Bonsoir :)

Voici le chapitre 3 de Heartshot. Plus court que les précédents mais on espère que vous lui réserverez le même accueil que les précédents. Merci pour vos retours, ça fait super plaisir. Oh et si jamais vous ne les avez pas encore vu, Kuro-hagi et Setsunafr ont aussi sortie des histoires pour célébrer l'Aokagamonth !

Ju: J'adore ton enthousiasme. Je n'étais pas certaine que s'étais toi à la première review, tu as oublié de le noter héhé

Shadow: Moi aussi je l'adore ! D'ailleurs j'ai frisé la syncope quand elle m'a proposé cette collaboration ^^ Hâte de savoir ce que tu penses du rythme de ce chapitre ;)


Kagami introduit son visiteur inattendu dans son salon et lui désigne le canapé près de la table basse, au centre de la pièce.

« Asseyez-vous. »

Puis, il se dirige vers sa kitchenette et met en marche sa machine à café, sort des tasses. Comme il est de nature plutôt ordonnée en dépit de son rythme de vie inhabituel, ce n'est pas un problème de recevoir quelqu'un à l'improviste, il n'a pas à se soucier du bazar. Non, ce n'est pas ça qui lui donne une légère nervosité, mais bien la présence d'Aomine, et pas parce que c'est un flic en civil venu lui apporter un œil-de-bœuf, même si ça joue un peu. C'est la personne qui l'intrigue, et même s'il a accepté ses explications, il sent la curiosité de l'autre, et ne sait pas très bien quoi en faire.

Pendant que le café se fait, il va relever son store pour laisser passer plus de lumière dans son appartement. Puis, il les sert et rapporte les tasses. Il réalise qu'il est aussi un peu embarrassé que cet agent se préoccupe de son histoire au point de faire du zèle en venant chez lui, alors il se sent un peu obligé d'expliquer ses inquiétudes :

« Vos collègues ont dû vous le dire, mais... Le problème c'est que j'ai l'impression que mon adresse a fuité sur un site louche. Et si c'est le cas... C'est sans doute pas près de s'arrêter. Tout ce que j'espère, c'est que c'est pas un acte de malveillance délibéré. »

Tout en parlant, il dépose une tasse devant le flic et s'installe dans un fauteuil.

Tandis que son hôte leur préparait la boisson promise, Aomine a pu constater la taille modeste des lieux, optimisés à son maximum. On ne ressent pas du tout l'étroitesse de l'unique pièce. Tout semble parfaitement à sa place, et il ne remarque rien d'inutile ou superflu, sans pour autant que la décoration soit spartiate et sans personnalité comme chez lui. Mis à part l'ordinateur qui dénote avec le reste. Une machine de compétition qu'on pourrait croire dopée aux stéroïdes s'il s'agissait d'un être humain.

Il ne s'attarde pas plus sur son observation et saisit sa tasse lorsque Kagami le rejoint. Tout en soufflant sur le liquide brûlant, il réfléchit à la remarque de son vis-à-vis.

« C'est en effet une possibilité. Pour le savoir, il faudrait porter plainte pour ouvrir une enquête. Sans ça, on ne pourra pas engager de procédures. Vous connaissez quelqu'un qui pourrait vous en vouloir ? »

Kagami souffle sur sa tasse et prend une gorgée.

« Personnellement, non. » Il fronce les sourcils et reprend : « C'était juste une idée comme ça. J'en sais rien, en fait. J'ai aucune matière à donner à une enquête. »

Et surtout, il n'a pas envie de raconter sa vie sans une bonne raison. Des gens qui pourraient lui en vouloir, il y en a dans son boulot… Tout le monde n'est pas bon perdant. Et même s'il protège sa vie privée, il y a des gens plutôt acharnés quand il s'agit de vous trouver pour vous chercher des noises. Il y a aussi les gens qui sont au courant pour son homosexualité, puisqu'il ne la cache pas particulièrement. Mais il n'a pas envie de parler de ça à ce flic, et enchaîne :

« Si vraiment ça devient trop récurrent, j'aviserai. Déjà, je pourrai filtrer les visites, maintenant », ajoute-t-il avec un léger sourire.

Aomine s'autorise un rictus. Son intuition était la bonne. Finalement, il ne regrette pas d'être venu. Si Kagami avait flippé la première fois, de façon légitime, il n'a pas l'air du genre de mec à se laisser faire, ni à déposer une main courante pour tout et n'importe quoi. Le matériel lui servira et cette idée lui fait inexplicablement plaisir.

« Si ça continue, ou si jamais la situation empire, n'attendez pas trop non plus. » Conseille-t-il tout de même plus sérieusement.

Il boit un peu en silence, appréciant l'arôme corsé de son café. Exactement comme il l'aime. D'un geste du menton, il désigne le coin bureau et demande, curieux :

« Vous avez l'air pourtant bien équipé pour savoir si votre adresse a fuité sur un site louche. »

Kagami suit son regard et hausse les sourcils.

« Oh, moi mon truc c'est les jeux vidéo, rien à voir avec des compétences de hacker. Je sais faire la maintenance de mon PC, pas pister des gens en ligne.

— Oh je vois ... Et quel genre de jeux ? Plutôt FPS, RPG, sport ? » demande-t-il de plus en plus intrigué.

Kagami regarde Aomine un peu étonné à cette liste. S'il est capable de lui énumérer ces différents genres, c'est qu'il a au moins des connaissances rudimentaires dans le domaine.

« Hm... Un peu de tout, répond-il finalement. Mais je fais de la compétition sur un FPS, ça s'est fait un peu par hasard. »

C'est vrai qu'Aomine n'a plus vraiment le temps de jouer depuis quelques années. Mais à ses heures perdues, il aime bien trainer sur des streams de joueurs. Ça lui permet de rester à la page, et de connaître des jeux qu'il n'a pas le temps, ni l'argent de découvrir par lui-même. C'est vrai que c'est un peu frustrant parfois, mais il a toujours été un très mauvais joueur. Mauvais perdant pour être exact... Regarder les autres se faire éclater ou se vautrer, c'est plus marrant. De cette façon, il profite de la beauté de plus en plus incroyable des jeux, l'agacement en moins.

« De la compétition ? Tu dois être bon alors. » fait-il remarquer.

Quand Aomine réalise, il est déjà trop tard. Un peu confus, il plonge dans sa tasse. Voilà pourquoi c'était une mauvaise idée d'accepter. Ça devient tout de suite beaucoup trop familier d'entrer chez les gens. Même pour un simple café. Il tente de se rassurer en pensant qu'après tout, ils ont le même âge et que le sujet de la conversation est tout sauf de l'ordre judiciaire.

D'habitude, Kagami ne tique pas quand on le tutoie. Mais là, c'est un flic, même si de visu, il a à peu près son âge. Il n'en prend pas ombrage cependant. Il faut savoir séparer l'homme de l'uniforme, se dit-il. En plus, Aomine n'est pas ici en sa qualité de policier, même si le motif de sa visite y est lié.

« Bon ? » répète-t-il. Il hausse les épaules. « Ça, on le saura à la fin du championnat qui a lieu cet été, j'imagine. Les meilleures équipes du Japon vont s'affronter. L'entraînement est plutôt intensif ces temps-ci. »

Bon... il n'a pas relevé. Sa nervosité descend d'un cran.

« Je vois... du coup j'imagine que les intrusions intempestives sont d'autant plus gênantes », comprend Aomine.

À la lumière de cette information, il réalise que peut être, Kagami a un programme chargé, qui n'inclut pas "taper la discute avec un inconnu". D'une dernière gorgée il termine son café et ajoute :

« D'ailleurs, tu as peut-être mieux à faire. Je ferais mieux d'y aller.

— Oh, je commence pas tout de suite aujourd'hui. » Il sourit. « Je suppose que comme toi, je bosse souvent la nuit. Comme le gigolo que je ne suis pas, j'imagine, ajoute-t-il avec un léger rire. C'est p'têtre pour ça que les gens confondent. »

On dirait une devinette débile qu'on peut trouver sur certains papiers de bonbon ... "Quel est le point commun entre un flic, un gamer et un streap teaseur ?" Aomine ricane, rassuré de voir que Kagami est capable de prendre la situation avec assez de recul pour en rire. Et c'est seulement maintenant, en le voyant sourire, qu'il remarque que ses traits sont moins tirés, ses cernes moins creusés, qu'il a l'air reposé. La première fois qu'il l'a rencontré, il ne lui paraissait pas si... lumineux.

« Tu supposes bien, je préfère bosser en horaire de nuit. C'est plus, comment dire... mouvementé.

— Ah, ouais, j'imagine. En tout cas, mon affaire doit te changer un peu de d'habitude. Elle a le mérite d'être originale.

— Ça c'est sûr ! Je fais encore mes armes pour tout dire. Alors je suis plutôt abonné à la surveillance et aux affaires quotidiennes qu'aux grosses enquêtes. »

Kagami observe son visiteur et se dit que définitivement, il ne ressemble pas à un flic. C'est encore plus flagrant en civil. La première fois, il s'était dit "mannequin", car le gars est clairement canon, mais à la réflexion, il pencherait plutôt pour "sportif". Il est du genre fin et élancé, mais il discerne une musculature noueuse et puissante et sous ses vêtements. À bien y penser, tout compte fait, il ressemble à un basketteur. Il s'arrache à sa contemplation, pour éviter de mettre Aomine mal à l'aise, mais il veut satisfaire sa curiosité, et tant pis si la question est un peu trop directe. Après tout, la subtilité n'a jamais été son fort.

« Tu fais du sport ? Basket, peut-être ? »

Le métier d'Aomine lui a appris à analyser les gens. Lire dans leurs gestes. Ce n'est pas un talent naturel chez lui comme chez certains de ses amis, mais il a assez d'entraînement maintenant pour comprendre que son vis-à-vis le scrute de façon à chercher des réponses. Amusé, il le laisse faire. Cependant, il manque de s'étouffer avec sa propre salive quand il entend la question, qui sonne à ses oreilles plus comme une affirmation. Aomine fait un effort pour ne pas trop montrer sa surprise. C'est assez inhabituel pour lui d'être démasqué, décrypté aussi facilement. Par quelqu'un d'autre que Satsuki, ou ce maudit Tetsu, évidemment. Il observe à son tour Kagami, s'attardant sur ses épaules qu'il devine développées malgré son t-shirt ample. Ne serait-ce pas ça... le truc qui le tarabiscote à propos de ce mec ? Maintenant, en l'imaginant sur un terrain, ça lui paraît évident.

Lentement, il laisse un coin de sa bouche s'étirer et demande :

« Laisse-moi deviner... toi aussi ? »

Kagami sourit. Ça lui fait toujours plaisir de rencontrer quelqu'un qui partage son goût pour ce sport.

« Ouais. Y a un terrain de streetball pas loin d'ici où je passe le plus clair de mon temps quand je suis pas sur le PC ou à la salle de sport. Du basket, j'en fais depuis tout petit.

— Tu fais donc parti du club des obsédés du panier haha. Enchanté ! Je joue aussi depuis gamin, ça m'est resté. »

Kagami hoche la tête, toujours souriant, puis le regarde et demande avec un brin de provocation :

« Depuis gamin, hein ? Et tu dirais que t'es bon là-dedans ? »

Aomine ne peut retenir son sourire carnassier, parlant pour lui. Bon au basket ? Lui ? S'il savait... Il y a bien longtemps qu'il n'a plus croisé personne qui lui fasse peur sur le terrain. Et c'était déjà le cas à quinze ans, quand il a effleuré une carrière pro du bout des doigts. C'est pourquoi un courant d'excitation le parcourt à la provocation à peine voilée de Kagami. Même sans son talent, en toute objectivité, incontestable, juste par principe il y aurait répondu de toute manière. Alors c'est sans aucun scrupule qu'il lance sa sempiternelle rengaine.

« Le seul qui puisse me battre, c'est moi. »

Kagami fixe Aomine, ébahi par cette réplique et cligne des yeux plusieurs fois, avant de finalement éclater de rire. Il en a connu des adversaires arrogants, sur le terrain ou en ligne, mais aussi sûrs d'eux au premier contact, c'est une première.

« Tu vois, dit-il en reprenant son sérieux, ce genre de truc, on peut pas le dire sans le prouver après. Sinon c'est que des belles paroles. Est-ce que c'est ça que t'es, un beau parleur ? »

Il va peut-être un peu trop loin dans la provocation, ce mec est flic après tout... Mais on ne peut pas lui sortir des phrases pareilles sans aucune réaction de sa part. Surtout sur un sujet aussi sérieux et important que le basket.

Vas-y, rigole... pense Aomine en observant son futur adversaire dans son hilarité. Pourtant il ne s'en offusque pas, il a conscience que son assurance en a dérouté plus d'un. Et puis Kagami a raison, ce genre de promesse, ça se prouve. Et quelque chose lui dit que ça ne va pas être si simple cette fois, de démontrer sa supériorité. Dans le sérieux du ton employé, sous cette tignasse folle et ses yeux brillants de témérité, il y a un challenge de taille. Il peut le sentir jusque dans ses orteils.

« Un beau parleur hein ? Je pourrais te présenter deux trois filles qui te diraient que oui. Mais je ne plaisante pas, avec le basket. J'te prend où tu veux, quand tu veux », achève-t-il en plantant son regard dans les orbes en fusion.

Kagami s'efforce de ne voir aucun sous-entendu dans cette formulation ambiguë. Ce gars est hétéro, donc il parle clairement de basket et de rien d'autre, mais c'est tout de même troublant à entendre de la part de quelqu'un dans son genre, surtout quand il le fixe d'un regard aussi intense. Concentre-toi sur le basket, se réprimande-t-il intérieurement. Et c'est plutôt facile à faire, d'une parce qu'il a réellement envie de tester les talents supposés d'Aomine, de deux parce qu'il a l'habitude d'être attiré par des mecs qui ne ressentent rien à son égard. Il a appris à passer vite à autre chose, bien que ce ne soit pas toujours aussi simple.

Finalement, il hausse les épaules et lance :

« Deal. Pourquoi pas maintenant, alors ? »