau brulée, lui arrachant un long soupire de bienêtre. Ryomen fondit sans attendre sur son cou offert, l'embrassant et le léchant, remontant lentement jusqu'à son oreille.
"Su... Sukuna-san..." Murmura Kali, perdue dans un océan de sensations bouillonnantes et contradictoires, lui rendant difficile le fait de réfléchir.
Il en profita pour capturer à nouveau les lèvres de la jeune femme, l'embrassant avec fougue, la sentant déjà répondre avec plus d'assurance, le ravissant terriblement. Elle apprenait vite, la crevette...
Cependant quand il essaya de recommencer à glisser sa main sous son sous-vêtement, elle se tendit instantanément, venant attraper son poignet, se reculant un peu pour rompre le baiser, le défiant du regard, un rien hors d'haleine.
"Vous..." articula-t-elle courageusement, cherchant à rassembler ses esprits. "Vous aviez dit un baiser..."
"Tu es dure en affaire, crevette..." Soupira l'homme tatoué, éloignant sa main baladeuse des fesses de la jeune femme, relâchant même sa prise dans les cheveux d'automne de sa captive, la prenant de court.
Avec une extrême prudence, Kali s'éloigna un peu du démon millénaire, revenant s'assoir entre ses jambes musclées, désireuse de s'éloigner de la sensation dangereusement troublante de son sexe en érection contre son entre jambe. A sa grande surprise, le démon la laissa faire, l'observant en silence, une lueur d'une complexité abyssale embrasant ses quatre yeux.
A peine le contact entre leur corps fut-il rompu qu'une désagréable sensation de vide emplie chaque cellule affamée de l'hybride, la faisant frissonner. C'était comme se prendre une douche glacée, comme se retrouver à l'ombre après avoir passé beaucoup de temps au soleil. Elle n'aimait pas ça... Elle eut presque envie de retourner se blottir contre le torse puissant de son vis-à-vis mais elle résista, bien trop consciente des risques potentiels que cela pouvait représenter pour son intégrité physique.
De son côté, Ryomen n'aimait pas ça non plus, la présence du corps félin de l'hybride contre le sien lui plaisant particulièrement. Néanmoins, il avait préféré laisser la petite hybride s'éloigner, sentant que son excitation grandissante risquait d'éveiller l'autre puceau, le frustrant affreusement. Cependant, si ce geste, qui en réalité était purement calculé de sa part, passé aux yeux de la jeune ingénue pour de la clémence de sa part, cela ne pouvait que lui être avantageux.
Au moins, il y avait un aspect positif dans cette détestable limitation qu'était actuellement la sienne. Peut-être, songea le démon millénaire, s'adossant contre la paroi de la baignoire en rejetant ses cheveux courts en arrière, peut être que si le gamin ingérait quelques autres de ses doigts, son emprise nocturne sur son corps serait plus importante... Il le souhaitait dans tous les cas ardemment.
Sukuna tourna la tête, regardant un peu plus en détail la pièce exiguë et défraichie dans laquelle ils se trouvaient, lui arrachant une légère moue déplu. Même la baignoire en elle-même lui paraissait ridiculement étroite, quand il la comparait aux bains extérieurs immenses qu'il avait connu à l'époque, alimentés par des sources chaudes naturelles. Mais la sensation de l'eau tiède sur sa peau était incontestablement agréable.
Il ferma les yeux en soupirant, rejetant sa tête en arrière, pensif. Il pouvait presque se revoir dans un des nombreux onsen de son domaine, surplombé par la nuit incroyablement étoilée, comme si à l'époque il y avait eu beaucoup plus d'astres célestes qu'à présent. Il lui semblait encore voir les volutes épaisses des nuages de vapeur s'élevant au-dessus de l'eau bouillante, dans l'air pur de la nuit, emprunt des parfums complexes des arbres et des fleurs environnants. Rien à voir avec cette société moderne faite de goudron, de lumières artificielles criardes et de bruits stridents qui ne cessaient de venir de toutes parts.
Ce sanctuaire abandonné pouilleux et sans éclat avait au moins cela pour lui : il offrait au fléau couronné un peu de quiétude dans cet univers bruyant et grouillant qui le hérissait si souvent...
L'homme tatoué rouvrit finalement les yeux, re découvrant l'espace étriqué de la salle de bain où flottait, omniprésente, en plus de sa propre aura, celle, un rien fascinante de l'hybride. Ça aussi, il lui fallait le reconnaitre, faisait partie des choses qu'il appréciait en ces lieux délaissé par le reste du monde...
Il reporta son attention sur son étrangement silencieuse compagne de bain, découvrant avec un peu de surprise qu'elle n'avait pas bougé d'un pouce pendant ses réminiscences, le scrutant avec intensité de son regard félin bicolore.
"Qu'est-ce qu'il y a, crevette ?" Demanda-t-il, un sourire narquois aux lèvres, ne parvenant pas à balayer complètement de ces yeux à l'éclat sanglant le voile qui s'y était abattu durant son instant d'égarement.
Kali ne répondit rien dans un premier temps, profondément songeuse. Elle avait l'impression qu'il était... nostalgique ? A quoi pouvait-il bien penser ?
Sa fascination pour lui rejaillit en elle tel un brasier renaissant de ses cendres, faisant pleuvoir en son esprit une multitude de questions sans réponses. Qui était réellement en fait, derrière son air suffisant et ce sourire narquois dont il usait telle une armure ? Qui avait-il été, vraiment, il y avait mille ans de cela ? Elle aurait beaucoup donné pour le savoir, pouvoir lire dans ses pensées en cet instant...
"Vous voulez que je vous laisse ? Vous voulez peut-être être tranquille..." demanda-t-elle finalement de but en blanc, le surprenant un peu.
Il réfléchit rapidement à sa proposition mais la réponse était pourtant évidente... Non... Il n'avait pas envie d'être seul ni de se laisser à nouveau submerger par le passé. La petite hybride était la seule à oser être à ses côtés, comme si elle ne se rendait pas compte de qui il était réellement, comme s'il ne la terrifiait pas. La seule à vouloir discuter avec lui, de tout et de rien, comme si c'était naturel. La seule à répondre à ses envies, même après elle lui faisait brièvement la tête, revenant quand même vers lui malgré tout.
Non... Il n'avait aucune envie qu'elle ne parte...
"Non." lâcha-t-il finalement, jouant l'indifférence détachée d'un homme s'ennuyant simplement. "Reste, crevette. Distrait moi, vu que tu refuses que l'on s'amuse comme des adultes."
"Paaaardon ?" s'offusqua immédiatement la demoiselle, le foudroyant du regard, lui arrachant un sourire amusé. "Vous voulez que je fasse quoi ? Un spectacle de claquettes ?"
"Impertinente..." souffla-t-il, venant s'accouder avec nonchalance sur le rebord de la baignoire. "Non, je suis certain que tu t'emmêlerais les jambes, vu comment tu es débrouillarde... Parle-moi de ce monde, de ce continent dont tu viens. "
Kali resta coi dans un premier temps, assimilant la demande du démon avec étonnement. "Vous... vous voulez que je vous parle de l'Europe ?"
"Hum..." Se contenta-t-il d'acquiescer.
Toujours entre les jambes étendues du démon, toute proche de lui, la demoiselle vint replier ses jambes contre sa poitrine, les enserrant d'un bras, songeuse. Elle réfléchit avec sérieux à la demande de son interlocuteur, cherchant quoi lui répondre. De son coté, ce dernier tendit sa main libre pour venir se saisir d'une mèche de ses cheveux libre, jouant doucement avec.
"Je ne pourrais pas vous en dire grand-chose, hélas, Sukuna-san." Finit par avouer piteusement l'étrangère, intriguant un peu le démon. "Prasad m'a toujours tenue à l'écart dans grandes villes. Je ne suis pour ainsi dire jamais partie du manoir..."
"Sauf pour venir au Japon..." Releva le fléau, haussant un sourcil.
La remarque fit rire la jeune femme, une lueur terriblement machiavélique embrasant ses prunelles félines. "Le pauvre... Je ne lui ai pas trop laissé le choix, je dois vous le confesser ! J'ai fugué, en lui laissant juste une lettre dans laquelle je lui disais que je devais vous retrouver. Je suis partie à cheval jusqu'à la ville la plus proche..."
"A cheval ?" s'étonna immédiatement Ryomen, dubitatif. "A cette époque ?" Il éclata d'un rire puissant qui alla résonner contre les parois de la salle de bain, emplissant tout l'espace, arrachant un doux sourire à l'européenne. Lui-même, qui ne connaissait pourtant que peu ce monde étrange, se doutait que la chose devait être incongrue. Il n'avait jusqu'à présent jamais vu un seul cheval depuis son réveil, tous avaient été remplacés par ces boites métalliques à roues avançant à toute berzingue.
"Oui... à cheval !" affirma Kali, sentant son cœur gonflé dans sa poitrine en voyant son vis-à-vis aussi décontracté et accessible. "Je ne sais pas conduire de voiture ! Et il fallait que je parte... J'adore Prasad, je lui suis reconnaissante pour tout ce qu'il a fait et fait encore pour moi. Je lui dois tellement... Mais..."
"Il t'étouffe..." Termina la malédiction millénaire, un peu plus sérieusement.
Elle laissa échapper un soupire déchirant, un peu coupable. Elle baissa les yeux, traçant du bout des doigts de sa main libre des volutes à la surface de l'eau. "Il est obsédé par ma sécurité. Mais c'est trop ! Je n'ai plus assez de temps devant moi pour jouer la sécurité. Et à quoi bon être en vie si c'est pour être mise sous cloche ?... Comme une... Une..."
"Prisonnière..." souffla Sukuna, faisant se relever le regard de son interlocutrice vers lui, un vif étonnement se lisant dans ses prunelles d'or et d'améthyste.
"Oui... C'est... exactement ça..." murmura l'hybride, décontenancée.
Ils se fixèrent quelques secondes sans ajouter un mot, se comprenant étrangement. Leurs situations actuelles avaient beau être différentes, elles se ressemblaient également par de nombreux aspects...
"Prisonnière..." reprit finalement la jeune femme d'une voix basse, comme pour une confidence. "Je le suis déjà par ma nature, vous le savez aussi bien que moi. Je veux être libre. Je ne veux plus être restreinte."
Un nouveau silence flotta entre eux alors que Ryomen la fixait avec intensité, comprenant viscéralement ce dont elle parlait. Il n'y avait rien de pire que d'être privé de liberté quand on en était assoiffé... Si elle, qui n'y avait jamais gouté, y aspirait déjà désespérément, lui, qui en avait fait l'un de ses credos il y avait de cela mille ans, se consumait de rage à chaque instant supplémentaire qu'il passait captif, alimentant en lui une soif de sang et de feu incommensurable.
Cependant, en attendant de pouvoir laisser libre court à sa vengeance envers tous ceux qui l'avaient privé de ce qui lui était naturel, il avait trouvé en la demoiselle un passe-temps plutôt distrayant...
"Le pacte..." Commença-t-il, un sourire charmeur aux lèvres. "Le pacte que je te propose te permettrait d'être libéré des contraintes dues à ta nature, crevette... Je pourrais te libérer..."
Elle le regarda, haussant un sourcil, lui adressant un petit sourire en coin espiègle qui l'amusa terriblement. Depuis quand avait-il pu parler aussi librement avec quelqu'un ?
"Je veux bien être jeune, Sukuna-san." lui répondit-elle, relevant le menton. "Mais je ne suis quand même pas née de la dernière pluie."
Il soupira et leva théâtralement les yeux au ciel. "Tu exagères ! Tu m'appartiendras, je serai ton maitre, certes. Mais je ne te garderai pas à mes côtés tout le temps... Je ne veux pas m'imposer ça." il ajouta, taquin.
"Eh !" s'offusqua-t-elle, se redressant un peu. "On peut dire que vous savez vraiment parler aux femmes, vous !"
Ils se dévisagèrent une poignée de secondes, se toisant du regard, l'un amusé, l'autre un peu vexée.
"Mais sinon..." reprit finalement Kali, ne souhaitant pas perdre cette opportunité d'en savoir plus sur les réelles intentions du démon par rapport à elle. "Histoire d'arrêter de tourner autour du pot, vous voulez que je devienne votre... Quoi exactement ?"
Le fléau s'attrapa le menton entre deux doigts, cherchant des termes honnêtes mais pas trop insultants, ne souhaitant pas non plus braquer la petite ingénue. "Ma distraction ? Mon jouet ? Mon obligée ? Ma... soubrette ? "
"Soubrette ?!" s'étrangla instantanément Kali. Une légère rougeur monta aux joues de l'étrangère alors qu'elle se remémorait les vidéos pornographiques qu'elle avait visionné il y a peu, visualisant les demoiselles en tenues noires et blanches à froufrou soumises aux désirs brutaux d'hommes les possédant sans vergogne. Elle déglutit, cherchant à donner le change, essayant à grandes peines de repousser dans son esprit les images d'elle-même accoutrée d'un tel uniforme et de l'homme tatoué lui faisant face la surplombant, nu et prêt à faire d'elle tout ce dont il aurait envie... Ces costumes n'étaient incontestablement pas originaires de l'époque de Sukuna...
"D'où... D'où connaissez-vous ça ?" Demanda-t-elle d'une voix bien plus hésitante qu'elle ne l'aurait désirée.
"Tu demanderas au gamin..." éluda le démon, profondément diverti par l'air gêné qu'affichait son interlocutrice. "Après, crevette, nomme ça comme tu le veux. Je pense que tu saisis l'idée principale. Ton âme sera soumise à la mienne et dans mon espace intérieur, tu seras... entièrement à moi..."
"Mais je suis déjà à vos côtés... Je ne comprends pas vraiment en quoi cela va changer les choses."
Elle le regarda, intriguée, ne relevant même plus l'insistance du fléau concernant le fait qu'il souhaitait qu'elle soit à lui. Elle pencha un peu la tête sur le côté, perplexe. "Votre...espace intérieur ?"
Ryomen ricana, narquois. "Que tu es inculte, sauvageonne... L'espace qui matérialise mon esprit, pour faire simple. Là où je suis libre des contraintes imposées par le gamin Mon espace vital. Tu en as un également. Tu n'as jamais eu accès au tien ?"
Elle le scruta, visiblement perdue.
"Apparemment pas..." s'amusa-t-il, moqueur. "Je pourrais t'éduquer un peu aussi, tu sais... Te sortir de ta flagrante ignorance par rapport au monde occulte. Ton Prasad ne t'a-t-il rien appris ?"
"Il a fait de son mieux dans le court lapse de temps que je lui ai laissé" bougonna Kali contre ses genoux plié, boudeuse, avant de se redresser, relevant avec un temps de retard un des termes que son terrible interlocuteur avait utilisé. "... Attendez... m'éduquer ?"
Le coupable de l'offense la dévisagea avec intensité, fier comme un coq, un sourire taquin aux lèvres, exaspérant au plus haut point la demoiselle.
"Vous n'êtes vraiment pas ce qu'on peut appeler un gentleman..." Siffla l'hybride entre ses dents.
"peuh !" Sukuna haussa simplement les épaules, nullement touché par la pique de la jeune femme.
"Vous avez toujours agit de la sorte ?" Reprit-elle, le scrutant avec intensité.
La question surprit l'intéressé qui se redressa un rien, haussant un sourcil, intrigué. "Que veux-tu dire, crevette ?"
"Avec les gens, avec les femmes." développa l'européenne, songeuse. "Vous avez toujours considéré les relations comme des transactions, de la même manière que vous le faites avec moi ? Personne n'a jamais compté à vos yeux ?"
Le roi millénaire la fixa dans un premier temps, muet, avant d'éclater de rire, faisant se renfrogner la demoiselle. "Quoi ? Dans le genre de relations ridicules que l'on voit dans certains de vos films ? Pour qui me prends-tu ? Je ne suis pas du genre à courir sous la pluie pour rattraper une quelconque femelle faisant une crise d'hystérie. J'étais et je demeure le roi des fléaux, je n'ai jamais eu du temps à perdre avec de telles niaiseries."
Kali assimila sa tirade, s'accoudant au rebord de la baignoire, pensive. "Soit. Mais alors qu'est ce qui occupait tout votre temps ?"
Un sourire resplendissant éclaira le visage tatoué de l'homme, visiblement ravi par la question à laquelle il répondit spontanément. "La puissance, crevette. La domination. La satisfaction immédiate de toutes mes envies, sur tous les plans..."
Evidemment... Elle aurait dû s'en douter, cela collait parfaitement à toutes les descriptions qu'elle avait pu trouver de lui dans les libres anciens. "La bagarre également, je suppose ?"
"Les combats, impudente." rectifia le fléau, intransigeant. "La bagarre, c'est pour les enfants. Et puis... La nourriture également. Très important. Et le sexe, bien sûr. Quand on sait s'y prendre aussi bien que moi dans tous ces domaines, on a besoin de rien d'autre. Et certainement pas d'une femelle geignarde, jalouse, faible et casse pied qui pleurniche sur son sort comme dans vos histoires à l'eau de rose absolument horripilante !"
"Hum" Kali réfléchit à ses paroles, le fixant avec un vif intérêt, cherchant à le comprendre. Elle avait du mal à concevoir ce genre de vie, somme toute très solitaire. Il était tellement puissant mais également si seul... Quand on atteignait des sommets de puissance aussi élevés que ceux qu'il avait atteint, comment trouver un quelconque but ? Comment ne pas sombrer dans un ennuie terrible, cherchant alors à le combler à tout prix ? C'était... triste, dans un sens. Il y avait en lui une telle dualité, c'était terriblement troublant. Qu'est ce qui l'avait mené à être ainsi, au final ?
"A quoi tu penses, crevette ?" L'interrompit-il dans ses pensées car l'intensité transperçant du regard qu'elle portait sur lui le déstabilise un peu.
"A vous..." admit-elle honnêtement pour ne pas mentir, tout en dissimulant un peu de ses pensées. Si elle lui disait vraiment ce à quoi elle pensait, elle risquait de le braquer. Et elle ne voulait pas le faire, c'était la première fois qu'il lui parlait aussi ouvertement.
Son stratagème fonctionna visiblement, Sukuna lui adressa un de ses sourires en coin à la fois hautains et charmeurs, visiblement satisfait et rassuré. Cet homme-là... C'était certainement le rêve de tous les psychiatres.
"En même temps..." reprit-il, se laissant un peu plus glisser dans l'eau du bain. "A quoi pourrais-tu penser d'autre en cet instant ?" Il resserra un peu ses jambes autour de la demoiselle, redevenant soudainement joueur, jugeant visiblement qu'il s'était assez confié pour la soirée. "Rapproche-toi un peu, crevette. L'eau commence à refroidir, vient me tenir chaud."
"Pas la peine." répondit-elle sans réfléchir, toujours perdue dans ses pensées, allant ouvrir le robinet d'eau chaude. "Il suffit de ré équilibrer la température."
La remarque lui arracha une moue mécontente. Soudainement, il se redressa, un peu boudeur, venant lui attraper la cheville pour la tirer brusquement vers lui, la faisant glisser sous l'eau, la prenant de court. Après une poignée de secondes durant lesquelles Kali se débattit vainement sous l'eau, Ryomen relâcha un peu sa prise, la laissant se redresser, trempée et outrée, reprenant sa respiration à grandes goulées.
"Soit plus respectueuse, sauvageonne." Laissa-t-il tomber, narquois et amusé en voyant l'hybride remettre un peu d'ordre dans ses cheveux trempés plaqués contre son crâne, visiblement très fier de lui.
"Vous recommencez !" Siffla avec mauvaise humeur l'étrangère, fusillant son vis-à-vis de son regard félin aux pupilles étrécies par l'outrage qu'elle venait de subir.
"C'est toi qui a commencé, insolente …" ironisa le roi terrible, la dévisageant avec intensité, maintenant sa prise sur sa cheville. "N'apprends-tu donc jamais de tes erreurs ?"
Kali respira profondément, sentant son cœur tambourinait furieusement dans sa poitrine, son sang battant à ses tempes. Oh, si, elle apprenait de ses erreurs, contrairement à ce que semblait penser son interlocuteur. Elle savait pertinemment que s'offusquer dans la seconde ne ferait que lui donner de nouvelles 'excuses' imaginaires pour jouer avec elle, chose qu'elle ne souhaitait pas pour l'heure. Il lui fallait être plus souple, comme une mère patiente face à un enfant capricieux...
"Sukuna-san..." reprit-elle d'une voix qu'elle souhaitait calme et posée, mais où, malgré elle, transperçait une certaine insolence. "Auriez-vous l'amabilité de me lâcher la jambe, je vous prie ?"
"Tu sais que je suis capable de reconnaitre l'ironie quand j'en entends, impudente ?" Rétorqua-il, une lueur terrible embrasant son double regard. Il porta sa jambe toujours captive entre ses doigts jusqu'à ses lèvres, allant lui lécher avec avidité la cheville avant de lui mordiller doucement le mollet en se penchant vers elle, la dévorant du regard, faisant rater un battement à son cœur.
Visiblement, sa stratégie nécessitait encore BEAUCOUP de travail pour être efficace...
"Un baiser... C'est ce que vous aviez dit..." Tenta-t-elle faiblement, sentant l'aura carnacière du démon s'abattre sur elle telle une chappe de plomb.
"Le baiser, c'était la contrepartie pour avoir soigné ta brulure, crevette..." Objecta-t-il d'un sa voix caressante de baryton, venant la surplomber avec autorité, allant placer sa jambe contre son épaule, le désir embrasant à nouveau son sang.
"Et vous osez dire que je suis dure en affaire..." Elle le dévisagea courageusement, cachant toujours de son regard avide sa poitrine d'un bras, l'autre lui permettant à peine de rester la tête hors de l'eau.
"Je suis le meilleur à ce jeu-là." s'amusa-t-il, se penchant un peu plus vers elle, la faisant réfléchir à toute vitesse pour trouver un moyen de détourner son attention et ainsi de se sortir de cette situation périlleuse.
"C'est pour ça que vous m'avez menti ?" Lâcha-t-elle dans une tentative désespérée, parvenant à faire s'arrêter net le démon qui la fixa, perplexe.
"Menti ?" répéta-t-il, se redressant un rien, prit de court. "Je te l'ai déjà dit, le baiser, c'est pour ta brûlure."
"Je ne parle pas de cela, Sukuna-san..." répliqua posément l'hybride, essayant d'afficher une assurance qui n'était absolument pas la sienne en cet instant. "Je parle de votre proposition de pacte. Vous dîtes que vous voulez que je vous vende mon âme. Ce n'est pas très... concret, comme condition. Je suis certaine que ce n'est pas valable."
L'homme tatoué tiqua et fixa son interlocutrice, fronçant un peu les sourcils, suspicieux. "Que veux-tu dire ?"
"Eh bien je ne sais pas..." Comment diable pouvait-elle développer une argumentation alors qu'elle-même ne comprenait ni ne connaissait pas grand-chose dans l'art des serments inviolables ? Autant y aller en improvisant... "Par exemple, qu'avez-vous demandé à Yuji en échange de son cœur ?"
A ces mots, le démon relâcha sa jambe pour venir lui attraper le menton fermement, son aura devenant brusquement écrasante.
"Qui te dit que j'ai passé un pacte avec le gamin ?"
L'intéressée retint son souffle, encrant son regard dans celui, écrasant, du fléau visiblement contrarié, sentant qu'elle venait de poser le pied le terrain affreusement glissant, mais cette fois ci pour sa survie. Il fallait qu'elle apaise la situation le plus vite possible, si elle voulait voir l'aurore demain !
" Personne d'autres que vous n'aurez pu accomplir un tel prodige, Sukuna-san. Mais vous ne faites pas les choses gratuitement. Et vous être bien trop intelligent pour avoir laissé passer une telle opportunité d'obtenir un avantage sur Yuji."
Ryomen la scruta quelques instants, la jaugeant, comme s'il cherchait à lire dans ses pensées. Elle était futée, la petite... Cependant, il était hors de question de lui révéler les conditions du serment qu'il avait passé avec son hôte. Il ne pouvait pas prendre le risque qu'elle aille répéter à Gojo ce qu'il avait acquis en échange de sa miraculeuse résurrection...
"Même si c'était le cas, je ne vois pas pourquoi je te le dirais, crevette."
"Soit" Acquiesça docilement Kali, soucieuse de montrer sa bonne volonté au fléau. "Quoi que ce soit, je suis certaine que c'est quelque chose donc les limites sont claires. Parce que vous donner mon âme, c'est flou... Si vous ne voulez pas que je reste à vous coté continuellement, je ne comprends pas comme les infractions seront définies."
"Les... infractions, dis-tu ?" Répéta l'homme, fronçant les sourcils.
"Oui. Il y a bien des conséquences si on ne respecte pas les conditions d'un serment, n'est-ce pas ?"
Il relâcha le menton de la demoiselle pour retourner s'adosser à la paroi de la baignoire, un peu contrarié. "D'où te viennent tes soudaines connaissances en la matière, sauvageonne ? C'est encore l'autre exorciste ?"
"Non, c'est Prasad." rétorqua Kali en se redressant doucement, s'éloignant doucement jusqu'à l'autre bout du bac rempli d'une eau à présent froide, ne quittant pas son terrible interlocuteur des yeux. "Je l'ai eu au téléphone tout à l'heure !"
"Et tu lui as parlé de la proposition que je t'avais faite ?" S'étonna Sukuna, dubitatif.
"Bien sûr. C'est Prasad !" Répondit simplement l'européenne comme s'il s'agissait là d'une évidence, faisant hausser un sourcil au démon millénaire.
Evidemment, le vieil indou ne devait pas être des plus enjoués à l'idée d'un tel pacte, vu comment il élevait la petite ingénue au rang de reine. L'idée de la savoir devenir le jouet d'un homme, quel qu'il puisse être, ne devait pas le ravir. Cependant, il semblait être un homme plein de bon sens. Si la survie de l'hybride lui tenait tant que ça à cœur, il devait lui aussi savoir qu'il était très certainement sa meilleure solution.
"Il n'a pas tort, ton protecteur. Revenir sur les termes d'un contrat inviolable entraine des châtiments pour le coupable."
"Et du coup ?" Revint-elle à la charge alors que le fléau se taisait, lui donnant les informations au compte-goutte, lui arrachant un sourire amusé.
"Dois-je comprendre que tu penses à accepter mon offre, crevette ?"
"Je me renseigne pour savoir quelles sont exactement les conditions de votre pacte, Sukuna-san..." Se défendit Kali d'un ton ferme, voulant lui montrer qu'elle n'était pas la petite sotte qu'il s'imaginait. "Vous avez dit qu'un tel serment devait se faire dans la plus grande honnêteté. Et l'honnêteté sous-entend de la transparence."
"Hum, tu marques un point, malgré ton insolence, sauvageonne ... Alors, comment verbaliser cela pour que tu comprennes..." il s'attrapa le menton, pensif, cherchant à peser ses futurs mots pour qu'ils puissent réellement représenter les termes de leur futur contrat occulte. "Tu devras venir à moi quand l'envie m'en prendra. Et te soumettre à ma volonté, bien entendu."
"Et vous, en échange, vous alimenterez mon pentacle en continue pour ne pas qu'il cède." Enchaina l'hybride, souhaitant l'entendre clairement le dire.
"Exactement, crevette." éluda d'un revers de main l'homme tatoué, comme si cela n'était qu'un détail insignifiant là où cela était l planche de salut de la jeune femme. "C'est plus clair pour toi ?"
La demoiselle se tut quelques instants, pensive. "Et si je voulais rajouter des clauses ?"
"Des clauses ?" s'étonna Sukuna, se redressant d'un mouvement souple. "Tu essaies de négocier, petite effrontée ? Tu n'es pas vraiment en position de force, tu t'en rends bien compte ? ..."
Elle croisa les bras sous sa poitrine, pencha la tête sur le côté, un sourire mutin aux lèvres, dans une position qui hurlait littéralement 'oui, et alors ?'. Quelle insolence, franchement... Quelle gamine pourrie gâtée... Pour qui le prenait-elle ? Hélas, s'il voulait qu'elle accepte de passer son pacte, il allait lui falloir la ménager encore quelques temps...
Le roi millénaire leva les yeux au ciel et soupira bruyamment, épuisé par avance de ces ridicules pourparlers.
"Vas-y, crevette, fait moi rire. Quelle sera donc ta clause ?"
L'intéressée se redressa, étonnée que son impossible interlocuteur accepte de l'écouter. Mais elle est également un peu prise de court, car elle ne s'y était pas du tout attendu, ne réfléchissant pas vraiment à ce qu'elle voulait...
"Je... Je voudrais... Comme dire..." commença-t-elle périlleusement, sentant sur elle le regard implacable et un peu curieux de son vis-à-vis, réfléchissant aussi vite que possible. Elle essaya de s'imaginer après le pacte, obligée de répondre au moindre appel du fléau aux humeurs changeantes et aux appétits insatiables... De quoi aurait-elle besoin alors, histoire de rendre cela plus vivable ?
"Je voudrais... la possibilité de faire... des pauses ?" Souffla-t-elle, intimidée et peu sûre d'elle, prête à encaisser la colère de la malédiction.
Cette dernière ne vint cependant pas car Sukuna se contenta de la dévisager dans un premier temps, muet, les yeux légèrement écarquillés, comme prit de court par sa demande.
"Plait-il ?" Laissa-t-il finalement tomber d'un ton transpirant l'incrédulité, déstabilisant un peu Kali.
"Des pauses." reprit-elle néanmoins, certaine que cela serait quelque chose dont elle aurait besoin si le cours des choses la poussait à vendre son âme à Ryomen. "Des parenthèses durant lesquelles vous ne pourrez pas m'obliger à venir à vous."
"Et en quel honneur voudrais-tu des pauses, impudente ?" Rétorqua le démon, un rien décontenancé par cette demande saugrenue.
"Parce que vous êtes impossible..." répondit avec un sourire mutin l'hybride du bout du monde, lui en arrachant un par là même face à tant d'insolence suicidaire. "Et moi impertinente. Dîtes-vous que ce serait des sortes de... Vacances ?"
Sukuna vint croiser ses bras contre son torse puissant, toisant son interlocutrice de son double regard, croyant rêver. "Tu as été bien trop gâtée par ton indou pour croire que tout le monde cèdera toujours au moindre de tes caprices, crevette. Pourquoi diable devrais-je te donner mon énergie occulte si je ne puis pas jouir de mes avantages te concernant ?"
Elle réfléchit sérieusement à la question durant quelques instants avant de lui répondre avec la plus grande honnêteté.
"Vous avez raison... Vous n'aurez qu'à pas le faire durant ces lapses de temps. Ainsi, personne ne sera flouée !"
Sukuna la fixa, incrédule, avant de lâcher un ricanement mauvais, visiblement peu convaincu par l'argument de la demoiselle. "Me prends-tu pour une de ces boules lumineuses qui éclairent vos intérieurs et que vous allumez et éteignez à votre guise, insolente ? Un pacte existe ou n'existe pas, un point c'est tout !"
Elle retint un sourire à l'idée d'une ampoule ornée des tatouages du fléau millénaire, ainsi que de la mine renfrognée qu'il affichait en l'instant, sachant que cela ne ferait qu'alimenter sa mauvaise humeur. "Jamais de la vie, Sukuna-san. Je cherche juste, hypothétiquement, un moyen à rendre votre proposition plus... moins..."
Elle ne savait pas comment mettre des mots sur ses pensées, bien moins rodée que son interlocuteur aux joutes verbales et aux négociations. De toute manière, il était flagrant que le démon n'accepterait jamais de lui laisser des parenthèses de liberté, bien trop possessif avec ce qu'il estimait lui appartenir. Même si elle s'en était un peu doutait, cela fit se serrer sa gorge, lui montrant une nouvelle fois à quel point il lui était nécessaire de trouver une autre solution pour survivre.
"Enfin qu'importe, Sukuna-san." lâcha-t-elle, un peu abattue. " Au moins merci de m'avoir écoutée. Je vais vous laisser, l'eau est vraiment froide à présent..."
Elle se releva sans qu'il ne tente quoi que ce soit, contrarié par ses idées saugrenues. Un peu étonnée, elle enjamba le rebord de la baignoire, allant récupérer sa serviette pour s'y enrouler, se retournant vers le démon qui demeurait étrangement silencieux, comme songeur. Elle se saisit alors d'une nouvelle serviette dans l'un des placards, la plaçant sur le meuble le plus proche du bac à l'intention de l'homme tatoué, le fixant avec intensité.
Ce dernier lui glissa un regard complexe, une moue boudeuse aux lèvres. Elle était plus dure en affaire qu'il ne l'aurait cru, la petite. Des clauses, non mais franchement ! Mais bon, au pire, il aurait juste à attendre qu'elle arrive à son point de rupture... Là, elle accepterait n'importe quelle condition contre sa survie, il n'en doutait pas un seco...
En réalité, si, il commençait à en doutait pour être honnête. Au fond, il avait il y avait peu fait le même pari vis-à-vis de son hôte et se crétin avait choisi la mort plutôt que de lui laisser le contrôle de son corps. Et, par certains aspects, la jeune hybride ressemblait un peu au morveux. Et l'entêtement en faisait hélas partie... Le moment critique venu, serait-il capable, comme le gamin, de préférer se sacrifier plutôt que d'abandonner sa liberté ? C'était insensé... Et pourtant plausible, vu l'énergumène en question...
"Crevette... Tu sais, la liberté que tu essaies de défendre bec et ongles face à moi ne te servira à rien, une fois morte, tu en as bien conscience ?"
Kali le fixa, interloquée, la pique ayant fait incontestablement mouche. Evidemment, qu'elle le savait... Cependant cela ne changeait rien à sa détermination.
Elle lui sourit, le surprenant un peu, lui répondant d'une voix douce et franche. "Vous avez parfaitement raison, Sukuna-san... Mais que voulez-vous ? Moi aussi je suis capable d'être impossible parfois !"
La réflexion arracha un faible ricanement à l'homme. "Parfois, seulement ? Tu en est sûre ?"
L'hybride laissa échapper un léger rire, amusée. "Souvent, qui sait ! Vous voyez, peut-être que même vous, vous aurez besoin de vacances s'il advenait que nous passions un pacte ! Bonne fin de soirée à vous, Sukuna-san... N'allez pas attraper froid !"
Sans plus attendre, profitant du calme apparemment du démon, la demoiselle quitta la salle de bain, y abandonnant du fléau millénaire terriblement songeur.
Il alla jouer avec le robinet pour remettre de l'eau chaude dans le bain avant de s'allonger de tout son long, s'enfonçant dans un profond soupire dans le liquide se réchauffant, fermant les yeux.
Des clauses, hein ?
Il n'allait tout de même pas laisser une petite crevette hybride mener la danse.
Si elle voulait jouer à ce jeu-là, peut-être que lui aussi devrait s'y mettre...
Mot de l'auteur :
M : Et salut tout le monde ! Comment allez-vous ? Bien j'espère ! Voilà un nouveau chapitre, j'espère qu'il vous a plu ! On a le premier 'vrai' baiser de l'histoire, hourra ! Pour fêter cela (ainsi que le fait que l'on ait dépasser les 30 chapitres) je vous en offre même une petite photo ! Allez sur insta, Sukuna_Kali pour ceux qui ont envie d'aller jeter un coup d'oeil !
Sukuna : Une vraie voyeuse, dit donc …
M : Papapapapapapas du tout ! Il me tient juste à cœur de partager avec nos fabuleuses lectrices et nos fabuleux lecteurs les moments importants de cette histoire, et si je peux les illustrer, je le fais ! C'est du dévouement, monsieur !
Sukuna, narquois, ricanant : Crois ce qui t'aide à dormir la nuit, comme on dit …
Kali, cramoisie : Oh mon dieu … J'aurais préféré que tu t'abstiennes de la poster cette photo !
Sukuna, s'approchant d'elle : C'est un nouveau coup de soleil, crevette, où c'est le fait de nous voir ainsi ? Si c'est un nouveau coup de soleil, tu sais à présent quel est mon prix pour le soigner... Et si tu as envie de renouveler l'expérience, comme ça, c'est aussi possible bien sur …
Gojo, venant éloigner Kali de Sukuna qui se penchait dangereusement vers elle : Mais c'est pas vrai celui-là ! Tu lui donnes un doigt, il veut te bouffer le bras ! Se serait tellement chouette si effectivement, comme une ampoule, tu avais un bouton on/off !
Kali, qui laisse malgré elle échapper un léger pouffement en repensant à cette image de Sukuna en ampoule mécontente.
Gojo : Tu devrais demander encore d'autres closes, pitchoune !
Sukuna : Non mais oh, on se calme là ! Vous m'avez pris pour l'indou ou quoi ?
Prasad, dans un coin de la pièce, silencieux, qui foudroie du regard Sukuna
Gojo, amusé : Tu t'es pas fait un ami encore, Sukunaze... Je crois qu'il a pas aimé ta conception du serment inviolable...
Sukuna, haussant les épaules : PEUH ! Je fais ce que je veux, je suis le roi ! Elle a été éduquée n'importe comment, quelques fessées ne lui feront pas de mal !
Kali, boudeuse : Ne me donnez pas d'idées de nouvelles propositions de closes...
M : Ma pauvre, pour que ce pacte te protège, il faudrait un nombre de closes absolument pharaonique !
Merci à tous pour votre lecture, merci pour vos votes, merci de nous suivre et de commenter ! C'est Vraiment super sympa, ça motive ! Je vous dis à très bientôt pour la suite ! Portez-vous bien !
