La matinée était bien avancée quand Satoru Gojo se matérialisa devant le sanctuaire caché où il avait dissimulé ses deux protégés, usant de ses pouvoirs hors du commun pour se téléporter depuis Tokyo. Il scruta la bâtisse silencieuse en pénétrant son enceinte protégée de lourds sorts la rendant presque invisible au reste du monde, enfonçant avec nonchalance ses mains au fond des poches de son uniforme sombre.

Le mois de juillet touchait presque à sa fin en cet été caniculaire et cela faisait à présent plusieurs semaines que Yuji avait été dissimulé entre ces murs vétustes, son entrainement acharné commençant réellement à porter ses fruits. Le jeune garçon parvenait à présent à maintenir son niveau d'énergie occulte constant et il réussissait même à la matérialiser autour de ses poings pour en faire des sortes de décharges lorsqu'il portait des coups. Et, l'homme aux cheveux de neige en était persuadé, tout cela n'était rien comparé aux pouvoirs auxquels il aurait bientôt accès une fois qu'il arriverait à puiser dans la puissance de Sukuna.

Il pourrait devenir... Terriblement puissant.

Gojo descendit l'escaliers menant au sous-sol où vivaient les deux chatons, un sourire flottant sur ses lèvres fines.

Si tout se passait bien...

Si ses plans se déroulaient comme il l'espérait...

Alors le roi des fléaux demeurerait emprisonné dans le corps d'Itadori pour toujours, et ce dernier pourrait avoir la vie sauve, devenant même un exorciste marquant de son empreinte l'histoire de ce monde.

C'était là son seul et unique but. Yuji méritait de survivre.

Et il était prêt à tout pour cela...

Absolument tout.

Arrivant en bas des marches, le porteur du sixième œil tendit l'oreille, étonné de découvrir l'espace complètement silencieux et toujours plongé dans l'obscurité, haussant un sourcil. Si la petite hybride du bout du monde avait une forte tendance à jouer les marmottes, certainement en partie à cause de la fatigue que devait lui provoquer la fragilité de son pentacle et l'instabilité de son énergie occulte, son élève aux cheveux rose gold, quant à lui, faisait tout pour s'astreindre à une certaine discipline, bien trop désireux de s'améliorer et devenir plus fort.

Instantanément, un léger nœud se forma au creux de son ventre, témoignant d'une crainte qui ne cessait hélas de le quitter malgré lui.

Sukuna avait-il encore fait quelque chose ?

Ne pouvait être là constamment pour protéger les deux jeunes gens, Satoru ne pouvait s'empêcher de craindre les coups d'éclats nocturnes du démon. L'homme aux yeux d'infinis avait bien compris que les actions du fléau millénaire été assez limitées lorsqu'il prenait possession du corps d'Itadori pendant son sommeil, car sinon il n'aurait pas manqué de massacrer des gens depuis le temps... Cependant, cela ne l'empêchait pas de pouvoir faire des choses, notamment au sujet de l'européenne, l'angoissant toujours un peu.

Et s'il venait à se lasser d'elle et de la tuer, même sans user de ses pouvoirs ? Il aurait parfaitement été capable de lui trancher la gorge et de la faire mijoter après, histoire de s'en faire un encas...

Seul l'ennuie viscéral qu'il devait ressentir protégeait un tant soit peu la demoiselle qui était la seule à le distraire pour l'heure, Gojo en était certain.

Cependant, connaissant le caractère capricieux de Sukuna, tout était à craindre.

Et Yuji ne se remettrait pas de la mort de Kali, surtout si elle avait été donnée par sa propre main, même si cela avait été Ryomen qui avait eu le contrôle...

Laissant échapper un profond soupire, l'exorciste de classe S se concentra un bref instant, repérant avec soulagement les deux énergies de ses chatons, les localisant, une nouvelle fois, dans le salon du refuge. Décidément, peut être devrait il leur installer un lit convertible dans cette pièce, vu le temps qu'ils y passer !

Sans plus attendre, le jeune homme se dirigea à grandes enjambées vers eux, entrant dans l'espace seulement éclairé par la lumière blafarde la télévision. Immédiatement, il glissa son regard vers le canapé écarlate trônant au milieu de la pièce, découvrant la chevelure d'automne de la jeune femme dépassant du dossier. En l'entendant arriver, cette dernière se tourna doucement vers lui, lui adressant un sourire amusé qui chassa instantanément les craintes du chaman, venant poser un doigt contre ses lèvres pour lui faire comprendre qu'il ne fallait pas faire de bruit.

Il acquiesça doucement, allant contourner le meuble pour découvrir l'adolescent, torse nu, allongé de tout son long sur le canapé, dormant paisiblement, sa tête reposant sur les jambes de l'européenne. Kali avait une main délicatement poser dans le cou du lycéen, caressant sa peau hâlée du pouce avec une douceur attendrissante, serrant un peu le cœur du professeur.

Pourquoi les choses ne pouvaient-elles pas être aussi simples que cela ?

Lentement, l'exorciste poussa les innombrables paquets entamés de snacks recouvrant la table basse, s'y asseyant pour faire face aux deux jeunes personnes, l'hybride le fixant avec intensité.

"Sukuna ?" souffla à voix basse Gojo, désignant l'adolescent assoupi qui ne se serait jamais permis de dormi ainsi, et aussi peu vêtu, avec sa colocataire.

"Hum..." se contenta de répondre la demoiselle, glissant un regard vers le garçon étalé sur elle, glissant sa main jusqu'à son épaule musclée. " Mais c'est de nouveau Yuji, maintenant... Il a dû finir par se lasser, visiblement. Après quelques épisodes, je me suis certainement endormie, et quand je me suis réveillée, il n'était plus là."

Satoru soupira encore, avant de balayer une nouvelle fois les cadavres jonchant la table basse, y découvrant un éclat brillant entre deux sachets qui captait la lumière de l'écran de télévision, attirant son attention. Intrigué, l'homme vint dégager du bout des doigts l'objet dissimulé, découvrant avec une vive surprise une arme à feu rutilante, le faisant écarquiller les yeux. Il vint s'en saisir, se tournant à nouveau vers l'européenne, étonné.

"C'est à toi, pitchoune ?"

"A qui d'autre veux-tu que ce soit ici ?" ironisa doucement l'intéressée, levant les yeux aux ciels.

"C'est..." Gojo détailla le revolver, le tournant entre ses mains, pouvant percevoir l'énergie occulte s'en échappant. "Une arme maudite ? Et plutôt balèse... Un cadeau de ton protecteur ?"

"On ne peut rien te cacher... Vu mon état, je suis obligée d'être prête à toute éventualité."

"Hum..." L'homme aux cheveux de lune fixa encore une poignée de seconde le pistolet avant de reporter son regard sur son interlocutrice, plein d'espoir. "ça pourrait le blesser ?"

"Le ?... Sukuna-san, tu veux dire ?" Kali laissa échapper un faible ricanement sans joie. "Bien sûr que non. Mes munitions équivalent peut-être à du niveau 1, mais pas plus. Et puis, entre nous... Qu'est ce qui pourrait bien réellement blesser cet homme-là ? Une bombe atomique mis à part, et encore …"

"C'est ce qu'il voudrait faire croire..." souffla le chaman, reposant l'arme prêt de lui.

"Quoi ?" L'hybride se redressa un peu, sa curiosité s'embrasant instantanément. "Tu... Tu penses qu'il pourrait avoir une faiblesse ?"

"Il a bien été battu une fois..."

En entendant cela, Kali se laissa aller contre le dossier du canapé, son intérêt retombant comme un soufflet.

"A quel prix ? Combien de dizaines ou de centaines de chamans ont dû combattre de front pour le mettre à terre ? S'il y a des textes datant de cette époque, on ne peut même pas être certains de la véracité des faits qui y sont relatés, les vainqueurs ont toujours tendance à enjoliver les faits pour les rendre plus glorieux pour eux..."

"C'est terriblement vrai, Kali..." répliqua Gojo, croisant les jambes. "Mais tu oublies un détail... A l'époque... Ils ne m'avaient pas, moi..."

La jeune femme haussa un sourcil, amusée, en voyant le sourire assuré du professeur.

"Sans déconner, Gojo... Parfois tu me fais tellement penser à lui que s'en est du délire. Normal que vous puissiez pas vous piffer."

En entendant cela, le porteur du sixième œil vint poser théâtralement une main sur son cœur, mimant une terrible blessure. "Ah ! Choupette, t'es rude !"

Elle laissa échapper un léger rire, faisant bouger Yuji dans son sommeil. "Je suis objective, c'est pas pareil !"

"hummmm..."

Satoru et la demoiselle se figèrent dans l'instant, leur attention se reportant instantanément vers l'adolescent qui gigotait doucement sur le canapé, enfouissant un peu plus son visage contre les cuisses de l'hybride.

"Ohoh !" s'amusa le chaman, se penchant un peu vers son protégé. "On dirait que notre chaton endormi est en train de se réveiller !"

A présent à moitié sorti des limbes du sommeil, Itadori battit légèrement des cils, reconnaissant la voir de son protecteur étonnamment proche de lui, le faisant un peu se redresser contre les jambes de sa colocataire.

"Go... Gojo-sensei ? C'est vous ? Qu'est-ce que vous faites dans ma chambre ?"

"Une nouvelle fois, Yuji, c'est pas là que tu as dormi !" ironisa le professeur de l'école de Tokyo.

En entendant cela, l'intéressé plissa un peu les yeux, visiblement perplexe. Le porteur du sixième œil pointa avec malice une direction juste au-dessus de lui, faisant se retourner l'adolescent qui écarquilla ses yeux noisette en découvrant Kali lui souriant doucement, comprenant soudainement qu'il reposait directement sur elle.

Alors ce coussin si moelleux et si agréable sous son crâne... S'était ses... ses cuisses ?

A cette simple idée, Yuji pu sentir un brasier s'enflammer dans ses veines, faisant rôtir l'intégralité de son visage, de son cou, alors qu'il se redressait avec précipitation, honteux. Il avait l'impression que ses oreilles étaient en train de passer au grill, et vint plaquer ses mains dessus afin de vérifier qu'elles n'avaient pas bel et bien pris feu.

Il avait dormi... la tête posée sur les jambes... nues... de l'européenne ...

Putain !

Encore un coup de Sukuna, il le savait ! Quel... pervers !

Pourtant...

Pourtant une partie de lui ne pouvait s'empêcher de lui être presque reconnaissant, le parfum enivrant de la peau de la demoiselle s'attardant encore contre sa joue.

Avec une timidité absolument adorable et bouleversante, le lycéen finit par trouver le courage de se tourner à nouveau vers la jeune femme, n'osant cependant pas porter son regard vers le sien.

"K... Kali-sempai... Desolée pour vous avoir dérangé, cette nuit..." murmura-t-il tout bas, honteux du comportement du démon qu'il hébergeait ainsi que du plaisir coupable qu'il ressentait en cet instant en pensant aux heures qu'il avait passé assoupi contre son corps félin plus que désirable.

D'un coup, une vive bouffée d'angoisse l'envahit, lui coupant presque le souffle, transformant le brasier parcourant son corps en un enfer glacé.

OH

MON

DIEU !

Et s'il lui avait bavé dessus pendant son sommeil ? Il préférait encore se jeter du haut d'un building que d'imaginer cela !

"Yuji ? Yuji, tu m'écoutes ?" La voix de Kali paraissait lui parvenir de loin, ne parvenant pas à l'extirper de ses visions d'horreur dans lesquelles il inondait allègrement les jambes de cette dernière de torrents de salive, l'horrifiant au plus haut point. "Oh, Yuji, ne te tracasse pas pour si peu, s'il te plait !"

Devant le mutisme du lycéen, la jeune femme aux yeux d'or vint l'enlacer, passant ses bras fins autour de son torse puissant, enfouissant son visage contre sa nuque. Son simple contact chassa instantanément les peurs du garçon, faisant rater un battement à son cœur malmené alors que la douce odeur du monoï imprégnant les cheveux d'automne de son interlocutrice satura la moindre parcelle de ses sens. Itadori ferma un bref instant les yeux, savourant avec délice la délicate sensation de ce corps tant désiré contre le sien, serrant imperceptiblement ses poings contre l'assise écarlate du canapé sur lequel ils reposaient.

Parfois...

PARFOIS.

Il enviait l'intrépidité de Sukuna et son assurance vis-à-vis de l'étrangère... Lui serait incapable d'agir de la sorte, malgré toutes ses envies inavouées et inavouables...

"Il..." finit-il par reprendre, glissant un regard par-dessus son épaule vers la demoiselle lui souriant avec bienveillance. "Il ne vous a pas trop embêté ?"

Kali se redressa imperceptiblement, mettant quelques secondes à comprendre de qui le lycéen voulait parler... Il... Son démon d'hôte, bien entendu... il s'inquiétait tellement pour elle, cela lui brisait le cœur...

"Non, Yuji... Ne t'en fait pas..." Elle plaqua son nez contre son dos de dieu grec, un sourire s'étirant sur ses lèvres charnues en repensant à la soirée venant de se dérouler. "Il a presque été un gentleman, pour tout avouer... Même s'il m'a presque laissé mourir de faim avant de manger toutes mes chips !"

"Il a mangé vos chips ?" s'offusqua immédiatement Yuji, se tournant vers l'européenne, choqué.

"Un gentleman ?" s'étonna Gojo, haussant les sourcils, dubitatif.

En entendant les deux hommes, Kali ne put s'empêcher d'éclater de rire, relâchant le futur exorciste pour se relever d'un mouvement souple, s'étirant en mettant ses bras au-dessus de sa tête, ne pouvant s'empêcher de laisser échapper un profond bâillement.

"Raaaah... Dormir assise, je referai plus, c'est pas confortable pour un sou !" Elle passa ensuite ses mains dans sa nuque, se dandinant d'un pied à l'autre, les yeux clos. "J'ai la nuque en compote ! Je devrais lui demander un massage en dédommagement, tient !"

"CERTAINEMENT PAS !" répliquèrent le professeur et l'élève d'une même voix, faisant sursauter la petite hybride.

Kyu, qui s'était assoupi sur la table basse, dissimulé jusqu'à présent sous les sachets vides de snacks salés, s'envola brusquement dans les airs d'un puissant coup d'aile, poussant un cri outré face à ce réveil en fanfare. Il se mit à faire des ronds dans la pièce contre le plafond, foudroyant les deux porteurs du chromosome Y de ses petits yeux rubis.

"Mais ça va pas ?" finit par rétorquer Kali, se remettant de sa frayeur. Elle tendit les bras vers le petit fléau volant qui se fondit vers elle, se blottissant contre sa poitrine. "Je rigolais !"

Les deux hommes la fixèrent, une moue un rien réprobatrice aux lèvres, alors que de son côté Sukuna souriait de toutes ses dents depuis le haut de son trône macabre, se disant combien il aurait aimé masser d'autres endroits que la nuque de la crevette...

"Kali..." reprit Satoru le plus posément possible, ne voulant pas braquer la petite hybride. "Tu ne peux... Tu ne devrais pas dire ouvertement ce genre de chose. Tu ne fais que jeter de l'huile sur le feu, tu t'en rends compte ?"

Immédiatement, la pique embrasa la jeune européenne, lui faisant gonfler la poitrine d'offuscation.

"Paaardon ?" Commença-t-elle en sentant son sang s'embraser, plaquant un peu plus Kyu contre elle, lui arrachant un léger couinement étouffé. "Qu'ouïs-je ? Qu'entends-je ? Tu es en train de sous-entendre que si Sukuna-san a des comportements déplacés envers moi, c'est de ma faute ? C'est toi qui a mille ans ou c'est lui ?"

Gojo soupira, levant ses yeux d'infinis au ciel. Il aurait dû le parier...

"Non, choupinette... je dis juste qu'il est déjà assez après toi pour en plus lui jeter des hameçons."

"Mais bien sûr ! Je devrais aller me mettre une doudoune pour éviter de le chercher, tant qu'on y est ! Et pourquoi pas me raser la tête ?"

"Tu exagères..."

"Nan, Monsieur le chaman sur puissant..." ironisa-t-elle, plantant une main sur sa hanche, une vive exaspération saturant ses veines. "Si je devais exagérer, ou pas d'ailleurs, se serait le moment parfait où je soulignerai, non sans ironie, que pour l'heure, le seul qui me propose une solution concrète et durable pour m'empêcher de mourir incessamment sous peu, c'est lui, et lui seul. Pour des raisons certainement très éloignées de celles d'un prince Disney, certes. Mais la réalité est loin d'être un conte de fée gnangnan où tout finit bien dans le meilleur des mondes."

"Tu as l'air un peu sur les nerfs, Kali."

Là, c'était la phrase de trop. Instantanément, la colère s'embrasa dans les veines de la Kali, la faisant exploser. Gojo à l'art de la faire sortir de ses gonds !

"Oh. Mon. Dieu ! Satoru, si tu oses me demander si je suis dans ma mauvaise période du mois, je te TUE ! Tu es... Tu es tellement … CONDESCENDANT quand tu t'y mets ! C'est détestable !"

Elle tourna brusquement les talons et quitta la pièce, furibonde, maintenant toujours Kyu prisonnier de ses bras. Yuji se releva alors d'un bond, horrifié par la tournure qu'avait pris la situation. Il savait que l'entente entre son professeur et sa colocataire était un peu... compliquée, mais il n'aimait pas quand ils se disputaient. Cela le plaçait indubitablement dans une situation affreuse où il était écartelé entre deux personnes qu'il affectionnait particulièrement, lui rendant difficile le fait de prendre parti sans culpabiliser.

"Sempai ! Partez pas !" Tenta-t-il sans grande conviction, sachant pertinemment que la jeune hybride pouvait se montrer têtue quand elle le voulait.

Cependant, à son grand étonnement, Kali revint sur ses pas pour aller se planter face aux deux hommes, l'or de ses yeux étant comme un lac de colère liquide.

"Yuji !" Commença-t-elle en se tournant vers lui, tentant d'adoucir le mécontentement durcissant sa voix grave. "Ne t'en fait pas, il n'y a rien contre toi. MAIS TOI !"

Elle pointa du doigt Gojo, son énergie crépitant autour d'elle.

"Je te suis reconnaissante d'accepter que je demeure ici, à l'abris dans ce sanctuaire. Mais tu n'es pas mon père, tu n'es pas mon professeur et encore moins mon maitre. Ne t'occupe pas de mes fesses, je suis assez grande pour en prendre soin toute seule ! ... Oh, pardon, j'ai dit le mot 'fesses', Sukuna-san va surement surgir de la bouche de Yuji pour me les bouffer du coup ! Et j'aurais qu'à m'en prendre qu'à moi-même je suppose !"

Gojo ne put s'empêcher de laisser échapper un léger ricanement en entendant la tirade de la demi-démone, terminant d'exaspérer cette dernière. Vexée et courroucée, elle fit volte-face et s'en alla à grands pas, maugréant dans sa barbe dans sa langue natale.

Sukuna, toujours à l'affut, ricanait depuis son espace vital, savourant le spectacle.

Elle avait vraiment un caractère de feu, la petite sauvageonne... Et puis... Ne venait-elle pas de prendre sa défense, d'une certaine manière ? Ça, c'était inédit... Elle ne finissait pas de le surprendre, le distrayant terriblement.

L'adolescent, pour sa part, perdu, fixait alternativement l'homme aux cheveux de neige et la sortie du salon, ne sachant que faire, comme à chaque fois que ces deux-là se chamaillaient. Satoru le regarda faire, un sourire en coin aux lèvres, lisant en lui comme dans un livre ouvert.

"Tu devrais la suivre, Yuji." finit-il par annoncer d'une voix posée, rejetant la tête en arrière avec désinvolture. "Toi tu sauras l'apaiser. Je reste là en attendant."

A peine eut-il prononcé ces mots que l'intéressé acquiesça avec vigueur, s'élançant à la suite de la demoiselle.

"Sempai ! Attendez !"

Itadori traversa les couloirs obscurs du sanctuaire, repérant la lumière provenant de la cuisine, s'y dirigeant avec précipitation. Il y retrouva sa colocataire farfouillant dans le frigo avec humeur, le fléau ailé perché sur son épaule.

"Sempai !"

La jeune femme se retourna alors, le thermos contenant le sang des démons qu'elle avait chassé aux lèvres, en avalant quelques gorgées les sourcils froncés.

"Pouah !" Lâcha-t-elle en l'éloignant de sa bouche dans une grimace dégoutée, essuyant d'un revers de main le sang presque noir maculant sa lèvre supérieure. "C'est tellement immonde... Et ça va aller en empirant... Demain ce ne sera surement même plus buvable... Il faudra que je retourne à la chasse."

Kali reboucha la bouteille avec fermeté avant de la remettre au frais, parcourant du regard le contenu du réfrigérateur. Soupirant lourdement, elle ouvrit finalement le congélateur pour aller récupérer un bâtonnet glacé à la pastèque puis claqua lourdement la porte. Elle alla ensuite se saisir du pot contenant les orbes démoniaques pour enfin aller se laisser tomber sur la chaise la plus proche, levant son regard un peu apaisé vers l'adolescent.

"Kali-sempai... Vous allez bien ?"

Le jeune homme alla s'assoir à son tour à la table, la couvrant d'un regard un rien inquiet.

"Bien entendu, Yuji. Tout va bien."

Le ton de sa voix était terriblement sarcastique alors qu'elle allait piocher une orbe au hasard, la fixant quelques secondes avant de l'avaler, une nouvelle grimace défigurant son doux visage.

Elle mourrait de 'faim' ce matin. Visiblement, le régime qu'elle expérimentait ne suffisait pas à alimenter son pentacle, qu'elle pouvait à nouveau sentir brûler dans son dos. L'énergie que lui avait donné Sukuna quelques jours auparavant devait être complètement consommée à présent, et son mélange de sang et d'orbes de démons de bas grades ne parvenait pas à étancher sa faim...

Peut-être devrait-elle essayer d'en prendre plus souvent dans la journée... Cela suffirait, avec un peu de chance ...

Même si, il fallait le reconnaitre, cette nouvelle alimentation était des plus déplaisante, lui laissant un gout de bourbe en bouche. Assurément, comparé à l'énergie occulte pure, brute et enivrante que lui proposait Sukuna, il n'y avait aucune comparaison possible. Si seulement il ne lui demandait pas de devenir sa chose en échange, le fourbe, elle aurait déjà accepté sa proposition !

De mauvaise humeur, Kali déchira l'emballage de son esquimau au fruit, le glissant entre ses lèvres pour essayer de faire disparaitre cette désagréable impression d'avoir de la boue sur le palais. Le froid et le sucre tapissèrent immédiatement sa langue, lui arrachant un soupir de soulagement lui faisant fermer les yeux.

L'énergie occulte de ce qu'elle venait d'ingérer commençait à se répandre en son sein, apaisant momentanément le tiraillement de son pentacle. Hélas, elle le savait, ça ne durerait pas.

"...Kali-sempai..."

L'intéressé rouvrit les yeux, allant fixer le garçon qui se trouvait à ses côtés, un peu mal à l'aise. Elle n'était pas fière de son comportement, elle savait qu'elle pouvait être explosive quand elle s'y mettait. Au fond, n'était-elle pas demi-démone ?

"Désolée, Yuji... Gojo... Il me rend folle parfois... ça me donne envie de le secouer comme un prunier ! Même si au fond, je l'aime bien quand même, ce neuneu..."

Elle lui adressa un faible sourire avant d'aller mordre sa glace, laissant fondre le morceau qu'elle avait ainsi recueilli contre son palais. L'adolescent lui ne put s'empêcher de laisser échapper un éclat de rire en entendant ce nouveau qualificatif pour son professeur fantasque.

"C'est vrai qu'il est pas facile à suivre par moment..." Itadori se alla se caler contre le dossier de sa chaise, croisant ses bras musclés contre son torse puissant, pensif. "Il fait tout le temps soupirer Fushiguro et fait péter des plombs à Kugisaki super souvent ! Vous n'avez pas à vous en vouloir pour ça..."

"Y a que toi qui le supportes en fait !" s'amusa la demoiselle, pointant le garçon de son esquimau à moitié mangé. "Tu es vraiment hors du commun, Yuji..."

La remarque fit rougir le lycée qui fixait son interlocutrice, muet, ne sachant pas quoi répondre à ce compliment.

"Je..." finit-il par reprendre alors que Kali finissait son improbable petit déjeuner, mordillant le bâtonnet en bois avec application. "Je ne pense pas l'être... Fushiguro, Kugisaki, Gojo-sensei le sont … Mais moi... J'suis juste un mec comme les autres qui s'est retrouvé dans une situation de dingues !"

"Tu es trop humble." Kali s'accouda à la table, posant son visage dans ses mains en coupe, songeuse. "Ce n'est pas parce que tu es entouré de personnes puissantes que tu ne l'es pas toi-même. La valeur des uns n'efface pas celle des autres."

"Vous êtes sympa mais vous m'avez pas vu en cours..." Il afficha une moue en coin "Je suis grave à la traine..."

"Attend, c'est compréhensible ! Y a encore quelques mois tu n'étais même pas au courant qu'il existait des fléaux ! Tu as été projeté dans cet univers du jour au lendemain. Tes camarades ont grandi dans le monde occulte, ils ont baigné dedans depuis toujours. Mais je te rappelle que tu as Gojo de ton côté, même s'il me rend chèvre, je sais qu'il tient à toi et à ton avenir. Il t'aidera à effacer ton retard, soit en sûr !"

Les deux jeunes gens se fixèrent quelques secondes sans rien dire, se souriant, complice.

"Qu'ouïs-je ? Qu'entends-je ? Serait-ce un compliment que je t'ai entendu formuler, pitchoune ?"

La voix un rien ironique de de Satoru s'éleva de l'entrée de la cuisine, faisant un peu sursauter les deux adolescents qui se tournèrent d'un même mouvement. Ils découvrirent l'homme aux cheveux de lune nonchalamment appuyé dans l'encadrement de porte, les bras croisés sur sa poitrine. Savourant visiblement son effet, il traversa la pièce en quelques pas pour venir s'assoir à la table à son tour, fixant Kali à travers son bandeau noir.

"Je m'attendais plutôt à te trouver en train de faire une poupée vaudou à mon effigie et à y planter des aiguilles, je t'avoue !"

"Merci pour l'idée, Gojo." siffla l'européenne, lui glissant un regard perçant. "Je vais y penser."

"Femme cruelle !" s'offusqua faussement le professeur, un large sourire aux lèvres. "Si je me tape une migraine, je saurais à qui m'en plaindre !"

"Qui te dit que je planterai mes aiguilles dans ta tête ?" susurra l'hybride en toisant l'homme du regard, se redressant sur sa chaise, mutine. "Tu manques d'imagination, mon pauvre ami..."

"Petit démon..." répliqua au tac au tac le chaman, rigolant seulement à moitié. Il avait beau apprécier la jeune étrangère, il n'oubliait pas qu'elle était en partie fléau. "Dans tous les cas, il va falloir que je te vole Yuji, on a du pain sur la planche."

"Bien." La jeune femme se releva, adressant un sourire complice au lycéen. "Je vous laisse entre hommes du coup. Yuji, bon courage pour le supporter. Gojo... Essaie d'être moins casse pieds que d'accoutumé. Ce garçon est des plus résistants, pas pour ça qu'il faut le repousser dans ses retranchements."

Kyu s'envola d'un coup d'ailes, quittant la cuisine dans un doux bruissement d'air. L'hybride lui emboita le pas avant de se faire interpellée par Itadori.

"Qu'est-ce que vous allez faire, Sempai ?"

"Humm..." Réfléchit la jeune femme en posant un doigt contre sa joue. "Aucune idée pour le moment. Je vais déjà aller récupérer mon téléphone dans le salon, après on verra ! Je ne vous dérangerais pas dans vos entrainements... Quoi qu'ils puissent être ! A plus tard !"

Sur ces mots elle quitta la pièce, retournant dans le salon pour y récupérer ses affaires abandonnées. En arrivant près de la table basse, Kali haussa les sourcils en découvrant tous les sachets de snacks qu'elle avait amené la veille entamés, voir éventrés sans ménagement, de nombreuses chips et autres amuses bouches jonchant le plateau de bois. Elle laissa échapper un profond soupire en allant récupérer la petite poubelle dans un coin, mettant un peu d'ordre dans tout ce bazar. Et après, c'était elle, la sauvageonne...

Une fois cela fait, la demoiselle récupéra enfin son colt ainsi que son téléphone, pianotant rapidement dessus pour y découvrir un nouveau message de Prasad, l'intriguant au plus haut point. Elle le parcourut rapidement, la perplexité grandissant au fil des mots qu'elle lisait.

"Il y a une personne qui souhaiterait ardemment vous rencontrer, je pense que cela vous serait bénéfique. Je vous laisse son téléphone, contactez la pour arranger un rendez-vous à votre convenance. A jamais votre obligé, Prasad"

Quand elle eut fini, elle posa son téléphone contre ses lèvres, pensive et intriguée. Eh bien voilà, elle allait avoir un rendez-vous aujourd'hui...

Un peu plus tard dans la journée, Kali arpentait les rues de la petite ville de Kamakura, Kyu caché dans son large sac en bandoulière aux motifs militaires. Elle avait revêtu une ample blouse fluide couleur terre brulée ondulant autour de son corps, lui arrivant juste au-dessus du genou, pour affronter cette nouvelle journée caniculaire. De larges lunettes de soleil dissimulaient ses prunelles d'or et de légers scellés camouflaient les tracés de son pentacle, ses attributs fléautiques et son énergie occulte. Elle avait également remonté ses cheveux d'automne en un haut chignon qu'elle avait dissimulé sous un chapeau de paille à larges bords, un long ruban noir en surlignant la base.

La demoiselle espérait pouvoir ainsi passer 'inaperçue', ou tout du moins, autant que possible. Moins elle attirait l'attention, mieux elle se porterait.

Arrivée devant un petit café à la devanture discrète, elle regarda une nouvelle fois son téléphone pour s'assurer du lieu de rendez-vous qu'on lui avait fixé, sentant la curiosité saturer ses veines.

Elle avait brièvement échangé avec cette fameuse personne voulant la rencontrer, mais celle-ci était restée très évasive, lui donnant juste la phrase de sécurité de la semaine et lui assurant sa joie qu'elle ait accepté de la voir. Elle lui avait alors indiqué un lieu et une heure, et ce fut pour ainsi tout...

Poussée par une puissante curiosité, la toute jeune hybride traversa la rue la séparant du petit établissement, y pénétrant d'un pas décidé. Immédiatement, une agréable odeur de thé et de pâtisserie sauta jusqu'au nez de Kali, lui mettant l'eau à la bouche. L'intérieur se résumait à une dizaine de tables rondes en bois couvertes de nappes crème un peu vintage, éparpillées dans la salle de façon à offrir de l'intimité à chacune d'entre elles. D'innombrables plantes aux verts chatoyant couvraient les murs, mêlées à des peintures abstraites aux teintes profondes et apaisantes. Un comptoir était installé au fond de la pièce, offrant déjà à son regard aiguisé de multiples gâteaux aux couleurs appétissantes n'attendant qu'à être dévorés. Une douce mélodie aux consonnances jazz passait en fond sonore, terminant de rendre ce petit établissement des plus charmants.

Il y avait là 5 personnes attablées, deux couples et une personne seule, dans le coin le plus discret de la salle. A peine eut-elle ouvert la porte que cette dernière avait braqué son regard sur elle, faisant comprendre à Kali que c'était elle, son mystérieux rendez-vous. Sans plus attendre elle se dirigea vers elle, la scrutant en retirant ses lunettes de soleil devenue inutiles.

"Il y a des hommes qui ont des bibliothèques." Commença-t-elle, demeurant malgré tout un peu prudente.

"Comme les énuques un harem." Termina l'inconnue dans un sourire resplendissant, auquel répondit le demi-démone. "Je vous en prie, Kali-sama, essayez-vous."

L'intéressée acquiesça, s'asseyant en face de la mystérieuse jeune femme, la détaillant rapidement du regard. Incontestablement, elle était... magnifique. Une beauté japonaise parfaite, d'une trentaine d'années tout au plus. Elle avait des cheveux noir brillant enserrés dans un chignon complexe, une peau claire sans être pâle, des yeux en amendes s'ouvrant sur des prunelles d'un marron profond, un petit nez droit et des lèvres fines délicatement dessinées, relevées d'un rouge à lèvres carmin parfaitement appliqué. Elle portait d'ailleurs un kimono traditionnel aux motifs floraux clairs et élégants, habillant à la perfection son corps gracile. A côté d'elle, Kali se sentit un peu comme un sac à patates...

"Vous n'êtes pas obligée pour le sama, vous savez. Comment dois-je vous appeler ?"

"Oh, quelle impolitesse de ma part." répondit immédiatement la demoiselle de sa voix posée et chantante. "Je suis tellement contente de vous rencontrer que j'en oublie même mes bonnes manières. Je m'appelle Tomoe Maeda, c'est un plaisir de faire votre connaissance. Pour le sama... Je comprends que cela puisse vous mettre mal à l'aise, san vous conviendrait-il d'avantage ?"

"Même rien, cela m'irait aussi, pour tout avouer !" s'amusa l'hybride, passant une main dans sa nuque pour dissimuler sa gêne. "Ravie de vous rencontrer, Maeda … sempai ?"

"Maeda, simplement, sera parfait, Kali-san." dit avec douceur la brune, la fixant dans les yeux.

"Ah, d'accord, pas de soucis."

Un silence un peu gêné s'installa entre les deux femmes, mettant terriblement mal à l'aise l'étrangère. Elle était légèrement impressionnée par son interlocutrice qui faisait, à ses yeux, tellement adulte et distinguée. Jamais elle ne s'était autant sentie 'sauvageonne' qu'en cet instant. Quand Sukuna l'appelait ainsi, la comparait-il à ce genre de femmes ? Il était certain qu'elle ne faisait pas le poids...

"Chères clientes, désolée de l'attente. J'espère que cela vous plaira."

Kali sursauta en entendant la voix de la serveuse qui déposa sur leur table un ensemble de pâtisseries ainsi que d'élégantes tasses de thé fumantes et parfumées. Elle tourna la tête vers son interlocutrice, fronçant un peu les sourcils.

"Je m'étais permise de commander en avance quelques douceurs." Expliqua la jeune femme avec un sourire. "Ce thé blanc est à la fleur de cerisier, vous verrez il est exquis."

"Merci, c'est très gentil de votre part." se contenta de murmurer la demoiselle, fixant le fond de sa tasse en porcelaine.

"Vous devez vous demander..." Finit par reprendre Tomoe "Pourquoi j'ai contacter Prasad-sama dans le but vous voir ?"

"Je vous avoue que oui !" répliqua immédiatement l'hybride, se redressant sur sa chaise, ravie de mettre de côtés ses idées déprimantes.

"Eh bien... Pour plusieurs choses. Dans un premier temps je tenais à m'excuser."

"Vous excusez ?" s'étonna la rousse, haussant les sourcils.

"Pour le comportement de Watanabe-kun..." éluda la jeune femme, faisant tourner sa tasse entre ses mains. "Je sais qu'il est allé vous trouver sans permission hier. Il peut être assez... exubérant, parfois. J'espère qu'il ne vous a pas trop déranger."

La demoiselle aux yeux d'or la fixa, étonnée. Elle parlait du blondinet ? En quoi cela pouvait-il avoir un rapport avec elle ?

"Non. Ne vous en faites pas pour ça, j'ai juste été surprise... Mais pourquoi vous sentez vous coupable de son comportement ?"

"Je suis... comment dire..." La brune sembla chercher ses mots, hésitante. "Je suis son binôme, va-t-on dire. Ou plutôt son chaperon... J'aurais dû mieux le surveiller."

"OH !" Kali dévisagea une poignée de seconde Tomoe, se remémorant le style et l'attitude d'Hiraoki, pour ainsi dire diamétralement opposé en tous points au sien. Voilà un duo assurément très mal assorti... Cela lui fit penser à Yuji et Sukuna, si différents mais obliger de cohabiter... "ça ne doit pas être de tout repos."

La brune laissa échapper un rire discret, dissimulant sa bouche derrière sa main. "C'est le moins que l'on puisse dire, Kali-san ! Il est..."

"Original ?" tenta l'hybride, compatissante.

"Epuisant." souffla finalement Maeda, sur le ton de la confidence, faisant pouffer l'européenne. "Des fois, je souhaiterai lui mettre un harnais, comme à un enfant turbulent, pour être certaine qu'il ne disparaisse pas dès que je tourne le dos."

"Au moins" temporisa Kali qui culpabilisait un peu de se moquer ainsi du jeune garçon qui n'avait voulu que la mettre en garde. "Il n'a pas l'air d'être méchant !"

"Non, vous avez raison, il a un grand cœur." acquiesça la japonaise, prenant une gorgée de thé. "Dans tous les cas, je ferais en sorte qu'il ne vienne plus vous importuner."

"Ne vous tracassez donc pas." coupa court Kali, balayant l'air d'une main avec désinvolture. "De quoi d'autre vouliez-vous me parler ?"

"Eh bien..." commença Tomoe "En réalité, je voulais vous voir car je m'inquiétais pour vous, Kali-san."

"... Pardon ?" s'étonna cette dernière, ne comprenant pas comme cela aurait pu être possible, vu qu'elles ne se connaissaient pas.

"Je comprends votre scepticisme... Mais il a été porté à ma connaissance que vous viviez avec le réceptacle du roi des fléaux Sukuna. Et ce fait m'a terriblement préoccupé depuis lors. Sukuna est un démon millénaire terriblement dangereux. En aucun cas il ne faut que vous lui accordiez la moindre confiance."

L'hybride dévisagea la brune, se remettant immédiatement sur ses gardes. Le fait qu'elle vivait avec Yuji n'était normalement connu que de son protecteur, de Gojo, et de l'homme de confiance de ce dernier qui leur avait une fois amené des provisions. Comment aurait-elle pu être au courant ?

"Et qui, je vous prie, vous a donner cette information ?"

"Ma famille est au service de celle de Prasad-sama depuis des siècles, Kali-san." expliqua Tomoe, d'une voix patiente, comme si elle s'adressait à une enfant. "Nous avons depuis longtemps prouvé notre loyauté indéfectible. Sinon, croyez-vous que Prasad-sama m'aurait autorisé à vous voir seule à seule ?"

"... Non, vous avez raison." concéda l'européenne, certaine de ce fait-là. Jamais l'hindou ne prendrait le moindre risque la concernant. "Et... pourquoi dîtes-vous cela, par rapport à Sukuna-san ? Le fait qu'il soit un fléau extrêmement puissant est connu de tous."

"Avez-vous la moindre idée des mœurs qui étaient les siennes ? Vous êtes si jeune..."

Kali laissa échapper un léger ricanement, allant se caler contre le dossier de sa chaise. Aussi étonnant que cela pouvait être, elle était certainement, avec Yuji, l'une des rares personnes vivant aujourd'hui connaissant personnellement le démon couronné. "Vous voulez parler de sa passion obsessionnelle pour le sang, le combat, la chair humaine et le sexe ? Si c'est cela dont vous souhaitiez me mettre en garde, ne vous inquiétez donc pas, je suis au courant."

La japonaise secoua doucement la tête, fermant un instant ses yeux marrons. "Si ce n'était que cela... C'était un homme de mal, même avant de devenir un fléau. Quoi qu'il puisse vous proposer, refusez. Je vais être franche avec vous, il ne vous voit pas en tant que personne. Il n'est pas homme à estimer les autres êtres vivants. Il vous voit certainement en tant que chose, que distraction. Il se servira de vous pour assouvir ses plus basses envies avant de se débarrasser de vous. Rien de bon ne pourra vous advenir à ses côtés, Kali-san."

La jeune demi-démon encaissa ces paroles, ne le connaissant que trop bien. Ce n'était pas la première fois qu'on lui donnait un tel avertissement. Gojo, Prasad, même Yuji lui avaient dit des choses similaires. Que Sukuna n'était qu'un monstre, le pire d'entre tous, assoiffé de sang, de sexe et de viandes d'enfants. Elle l'avait assez côtoyé pour savoir que ses faims n'étaient pas inventées. Cependant, pour le reste, elle se refusait à se satisfaire de cela. Elle demeurait convaincue qu'il était bien plus complexe que tous voulaient bien le croire. Qu'il y avait tellement plus que ce qu'il voulait lui-même laisser paraitre... Si seulement elle avait plus de temps pour le découvrir...

"Je vous ai choquée, Kali-san, je m'en excuse."

Tomoe extirpa la demoiselle de ses pensées, la faisant légèrement cligner des yeux. "Oh. Non, ne vous inquiétez pas, il m'en faut beaucoup plus que ça pour me choquer. Je réfléchissais juste à vos paroles. Et je tiens à vous rassurer. Je sais déjà tout ça. Et tout est sous contrôle."

La brune la fixa quelques secondes avant de laisser échapper un léger et très discret soupire. "On m'avait dit que vous étiez une jeune femme courageuse et intelligente, indépendante et combative... mais également un peu entêtée... Je vois que tout cela s'avère vrai !"

Kali laissa échapper un éclat de rire, venant s'accouder à la table. "Ma réputation me précède... Merci de votre inquiétude en tous cas, c'est très gentil de votre part, Maeda. Y avait-il autre chose ?"

"Non, kali-san... Juste une, peut-être. Je possède une maison dans la ville, où Watanabe-kun, moi-même ainsi que quelques autres membres de votre garde habitent. Si jamais, un jour, vous vous sentez en danger, n'hésitez pas à venir vous y réfugier. Nous vous protègerons, vous avez ma parole."

L'hybride regarda son interlocutrice aux traits si parfaits, lui adressant un petit sourire. "Merci. Ça ne tombe pas dans l'oreille d'une sourde, vous pouvez en être certaine. Je vais y aller, si cela ne vous dérange pas. Je vous souhaite une bonne journée et vous dit à bientôt, j'espère."

Tomoe se leva immédiatement, avant de s'incliner respectueusement dans la direction de la rousse qui avait déjà récupéré ses affaires et remis ses lunettes de soleil, lui souriant.

"A bientôt, Kali-san. Et n'oubliez pas. Il est peut-être un démon millénaire, mais vous n'êtes pas n'importe qui, vous non plus."

"Oh, ça..." l'européenne lui répondit dans un murmure, plus pour elle-même qu'autre chose. "Je suis... Juste un hasard, une expérience bancale qui a étrangement réussi. Je ne sais pas si ça fait de moi quelqu'un d'important, mais ça fait déjà de moi quelqu'un, et c'est un bon début. Enfin je crois. "

Sans plus attendre, la femme aux yeux d'or fit volte-face et quitta le petit café qui s'était entre temps un peu plus rempli, sans même qu'elle s'en soit rendu compte. Une fois dehors, elle réajusta son chapeau et ses lunettes et repartit vers le centre-ville, un rien pensive après cet étrange entretien.

Elle aurait espéré... Quelque chose de plus épique, aussi méchante que pouvait être cette pensée. Tomoe était charmante, bienveillante et pleine de bonnes intentions mais cela ne l'avait pas vraiment avancée. Au moins pouvait-elle compter une alliée de plus non loin...

Kali s'enfonça dans les petites ruelles de la ville, préférant rentrer au refuge par des chemins détournés. A présent, la sécurité devait être son maitre mot.

Brusquement, une vive douleur traversa son dos, courant le long des tracés sombres parcourant son corps comme une décharge électrique, la faisant se figer sur place, le souffle coupé. La jeune femme enserra son buste de ses bras, respirant profondément, à l'affut d'une nouvelle vague de douleur qui ne vint cependant pas. Comme elle le redoutait, son pentacle avait à nouveau 'faim'. Il fallait qu'elle ne tarde pas trop pour aller reprendre une orbe, ou même deux, tant elles étaient faibles.

Mais cette solution montrait déjà ses limites... Il allait lui falloir en trouver une autre, et rapidement.

"Kyyyyyu !"

D'un coup, le petit fléau volant s'extirpa de son sac pour prendre son envol, tournoyant furieusement au-dessus de la tête de la demoiselle, lui faisant froncer les sourcils.

"Qu'est... Qu'est-ce qu'il y a, kyu ? Tu devais rester caché !"

L'intéressé alla se poser sur l'enseigne éteinte d'un restaurant de nuit encore fermé, fixant une position se trouvant dans le dos de Kali, tous crocs dehors. Cette dernière se retourna alors, sur ses gardes, découvrant à quelques mètres d'elle la silhouette d'un homme avachis contre l'un des murs de la ruelle, respirant très bruyamment.

Il portait un costume à la coupe bon marché visiblement beaucoup trop grand pour lui, complètement froissé, déchiré et taché par endroits et ses cheveux courts étaient complètement en pagaille. Il était également pieds nus sur le bitume sombre du sol, surprenant l'hybride. Il émanait de son être une aura étrange, à la fois complètement humaine et pourtant anormale, intriguant la jeune femme.

"Eh, monsieur." lança à tout hasard Kali. "Vous allez bien ? Vous avez eu une rude journée on dirait... Si vous avez la gueule de bois vous devriez prendre du poulet frit et aller vous mettre au lit, y a que ça..."

Soudain, l'inconnu releva la tête vers elle, offrant à sa vue un visage terriblement émacié, ses yeux injectés de sang semblant être comme enfoncés dans leurs orbites. Non, assurément, il avait pas l'air dans son assiette.

"F...Fa...Fa..." commença-t-il à bougonner, se trainant périlleusement vers elle en s'aidant du mur, griffant les briques de ses ongles noircis.

Inconsciemment, Kali fit un pas en arrière alors que Kyu revint se poser sur son épaule, son poil albinos dressé sur son dos, prêt à l'attaque. L'hybride glissa lentement une main contre sa cuisse droite, passant sous le tissu de sa blouse pour aller se saisir de son colt qu'elle avait attaché là, histoire de toujours l'avoir littéralement à portée de main. Elle n'aurait pas cru qu'elle en aurait besoin si tôt.

"M'sieur ?" essaya-t-elle encore, sentant la tension monter en son sein. "Je vous appelle une ambulance peut-être ?"

"Fa...Faa...Faa..." continuait-il à répéter pour toute réponse, de plus en plus fort cependant, sa voix devenant progressivement de plus en plus grave et guttural, faisant se hérisser le duvet des bras de la demoiselle. En parallèle, des masses sombres commençaient à serpenter sous la peau de de l'homme, allant et venant le long de son corps décharné, dégoutant profondément l'européenne. Elle ignorait ce qu'il avait, mais cela n'avait rien d'enviable, visiblement.

L'hybride dégaina alors complètement son révolver, prête à la pointer dans la direction de l'inconnu et à faire feu. Cependant, à l'instant même où son arme apparut, l'individu laissa échapper un cri strident, son corps se métamorphosant en un instant. Ses yeux devinrent aussi noirs que du charbon, sa bouche grande ouverte se déploya démesurément alors que ses dents s'allongeaient en des crocs acérés. Ses ongles devinrent des griffes et sa peau prit une teinte presque translucide ignoble, laissant encore plus paraitre ces choses mouvantes sous sa surface, révélant une multitude de pattes, semblables à celles d'un scolopendre.

Dégoutée et sentant venir l'attaque, Kali leva les bras, prête à tirer. Mais la créature fut plus rapide, fondant sur elle avec une vitesse qu'elle ne lui soupçonnait pas. Dans un réflexe de défense, l'européenne leva un bras devant elle juste à temps pour que les crocs de l'homme difforme aillent se planter dedans plutôt que directement dans son cou, lui arrachent un cri de surprise et de douleur.

Putain, quelle force il avait dans la mâchoire ! Il lui donnait l'impression de vouloir lui arracher le bras !

Serrant les dents avec violence, Kali pointa l'arme qu'elle n'avait heureusement pas lâché lors de l'attaque, la pointant dans la direction du monstre qui aspirait goulument tout le sang qu'il pouvait depuis la blessure qu'il lui avait infligé, la répugnant au plus haut point.

Dès que le canon du revolver fut correctement aligné, Kali appuya sur la gâchette, libérant une terrible déflagration à la lumière aveuglante qui projeta son bras armé en arrière, passant à deux doigts de lui déboiter l'épaule.

La puissance de l'impact fut dévastatrice, arrachant presque toute la tête du monstre, faisant jaillir des flots de sangs anormalement sombres sur le corps de le demi démone qui clignait des yeux, la vue toujours troublée, les oreilles bourdonnantes à cause du tir trop proche de son propre visage, et ensuquée par le choc de l'attaque ainsi que de la douleur qui traversait son bras blessé.

Tout près d'elle, il lui semblait entendre les cris paniqués de Kyu, la maintenant hors de l'inconscience. Il fallait qu'elle bouge... Un bruit de détonation ne devait pas être monnaie courante dans une ville comme Kamakura, il risquait d'y avoir très bientôt du monde ici... Elle devait partir...

Hélas, le cadavre du monstre ne disparaissait pas, comme l'aurait fait celui d'un fléau normal, pesant sur elle comme une chappe de plomb ! Une autre preuve que cette... chose était avant tout humaine...

Mais ce n'était pas le moment de s'attarder sur la nature de son attaquant, il fallait qu'elle bouge, et vite ! Il ne fallait surtout pas qu'elle se retrouve mêler à une affaire criminelle. Au prix d'un effort qui lui parut surhumain, Kali parvint à se rouler sur le côté, faisant basculer le cadavre sur le bitume. Rangeant le colt dans son sac, elle dut ensuite, de son bras engourdit par la puissance du tir, retirer les crocs de la mâchoire inférieure du monstre qui était restés plantés dans son avant-bras, serrant les dents pour ne pas crier.

Une fois enfin libérée, Kali se releva tant bien que mal, tremblant sur ses jambes, serrant son sac contre son ventre. Elle releva la tête pour découvrir avec effroi que son projectile, en plus d'avoir tué la créature, avait défoncé en grande partie le mur de la ruelle leur faisant face, toute la structure de briques menaçant à présent de s'écrouler d'un instant à l'autre... Une raison de plus pour détaler au plus vite.

"Eh, c'est par là-bas ! Il s'est passé quelque chose !"

"Vous avez entendu ? C'était un coup de feu, non ?"

Putain, les gens arrivaient déjà...

Prise par l'urgence, Kali retira à la va vite les scellés qu'elle portait. Immédiatement, les lignes de son pentacle réapparurent sur son corps, la tiraillant encore plus que précédemment. Ça allait être tendu, c'était évident...

"Kyu, retourne au sanctuaire ! On se retrouve là-bas dès que possible ! Fais attention à toi !"

Sans plus perdre une seconde, des silhouettes approchant dangereusement de l'entrée de la ruelle, Kali ferma les yeux, serrant les dents alors qu'elle levait son bras le plus valide au niveau de son visage, repliant son annulaire à l'aide de son pouce, prête à subir les conséquences qu'elle allait devoir payer pour l'utilisation de ses pouvoirs.

"Trans... Transfert !" s'écria-t-elle, sentant ses flammes gronder en son sein.

Immédiatement, répondant à son appel, les flammes d'ombres noires et violettes jaillirent de son corps pour s'élever tout autour d'elle avant de se rabattre pour l'envelopper, la faisant ensuite brutalement disparaitre de ce morbide théâtre qui risquait... peut-être... d'être la cause de sa perte...


Mot de l'auteur :

M : Helloooo tout le monde ! Comment allez-vous ? Bien j'espère ! Ça faisait longtemps dites donc ! Encore une fois désolée de l'attente, ma vie est un vrai chaos en ce moment je vous raconte pas ! XD

Bon, en tous cas, voilà un nouveau chapitre, en mode montagnes russes ! (je les aime bien ceux là lol). Pauvre Kali, c'est pas sa fête !

Kali, tremblante : Je DETESTE les scolopendres … T'as pas trouvé plus degeu à faire ?

M, sadique : Nan, sinon j'aurais mis !

Kali, choquée : T'es pas sympa en fait !

M : En même temps, pour un monstre j'aillais pas mettre des paillettes hein... Quoi que je suis certaine que ça doit exister, la phobie des paillettes !

Sukuna, boudeur : On m'a même pas vu ce chapitre !

M : Mais si, tu as eu deux lignes ! Et on a parlait de toi, alors fait pas du boudin !

Sukuna, perplexe : Hein ?

Gojo, boudeur : et moi on m'a traité de neuneu !

Kali : Fallait pas être condescendant !

Gojo, théâtralement outré : Moi ? JAMAIS !

Kali : T'es un Sukuna albinos diva...

Gojo et Sukuna : PARDON ?

Sukuna : Alors là, crevette, c'est impardonnable ! Je suis le seul et l'unique, et en plus me comparer à l'autre coton tige... Pourquoi pas au rat volant tant qu'on y est !

Gojo : Eh oh, fait pas ton offusqué, JE le suis plus que TOI, le vieux pervers dégénéré !

Kali, prenant des chips et allant s'installer sur le canap : les voir se chamailler, c'est un vrai soap...

Sukuna, sautant à côté de Kali, lui attrapant le menton : Attends crevette... Tu t'amuses à mes dépends où je rêve ?

Kali, faussement innocente : noooooon ?

Sukuna, un sourire terrible aux lèvres : Toi, tu mérites une de ces punitions...

M : Oui mais non ! Rien de cochon dans mon espace post chapitre alors tu vas croquer de la verveine, Sukuna !

Sukuna : C'est pas de la verveine que j'ai envie de croquer, impudente ! Et je croque ce que je veux d'abord !

M, faisant la sourde oreille : Et voilà en tous cas, la fin d'un nouveau chapitre !

Je vais essayer de poster le suivant les délais standards, promis juré !

Un immense merci à celles et ceux qui prennent le temps de nous laisser des commentaires, vous êtes supers T_T love love !

Yuji, Gojo et kali : love you aaaaall !

Sukuna, étant retourné sur son trône histoire de toiser correctement tout le monde : comptez pas sur moi pour remercier qui que se soit !

Kali, tout bas : Il dit ça mais il adore les lire, vos commentaires

M : portez vous tous bien et à très bientôt pour la suite ! Kiss kiss !