Quelle soirée abominable…

D'un pas trainant, complètement abattue, Kali se laissa lourdement tomber sur son lit, ses cheveux toujours humides gouttant sur les draps. Les accusations de Gojo ne cessaient de tourner en boucle dans son esprit, assombrissant son moral de lourds nuages sombres.

La situation n'était vraiment pas des plus simples.

A présent qu'elle était liée à Sukuna, elle ne pouvait plus s'offrir le luxe d'être neutre dans son affrontement avec Yuji…

Hélas, jamais elle n'avait voulu prendre le partie de l'un ou de l'autre. Elle appréciait vraiment le jeune adolescent. Et tout autant, si se n'était plus, le démon qui alimentait à présent son corps en énergie occulte, la protégeant de l'emprise de la mort.

L'hybride laissa échapper un profond soupire, complètement écartelée. Elle attrapa son drap, se roulant en boule dedans, le moral au plus bas.

Elle ne voulait pas faire de mal à Itadori… Mais elle ne pouvait plus échapper à son colocataire démoniaque… Comment allait-elle pouvoir contenter l'un tout en protégeant l'autre ? Elle avait bien pensé partir, quitter le sanctuaire, mettre le plus de distance possible entre elle et l'enveloppe charnelle des deux hommes. Mais l'européenne se doutait bien que jamais Sukuna ne l'y autoriserait. Elle était à lui au fond…

Il lui fallait trouver une autre solution…

La demoiselle resta prostrée sur son matelas, ruminant ses sombres pensées ce qui lui parut être pendant des heures, sans pour autant trouver de solutions, finissant finalement par commencer à céder à la fatigue.

Elle avait juste besoin d'un peu de repos et de tranquillité… Juste quelques heures…

Hélas, ce n'était pas prévu au programme.

A peine l'hybride eut-elle commencé à s'endormir qu'elle se sentit brusquement comme aspirer vers le sol, son esprit se faisant extirper de son corps sans ménagement, lui coupant le souffle. Le décor de sa chambre disparut instantanément alors qu'elle se sentait chuter, un tout autre théâtre apparaissant sous ses yeux félins, baigné d'une lueur rougeoyante qu'elle reconnu immédiatement.

L'espace intérieur de Sukuna… Le démon avait fait venir son âme à lui.

Alors qu'elle continuait de tomber, Kali appela ses flammes, les faisant s'embraser tout autour de son corps pour ralentir sa chute, la faisant doucement atterrir dans l'eau qui recouvrait le sol de ce qui s'apparentait à une grotte macabre. Immédiatement, la demoiselle balaya l'endroit du regard, à la recherche du trône du démon couronné, enserrant son torse de ses bras. Elle trouva l'amoncellement de crânes de buffles à quelques dizaines de mètres de là, et, à son sommet, l'homme tatoué qui la fixait, implacable, l'écrasant de son aura unique.

Kali fuit son double regard de feu, resserrant un peu sa prise sur les manches de son ample T-shirt, mal à l'aise.

Pourquoi diable le fléau l'avait-il fait venir ?

Elle déglutit faiblement, encore un peu plus abattue. Elle n'était vraiment pas d'humeur à s'adonner à des jeux sexuels… Mais si lui l'était, il ne la laisserait très certainement pas en paix, se moquant éperdument de ses états d'âme…

Sukuna de son côté se contenta de la scruter pendant de longues minutes, sans dire le moindre mot, détaillant sa posture à la fois craintive et abattue, lui déplaisant fortement. Se n'était pas là la petite insolente qu'il avait l'habitude de côtoyer, lui faisant serrer les mâchoires.

C'était la faute de l'autre idiot d'exorciste tout ça. Ce crétin albinos lui avait jeté ses accusations délirantes à la figure dans le seul but de la déstabiliser. Elle avait beau joué les dures, elle était incontestablement tendre, la petite… Et si facilement manipulable…

D'un coup, le démon laissa échapper un profond soupire, surprenant Kali qui reporta son attention sur lui, étonnée. Il se téléporta alors à ses côtés, lui attrapant sans ménagement le menton afin de la forcer à le regarder, implacable.

« Hier tu t'empalais sur mon sexe comme une amazone, et aujourd'hui tu n'oses même pas me regarder, crevette ? Ne me dit pas que c'est à cause de ce qu'a dit l'autre bras cassé ? »

En entendant ces mots, la demoiselle détourna le regard, honteuse, les mots de Gojo revenant encore résonner à ses oreilles, ce qui agaça encore un peu plus Ryomen qui resserra sans même s'en rendre compte sa prise sur le visage de sa vis-à-vis. Comme il le pensait, la petite avait été secouée par les attaques de l'autre, le contrariant fortement. Il avait tellement hâte de pouvoir lui régler son compte à celui là… L'hybride, c'était actuellement sa seule distraction. Elle l'amusait, avec son insolence et son originalité d'étrangère. Et elle le distrayait avec son corps félin indécent. Il avait passé des semaines à œuvrer dans l'attente de pouvoir la posséder. Et il refusait que le porteur du 6ème œil vienne tout gâcher en lui enfonçant dans le crâne des idées farfelues !

« Eh. Regarde-moi. »

Courageusement, Kali vint encrer son regard félin et bicolore dans le sien, lui offrant un vrai livre ouvert sur les troubles agitant son âme.

« Tu te laisses trop facilement troubler, crevette… Il attaque parce qu'il est faible. Et frustré. Le fait que tu ais passé le pacte lui reste au travers de la gorge. Alors ne t'en formalise pas autant. »

Kali ne dit rien, douloureusement pensive, resserrant ses mâchoires. Ne pas s'en formaliser ? Elle en été incapable car elle savait que l'exorciste était dans le vrai. Si elle avait du voir Sukuna uniquement ici, dans son espace vitale, loin du reste du monde, cela ne l'aurait aucunement dérangé. Mais le roi des fléaux la voulait aussi dans la 'réalité' matérielle, là où il possédait le corps de Yuji. Là où il l'embrassait avec les lèvres de l'adolescent, là où il la caressait avec ses mains, où il l'enflammait avec son corps… Et ça, c'était, incontestablement, éthiquement discutable. Yuji était si innocent…

« Eh. Crevette. » finit par reprendre Sukuna se penchant un peu plus vers elle, ramenant son attention sur lui. « Je vois clair en toi. Mais je t'arrête tout de suite. Tu es à moi, et à moi seul. Le seul dont tu dois te soucier, c'est moi, et personne d'autre. »

Si seulement c'était si facile… Peut-être devrait-elle demander au roi démoniaque de la garder ici avec lui, finalement. Cela simplifierait tellement les choses…

« Ce n'est pas ça le souci, Sukuna-san… » murmura-t-elle finalement d'une petite voix hésitante, triturant nerveusement le tissu de son t-shirt.

L'intéressé se redressa, relâchant le menton de Kali, piqué au vif face à son abattement.

« Alors quoi ? » siffla-t-il, exaspéré. « C'est à cause du gamin ? Cette histoire abracadabrante de viol ? Ce corps est à moi. Il le sera bientôt complètement, et le morveux disparaitra définitivement. Se n'est qu'une question de temps. Et de toute façon, il ne sait absolument rien de ce qui se passe quand je prends le contrôle, si cela peut alléger ta fragile petite conscience.»

En entendant cela, la demoiselle sentit sa gorge se serrer en imaginant la 'mort' potentielle de Yuji pour permettre à Sukuna d'être libre, alourdissant encore un peu plus son cœur de culpabilité. C'était idiot, mais elle n'y avait jamais vraiment pensé. Ou alors n'avait elle pas voulu y penser… Parce que la simple idée du trépas de le l'adolescent lui était insupportable. Le lycéen était, à ses yeux, une personne exceptionnelle… Il méritait de vivre. Il méritait d'être heureux…

Ryomen la regarda une poignée de secondes, observant son visage se décomposer alors qu'il avait pensé que sa tirade aurait réglé la situation. C'était d'un chiant.

« Qu'est ce que c'est que cette tête, encore ? Ne me dis pas que tout ça, en réalité, c'est uniquement à cause du gamin ? Tu veux le protéger lui, c'est ça ? »

L'aura du fléau allait crescendo, alourdissant l'air, devenant plus menaçante à chaque instant.

Yuji, Yuji, Yuji, encore et toujours Yuji !

Lui qui le maintenait emprisonnait dieu seul savait comment. Lui qui le forçait à devoir attendre qu'il dorme pour pouvoir jouir d'une liberté très relative. Lui qui osait lui tenir tête, lui manquer de respect sans cesse et l'ignorer le reste du temps. Il ne le supportait pas ce gamin ! Et voilà qu'il venait encore lui pourrir la vie en s'interposant entre lui et son nouveau jouet. C'était intolérable !

« Quoi ? » se défendit la jeune femme, sentant la colère du démon enfler à grande vitesse. « Mais… se n'est pas la question… »

Brutalement, le démon vint se saisir du cou de Kali, la plaquant sans ménagement contre le tas d'os formant la base de son trône, lui coupant le souffle. Il avait l'air hors de lui, son énergie crépitant contre la peau de l'hybride comme des décharges électriques.

« Bien sur que si, c'est la question, insolente ! » S'emporta-t-il, resserrant un peu ses doigts autour de la gorge de l'européenne, lui rendant difficile le fait de respirer. « Tu es à moi ! Ce corps est à moi et ça commence à m'exaspérer que tu te préoccupes plus de ne pas froisser le gamin plutôt que ton maitre ! »

Kali vint attraper la main du démon entre ses siennes, paniquée, sentant les larmes lui monter aux yeux alors qu'elle chercher son souffle, l'air commençant un peu à lui manquer. Qu'est ce qu'il lui prenait, de s'emporter pour si peu ? Elle le savait soupe au lait, mais jamais il n'avait réagit aussi violemment auparavant… A ce rythme, il allait la tuer. Il fallait qu'elle fasse quelque chose pour le calmer, et vite. Hélas, à cause de la pression qu'il exerçait sur sa trachée, elle était presque incapable de parler.

« Su.. kuna…san… » parvint elle périlleusement à murmurer, encrant ses yeux dans ceux assassins de son tortionnaire, sentant les larmes dévaler le long de ses joues, allant terminer leur course contre les phalanges du démon.

Il la scruta encore quelques instants encore, les mâchoires crispées, avant de la relâcher sans crier gare, permettant enfin à Kali de reprendre son souffle en toussant chaotiquement au milieu des crânes de buffles. Il s'éloigna un peu d'elle, lui tournant ostensiblement le dos, passant ses mains dans ses cheveux courts comme pour essayer de se calmer un peu. Se n'était pas vraiment la crevette qu'il aurait voulu pouvoir blesser, à cet instant, il le savait. Mais c'était la seule qu'il avait sous la main pour se défouler et extérioriser un peu sa contrariété… Et, en cet instant, il se sentait terriblement contrarié !

De son côté, l'européenne finit par réussir à apaiser sa respiration et essuya d'un revers de main ses larmes, à la fois perdue et secouée. Elle enserra doucement son cou malmené, pouvant presque encore sentir la puissance de la prise des doigts du fléau contre sa peau, la faisant frissonner. Elle glissa un regard vers l'homme non loin, déboussolée. Détestait-il vraiment à ce point Yuji, pour entrer dans une telle colère à sa seule évocation ?

« Sukuna… san… Je… » commença-t-elle, ne sachant quoi lui dire pour le calmer complètement.

« Je ne comprends pas toutes ces simagrées… » La coupa le démon, lui tournant toujours le dos. « Tu as fait un choix, crevette. Tu t'es donné à moi en passant le pacte. C'est aussi simple que ça. »

« Je… Je dis pas l'inverse, Sukuna-san. C'est… c'est juste… tellement compliqué. »

Sukuna se tourna vers l'hybride, la détaillant du regard. Elle avait l'air tellement petite et fragile en cet instant, un peu roulée sur elle-même au milieu des ossements de son trône… Il marcha vers elle, croisant les bras sur son torse puissant, la toisant de toute sa hauteur.

« Qu'est ce qui est compliqué ? Tout est clair, pourtant. Tu es mienne, tes seules obligations sont de me plaire et de me satisfaire. Moi et moi seul. Le reste n'a aucune importance. »

« Je ne veux blesser personne… » murmura tout bas Kali, fuyant le regard du démon, ne parvenant pas à oublier son affection pour Yuji et la peine qu'elle avait pu lire plus tôt dans la journée sur son visage quand elle avait parlé de Sukuna.

« AH ! » laissa tomber Ryomen, narquois. Il se pencha vers l'hybride qui se ratatina un peu sur elle-même, craignant une nouvelle attaque. « Qu'est ce que c'est que cette idiotie ? Tu as beau être jeune, crevette, tu dois bien te douter que ce que tu dis n'a aucun sens, non ? Blesser personne ? C'est simplement impossible. Soit c'est de l'idéalisme juvénile, soit c'est de la débilité sévère. Dans ton cas, je pencherai même pour de l'hypocrisie…»

« Quoi ? » s'offusqua-t-elle un peu, se tournant vers l'homme tatoué, outrée.

Il vint la surplomber, approchant dangereusement son visage du sien, moqueur. « Combien de fléaux as-tu tué depuis ton éveil ? Combien de maitres des fléaux ? N'y as-tu pas pris du plaisir ? »

« Ça n'a rien à voir... » objecta-t-elle faiblement, voyant bien que le démon ne comprenait pas ce à quoi elle faisait allusion. Elle ne souhaitait pas faire de la peine à Yuji. Pas physiquement, mais émotionnellement. Peut être que le roi millénaire ne connaissait simplement pas le principe… « C'est pas de ça que je parle… »

Sukuna se tut, la fixant, un rien perplexe. Il finit par se redresser, soupirant lourdement.

« Ce que vous êtes chiants avec tous vos délires psycho larmoyants modernes… » Laissa-t-il finalement tombé après quelques secondes, faisant se serrer le cœur de la jeune femme. « Tout est pourtant terriblement simple. Si tu as envie de te torturer inutilement, fait ce qui te plait. Mais je ne tolèrerai pas que tu oublies quelle est ta seule priorité à présent. Ai-je été clair ? »

Kali ne répondit pas, serrant les poings et les mâchoires, vexée par les mots du démon.

« Ne me fais pas répéter, crevette. »

« … Oui… Sukuna-san… » concéda-t-elle du bout des lèvres, préférant ne pas chercher un nouvelle joute verbale, bien trop abattue par tout ce qui s'était passé ces dernières heures. Décidément, c'était pas sa soirée…

« Hum… » se contenta-t-il de répondre, toujours autant contrarié. « Dans tous les cas, je t'ai assez vu pour ce soir. Les femmes abattues, ça me donne le cafard. Essaie de réfléchir à tout ça, crevette. »

D'un mouvement de main, Sukuna rejeta l'esprit de la jeune femme hors de son espace vital sans même lui laisser le temps de répondre quoi que se fut, la faisant retourner dans son corps à grand fracas. La jeune femme voulu se relever d'un bond, toujours peu habituée au puissant choc qu'elle ressentait lors de la réintégration son enveloppe charnelle. Dans la précipitation, elle s'emmêla dans le drap enroulé autour de ses jambes, perdant l'équilibre et tombant de son lit, s'écrasant lourdement au sol dans un bruit sourd.

Elle demeura un instant immobile, un peu sonnée, les larmes venant à nouveau troubler sa vue avant de sentir une violente bouffée de colère monter en elle, des flammes sombres s'embrasant tout autour de son corps.

« MAIS PUTAIN DE SOIREE DE MERDE ! » éructa-t-elle d'un coup, enflammant le drap qui la maintenait prisonnière ainsi que les vêtements qu'elle portait, la rage brûlant dans ses veines.

« PUTAIN DE GOJO, PUTAIN DE SUKUNA ! MAIS QU'ILS AILLENT AU DIABLE TOUS LES DEUX ! » continua-t-elle en se relevant telle une furie, allant taper avec violence son oreiller.

« Essaie de réfléchir à tout ça » répéta-t-elle d'une voix exaspérée, reprenant les mots que lui avaient dit les deux hommes chacun leur tout. « Et réfléchir à votre connerie, ça vous dit pas ? Gros misogynes de merde ! »

L'hybride continua à violenter son coussin quelques minutes avant de s'arrêter, à bout de souffle, éreintée. Elle se laissa tomber sur son matelas, passant ses mains sur son visage. Cette soirée était incontestablement l'une des pires de sa courte existence. Elle était passée de violeuse à fille tellement chiante qu'elle était parvenue à ne pas donner envie à au plus gros obsédé sexuel millénaire de la posséder !

Même si elle-même n'en avait absolument pas envie vu la situation – car, étrangement, passer à deux doigts de se faire étrangler n'était pas très excitant - c'était assez vexant !

Entre lui, Gojo, et Yuji elle ne savait plus où donner de la tête. C'était trop pour elle, elle allait devenir folle à ce rythme !

Mais que faire ? Fuir ne servirait à rien, son âme était liée à celle de Sukuna, il pourra la retrouver n'importe où. Elle ne pouvait pas téléphoner à Prasad. Il avait été assez secoué par son coma de quelques jours, elle se devait de protéger sa santé précaire.

Non… Tout ce qu'elle voulait dans l'instant… C'était du repos et de la tranquillité. Ne plus penser à rien. Et certainement pas à eux

Cependant… La jeune femme balaya sa chambre du regard, reniflant faiblement, fronçant le nez en sentant les relents de tissus carbonisés. Cependant elle n'avait pas envie de rester ici. Elle se sentait seule et, tant pis pour Sukuna, totalement abattue. Elle avait besoin de soutien… Elle aurait pu aller voir Yuji, mais tout ce qui pourrait sortir de cela risquait d'être terriblement mauvais. A présent qu'elle était liée au démon, elle se devait de prendre ses distances avec Yuji. Elle n'avait pas le choix. Lui aussi elle devait le protéger…

D'un coup, une étincelle jaillit dans l'esprit de Kali, la faisant se redresser. Il y avait une personne au près de laquelle elle allait pouvoir trouver, si se n'était des conseils, au moins un peu de chaleur humaine. Sans plus attendre, l'européenne se releva, allant enfiler un débardeur noir et un shorty léopard avant de quitter sa chambre, son oreiller maltraité sous le bras. Elle traversa le couloir du sanctuaire avant de se faufiler dans la chambre où dormait toujours Hiroaki, allant se planter à son chevet. La demoiselle le scruta quelques instants, serrant son coussin dans ses bras, hésitant un peu malgré tout.

« Hiroaki… » murmura-t-elle tout bas en s'asseyant aux cotés du blond, se sentant un peu idiote de parler ainsi à une personne endormie. « Désolée de t'embêter, j'ai franchement le moral dans les chaussettes ce soir. Gojo et Sukuna ont été affreux, des connards niveau olympiques. Je peux pas parler avec Yuji ou Prasard. Je sais pas où est encore passé Kyu. J'ai vraiment besoin de compagnie… Je sais que j'abuse un peu, mais je vais rester avec toi cette nuit… Enfin les quelques heures qui restent avant le matin… »

Elle se tut, fixant le visage impassible du garçon assoupis avant de fermer les yeux, secouant doucement la tête. Elle devait avoir un grain, franchement… Doucement, elle s'allongea à coté du blond, fixant le profil de son visage paisible dans l'obscurité, le mouvement ample et régulier de sa respiration, essayant de synchroniser son propre rythme respiratoire sur le sien.

« Hiro… » reprit-elle tout bas, sentant la fatigue la rattraper. « Il faut vraiment que tu te réveilles… j'ai vraiment besoin d'un ami dans tout ce bordel… Et de quelqu'un qui ne me regarde pas comme une criminelle, une pauvre petite chose ou une poupée sexuelle… »

L'intéressé ne répondit bien entendu pas, toujours emprisonné dans les limbes de l'inconscience. Mais le fait d'être à ses côtés, de sentir la chaleur de son être, l'aura de son énergie occulte, suffisait à apaiser un peu les peines de Kali qui finit par fermer les yeux, roulée en boule contre lui, et céder à l'appel de Morphée…

Au bout d'un certain laps de temps, Kali recommença à émerger d'un sommeil qu'elle savait insuffisant tant elle avait l'impression que ses paupières étaient faites de plomb. La fatigue physique et psychologique qu'elle ressentait encore étaient incommensurable mais elle se sentait pourtant un peu plus apaisée que la veille. Devait-elle essayer de dormir encore un peu ? A ses côtés, elle pouvait sentir la chaleur du corps d'Hiroaki, la faisant inconsciemment aller un peu plus se nicher contre lui.

Son odeur était plus musquée que celle de Yuji ou Sukuna, lui arrachant un léger sourire. Lui, au moins, était le seul maitre de sa propre enveloppe charnelle. Et ça, pour elle, c'était une qualité inestimable à l'heure actuelle.

« Eh bien… C'est le fait de dormir avec moi qui vous fait sourire comme ça, Kali-sama ? Je me savais doué au lit, mais pas au point de faire du bien aux femmes sans même avoir à me déshabiller ou être conscient ! »

En entendant sa voix, l'intéressée rouvrit brusquement les yeux, découvrant le visage du blondinet non loin du sien, affichant un sourire amusé alors qu'il la couvait d'un regard bienveillant un rien fatigué, la laissant sans voix.

« Bonjour, belle endormie ! J'espère que j'ai eu le droit à mon baiser Disney pour me réveiller au moins ! » enchaina avec désinvolture le jeune homme alors que l'hybride se redressée, incrédule.

« Hi…Hiroaki… » commença-t-elle, la gorge serrée par l'émotion. « Tu… tu es… »

« Fantastique ? Oui, je sais, je fais souvent perdre leur langue aux gens… »

Sans plus réfléchir Kali se jeta au cou du garçon, le plaquant au matelas, se blottissant contre lui. Il était réveillé, enfin !

« Hiroaki, couillon ! » s'amusa l'hybride, la gorge serrée. « Tu m'as l'air d'avoir retrouvé tout tes esprit, pour recommencer avec tes conneries ! »

« Ah ! Quelles conneries ? Se sont des évidences, voyons ! »

L'européenne se redressa, écrasant une larme au coin de ses yeux avant de prendre le visage de son vis-à-vis en coupe entre ses mains.

« Je suis tellement contente que tu sois vivant, Hiro… » reprit-elle, terriblement émue. « Je m'en serai voulu jusqu'à la fin de mes jours si tu étais mort à cause de moi. Et je voulais te dire merci. Merci, pour tout ce que tu as fait pour moi. »

Il posa ses mains sur les siennes, lui offrant un immense sourire.

« C'était un plaisir, Kali-sama. Enfin… la partie où je frôle la mort mise à part. Et sinon… »

Le garde du corps hésita un instant, son regard tombant sur le tatouage de Sukuna qui ornait à présent le sternum de l'hybride.

« Après que j'ai été mis out… Qu'est ce qui s'est passé ? »

Kali relâcha le visage du jeune homme, soupirant un peu.

« On a frôlé la mort ensemble, j'ai même bu ton sang… Je pense qu'on a dépassé le stade du politiquement correcte. Appelle-moi Kali simplement, s'il te plait… »

Hiroaki resta muet quelques secondes avant de reprendre, ses fins sourcils arqués au dessus de ses yeux verts. « Vous… Tu… as bu mon sang ? »

« Oui… » Kali gigota un peu sur place, gênée. « Pour ma défense, je pensais que tu étais mort. Et j'avais besoin d'énergie pour te venger… »

« Hum… » Le blondinet croisa ses bras sur sa poitrine, soudainement très sérieux. « J'ai deux questions, Kali-sa… Kali. Premièrement, est ce que tu leur as botté le cul ? Et deuxièmement… J'ai bon gout ? »

Se fut alors au tour de l'hybride d'écarquiller les yeux, prise de court, avant d'éclater de rire face à l'incongruité de la situation. Malgré le fait qu'ils se connaissaient depuis peu de temps, l'originalité décomplexée du jeune homme lui avait manqué, à présent qu'elle s'y était un peu habituée.

« Je leur ai fait bouffer les pissenlits par la racine, je peux te le garantir ! Et je ne me prononcerais pas par rapport à ta valeur gustative ! »

« Rooh ! » Hiroaki roula des yeux, balayant l'air devant lui d'une main. « C'est mon sang, j'ai le droit de savoir ! Pas de cachoteries entre nous !»

« Il est très bien ton sang… » Souffla Kali, un peu rougissante.

« Très bien… C'est tout ? » s'offusqua-t-il théâtralement, se laissant tomber contre son oreiller. « J'suis choqué ! »

«Arrête de faire ta diva !»

« Moui… » reprit le japonais, jouant avec une mèche rose délavé de ses cheveux. « Je suis sure que tu n'oses pas avouer combien il était fabuleux… Mais je comprends. Donc, tu m'as croqué en mode casse croute, dézinguer les trois connards, et après ? »

« Après… » L'hybride s'attrapa un poignet, massant doucement le tatouage qui l'enserrait. « Après mon scellé à cédé. Et… J'ai passé le pacte avec Sukuna pour ne pas mourir… »

« OH » laissa tomber le jeune homme, scrutant un peu plus attentivement l'européenne, se taisant quelques secondes avant de reprendre. « Et dooonc… Tu es passée à la casserole ? »

« Hiroaki ! » ne put s'empêcher de s'écrier Kali, rougissante, allant attraper son oreiller pour lui en donner un coup, gênée mais amusée par le franc parlé du garçon.

« Je prends ça pour un oui, du coup… » remarqua-t-il en se protégeant avec les bras, un sourire malicieux aux lèvres. « Alors… Il est doué ? »

« Humm… » La demoiselle reposa son coussin sur ses genoux, allant en triturer les coins. Si Sukuna était doué pour le sexe ? C'était comme demander si un poisson était doué pour nager…

« Je suppose… » concéda-t-elle, de mauvaise grâce. Après son entretien avec lui cette nuit, elle refusait de lui jeter des fleurs. « En même temps, je n'ai pas de points de comparaisons. »

« Je vois… Pourtant le rouge de tes joues me raconte une autre histoire… » susurra-t-il, un sourire en coin aux lèvres. « Et sinon… tu as déjà pu mettre en œuvre notre plan ? »

Kali le fixa, haussant un sourcil.

« Notre… plan ? »

« Le faire tomber amoureux de toi. » éluda le manipulateur de foudre, visiblement friand de potins.

« Ah… ça… » soupira la demoiselle, sentant l'abattement de nouveau la menacer. Elle se laissa retomber sur le lit, se rallongeant à coté de son interlocuteur, fixant le plafond de ses yeux bicolores. « Loin de là mon pauvre. Il a dit que j'étais chiante hier. Il m'a même renvoyé sans me toucher… »

Le garçon se rallongea aussi complètement, réfléchissant quelques secondes avant de reprendre la parole.

« Chiante tu dis … Tu fais l'étoile de mer, c'est ça ? Ça peut être hyper blasant, c'est sur… »

« La… QUOI ? » L'hybride se redressa d'un coup, effarée. « Mais non, idiot pervers ! Pas du tout ! »

« Y a pas de honte à avoir, Kali… » continua cependant Hiroaki, faisant la sourde oreille, taquin. « C'était tes premières fois… ça peut se travailler ces choses là… »

« Mais arrête ! C'est pas du tout ça, je te dis ! » se défendit-elle avec virulence. « C'est parce que Gojo m'en a mis plein la tête hier, en disant que si je… Je faisais des… choses avec Sukuna dans cette réalité ci, c'était comme ci je violais Yuji ! Alors je n'étais pas trop dans le mood de faire la brouette scandinave, tu vois !»

« Ah. Viol sur mineur. Gore. » commenta-t-il, une grimace déformant sa bouche.

« Tu m'aides pas, franchement… » lâcha Kali en se laissant retomber sur le matelas. « Et puis, je suis la plus mineure de vous tous, j'ai seulement quelques mois je te rappelle… »

« Pardon, pardon » s'amusa le garçon, un sourire espiègle aux lèvres. « Mais oui c'est compliqué comme situation… Sukuna partageant son corps avec Yuji, c'est dur de dire à qui appartient vraiment le corps quand Sukuna est aux commandes… »

« VOILA ! » s'écria Kali, levant les bras vers le plafond, soulagée d'un poids immense en entendant enfin ces mots prononcés par quelqu'un d'autre qu'elle-même. « Merci ! On dirait que personne ici ne semble vouloir comprendre ça… Ni Gojo qui me traite de violeuse, ni Sukuna qui est passé à deux doigts de m'étrangler hier à cause de mes états d'âme… »

En entendant les paroles de Kali, le blond fronça les sourcils, se redressant en s'appuyant sur un coude, choqué. « Attend… Il a quoi ? »

L'hybride soupira à se fendre l'âme, allant passer une main sur son cou où aucune trace de l'incident n'était cependant restée. Pourtant, il lui semblait pouvoir encore sentir la pression qu'avait exercé le démon dans son excès de rage, la faisant frissonner.

« Il est… assez soupe au lait, va-t-on dire. Quand le sujet de Yuji est venu sur le tapis, il a complètement pété un câble. Je crois qu'il le hait. »

« Bonjour le cocktail explosif… » commenta Hiroaki, dubitatif. « Il est pas un peu jaloux et possessif, le Susu ? »

« Si peu… » souffla Kali, bien consciente du caractère particulier du démon millénaire.

« Bon… Eh bien, heureusement que je suis de retour ! » Le garçon croisa ses bras sur son torse avec détermination, un large sourire ornant son visage un peu émacié. « Va falloir qu'on travaille notre stratégie, Kali… Et visiblement, y a du taf ! »

La demoiselle se tut une poignée de secondes, un rien émue par l'entrain et la bienveillance décomplexée du jeune homme, profondément touchée. Elle était tellement heureuse de le savoir à ses côtés, lui retirant un poids des épaules.

« Merci, Hiroaki… Vraiment…»

L'intéressé se tourna vers elle, faisant un V avec les doigts de ses mains, lui adressant un clin d'œil complice. « Tu me remercieras quand Sukuna te baisera les pieds ! »

« Oulà, mon pauvre… » s'amusa la rousse, laissant échapper un léger rire tant l'idée lui paraissait incongrue. « Je crois qu'on va revoir les objectifs à la baisse… »

« A la… baiseeeee tu veux dire ? » rebondit immédiatement le garçon, laissant Kali muette avant de lui arracher un puissant éclat de rire qui emplit toute la chambre.

Le japonais observa l'hybride quelques instants, la couvrant d'un regard terriblement bienveillant en souriant doucement. Il voulu se redresser un peu mais laissa échapper un grognement de douleur, faisant se figer instantanément Kali qui se rapprocha de lui, inquiète.

« Hiro… ça va ? Tu as mal quelque part ? Mon dieu, je ne t'ai même pas proposé quelque chose à boire ou à manger, j'suis nulle… »

« Ça va, t'en fais pas… » Le blond se rallongea complètement, les yeux fermés, les traits un peu tirés. « Je suis… fatigué un peu… Enfin non, lessivé, plutôt. Comme si j'avais passé un bon moment dans une machine à laver, mode essorage maximal… Comment je m'en suis sorti, d'ailleurs ? »

« Parce que je t'ai sauvé la vie, le blondinet. »

Les deux jeunes gens sursautèrent en entendant la voix de Shoko qui venait d'ouvrir la porte de la chambre, y pénétrant en tirant sur une cigarette rougeoyante dans la pénombre. Dans son dos, Kali aperçut Yuji qui se tenait sur le seuil de la chambre, la regardant, une expression complexe ternissant l'éclat de ses yeux noisettes.

« Yuji… » murmura Kali, sentant son cœur se serrer à sa simple vue. Elle aurait eu envie de courir vers lui, de le prendre dans ses bras. De lui dire des mots magiques pouvant guérir tous les maux de son existence… Hélas, elle en était incapable. Elle était même devenue l'un des soucis le tourmentant le plus…

La doctoresse s'approcha du lit, scrutant Hiroaki qui avait rouvert les yeux, adressant un sourire charmeur à sa sauveuse.

« C'est donc à vous que je dois la vie, mademoiselle ? » commença-t-il d'une voix ronronnant, se redressant un peu sur ses coudes. « Je suis enchanté. »

« Et moi je suis médecin. » lâcha platement l'exorciste, arrachant un sourire amusé au blond. « Kali, tu peux descendre du lit s'il te plait ? Je dois ausculter ton ami.»

« Oui, bien entendu… »

La jeune hybride se releva, reprenant son oreiller sous le bras. Cependant, avant qu'elle ne s'éloigne trop, le japonais vint se saisir de sa main, l'amenant à lui afin d'y déposer un baiser furtif, lui adressant un clin d'œil complice.

« Cette nuit fut un rêve, Kali… On remet ça quand tu veux. »

Un léger frisson parcourut la nuque de l'européenne alors qu'elle récupérait sa main, glissant un regard inquiet vers la porte de la chambre. Hélas, comme elle le craignait, elle y trouva le jeune lycéen qui observait, pâle comme linge, la scène. Et, si lui l'avait vu, elle savait pertinemment qu'un certain démon millénaire n'en avait assurément pas perdu une miette non plus.

Elle était foutue. C'était peut être une idée d'Hiroaki pour rendre jaloux Sukuna, dans le but de le faire tomber amoureux d'elle. Mais c'était mal le connaitre. Tout ce qui risquait de tomber, à l'heure actuelle, c'était sa tête…

Resserrant le coussin contre sa poitrine, Kali se dirigea vers le futur exorciste, lui adressant un faible sourire gêné.

« Salut, Yuji… »

« Sempai… » souffla le garçon, fuyant le regard de sa vis-à-vis. « Je… Je voulais voir si vous alliez bien, et je ne vous ai pas trouvé dans votre chambre… »

« Ah… Non… Je n'arrivais pas à dormir, alors je suis allée veiller Hiroaki qui était encore inconscient. » mentit-elle un peu, essayant d'arrondir les angles.

« On dirait qu'il ne l'est plus. » lâcha l'adolescent d'un ton froid, surprenant un peu l'hybride. Elle qui voulait protéger le jeune homme, c'était mal parti…

« Oui. C'est un grand soulagement. Il est un peu exubérant mais c'est quelqu'un de bien. »

« Il est tactile aussi, visiblement… » bougonna-t-il, glissant un coup d'œil vers le manipulateur de foudre qui avait enlevé son t-shirt, se faisant ausculter par la fumeuse, ne les lâchant pas du regard.

« En tout bien, tout honneur… » tenta de temporiser Kali, affichant un sourire un peu crispé.

« Et plus si affinités, beau gosse ! » cria Hiroaki depuis son lit, adressant un clin d'œil aguicheur à l'adolescent, un large sourire aux lèvres.

Kali passa sa main libre sur son visage, maudissant intérieurement son ami de taquiner ainsi le lycéen, enveloppe du démon millénaire. A quoi diable jouait il ? Il allait finir par la faire tuer !

« Vous… » recommença Yuji, encrant son regard dans celui de l'hybride, cherchant visiblement ses mots. « Sempai, vous savez, pour hier… Je »

« YUJI ! »

La voix de Gojo retentit soudainement depuis le bout du couloir, faisant sursauter la demoiselle, mettant un peu plus ses nerfs à vifs. Elle tourna la tête vers le professeur qui se tenait à bonne distance, le visage fermé, ne désirant visiblement pas s'approcher plus d'elle, faisant se serrer un peu son cœur.

« Yuji. Vient, on y va. On a du pain sur la planche. »

La voix du porteur du 6ème œil était sans appel, résonnant avec froideur entre les murs du couloir. L'adolescent baissa la tête, visiblement abattu, hésitant quelques secondes avant d'obtempérer.

« J'y vais, Sempai… Bonne journée. Faites attention à vous… » Murmura-t-il tout bas, lui glissant un regard avant de se diriger vers Satoru d'un pas trainant, bien loin de son entrain habituel.

Kali regarda les deux hommes s'éloigner avant de prendre l'escalier les menant hors du sanctuaire, un peu peinée par la situation. Gojo tenait visiblement à tenir Yuji loin d'elle, lui arrachant un soupire déchirant.

Enfin, au moins, elle n'avait pas à se soucier du courroux de Sukuna pendant quelques heures… Sauf s'il décidait de la ramener encore dans son espace intérieur, bien entendu…

« Eh bien… C'est un joli petit lot. »

L'hybride se retourna vers son ami qui était en train de remettre son T-shirt, Shoko rangeant son matériel dans le meuble se trouvant près du lit.

« Pardon ? » lâcha Kali, surprise.

« Yuji. Il est sacrément mignon. » continua Hiroaki, enfonçant le clou. « Et donc… Sukuna a ses traits ? Comment tu sais quand c'est lui ? »

L'européenne regarda la doctoresse qui s'activait silencieusement, un peu gênée de parler de ça en sa présence. Comme si cette dernière avait senti son trouble, elle se dirigea vers la sortie de la chambre, passant tout près de la demoiselle aux cheveux d'automne.

« Ton ami va bien, mais il a encore besoin de pas mal de repos. Il ne doit pas se surmener. Je vais aller lui cherche de quoi reprendre une alimentation légère, je reviens. »

Joignant l'acte à la parole, l'exorciste quitta la pièce, allumant une nouvelle cigarette en passant. A peine était-elle sortie que Kali reçu un oreiller dans le dos, la faisant se retourner vers le garçon alité.

« Eh ! » s'offusqua le jeune hybride, récupérant le coussin tombé au sol.

« Alors ? Sukuna ? » S'impatienta le japonais en convalescence, visiblement très intéressé par le sujet. Mais en même temps, Kali était assez mal placé pour le juger par rapport à cela…

Elle soupira, retournant s'assoir à coté de lui sur son lit, lui rendant son bien qu'il remit dans son dos, s'y enfonçant avec un plaisir non feint.

« On dirait que je vais te raconter une histoire avant de te border… » s'amusa la demi fléau, un large sourire aux lèvres.

« Mère castor, parle moi du sexy fléau ! » renchérit le blond, tapant dans ses mains avec enthousiasme arrachant un éclat de rire à l'européenne.

« Alors… » commença-t-elle une fois calmée, fermant les yeux comme pour mieux visualiser le démon, se remémorant chaque détail de sa physionomie parfaite. « Oui, il a les traits de Yuji. Mais… Etonnamment, c'est comme s'ils n'étaient pas les mêmes. Lui a 4 yeux, rouge comme des rubis. Ses cheveux sont ébouriffés vers l'arrière, ça lui dégage complètement le visage. Il a des tatouages partout sur le corps, sur le visage, la nuque, le torse, le dos, les bras, les cuisses... ça lui donne un coté sauvage lui allant à ravir, je trouve. Mais surtout… Il est… magnétique. Charismatique au dernier stade. Il une aura à la fois bestiale et surpuissante, c'est une dinguerie… »

«Hum Hum… Je vois, je vois… » souffla Hiroaki, songeur.

« Tu… » commença Kali, rouvrant les yeux.

« JE VOIS SURTOUT QUE C'EST LA MERDE ! » la coupa-t-il, la pointant d'un doigt accusateur. « Je t'avais dit de le faire tomber LUI amoureux de toi… Pas de tomber TOI amoureuse de lui… »

« Mais je suis pas amoureuse de lui ! » se défendit Kali, se relevant d'un bond. « Je constate juste des faits, c'est tout ! »

« Des phéromones, oué ! » Le jeune homme croisa les bras sur son torse, un sourire en coin aux lèvres. « Il doit être sacrément doué avec son corps, l'apollon, pour te bouleverser ainsi… »

« Mais absolument pas ! » Le feu montait aux joues de l'hybride qui commença à faire les cents pas dans la chambre. « Je ne suis absolument pas amoureuse de ce… ce mufle ! Il est égocentrique, misogyne, puéril, violent, obsédé… C'est un putain de ventre à pattes aussi ! Il range jamais derrière lui, il dit jamais merci, il a la mauvaise habitude de vouloir me mettre des trucs dans la gorge… NO WAY !»

« Hum hum… » se contenta de répondre le blond, haussant un sourcil, peu convaincu.

« Pas de 'hum hum' qui tienne ! De toute façon, rien de tout ça n'a d'importance parce qu'après ton coup d'éclat du baise main, je suis morte ! Il va me transformer en tartare d'hybride ! »

« Tututu ! » Le japonais secoua négativement un doigt, prenant un air mystérieux. « Pas du tout. C'est dans le plan ! »

« Quel plan ? Celui de nous faire tuer ? » Elle alla s'assoir à ses côtés, très sérieuse. « Il est complètement et maladivement possessif ! Tu crois que voir un autre homme me toucher va le faire réagir comment ? »

« Hier il t'a dit que tu étais chiante. Je t'ai rendue désirable parce que désirée par un autre homme. C'est un réflexe qu'on a, on y peut rien… Et je ne suis pas Yuji ! »

« … Tu diras à Prasad que je l'ai aimé de tout mon cœur… » soupira théatralement Kali, se relevant avant de s'éloigner de quelques pas.

« Tu dramatises… » s'amusa Hiroaki, étouffant un bâillement.

« J'en suis pas si sure… » bougonna l'européenne, croisant les bras sous sa poitrine. « Mais bon, de toute façon ce qui est fait est fait. Maintenant, on a plus qu'à attendre de voir à quelle sauce il va nous manger. »

« TE manger, je dirais plutôt… » corrigea le jeune homme, arrachant un petit rictus à Kali, partagée entre la crainte face à une potentielle nouvelle colère du fléau et l'excitation à l'idée d'effectivement avoir réussi à attiser son attention, effaçant un peu la vexation qu'elle avait ressentit la veille face à son rejet.

Le pire était que, malgré ce qui s'était passé la nuit précédente, elle avait envie de le revoir… Elle n'avait pas aimé ce qui s'était passé entre eux, le fait qu'il la regarde avec exaspération, presque de la déception.

Il n'arrêtait pas de dire qu'elle était à lui. Mais, incontestablement, elle aussi avait envie qu'il soit à elle. Qu'il soit accro à sa présence, qu'il soit incapable de la rejeter comme il l'avait fait hier.

Et si, comme le pensait Hiroaki, risquer sa colère était un mal nécessaire pour le faire tomber dans ses filets, elle voulait bien courir le risque.

Assurément, il lui faisait perdre tout sens commun, ça, c'était certain…

Le mot de l'auteur :

M : Salut tout le monde ! Comment allez vous ? Un nouveau petit chapitre pour ce soir, j'espère qu'il vous a plu !

Kali, enlaçant fermement Hiroaki : J'ai retrouvé Hiro ! Après tout ce que ce que je me suis pris dans la tronche ces derniers chapitres, ça, c'est cool !

Hiroaki, sentant le TRES lourd regard de Sukuna sur lui depuis son trône : oui bah je sais pas pourquoi, j'ai l'impression qu'à ce rythme je vais pas vivre très longtemps.

Kali : pourquoi tu dis ça ?

Sukuna, passant de façon menaçante son pouce le long de sa gorge, ne le quittant pas du regard.

Hiroaki, mal à l'aise : oh, je sais pas… Une impression…

M : un conseil, apprend à courir vite, Hiro, j'en connais un qui semble pas te porter dans son cœur !

Yuji, fusillant aussi Hiroaki depuis un coin de l'espace post chapitre : plutôt deux….

M : plutôt deux du coup… 3 Si on compte Kyu qui est pas encore revenu.

Hiroaki : être près de toi, Kali, c'est un sport extrême !

Kali : en même temps, si tu les cherchais pas aussi…

Hiroaki : c'était juste un baise main ! C'est pas comme si je t'avais roulé une galoche !

Sukuna et Yuji, ensemble : N'Y PENSE MEME PAS !

M : pour une fois qu'ils sont en osmose ces deux là…

Sukuna : Je vais finir par l'enfermer dans un aquarium, la crevette…

M : je crois que c'est interdit par la loi… Dans tous les cas, merci beaucoup d'avoir lu ce chapitre ! Comme d'habitude, un grand merci à celles et ceux qui suivent l'histoire 3 Si vous avez envie de laisser un petit commentaire, n'hésitez pas !
je vous dis à très vite pour la suite, où on verra comment Sukuna va réagir au coup d'éclat d'Hiroaki…

A plus !