Hé bonsoir ! Je sais je sais, ça fait longtemps... Mais Maloriel et moi on est de la team vacances en hors saison, et il y avait grand besoin de déconnecter ^^. Donc, sans plus d'attente, voici la suite de la rencontre entre nos deux loustics. Bonne lecture !

Ju: Ravie de voir que tu t'es enfin crée un compte ! Je te répond quand même ici. Alex a fait l'unanimité, j'adore la façon dont elle charrie les garçon aussi. J'espère que la suite te plaira autant.

Shadow: Merci pour ton soutien. Contente que les scènes de basket te plaisent toujours.


Plié en deux, les mains sur les genoux, Aomine reprend son souffle. Deux défaites en une journée, c'est un peu trop à encaisser... Emporté par l'euphorie de son duel avec Alex et sa réconciliation avec Kagami, il n'a pas pris la mesure de son état de fatigue. Il s'incline de peu mais il s'incline quand même. L'endurance de son rival ne sera plus sous-estimée. Il ne sait pas pourquoi il pense à lui à cet instant mais l'image de Midorima s'imprime dans son esprit. Il se fait mentalement réprimander par son vieil ami de ne pas avoir pris son objet chance du jour alors que les vierges avaient un mauvais horoscope. Cette pensée le fait rire et allège un peu son égo mal mené.

Le ballon sous le bras, Kagami observe son adversaire vaincu et essoufflé, mais il n'a pas l'air de trop mal digérer la défaite.

« Ouais... Moi aussi j'ai l'impression que c'est pas mon jour aujourd'hui, dit-il en souriant.

— Facile à dire, tu finis sur une victoire... » répond Aomine en s'étirant.

Il observe un instant son adversaire et avant se faire envahir par trop de questions, il demande, un peu hésitant :

« T'as faim ? Le perdant invite le gagnant. Profite ça ne t'arriveras peut-être pas souvent », se sent-il obligé d'ajouter.

Kagami ne cherche pas à le contredire, mais il sourit. Aomine ne sait pas à quoi il s'expose en l'invitant à manger. Heureusement qu'il n'est pas chômeur ou étudiant fauché...

« Ouais, OK, pourquoi pas. Y a un fastfood à deux rues d'ici si ça te tente.

— Ça dépend... ils ont de la sauce teriyaki dans ton fastfood ? questionne-t-il en s'approchant, l'air suspicieux face au sourire un peu trop satisfait de Kagami.

— Ouais, bien sûr, répond Kagami, amusé. Sinon on peut aller au resto de soba juste à côté, mais je dois te prévenir que la clientèle est plutôt... âgée. » Il se penche un peu en avant et dit sur l'air de la confidence : « Et je crois bien qu'ils aiment pas trop les jeunes... »

Aomine esquisse un sourire. Cet échange complice finit de le rassurer. Leur querelle est oubliée. Et comme il meurt de faim, la perspective de ne pas avoir à marcher trop loin le réjouit.

« Va pour le soba ! annonce-t-il le poing en l'air, à la façon d'un conquérant de terres hostiles.

— Je vois que t'es du genre aventurier, constate Kagami. OK, allons-y. »

Il fourre le ballon de basket dans son sac, mais prend soin de plier sa serviette avant de l'y ranger, avec sa bouteille d'eau.

Son sac déjà sur son épaule, Aomine observe Kagami ranger ses affaires avec soin. Au souvenir de son appartement, ça ne l'étonne pas tant que ça. Sur le chemin de leur pitance il confesse :

« Tout est bon pour tromper l'ennui. Même embêter les p'tits vieux.

— Ouais, mais tu vois, ils pensent exactement la même chose vis à vis de nous. Et eux, ils ont littéralement que ça à faire. »

Kagami sourit, il connaît ce restaurant et il grossit un peu le trait, mais c'est vrai qu'il y a toujours quelques habitués pour jeter des regards désapprobateurs aux nouveaux venus par-dessus leurs journaux. Mais Aomine va pouvoir le constater par lui-même, puisqu'ils sont arrivés. Il entre et aussitôt, plusieurs têtes se lèvent, comme une famille de suricates alertée par une présence suspecte. Le silence se fait tandis qu'on les observe sans la moindre retenue. Heureusement, le serveur est un peu plus poli et les invite à s'asseoir à une table près de la fenêtre, loin du groupe hostile qui surveille leurs faits et gestes.

En pénétrant dans le restaurant, Aomine comprend que Kagami ne plaisantait pas. Mais ça le fait marrer. Depuis qu'il est gamin, il a l'habitude d'attirer l'attention. Sa peau trop sombre, ses yeux trop clairs, son talent trop grand et après ça, l'uniforme. Qu'ils soient hostiles, envieux, admiratifs ou simplement curieux, il ne fait tout simplement plus attention aux regards qui l'épient, ça fait partie de son quotidien. Mais il n'est pas seul aujourd'hui.

« Ça t'embête ? Tu aurais préféré le fastfood ? » s'inquiète-t-il en désignant une table de bavards un peu plus loin.

Kagami rigole devant la prévenance d'Aomine, qu'il a définitivement un peu de mal à cerner. Parfois il est tout feu tout flammes, parfois doux attentionné. Un peu comme lui, remarque...

« J'ai pas peur de quelques vieux mécontents, le rassure-t-il. Et puis, j'adore les sobas, alors...

— Cool », sourit le flic affamé en prenant le menu à sa disposition.

Il constate encore une fois que Kagami n'a pas froid aux yeux. C'est une qualité qui lui plait, et il se dit que c'est surement en partie pour ça qu'ils se sont bien entendu assez rapidement. Et embrouillé tout aussi vite... Il soupçonne Kagami d'avoir un tempérament de feu sous ses airs relax de surfeur. Curieux de voir combien d'autres points ils ont en commun, il est content de pouvoir le découvrir en partageant d'autres moments avec lui.

Le serveur revient vers eux et interrompt ses pensées. Il redresse la tête vers son invité, le laissant dicter sa commande pendant qu'il hésite encore.

Kagami commence à énumérer les plats devant un serveur décontenancé qui en oublie presque de prendre des notes, des vieux qui secouent la tête l'air de dire "les jeunes, de nos jours... Ça se voit qu'ils ont pas connu la guerre", et un Aomine dont la stupéfaction va grandissant au fil de sa liste.

« Oh, et une bière aussi, s'il vous plaît ! » achève-t-il, satisfait.

Perplexe, Aomine échange un regard avec le serveur qui semble lui demander silencieusement s'il l'autre est sérieux. Puis il se marre. Soit c'est une façon pour Kagami de se venger, soit il a invité un ogre à manger à sa table. Toujours hilare il remarque :

« Une nouvelle bonne raison de ne plus te laisser gagner ! »

Puis à l'intention du serveur il lance :

« La même chose. Si vous en avez assez... »

Kagami hausse un sourcil, se demandant si c'est une bravade ou si l'autre est vraiment capable d'avaler tout ça. Mais il ne tardera pas à le découvrir... Le serveur paniqué file en cuisine, et revient quelques instants plus tard avec leurs bières. Kagami lève son verre pour trinquer :

« Hm... Au basket ?

— Au basket ! » s'enthousiasme Aomine en faisant tinter sa chope contre celle qui se dresse devant lui.

Il se délecte de quelques gorgées de la boisson fraîche et se lèches les lèvres pour en enlever la mousse. En attendant leurs plats, il engage la conversation.

« Alors, le championnat approche ? Ça se passe comme tu veux les entraînements ? »

À cette évocation, Kagami se sent un peu nerveux. C'est toujours comme ça avec les compétitions. Cependant, il sait qu'il est aussi prêt qu'il peut l'être à ce stade.

« C'est la semaine prochaine. On manque encore un peu de coordination, mais on est capables de gagner. Notre team est assez nouvelle dans le milieu, on est les outsiders. »

Aomine hoche la tête. Selon lui, c'est une bonne position en compétition. Il en sait quelque chose. Il fait part de sa réflexion :

« C'est la meilleure place. Profitez-en. Il n'y a pas d'attente, pas de pression supplémentaire. Vous ne pourrez que surprendre.

— Ouais, possible, acquiesce Kagami. Mais il faut qu'on s'en sorte bien... Ma paie en dépend ! ajoute-t-il en riant un peu.

— Je comprends. »

Aomine reprend à boire. Il y a une question qui lui brûle les lèvres. Il se racle finalement la gorge et ose la poser :

« Dis, j'me demandais. Tu fais aussi du stream ou tu joues que pour toi ? »

— Ouais... J'en fais un peu moins qu'avant parce que ça a tendance à me déconcentrer quand je dois m'entraîner. Mais pour les sessions plus "cools", ouais, j'en profite aussi pour jouer à d'autres jeux. C'est comme ça que je me suis fait repérer pour jouer pro, à la base. » Il se passe une main dans ses cheveux en bataille et admet : « J'suis pas un grand communicant... Alors j'ai surtout des gens qui viennent là pour le gameplay. »

Aomine écoute, un peu admiratif. Si Kagami s'est fait repérer parmi le nombre de streamers qui tentent de percer, sans même l'avoir cherché, c'est qu'il doit être bon. Il s'y connait un petit peu pour en suivre plusieurs et il se doute combien la compétition est rude et le milieu compétitif. Pourtant, l'homme face à lui reste modeste. Comme s'il ne croyait pas en sa chance. Ça le fait sourire. Il lui a fait la même impression au basket. La force tranquille qui s'ignore presque.

« Je suis sûr que tu terrorises les autres gamers quand ils te voient débarquer sur une map. »

Kagami rit à ce compliment, un peu inattendu il doit bien l'admettre. Il ignore le sentiment chaud qui l'enveloppe, même si c'est de la flatterie sans fondement, ça lui fait quand même plaisir. Il boit une autre gorgée de bière et dit :

« Si tu veux en juger par toi-même, j'peux toujours te donner ma chaîne.

— Ouais avec plaisir », affirme-t-il.

Kagami est étonné par l'intérêt que porte Aomine à ses activités en ligne... Sans doute un amateur de jeux vidéo, c'est vrai qu'ils avaient évoqué le sujet lors de leur première conversation.

« OK, ça marche. Tu regardes souvent des streams de jeux vidéo ?

— Hum... oui assez. J'ai eu une période où je jouais beaucoup, quand je n'étais pas sur un terrain. J'imagine que j'ai jamais vraiment décroché. Mais tout va plus vite dans ce monde-là, c'est plus facile à suivre à travers les autres. »

Évoquer ce moment-là de sa vie le rend nerveux. C'est la porte ouverte à d'autres sujets sur lesquels il n'est pas prêt à s'ouvrir. Mais il est sincèrement intéressé alors il fait de son mieux pour répondre tout en restant évasif.

« Ouais, c'est comme pour les profanes quand ils regardent un match de basket, ils y pigent rien, commente Kagami. Alors que pour nous, c'est naturel. » Il hausse les épaules. « Ça demande un peu de temps pour s'y faire... Mais ouais moi aussi je jouais beaucoup avant et... Ben j'ai pas vraiment arrêté finalement ! » Il rigole, puis regarde Aomine avec curiosité : « Et toi, le métier de flic, c'était une vocation ? Ou un truc de famille, peut-être ? »

Aomine sourit à la remarque puis à la mention de sa propre vocation, il se tend. Il jette un œil vers les cuisines pour savoir si le serveur va pouvoir le sauver mais vu tout ce qu'ils ont commandé... il n'est pas près d'arriver à sa rescousse. Il prend un moment pour savoir quoi dire en observant Kagami. Il ne peut pas lui demander de se livrer sans partager lui aussi. Il soupire avant de plonger dans sa bière pour se donner un peu de courage. Avant de répondre il se passe une main dans les cheveux, fébrile.

« Un peu des deux... Ce n'était pas ce que j'avais choisi. Mais c'était le boulot de mon père. Alors en un sens, c'est plutôt logique. Et j'aime vraiment ça. J'ai pas été forcé ou quoi que ce soit, précise-t-il. J'ai même l'ambition d'intégrer les forces spéciales un de ces jours », admet Aomine en bombant inconsciemment le torse.

Kagami remarque que le sujet semble sensible, et en entendant les paroles d'Aomine, il se demande quel mystère se cache ici. Mais il n'a pas l'intention de le harceler et siffle entre ses dents à sa dernière remarque, impressionné :

« Les forces spéciales, rien que ça ? Hm... Moi mon père a le genre de boulot dont on comprend même pas l'intitulé, un salary man typique dans une grosse boîte... C'était hors de question que je fasse la même chose que lui ! Mais c'est cool si ton taf te plaît. J'me dis que dans la police, si on aime pas ça, on doit pas tenir longtemps. »

Il risque un regard sur son vis à vis et il est plutôt soulagé de voir qu'il insiste sur la dernière partie de son résumé. Parler de son boulot, ça il peut le faire. La raison pour laquelle il l'exerce... pas vraiment.

« Ouais... à l'école de police un des leurs est venu nous parler. Ça a été une révélation pour moi. Depuis c'est mon objectif. Ça m'aide à tenir les jours où c'est difficile. Où le boulot n'a rien à voir avec ce que j'imaginais au départ. C'est plus dur que ce qu'on pense, mais la difficulté ne m'a jamais effrayé, c'est même plutôt l'inverse, souligne-t-il en ricanant.

— Ouais, j'ai cru comprendre ça », acquiesce Kagami, prenant appui sur son dossier tandis que le serveur dépose les premiers plats devant eux. Il n'attend pas avant d'entamer un premier bol de bon appétit, émettant un grognement appréciateur. « Mais en attendant tu vas sûrement grimper les échelons, dit-il entre deux bouchées. Ça risque de changer ta perspective sur le job, aussi. »

Aomine l'imite et entame le premier plat à sa portée. Se laissant surprendre par les saveurs tapissant son palais. Il prend quelques instants pour savourer avant d'expliquer :

« En fait... on peut postuler n'importe quand. En théorie... D'ailleurs j'ai déjà essayé. Dès le lendemain de l'intervention du gars. Il s'est marré, me certifiant qu'on ne lui avait jamais fait le coup. Je devais avoir tout juste 19 ans. Alors il m'a conseillé de revenir le voir dans quelques années, de prendre un peu d'expérience et de muscles pour passer les tests de sélection. Tu rentres pas dans l'élite grâce au grade, mais aux compétences.

— Oh ouais, je vois... Et tu comptes les passer bientôt, ces tests ?

— La prochaine session est dans deux mois », dit-il simplement en fourrant un nouveau mets épicé entre ses lèvres.

Gêné de parler autant de lui, il ré-enclenche son mode enquêteur.

« Sinon, tu as toujours vécu au Japon ? »

Kagami suspend ses baguettes à mi-chemin, regardant Aomine suspicieusement. Quoi, il a encore utilisé une expression de façon inappropriée, ou un mot à la place d'un autre ? Ce genre de choses continue de lui arriver et ça l'embarrasse toujours. Il repose ses baguettes :

« Pourquoi ? demande-t-il en plissant les yeux. J'en ai pas l'air ? »

La réaction de Kagami lui arrache un petit rire, puis il explique son raisonnement :

« Si, si. C'est juste que des fois tu dis des mots en anglais. Sans le vouloir visiblement. Puis y a Alex, tu ne l'as pas rencontré là j'me trompe ?

— Oh, ça... » Kagami se détend subtilement et reprend une bouchée avant de répondre. « Ouais... En fait... Je suis né au Japon mais j'ai emménagé aux USA quand j'étais gamin... Et je suis revenu qu'à l'âge de seize ans.

— Ça a dû te faire bizarre non ? Même si tu viens d'ici le choc culturel a pas dû être évident. », remarque Aomine, étonné d'un tel parcours.

Comme lui sur sa vocation, Kagami n'a pas l'air de vouloir s'étaler. Mais il sait combien les gosses peuvent être durs avec leurs congénères. Et il ne peut pas s'empêcher de penser que ça a peut-être conforté le gamer face à lui à être plus à l'aise dans les interactions virtuelles.

« Ouais, c'est surtout que... J'ai parlé surtout anglais... explique Kagami un peu embarrassé. Alors au début j'avais du mal avec le japonais... Et j'te raconte pas pour l'écrit... »

Il frissonne d'horreur aux souvenirs du lycée l'année de son retour au pays. Puis, il reprend, un peu hésitant sur le choix des mots.

« Mon... mon meilleur ami, il a eu le même parcours que moi... Mais lui est reparti aux USA, maintenant. Quelque part... J'suis bien content qu'Alex ait décidé de venir s'installer ici », conclut-il en souriant.

Tout en goûtant les différents plats, Aomine acquiesce en souriant. Il veut bien croire que ça ait été compliqué ! Lui non plus les langues étrangères ce n'est pas son fort, et le japonais est un calvaire. Il note le changement d'intonation de Kagami à l'évocation de son ami. Ça pique sa curiosité. Ce qu'il comprend entre les lignes c'est qu'il a l'air d'être plutôt isolé de ses proches. Il demanderait bien où sont ses parents mais au dernier moment il se retient. Il a peur des questions retour auxquelles il s'exposerait à devoir répondre. Il opte pour moins dangereux.

« Il s'appelle comment ?

— Tatsuya. Lui aussi il est pas mal avec un ballon de basket ! Alex lui a appris aussi. Mais il est plus de genre analytique qu'instinctif. Technique irréprochable. C'est un cérébral. D'ailleurs maintenant il bosse dans les maths statistiques. »

Kagami écarquille les yeux comme pour souligner son incompréhension totale pour ce choix de carrière.

Cette expression le fait éclater de rire. Il comprend sans qu'il le dise que Kagami désapprouve.

« Et lui, il pense quoi de ton choix de carrière ? taquine-t-il, sachant que ce n'est pas une voix des plus classiques.

— Il en très fier ! se rengorge Kagami. De toute façon il sait que je suis trop têtu pour changer d'avis quand j'ai décidé de faire un truc. Du coup il en a pris son parti.

— Il valait mieux pour lui, j'imagine », ricane-t-il encore, le croyant sur parole. Puis il ajoute en fronçant les sourcils, songeur : « Moi j'ai un Tetsuya. Mais il est plus têtu que moi... il est du genre à te prouver que t'as tort par A + B. Je suis sûr que tu t'entendrais bien avec lui. Dans le genre acharné, vous vous ressemblez.

— Ah ouais ? demande Kagami, intéressé. Et lui aussi il fait du basket ? »

Aomine esquisse un sourire, envahit par de vieux souvenirs qui lui réchauffent le cœur.

« On s'est rencontré comme ça. Il a un style bien à lui. Inimitable... Je sais que ça lui manque de ne plus jouer autant.

— Faut lui demander de passer sur le terrain un de ces jours, alors ! Toi, t'as déjà un style inimitable, mais si y en a d'autres comme ça !... »

Kagami laisse échapper un rire, anticipant en esprit des matchs avec de nouveaux adversaires surprenants, puis termine sa bière à grandes goulées avant d'attaquer la suite du repas.

Aomine rigole aussi, prenant note du compliment au passage. Ça fait toujours plaisir de se l'entendre dire.

« Bonne idée, je le ferai. Mais... il faudra qu'il y ait Alex, ou d'autres joueurs. Difficile de t'expliquer, mais les one on one, c'est pas son truc. »

Kagami est d'autant plus intrigué par cette information. Mais c'est vrai qu'il existe des joueurs beaucoup plus à l'aise dans la performance collective qu'individuelle. Il hausse les épaules.

« Ouais bien sûr, pas de problème. Ça m'intéresse toujours de rencontrer des nouveaux joueurs. »

Aomine hoche la tête et termine sa bière. L'idée de présenter Kagami à Kuroko lui plait. En s'affaissant sur son dossier, il avise ses plats presque vides. Il a eu les yeux plus gros que le ventre. Il ne reste pas grand-chose, mais il est incapable d'avaler une bouchée de plus... Pourtant il a toujours eu un bon coup de fourchette. Mais depuis qu'il est entré dans la vie active, il ne mange plus autant en un seul repas, sauf peut-être quand il rend visite à sa mère... Il en fait plusieurs tout au long de la journée. Comme ça, si une intervention dure un peu trop longtemps ou qu'il est rappelé en urgence, il n'est jamais bien loin de son dernier repas et ne risque pas la crise d'hypoglycémie en pleine arrestation sur le terrain. En revanche, Kagami n'a pas l'air de souffrir du moindre début d'indigestion. Sur ce terrain-là aussi, il se voit contraint de s'incliner. Décidément, ce n'est pas son jour...

Kagami arbore un sourire en coin quand il remarque que le brun n'est pas capable de finir ce repas gargantuesque... Il l'aurait parié ! Il termine ses bols, puis lorgne sur les portions entamées d'Aomine.

« Ça t'embête si je finis ta part ?

— Non vas-y. C'est moi qui paye, j'préfère autant que ça ne se gaspille pas. »

Aomine secoue la tête, un peu effaré de le voir engloutir autant de nourriture. Il ne peut s'empêcher de se demander où est ce qu'il la range en avisant son corps d'athlète. Puis, curieux de connaître ses limites il lui demande d'un air moqueur :

« Tu voudras un dessert aussi ? Ou plusieurs peut-être ?

— Nan merci, je suis pas très sucré. Et puis... Je crois que j'ai assez mangé ! » Il rigole et explique : « Je mange pas toujours autant... Ne serait-ce que par manque de temps ou parce que c'est compliqué d'avoir toujours autant de nourriture à disposition ! Mais quand je suis posé... Et en plus quand on me paie le repas !... ajoute-t-il avec un clin d'œil.

— Profiteur... » s'amuse Aomine en levant les yeux au ciel, faussement scandalisé.

Mais il comprend. N'a-t-il pas lui aussi mangé plus que d'habitude ? Il lève la main pour appeler le serveur et lui demande un café. Il regarde son invité, attendant de savoir s'il en veut un aussi.

Kagami acquiesce tout en se goinfrant du reste des plats. Puis, enfin pleinement repu, il se laisse aller sur son siège en poussant un soupir de satisfaction. Après une telle séance sur le terrain, il avait bien besoin de refaire le plein d'énergie. Il est content de la tournure qu'a pris la journée. Alex a apprécié Aomine et ça semble réciproque. Et leur one-and-one était presque encore mieux que celui de la semaine précédente. Maintenant qu'il sait à qui il a affaire, il est moins sur la réserve sur le terrain. Et en dehors aussi apparemment. Mais il se rappelle de ne pas s'emballer. Il ne sait pas grand-chose encore d'Aomine, et encore moins où va aller leur relation. Il chasse ces pensées : pour le moment, c'est juste un déjeuner. Et il doit bien avouer qu'il apprécie la compagnie du brun.

« Tu commences le boulot à quelle heure ? demande-t-il.

— Je suis d'astreinte aujourd'hui. » Il sourit à cette pensée, pas mécontent d'avoir le temps de digérer tout ce qu'il a ingurgité, puis en avisant le sourcil interrogateur de Kagami il explique : « Je suis de repos, sauf si y a besoin de renforts. C'est l'inconvénient du logement de fonction.

— Ah, ouais... Ça doit être chiant. Et pareil pour le logement de fonction... Je sais pas si je me sentirais chez moi dans un truc comme ça.

— Non ça va, ça n'arrive pas si souvent. J'ai aussi de vrais jours de congés. Et ouais... c'est particulier, mais financièrement c'est quand même pas négligeable. Disons que si mes voisins me font chier, je ne peux pas trop menacer d'appeler les flics, ricane-t-il en imaginant une telle situation.

— Ouais, j'imagine ça. C'est sûr que c'est pratique quand on se lance dans la vie active de pas se soucier du logement. »

Le serveur arrive avec les cafés et il prend le sien, soufflant sur sa tasse, un peu songeur. Comme la dernière fois, il n'a pas envie que ça s'arrête et de rentrer chez lui. Il a l'impression désagréable que la solitude sera plus pesante que d'habitude, même si c'est une vieille amie dont il apprécie la présence la plupart du temps. Il aimerait demander à Aomine s'il vit seul, mais ça lui paraît une question trop personnelle. Il opte donc pour quelque chose de plus trivial :

« Et du coup tu vas faire quoi de ta soirée de semi-liberté ? »

Aomine relève les yeux de sa tasse à cette question. Elle paraît anodine et il ne veut surtout pas y chercher une quelconque interprétation. La dernière fois lui a servi de leçon. Il est tiraillé. Parce qu'il passe un super moment en compagnie de Kagami. Apprendre à le connaitre le sort de son train-train quotidien et plus il en découvre, plus il s'intéresse. Il ne dirait pas non à prolonger cette journée. D'un autre côté, il ne veut pas donner de faux espoir à son vis à vis s'il attend autre chose de lui que son amitié. Il sait bien qu'ils ont décidé de ne pas en parler mais selon son expérience, les non-dits n'ont jamais été les meilleures fondations d'une relation, peu importe la nature de celle-ci. Il prend un moment pour tourner sept fois sa langue dans sa bouche en observant le jeune homme face à lui, il analyse les possibilités, pèse les pours et les contres et finit par choisir la carte de l'honnêteté.

« À vrai dire, Alex m'a donné envie, je pensais aller au cinéma. Il y a une éternité que je n'y suis pas allé. Est-ce que ce serait envoyer des signaux contradictoires si je te proposais de m'accompagner ? » demande-t-il sans le quitter des yeux, à l'affut de sa réaction.

Kagami, qui ne s'attendait pas à cette proposition, reste muet quelques instants. C'est comme s'il avait perdu l'usage de son cerveau. Un bug général nécessitant un redémarrage. Finalement la machine fait son reboot, et il se ressaisit. Cette fois, la délicatesse d'Aomine ne lui semble pas de la pitié, simplement de l'honnêteté et une volonté de clarifier les choses. Et ça lui plaît déjà beaucoup plus. Il réfléchit... Ce n'est pas raisonnable. Mais en dépit des gens qui n'y comprennent rien et pensent qu'il prolonge sa vie d'ado... Kagami mène une vie très raisonnable. Il fait attention à tout, tout le temps. Il est très discipliné. Et il est un peu fatigué de tout ça... Non, pas un peu. Il réalise en parlant avec Aomine que même si son boulot le passionne, il lui manque quelque chose. Comme une flamme intérieure. Ce n'est certainement pas une après-midi ciné qui va suffire à la raviver, mais c'est un début... Se dérober à ses obligations sans aucune autre raison que de se faire plaisir, voilà quelque chose de stimulant pour un peu qu'il l'assume sans culpabiliser.

Sa décision prise, il considère la façon dont Aomine a formulé sa proposition, et un sourire étire ses lèvres.

« Si j'avais pris une invitation au cinéma pour un signal, j'aurais eu le cœur brisé plus d'une fois. Tout est dans la façon de demander. Hm... OK pour un ciné. »

Aomine a sagement attendu que les informations atteignent l'étage supérieur de son acolyte, non sans dissimuler son amusement. Ne sachant trop comment la demande allait être perçue, il a ravalé son rire sous l'air choqué de Kagami en même temps que sa boisson. Soulagé de ne pas s'être fait envoyer paître cette fois-ci, à grand renfort de café bouillant qui plus est, il prend note du conseil pour éviter d'autres situation de malaise.

D'un coup d'œil, il avise sa montre et leurs tenues et se gratte l'arrière du crâne, un peu gêné de constater qu'ils n'ont même pas encore pris le temps de se changer.

« Ok. Et on y va comme ça tu crois ? »

Kagami grimace. Aller au cinéma dans cette tenue et tous poisseux de sueur ? Hors de question ! Déjà le resto c'était limite, mais il n'a écouté que son estomac. Maintenant que celui-ci est repu, la douche s'impose.

« Non... Comme j'habite à côté le mieux c'est de passer y prendre une douche. T'as des fringues de rechange avec toi ? »

Aomine réfléchit. Il a bien une tenue dans son sac de sport mais s'il est effectivement appelé en urgence, il n'aura pas son uniforme. Il n'a qu'une paire de rangers de rechange au fond de son coffre. Dilemme. Il turbine pour trouver une solution qui ne le mettrait pas dans le collimateur de Masato, surtout après son écart de l'autre jour.

« Ouais, je dois avoir ça. Par contre... il y a peu de chance mais si je suis appelé il faudrait que j'sois pas trop loin de chez moi. Ça t'ennuis si on change de secteur ? »

Kagami hausse les épaules.

« Non, ça m'est égal. On passe chez moi pour la douche et on va au ciné par chez toi, alors ?

— On fait ça ! Je vais régler l'addition, tu peux m'attendre dehors », annonce-t-il tout en joignant le geste à la parole, pressé de s'offrir encore un peu de bon temps.

Kagami acquiesce et quitte le restaurant – toujours sous l'œil désapprobateur des petits vieux. Quand Aomine le rejoint, ils prennent le chemin de l'appartement. Ce n'est qu'à deux minutes d'ici, et rapidement ils entrent dans le vieux bâtiment noirci de pollution, et grimpent les escaliers quatre à quatre jusqu'à arriver à son étage. Il dépose son sac dans l'entrée et désigne la porte de droite à Aomine :

« La salle de bain est là. Y a des serviettes dans le placard sous le lavabo. »

Docile, Aomine le suit à l'intérieur. Avant de se faufiler par la porte qu'on lui désigne il se retourne vers Kagami affairé à verrouiller sa porte d'entrée. Il ne les avait pas remarqués l'autre soir quand il est venu toquer, trop obnubilé par son envie de clarifier les choses pour y faire attention, mais les accessoires sont bien en place. Ce constat le réjouit.

« Ils t'ont servi ? demande-t-il la main toujours sur la poignée de la salle de bain.

— Ouais, ça m'a permis d'envoyer paître mon dernier "client" en toute sérénité. Thanks. »

Il se marre de l'air dépité et du terme employé en entrant dans la pièce. Comme le reste de l'appartement, elle est petite, mais bien organisée. Assez pour qu'un grand dadais comme lui, et Kagami suppose-t-il, ne s'y sente pas oppressé. Il se déshabille rapidement et entre dans la cabine de douche. Il laisse l'eau ruisseler sur lui quelques instants pour le débarrasser de sa sueur. Sur le portoir, il se saisit de l'unique shampoing et de l'unique savon. Simple, efficace. Seule la marque et le parfum changent mais il pourrait se croire dans sa propre douche. Tandis qu'il étale la mousse et frotte les recoins et replis de sa peau, des images inopinées s'impriment sur sa rétine. Il imagine Kagami dans son quotidien, imitant ses gestes, avec ce savon. Il s'ébroue pour les chasser, en se rassurant comme il peut. Dans l'univers familier et intime de Kagami, alors qu'il apprend à le connaitre, c'est plutôt normal de le visualiser en mouvement dans son espace, dans ses habitudes, dans sa vie. Il termine de se laver en se rinçant à l'eau froide, autant pour améliorer sa circulation sanguine endormie par la digestion que pour s'ôter ses visions intrusives de l'esprit.

Pendant qu'Aomine est sous la douche, Kagami en profite pour faire un peu de rangement et de ménage. Non que son appartement en ait spécialement besoin, mais en s'occupant les mains, ça lui évite de trop penser à Aomine nu sous la douche. C'est trop facile d'imaginer comme l'eau doit ruisseler sur sa peau tannée, les gouttes d'eau glissant sur le relief de ses muscles jusqu'à venir se perdre dans les creux de son corps... Et voilà qu'il y pense encore ! Il grommelle en se vengeant sur un plat qui n'a plus besoin d'être astiqué depuis longtemps. C'est d'une certaine façon assez intime de l'avoir chez lui, dans sa salle de bain, utilisant sa douche, et il ne peut que constater que c'est relativement difficile de garder son calme. Il finit sa vaisselle, repose son torchon et inspire un grand coup. Il va se poser devant son ordinateur et se ressaisit, ignorant le bruit de la douche derrière les écouteurs de son casque.

Aomine se sèche sommairement, avec une serviette trouvée là où Kagami le lui a dit, parfaitement pliée. En regardant un peu plus attentivement autour de lui, il remarque que les produits, bien que peu nombreux, sont alignés, rangés selon une méthode qu'il devine toute réfléchie. Est-ce que Kagami serait un poil maniaque ? Un sourire digne du diable en personne étire un coin de sa bouche lorsqu'il intervertit le déodorant et la mousse à raser. Juste pour voir si les murs se mettent à trembler ou si une alarme retentit. Il sait son comportement puéril parfois, mais quand il voit quelque chose de facilement perturbable, c'est plus fort que lui, il sème la zizanie. Il aime le chaos. Le comble du paradoxe pour un officier du maintien de l'ordre ! En fait, c'est plus par jeu que pour vraiment embêter son hôte. Une façon tordue de le cerner. Si ça se trouve, il ne va même pas le remarquer.

Fier de sa bêtise, il se passe un coup de peigne puis finalement décide d'ébouriffer ses cheveux. Aujourd'hui, c'est repos. Même pour ce qui est du standing capillaire qui lui est gentiment recommandé d'arborer au boulot. Avant de passer son t-shirt noir par-dessus son jean délavé, il n'oublie pas le déo qu'il retrouve au fond de son sac. Les cheveux encore humides mais fin prêt, il sort de la salle de bain et signale à Kagami qu'il peut prendre son tour. Sans réponse de sa part, il ose entrer dans la pièce principale et comprend son silence. Il le trouve avec un casque sur les oreilles.

Le parfum aguicheur d'un déodorant masculin fleurant les épices et le bois précieux le ramène au moment présent. Kagami retire ses écouteurs et se tourne, découvrant un Aomine tout frais sorti de la douche, et terriblement sexy avec ses cheveux encore humides, un peu sauvages. Il esquisse un sourire.

« Hey, désolé, je t'avais pas entendu sortir de la salle de bain. » Il se lève et ajoute : « Fais comme chez toi, j'en ai pas pour longtemps. »

Aomine acquiesce simplement et vient naturellement s'assoir à la place qu'occupait Kagami. De plus près que la dernière fois, il observe le matériel de compétition et les outils qu'il devine nécessaire au stream de ses lives. Il écarquille un peu les yeux en voyant la qualité de l'écran, son style incurvé qui vous immerge, la luminosité, l'intensité des couleurs... Il est prêt à parier que le gamer a mis des heures à tout configurer à sa convenance. Et encore une fois, il se laisse absorber par des images de Kagami dans son foyer, en pleine partie cette fois. Moins intimes et dérangeantes, il ne les repousse pas.

Kagami se rend dans la salle de bain, avec une drôle d'impression en laissant Aomine dans son salon. Il réalise que ça fait longtemps que personne n'est venu chez lui, son appartement est devenu tellement à son image que c'est toujours étrange d'y voir quelqu'un, n'importe qui. Tout le monde semble un peu hors contexte ici.

Il se dépêche comme promis, prend sa douche de façon rapide et efficace sans laisser ses pensées dériver. Il se sèche et attrape son déodorant. Qu'il manque de lâcher quand une étrange sensation douce et mousseuse naît sur son aisselle, à la place des gouttelettes rafraîchissantes habituelles. Il regarde le flacon sans comprendre, puis réalise qu'il s'agit de sa mousse à raser. Pourtant, il aurait juré que... Contrarié, il nettoie la mousse, la replace correctement sur son étagère, puis utilise son déodorant. Deuxième contrariété, il s'aperçoit qu'il a oublié de prendre ses vêtements de rechange. Il noue donc sa serviette autour de sa taille et se dépêche d'aller chercher une tenue dans le placard du salon.

Toujours focalisé sur l'énorme machine, un mouvement en périphérie de sa vision contraint Aomine à dévier le regard. Pour tomber sur un Kagami presque nu. Il avait deviné sa carrure large à travers ses vêtements mais il ne s'était pas attendu à des muscles si saillants. Pas qu'il ne les a déjà volontairement imaginés ou quoique ce soit de ce genre, non. À cette pensée débile, il se sent piquer un fard. C'est vrai qu'il s'est tout de suite senti à l'aise avec lui, mais en y repensant, ils ne se connaissent pas depuis longtemps. Et lui qui n'a jamais partagé l'intimité de personne, et encore moins donné l'accès à la sienne à quiconque —mise à part Satsuki — ça le tétanise un peu de réaliser leur soudaine proximité. Pas trop vite, il se redresse et se tourne pour laisser un peu d'intimité à Kagami. Il en profite pour inspecter les quelques bouquins de sa bibliothèque, comme si de rien était.

« Sorry j'ai oublié mes fringues » marmonne Kagami tout en piochant dans le placard.

Il se dépêche de fuir la pièce, il ne voudrait pas qu'Aomine croit qu'il s'expose volontairement à moitié nu devant lui. Il retourne donc dans la salle de bain et se hâte de se rendre décent. Il enfile un pantalon kaki et un t-shirt large aux couleurs d'un groupe américain de neo metal. Il se passe un dernier coup de serviette dans les cheveux et ressort.

« OK je suis prêt ! »

Aomine l'a suivi du regard alors qu'il se précipitait de nouveau dans la salle de bain, les bras chargés de vêtements. Mais c'est lorsque Kagami en ressort qu'il oubli totalement sa gêne, dévoré par un autre sentiment. Les sourcils froncés, il pointe son torse du doigt et lui lance :

« C'est pour le style, ou tu les écoutes vraiment ? »

À son tour, Kagami fronce les sourcils.

« Pour le style ? Qui met des t-shirts de groupes pour le style ?! grogne-t-il. Non c'est un groupe que j'écoute. Pourquoi... Toi aussi ? » demande-t-il plus adouci.

Satisfait de la réponse, Aomine croise les bras sur sa poitrine et lève le menton, sardonique :

« Qui reconnaitrait l'emblème d'un groupe sans l'écouter ? »

Kagami rigole à cette répartie.

« OK, ça se tient ! J'suis content que t'aimes ce groupe aussi. Il m'accompagne depuis pas mal d'années... Je les ai même vus en concert aux USA !

— La chaaaance ! » se lamente Aomine, sincèrement jaloux de Kagami.

Il adore son pays, mais pour ce qui est du style musical il y a bien longtemps qu'il a trouvé son compte ailleurs. Bien sûr il existe des groupes pas mauvais du tout au Japon ! Mais l'origine et l'âme du Rock, celui qu'il aime, se trouve outre Pacifique. Les groupes comme ceux-là se font rare sur la scène internationale, pour son plus grand malheur.

Tout en rejoignant l'entrée, sac sur l'épaule, il lui demande quel est son album préféré, conscient qu'un vrai fan serait incapable de ne choisir qu'une seule chanson.

Kagami s'amuse de l'enthousiasme d'Aomine, mais ça lui fait chaud au cœur. Les goûts d'Alex en musique sont... discutables, pour le dire poliment. Alors c'est sympa de pouvoir parler musique avec quelqu'un qui ne soit pas un hérétique. En discutant ainsi, ils ressortent dans la rue ensoleillée, et là Kagami s'aperçoit qu'il ne sait pas quelle direction prendre.

« Bon, je suis le guide ! » lance-t-il en emboîtant le pas à Aomine.

Aomine endosse la responsabilité de cette mission avec une fierté surjouée. Il est vraiment de bonne humeur. En arpentant les rues qui se succèdent, il se dit même que c'est plus que ça. Il se sent heureux. Pas juste content, satisfait ou enjoué. Kagami apporte un torrent de fraîcheur dans sa journée. À ses côtés, à parler de leurs passions, il se surprend à redevenir insouciant. Oublier le devoir, la pression et l'exigence de sa fonction. Pour un temps, et c'est surement une des raisons qui l'ont poussé à le prolonger, il a le sentiment de retrouver un peu de sa jeunesse qu'il abandonne au profit de sa responsabilité et de ses ambitions.

Tout à sa discussion et ses réflexions philosophiques, ce n'est qu'une fois en vue du cinéma qu'il réalise...

« Tu veux aller voir quoi ? »

Kagami observe les affiches et s'aperçoit qu'il ne connaît aucun des films proposés. Il ne se tient plus tellement au courant de l'actu... Cependant, il repère un film qui lui semble bas du front mais divertissant. Il le montre à Aomine :

« Avec celui-là, on passera sûrement un bon moment ! »

Aomine observe l'affiche que Kagami désigne. Il ne se souvient pas avoir vu la bande annonce de celui-là mais en jetant un œil aux autres, rien ne l'inspire beaucoup plus. De toute façon, le cinéma, il aime ça pour l'ambiance feutrée particulière qui en fait une agréable sortie peu importe le film.

« Ok, go pour celui-là ! »

Kagami acquiesce en souriant et ils entrent acheter leur ticket. Il manque de demander deux places et de payer celle d'Aomine, mais se rappelle de justesse qu'il ne s'agit pas d'un rendez-vous et que ce serait déplacé. Il prend donc sagement sa place, puis se dirige directement vers le stand des en-cas, oubliant qu'il vient de manger un repas gargantuesque. Un ciné sans pop-corn, ce n'est pas vraiment un ciné. Il opte pour un soda pour faire descendre le tout et attend son comparse avec son seau de pop-corn sous le bras.

Aomine ricane en voyant la taille du pot dans lequel Kagami picore déjà. Il l'aurait parié. Mais même si ça l'amuse, il doit dire que ça l'effraie un peu quand même d'imaginer qu'il puisse encore avoir faim. Préférant un sachet de bonbon aux traditionnels pop-corn, qui passera surement mieux dans son estomac déjà au bord de la rupture, il lance un brin moqueur :

« Et ça disait ne pas vouloir de dessert... »

Kagami hausse les épaules :

« Le pop-corn, ça compte pas ! »

Il n'a pas de justification particulière à cette affirmation, c'est simplement ainsi, le genre de vérité qu'il faut accepter. Là-dessus, ils se dirigent vers leur salle. À l'entrée, il marque une pause, balayant les rangées du regard.

« Hm... T'as une préférence pour l'endroit où on se place ?

— Au milieu du milieu », répond-il du tac au tac, s'engageant déjà dans l'escalier recouvert de moquette, éclairé par de petites led.

Kagami le suit et ils s'installent dans leurs sièges, aussi confortablement que possible avec leurs grandes gambettes. Il grogne :

« J'adore le basket... Mais parfois, j'aimerais être moins grand... Rien n'est fait pour nous... »

Aomine avise ses genoux qui entrent dans le dossier du siège de devant. Il se tortille un peu pour voir si ça change quelque chose, puis se redresse pour repérer une alternative plus confortable.

«Hm t'as pas tort... c'est pas toujours un atout. Tu veux te mettre ailleurs ? Je peux sacrifier la meilleure vue pour être moins à l'étroit.

— Nan, on fera avec ! »

Kagami pioche dans son pop-corn, regardant l'écran alors que les bandes-annonces commencent. Il sait bien que ce n'est pas un rendez-vous et pourtant, il y a quelque chose d'intime à être assis tout près de quelqu'un dans une salle plongée dans la pénombre. Il ignore ces pensées et se concentre plutôt sur son snack.

Selon un petit rituel bien rodé, Aomine installe sa boisson dans le portoir à sa droite, et son sachet de friandise à sa gauche. Comme il l'a dit à son voisin, il y a longtemps qu'il ne s'est pas offert ce petit plaisir hors du monde et du temps. Mais il y a encore plus longtemps qu'il n'est pas venu accompagné. Du coin de l'œil il observe le profil de Kagami, et le rythme régulier avec lequel il enfourne ses graines de maïs éclatées. Un sourire étire ses lèvres alors que la pénombre tombe sur la salle. Il reporte son attention sur l'écran en piochant un premier bonbon par mimétisme, mais après la deuxième bande annonce, sous sa fesse, son téléphone s'agite. Il grogne en essayant de l'extirper de sa poche, pas franchement motivé à devoir partir.

Kagami lui jette un coup d'œil en entendant son vibreur, espérant secrètement que ce ne soit pas le boulot. Mais Il reste neutre et continue de regarder les bandes-annonces en silence.

En voyant le sourire espiègle de Satsuki illuminer son écran, il expire de soulagement. Non sans scrupule, il l'envoie sur sa boîte vocale et pianote rapidement un message pour s'assurer que tout va bien. Très réactive, elle répond dans la seconde.

Kagami n'a pas pu s'empêcher de jeter un coup d'œil à l'écran et il a vu l'image d'une jeune femme souriante. Son cœur se serre un peu. Sûrement la petite amie d'Aomine. Il se sent frustré et peiné par ce nouveau rappel à la réalité, et se venge sur son pop-corn. La vérité, c'est que cette après-midi qu'il a redoutée est plus belle qu'il n'aurait osé l'imaginer. Il est juste bien avec Aomine, et même si du côté de ce dernier, ce n'est "que" de l'amitié, il y a quand même quelque chose qui matche entre eux, quelque chose de fort et de spontané qu'il trouve grisant malgré lui. Il se mord la lèvre. Parce qu'on dirait bien qu'il est à deux doigts de tomber amoureux... Et il a plutôt intérêt à enterrer ces émotions naissantes avant qu'elles ne prennent trop de place.

Voilà qu'elle lui sort son refrain de mère poule inquiète, tout ça parce que ça fait à peine trois jours qu'il ne l'a pas appelé. Un peu agacé, il coupe court et lui répond une dernière fois en avouant qu'il est au cinéma. C'est sûr, elle va vouloir lui tirer les vers du nez. Et... même si son côté enquêtrice des services secret de l'état ne l'amuse pas du tout quand il en est l'objet, il se dit qu'il serait peut-être temps de se confier à elle. Pour la simple et bonne raison que des journées aussi surprenantes que celle-ci, il compte bien en avoir d'autre. Et si ses espoirs se concrétisent, il sera plus simple qu'elle sache avec qui il traîne, et pourquoi. Il s'étonne encore de ne pas lui avoir parlé de Kagami. Peut-être attendait-il d'être sûr qu'il fera partie de son entourage à l'avenir. Cette journée à ses côtés malgré leur petit différend le lui confirme, et il en éprouve satisfaction et soulagement. D'ailleurs, il ne voit pas de quoi il a peur au juste. Satsuki est la première à l'encourager à rencontrer de nouvelles personnes et lier de nouvelles amitiés. Il sait que la jeune femme ne veut que son bien, mais par moment, comme maintenant, il la trouve un poil intrusive.

Pour ne pas se faire réprimander par les autres spectateurs, il se penche un peu et demande tout bas :

« Dis, ton Tatsuya, il te materne toi aussi ? »

Kagami lui lance un regard, surpris. Ce n'est pas comme si Tatsuya était son petit ami, et comme cette fille... Peu importe. Il secoue la tête avec un sourire en coin.

« Non. Personne me materne. Pourquoi, t'as oublié ton goûter en partant ? Ou tu as laissé traîner tes caleçons dans la machine ? » demande-t-il sournoisement.

Aomine fronce les sourcils. Il ne voit pas le rapport entre Satsuki et ses sous-vêtements. Et puis... il n'oublie jamais son gouter, question de survie. Lorsque la luminosité d'une publicité augmente la visibilité de la salle, le sourire chafouin de son voisin lui offre un indice. Il se marre en comprenant la méprise.

« Baka ! C'est comme ma petite sœur, mais parfois elle se prend pour ma mère. » Il se gratte le crâne un peu gêné de son aveu et se renfonce dans son siège.

« Oh, OK. »

Kagami est un peu soulagé de l'apprendre, même si ça n'annule pas l'hypothèse d'une petite amie. Il s'amuse de voir Aomine embarrassé par cette petite confession.

« J'espère que tu lui as dit que tu serais rentré à l'heure pour faire tes devoirs, alors, ajoute-t-il sans le regarder, souriant.

— Ahah très drôle ! » grommelle Aomine.

Il n'a pas l'habitude d'être vanné. D'ordinaire c'est plutôt lui qui s'amuse de ses amis à leurs dépens, c'est plus drôle dans ce sens-là. Mais il faut dire qu'il a tendu le bâton pour se faire battre, et visiblement, Kagami est un maître en jo-jutsu. Vaincue, il gobe une sucette et croise les bras sur sa poitrine, attendant le début du film, un peu boudeur.

Kagami jette de nouveau un coup d'œil à son voisin et ressent un pincement à l'estomac alors qu'il le voit la moue contrariée sur son visage, comme un enfant susceptible. Il trouve cette expression adorable. Il n'insiste pas, laissant Aomine retrouver sa dignité tandis que le film commence finalement, détournant leur attention de ces légères chamailleries.

Le moins qu'on puisse dire, c'est que l'intrigue ne tourne pas autour du pot. En moins de vingt minutes, ils connaissent le méchant, ses intentions, et les difficultés que vont devoir affronter les héros de l'histoire. Si tant est qu'un groupe de hors-la-loi peut être considéré comme tel... Pourtant, malgré le scénario qu'il voit se profiler à dix kilomètres, il se laisse embarquer dans l'aventure, frissonnant à la première explosion. Les dialogues sont courts, mais pas dépourvus d'humour. En tout cas, ça le fait sourire. Et même rire parfois. De temps en temps il s'assure que Kagami passe aussi un bon moment. Il suppose que le niveau de son seau de pop-corn qui descend est un bon indicateur.

Kagami se laisse facilement happer par les cascades impressionnantes qui se succèdent à l'écran. Il aime l'adrénaline et les scènes d'action frôlant l'absurdité, alors avec un bon rythme et de beaux effets spéciaux, il est bon public. Il arrive au bout de son pop-corn en commentant l'action de temps à autre. Il aimerait que le film dure encore deux heures, mais toutes les bonnes choses ont une fin, paraît-il. Alors que le générique défile à l'écran, il s'étire de tout son long et regarde son voisin.

« C'était sympa, non ? »

Face aux noms qui défilent sur fond de musique épique, Aomine se sent bête. Et un peu vide. Il n'a pas voulu y penser avant, vivant pleinement l'instant, mais la perspective de rentrer seul chez lui après cette journée le déprime un peu. Toutefois il n'en montre rien et répond à la question de Kagami avec le même enthousiasme en s'extirpant tant bien que mal de sa place :

« Carrément ! Je n'ai pas vu le temps passé. Tu as bien choisi, j'ai bien fait de te proposer de venir. »

Cette réponse fait plus plaisir à Kagami qu'elle ne le devrait, comme s'il était responsable de la qualité du film. Il l'a juste choisi au hasard... Mais il est heureux qu'Aomine ait passé un bon moment. Il se lève à son tour et prend le seau de pop-corn vide, puis ils se dirigent vers la sortie. Ça lui fait toujours bizarre de sortir du cinéma, rompant l'isolement et la pénombre dans laquelle ils ont été plongés pendant deux heures pour retrouver un soleil soudain aveuglant et une ville qui semble bien bruyante... Il s'arrête sur le trottoir, reprenant contact avec la réalité, et regarde Aomine.

« C'était cool aujourd'hui. Le ciné, et puis le basket et le resto. Je te dirais bien que la prochaine fois, c'est moi qui te paierai la bouffe, mais j'ai pas l'intention de perdre ! »

Aomine se protège de la lumière mordorée qui décline déjà de son avant-bras, les yeux sensibles après l'obscurité de leur cocon de velours. Les images de la journée s'affichent en diapositives derrière ses paupières closes quand Kagami énonce chaque moment. Il ne saurait dire ce qu'il a préféré. En fait, il ne veut pas choisir. Tout était génial.

À la dernière remarque de Kagami, il s'esclaffe, toujours sur le trottoir, attirant l'attention des quelques passants. Encore hilare, il rétorque :

« La capacité volumique de ton estomac est une raison supplémentaire de ne pas renouer avec la défaite. Je ne compte plus perdre non plus si ça doit finir en resto à chaque fois ! »

Kagami sourit en regardant Aomine rire, la lumière du soleil déclinant jouant sur son visage. Une nouvelle fois, son cœur se serre, mais il continue de sourire.

« Bah, ça me semble un bon deal, puisque toi aussi t'as l'air d'aimer la bouffe. Donc je suis partant pour continuer sur ce principe ! »

Le sourire radieux de Kagami doit être en cet instant le reflet du sien, et il lui réchauffe le cœur. Si on lui avait dit hier à la même heure qu'ils en seraient là, il ne l'aurait pas cru. Intérieurement, il se félicite d'avoir insisté et de ne pas être resté sur ses sentiments négatifs. Il y a quelques années de ça, ça lui aurait demandé plus d'effort, peut-être même trop pour qu'il essaie. Demander pardon à Kagami valait la peine finalement. Sa proposition sonne un peu comme une promesse et prendre ce rendez-vous pour il ne sait quand le réjouit d'avance. Sans hésiter il lui tend la main dans un clin d'œil complice.

« Challenge accepted ! »

Kagami serre cette main tendue, et soudain se rappelle quelque chose que lui a demandé Aomine. Il se frotte la tête, un peu embarrassé et intimidé tout à coup :

« Hm au fait si tu cherches ma chaîne Twitch... C'est TigerMJ.

— MJ ? » demande le flic, intrigué.

Le pseudo, il peut facilement le comprendre. Dès qu'il l'a vu se mouvoir et évoluer sur un terrain il s'était fait la réflexion d'être en présence d'un puissant fauve. Quelque part au fond de lui, son égo se rengorge d'avoir visé juste. Pour le reste, il pense évidemment à un célèbre joueur de basket, mais il n'est pas certain. Peut-être ces deux lettres se réfèrent-elles à autre chose d'important pour Kagami.

Kagami hausse les épaules, rougissant un peu. On lui pose parfois la question, mais venant d'anonymes sur un tchat, ce n'est pas pareil.

« Michael Jordan, avoue-t-il. Parce que pour moi c'est le plus grand joueur de tous les temps. »

Il guette la réaction d'Aomine, espérant juste qu'il ne va pas se moquer de lui.

Son sourire s'élargit. Dans le mille ! Il trouve le lien entre ses deux passions touchant. Puissent les initiales du grand Michael porter chance à Kagami dans sa carrière.

« En tout cas, il n'a pas encore été égalé », confirme-t-il.

Puisqu'ils en sont aux échanges de contact, il lui vient une idée. Il extirpe son portable de sa poche, le déverrouille et le tend à Kagami sur la page des contacts.

« Tiens, enregistre ton numéro. Je pourrais te prévenir quand je passe au terrain, ça évitera qu'on se loupe... »

Kagami hoche la tête et s'empresse de s'exécuter, un peu fébrile. Il espérait qu'Aomine le lui proposerait, mais il n'osait pas demander de lui-même. Mais ça lui ôte un poids de savoir qu'Aomine peut le contacter et qu'il n'aura pas besoin d'espérer, en courant le risque d'être déçu, de croiser le jeune flic par hasard. Ça rend les choses plus concrètes, lui assurant qu'Aomine ne va pas s'envoler et disparaître de sa vie aussi subitement qu'il y est entré.

Il rend son téléphone au brun :

« Et voilà ! Du coup... On se voit bientôt. Sur le terrain, ou peut-être sur Twitch. Tu me feras signe si t'es en ligne ?

— Là où je te croiserai en premier, je te le ferai savoir », assure Aomine en cherchant déjà un moyen de lui faire comprendre que c'est lui, sans le lui dire, si l'occasion se présentait.

Les bras ballants, ne trouvant rien d'intelligent ou de pertinent à ajouter, il se dit qu'il est peut-être temps de rentrer. Même s'il n'en a pas envie. Alors qu'il esquisse un pas en arrière pour marquer son départ, il demande :

« Ça ira pour rentrer ? »

— Ça ira ? » répète Kagami sans comprendre, puis il percute. « Oh, ouais. Pas compliqué de retrouver le chemin. Bon bah j'espère que le taf appellera pas et que tu profiteras de ta soirée !

— Ouais ce serait bien. Et désolé si j'ai chamboulé ton programme d'entraînement, lance-t-il en s'éloignant encore d'un pas.

— T'inquiète. Allez, à plus Aomine. »

Il lui adresse encore un sourire, puis se détourne et reprend le chemin de son appartement. En réalité, il est en retard, et si ç'avait été dans d'autres circonstances, ça l'aurait très certainement paniqué, mais là, il ne parvient pas à trouver ça si important. Cette après-midi vaut bien un petit retard. Cela dit, ça ne l'empêche pas de se dépêcher et traverser le quartier à grands pas. Ce n'est pas plus mal qu'il doive tout de suite se mettre au boulot... Sinon il risque de rêvasser plus que nécessaire à ces heures qu'il a passées en compagnie du brun.