Le matin s'était levé sur une nouvelle belle journée, et Kali s'éveillait paisiblement dans sa chambre nichée au fond des entrailles du sanctuaire. Elle papillonna des paupières, s'étirant comme un chat de tout son long contre son matelas, laissant échapper un léger soupire. Elle se sentait... Bien. Aucune douleur ne tiraillait son dos, la brûlure ayant été soignée par le roi des fléaux la veille.

En réalité, elle se sentait même plus que bien. Il lui semblait que même son cercle d'encrage était plus silencieux que d'accoutumé, ne percevant pas les élancements terribles qu'il lui faisait habituellement subir. Avant, ces douleurs ne se faisait sentir que lors qu'elle avait besoin de chasser. Mais, depuis que son pentacle avait commencé à faiblir, ces désagréables sensations étaient devenues presque constantes, comme des décharges électriques parcourant tout son être de façon aléatoire.

Pourtant, ce matin... Il n'en était rien, étonnant un peu l'hybride.

Elle rouvrit les yeux, pensive, se redressant doucement au milieu de son draps dans lequel elle s'était enroulée durant la nuit. Elle interrompit cependant son geste, son regard félin tombant sur le dos de ses mains, la figeant sur place.

Ils n'étaient plus là...

Dans un haussement circonspect de sourcils, la jeune femme contemplait l'absence des traits noirs le long de ses doigts et de ses métacarpes, l'odieuse ligne sombre ayant reculé jusqu'à la naissance de ses poignets. Kali leva les mains devant son visage, les scrutant avec intensité, un peu déboussolée. Son pentacle s'était... rétracté ?

Comment diable était-ce possible ?

L'européenne rejeta vivement le drap aux pieds de son lit, se levant d'un bon, scrutant l'intégralité de son corps. Les lignes nouvellement apparues depuis son dernier combat, preuve du manque d'équilibre grandissant de son cercle d'encrage, s'étaient presque toutes effacées, lui rendant presque son aspect d'origine. Kali posa une main sur son cœur, respirant profondément tout en fermant les yeux, scrutant les fluctuations de sa propre énergie.

Immédiatement, elle put sentir, mêlée à son propre flux occulte, l'empreinte inimitable de celui du démon millénaire, terriblement plus lourd et vibrant que le sien, faisant rater un battement à son muscle cardiaque. Elle déglutit faiblement, crispant ses doigts contre son sternum.

C'était lui ? C'était Sukuna qui avait fait ça ?

Était-il possible qu'en plus de soigner sa brûlure, il ait alimenté son pentacle ? Lui avait-il offert assez de son incroyablement puissante énergie occulte pour rassasier son cercle instable ? L'avait-il fait consciemment, histoire de lui montrer à quel point il serait aisé pour lui de remplir sa part du pacte qu'il lui proposait ? Ou, trop focalisé sur le baiser qu'ils avaient échangé, ne s'était-il pas rendu compte qu'il lui donnait bien plus qu'il n'était convenu à la base ?

La demoiselle se laissa choir lourdement sur son matelas, comme prise de vertige.

Non, il était impossible que cet homme-là, ce roi millénaire surpuissant, ait pu être troublé par leur embrassade au point de perdre sa concentration, elle ne pouvait y croire. Des baisers, il avait dû en échanger des milliers durant sa vie passée, des milliers de milliers sans nul doute. Et la toute jeune hybride était loin d'être assez mégalomane pour croire que sa performance, la première qui plus était, ait pu faire tourner la tête à ce fléau plus que rodé aux jeux érotiques dont elle ne connaissait rien.

Non... Sa première hypothèse devait être la bonne, assurément. Cela devait faire partie du plan du démon, incontestablement. Il voulait lui montrer à quel point il serait facile pour lui d'alimenter son cercle d'encrage assoiffé, ni plus, ni moins. Car il n'était pas homme à offrir quelque chose gratuitement.

En tous cas... C'était ce qu'il affirmait.

La jeune femme soupira profondément, se laissant tomber en arrière contre son matelas, les bras en croix, les yeux fixant le plafond de sa chambre plongée dans la pénombre.

Ah... Sukuna... Elle avait tant de mal à le cerner... Jamais au cours de sa courte existence elle n'avait rencontré une personne telle que lui. Il émanait de son être une telle puissance brute, une telle assurance, une telle arrogance... Cependant il y avait autre chose que cela, sous la surface. Une terrible et vive intelligence, une aisance indiscutable dans l'art de la stratégie et de la manipulation, c'était certain. Mais également quelque chose de plus complexe, de plus secret. Quelque chose qu'il taisait, elle en était certaine.

Rah ! Elle donnerait tant pour pouvoir lire dans ses pensées, ne serait-ce que quelques instants ! Pour pouvoir voir par-delà l'armure impénétrable qu'il revêtait aux yeux du monde ! Pour pouvoir découvrir l'homme derrière le roi, derrière la légende sanglante du fléau le plus puissant n'ayant jamais foulé cette planète.

Mais lui-même savait-il encore qui il avait été ?

Contrairement à elle qui ne possédait aucun souvenir avant son éveil, lui paraissait les avoir conservés, augmentant encore un peu plus l'incommensurable curiosité de la demoiselle à son égard. A ses yeux il était, entre tant d'autres choses, un mystère subjuguant, exerçant sur elle un magnétisme contraire à toute règle de bon sens.

Elle aurait dû le craindre. Elle aurait dû le fuir. Mais elle en était incapable.

Inconsciemment, elle passa ses doigts sur ses lèvres, sentant son cœur s'emballer en son sein. Kali pouvait presque encore sentir contre sa bouche la pression des baisers du démon, le gout de sa langue experte contre la sienne, l'emprise de sa poigne dans ses cheveux, le feu que faisaient naitre ses doigts parcourant sa peau...

Une crevette suicidaire, disait-il d'elle de son air narquois... Il était certainement dans le vrai...

"Kali-sempai ! Vous êtes réveillée ? "

La jeune femme sursauta terriblement, prise de court par la voix de son colocataire l'interpellant à travers sa porte, le feu lui montant brutalement aux joues, comme prise en faute. Elle se redressa dans un bond, secouant la tête, comme pour se débarrasser des souvenirs trop vivaces emplissant son esprit troublé.

"Ou... Oui, Yuji ! J'arrive !" parvint-elle à répondre au bout d'une poignée de secondes, se dirigeant vers la porte de sa chambre qu'elle ouvrit d'un geste un rien trop vif. "Bonjour Yu... Ji ?"

La demoiselle se tut, haussant ses sourcils en découvrant sur le seuil le lycéen enroulé dans la serviette qu'elle avait laissé la veille à l'attention de Sukuna, dans la salle de bain, reniflant doucement.

"Yuji..." hésita faiblement l'hybride, redoutant de poser une question dont elle devinait déjà la réponse. "Ne me dis pas que... que tu t'es réveillé dans la baignoire ?"

Le réceptacle du fléau millénaire renifla une nouvelle fois avant de venir se frotter le bout du nez, un faible sourire aux lèvres. "Si... Comment l'avez-vous deviné ?"

"Une intuition..." éluda l'hybride, maugréant intérieurement contre le démon qui s'appliquait visiblement à taquiner son hôte autant que faire se pouvait...

"L'autre dingo a visiblement voulu se prendre un bain la nuit dernière..." reprit Itadori, une moue boudeuse aux lèvres, resserrant sa serviette autour de ses puissantes épaules. "Sauf qu'il s'y est endormi, le crétin ! Je me suis réveillé il y a pas longtemps, sans comprendre où j'étais et frigorifié..."

"Oh, Yuji..."

Spontanément, Kali se rapprocha de lui, venant poser une main sur sa joue terriblement fraiche sous ses doigts. A ce contact, le jeune homme se raidit dans un premier temps avant de se détendre, fermant doucement les yeux, savourant ce doux contact contre sa peau.

La jeune femme scruta le visage du garçon, détaillant ces traits qu'elle commençait à si bien connaitre. Quand le futur exorciste avait le contrôle de son corps, que celui-ci était exempt de tous les tatouages du fléau, de son aura écrasante et arrogante, il retrouvait toute sa candeur, son incommensurable douceur, faisant toujours se serrer un peu son cœur.

Incontestablement, elle se sentait coupable des jeux aussi bien dangereux qu'exaltants auxquels elle s'adonnait avec l'hôte millénaire de l'adolescent. Elle avait l'impression de le trahir, lui, si tendre et noble de cœur, qui s'était retrouvé dans cette situation malgré lui, jeter dans une fosse aux lions sans y être préparé.

Tout serait tellement plus simple s'ils pouvaient avoir chacun leur corps propre... Hélas, si cela avait été le cas, elle le savait, rien de ce qui se produisait ces dernières semaines ne serait arrivé. Sukuna s'intéressait à elle en grande partie parce qu'il était coincé, prisonnier de Yuji, et qu'elle était la seule personne lui permettant de tuer le temps. S'il avait eu sa propre enveloppe charnelle... Il aurait été bien trop occupé à mettre le monde à feu et à sang pour se pencher sur le cas de la petite hybride moribonde qu'elle était.

Dans un sens incongru, le lycéen, en étant le geôlier du démon, venait une nouvelle fois en aide à l'européenne. L'ennuie du roi ancestral le poussait à proposer à Kali ce pacte avec lequel il ne cessait de la tanner, et qui risquait peut-être de s'avérer être son unique planche de salut.

Sans réfléchir, la demoiselle alla enlacer son colocataire, le serrant dans ses bras, nichant son visage contre une de ses puissantes épaules.

"Ka...Kali...sempai ?" murmura Itadori, le feu lui montant aux joues, le froid qui avait enserré son corps depuis son réveil dans le bain glacé disparaissant presque instantanément.

"Je suis tellement désolée, Yuji." elle murmura contre la serviette dans laquelle le garçon s'était enroulé, sentant malgré tout le parfum de sa peau lui emplir le nez.

"Désolée ?" s'étonna-t-il, fixant la masse de cheveux d'automne qu'il percevait de sa vis-à-vis, n'osant la prendre à son tour dans ses bras. "Mais de quoi, sempai ?"

"Tout ça... Tu... C'est..." hésita l'hybride, incapable de trouver les mots justes. De quoi était-elle désolée, en réalité ? Du fait que le jeune homme ait à traverser toutes ces épreuves ? Assurément. Du fait de participer aux jeux nocturnes du démon qu'il hébergeait et à cause du quel il passait par toutes ces dites épreuves ? Indubitablement. Ce garçon aurait tant mérité connaitre une vie douce et sans tracas...

Yuji la fixa quelques instants alors qu'elle relevait son minois vers elle, lisant dans ses yeux incroyables un trouble insondable, lui donnant un coup au cœur. Qu'est-ce qu'elle pouvait bien taire ? Il semblait parfois à l'adolescent que la demoiselle portait en elle d'innombrables secrets lui pesant terriblement. Si seulement elle voulait bien lui parler à cœur ouvert, peut-être pourrait-il l'aider, ne serait-ce qu'un peu... Il afficha alors un doux sourire, cherchant à rassurer la jeune femme et à chasser les ombres de ses prunelles félines.

"Ne vous tracassait pas, Sempai. Je suis solide, c'est pas de barboter dans un peu d'eau froide qui va me tuer ! Au pire je vais avoir un peu la goutte au nez aujourd'hui, mais rien de grave, je vous assure."

Ah... Il cherchait encore à la protéger. Elle avait l'impression de ne faire que l'inquiéter davantage en agissant de la sorte. La demi fléau afficha à son tour un sourire, tentant de repousser au fond de son esprit ses doutes et ses tourments, ne souhaitant plus les infliger à cet être si chevaleresque.

"Fort comme un roc, ça c'est sûr et certain que tu l'es, Yuji ! Tu devrais quand même aller t'habiller un peu, tu es encore glacé... Et une serviette, ça ne couvre pas beaucoup... "

A ces mots, le feu enflamma à nouveau le visage du lycéen alors que l'étrangère s'éloignait un peu de lui, une lueur doucement mutine animant son regard bicolore.

"Ah ! Je... euh... Oui... Je..." commença à balbutier à toute vitesse Itadori, resserrant le bout de tissu autour de son corps d'apollon. "C'est que j'allais y aller en sortant de la salle de bain... Mais... Mais j'ai voulu m'assurer que vous vous portiez bien... Je ne suis jamais rassuré de savoir Sukuna libre de venir vous voir quand je dors..."

Kali jeta un coup d'œil rapide au dos de sa main à présent dénuée des lignes sombres de son cercle d'encrage momentanément apaisé, lui arrachant un léger rictus, intriguant l'hôte du fléau. "Ne t'inquiète pas, Yuji. Je vais bien. Je vais même plus que bien... D'ailleurs..."

L'européenne ne pouvait se permettre de laisser passer cette accalmie dans la précarité de son état. Il lui fallait en profiter pour aller chasser et accumuler autant d'orbes de bas niveaux qu'elle le pourrait, en prévision du moment où elle ne le pourrait à nouveau plus. Par précaution, elle n'allait pas user de ses flammes mais de son arme démoniaque, au moins autant que cela serait possible. Néanmoins elle ne pouvait pas laisser une telle opportunité lui échapper.

"D'ailleurs je me sens tellement bien que je vais aller chasser, Yuji."

"Quoi ?" l'intéressé s'étrangla en entendant cela, de l'eau glacé lui coulant le long du dos. "Vous... Vous êtes sûre que cela est raisonnable, Kali-sempai ? La dernière fois cela ne s'est pas très bien passé ! Voulez-vous que nous contactions Gojo-sensei ? Ou que je vienne avec vous ?"

L'hybride hocha doucement la tête de façon négative. "Non, ne t'en fais pas. Contrairement à ce que pensent certains, j'apprends de mes erreurs. Je n'userai de mes flammes qu'en dernier recours."

"Mais alors... Comment comptez-vous..."

Sans lui laisser le temps de finir sa phrase, la demoiselle aux yeux d'or et d'améthyste alla se mordre le pouce, venant tracer dans la paume de sa main un pentacle avant de la plaquer contre le mur le plus proche. Immédiatement un cercle sombre, dont la surface était semblable à de l'eau opaque, apparut, faisant se hausser les sourcils du garçon qui regardait, fasciné, le phénomène. Kali y enfonça alors son bras qui disparut à l'intérieur de ce portait incongru jusqu'au coude, avant de le retirer, son poing étant à présent armé d'une arme à double lame étincelantes.

"Je te présente mon arme maudite, Maud Ka Chaand. C'est une haladi que Prasad m'a offerte. Elle est très efficace. Tu as déjà utilisé une arme maudite, Yuji ?"

Tout en disant cela la jeune femme s'éloigna de quelques pas de son interlocuteur, faisant danser son outil de mort autour d'elle, la faisant passer d'une main à l'autre avec une flagrante aisance, comme s'il avait s'agit d'une danse.

"Oui... " Souffla le futur exorciste, fasciné par le spectacle. "Gojo sensei m'en avait confié une, lors de mes premières missions."

"Tu sais alors qu'elles n'utilisent pas l'énergie occulte de leur porteur, n'est-ce pas ?" La jeune femme s'immobilisa finalement, l'une des lames de son arme plaquée contre son bras, l'autre courant le long de sa jambe nue. "Je ne compte m'attaquer qu'à des démons mineurs, cela sera largement suffisant ! Je n'userai de mes pouvoirs que pour cristalliser les orbes, au tout dernier moment. Et, promis, je le ferais avec parcimonie."

Elle lui adressa un clin d'œil qu'elle espérait convainquant, ne parvenant pas cependant à effacer l'air de profonde inquiétude qu'affichait son vis-à-vis.

"Je ne pourrais pas vous convaincre de rester ?" soupira le lycéen, affichant le minois abattu d'un chaton à qui on refusait quelque chose, mettant presque à mal la détermination de la demi fléau.

"Ne me regarde pas comme ça, Yuji, je t'en prie..." Elle s'approcha doucement de lui, glissant sa main libre contre sa joue, la caressant avec tendresse. "Je vais m'habiller et filer. Si tu continues à me regarder comme ça, je vais finir par te céder. Je te promets de faire attention, de te tenir au courant et de rentrer avant la nuit..."

Il posa sa main sur la sienne, fermant les yeux, savourant profondément la douce chaleur de ses doigts contre sa peau fraiche. Au bout de quelques secondes il alla fixer à nouveau sa colocataire de ses prunelles noisette, déstabilisant un rien l'étrangère. "Je peux continuer des heures, s'il le faut."

La remarque arracha un sourire à Kali qui parcourut alors la faible distance séparant encore leurs deux corps, se hissant sur la pointe des pieds pour aller déposer un léger baiser contre la joue d'Itadori, le prenant à son tour de court.

"Bien essayé..." murmura-t-elle contre sa peau avant de se reculer de quelques pas, rompant à contre cœur tout contact électrisant entre leur être. "Mais je dois y aller. Crois-moi, une opportunité m'a été offerte, peut-être par calcul, peut-être erreur... Quoi qu'il en soit, je me dois de la saisir. "

Le futur exorciste la dévisagea, fronçant les sourcils, perplexe face aux paroles de la demoiselle. "Je... je ne comprends pas..."

La jeune femme afficha un sourire mystérieux avant de retourner dans sa chambre, allant se préparer aux futurs combats à venir. "C'est rien, ne te tracasse pas ! Je te dis à tout à l'heure, Yuji... Je vais faire au plus vite !"

Sans plus attendre elle referma sa porte, prête à en découdre, laissant sur son seuil un Itadori peu convaincu et songeur. Il allait encore passer sa journée à scruter son téléphone, c'était joué d'avance...


"Raaaah ! J'arrive à rien !"

Yuji repoussa avec mauvaise humeur le livre dont il essayait vainement d'étudier le même chapitre depuis un temps qu'il n'aurait su estimer, se laissant ensuite lourdement tomber contre le dossier de sa chaise dans un profond soupire.

Des. Heures.

Voilà des heures que Kali avait quitté le sanctuaire, de légers scellés aux poignets pour dissimuler les traits de son pentacle et une partie de son énergie, un sourire radieux aux lèvres, lui promettant de revenir le plus vite possible.

Elle lui avait, comme promis, envoyé des messages pour l'assurer du bon avancement de sa chasse ainsi que de son état, mais le garçon ne parvenait pas à apaiser ses craintes. Il n'aimait pas la savoir loin de la sécurité offerte par le refuge trouvé par Gojo. Il n'aimait pas la savoir se battant seule, alors que sa survie ne tenait qu'à un fil. Il n'aimait pas la savoir loin de lui, tout simplement, malgré le fait que sa présence à ses côtés représentait également un danger, à cause de son détestable hôte millénaire.

Il aurait tant voulu pouvoir l'accompagner ! Mais cela aurait été désobéir à son professeur, qui s'était donné tant de mal pour assurer le secret de sa résurrection. Il ne pouvait pas prendre le risque de gâcher ses efforts, surtout qu'il était loin d'avoir encore atteint le niveau nécessaire pour pouvoir assurer la protection de ceux auxquels il tenait.

Itadori se repencha vers son bureau, foudroyant du regard le bouquin qui le narguait un peu plus loin. Il n'avait jamais été particulièrement doué pour les études. Les livres l'ennuyaient profondément. Il préférait de loin l'action, la pratique. A contre cœur, il alla chercher le manuel d'exorcisme, le ramenant un peu vers lui. Il aurait bien aimé que Gojo soit là, aujourd'hui. Au moins, s'il s'était entrainé avec son protecteur, les heures seraient surement passées plus vite et l'absence de la jeune hybride se serait peut-être moins faite sentir entre les murs silencieux du sanctuaire.

"Gamin... Tu espères vraiment apprendre à user des arts occultes dans tes papiers ? Tu es désespérant..."

La voix narquoise de Sukuna retentit contre son oreille alors qu'il se matérialisait sur sa joue, son œil couleur sang scrutant le papier glacé où s'étalait les cours théoriques que tentait vainement d'assimiler son hôte.

"Ce que tu fais, ça ne sert à rien. Autant t'amuser à faire des origamis avec tout ça !" continua le démon d'un air moqueur, s'ennuyant en réalité au plus haut point.

"La ferme, Sukuna..." bougonna Itadori, ne pouvant hélas le contre dire plus avant.

"Tu as passé tellement de temps sur cette page que je pourrais bientôt la réciter par cœur..." maugréa de mauvaise humeur Ryomen, ne supportant plus l'immobilité du lycéen. Après les moments assez distrayants qu'il passait avec la crevette la nuit durant, devoir se contenter de la morne compagnie de l'adolescent l'exaspérait au plus haut point. "Tu m'ennuies, gamin ! Bouge ! Va regarder un film sur la boite magique, ça, même ton cerveau ramollis est capable de le faire !"

"Tu sais ce qu'il te dit, mon cerveau ramollis ?" siffla l'intéressé entre ses dents, prenant le livre à deux mains afin d'essayer de se focaliser sur son contenu.

"Qu'il sert pas à grand-chose..." répondit l'homme millénaire au tac au tac, reniflant avec dédain. "Les arts occultes, ça se pratique sur le terrain ! Tu aurais dû suivre la crevette. Elle, au moins, elle va se dégourdir les jambes et combattre alors que toi tu joues les rats de bibliothèque..."

"Ne parle pas d'elle !" s'emporta le réceptacle du démon, craquant finalement, allant plaquer avec force sa main contre sa joue. Il savait pourtant depuis longtemps que cela n'avait pas grand intérêt, cependant il ne pouvait s'en empêcher. Si seulement il avait un moyen de faire taire ce satané démon !

"Oh ? Et pourquoi je m'en priverai, gamin ?" Depuis son espace intérieur, le fléau couronné se cala un peu plus au milieu des crânes de buffles de son trône, d'humeur brusquement taquine. Tourmenter son niais d'hôte était au fond l'un de ses seuls passe-temps, vu qu'il refusait de converser normalement avec lui. "Elle en met d'ailleurs du temps à revenir... Peut-être est-elle morte, à l'heure actuelle, bouffée par un quelconque démon mineur..."

"MAIS LA FERME !" Yuji se redressa d'un bond, commençant à faire les cent pas dans la pièce d'étude, tel un lion en cage. Sukuna venait de jeter de l'huile sur le brasier de son inquiétude, faisant monter de la bile dans sa gorge.

"Elle était mignonne, sa danse de lames, tout à l'heure." enchaina cependant la malédiction, ne prêtant pas oreille aux ordres du lycéen. "Mais vouloir se battre sans énergie occulte, vu son niveau, c'est comme aller au combat une main attachée dans le dos. Dommage, elle était distrayante, la crevette."

Itadori ne dit rien, serrant ses poings à s'en faire blanchir les phalanges, serrant ses mâchoires de toutes ses forces, l'esprit écartelé entre sa colère envers son invité indésirable et ses angoisses concernant l'hybride allant crescendo, alimentées par chacun des mots du monstre qu'il portait en son sein. Non... Elle ne pouvait pas être morte. Elle le lui avait promis. Il avait reçu un sms de sa part il n'y avait pas une heure et tout allait visiblement bien. Ryomen ne faisait que le tourmenter pour le plaisir.

Ce dernier de son coté, scrutait la réaction de l'adolescent, prêt à en rajouter une couche. Derrière le jeu auquel il se livrait, certes amusant, il souhaitait réellement que le gosse aille à la recherche de la petite demi démone. Il n'avait pas réagi ce matin, persuadé que Yuji parviendrait à la raisonner face à sa nouvelle idée suicidaire, mais la mouflette s'était faufilée hors du sanctuaire avant que ce dernier ne ressorte de sa propre chambre, lui coupant l'herbe sous le pied. Il manquait plus qu'elle aille se faire tuer par un fléau de rang inférieur sur un de ses nouveaux coups de tête, après tout le mal qu'il s'était donné pour réussir à lui faire un peu baisser sa garde !

Franchement... Il faudrait qu'il la ligote et la foute dans un coffre jusqu'à ce qu'elle accepte de passer le pacte avec lui, cette inconsciente petite chose dénuée du sens élémentaire de préservation !

"Elle va bien..." murmura le futur exorciste entre ses dents serrées, cherchant à se convaincre lui-même. "Elle va bien, elle va revenir, elle l'a promis."

"Oui, c'est certain qu'une promesse protège de la mort." Ironisa le roi millénaire, scrutant ses cuticules avec attention, un sourire mauvais dévoilant ses canines pointues aux lèvres. "Si tu savais combien de personnes qui avaient fait de telles promesses j'ai pu tuer de mon temps..."

"Et tu en es fier ?" s'offusqua Yuji, ne pouvant s'empêcher de faire volte-face, comme s'il s'attendait à tomber nez à nez avec son interlocuteur immatériel.

"Plutôt..." Sukuna se pencha en avant, allant s'accouder avec une nonchalance apparente sur ses genoux. Le gamin était à point, il le sentait. Il suffirait d'encore quelques mots pour qu'il accepte de partir à la recherche de l'européenne. Il était hors de question qu'il perde aussi bêtement son jouet. "Mais si tu préfères attendre sagement là alors qu'elle doit surement être quelque part à baigner dans son sang, c'est ton choix..."

"Si je..." s'étouffa Itadori, sentant son sang bouillonner dans ses veines. "Si tu crois que c'est de gaité de cœur que je suis là, tu te fourres le doigt dans l'œil jusqu'au cul !"

"COMMENT ?" s'emporta instantanément le démon millénaire, piqué au vif par la réflexion, se redressant de toute sa hauteur au milieu des crânes, son énergie occulte phénoménale se déversant avec fureur dans son espace vital, faisant se hérisser les poils sur la peau de son hôte. "Espèce de sale petit morveux, je vais te..."

TING !

Brusquement, la sonnerie du téléphone du jeune garçon retentit dans la pièce, faisant se figer les deux interlocuteurs, leur attention commune se reportant sur le petit appareil abandonné sur le bureau. Le lycéen se précipita vers lui, pianotant nerveusement sur son clavier pour tomber sur une nouvelle missive numérique de l'hybride, lui arrachant un profond soupir de soulagement.

Il afficha le message sans plus attendre, y découvrant une photo de la main de la jeune femme, au creux de la quelle brillait faiblement une dizaine de petites sphères aux couleurs sombres qu'il savait à présent être des orbes fléautiques.

* La chasse fut fructueuse ! Je vais pas tarder à rentrer, si tu as besoin que je passe prendre quelque chose à la superette, dit le moi ! A tout à l'heure, Yuji !* lui envoya-t-elle dans la foulée, arrachant un sourire triomphant au futur exorciste.

"Dans les dents, Sukuna ! Elle l'avait promis, elle l'a fait !" éructa-t-il, triomphant, se laissant tomber sur sa chaise, soudainement soulagé de toute la tension lui écrasant jusque-là les épaules.

"Mes dents vont très bien, morveux..." répliqua ce dernier, de mauvaise grâce, affichant malgré tout un petit sourire satisfait. Elle était vivante finalement... Et elle revenait jusqu'à lui. Finalement tout ne finissait pas trop mal, pour cette fois.

"Je te l'avais dit, démon de malheur !" soupira l'adolescent, ravis. "Mais tu n'écoutes jamais ! Tu n'écoutes jamais personne d'ailleurs..."

Ryomen soupira, levant les yeux au ciel. "Ce que tu peux être ennuyeux... Vivement que la crevette revienne..."

Yuji se redressa un peu sur sa chaise, sourcils froncés, redevenant sérieux. "Pour que tu puisses encore la tourmenter, vieux pervers ?"

L'intéressé laissa échapper un léger ricanement en repensant aux 'tourments' qu'il avait infligé à la petite ingénue la nuit dernière. Il lui semblait pouvoir encore sentir la douce chaleur de la peau de velours du corps félin de l'hybride presque nu contre le sien, de ses doigts s'aventurant courageusement dans sa nuque, de leurs lèvres se mêlant dans des baisers qui n'avaient rien de subis...

"Oh... Si tu savais, gamin..." susurra-t-il d'une voix terriblement mielleuse, faisant tiquer l'adolescent.

"Qu'est-ce que tu veux dire par là ?" questionna le lycéen, d'un coup mal à l'aise. "Je t'interdit de lui faire du mal ! Je t'interdis de toucher à un seul de ses cheveux ! D'ailleurs, je t'interdis même de poser tes yeux lubriques sur elle !"

"Ah, parce que toi, tu n'as aucune pensée lubrique la concernant peut-être ?" répliqua immédiatement Sukuna, amusé. "Tu oublies que je suis dans ta tête, crétin ? Veux-tu que je te rappelle tes fantasmes par le menu ? Par quoi puis-je bien commencer... "

Yuji siffla entre ses dents, le rouge montant malgré tout à ses pommettes. Alors qu'il cherchait une répartie cinglante à envoyer au visage de son détestable hôte, un bruit sourd se fit soudainement entendre non loin, faisant sursauter le lycéen.

"Qu'est-ce que..." commença Itadori, se relevant d'un bond, sur ses gardes.

"Un fléau..." laissa tomber le démon après un bref instant de réflexion, surprenant le jeune homme.

"Un fléau ?" Répéta, incrédule, son réceptacle qui s'avança jusqu'à la porte de la pièce d'étude, passant sa tête par le chambranle de la porte pour fixer l'obscurité du couloir menant à l'entrée du sanctuaire, plissant les yeux pour essayer d'y voir quelque chose.

"N'es-tu donc pas capable de sentir cela, gamin ?" soupira à nouveau Ryomen, désolé face aux piètres capacités du lycéen. "Et pas la peine de prendre cet air affolé, ce n'est en aucun cas une menace..."

"Et comment tu pourrais le savoir ?" chuchota doucement Yuji qui s'avançait à pas de loup vers les escaliers centraux, seul accès vers le monde extérieur du refuge. Il avait beau scruter les environs, l'adolescent ne distinguait toujours aucune menace visible.

"kyuuuu..."

Un faible gémissement, à peine audible, fit se figer le jeune garçon, tournant son regard noisette vers sa source, au pied du mur faisant face à marches. Il se pencha alors vers la petite chose recroquevillée sur le sol, son pelage normalement immaculé étant couvert de terre et de sang, le rendant presque invisible dans la pénombre.

"Parce que c'est juste le rat volant qui accompagne la crevette, morveux..." commenta Sukuna, croisant ses bras sur son torse, une grimace aux lèvres. Il ne saurait dire pourquoi, mais il n'aimait pas ce démon albinos. Vu qu'il avait disparu quelques jours auparavant, il avait espéré qu'il ait disparu une bonne fois pour toute. Hélas, cela ne semblait pas être le cas...

" KYU ! Mais qu'est ce qui t'est arrivé, mon pauvre ?"

Yuji ne prêta pas oreille aux dires de sa malédiction personnelle, s'agenouillant près du petit être visiblement à bout de force, le prenant délicatement dans ses mains. La petite chauve-souris laissa échapper de faibles sifflements alors que le lycéen l'emmenait avec lui vers la cuisine, allumant la lumière avant de le déposer avec mille précautions sur la table toute neuve trônant en son centre, désireux de voir l'étendue de ses blessures. Immédiatement le fléau volant tenta maladroitement de déployer ses ailes diaphanes sur son museau, cherchant à fuir la luminosité trop violente de l'ampoule au-dessus de sa tête.

Itadori ne savait que faire, fixant l'animal qui gémissait doucement, n'osant le toucher tant il paraissait fragile. Et s'il avait des os cassés ? Et s'il avait des blessures internes ?

Rah ! Le futur exorciste s'ébouriffa les cheveux, détestant se sentir démuni face à une situation. Il y avait quelques années, son grand père lui avait offert un stage d'apprentissage des gestes de premiers secours, adaptés aux enfants, car son rêve avait toujours été de devenir pompier après le lycée. Mais même ses souvenirs de ce qu'il avait appris alors ne lui servait en rien pour soigner un démon qui lui tenait dans la paume de la main !

"Putain, je fais quoi ?" murmura-t-il, scrutant le petit être ailé couvert de salissures et de sang séché, incapable de se décider.

"Tu l'achèves..." tenta Sukuna, scrutant avec un dédain teinté de dégout le rat volant qui se trainait faiblement sur la table.

"Si c'est pour dire des trucs comme ça, tu peux te la fermer, Sukunaze !" siffla entre ses dents l'adolescent, profondément exaspéré par le manque total de bonne volonté de son invité millénaire.

"Quelle ingratitude, morveux..." soupira l'intéressé, se laissant retomber au milieu de ses crânes. "Ne viens plus me demander conseil dans ces cas-là."

"Mais je t'ai rien dem..." s'emporta instantanément Yuji, qui fut cependant couper dans sa phrase en entendant une voix non loin.

"Yuji ! Je suis rentrée ! Où es-tu ?"

C'était Kali qui descendait les escaliers menant au refuge à toute vitesse, arrachant un soupir de soulagement au jeune garçon. Elle saurait certainement quoi faire !

"Kali-sempai ! Je suis là, à la cuisine !" Cependant, en même temps qu'il disait ces mots, le lycéen s'élança sans même s'en rendre compte à la rencontre de sa colocataire, la trouvant au milieu du couloir.

"Yuji ? Qu'est que chose ne va pas ?" s'étonna-t-elle, haussant les sourcils, scrutant le visage ouvertement troublé de son vis-à-vis.

Sans plus attendre, Itadori lui saisit le poignet, l'entrainant à sa suite pour retourner vers l'endroit où il avait laissé le petit fléau blessé. "C'est... C'est Kyu ! Je l'ai trouvé aux pieds des escaliers, il a l'air de ne pas aller bien du tout !"

"Kyu ?" De l'eau glacé coula le long du dos de l'hybride en entendant les mots alarmant du jeune homme, la faisant se précipiter à sa suite jusqu'à la cuisine. Si tôt arrivée, elle repéra immédiatement le minuscule démon sur la table, se jetant vers lui. Elle le prit immédiatement dans ses bras, caressant doucement le poil rêche et sale de son dos.

"kyu ? Kyu, mon dieu, mais que t'est-il arrivé, mon pauvre chéri ?"

Sukuna, de son espace intérieur, tiqua à ces mots, resserrant imperceptiblement ses poings. Non, décidément, il n'aimait pas le rat volant.

"Yuji, tu sais ce qui s'est passé ?" enchaina l'européenne, blottissant le fléau contre sa poitrine, l'or de son regard troublé par une profonde inquiétude.

Le garçon hocha négativement la tête, navré. "Non, sempai... Je l'ai trouvé il y a quelques minutes à peine. Je n'en sais pas plus que vous."

"Il... Il faut voir où il est blessé." Sans plus attendre, Kali emporta la petite chauve-souris jusqu'à la salle de bain du refuge, Itadori sur ses talons. Elle pénétra dans la pièce, enjamba le rebord de la baignoire pour s'y agenouiller, ouvrant doucement le robinet pour en faire couler de l'eau tiède.

Avec mille précautions, la jeune femme mouilla doucement le démon blotti dans ses bras Ce dernier laissa échapper de faibles cris de contestation mais se laissa cependant faire, reconnaissant apparemment l'aura de celle qu'il avait toujours suivi depuis son éveil.

"Chut, Kyu... Tout doux, mon mignon... Tout va bien, tu ne crains plus rien..." lui murmurait tendrement Kali alors qu'elle continuait à laver délicatement son compagnon, se moquant complètement de tremper et salir ses vêtements qu'elle ne s'était même pas donné la peine de retirer. "Où avais-tu donc disparu, cette fois-ci ? Contre quoi t'es-tu donc battu... Oh, j'espère que tu n'as rien fait d'insensé... C'était déjà improbable que tu parviennes à me ramener une orbe aussi puissante la dernière fois. As-tu essayé de renouveler cet exploit ? C'est de la folie, Kyu, tu ne dois pas prendre de tels risques... Regarde un peu l'état dans lequel tu t'es mis..."

L'hybride continuait à parler à voix basse à la malédiction qui se laissait complètement faire, comme bercée par sa voix, alors que le nettoyage continuait. Yuji de son côté regardait la scène, comme fasciné par l'aura de profonde douceur et d'incommensurable bienveillance qui émanait de la jeune femme, le rendant presque un peu jaloux de l'être blessé qu'elle tenait dans ses bras.

"Eh bien voilà... On commence à y voir plus clair, Kyu..." chuchota Kali alors qu'enfin le pelage de ce dernier avait retrouvé son aspect de neige, ses blessures devenant clairement visibles.

"Est-ce grave ?" Yuji demanda d'une voix hésitante, alors que la jeune femme se relevait, tenant toujours le fléau contre elle, son débardeur sombre ainsi que son short complètement trempés se collant à sa peau.

Sans un mot elle enjamba à nouveau le rebord de la baignoire avant de s'y assoir, attrapant la première serviette à portée de main pour commencer à sécher délicatement le petit animal fléautique.

"Je n'ai pas l'impression..." finit-elle par dire, pointant du doigt les quelques entailles que l'on pouvait voir sur le corps du démon. "J'ai compté 4 coups, semblables à des coups de couteau, mais les plaies ne semblent pas très profondes. Il a l'air d'avoir mal à une aile par contre. Mais je crois qu'il est surtout affamé. Son énergie est très faible..."

Elle se tut un instant, songeuse, avant de reprendre, les sourcils froncés. "On dirait... Qu'il a été retenu captif quelque part... C'est insensé... Qui aurait pu faire cela ?"

Kali finit par relever son regard d'or vers son interlocuteur, visiblement perplexe et préoccupée.

"Co... Comment le soigne-t-on, du coup ?" questionna l'adolescent, n'osant soumettre l'hypothèse qui lui semblait la plus plausible : le petit fléau avait sans nul doute croisé le chemin d'un exorciste ayant essayé de l'occire...

"Je ne sais hélas pas user du sort d'inversion, comme Sukuna-san..." soupira l'étrangère, laissant choir son regard vers Kyu, frottant doucement son dos avec la serviette. "Heureusement, ses lésions ne sont pas trop graves. Le plus important est qu'il reprenne des forces. Une fois cela fait, il guérira rapidement."

"Vous dîtes qu'il est affamé... Qu'est-ce qu'on peut lui donner à manger ?" Yuji faisait déjà intérieurement l'inventaire de ce qu'ils avaient à disposition dans le sanctuaire, doutant que des nouilles instantanées puissent satisfaire les besoins de la chauve-souris.

"Ne t'inquiète pas, je m'en occupe..."

A ces mots la demoiselle se releva, quittant la salle de bain, Yuji sur les talons. Elle retourna à la cuisine où elle avait abandonné son sac à bandoulière dans un coin, bien trop préoccupée par l'état de Kyu pour y prendre garde. Elle le récupéra avant d'aller le poser sur la table, fouillant d'une main au milieu de ses innombrables poches. La jeune femme en extrayait finalement un bocal de verre dans lequel brillait doucement de nombreuses petites sphères à l'éclat sombre et mouvant, allant du vert au mauve, du doré au rouge, du bleu au rose... Elle le tendit vers le futur exorciste qui s'était approché, fasciné.

"La pêche du jour !" s'amusa l'hybride, un sourire triomphant aux lèvres. "Peux-tu ouvrir le bocal, s'il te plait ? D'une main, ce n'est pas aisé..."

"Bien sûre !" Le lycéen s'exécuta dans l'instant, ouvrant le couvercle hermétique du contenant de verre, une étrange vague d'énergies diverses s'en libérant immédiatement.

"Un joyeux melting-pot, pas vrai ? Il n'y a là que des niveaux 3, et un niveau 2 faiblichon, la sphère rouge que tu vois juste là... Tu pourrais me la donner ? C'est le mieux que j'ai à offrir à Kyu pour le moment, je le crains."

Itadori alla piocher l'orbe, des petites décharges électriques lui parcourant les doigts alors qu'ils frôlaient les sphères lisses et tièdes. Il fit rouler son butin au creux de sa paume, le scrutant avec intérêt. L'intérieur semblait être fait d'une eau mouvante, tumultueuse, aux faibles éclats allant d'un blanc rosé au rouge sang. C'était la seconde fois qu'il pouvait admirer une telle chose. La première fois remontait à quelques jours à peine, le soir où, justement, Kyu avait ramener une de ces billes de puissance pour sauver sa maitresse. Cependant, il était indéniable que celle qu'il tenait actuellement était d'une force bien moindre que celle de cette soirée-là.

"ça va suffire, vous pensez ?" Demanda Yuji en remettant l'orbe à la jeune femme, scrutant le petit démon toujours niché dans ses bras, agrippant fermement le bras de sa protectrice des serres de ses ailes.

"Je l'espère..." souffla Kali, faisant rouler la bille au creux de sa main. "Si jamais cela ne suffit pas, je lui en donnerai d'autre. Et si ce n'est pas encore assez... Eh bien, j'ai quelques litres de sang en réserve..."

Elle releva son visage vers le lycéen, un doux sourire aux lèvres. "Je n'ai pas de passé, Yuji. Je n'ai qu'un présent, et qui peut se résumer à une poignée de mois. Kyu a presque toujours été à mes côtés depuis mon éveil. Il m'a accompagné, il m'a protégé comme il l'a pu, il m'a suivi dans mon périple jusqu'au Japon, jusqu'à toi et Sukuna-san. Il compte énormément pour moi, comme Prasad. En un sens ils sont... ma famille. Ou du moins, ce qui s'en rapproche le plus."

Doucement, elle amena la sphère fléautique près du museau de la petite chauve-souris albinos, se penchant vers elle pour l'encourager d'une voix presque maternelle. "Kyu, je sais que tu es fatigué, mais il faut que tu avales ça... Après je te laisserai te reposer, promis..."

Au prix d'un flagrant effort, le petit démon alla attraper entre ses serres l'orbe rougeoyante, ouvrant grand sa gueule pour l'avaler tout rond, faisant craindre au réceptacle du roi millénaire qu'il ne s'étouffe avec. Mais cela n'arriva pas, la boule de poils ailée goba son repas avant de se laisser retomber mollement dans les bras de Kali, laissant échapper comme un soupire. Cette dernière lui gratta avec gentillesse son pelage de neige de la nuque.

"C'est bien, mon tout beau... Tu as été courageux …" Elle se releva lentement, traversant la pièce jusqu'au couloir. "Je vais aller le mettre dans ma chambre, pour qu'il puisse se reposer. Je reviens, Yuji."

Elle laissa alors le jeune garçon seul, un peu chamboulé parce qu'il venait de voir. Elle avait agi avec une telle douceur, une telle bonté envers le petit être ailé. C'était difficile pour lui, dans ces moments-là, de réussir à se souvenir qu'elle pouvait être aussi dangereuse qu'elle était adorable.

Gojo ne cessait, lorsqu'il était avec lui, de lui rappeler cet état de fait : Kali était une hybride, certes à moitié humaine, mais surtout à moitié fléau. Pour survivre, elle se devait de parfaire son cercle d'encrage, et ainsi devenir un démon à part entière. Un être damné, comme ceux qu'en tant qu'exorcistes ils chassaient depuis des centaines d'années pour protéger l'humanité de leur soif de sang et de mort...

Était-il possible que Kali devienne un tel monstre ? Cela lui semblait... impossible... Jamais il ne l'avait vu être cruelle, jamais il n'avait perçu en elle cette volonté mauvaise et sordide qui animait par exemple Sukuna.

Si seulement elle pouvait redevenir humaine... Tout serait tellement plus simple...

"Yuji ? Ça va ?"

La voix de la demi démone extirpa l'intéressé de ses pensées, le faisant reprendre conscience de son environnement immédiat. Il se tourna vers l'encadrement de porte où se trouvait la demoiselle lui souriant, faisant rater un battement à son cœur.

Elle avait changé de tenue, délaissant son short en jean et son débardeur noir trempés et souillés pour une petite robe d'été fluide et courte aux couleurs pastelles allant du bleu au violet. Les brettelles semblaient tellement fines qu'il était étonnant qu'elles parviennent à supporter le poids du vêtement, guidant le regard vers un décolleté en V ajouré de perles nacrée, mettant grandement en valeur la poitrine de la demoiselle. Les pans souples de la robe ample dansaient le long de son corps félin, venant s'arrêter à milieu de ses cuisses à la peau pâle.

"Kyu..." essaya de commencer Itadori, tentant à grande peine de s'extraire de la contemplation de l'étrangère.

"A peine je l'ai déposé sur mon oreiller qu'il s'est endormi..." L'européenne traversa la cuisine pour aller se saisir de son sac sur la table, y rangeant le bocal de verre dans lequel se trouvait le reste des orbes. Elle offrit ainsi à son colocataire une vue imprenable sur le décolleté vertigineux qu'elle avait dans son dos, s'arrêtant au niveau de sa taille, dévoilant son cercle d'encrage se détachant de son épiderme de nacre. Elle avait apparemment profité de son passage dans sa chambre pour également retirer les scellés qu'elle avait porté lors de sa chasse. "Il a besoin de repos maintenant... Merci de t'être occupé de lui le temps que j'arrive Yuji."

"C'est... C'est normal..."

Elle lui adressa un nouveau sourire, un rien mélancolique, intriguant son interlocuteur. Il remarqua alors également les lourdes cernes sous ses yeux redevenus bicolores et félins, ainsi que la fatigue qu'il pouvait y lire.

"Kali-sempai... Vous semblez épuisée." souffla-t-il, s'approchant un peu d'elle, soucieux.

"La chasse... Sans user d'énergie occulte, ça a été du sport. Et je ne suis pour ainsi dire pas très sportive, apparemment !" s'amusa la demoiselle, laissant échapper un léger rire. "Mais le jeu en valait la chandelle."

Elle secoua doucement son sac dans lequel les orbes tintèrent joyeusement contre le verre de leur prison, la ravissant visiblement.

"Je devrais être tranquille un peu... Du moins, je l'espère."

"Vous n'en êtes pas sûre ?" questionna l'adolescent, fronçant les sourcils.

"Avec ma nature rarissime et mon cercle bancale, je ne suis pour ainsi dire jamais sûre de rien. J'avance à vue, je fais au mieux ou au moins pire..."Elle regarda son interlocuteur qui paraissait médusé par ses mots. 'Tous ces efforts pour si peu de sécurité' semblait-elle lire sur son visage.

"Ne fais pas cette tête !" Elle vint lui donner une légère tape sur l'épaule, tentant de se donner contenance, chassant ses propres doutes le plus loin possible dans son esprit. "Quoi que réserve demain, aujourd'hui est une victoire, il faut se réjouir ! Que dirais-tu qu'on se fasse un plateau télé pour fêter ça ce soir ? On mangera des cochonneries, vautrés sur le canapé en regardant une série jusqu'à s'endormir comme des loques ! Ça te dit ?"

Face à son entrain, le garçon sourit à son tour, convaincu. "ça c'est une chouette idée, Sempai !"

"Parfait ! Alors c'est adjugé !" se réjouit la demoiselle, allant fouiller dans son sac. "Bon il est peut-être un peu tôt pour dîner, mais pas pour attaquer la série !"

"A quelle série pensez-vous ?" demanda le futur exorciste, intrigué.

"As-tu déjà entendu parler..." commença la jeune femme, un sourire machiavélique aux lèvres, avant de brandit un coffret dvd visiblement neuf, la pochette plastifiée le protégeant encore brillant sous la lumière artificielle de la cuisine. "de Game of Thrones ?"

Yuji répondit immédiatement par un sourire étincelant et entendu, plus que ravis par le choix de la jeune hybride. "Oh, Sempai...C'est une série que l'on peut voir mille fois !"

Après toutes les émotions de l'après-midi, la soirée promettait d'en être encore bien riche, c'était certain !


Quand Sukuna ouvrit les yeux, les gamins avaient tenus plus de la moitié de la première saison de la sanglante série avant de sombrer tous deux dans le sommeil. Ils avaient passés les dernières heures comme l'avait proposé l'hybride, vautrés sur le canapé rouge du salon, un drap fin jeté sur leurs jambes se touchant presque, à s'alimenter de gâteaux apéritifs divers, de mikado et de soda.

De vrais gosses ces deux-là...

Cependant, le démon devait leur reconnaitre une chose : le choix du divertissement de ce soir était excellent ! Il s'était lui-même surprit à suivre avec un réel intérêt l'intrigue, sentant tout le potentiel de fourberie de certains des mini humains. Et puis cette quête de pouvoir à tout prix lui rappelait incontestablement les temps troublés de son aire Heian... Non, vraiment, il aimait assez !

Il aurait presque –presque - souhaité en parler avec la crevette, mais hélas...

Le fléau millénaire laissa choir son double regard vers l'autre bout du canapé, où dormait profondément la petite hybride épuisée et repue, le dos calé contre des coussins, les jambes repliées sous le fin drap qu'elle avait ramené de sa chambre.

Mais hélas sa seule interlocutrice potentielle semblait avoir été terrassée par la fatigue, plongée dans un lourd sommeil. Il pourrait bien entendu la réveiller, comme il l'avait déjà fait à plusieurs reprises auparavant. Cependant, cela lui importait peu... Il avait une autre idée en tête.

Lentement, Sukuna vint se saisir du drap recouvrant le corps de la demoiselle, le tirant vers lui pour la découvrir, le laissant choir au sol. Elle ne broncha pas, bien trop aux prises dans les bras de Morphée, offrant un spectacle des plus alléchants au démon millénaire.

Tous ces combats qu'il avait visionné avec les deux jeunes gens au cours de ces dernières heures, toute cette brutalité, toutes ces morts, toutes ces scènes éhontément sexuelles, toutes ces femmes et ces hommes dénudés... Cela avait incontestablement attisé en lui un feu qu'il avait de plus en plus de mal à contenir. D'autant plus depuis le bain qu'il avait pris la veille avec la petite ingénue presque nue, collant ses lèvres et son être appétissant contre le sien...

Le damné scruta de son regard sanglant la jeune femme assoupie, sa courte robe lui dévoilant outrageusement son corps félin. Une de ses bretelles avait glissé le long de son épaule, amplifiant un peu plus encore le plongeant du décolleté laissant entrevoir une partie de sa poitrine généreuse. Le tissu, pendant son sommeil, était également un peu remonté le long de ses cuisses, découvrant presque entièrement ses jambes galbées légèrement pliées vers elle.

Sukuna déglutit faiblement, sentant son sang s'échauffer dans ses veines.

"Oh, crevette... Tu m'aguiches là..." soupira-t-elle, s'approchant un peu d'elle sur le canapé, la dévorant du regard.

Lentement, il posa sa main une des cuisses de l'hybride, en savourant la douce tiédeur sous ses doigts. Il remonta avec précaution le long de sa jambe, faisant courir ses doigts sur sa peau, remontant dans son sillage le fin tissu coloré de sa robe, arrivant bientôt jusqu'à sa hanche.

Le fléau suspendit un instant son geste, scrutant le visage assoupi de la demoiselle, tiraillé par ses désirs. Il ne faisait rien de mal, de toute manière. Et comme on disait... Qui ne disait mot consentait...

Fort de cette certitude, Ryomen se rapprocha encore un peu de sa cible, reprenant son exploration de son être qui serait, de toute manière, bientôt à lui. Il fit glisser ses mains sous la robe de l'étrangère, la faisant remonter au-dessus de sa poitrine, la laissant presque nue sous ses yeux voraces, lui arrachant un grognement appréciateur.

Ah... Quel corps elle avait, la gourgandine... Elle appelait assurément à la pire des luxures, avec ses courbes généreuses, ses seins arrogants se dressant vers lui, sa taille fine, ses hanches voluptueuses... Sans parler de la douceur insensée de sa peau et de son parfum... Ah ce parfum... ça le rendait fou. Il avait envie de la lécher, de la mordre, de la gouter...

Il approcha une main d'un de ses seins ronds et pleins comme des fruits mûrs, en suivant la courbe du bout des doigts, remontant jusqu'à son sommet. Le démon alla caresser doucement le téton à la couleur de rose de la toute jeune femme, le sentant presque immédiatement un peu se durcir à ce simple contact.

"Tu es bien sensible, crevette..." s'amusa Sukuna, continuant quelques instants à jouer avec, avant de laisser sa main redescendre doucement vers le nombril de l'hybride, plus vers le boxer rose pâle qu'elle revêtait encore.

Il devrait arrêter là, il le savait. Déjà il pouvait sentir son sexe se durcir dans son propre sous vêtement, preuve de son excitation grandissante. Mais il en voulait plus. Il en voulait tellement plus. Et il en avait assez de patienter sagement. Il était le Roi. Il n'était pas du genre à subir les choses.

Il expira lentement, ne prêtant plus du tout attention à la série qui continuait à défiler sur la boite magique, ayant d'ores et déjà trouver une distraction bien plus concrète et attrayante que ces contes sanglants. Avec mille précautions, le fléau ancestral déplia les jambes de l'hybride vers lui, veillant bien à ne pas la réveiller, avant de se saisir du bout de tissu lui enserrant les hanches, le lui retirant complètement. Il le jeta au sol sans autre forme de procès alors qu'il découvrait dans la lumière crue de la télévision la partie la plus intime de sa victime assoupie, un sourire carnacier aux lèvres.

Putain, il la voulait tellement !

De gestes rapides et assuré, il se remit debout, retira son t-shirt ainsi que son short, se retrouvant nu au milieu du salon où seuls les dialogues des acteurs troublaient le silence, son sexe déjà dressé par un désir bien trop longtemps inassouvi.

Sukuna revint alors se positionner sur le canapé, se mettant entre les jambes de la belle endormie, son membre viril à quelques centimètres seulement de son jardin des plaisirs virginal, l'obnubilant complètement. Il vint poser une main en haut de sa cuisse, l'autre allant se saisir de sa verge gorgée de son sang bouillonnant, exerçant de légers mouvements sur toute sa longueur. Lentement, l'homme tatoué fit glisser son pouce contre le sexe de la demoiselle, le caressant avec délicatesse, lui arrachant un léger soupire par-delà les limbes de son sommeil.

" Tellement sensible, crevette..." susurra-t-il, ses yeux de sang ne pouvant se détacher du bas ventre de Kali, incapable de penser à autre chose qu'à son envie de la faire sienne. Il s'imaginait la prendre sans vergogne, sans douceur, la faisant se débattre inutilement alors qu'il la plaquerait au canapé d'une seule main. Il pouvait presque voir les larmes perler de ses yeux inhumains d'habitude emplis d'impertinence, entendre sa voix aux consonnances lointaines le supplier inutilement... Et savoir à quel point il s'en foutrait l'électrisait plus encore...

A cette pensée, le démon pénétra un peu de son pouce l'européenne, l'enfonçant doucement en elle, savourant la chaleur accueillante qu'il pouvait déjà y sentir. Putain, qu'elle était étroite... Se serait tellement bon de la baiser. Lentement, il retira son doigt de son sexe avant de le porter à ses lèvres pour le lécher de sa langue tatouée, en appréciant le goût comme s'il avait s'agit d'un grand cru, laissant échapper un soupire satisfait. Ah... Quel goût elle avait... Ça le fit se durcir un peu plus encore.

Elle allait être à lui... Ça ne pouvait être autrement. Seul lui était capable de se rendre compte à quel point son parfum était unique. Seul lui méritait de la posséder. C'était... une évidence. Une telle rareté ne pouvait n'être qu'à un roi, et, de tous temps, il avait toujours été le seul et unique Roi ayant foulé cette terre.

Complètement aveuglé par ses envies, il approcha son sexe tendu de celui de Kali, allant faire glisser sa verge contre ses lèvres et son clitoris dans de lents mouvements, déglutissant d'anticipation...

Se serait tellement simple... Il aurait juste à donner un coup de hanches sec pour s'enfoncer en elle, la pénétrer de son membre douloureusement contrit de désir. Il aurait pu leur dérober leur innocence a tous les deux, a la crevette en lui déchirant l'hymen, a son hôte en la violant ainsi, en profitant de leur sommeil. Ça aurait été assurément un coup de génie, arrachant un sourire machiavélique à Sukuna ...

Mais ça aurait également pour résultats de le faire haïr par les deux gamins.

Le fait en soit même ne lui faisait ni chaud ni froid vis à vis de Yuji. Mais par rapport à la crevette c'était plus compliqué... S'il la baisait ainsi, surtout pour sa première fois, elle ne le lui pardonnerait pas. Elle était têtue, ça c'était une chose qu'il avait saisi, et s'il agissait de la sorte cette nuit elle ne passerait assurément jamais de pacte avec lui, préférant sans aucun doute mourir que d'être à lui après un tel geste... C'était tellement chiant...

Le roi démoniaque respirait profondément, se mordant sans s'en rendre compte la lèvre inférieure, luttant de toutes ses forces pour ne pas faire la seule chose qui l obsédait de plus en plus ces derniers temps, à savoir faire sienne l'hybride. Il fixait dans la pénombre son sexe innocent mis à nu ainsi que sa verge bandée qu'il tenait avec fermeté posée contre de ce dernier, plus tiraillé qu'il ne l'avait rarement été.

La posséder une fois ou attendre qu'elle ne craque, et lui faire payer toute cette attente qu'elle lui avait fait subir, encore et encore ?

Le roi des fléaux positionna son gland contre l'entrée humide de ce sexe le narguant, le frottant doucement en l'y enfonçant un peu. La sensation l'électrisa tout entier, le faisant se tendre un peu plus encore, lui arrachant un grognement brut. Ça lui manquait tellement...

Immédiatement la jeune hybride laissa échapper un léger soupire dans son sommeil, visiblement troublée par ce contact inconnu, gigotant un peu contre lui, le faisant un rien s'enfoncer plus profondément en elle. Putain mais quelle torture. Il lui semblait pouvoir sentir cette membrane contre son membre, cette preuve irréfutable que la petite hybride n'avait jamais appartenue à quiconque avant lui, lui donnant plus encore envie de la déchirer d'un coup de rein.

Hélas... Cela n'aurait pas été intelligent de sa part, il le savait.

Sukuna demeura encore quelques instants immobile, dévisageant le minois endormis de Kali, ses faux traits d'ange, écartelé comme rarement il n'avait été dans son existence. Le plaisir immédiat ou le long terme ? Il devait choisir...

Soudain, dans un grognement profondément frustré, l'homme tatoué se laissa retomber sur le canapé avec mauvaise humeur, passant ses mains sur son visage tourmenté.

"Tu te feras pardonner largement pour tout ça, crevette, je peux te le garantir..." Maugréa-t-il entre ses doigts, de mauvaise grâce.

Cette dernière, bien inconsciente de ce qu'il se jouait en cet instant, libérée de l'emprise de Sukuna sur ses jambes, se roula en boule sur le côté dans un soupire, offrant une vue imprenable sur ses fesses et son sexe à nu, faisant s'écarquiller un peu les yeux du démon qui la regarda faire, dubitatif. Elle le cherchait clairement là, ou il rêvait ?

"C'est pire qu'une invitation la, gourgandine..." murmura-t-il en la dévorant du regard, doutant de sa propre décision.

Il aurait tant voulu venir griffer et mordre ses fesses charnues le narguant à quelques centimètres à peine, baiser ce sexe qui n'attendait que lui... La réveiller dans des cris de plaisir ou de douleurs, il n'en avait rien à foutre. Elle finirait par crier son nom de toute façon... Et tant qu'il y prenait lui du plaisir, c'était la seule chose qui comptait réellement.

Dans un profond soupire, Sukuna se pencha pour aller récupérer le drap qu'il avait laissé choir au pieds du canapé un peu plus tôt, le jetant sur le corps dévêtu de Kali, désireux de dissimuler à ses yeux affamés cet objet de désir impudent.

Et maintenant quoi... ? Il était plus que réveillé, boudeur, et n'avait pas encore envie de retourner dans son espace intérieur. Il avait en plus raté presque un épisode entier de la série, ne comprenant pas ce qui défilait sur l'écran magique, nourrissant un peu plus encore sa frustration.

Il renifla avec dédain, glissant à nouveau son regard vers la petite chose endormie à ses côtés, seule responsable dans son esprit de toute cette situation déplaisante. Sans plus attendre, il alla se saisir d'un des coussins se trouvant dans son dos avant de l'abattre sans ménagement sur les fesses de la demoiselle, la réveillant dans un terrible sursaut, ce qui lui arracha un sourire satisfait.

"Que... Qu'est ce qui se passe ?" Kali se redressa sur le canapé, battant des paupières, complètement perdue. Elle balaya de son regard toujours ensommeillé la pièce, notant la télévision toujours allumée, ainsi que la présence de Sukuna à ses côtés. Elle remettait lentement les pièces de sa soirée dans l'ordre, se souvenant de tout, jusqu'à son endormissement sur ce canapé. Jusqu'à son réveil en fanfare, une nouvelle fois offert par le roi des démons qui la fixait de son éternel air narquois.

"Tu peux me remercier, crevette..." lâcha justement ce dernier de sa voix de baryton, arrachant un regard profondément perplexe à l'intéressée.

"Sukuna-san ? Vous remerciez ?" Kali réfléchissait aussi rapidement que son cerveau encore un peu endormi le lui permettait, ne comprenant pas ces paroles. Parlait-il du fait de lui avoir offert plus d'énergie occulte qu'il ne l'aurait dû, la nuit dernière ? Inconsciemment, elle en douta. "Mais de quoi devrai-je vous remercier, Sukuna-san ?'

Elle se rassit alors complètement, repoussant un peu le drap qui la couvrait jusqu'alors, se rendant brusquement compte de sa robe remontée sur sa poitrine ainsi que de l'absence complètement incongrue de son boxer, lui coupant momentanément le souffle.

"Que... Qu'est ce qui s'est... Qu'est ce que vous avez..." bégaya difficilement l'hybride en rebaissant avec maladresse sa robe pour couvrir son corps, le feu montant à ses joues alors que des scénarios plus que probables jaillissaient dans son esprit, l'horrifiant complètement. "Vous... vous n'avez pas..."

Kali se tourna vers son tortionnaire, découvrant dans la lumière dansante de l'écran numérique sa nudité brute, lui faisant instantanément plaquer ses mains sur ses yeux, prise de court.

"On se calme, crevette." S'amusa Ryomen, ravis d'avoir réveillé la distrayante petite femelle. "Justement, alors que tu m'aguichais sans vergogne, j'ai été un parfait... Gen...gentleman ? Je n'ai absolument rien fait."

"Vous... Vous aguichez ?" S'étrangla-t-elle derrière ses doigts joints, lui arrachant un sourire. "Mais je dormais !"

"L'un n'empêche pas l'autre..." ronronna le fléau millénaire alors qu'elle allait attraper d'une main le drap qui l'avait couverte, le jetant dans la direction du démon afin de dissimuler un minimum son corps sculptural complètement dénudé.

Sukuna l'attrapa au vol, la regardant, mutin. "Je peux savoir ce que tu fais, crevette ?"

"Vous êtes nu." lacha simplement Kali, gardant les yeux fermement clos.

"Tu en es certaine ?" L'homme repoussa le bout de tissu entre eux, se glissant contre l'hybride. Il colla ostensiblement sa cuisse nue contre le sienne, allant lui parler à l'oreille, faisant naitre une chair de poule le long des bras de la demoiselle. "Tu as les yeux fermés, comment peux-tu en être sûre ? Tu devrais vérifier à nouveau..."

Kali rouvrit alors les yeux mais se contenta de les encrer à ceux du démon, sourcils froncés, le fusillant du regard. "Pourquoi êtes-vous nu ? Et pourquoi JE suis presque nue ? Et surtout... Qu'est-ce que vous m'avez fait ?"

"Tant de questions, crevette... par où commencer..." Ryomen fit rouler ses épaules puissantes, prenant un air faussement innocent ne trompant absolument pas son interlocutrice, l'irritant au contraire au plus haut point. "Il faisait si chaud, vois-tu... Alors je me suis déshabillé... Et vu que tu étais là, et que je m'inquiétais pour toi, je t'ai débarrassé de tes vêtements aussi..."

Les pupilles de l'européenne s'étrécirent au fil des paroles du fléau, se résumant bientôt à des fentes au milieu de lacs incandescents et furibonds d'or, jetant presque des éclairs "... Vous pensez vraiment que je vais croire à ce flan ?"

Sukuna la fixa une poignée de secondes, sentant l'aura de colère brute de la jeune femme s'abattre contre sa peau, le ravissant intérieurement. Elle avait des tripes, et ça, ça lui plaisait. "Tu sais que tu as l'air d'une petite tigresse, quand tu es en colère ? Je savais qu'il existait des crevette-tigre, mais ne pensais pas que tu en étais une..."

Elle siffla entre ses dents, visiblement peu réceptive au compliment qu'il venait de lui offrir, lui arrachant un éclat de rire. C'était qu'elle était vraiment prête à la frapper, visiblement.

"Tout doux, sauvageonne, tout doux. Qu'importe le pourquoi du comment, le fait est que nous nous sommes retrouvés très peu vêtus toi et moi. Mais je ne t'ai rien fait, tu es toujours intact."

Kali expira lentement, sondant le double regard de sang de son interlocuteur. "Puis-je seulement vous croire ?"

D'un coup il vint lui saisir le menton, approchant ses lèvres des siennes jusqu'à les faire se frôler, laissant couler sur son corps l'aura brute de son énergie occulte, lui coupa le souffle. "Si je t'avais possédé, petite insolente...Crois-tu vraiment que tu serais restée endormie ?"

Elle soutint son regard malgré tout, refusant de le baisser et de lui offrir une nouvelle victoire, à lui qui la prenait pour son jouet. Elle déglutit cependant faiblement, n'osant qu'à peine imaginer tout ce qu'il aurait effectivement pu faire à son corps sans défense. Et il avait assurément raison, pour commencer à le connaitre, le paroxysme de son jeu aurait été qu'elle s'éveille en plein milieu, perdue et à sa merci.

"Non... Assurément pas..." chuchota-t-elle du bout des lèvres, prête à le croire.

"Bien..." laissa tomber après une poignée de secondes le damné, relâchant son emprise sur le visage de la demoiselle. "Ne mets pas ma parole en doute, crevette. Je n'aime pas ça."

"Même quand vous mentez éhontément ?" souffla doucement la jeune femme, venant passer sa main sur son menton malmené.

"Non. Dans ces cas-là c'est que je me moque ouvertement de toi..." lâcha-t-il simplement dans un haussement d'épaules désinvolte.

La jeune femme tourna vivement son visage vers lui qui la fixait, un air terriblement moqueur aux lèvres, visiblement ravis de la faire tourner en bourrique. Rah, ce démon !

"Et vous vous dites gentleman... Je suppose qu'il vaut mieux entendre ça qu'être sourde..." Elle soupira, regardant au sol dans l'espoir de retrouver son boxer disparu. Elle le remarqua aux pieds du fléau, à même le sol. La jeune femme se pencha alors pour aller le récupérer mais Sukuna le plaqua contre le carrelage, mutin. Kali se mordit la lèvre, un peu exaspérée face au jeu du roi millénaire, refusant de le regarder dans cette position qui l'aurait fait tomber nez à nez avec sa... virilité toujours dévoilée.

"Sukuna-san ?" tenta-t-elle, ne se doutant que trop bien que le tatoué n'était pas d'humeur à arrêter ses taquineries.

"Oui, crevette ?" Répondit simplement l'intéressé, allant se caler contre le dossier du canapé, les bras croisés sur son torse nu.

"Pourriez-vous retirer votre pied de mon boxer, je vous prie ?" continua Kali, fixant le mur lui faisant face, rêvant intérieurement d'enfoncer le dit sous vêtement au fond du gosier de Ryomen, histoire de ne plus l'entendre lui et sa voix narquoise.

"On ne t'a jamais dit qu'il était mal poli de regarder ailleurs quand on parlait à quelqu'un, sauvageonne ?"

La jeune femme se mordit l'intérieur des joues pour ne pas lui répondre qu'il était certainement encore plus malpoli de dévêtir les jeunes filles pendant leur sommeil pour faire dieu seul savait quoi...

"Et les gens qui parlent en étant inclinés ? Ça, ça se fait dans votre pays, je ne pense pas que cela soit impoli." se contenta-t-elle de rétorquée, prenant sur elle.

"Tu es presque à mes pieds, certes..." Remarqua d'un air moqueur le fléau, fixant la chevelure d'automne de la jeune femme. "Mais tu n'es pas agenouillée dans ma direction que je sache, ça ne compte pas."

"Vous êtes toujours nu, je suppose ?" se hasarda-t-elle sans grande conviction.

"Il fait toujours chaud." rétorqua-t-il au tac au tac, se distrayant affreusement aux dépends de la petite hybride.

"Vous êtes impossible..." soupira Kali, vaincue. "Si c'est comme ça, je vous le laisse de bon cœur, ce boxer, j'en ai plein d'autres. Et je ne suis pas sûre que le rose pastel vous aille au teint."

Elle se releva alors, ajustant sa robe contre son corps, histoire d'être certaine de cacher autant de peau que possible aux yeux du démon, commençant à s'éloigner la tête haute.

"Ou vas-tu, crevette ?" l'interpella Sukuna, une légère moue aux lèvres. "Tu pourrais au moins te montrer gentille avec moi alors que j'ai été sage malgré tes avances éhontées..." Il posa une main sur son sexe toujours à nu, joueur, se doutant bien que la jeune femme n'accepterait pas sa proposition. En réalité, il était surtout avide de voir sa réaction, vu comment ses nerfs étaient visiblement à vif.

La demoiselle s'arrêta alors, lui glissant un regard par-dessus son épaule, veillant bien à ne fixer que ses yeux, le toisant d'un regard assassin.

"Vous n'avez peut-être plus vos 4 bras mais vous avez toujours deux mains, non ? Débrouillez tout seul, Sukuna-san, moi je me retire pour l'heure !"

Ryomen la regarda joindre le geste à la parole et sortir de la pièce, la tête haute, avec autant de fierté qu'il lui restait, le laissant bouche bée face à tant d'impertinence et de... mignonnerie ? D'un coup, il éclata d'un profond rire face à l'incongruité de la situation, passant une main dans ses cheveux ébouriffés. Jamais personne ne lui avait dit une telle chose auparavant, c'était... Surréaliste ! Elle avait du courage qui frôlait l'inconscience, la petite ! Et de la répartie également... Mais ça l'avait fait rire, il ne la tuerait pas cela cette fois ci.

"Impertinente petite sauvageonne !" lâcha-t-il, amusé au plus haut point, continuant à s'adresser à la demoiselle alors qu'elle s'éloignait à longues enjambées dans le couloir sombre. "Je rajoute ça a la liste de tout ce pourquoi tu vas avoir à te faire pardonner... Et elle commence à être longue je te le garantis !"

Il avait bien fait de ne pas la violer finalement... Dans l'état actuel des choses, jamais elle ne le lui aurait pardonné et il aurait perdu toutes chances d'en faire son jouet personnel sur le long terme... Mais là, même si elle était partie boudée dans son coin, tout restait du domaine du possible.

Un sourire mutin aux lèvres il se leva à son tour avant de se diriger vers la salle de bain. Malgré la proposition de Kali, Il n'avait aucune envie de se masturber tout seul, alors il allait calmer son corps avec une bonne douche glacée. Il laisserait ainsi la place à un Yuji extirpé du sommeil de la pire des façons, lui permettant, si se n était lui voler sa première fois, de bien l enquiquiner.

On s'amusait comme on pouvait, quand on était un roi des fléaux coincé dans le corps d'un gamin et confronté à une crevette récalcitrante !


Mot de l'auteur :

M : Hello tout le monde ! Moi qui m'étais dit que j'allais essayer de faire des chapitres plus courts, celui-ci n'en fait visiblement pas partie lol Mais entre faire des courts chapitres et finir avec une histoire de 100 ou en faire des longs, mon cœur balance... Ma foi, on verra !

Dans tous les cas, on a failli assister un beau dérapage de notre roi des fléaux préférés !

Sukuna : Je mérite une médaille !

Gojo, outré : Tu mérites une thérapie oui ! Une incarcération ! Une camisole de force ! Ou carrément une castration !

Yuji, effrayé : EEEEEEH !

Gojo : Ah oui, pardon, Yuji, c'est vrai que vous avez le même zigouigoui...

M : Zigouigoui …

Sukuna : C'est quoi un zigouigoui ?

Gojo : C'est ton petit soldat.

M : Gojo …

Gojo, imperturbable : Ton 5eme membre. Ton baobab. Ton brakmar. Ton Kraken. Ton anaconda.

Sukuna, haussant un sourcil : Hein ?

M, avec un mégaphone : IL PARLE DE TON PENIS !

Sukuna : AAAAAAH. Alors que dalle, personne touche à ça, la crevette mis à part.

Kali, boudant dans son coin : Oui bah la crevette elle a rien demandé !

Sukuna, souriant : Tu as pas dit non ! C'est du consentement du coup, c'est le proverbe qui le dit !

M : Alors absolument pas... Va falloir vraiment que tu te remettes à la page, Sukuna...

Sukuna : Certainement pas ! Je suis vintage ! Bon pour revenir à la crevette... Si on parlait de la gâterie dont tu m'as éhontément privé, alors que j'ai été si magnanime avec toi ? Tu veux peut-être réparait ton erreur ?

Kali, perplexe : Gâterie... Vous voulez un cookie ?

M : Oh punaise, on est pas sorti avec eux d'eux...

J'espère que vous allez tous bien et que le chapitre vous a plu ! Merci à ceux qui nous soutiennent, vous être supers ! N'oubliez pas de laisser un petit mot, de voter pour nous, vous pouvez même partager notre histoire si vous le souhaitez !

Je vous dis à très vite pour la suite ! Salutations !