Hey ! Nous voici avec la suite. Vous souvenez-vous ... ? Un match sauvage apparaît !
Merci pour vos reviews, ravies que l'histoire vous plaise.
Bonne lecture :)
Quand Kagami sort de son immeuble, direction le terrain de basket à deux pas d'ici, la nuit est calme, contrastant avec ses battements cardiaques qui résonnent dans ses oreilles. Il serre son ballon contre son flanc et se dirige d'un pas résolu vers le rectangle de bitume. Un doute s'insinue en lui : Aomine viendra-t-il vraiment ? Mais le brun n'est pas du genre à se défiler… C'est étrange de se retrouver seul sur ce terrain, à la lumière des réverbères, comme si cette nuit leur était réservée. Le tigre s'étire, inspirant profondément l'air teinté de fraîcheur. Puis, il commence à faire rebondir le ballon sur l'asphalte, son bruit mat et familier gommant celui des battements de son cœur.
Sur les derniers mètres, les mots de Kagami résonnent dans son esprit. Je t'attends. Aomine sait que c'est vrai. De plus d'une façon... Mais il repousse ses pensées pour l'instant en accélérant le pas pour les fuir. Ne laissant de place qu'à leur rivalité sportive et au défi que lui a lancé Kagami.
Un sourire étire ses lèvres lorsqu'il le trouve en train de faire des paniers à la lueur des réverbères, tout juste assez vaillants pour éclairer tout le terrain. Il passe le grillage et pose son sac à côté de celui de son adversaire. D'un geste assuré, il positionne sa casquette à l'envers et s'avance vers son ami.
« Pas trop attendu j'espère ? » demande-t-il dans un sourire narquois.
Kagami se tourne vers son adversaire du soir et son cœur fait un petit bond en réalisant qu'il est bien venu. Évidemment qu'il est venu.
« Je commençais à m'endormir sur le panier », répond-il en dribblant d'une main à l'autre.
Il a du mal à cacher sa fébrilité. Il ne veut pas trop en dévoiler, il déteste être demandeur de quoi que ce soit, mais il devine que c'est pareil pour Aomine.
« En dix points ? propose-t-il. Le premier à les atteindre remporte le match. »
Aomine aime son répondant. Son mordant. Sa façon qu'il a de répondre à chacune de ses provocations sans en prendre ombrage. Kagami joue toujours son jeu, et surenchérit, maîtrisant les règles implicites préétablies. Aujourd'hui, il est capable de dire qu'il trouve ce trait de caractère séduisant. Il sent ses joues s'échauffer à cette révélation inopportune mais le bruit familier du cuir sur l'asphalte focalise rapidement toute son attention.
Il valide d'un hochement de tête les règles énoncées et se positionne en défense, prêt à en découdre.
Kagami dribble face à son adversaire, étudiant ses mouvements. Il ne sent plus aucune peur dans son esprit, tout lui semble clair, d'autant plus avec la nuit qui les entoure, isolant le terrain dans une bulle de lumière. Il feinte à droite, puis à gauche, recule d'un pas et prend le large, faisant passer le ballon dans sa main gauche pour l'éloigner de la portée de l'autre fauve, et court vers le panier aussi vite que ses jambes le lui permettent.
Direct dans le vif du sujet, Aomine s'est laissé déstabiliser. Il monte en puissance avec le temps, et un match en dix, c'est court. Qu'à cela ne tienne, la vitesse est son point fort. Il double Kagami avant qu'il ne tente un saut et se place devant lui pour protéger son panier dans un dérapage contrôlé. Cette fois plus attentif aux micro mouvements précédant une feinte.
Kagami bondit dans les airs sans réfléchir, quitte à bousculer un peu son adversaire. Aomine réagit directement et il sent son corps heurter le sien, s'envoler avec lui, il éprouve la résistance qu'il lui oppose tandis que son bras se lève pour tenter d'amener la balle dans l'arceau... Et le brun le repousse, déviant son tir et lui faisant manquer son panier. Il retombe au sol, frémissant, aussi frustré que stimulé par cette mise en échec. Il a rencontré peu de basketteurs capables de s'opposer à lui quand il mène le duel dans les airs.
« Joli, souffle-t-il sans pouvoir retenir un sourire carnassier.
— Je sais », réplique Daïki dans un haussement d'épaule, cachant mal un sourire rayonnant.
Contrairement aux fois où ils jouent à plusieurs, Kagami ne retient pas ses coups quand ils sont en one and one, et c'est ce qu'il préfère. En attaque cette fois il opte pour le passage en force. Pas le temps de tournicoter pour trouver une faille, il doit saisir l'occasion d'ouvrir le score. Il se heurte au torse de son rival qu'il repousse de son avant-bras, gardant la balle loin de ses pattes habiles. Ce contact rude l'électrise jusque dans ses Jordan's. Il force encore pour le faire reculer d'un pas mais les appuis du tigre sont trop solides. Néanmoins cette bousculade ouvre une brèche dans laquelle il s'engouffre telle une anguille. Un cross over plus tard, il lance la balle en direction du panier, malgré l'angle défavorable.
Kagami est trop loin pour tenter le contre, et il observe le ballon se poser sur l'arceau, hésiter un instant puis tomber dans le filet. Il fronce les sourcils et le récupère sans tarder, déterminé à rendre ce panier à Aomine immédiatement. Il n'a pas la souplesse du brun, et instinctivement Kagami cherche un coéquipier des yeux pour faire la passe avant de se rappeler qu'ils sont seuls ce soir. Mais ça n'en rend le défi que plus stimulant, et il n'est pas non plus dénué d'adresse. Il attend le bon moment et s'élance en avant, changeant de jambe d'appui au dernier moment pour contourner son adversaire, passant le ballon sous son genou pour le dérober à la main leste du brun. Il le récupère de la gauche et se rapproche du panier, tirant à mi-distance dès qu'il se trouve à portée. Il sent Aomine dans son dos mais cette fois il ne se laisse pas repousser et a la satisfaction de voir le ballon passer le filet.
Daïki grogne un peu pour la forme et va chercher le ballon en trottinant. Il profite du trajet retour jusqu'au centre du terrain pour ajuster son dribble. Il se demande brièvement comment la jouer cette fois-ci, puis prend un instant pour se détendre. En basket, les questions n'ont pas leur place. La concentration l'entraîne un peu plus profondément dans ses eaux tranquilles. Il se fait plus souple sur ses chevilles et baisse son centre de gravité. Face à son adversaire il dribble, varie les rythmes. Il avance puis recule, testant les réactions de Kagami qui le suit tel son reflet. Puis d'un coup sans prévenir il fonce à droite. Pile net quand Kagami réussit à frôler le ballon, engage une rotation pour partir à l'opposé et prendre un peu d'avance. Avant de se faire rattraper il shoot. Cette fois, l'angle est optimal, mais pas sûr que ça suffise. Sa courbe n'est pas assez haute...
Le ballon rebondit sur l'arceau et Kagami saute pour le récupérer au vol, et à peine ses pieds touchent terre, il reprend la direction du panier opposé. Alors qu'il gagne en concentration, il laisse parler l'instinct, tous ses sens aux aguets. Le battement rythmique du ballon sur l'asphalte, son propre souffle haletant, son cœur pulsant, et même le froissement des vêtements d'Aomine, il entend tout, tandis que ses yeux sont perpétuellement en mouvement, notant inconsciemment des détails dans la posture de son adversaire qui l'amènent lui-même à adapter sa tactique au fur et à mesure. Il retrouve rapidement ses marques, c'est à la fois très difficile et très facile de jouer avec Aomine. Difficile parce que ce dernier est très fort, mais facile parce que c'est comme une chorégraphie improvisée qu'il adopte d'instinct, comme si son basket et celui d'Aomine se complétaient, c'est un joueur qu'il comprend sans parvenir pour autant à le prévoir.
Kagami bataille un moment avec lui sous le panier, tentant de s'imposer et de repousser son adversaire juste assez pour s'ouvrir une marge de manœuvre et tirer. Il bondit, balance le ballon d'un geste puissant qui balaie le contre du brun. Ce qui lui donne une avance qu'il compte bien conserver.
Comme à chaque fois qu'Aomine joue contre un adversaire de taille – a fortiori Kagami – le basket prend une nouvelle envergure. Un sens bien moins futile qu'un simple jeu ou un exutoire sportif. Ce point-là termine de le faire sombrer. Plus rien autour de la zone éclairée n'existe. À cet instant, le monde pourrait bien s'écrouler autour d'eux qu'il ne le verrait même pas. Tout ce qui compte est en face de lui. Derrière Kagami. La haute silhouette courbe du panier. Il sent au creux de son ventre la chaleur familière de la faim qui le dévore. Sa soif intarissable de victoire. Il ne plaisantait pas tout à l'heure. C'est un gagnant. Pendant longtemps il s'est défini comme tel, s'ajoutant une pression intenable sur les épaules pour coller à son personnage en toutes circonstances. Avec l'âge, sa vision des choses s'est un peu distillée, nuancée. Aujourd'hui il se considère plus comme un battant, parce que les défaites ne l'ont finalement pas tué. Pourtant, ça n'empêche pas ses instincts primaires de ressurgir quand il se sent menacé, ne serait-ce que d'un tout petit point.
Sans penser à rien d'autre que son objectif, Aomine se lance dans une danse endiablée avec Kagami. Rapides, agiles, ils se tournent autour dans un ballet les guidant à travers le terrain, passant d'un camp à l'autre. Aux aguets, la panthère casse leur harmonie dès qu'il sent le moment venu pour filer sous le panier. Son rival le rejoint et saute au contre, sans surprise. Il change simplement de main en vol et tire de derrière lui, dans une courbe ample, hors de portée de Kagami. Il égalise avec satisfaction.
Kagami peut sentir la rage de vaincre du brun, comme une aura qui flamboie autour de lui, densifiant et électrisant l'atmosphère à son contact. C'est un combattant infatigable et acharné, aussi vif qu'agressif. Lui se définit plutôt par sa capacité à endurer, à encaisser, à tenir envers et contre tout. Et il aime la sensation qui chatouille ses entrailles quand il se sent monter en puissance, quand il saisit le rythme de son adversaire et parvient à profiter d'une opportunité juste en le prenant légèrement à contre-temps. Même quand il se sent bloqué et sans solution pour vaincre, il continue d'essayer, jusqu'à ce qu'il y parvienne. À chaque échange, il impose sa présence, il ne recule pas, il refuse de se laisser intimider. Et ainsi ils dansent un moment, mettant des points d'un côté et de l'autre. Quand il a une occasion, il n'hésite pas et tente d'arracher trois points. Pas sa spécialité, mais son tir est précis et cette fois, il a su surprendre Aomine. Son cœur bondit de joie dans sa poitrine lorsqu'il voit le ballon rentrer. Il est si proche de la victoire...
« Fuck ! Tu veux la jouer comme ça ? ... Ok ! »
Sans attendre de réponse Aomine fonce à toute allure pour remonter au score. Il hésite un instant à tenter lui aussi les trois points mais s'il rate, Kagami aura la balle de match. Et s'il réussit... il gagne et leur échange prendra fin. Un pincement au cœur vient troubler sa concentration. Ses tripes protestent, criant qu'il peut l'achever maintenant mais il n'en a pas envie. Comme toujours, il veut que ça dure, il prend beaucoup trop de plaisir et surtout il ne veut pas que cette parenthèse se referme, que cette journée se termine. Il a trop peur de ce qu'il pourrait éprouver demain. Son pouls pulsant dans ses tempes, il dépasse la limite des trois points et réduit l'écart d'un tir impossible dont il a le secret, s'offrant par la même occasion un nouveau round. Encore quelques minutes de répit avec Kagami.
En défense, Aomine le fixe du regard et lui colle au corps pour limiter le moindre de ses mouvements. S'il l'empêche de marquer, il retardera encore un peu l'échéance. De quoi le motiver un peu plus si c'est nécessaire à gagner ce duel.
Kagami a l'impression qu'Aomine aurait pu tenter le trois points, et ça la surprend qu'il n'ait pas essayé. Un soudain manque de confiance ? Ça ne ressemble guère au brun... Mais il ne s'attarde pas là-dessus. Il n'est qu'à un point de la victoire et malgré la défense resserrée d'Aomine, il est certain qu'il peut le faire. Il garde un peu de prudence mais se fait plus agressif, il pousse en avant. Si Aomine veut la jouer au corps à corps, ça ne lui pose aucun problème. Il peut sentir son souffle l'effleurer, son odeur s'exhale plus forte sous l'effort, le troublant quelque peu, mais il repousse ces sensations et pensées, se focalisant sur son but. Il finit par tenter le tir, pivotant pour se débarrasser de son pot-de-colle, mais celui-ci est vif et parvient à lui dérober son bien au vol. Kagami étouffe un grognement rageur et se tient prêt à protéger son panier.
Son cœur vibre dans sa poitrine et il n'est pas certain que l'effort en soit la seule cause. Encore un round, encore une chance. Kagami adopte le même pressing, il le contraint et le gêne avec férocité. Mais loin de l'inquiéter, ça lui arrache plutôt un sourire. Le fauve sort les griffes... Il ne saurait dire lequel du joueur ou du gars attiré par son ami en est le plus satisfait.
Aomine se retourne entre les bras de Kagami pour lui faire dos et le pousse de ses hanches, essayant de pivoter dans la lutte pour retrouver le panier. Il parvient presque à se positionner en face lorsque le tigre tente de lui arracher son bien. Il se voit contraint de céder un peu de terrain pour le protéger de justesse. Le poids de Kagami dans son dos et son souffle sur sa nuque lui arrache un frisson qu'il ignore tandis qu'il saute. Il ajuste sa trajectoire dans les airs faisant barrière de son corps à l'envergure menaçante de son opposant qui le colle toujours.
Kagami fait une tentative désespérée pour dévier le tir, mais Aomine est plus rapide que lui et fait rentrer le ballon dans l'arceau sous ses yeux. Il retombe au sol et s'appuie des deux mains sur ses genoux, hors d'haleine. Il vient de perdre et ça le fait enrager, mais ce sentiment n'est pas aussi intense que d'habitude. Maintenant que la pression retombe, le trouble revient l'envahir. Ces derniers échanges étaient particulièrement physiques et il ne peut ignorer l'effet que ça lui fait. Ça le désoriente et le stimule à la fois, c'est intense et étourdissant comme un sport extrême. Il essuie son visage dans son t-shirt, reprenant doucement conscience du calme de la nuit autour d'eux. On n'entend que le bourdonnement urbain familier, et leurs respirations précipitées.
« La prochaine elle est pour moi » affirme-t-il, les yeux rivés sur le bitume.
Aomine sourit et acquiesce en silence. Il essaie tant bien que mal de calmer sa respiration défaillante. Il marche un peu pour que son pouls se calme graduellement. Mais ça ne suffit pas. Toujours sous l'effet de la concentration, les sens en alerte, il est bien trop conscient de la présence de Kagami à ses côtés. De son souffle, de son parfum que la brise nocturne lui ramène obstinément. Il peut presque encore sentir son corps contre le sien alors que plusieurs mètres les séparent. L'adrénaline quitte peu à peu son corps, mais pas la tension qui l'agite. À présent il retrouve sa nervosité, et il n'y a plus la distance ni d'écran interposés entre eux pour la camoufler.
Il finit par arrêter ses cents pas et lève le nez au ciel, y cherchant quelques étoiles que les lumières de la ville n'auraient pas effacé. Mais les nuages de la journée divaguent toujours dans le ciel sombre, voilant le spectacle.
Jouer en ligne contre son ami était facile, lui parler par téléphone plus qu'il n'aurait cru, l'affronter en one and one stimulant, comme toujours, et pourtant pas tout à fait de la même façon. Tout à son excitation, il n'a pas anticipé l'après match, cet instant de calme où l'euphorie les étreint encore. Pas assez fort cependant pour étouffer les doutes. Soudain, il se sent fébrile et ne sait plus quoi faire, ni quoi dire.
Kagami remarque l'agitation du brun et n'est pas vraiment surpris. Après tout, il se passe beaucoup de choses entre eux ces temps-ci, et l'atmosphère est chargée. Bizarrement, lui se sent plutôt calme. Le basket l'a vidé, et... Il ignore ce qui l'apaise, si on peut dire ça comme ça, mais ce soir, aucune question ni pensée parasite ne vient l'encombrer. Peut-être une sorte de fatalisme mais sans le côté négatif. Il sait qu'il s'est engagé sur un chemin incertain où il n'a pas toute la maîtrise de la situation. Il devrait détester ça, mais ça a aussi un côté libérateur.
Il retourne près de son sac et boit à sa bouteille, puis remballe ses affaires et sourit à Aomine.
« Je devrais t'en vouloir parce que j'ai perdu, mais c'était un beau match. Et... je suis content que tu aies tout lâché pour venir en pleine nuit. »
Aomine qui retrouvait tout juste des pensées plus cohérentes sent son cœur se serrer en comprenant que Kagami est sur le départ. Il le rejoint pour se désaltérer. L'eau lui fait du bien et dénoue un peu sa gorge. Il réfléchit à toute allure pour trouver un truc à répondre qui soit satisfaisant, traduisant son ressenti. Mais c'est difficile quand on ne sait même pas vraiment ce qu'on ressent. Il est perturbé, ce qu'il a vraiment envie de dire lui semble insensé. Trop en décalage avec ce qu'il devrait.
« Les vrais gagnants savent perdre... pas vrai ? » Le cite-t-il avec un demi sourire avant d'ajouter plus bas : « Je suis content aussi, j'avais besoin de ça...
— Yeah ? Tant mieux... moi aussi je crois », approuve Kagami. Il sourit de nouveau et pose sa main sur l'épaule d'Aomine, la pressant doucement. « Well... Je vais me coucher. On se voit bientôt. »
En le disant, il a la certitude que c'est vrai, c'est pourquoi il est prêt à partir sans avoir le cœur lourd. Il est peut-être disposé, après tout, à vivre un jour après l'autre et avancer pas à pas...
Une douce chaleur vient chatouiller son estomac à ce contact plus affectueux qu'amical. Il ne sait pas si c'est la fatigue, mais il sent Kagami serein. La force tranquille qui émane de lui à cet instant apaise un peu la tempête qui couve en lui.
« Ouais, à bientôt. Bonne nuit Kagami. »
Kagami serre encore un instant son épaule dans sa main puis finalement la lâche et s'éloigne, il a toujours un peu de mal à réaliser qu'ils ont improvisé ce basket aussi vite alors qu'ils étaient en pleine partie de jeu vidéo et se sentaient aussi nerveux à l'idée de se voir. Finalement, c'était sans doute une bonne chose de suivre leur impulsion, ce basket a dissipé le malaise et l'anxiété qui aurait pu s'accrocher à eux.
Il se dépêche de rentrer chez lui pour filer sous la douche. Alors qu'il se détend sous l'eau chaude, ses pensées dérivent vers le brun, revivant leur match, la sensation de son corps près du sien, l'intensité de leurs échanges, la flamme bleutée dansant dans ses yeux. Il soupire en s'appuyant contre le carrelage, regardant son sexe dressé. Pourtant, il ne fait rien pour soulager la tension... Sachant que la dimension physique de leur relation est potentiellement un problème, il ne peut se résoudre à se toucher en pensant à lui. Et... il a du mal à penser à autre chose qu'à lui.
Il pousse un nouveau soupir et sort rapidement de la douche. Après s'être brossé les dents et avoir enfilé un caleçon et un t-shirt ample aux couleurs des Lakers de L.A., il déploie son futon et se couche. Il reste un instant les yeux grand ouverts dans le noir, puis attrape son portable pour envoyer un message à Aomine, mais il ne trouve pas ses mots. Alors finalement, il repose son téléphone et ferme les yeux à la recherche du sommeil.
Aomine a fait mine de ranger ses affaires et de partir à son tour. Mais ses pas le ramènent finalement en arrière. S'il rentre maintenant, il ne trouvera jamais le sommeil et finira par se noyer dans une nébuleuse de tourmente sans étoiles, comme la nuit de ce soir. Il sort son ballon de son sac et commence à dribbler. Il a besoin d'évacuer le reste de l'électricité circulant dans son corps. Vu son état de fatigue, il ne force pas trop, le but n'est pas d'aller se blesser. Mais le basket l'a toujours calmé, même si cette fois les souvenirs frais de leur affrontement ne semblent qu'attiser son agitation.
Il enchaine les paniers, quelques dunks puis se laisse aller dans un drible, déversant le reste de l'énergie fourmillant sous sa peau dans ses gestes et sa technique. Il ne sait pas combien de temps il reste sur le terrain dans la nuit qui s'épaissit. Le temps qu'il faut pour se sentir assez calme et prêt à affronter la solitude qu'il a redouté jusque-là. Il sait qu'il en a besoin à présent. Qu'il ne pourra de toute façon plus y échapper, alors autant l'apprivoiser. Cependant, avant de partir il jette un coup d'œil à l'immeuble de Kagami. Le savoir juste là avait quelque chose de rassurant. Ce qui est paradoxal en un sens, puisque c'est sa présence physique qui l'a troublé plus qu'il ne l'aurait imaginé.
Quand il se faufile enfin entre ses draps, encore humide de sa douche, il est épuisé. Le contrecoup du match, de la journée et du stress le terrasse. Il n'a même pas le temps de se demander s'il va ruminer ou devoir lutter pour trouver le sommeil qu'il s'endort déjà.
