Et bonjour vous :) !
Nous revoici après un match improvisé en pleine nuit, plutôt intense... En vous souhaitant une bonne fête nationale, et de bonnes vacances pour ceux qui y sont déjà.

Bonne lecture !

Shadow: Merci pour ton mot, le match a fait son petit effet ^^

K-FicModo: Avoue, c'est pour avoir ton nom ici en fait ? xD Merci beaucoup pour tes encouragements.


Aujourd'hui, c'est le dernier jour du séjour de Tatsuya. Kagami passe donc la journée avec lui, essentiellement à jouer aux jeux vidéo et à manger dix fois trop. Le temps passe vite et Kagami oublie un peu le brun qui hante ses pensées, il se concentre sur son meilleur ami, il a le cœur un peu serré à l'idée de le voir partir. Mais Tatsuya lui fait promettre de venir à L.A. dans les prochains mois, et il accepte. En plus, l'idée de revoir la Californie réveille une certaine nostalgie en lui, et il réalise que cet endroit lui manque. Il s'imagine le faire découvrir à Aomine, improviser un basket avec les locaux, se balader sur la plage, boire un verre après le surf... Puis il se secoue. Il s'avance beaucoup trop... mais il ne peut s'empêcher de rêver. Rêveries que ne manque pas de remarquer son frère de cœur, qui se moque de son air distrait et absorbé.

« Je pars demain et tu passes ton temps à penser à quelqu'un d'autre !

— Hey ! C'est pas vrai. Mais ouais... Je suis un peu distrait, j'imagine.

— Je plaisantais, sourit Tatsuya en lui mettant un gentil coup de coude. Hé, si on sortait ce soir ? On pourrait retourner au bar de Kuroko et inviter Aomine et Momoi à nous rejoindre. »

À cette idée, le cœur de Kagami bondit. Oui ça lui plairait beaucoup... Il repêche son téléphone dans sa poche et tape un message en hâte.

Kagami - 18h11

Hey, Tatsuya s'en va demain et on pensait passer la soirée au bar de Kuroko. On se demandait si Momoi et toi aimeriez venir.

Aomine a passé la majorité de sa journée au lit. Comme il s'en doutait, les instants de quiétude volées la veille n'ont pas duré et la réalité l'a rattrapé. Une réalité où il est hanté par des images et des souvenirs de Kagami, son désir d'être proche de lui, de le toucher dévorant son ventre. Son cœur n'a cessé de battre lourdement, et plus vite qu'il n'aurait dû. Il peut sentir chaque pulsation jusque dans sa gorge, lui laissant le souffle court. Son estomac n'a rien voulu savoir non plus. Ne rien avaler de la journée a certainement empiré sa sensation de faiblesse. Il déteste être malade, mais il aurait préféré. Au moins ce serait une raison valable pour se retrouver dans cet état léthargique.

Il n'a néanmoins pas complètement fait l'autruche. Discutant un peu avec Satsuki. Sur ses encouragements, il a trouvé la force de sortir de l'obscurité de sa chambre pour reprendre des forces. Au début il s'est forcé, mais plus il avalait de bouchées, plus la faim grandissait. Il s'est même autorisé deux desserts pour se sustenter. Sa boule au ventre ne s'est pas dissipée, mais au moins son pouls est stable. Alors qu'il s'apprêtait à rassurer son amie, il trouve le message de Kagami. Un bond dans sa poitrine encore douloureuse et une sueur froide coulant dans son dos le font hésiter. Il ne sait pas s'il sera de bonne compagnie, et vu l'état dans lequel il s'est mis la dernière fois, il préfèrerait éviter les bar. Mais si c'est celui de Kuroko...

Aomine - 18h25

Je pensais que vous auriez préféré être entre vous mais ouais, pourquoi pas.
Vers quelle heure ?

Kagami -18h27

On décolle d'ici une demi-heure. Momoi vient ?

Le rouge sourit, content qu'Aomine ait accepté. Une part de lui s'inquiète toujours de le voir fuir, délaissant une situation trop compliquée pour arpenter d'autres horizons où il sera plus à l'aise. Cette pensée lui noue les tripes, car il a bien conscience que les risques sont grands. Mais que peut-il faire d'autre que vivre avec ? Car en ce qui le concerne, il n'a pas envie de fuir. Comme Alex et Tatsuya lui ont recommandé, il tâche de se préserver, de voir un jour après l'autre, mais cela n'empêche pas son cœur de s'emballer à l'idée de voir le brun.

Aomine - 18h29

Ok, on se retrouve là-bas. Elle y est déjà.
Sors-la de son écran en arrivant tu veux bien ?

Il esquisse un rictus en imaginant Kagami mettre son ordinateur hors de portée de Satsu. S'il était moins nerveux et perturbé à l'idée de revoir son 'ami' il en rirait presque. Il regarde l'heure et décide d'aller courir un peu sur le tapis de la salle de sport au rez-de-chaussée. Juste vingt minutes se dit-il. Juste pour éviter de trop penser et de changer d'avis.

Lorsqu'il remonte pour se préparer à sortir, il réalise qu'il sera en retard, mais la course lui a fait du bien. Les endorphines dissipent le gros de son stress. Tandis qu'il transpirait dans l'effort, comme cette nuit sur le terrain, ses pensées étaient moins bruyantes. Présentes mais pas assez violentes pour le paralyser comme aujourd'hui. Ça lui a permis de réfléchir un peu, alors il ne se blâme pas trop pour le temps supplémentaire qu'il a pris pour lui. Toutefois, il fait vite sous la douche et ne se sèche que brièvement les cheveux.

Devant son armoire, il hésite un moment. Il se demande quelle tenue apprécierait le plus Kagami, puis en réalisant le tour que prennent ses pensées, il secoue la tête et prend les premières pièces qui lui tombent sous la main. À savoir son jean délavé préféré, un peu baggy et une chemise blanche dont il retrousse les manches et ouvre un peu le col pour faire plus décontracté. Alors qu'il ne l'est pas du tout ! Décontracté ... Il soupire en enfilant ses Jordan's spéciales sortie. Il va devoir faire avec, ce n'est pas comme s'il allait annuler maintenant de toute façon.

Quand Kagami et Himuro arrivent au bar, ils repèrent immédiatement la rose, effectivement plongée dans son ordinateur portable. Kagami adresse un salut de la main à Kuroko qui nettoie des verres derrière le bar, puis il s'attable avec Tatsuya face à la jeune femme. Comme elle ne les remarque pas, il se racle la gorge et s'adresse à elle d'un ton mi gêné, mi amusé :

« Salut... Désolé mais on a pour instruction de te "sortir de ton écran"...

— Et j'ai pas envie de froisser la police juste avant de partir, appuie Tatsuya d'un air mortellement sérieux. Alors je préfère coopérer plutôt que de me retrouver au poste. »

Trop concentrée sur son travail, Satsuki sursaute presque en entendant la voix de Kagami. Elle fronce un peu les sourcils en analysant leurs paroles puis hausse les épaules en retournant à sa rédaction.

« Salut, commence-t-elle. C'est pour toi que je bosse, je te ferais remarquer. Et bien que ce soit tout à ton honneur, Daï-chan n'a plus d'autorité jusqu'à lundi, alors tu ne crains absolument rien, déclare la rose dans un sourire enjôleur à Himuro.

— Ah, mais c'est vrai ça ! s'enthousiasme Tatsuya. Bon pas de problème alors. Tu peux continuer à travailler », conclut-il avec un clin d'œil.

Kagami hausse les épaules et va leur chercher des bières au comptoir, jetant un œil nerveux à son portable en attendant d'avoir l'attention de Kuroko. Il aimerait savoir quand Aomine va arriver. Il ne peut s'empêcher de se demander ce qu'il va porter. Lui en tout cas n'a pas misé sur la séduction pour ce soir, préférant un vieux t-shirt délavé à l'effigie d'un bar de L.A. dans lequel il est à l'aise, et un simple jean noir.

« Elle n'a pas voulu t'écouter non plus ? demande Kuroko à son nouveau client en désignant son amie d'un geste du menton.

— Non... » Il la regarde d'un air pensif. « J'imagine qu'elle est du genre bosseuse. Et puis, je peux comprendre. Quand t'as pas fini un truc... »

Kuroko secoue la tête. Des heures qu'elle n'a pas levé le nez. Il fait signe à Kagami de ne rien dire puis se dirige vers la zone d'encaissement de son bar pour éteindre la box. Aux grands maux les grands remèdes. Il ne faut que quelques secondes à Satsuki pour s'indigner, pestant contre sa connexion hasardeuse.

« C'est le destin Satsuki-kun. Tu veux boire quoi ? » lui demande-t-il sans rien laisser paraître. « Et vous ? Deux bières ? »

Kagami regarde amusé cette méthode expéditive pour régler le problème, comme un parent débranchant la console d'un ado trop absorbé par son jeu.

« Ouais une bière ce sera bien », répond-il à Kuroko, puis il retourne s'asseoir.

Satsuki râle encore un peu en rangeant son pc mais le regard que Tetsu lui lance en lui apportant son cocktail préféré lui arrache un soupir résigné. Ok, c'est bon pour aujourd'hui... D'autant que Daïki ne devrait pas tarder et elle préfère être entièrement présente pour lui, alors ce n'est peut-être pas plus mal que la connexion ait sauté. Elle se radoucit immédiatement en pensant à lui.

« Désolée les garçons... C'est sympa de vous revoir. Content de ton séjour Himuro ?

— Oui. Ça m'a fait plaisir de revenir ici, ça faisait longtemps. Il y a toujours des trucs qui me manquent à L.A. Des petits détails parfois... Tu sais, comme une marque de thé introuvable à l'étranger ! »

Kagami boit pensivement sa bière. Il tourne le dos à la porte et à son grand dam, il ne peut pas la surveiller. Cependant, ce n'est peut-être pas plus mal, inutile de rester sur le qui-vive et de se stresser pour rien... Alors il écoute d'une oreille distraite, mais peine à se concentrer.

La jeune femme hoche la tête. Elle n'a quitté le Japon qu'une fois, et pour un séjour de courte durée. Un voyage scolaire, alors elle ne peut qu'imaginer ce que vit le brun. Et certainement Kagami, à l'inverse.

« Pour ce genre de chose tu peux me passer commande si ça te manque vraiment », propose-t-elle en souriant. Elle le fait parfois pour Kise quand il part de longues semaines. Un colis de plus ou de moins ne la dérangera pas.

« Tu es plus prévenante que Taiga ! approuve Tatsuya avec un grand sourire.

— Comme si tu m'envoyais des trucs, toi... grogne Kagami.

— Je t'ai déjà expliqué que je pouvais pas t'envoyer de burgers par la poste...

— Hmpf... » rétorque vaguement Kagami avant de reprendre une gorgée de bière.

Elle rit de leurs chamailleries, inexplicablement touchée par leur échange.

« Ouais... on va éviter la nourriture fraîche ! Mais pour le reste n'hésite pas. Et toi Kagamin, à part les burgers, L.A te manque pas trop ? » Demande-t-elle un brin moqueuse.

Il ignore son ton sarcastique et prend le temps de réfléchir avant de répondre :

« C'est plus facile d'aller à la mer, et l'été est plus long et beaucoup moins pluvieux. Et les Américains sont moins... formels que les Japonais, parfois, ça facilite les choses. »

Satsuki hoche la tête, considérant ces paroles avec un pincement au cœur. Elle se doute de quoi Kagami veut parler. Au-delà des conventions qu'elles sait culturellement beaucoup plus présentes dans son pays natal qu'à l'étranger, les relations en règles générales sont très taboues ici. Elle est inquiète en pensant à sa situation peu confortable, et potentiellement celle de Daïki...

« Je veux bien te croire. C'est fou comme le Japon peut être avancé et aussi... archaïque à la fois.

— Oh tu sais y a plein de gens très 'archaïques' aussi aux USA, tempère Tatsuya avec un sourire en coin. Prêts à te poursuivre une Bible dans la main et une arme dans l'autre si tu menaces leur "mode de vie" !

— Pas faux ! » ricane la rose un peu gênée de sa propre naïveté.

Lorsqu'il arrive au niveau du bar, Aomine repère tout de suite le trio à la table préférée de Satsuki depuis le trottoir. Il est content de voir qu'elle ne travaille pas, et de la voir tout court en fait. Il frotte ses mains moites sur son jean avant d'ouvrir la porte partiellement vitrée. Il adresse un hochement de tête à Himuro qui l'a repéré et se dirige directement vers le bar pour commander et saluer Kuroko.

« Yo Tetsu, ça va ?

— Mieux que toi visiblement. T'as l'air fatigué.

— Trop aimable, merci ! Ouais... j'ai joué tard. Admet-il en grognant.

— Je vois... » déclare Tetsu, scrutateur.

Il détourne le regard, trop en vrac pour le soutenir ou jouer au jeu des apparences. Son ami finit par lâcher l'affaire et lui sert une pinte de bière rousse, sans qu'il ait à le lui demander.

« Merci. Tu nous rejoins ?

— Plus tard peut être.

— Ok. »

Il sent le regard azur peser sur sa nuque alors qu'il rejoint la tablée où une place l'attend. Dans un soupir de contentement, il se hisse à côté de Satsu et imprime un sourire sur son visage en les saluant.

Kagami a entendu la voix d'Aomine quand il est entré dans le bar et a fait un effort pour ne pas se retourner. Mais quand il s'assoit à table il relève la tête et son cœur manque un battement. Bien que visiblement fatigué, Aomine lui semble rayonnant. Sa chemise blanche fait ressortir son teint foncé et ses yeux à l'étrange bleu outremer, qui semblent tourmentés et pleins de nuages aujourd'hui. Il lui adresse un sourire sûrement un peu crispé tandis que la chaleur lui monte au visage.

« C'est sympa de venir me dire au revoir », dit Tatsuya avec une pointe subtile d'ironie, puis qu'il sait bien qu'il n'a probablement pas grand-chose à voir avec ses motivations.

« C'est sympa d'inviter », réplique Aomine avec un rictus.

Il ne relève pas le ton narquois et lève son verre à l'intention du brun avant d'en boire une longue gorgée. L'amertume lui reste en bouche mais ça lui fait du bien. Il garde dans un coin de son esprit de ne pas trop abuser non plus, il a les idées assez embrouillées sans rajouter une nouvelle gueule de bois par-dessus. À côté de lui, sa meilleure amie glousse en le regardant, et il comprend pourquoi lorsqu'il sent de la mousse lui chatouiller le haut de la lèvre. Sans réfléchir il passe sa langue dessus puis s'essuie le coin de la bouche. C'est là qu'il croise le regard de Kagami face à lui, fixé sur ses lèvres. Un coup de chaud soudain accélère son cœur et il replonge dans sa bière pour le dissiper.

Kagami détourne rapidement le regard, tâchant de dissimuler son trouble qui lui semble pourtant se voir comme le nez au milieu de la figure. C'est étrange, sans le basket pour les occuper et avec leurs amis autour, il se sent plus vulnérable et à fleur de peau. Il s'inquiète tout à coup : si ça continue comme ça, Aomine va sûrement trouver une excuse pour annuler cette randonnée. Mais il ne peut pas pour autant marcher sur des œufs ou faire semblant de ne rien éprouver... Il fixe obstinément sa bière et prend une inspiration. Il faut commencer par se détendre. Il écoute la conversation de Tatsuya et Momoi, cette dernière semblant encore curieuse de savoir à quoi ressemble la vie à L.A., et il apporte quelques commentaires de temps à autres.

Égaré dans ses pensées, Aomine observe son vieil ami remplir tout un plateau de verres sans vraiment le voir. Est ce qu'il était dans cet état hier aussi ? Il se fait l'effet d'un gamin timide – qu'il n'a jamais été – un jour de rentrée des classes dans une nouvelle école. Le basket cette nuit lui a servi de rempart, son ballon de bouclier. Ce soir il n'y a rien pour le protéger de l'évidence. Dans sa tête ça résonne en boucle, haut et fort : Kagami me plait, Kagami me plait, Kagami me plait. Et plus troublant encore, il aime beaucoup constater que c'est réciproque. Pourtant son vis à vis ne tente rien. Il l'évite même du regard, alors qu'une part de lui meurt d'envie de presser son genou contre le sien sous la table. Ce qui a le don d'ajouter à ses tourments. Attend-il un pas de sa part ?

Satsuki visualise parfaitement la ville que lui dépeint Himuro. Ça lui donne des envies de vacances. Elle rit et échange facilement avec les deux garçons, gardant à l'œil l'état de Daïki. Pour le ramener parmi eux et le détendre, elle lui presse doucement la cuisse.

Tout en discutant avec Momoi, qu'il trouve aussi intéressante que jolie, Himuro observe à la dérobée son frère de cœur et l'objet de ses pensées. C'est assez drôle de les voir s'éviter du regard et se comporter comme deux enfants timides. En fait, à cet instant-là, il a l'impression de revoir Taiga gamin, ses sourcils froncés, son regard fuyant, la façon dont il marmonne quand il n'est pas à l'aise, se protégeant derrière son air bourru. Il ne l'a pas souvent vu en compagnie de quelqu'un qui lui plaisait, mais il devine qu'il a toujours plus ou moins ce genre d'attitude quand c'est sérieux et qu'il n'est pas sûr du gars en face.

Au fond de lui, Himuro espère qu'Aomine va affronter ce qu'il ressent et en tirer les conclusions qui s'imposent, quelles qu'elles soient, et assez vite pour ne pas briser le cœur de Kagami – car c'est déjà arrivé par le passé. Parfois, imagine-t-il, les gens sont flattés quand ils sont l'objet d'attention, et ils confondent peut-être ce sentiment agréable avec l'attirance qu'ils éprouvent, ou dans le pire des cas, ils s'en servent tout simplement pour nourrir leur ego. Il n'est pas sûr de ce que c'était pour Taiga, mais ce qu'il sait en revanche, c'est que l'autre gars a tergiversé, fait miroiter un espoir, puis s'est débarrassé d'une relation encombrante... d'une personne encombrante. Après ça, Taiga s'est encore un peu plus refermé sur lui-même et même si Himuro est tout prêt à accorder le bénéfice du doute à Aomine, d'autant qu'il a une bonne intuition à son sujet, il redoute tout de même de voir l'histoire se répéter pour son frère de cœur.

La main de Daïki repose à présent sur celle de Momoi et serre doucement ses doigts. Elle lui adresse un sourire en retour mais elle s'inquiète pour lui. Elle sait que ce qu'il éprouve pour Kagami est très sérieux, tout simplement parce qu'il n'essaie pas de jouer les séducteurs. Ça l'a frappée très vite. Alors qu'il était joueur et taquin avec lui il n'y a encore pas si longtemps, depuis qu'il a réalisé que c'était plus qu'une belle amitié, il est dans ses petits souliers. La sadique qui vit en elle s'en amuse, elle ne l'a jamais vu comme ça... Si peu sûr de lui. Pourtant, même lorsque Kise était en pamoison devant lui, il ne s'était pas démonté et se permettait de flirter pour mieux le rembarrer. Un jeu tordu entre eux dont elle n'a jamais saisi les règles. Il ne doit vraiment plus savoir où il en est s'il en oublie son naturel charmeur. Ou alors c'est autre chose, pressent-elle.

Elle se régale des souvenirs d'enfance des deux amis, constatant avec ravissement le plaisir que prend Himuro à embarrasser Kagami. Elle rit à sa moue renfrognée.

« Ça me rappelle Daï-chan. Une vraie tête de bourrique. Une fois on a dû s'y mettre à cinq pour réussir à le faire bouger du terrain. »

Son surnom lui fait tourner la tête. Il fronce les sourcils, des flashs de ce souvenir s'imposent immédiatement à son esprit, l'arrachant à ses réflexions.

« Hé ! C'était par fairplay comme stratégie ! Suffisait de demander gentiment ! »

Content que l'attention ne soit plus focalisée sur lui, Kagami se fait oublier de son mieux. Il jette un coup d'œil à Kuroko, se disant que son pouvoir de ninja doit parfois être très utile.

En tout cas, d'après ce qu'il entend, Aomine ne semble pas avoir changé tant que ça depuis l'époque des anecdotes rapportées par Momoi. Mais ça lui fait aussi réaliser qu'il en sait très peu sur son passé... Finalement, il y a tant de choses qu'il ignore à son propos, et même s'ils se sont rapprochés rapidement, même s'ils ont la sensation d'avoir un lien fort et spontané, ils ne se connaissent pas vraiment. Il n'aime pas la sensation que ce constat provoque en lui, car ça lui rappelle que quoi qu'il ait pu ressentir, leur relation reste fragile encore. Il s'emballe vite, et il a l'impression qu'Aomine aussi, mais qu'est-ce que ça signifie, finalement ?

Les doutes l'envahissent, et avec eux, la mélancolie le rattrape. Les souvenirs du passé, la perspective du départ de Tatsuya demain, toutes les incertitudes qui ressurgissent, tout conspire à noircir sa soirée. Il écoute un peu plus distraitement et sourit à Kuroko qui lui rapporte une bière. Pour l'instant, l'alcool arrondit les angles et en dépit de la mélancolie, il sent une légère brume cotonneuse l'entourer.

Aomine accepte la seconde bière mais se promet de ne pas aller plus loin. Il observe Satsuki discuter avec Himuro. Ils ont l'air de bien s'entendre ces deux-là... se dit-il en les écoutant parler de maths à présent. Au moins, elle a cessé de se moquer de lui. Il ne peut s'empêcher de remarquer que Kagami s'est retiré aussi de la partie. Il joue avec une capsule de bière distraitement et une sensation désagréable l'envahit en lisant son air soucieux. Instinctivement il cède à sa pulsion, sans plus se demander s'il devrait oser ou non, s'il a le droit ou pas. Il se laisse glisser sur son fauteuil, il ne lui manque pas grand-chose pour que ses longues jambes rencontrent celles de Kagami. Le contact lui fait prendre conscience de son geste, son estomac se noue mais il ne recule pas. Parce qu'au moins maintenant, son ami le regarde.

Kagami sursaute quand il sent la jambe d'Aomine contre la sienne, et bizarrement ça a l'air volontaire puisque le brun ne s'excuse pas ni ne retire sa jambe. Il le fixe quelques instants, mais il ne parvient pas à lire dans son regard et détourne le sien, très conscient de leur contact et du coup ne bougeant plus du tout, si ce n'est pour boire son verre, sans doute un peu plus vite maintenant.

Aomine sent le rouge lui monter aux joues et remercie son teint sombre de le préserver. Bien qu'il ait l'impression que sa voisine pourrait entendre les battements de son cœur. Il imite Kagami et boit de sa bière, à défaut de savoir quoi dire. Réaliser que son ami n'en mène pas large non plus le rassure plus que la présence de Satsuki en cet instant. Parce que même si ce n'est pas nouveau pour le tigre d'être attiré par des hommes, il n'a pas l'air d'être plus informé que lui sur la marche à suivre dans ce genre de situation étrange.

« Tu comprends un truc à ce qu'ils racontent toi ? » demande-t-il sur le ton de la confidence.

Kagami est surpris par la question et soudain réalise qu'il n'a quasiment pas échangé un mot avec lui depuis le début de la soirée. Il sourit rapidement, nerveusement, et secoue la tête.

« J'ai décroché il y a un moment... Au moins, ils s'entendent bien » ajoute-t-il en se disant qu'effectivement, dans l'hypothèse où les choses se passeraient bien... C'est important que leurs meilleurs amis mutuels s'entendent.

Aomine acquiesce en leur jetant un nouveau coup d'œil. Il se demande si finalement s'était une bonne idée de venir. Kagami a l'air ailleurs, comme lui... Pourtant il l'a invité. Il a peur de poser la question mais il ne veut pas non plus gâcher la dernière soirée de son ami avec son frère. Il se racle la gorge avant de demander incertain.

« Tu_ tu préfères qu'on vous laisse ? Je comprendrais tu sais...

— Uh ?! » Kagami se redresse et se frotte la nuque, embarrassé. « Non désolé... C'est moi qui vous ai invités. Je suis juste... » Il esquisse un sourire et ajoute d'un ton bas : « J'ai un peu le cafard, c'est tout. »

Aomine sourit doucement, rassuré et en même temps compatissant. Il appuie un peu plus son genou sur celui de Kagami en guise de soutien.

« Je me doute... je sais pas ce que je ferais si Satsuki partait vivre à l'autre bout du monde. T'as pu profiter de lui comme tu voulais ?

— Ouais, c'était bien. Et puis de toute façon maintenant faut que je bosse... Les compétitions vont pas se gagner toutes seules !

— C'est sûr ! Tu vas vite avoir de quoi t'occuper.

— Ouais... Et toi tu crois que tu vas pas trop tourner en rond en attendant de reprendre le travail ?

— Honnêtement ? J'ai pas vraiment repensé au travail, admet-il en jouant nerveusement avec sa chope. J'envisageais même de poser quelques jours de plus. Après la rando j'ai peur que le retour à la réalité soit trop violent. Je me disais que ce serait l'occasion de passer voir ma mère, ça commence à faire longtemps...

— Ça me paraît une bonne idée... C'est peut-être pas plus mal que tu penses à autre chose qu'au boulot et que tu prennes du temps pour toi. »

Kagami note qu'Aomine amène de lui-même le sujet de la randonnée, alors il doit toujours être décidé à la faire... Ça le surprend presque, et il s'aperçoit qu'il se laisse vraiment trop rattraper par les doutes et la mélancolie ce soir. Il n'est pas exactement optimiste dans la vie de tous les jours, il dirait plutôt déterminé, et certainement pas pessimiste. Mais bien sûr... il y a des jours sans.

Un rictus étire le coin des lèvres d'Aomine. Non, ce serait même le moment parfait pour le faire. Parce qu'il a encore l'horrible sensation d'avoir loupé des choses d'une importance capitale, alors qu'il pensait bien se connaître... À bien y réfléchir, dans le fond c'est plus ça qui le dérange vraiment que d'avoir un crush pour Kagami – même si ça reste déroutant. Évidement ça lui a pris quelques jours pour le réaliser, mais son envie de le voir, de partager des moments avec lui, de le connaître plus n'a pas vacillé d'un pouce. Maintenant il sait juste pourquoi ça lui tenait tant à cœur. Parce qu'il tient à lui, différemment de la façon dont il tient à ses autres amis. Entre ça, quoique ça puisse être ou... devenir et la remise en question de sa carrière la semaine d'avant, il sent qu'un break s'impose.

« Ouais, je pense aussi. J'ai besoin de temps pour me poser les bonnes questions et en bossant, j'y arriverai pas. »

Kagami hoche la tête d'un air sérieux. Il ne sait pas quelles sont ces bonnes questions exactement, ni même, au fond, ce qu'Aomine doit réellement démêler. Mais c'est certain que passer son temps au travail ne permet pas forcément de faire les introspections nécessaires.

« Yeah... Je comprends. On est dans un cas typique de "un mal pour un bien", du coup », ajoute-t-il avec un léger sourire.

Le brun ricane un peu à l'expression, et aussi parce que ça fait du bien de sentir cette tension entre eux se dissiper doucement.

Satsuki aussi peut sentir l'ambiance s'alléger. L'humeur des deux fauves n'est pas au beau fixe, mais elle ne s'attendait pas à autre chose vu l'état de Daïki aujourd'hui. Elle a même été plutôt surprise de le voir accepter l'invitation. Elle a entendu malgré elle des bribes de leur conversation. La jeune femme est plutôt d'accord avec Kagami. S'il a besoin de temps pour lui, c'est bien qu'il le prenne. Ça pourrait être inquiétant, pourtant pour quelqu'un qui a l'habitude de faire l'autruche elle trouve la démarche au contraire assez rassurante. Daïki n'a pas envie de fuir ce qui lui arrive, il a seulement besoin de comprendre.

Elle profite que son interlocuteur pose les yeux sur le duo qui la préoccupe pour se pencher vers lui et demander d'un ton complice :

« Toi qui es expert en statistiques ... combien de chances ils ont à ton avis ?

— Hm... Il me manque pas mal de données alors je peux pas faire mieux qu'un banal 50-50, navré ! admet Tatsuya avec un sourire en coin.

— Quelle genre de données ? s'intéresse Satsuki, amusée.

— Eh bien... J'ai pas grand-chose sur Aomine. Difficile de savoir à quoi m'attendre quand je connais pas l'une des deux parties concernées !

— Certes... Dit comme ça. » Elle les observe se sourire en silence, avale le fond de son cocktail et affirme à Himuro avec un doux sourire. « Moi je donnerais un... 60-40. »

Il hausse un sourcil et appuie son menton sur sa main :

« Ah oui ? Explique-moi... »

Satsuki s'approche un peu plus pour éviter que les autres n'entendent sa confidence.

« Et bien pour commencer ... Daï-chan est là... » commence-t-elle en ménageant son effet. « Avec une chemise. Il n'en porte jamais s'il n'est pas obligé », conclut-elle dans un haussement d'épaule.

Cette révélation le fait éclater de rire.

« Je vois ! Ça a l'air sérieux en effet. »

Il jette un coup d'œil à Taiga, c'est sûr que lui n'a pas fait d'efforts de ce côté-là. Clairement il n'est pas en opération séduction ce soir, car Himuro sait de source sûre qu'il sait très bien se mettre en valeur quand c'est le but recherché. Puis il regarde Aomine, et se dit qu'effectivement, la chemise lui va bien, la couleur fait ressortir son teint et ses yeux, il est certain que Taiga l'a noté.

Satsuki sourit à nouveaux, satisfaite d'avoir arraché un rire à Himuro.

« Je pense aussi », admet-elle plus sérieusement.

Elle se demande vaguement si Daïki a fait un effort intentionnellement et se note de lui poser la question plus tard. Si l'occasion se présente de le taquiner un peu à ce sujet, elle ne s'en privera pas.

Himuro est content de savoir que la meilleure amie d'Aomine pense que c'est sérieux... De toute façon, le fait qu'il lui ait parlé de tout ça plaide en sa faveur. Ce n'est pas facile d'admettre qu'on a des sentiments pour quelqu'un de son propre sexe quand on a toujours été attiré par le sexe opposé. Ça l'inquiète un peu de laisser Taiga dans cette situation délicate, mais enfin, il ne doit pas le surprotéger et le laisser vivre sa vie.

« Tu surveilleras tout ça pour moi ! dit-il à Momoi en lui adressant un clin d'œil.

— Évidemment. »

Elle lève les yeux au ciel pour la forme. Comme si elle avait besoin qu'il lui dise. Mais dans le fond la jeune femme est contente que Tatsuya s'en inquiète autant qu'elle. Sa relation avec Kagami la touche. D'humeur enjouée après cette discussion secrète, elle se lève et pose les mains sur la table pour attirer l'attention de toute la tablée.

« Qui veut boire quoi ? »

Elle note les commandes de chacun et se hisse sur Daïki qui ne semble pas vouloir bouger pour la laisser sortir de son trou. Elle fait l'idiote en passant, s'accrochant à lui de façon tout à fait exagérée et inutile pour terminer de le dérider, à grand renfort de "oups pardon, excuse-moi" les moins sincères possibles. Elle glousse en réponse à ses grognements de protestation et lui envoie un baiser par pure provocation en s'éloignant vers le bar.

Kagami assiste à cette démonstration d'un œil mi-surpris mi-amusé. C'est un peu étrange pour lui de voir une relation aussi tactile sans qu'il y ait d'ambiguïté, mais il se dit que ça doit être une question de caractère. Après tout, Alex par exemple est du genre tactile, quand Himuro et lui ne le sont pas.

En tout cas, ça a le mérite de faire sourire Aomine, et on dirait que ça amuse aussi Tatsuya. D'ailleurs, Kagami se demande si son frère de cœur n'est pas un peu sensible au charme de la jeune femme. C'est toujours difficile à dire avec lui... Lui-même n'est pas forcément des plus expansifs, par contre il est plus expressif, ce qui l'agace parfois, car ça doit être bien pratique d'avoir une poker face comme le brun.

Satsuki ne prend pas la peine de demander à Tetsu de les servir. Il a l'air débordé ce soir. Elle passe derrière le bar, rempli leurs quatre verres puis fourre un calpin dans la poche arrière de son jean, et un torchon dans l'autre. Ensuite elle apporte le plateau aux garçons et sur le retour s'occupe de quelques commandes et du débarrassage des tables dont Kuroko n'a pas eu le temps de s'occuper. Elle se retourne pour faire signe à ses compagnons qu'elle revient et croise le regard gris de Tatsuya. Son plan pour prendre un peu de distance n'a pas l'air de fonctionner. La preuve, son cœur loupe un battement. Charmée par un étranger sur le départ, bin voyons...

Aomine a beau râler du manège de sa meilleure amie, il ne peut s'empêcher de sourire quand elle s'éloigne. Une bouffée d'air frais cette fille... Il se passe une main dans les cheveux pour se recoiffer et soupire lourdement.

« Encore une fois, elle avait juste à demander gentiment... marmonne-t-il en défroissant sa chemise malmenée par la rose.

— Ça avait l'air plus amusant de passer comme ça », remarque Tatsuya, ce qui lui attire un haussement de sourcils de la part de Kagami. « Oh ! Non que j'ai particulièrement envie de te grimper dessus », ajoute-t-il à l'intention d'Aomine, et faisant cette fois lever les yeux au ciel à Kagami.

Daïki plisse les yeux, suspicieux. Il répliquerait bien qu'il aurait bien aimé l'y voir, lui, mais se retient juste à temps lorsque l'image de la scène le percute. Il referme la bouche dans la seconde. Non, il n'a pas envie de voir ça finalement ! Il se renfrogne et opte pour une autre réponse :

« Tu peux toujours essayer, mais je préfèrerais que tu demandes, comme les gens normaux... »

— Je vois, monsieur a des principes, raille Tatsuya. J'en prends bonne note. »

Kagami secoue la tête, dépité. Au moins, il n'a pas été inclus dans les moqueries de son frère de cœur cette fois. Un peu ivre, il se demande vaguement si Aomine dirait oui s'il lui demandait gentiment l'autorisation de lui grimper dessus, et ça le fait un peu ricaner.

Cette fois Daïki se tourne vers Kagami. Il se cale sur le dossier de la banquette se voulant grognon, mais son rictus incontrôlable doit forcément le trahir.

« C'est ça ... moquez-vous.

— T'en fais pas, ta belle chemise est toujours bien lisse », le rassure Kagami.

Cette fois Aomine pique un phare. Il se fige sous le regard approbateur qui accompagne la raillerie de Kagami et l'esquive en plongeant dans son verre de soda. Cependant il se reprend vite et retrouve sa répartie dans les bulles chatouillant sa langue.

« Oh elle te plait ?

— Ouais. C'est sexy. »

Kagami le fixe du regard, comme pour le défier d'accepter le compliment.

Tandis qu'Aomine soutient son regard de braise, un frisson coule dans sa nuque et une chaleur agréable se répand dans son ventre qui n'a rien à voir avec celle de l'alcool.

« C'est bon à savoir. »

Kagami acquiesce et retourne à son verre, le cœur battant. Clairement, il a voulu tester le brun. Savoir s'il pouvait accepter ce genre de compliment ou si ça le mettait mal à l'aise. Et il semblerait qu'il ait réussi le test.

Himuro quant à lui profite de l'occasion pour essayer d'en savoir plus sur Aomine, et il l'interroge sur ses loisirs, ses passions en dehors du basket, son travail. Ce n'est pas vraiment un interrogatoire en règle, il essaie de garder tout ça amical et léger, mais Aomine doit tout de même se sentir un peu passé sur le grill, ce qui n'est pas plus mal. Après tout, il doit savoir que Himuro l'a à l'œil.

Aomine répond de bonne volonté, préférant rester dans les bonnes grâce du frangin. Parce que même s'il sera bientôt loin, il se doute que Kagami attache beaucoup d'importance à son avis. Il s'amuse aussi de sa façon détournée, ou disons plus diplomate de poser ses questions, quand le tigre est plus direct. Parler de ce qui l'anime ne l'ennuie pas, par contre dès que l'américain touche au domaine plus intime de son passé, il reste plus évasif. Son ami en connait quelques bribes mais il n'a pas envie d'en dévoiler plus dans ce contexte, d'autant que parler de son père lui fout toujours le cafard. Ce serait dommage de casser l'ambiance alors qu'il se sent plus détendu qu'à son arrivée, ce qui l'aide à s'ouvrir un peu malgré tout. Assez il espère, pour marquer quelques points dans ce qu'il identifie clairement comme une évaluation.

Alors qu'il cherche ses mots pour répondre à une question sur son boulot, soudain il réalise qu'il veut vraiment 'plaire' à Himuro. Ce constat le rend un peu plus nerveux mais a au moins le mérite d'apporter quelques réponses sur ce qu'il attend de sa relation avec Kagami. Avec un peu de cette nouvelle confiance, il glisse discrètement son genou sur celui de son voisin dans une légère caresse.

Kagami a l'impression d'assister à un entretien d'embauche avec un patron sympa. Mais il ne peut pas vraiment en vouloir à Tatsuya d'essayer de connaître un peu plus Aomine afin de se faire une opinion de lui, puisqu'il est devenu si important dans sa vie. Et il perçoit, un peu surpris, l'effort que fait Aomine pour répondre honnêtement aux questions et laisser Tatsuya se faire sa propre idée. Ça lui fait plaisir qu'il se montre ouvert, comme s'il comprenait que c'était important pour Tatsuya, et pour lui.

Il tressaille en sentant son genou sur le sien. Il ne répond pas à la caresse mais ne se dérobe pas. Il se dit que c'est probablement un bon signe qu'Aomine initie le contact physique, et quand il réfléchit à son attitude de ce soir... Il pourrait voir beaucoup d'autres 'bons signes'. Mais tout ce qui est arrivé lui a fait prendre beaucoup de recul et sa prudence naturelle revient au galop. Il sait qu'il ne faut pas qu'il se laisse submerger par ce sentiment, sans quoi, c'est lui qui finira par faire marche arrière. Cependant, il n'a pas vraiment le temps de traiter ce problème ce soir et il laisse ces pensées de côté.

Himuro, lui, est satisfait. Il avait eu une bonne première impression, qui se confirme ce soir. Aomine est un type gentil, impulsif mais qui réfléchit beaucoup de son côté. Trop parfois, devine-t-il aussi. En tout cas, il lui semble prévenant, et sérieux, y compris en ce qui concerne Taiga. Alors il relâche un peu sa vigilance et pour équilibrer les choses, il rend la pareille et parle de lui, de sa vie et de ses loisirs.

Pas mécontent de pouvoir souffler, Aomine écoute avec attention. La première fois qu'il l'a rencontré, il l'a trouvé discret, presque en retrait, alors ça lui fait plaisir d'en apprendre plus sur l'ami d'enfance de Kagami. Il aime se dire que c'est une façon de l'inclure, de l'inviter en quelque sorte. Il demande quelques détails, rit à certaines révélations. Il trouve ce gars plutôt sympa tout compte fait. Son air fermé et presque froid ne reflète pas la personnalité qu'il devine. Himuro est calme et posé, il n'a qu'un an de plus que lui mais lui donne l'impression d'être beaucoup plus mature, il impose une sorte de respect sans avoir à lever la voix. D'un regard il sait se faire entendre. Il se demande d'ailleurs comment ces deux-là peuvent être si proches alors que ce qu'ils dégagent diffère tant. Si l'un est le feu, l'autre est assurément la glace.

Satsuki surveille de loin. Elle est rassurée de voir que Daïki est plus détendu. Elle entend même son rire à une ou deux reprises. Elle termine d'essuyer les verres sortant du lave-vaisselle, jette un œil à Kuroko pour s'assurer qu'il gère et sur son approbation elle rejoint les garçons.

« Excusez-moi cher ami, auriez-vous l'obligeance de me laisser rejoindre ma place s'il vous plait ? »

Aomine lève les yeux au ciel à sa courbette moqueuse et lâche un soupir de dépit en se levant pour lui laisser le passage.

« Qu'est ce j'ai manqué ?

— Pas grand-chose, répond Kagami en haussant les épaules. Ces deux-là étaient occupés à raconter leur vie. »

Satsuki lui sourit et d'un air faussement contrit elle demande aux deux amis :

« Il a été sage au moins ?

— Satsu... t'es sérieuse là ? »

La jeune femme balaie ses paroles d'un geste de la main, comme on le ferait avec un enfant agaçant.

« Très sage, confirme Tatsuya avec un sourire.

— Trop sage ? » s'interroge Kagami.

Aomine qui était occupé à fusiller Satsuki du regard, la découpant en morceaux dans sa tête se demande s'il n'a pas une hallucination auditive. Le rictus qu'affiche Himuro lui laisse penser que non. Stupéfait, il observe Kagami un instant. Trop sage ? Sa réflexion de tout à l'heure lui revient. Il se demande encore si ce dernier n'attend pas un signe de sa part pour que les choses avancent entre eux. Un geste pour lui prouver qu'il est sincère. Pourtant il lui semble en avoir fait plusieurs. Trop subtils peut être ? Ou est-ce que Kagami le provoque ? Puis ses mots de la veille résonnent à l'orée de sa conscience : "je t'attend"...

« Ah bon tu trouves ? demande-t-il naïvement alors que son pied cette fois part à la recherche de son complice.

— Je sais pas, t'es plutôt agité d'habitude », marmonne Kagami surpris de nouveau en sentant qu'Aomine... lui fait du pied ?!

Il a lâché cette phrase sans vraiment penser à ce qu'il disait et faisait surtout référence à l'attitude posée d'Aomine ce soir, répondant sagement aux questions de son frère de cœur, et maintenant il se retrouve surpris par cet appel du pied, au sens propre comme figuré. Ça l'embrouille et il se dit qu'il ferait mieux d'arrêter de se poser des questions, mais ce n'est pas facile à faire, même quand on a quelques verres dans le nez.

« Toi aussi t'es plutôt agité d'habitude, et très sage ce soir, remarque Tatsuya.

— Ça m'arrive aussi... » se défend mollement Kagami.

La réaction, ou plutôt non-réaction de Kagami le refroidit. Son cœur s'emballe dans la panique et il se redresse au fond de son siège pour couper le contact. Est ce qu'il a mal interprété les choses ? Ou est ce qu'il a seulement entendu ce qu'il voulait entendre pour se donner une excuse ? Le doute l'envahit. Il est tellement troublé qu'il ne sait plus ce qu'il fait, perdu entre ses désirs, les convenances et ce qu'il imagine des attentes de Kagami. Cette situation va finir par le rendre fou. Tout est flou, tendancieux et ambigüe. Si d'ordinaire il aime bien flirter avec ces limites-là, faisant partie intégrante du jeu de séduction, ce soir il ne sait plus sur quel pied danser. Certainement parce que pour une fois, ce n'est pas lui qui tient les rênes. Il sait qu'il plait à Kagami, pourtant il le repousse pour le chercher l'instant d'après. Il n'y comprend plus rien. Ça lui donne même un peu le vertige. Il avale une longue rasade de son soda et s'éclipse pour aller se rafraîchir aux toilettes, se sentant le plus idiots de tous les idiots.

Kagami le suit des yeux et se sent coupable. Il devrait rassurer Aomine au lieu du lui donner des signaux contradictoires, mais ce soir... il n'est plus aussi sûr que ça de pouvoir gérer tout ça. Ses insécurités ressurgissent et il n'est plus en position de rassurer qui que ce soit. Et surtout, il ne sait pas ce qui se passe dans la tête du brun, qui dit ne pas être prêt mais qui cherche le contact alors même que leurs amis sont là. Il n'est pas vraiment le seul à envoyer des signaux contradictoires. Il tâche de faire bonne figure et de mettre tout ça de côté, d'autant que c'est la dernière soirée de Tatsuya, que c'est lui qui a proposé qu'ils se voient tous ensemble. Et c'était une bonne chose, car il est content que Tatsuya ait pu passer un peu plus de temps avec Aomine et Momoi. Mais quant à lui, il a l'impression d'avoir commencé à se planter dès le début de la soirée et de continuer à s'enfoncer. Il a le cœur lourd et prend sur lui pour ne pas dévaler davantage cette pente glissante, et tâche de se concentrer sur les conversations et pas sur ce qui le trouble.

Aomine s'asperge le visage pour s'éclaircir les idées. Il s'observe dans le petit miroir au-dessus du lavabo puis la secoue doucement, sa nuque ployant sous le poids de ses tourments. Il s'oblige à respirer profondément pour retrouver son calme, les mains agrippées à l'évier. Ok, il est peut-être allé trop loin. Il s'en veut d'avoir fait preuve de tant d'audace mais il semblerait que Kagami ait le pouvoir de lui donner des ailes et de lui faire oublier toutes bonnes manières. C'est bien simple, il a beau se torturer l'esprit, dès qu'il est en sa compagnie l'évidence reprend ses droits. Il se rassure tant bien que mal, se rappelant que c'est Kagami qui l'a invité, qu'il apprécie son effort vestimentaire, que s'il n'a pas répondu à ses avances, il n'a pas reculé non plus. Ce n'est peut-être tout simplement pas le bon moment. Même si l'ambiance est un peu à la fête, ce n'en est pas moins le départ de son meilleur ami. Et puis, ça ne doit pas être facile pour lui non plus. Faire renaître l'espoir d'une relation enterrée d'avance ne doit pas être plus simple que d'en accepter une qu'on était à des années lumières d'imaginer. Sans compter un détail qu'il a trop facilement tendance à oublier. Kagami et lui se connaissent depuis peu de temps, il ne sait rien de ce qu'il a pu vivre ou expérimenter avant.

Avant de sortir, Daïki se fixe une dernière fois, résolu à prendre sur lui. Non, ce n'est pas simple. Mais il n'a jamais reculé devant la difficulté avant aujourd'hui. Il décide de se focaliser sur l'énumération des signaux positifs et de garder le rôle d'un simple ami pour le reste de la soirée. Après tout, c'est ce qu'il est en premier lieu, et ce soir, Kagami n'a peut-être pas besoin de plus compliqué que ça.

Avant de les rejoindre il passe par le bar pour le ravitaillement.

« Et voilà, celle-ci elle est pour moi ! »

L'initiative est saluée par des remerciements enthousiastes. Kagami prend sa bière... même s'il risque d'avoir la gueule de bois demain. Mais tant pis, dès que Tatsuya sera parti, il passera sa journée sous la couette, pour une fois. Il jette un coup d'œil à Aomine, qui a l'air plus serein que tout à l'heure, allégeant un peu son sentiment de culpabilité. Momoi et Tatsuya semblent bien s'amuser et décidément, ils s'entendent à merveille. Il est content de les voir ainsi, et même s'il aurait aimé être dans de meilleures dispositions ce soir, l'esprit plus libre et le cœur moins troublé, il profite tout de même de la présence de ses amis.

Contrairement à lui, Satsuki est restée aux boissons alcoolisées. D'ordinaire, elle n'a déjà pas froid aux yeux, ni sa langue dans sa poche, mais là Aomine se sent obligé de lui mettre une main devant la bouche pour stopper son flot de bêtises. Elle se tortille pour se défaire de sa poigne mi énervée, mi amusée. Il se décide à la relâcher avant qu'elle essaie de le mordre – il sait de source sûre qu'elle en est capable – et fait un signe à Kuroko de lui apporter un verre d'eau.

Himuro, lui, est plutôt ravi par toutes ces bêtises, mais il commence à se faire tard et il a un avion à prendre le lendemain.

« Bon, c'était une soirée vraiment charmante, mais je ferais mieux de rentrer, dit-il en enfilant sa veste.

— Tu veux que je te raccompagne ? demande Kagami, même s'il n'en a pas vraiment envie, car ils ne vont pas dans la même direction.

— C'est plutôt toi qui aurais besoin d'être raccompagné ! sourit Tatsuya. Nan, t'inquiète, c'est bon.

— Ok. Je vais rentrer aussi. »

Aomine lui tend la main pour le saluer.

« Rentre bien, content de t'avoir rencontré. »

L'euphorie de Satsuki s'évapore. Et puis elle se sent soudain un peu vaseuse à la perspective de voir Himuro partir. Ou alors ce sont les cocktails... Pourtant elle ne laisse rien paraître et adresse au brun son plus beau sourire en lui souhaitant bon voyage.

« Je suis content d'avoir fait votre connaissance, j'espère qu'on se reverra bientôt ! »

Tatsuya sourit aux deux amis puis s'éclipse vers la sortie, saluant Kuroko d'un geste de la main au passage.

Kagami s'apprête à le suivre, et se lève, constatant que la gravité a augmenté depuis le début de la soirée... Vivement son lit. Il regarde tour à tour Aomine et Momoi :

« Merci d'être venus... C'était sympa. Bonne nuit. »

Aomine l'observe et calcule mentalement son temps de trajet.

« Ça va aller ? Je peux te raccompagner si tu veux, je ramène Satsu aussi, ça me dérange pas. »

Kagami ignore où habite Momoi, et sait qu'il n'a pas besoin d'être raccompagné, mais il accepte quand même. Une part de lui en a envie même s'il refuse de le reconnaître, et il a assez lutté contre lui-même pour ce soir.

« Ok... Let's go. »

Daïki hoche la tête puis aide Satsuki à se relever. Il la soutient par la taille alors qu'elle se dirige vers Tetsu pour lui dire au revoir. Il fait de même, regrettant que son ombre n'ait pas pu se joindre à eux puis sort de l'établissement. Il se félicite d'avoir opté pour sa voiture malgré la courte distance à parcourir depuis chez lui. Son instinct lui dictant que ça pourrait s'avérer utile.

Garé non loin, ils ne tardent pas à trouver son véhicule. Il y installe Satsuki à l'arrière et l'attache avant de passer derrière le volant.

« J'ai été bête j'aurais dû proposer à Himuro aussi... » réalise-t-il en fermant la portière.

Kagami se laisse tomber sur le siège passager et boucle sa ceinture. Il n'avait pas réalisé qu'ils renteraient en voiture, mais ce n'est pas plus mal, il se sent vraiment fatigué maintenant.

« Alex habite pas très loin... Et puis il aime bien marcher seul.

— Ok... Bon, premier arrêt pour Satsu, ça fera moins de détour. »

Il s'engage dans la circulation, et prend la direction du campus. Les terrasses alentours sont encore animées à cette heure-ci. Ils roulent en silence jusqu'à ce que sa passagère reconnaisse les lieux. Elle ronchonne, prétextant qu'elle ne voulait pas rentrer. Il se marre et lui lance un argument contre lequel elle ne peut rien, coupant court à ses protestations.

« Si tu veux pouvoir bosser un peu demain, il vaut mieux que tu dormes.

— Bonne nuit Momoi », dit Kagami en se tournant vers elle.

La jeune femme lui répond d'un sourire et s'extrait du véhicule avant de rejoindre son bâtiment d'un pas plus ou moins assuré.

« Et dire qu'au début de la soirée elle voulait pas lâcher son ordi... remarque Kagami avec un léger sourire.

— Panne de wifi ? suppose-t-il avec un sourire complice.

— Ouais, apparemment... On dirait que la connexion pas super fiable dans ce bar !

— À se demander pourquoi elle y va encore ! ricane-t-il. J'arrive pas savoir si elle a compris le pot aux roses ...

— Hmm, possible. Après tout Kuroko a l'air du genre têtu aussi, donc elle a peut-être renoncé à argumenter...

— Peut être... Ou alors ça l'arrange de faire semblant, ça lui donne une excuse pour s'arrêter. »

Il se penche un peu pour vérifier que la lumière à sa fenêtre soit bien éclairée puis il redémarre.

Kagami se réadosse au fond de son siège tandis qu'il regarde les lampadaires défiler derrière la vitre. Et finalement, comme il sent toujours cette culpabilité s'accrocher à lui, il murmure :

« Désolé d'avoir été distant ce soir. J'étais pas vraiment au sommet de ma forme. »

Aomine se tend un peu, il ne s'attendait pas à aborder le sujet. Mais les excuses de Kagami lui mettent du baume au cœur. Il observe son voisin à la dérobée, le regard fixé au dehors.

« T'en fais pas, j'ai compris. Et c'est plutôt à moi de m'excuser... désolé si je t'ai embarrassé. »

Kagami tourne la tête dans sa direction et le contemple quelques secondes.

« Embarrassé ? J'étais pas embarrassé... Surpris, plutôt... »

Et même perplexe... Il croyait avoir compris à peu près où en était Aomine, mais peut-être que pas du tout, finalement. Peut-être qu'il surinterprété des choses en y projetant ses propres peurs. Il ne sait plus.

Ça, Aomine peut l'entendre. Il s'est surpris lui-même à vrai dire... Il réfléchit à comment tourner les choses pour être le plus clair possible, conscient que la situation est déjà bien assez complexe.

« J'imagine. Moi aussi, je sais pas trop ce qui m'a pris... Ça va te paraître bizarre mais... même si c'est compliqué en ce moment dans ma tête, quand je suis avec toi c'est plus simple. » Il ricane puis précise : « Enfin, c'est pas limpide non plus mais disons que j'arrête de trop réfléchir, je suis un peu plus mon instinct. »

Kagami hoche la tête, essayant d'intégrer ces paroles. Mais finalement, ça ne l'avance pas tant que ça, alors il finit par demander d'un ton hésitant :

« Et... C'est une bonne chose ? ... »

Aomine fronce les sourcils en se posant honnêtement la question. Finalement il ne voit qu'une réponse.

« Je vois pas pourquoi ça le serait pas... il m'a rarement trompé.

— Je vois... »

Kagami se mordille la lèvre, ses émotions sont aussi confuses que ses pensées, et il se sent arrivé à saturation. Il respire profondément et ferme les yeux pour dire ce qu'il doit dire avant d'en perdre le courage :

« Tu sais... C'est difficile pour moi de comprendre ce que tu peux ressentir ou ce à quoi tu peux penser ces temps-ci. Alors du coup, j'imagine. Et moi aussi y a des trucs qui me font peur, alors... J'ai tendance à transposer ces trucs-là sur toi et je me dis que c'est ça que tu penses ou que tu ressens. Et ça... C'est pas une bonne chose. Mais c'est dur de s'en empêcher. »

Son cœur bat dans ses tempes. Il écoute attentivement ce que lui confesse Kagami. Il comprend ce qu'il veut dire. Lui aussi essaie d'agir en fonction de ce qu'il estime répondre à ses attentes. Mais supposer ce qu'ils ont dans la tête ne les avancera à rien. Il laisse le silence prendre de la place le temps d'arriver devant l'immeuble de son ami, puis inspire pour répondre une fois le véhicule à l'arrêt.

« Écoute Kagami... c'est vrai que ça m'a chamboulé de découvrir que tu me plais. Mais ça me fait pas peur. Moi aussi ça me perturbe de pas savoir ce que t'attends de moi ou non. D'autant plus quand j'me plante, comme ce soir... Je ne sais pas comment me comporter, ce que j'ai le droit de dire ou faire et j'avais jamais eu ce soucis avant, ce qui ajoute à la confusion. Ça a été une longue journée donc pas sûr que ce soit le bon moment mais, si tu veux en discuter demain ou n'importe, je pense que ce serait une bonne idée.

— Right... souffle Kagami en se redressant dans son siège. OK... On en reparle, alors. »

Il déboucle sa ceinture, un nœud dans la gorge, et sourit à Aomine.

« Thanks. Bonne nuit. »

Il a à peine le temps de lui répondre que Kagami s'enfuit presque de sa voiture. Pris de court, il le regarde se faufiler dans son immeuble impuissant en se demandant ce qu'il a encore pu dire de travers. Il vide l'air de ses poumons, le front appuyé sur son volant. Il se frappe la tête dessus en grognant avant d'estimer que ça ne suffit pas. L'estomac en vrac et le cerveau en ébullition il pousse un cri de pure frustration et de colère contre lui-même.

Kagami éprouve un profond soulagement en refermant la porte de chez lui. Cette soirée a été bien plus difficile qu'il ne l'avait anticipé. Mais en se donnant une chance à lui et à Aomine, il a fait un pari et il s'est peut-être un peu surestimé sur ce coup-là. Avancer comme ça dans le noir et espérer que tout se passe bien, c'était peut-être trop se demander à lui-même à ce stade de sa vie. Ou alors, c'est juste qu'il a vraiment le cafard ce soir.

Il est exténué et ne tarde pas à se mettre au lit, il veut juste arrêter de se torturer et se reposer un peu. Il se roule en boule sous la couette, enfouissant la tête sous l'oreiller, et tâche de faire abstraction de tout, y compris du mal de tête qui commence à pulser dans ses tempes, pour se laisser glisser dans le sommeil.