11 - Kuroko Tetsuya x OC [Jalousie] - C'est pas ça du tout !

Agacée, oui Tamiyo était agacée, alors que normalement, elle devrait être heureuse de passer du temps entre amis. Étaient présents Aomine Daiki et Momoi Satsuki de Too, Kise Ryota de Kaijo -il avait eu une séance photo à Tokyo en début d'après-midi et il était convenu qu'ils se retrouvent juste après-, Kuroko Tetsuya et elle, Fukuba Tamiyo de Seirin. Certains avaient eu un empêchement ou pour les autres, comme un certain pivot aux cheveux violets, ils avaient eu la flemme de venir.

Donc, avec tout cela, pourquoi était-elle agacée ? Seulement, elle ne devait pas le montrer car personne n'en aurait compris la raison. Et puis, ce n'était pas comme si elle avait envie que tout le monde soit au courant de cela. Donc elle souriait, tant bien que mal alors que son amie Satsuki sautait dans les bras du joueur fantôme de Seirin, comme à chaque fois qu'elle le voyait.

La jeune fille aux prunelles cuivrées n'était pas aussi démonstrative que la rose, elle se contentait de sourire au bleuté quand elle avait la chance de le croiser dans leur lycée alors qu'il venait la saluer. En compagnie de Kagami, la plupart du temps. Cela ne la dérangeait pas car elle appréciait sincèrement le rouge mais quelques fois, elle aurait aimé être seule avec son coéquipier fantôme. Mais elle se contentait de ce qu'elle avait et ce n'était déjà pas si mal, finalement.

La seule fois où elle avait osé lui sauter dans les bras, c'était quand l'équipe de basket de Seirin avait battu celle de Rakuzan en finale de la Winter Cup, sous le coup de l'émotion. Riko l'avait invitée à venir sur le banc pour voir le match de la meilleure place et Tamiyo se souvenait qu'elle avait été impressionnée par l'ancien capitaine de la Génération Miracle et son équipe.

Leur jeu était magnifique à regarder même si celui de Seirin l'était tout autant, d'une manière différente. Plus d'une fois pendant la rencontre, elle avait pensé qu'ils allaient perdre car leurs adversaires réussissaient toujours à les arrêter. Mais le dernier panier marqué par le duo Kuroko-Kagami avait signé la défaite des bleus et blancs.

La jeune fille en avait encore des frissons quand elle se rappelait le coup de sifflet final annonçant la victoire de Seirin. Elle se revoyait courir à la suite de Riko et des autres avant de se jeter dans les bras du joueur fantôme en souriant. Elle n'avait pas vraiment réalisé ce qu'elle faisait et elle l'avait compris quand elle avait senti les bras du jeune basketteur entourer sa taille et la serrer brièvement contre lui. Tamiyo n'avait pas osé le regarder tellement ses joues avaient rougi et que son cœur battait vite dans sa cage thoracique. Son visage était caché dans le maillot du jeune homme et quand il l'avait lâchée, elle l'avait félicité avec le sourire, espérant camoufler son embarras.

Dire que cela faisait déjà presque deux mois que c'était arrivé… Le temps passait vraiment vite, il ne restait que quelques semaines de cours avant les vacances de mars. Secrètement, Tamiyo espérait qu'elle se retrouverait dans la même classe que Kuroko, en avril, même si ses notes pourraient en pâtir.

Elle était terriblement jalouse du lien entre Momoi et le bleuté car non, la châtaine n'était pas aussi proche de Kuroko Tetsuya qu'elle aurait désiré l'être. Et puis, elle n'avait pas eu le bonheur d'aller au collège Teiko donc elle avait plusieurs années de retard sur la manager de Too. Cela faisait plusieurs mois qu'elle l'aimait en secret -presque depuis le début de l'année- et cela la brisait intérieurement. Elle avait pensé plusieurs fois à s'éloigner de lui mais elle n'y arrivait pas. Ils étaient simplement amis, de bons amis mais juste… amis.

De plus, Tamiyo était parfaitement au courant des sentiments plus qu'amicaux que Satsuki éprouvait pour Kuroko mais elle était mal placée pour le lui reprocher car elle était dans la même situation qu'elle. Et puis, elle s'était persuadée que son amie avait plus de chance qu'elle de séduire le basketteur car elle était infiniment plus jolie qu'elle. Ce qui agaçait beaucoup Mina, son amie, qui lui répétait qu'elle aussi était très jolie. De cela, la jeune fille n'en était pas aussi sûre, pour elle, sans non plus être laide, elle était normale.

Quand il jeta un coup d'œil en biais vers son amie aux yeux cuivrés qui se trouvait un peu plus loin, Kuroko vit qu'elle était ailleurs. Il se demandait vraiment à quoi elle pouvait bien penser pour avoir cet air rêveur sur son visage. Lui qui cherchait un prétexte pour lui parler, il venait de le trouver. Il prit place sur le banc à côté de la châtaine, profitant que Momoi s'en prenait à Aomine et le laissait tranquille pendant un instant, pour aller la rejoindre. Ne pas se méprendre, il appréciait la manager de son ancienne équipe mais son exubérance était quelque peu fatigante pour lui, en ce moment.

_ A quoi tu penses ? lui demanda soudain le joueur fantôme de Seirin en retenant un petit sourire.

Tellement perdue dans ses pensées sombres, elle ne l'avait même pas entendu s'approcher et sursauta. Le surnom de fantôme qu'on lui avait attribué lui allait à merveille, se dit-elle désabusée. Essayant de calmer son cœur qui battait à toute allure, Tamiyo lui adressa un sourire taquin, voulant plus que tout cacher son trouble quand il était si près d'elle. Et c'était la meilleure façon qu'elle avait trouvé de le faire afin qu'il ne se doute de rien. Surtout qu'elle connaissait son don pour l'observation d'autrui donc elle se devait d'être très prudente dans les émotions qu'elle montrait.

Cela faisait quelque temps que Tetsuya ne voyait plus Fukuba Tamiyo vraiment comme une amie et qu'il se disait qu'il aimerait plus. En effet, il avait toujours envie de se retrouver près d'elle, son cœur la réclamait sans cesse. Seulement, il n'avait rien vu dans son comportement qui pouvait montrer qu'elle était dans le même cas que lui. Et pourtant, il l'observait énormément. Donc il faisait comme si de rien n'était pour le moment, il était doué pour cela.

D'autant plus que ce n'était pas le moment idéal pour avoir une telle discussion. Il y avait bien trop de monde avec eux et il voulait attendre d'être seul avec Tamiyo pour se déclarer.

_ Ta curiosité te perdra un jour, Kuroko-kun, le taquina la jeune fille avec un clin d'œil.

Mais lorsqu'elle se tourna complètement vers lui, le cœur de la châtaine manqua un battement quand elle vit l'intensité avec laquelle Kuroko la regardait. Ce n'était pas la première fois que cela arrivait mais cela la mettait toujours dans des états pas possibles. En plus, il ne montrait rien de ce qu'il pensait, ce qui pouvait laisser place à plusieurs situations pouvant être ambiguës. Cherchait-il à lire au plus profond d'elle ? Elle ne saurait le dire mais s'il continuait à la fixer si intensément, elle allait finir par inévitablement se trahir.

Pour se donner une contenance, elle prit une gorgée de sa bouteille d'eau mais l'avala de travers quand le passeur lui adressa un sourire en coin avant de repartir vers Momoi qui l'appelait à cor et à cri. Que voulait dire ce sourire ? Et ce regard intense ? Non, elle avait dû les imaginer, imaginer ce qu'elle aurait voulu voir. La jeune fille soupira et se concentra de nouveau sur l'écran de son téléphone, son amie Mina lui ayant envoyé un message. Non sans ronger son frein en voyant la rose accrochée au bras de Kuroko, comme une moule à son rocher…

Pourquoi cela l'atteignait-il autant ? Cela ne devrait pas pourtant, car même si elle était amoureuse de lui, elle n'avait aucun droit de le retenir égoïstement auprès d'elle. De plus, Satsuki était son amie et à chaque fois qu'elle éprouvait de la jalousie par rapport au bleuté et elle, Tamiyo se sentait terriblement coupable. La manager de Too était adorable avec elle et elle l'adorait.

Une seule solution se présentait à elle : il allait falloir qu'elle oublie les sentiments qu'elle ressentait pour le basketteur, même si cela allait être douloureux. Son amitié avec Momoi et lui était bien plus importante que le reste. Du moins tenta-t-elle de s'en convaincre…

Pendant ce temps, ignorant ce qui traversait l'esprit de la jeune fille aux prunelles cuivrées, Tetsuya bavardait avec Aomine et Momoi. Depuis que le basané était redevenu lui-même après que son équipe ait battu Too au premier tour de la Winter Cup, ils passaient beaucoup de temps ensemble, comme à l'époque du collège. Parfois même, Kagami et son ancienne lumière jouaient des petits matchs en un contre un, voulant jauger les progrès de l'autre. Bien sûr, le rouge perdait la plupart du temps mais le bleuté sentait que son coéquipier s'amusait beaucoup et qu'il s'améliorait au fil du temps. Sauf que cette fois, l'as de Seirin n'avait pas pu être présent.

Puis le bleuté se souvint de la réaction de Tamiyo -il l'appelait ainsi seulement en pensée- quand il lui avait souri et cela l'amusa. Elle lui avait paru un peu mal à l'aise, serait-ce à cause de lui ? Intéressant, tiens… Enfin, ce n'était peut-être pas à son avantage, se raisonna-t-il sans cesser de la regarder discrètement. Elle parlait en ce moment avec Kise et ils avaient l'air de bien s'entendre, tous les deux. En même temps, le blond de Kaijo était d'un abord plutôt facile. Se pourrait-il qu'il lui plaise ? Kuroko se rembrunit imperceptiblement à cette pensée.

_ Eh Tetsu, tu rêves ou quoi ? s'enquit Daiki, les sourcils froncés.

En effet, cela faisait plusieurs fois qu'il l'appelait mais son ami ne répondait pas. En tout cas, Fukuba devait beaucoup l'intéresser pour qu'il la fixe ainsi, se dit l'as de Too en retenant un ricanement. Il devait reconnaître qu'elle était assez jolie, même si elle n'avait pas assez de formes à son goût. En tout cas, le fait qu'elle parle de manière animée avec leur ancien coéquipier ne devait pas plaire à son ancienne ombre, à en juger par l'expression de son visage.

Aomine avait remarqué que le visage du numéro onze de Seirin était plus expressif quand Fukuba Tamiyo était dans les parages. Et il n'était pas certain que cela soit une coïncidence car cela s'était reproduit trop de fois pour que cela en soit une.

_ Désolé, Aomine-kun, s'excusa le joueur fantôme.

_ T'en fais pas, va..., soupira le mentionné tout en balayant l'air de sa main.

Alors qu'il allait ajouter autre chose, histoire de le tarabuster un peu, Daiki se fit couper par son amie d'enfance et son enthousiasme. Il ronchonna et décida de les laisser tranquille, ne voulant rien savoir des plans de Satsuki, pour qu'on ne puisse pas lui reprocher quoi que ce soit, ensuite.

_ Dis Tetsu-kun, je peux te dire un secret ? demanda la rose sur un ton de conspiratrice.

Depuis quelque temps, Satsuki avait noté une chose intéressante concernant son amie aux cheveux châtains : elle semblait follement jalouse quand elle s'approchait un peu trop près de Kuroko, comme en ce moment. Cela l'amusait beaucoup, elle devait l'avouer. Certes, pendant les années collège, Momoi avait craqué sur le joueur fantôme mais c'était du passé. A présent, elle le considérait comme un bon ami et voulait qu'il soit heureux.

Et la raison pour laquelle elle n'avait pas changé ses habitudes avec lui était très simple : elle voulait éveiller la jalousie de son amie pour qu'enfin elle se décide à avouer ses sentiments au bleuté. Seulement, cela n'avait pas l'air de fonctionner pour le moment, aussi décida-t-elle de changer de stratégie.

Un secret ? Quel genre de secret ? Non, Tetsuya n'était pas certain de vouloir le savoir mais il ne voulait pas blesser son amie donc il l'écouterait. Il se tourna donc vers elle pour lui accorder son attention, sans remarquer que Fukuba les observait, les lèvres pincées.

_ Ca concerne Tamiyo-chan, ajouta-t-elle avec un regard entendu vers son amie, la surprenant sur le fait.

A cette précision, une lueur d'intérêt s'alluma brièvement dans les prunelles bleu ciel du passeur, bien que personne ne semblait l'avoir remarqué. Cela concernait Fukuba ? Il était curieux de ce que son ancienne manager allait bien pouvoir lui dire.

_ Je t'écoute, Momoi-san, fit-il d'une voix impassible.

OoOoOoO

Quelques jours s'étaient écoulés depuis cet événement et Tamiyo ne savait plus sur quel pied danser. Pourquoi avait-elle révélé à Kise ce qu'elle éprouvait pour l'ancien fantôme de Teiko ? Peut-être parce qu'il savait écouter et qu'il lui donnait des conseils pour être plus à l'aise le jour où elle se déciderait enfin à tout dire au principal intéressé…

En tout cas, il était vraiment sympathique et elle ne regrettait pas de l'avoir rencontré. Ils avaient même échangé leur numéro de téléphone, simplement pour le plaisir de se parler à nouveau. Pendant les quelques minutes où elle avait pu discuter avec lui, elle s'était sentie à l'aise pour lui parler comme si elle le connaissait depuis longtemps. Peut-être deviendrait-il un ami proche ? Ce serait super. En plus, il avait réussi à lui changer un peu les idées et la jeune fille lui en était vraiment reconnaissante.

Bon sang, pourquoi son professeur d'histoire était-il absent ? Une heure de creux avant le déjeuner, ce n'était pas génial… Surtout qu'elle commençait à penser un peu trop à un certain basketteur aux cheveux bleu ciel de sa connaissance, alors qu'elle ne le devait pas. Elle réprima un soupir de frustration et décida de relire sa leçon pour son contrôle d'anglais de cet après-midi. Elle la connaissait assez bien mais autant éviter de perdre son temps à bayer aux corneilles, non ?

Enfin ! L'heure était terminée, aussi la châtaine se hâta de ranger ses affaires de cours et sortir son bento de son sac. Depuis le début de l'année, Tamiyo avait pris l'habitude de manger en compagnie d'une de ses camarades de classe, Tomogawa Mina. En temps normal, elles mangeaient à l'extérieur du bâtiment mais il faisait un peu trop froid pour cela, en ce moment. Tamiyo posa son sac de cours sur sa chaise et prit son bento avant de marcher rapidement vers le lieu de son rendez-vous avec son amie.

Par ce temps, le réfectoire était bondé et elle espérait vraiment que Mina avait obtenu de bonnes places. Alors qu'elle la cherchait du regard, elle la vit lui faire des grands signes de main pour attirer son attention. Avec un sourire tendrement moqueur, la jeune fille alla rejoindre son amie brune et jeta un coup d'œil de temps en temps par les grandes fenêtres qui offraient une ouverture non négligeable sur la cour du lycée. Le sol et les toits de la ville étaient recouverts par une épaisse couche blanche depuis plusieurs semaines à présent.

Tamiyo aimait vraiment beaucoup la neige, d'une part parce qu'elle nimbait de son manteau blanc les rues et les bâtiments, donnant une dimension féérique à l'environnement et d'autre part pour les batailles de boule de neige avec ses amies. Oui, la neige la faisait redevenir une enfant et elle aimait cela.

Après quelques petites secondes de marche, elle atteignit enfin la table gardée par Mina et tira la chaise dans un soupir profond. Mais elle se reprit quand elle sentit le regard interrogateur de la brune posé sur elle, elle lui adressa donc un sourire tout en prenant place en face d'elle.

Tomogawa Mina était une belle jeune fille avec de longs cheveux bruns et des prunelles marrons brillant de malice qu'elle avait rencontrée au début de l'année scolaire, étant dans la même classe. Elles s'étaient tout de suite bien entendues, Mina possédant ce petit grain de folie qui lui faisait un peu défaut et qui mettait un peu de rire dans sa vie. Et elle en avait besoin, en ce moment…

_ Dis, Tamiyo-chan, tu comptes lui dire quand ? lui demanda-t-elle sur un ton de conspiratrice.

_ Dire quoi à qui ? répliqua innocemment la châtaine en posant son bento sur la table.

_ Ne fais pas l'innocente avec moi, tu sais très bien de quoi je veux parler, insista Mina, les yeux levés vers le plafond.

Oh, cela pour le savoir, Tamiyo le savait. En effet, Mina avait découvert qu'elle éprouvait des sentiments forts pour le joueur fantôme de leur équipe de basket et elle n'avait eu de cesse depuis lors d'insister pour qu'elle les lui avoue. Seulement, il en était hors de question car d'une part, elle n'était pas prête à le faire et d'autre part, le risque était réel de perdre son amitié à cause de cette révélation. Et cela, elle ne le voulait en aucun cas.

_ Ce n'est pas le bon moment, c'est tout, répéta-t-elle encore une fois à la brune.

_ Tu dis toujours ça, lui reprocha son interlocutrice, mais si tu ne te bouges pas, il te passera sous le nez car une autre aura fait ce que tu refuses obstinément de faire.

Ce n'était pas la première fois qu'elles avaient cette discussion mais la châtaine savait que son amie voulait simplement l'aider. Elle baissa la tête devant le regard réprobateur de Mina qui soupira profondément. Sans doute à cause de sa décision qu'elle estimait stupide…

Quand Tamiyo se décida enfin à relever les yeux pour commencer à manger, une silhouette reconnaissable fit son apparition dans l'entrée du réfectoire. Kuroko se tenait là, bien droit, tenant un petit sac en plastique contenant sans doute son repas. L'adolescente le voyait chercher quelqu'un, à sa manière de tourner la tête dans plusieurs directions. En tout cas, cela lui faisait bizarre de le voir sans Kagami, étant donné qu'ils étaient quasiment toujours ensemble. Bon, elle devrait arrêter de le regarder de la sorte ou il allait finir par se sentir observé.

Tiens, c'était donc là qu'elle se trouvait, constata le bleuté en voyant la personne qu'il cherchait, la tête baissée sur son bento. Ses cheveux châtains coupés au carré étaient reconnaissables. Il ne l'avait pas trouvée dans ses endroits habituels et le réfectoire était sa dernière chance. Se cacherait-elle de lui ? En effet, depuis le début de la semaine, il la croisait beaucoup moins dans les couloirs, et il se demandait si elle avait quelque chose à lui reprocher. Tetsuya se dit que l'occasion était trop belle pour la laisser passer, même si elle était en compagnie de son amie, Tomogawa Mina, si ses souvenirs étaient exacts. D'autant plus que Kagami l'avait lâché pour il ne savait quelle raison…

Le jeune homme se dirigea tranquillement vers la table que les deux amies partageaient. Il avait hâte de voir la réaction de Fukuba en le voyant venir vers elle.

_ Bonjour, je peux m'asseoir ? demanda-t-il soudainement.

A l'entente de cette voix impassible et pourtant tellement hypnotisante, Tamiyo sursauta et releva la tête, se demandant si cette voix était le fruit de son imagination. Non, ce n'était pas le cas, Kuroko Tetsuya se trouvait bien là, devant leur table, attendant leur réponse. Manger avec lui ? Certes, ce ne serait pas la première fois, mais pourquoi maintenant ? Et pourquoi ne disait-elle rien ? Ce n'était pourtant pas si difficile de lui parler, elle y arrivait bien en temps normal. Alors en quoi cette fois était-elle différente des autres ?

Kuroko était indéniablement satisfait de la réaction provoquée chez la jeune fille mais il se garda bien de le montrer. En tout cas, il n'avait rien oublié de ce que Momoi lui avait révélé, le week-end précédent. Mais il voulait le voir de ses propres yeux et pour cela, il lui fallait attendre deux autres semaines, le jour où les anciens de Teiko se retrouveraient une nouvelle fois, en compagnie de Kagami et Fukuba. Sauf bien sûr si une occasion se présentait avant, pas vrai ?

Maintenant, il connaissait les raisons pour lesquelles la rose était tactile avec lui, et il avait hâte de voir ce qui allait en être, la prochaine fois. Oui, il voulait voir de ses yeux si Tamiyo était vraiment jalouse comme l'avait dit la manager de Too.

Voyant que son amie était bien trop figée pour prendre la parole, Mina décida de prendre le relai, une lueur d'amusement brillant dans ses prunelles noisettes.

_ Bonjour, Kuroko, le salua-t-elle avec un sourire amical, bien sûr, installe-toi.

C'était trop beau pour être vrai, songea la brune à lunettes en voyant le basketteur prendre place à côté de son amie. C'était le destin qui l'avait envoyé, elle ne voyait pas d'autre explication ! Et en plus, il s'était mis juste à côté de Tamiyo, pas en face. Serait-ce un indice ? Non, c'était bien trop mince. Elle allait donc profiter de cette pause déjeuner pour essayer de voir si Kuroko Tetsuya était lui aussi intéressé par son amie.

Bien sûr, le numéro onze de Seirin sentait l'attention de la brune fixée sur lui mais il faisait comme si de rien n'était. Son visage impassible ne montrait aucune émotion et il commença à manger son sandwich sans y faire plus attention. Parfois, il voyait sa voisine le regarder du coin de l'œil mais elle n'osait pas entamer la discussion, apparemment. Un mince sourire étira ses lèvres et il décida de lui parler lui-même.

_ J'ai quelque chose sur le visage, Fukuba-san ?

Il venait de mettre les pieds dans le plat… mais ce n'était pas une erreur de sa part, Kuroko savait très bien ce qu'il faisait, sur ce coup-là. Il voulait la faire réagir et c'était un des moyens les plus simples pour y parvenir.

_ Pourquoi tu dis ça, Kuroko-kun ? répliqua la châtaine en réprimant un sursaut.

_ Tu m'as regardé plusieurs fois.

Mince, elle s'était faite prendre en train de l'observer. Pourquoi ne pouvait-elle pas s'en empêcher, à chaque fois qu'il était proche d'elle ? Il était vraiment observateur, sa réputation n'était pas usurpée dans ce domaine, elle était très bien placée pour en juger, vu la remarque qu'il venait de lui faire. Ses mains devenaient moites et c'était tout sauf agréable. Elle avait même du mal à tenir ses baguettes… Il fallait qu'elle trouve quelque chose à lui dire, n'importe quoi. Seulement, il l'avait prise de court. Tamiyo jeta un regard suppliant à son amie qui assistait à la scène mais Mina se contenta de lui sourire d'un air moqueur. Elle osait la laisser tomber ? Très bien, dans ce cas, elle allait se débrouiller toute seule. Ou du moins, essayer…

Tetsuya fixait impassiblement la jeune fille, ne laissant rien transparaître de son amusement. Il la voyait en train de jouer avec ses baguettes, au lieu de manger, tandis que lui venait de finir son déjeuner. Serait-ce sa présence auprès d'elle qui lui avait coupé l'appétit ?

Il jeta un léger coup d'œil à la brune en face de lui et elle semblait se moquer gentiment de Fukuba, qui devait se sentir un peu seule, pour le coup. Il se demandait ce qu'elle allait bien pouvoir lui dire pour espérer lui faire oublier ses joues quelque peu rougissantes. Oh intéressant, se dit-il en retenant un sourire. Ainsi donc, son intérêt était peut-être réciproque…

_ Je me demandais juste où était Kagami-kun, vu que vous êtes ensemble le plus souvent, entendit-il soudain la châtaine déclarer faiblement.

_ Je ne sais pas, il ne me l'a pas dit, répondit-il d'une voix neutre.

De son côté, Mina esquissait un sourire dépité. Son amie était juste à côté du garçon qui lui plaisait désespérément depuis le début de l'année et elle ne tentait rien. A peine quelques regards furtifs, et encore. Le pire, c'est que c'était comme cela à chaque fois… Quand elles allaient se retrouver seules, elle allait lui dire ce qu'elle en pensait.

En tout cas, la brune devait reconnaître que Tamiyo avait bon goût en matière de garçons. De près, Kuroko était vraiment mignon, bien qu'il n'était pas son style. Bien trop effacé et impassible pour elle. Seulement, il était celui que son amie aimait donc elle ne dirait rien de plus à ce sujet.

Le seul point qu'elle mentionnerait allait être son comportement idiot. Qu'elle tente de le séduire, que diable ! En plus, Mina était quasiment certaine que le passeur s'intéressait à la châtaine.

_ Tu devrais manger, Tamiyo-chan, lui fit-elle rappeler en désignant son bento à peine entamé. Il va bientôt être l'heure de retourner en cours.

_ Tomogawa-san a raison, renchérit le jeune homme.

En effet, la pause déjeuner était bientôt terminée et elle avait à peine mangé. Tamiyo se trouvait désespérante, elle avait eu la chance de passer un moment avec Kuroko mais elle n'avait même pas été fichue de se comporter comme elle le faisait en temps normal. Là, c'était sûr, il allait se douter de quelque chose, ce qu'elle voulait justement éviter.

Quoi qu'il en soit, il était désormais trop tard pour revenir en arrière. Il ne lui restait plus qu'à tenter de sauver ce qui lui restait de dignité. Tentant d'ignorer les regards de ses deux amis, la jeune fille à la chevelure châtain posa ses yeux cuivrés sur son bento à peine entamé. Elle n'y avait pas touché depuis l'arrivée de Kuroko. Il fallait qu'elle prenne des forces pour son contrôle donc elle se força à avaler quelques bouchées de son repas avant que son estomac ne se mette à crier grâce.

La sonnerie de la fin de la pause retentit alors que Tamiyo et ses deux amis se trouvaient dans le couloir de leurs classes. Les salles de premières années se trouvant au premier étage, ils n'avaient pas eu à courir pour arriver à l'heure. Seulement, à leur arrivée devant la salle de la 1-B, Kuroko vit que Kagami était déjà là. Il esquissa à peine un sourire moqueur à cette vue avant de reporter son attention sur Fukuba. Celle-ci se maintenait en retrait, la tête baissée.

Mais avant qu'il ne put lui dire quoi que ce soit, ce fut le moment de retourner en cours. Il verrait bien s'il la croisait à la sortie ou non, étant donné que le club de basket avait un jour de repos aujourd'hui, ce qui n'enchantait d'ailleurs pas trop l'as de Seirin.

Enfin la fin des cours, mais aucune trace de Fukuba Tamiyo, remarqua Tetsuya quand il se rendit devant la salle de la jeune fille. Elle avait dû quitter les lieux dès la sonnerie, sinon il l'aurait vue. Avait-il fait quelque chose de mal pour qu'elle l'évite de cette façon ? Il ne le savait pas mais il comptait bien mettre cette histoire au clair car cette situation ne pouvait pas durer éternellement.

Kuroko se dirigea vers la sortie de l'établissement, regardant tout autour de lui pour voir s'il la voyait, mais rien du tout. Il retint un soupir tout en continuant son chemin. Ce n'était décidément pas aujourd'hui qu'il pourrait lui demander ce qui n'allait pas, se dit-il en fermant brièvement les yeux.

_ Ah bah enfin, Kuroko ! entendit-il soudain crier à l'entrée du lycée.

Le jeune homme réprima un sursaut et remarqua enfin la présence de Kagami, non loin de lui. Il fallait dire qu'il était tellement perdu dans ses pensées qu'il n'avait pas fait attention à l'endroit où il se trouvait. Il s'approcha de lui en fronçant les sourcils.

_ Ne me fais pas peur comme ça, Kagami-kun, le prévint-il de sa voix neutre habituelle, ou je vais me fâcher.

_ C'est ce que je subis tous les jours ! répliqua le tigre offensé.

A cette idée, Tetsuya esquissa un petit sourire amusé qui disparut presque aussitôt. Il n'avait pas tort, en soi. De toute façon, ce n'était pas le moment d'épiloguer sur ce sujet, vu qu'il n'avait pas l'intention de changer quoique ce soit dans sa manière de se comporter avec son coéquipier aux cheveux écarlates. Bien trop drôle pour cela…

_ Dans certains domaines, tu es loin d'être une lumière, Kagami-kun, lui asséna le bleuté en se retenant de sourire.

Un pouffement derrière Kagami se fit entendre et les deux garçons se retournèrent d'un bloc pour faire face à la personne qui se moquait du rouge. Tetsuya adressa un petit sourire à la nouvelle venue, que celle-ci lui rendit légèrement.

Mince, elle n'avait pas prévu de tomber sur le bleuté à la grille, elle aurait dû se dépêcher plus, se tança-t-elle durement. Mais bon, c'était trop tard pour s'en plaindre, elle allait devoir s'accommoder de la situation. Et puis, ce n'était pas la mer à boire de passer du temps avec ses deux amis, non ? Tamiyo se plaça entre les deux basketteurs et leva ses prunelles cuivrées vers le visage renfrogné du tigre et répliqua de plus belle sur un ton ouvertement moqueur :

_ Il faut dire que Kuroko-kun n'a pas tort, je ne compte plus le nombre de fois où il t'a sorti d'une situation épineuse.

_ Fukuba ! protesta Kagami vivement.

Ce que le numéro onze de Seirin aimait tout particulièrement, c'était que Fukuba n'hésitait pas une seule seconde à taquiner son coéquipier. La lueur d'amusement qui brillait dans ses yeux caramels ne pouvait pas lui mentir, elle adorait cela.

En se tournant complètement vers elle, l'ancien fantôme de Teiko remarqua que son amie n'était pas avec elle, alors que d'ordinaire, elles ne se quittaient pas.

_ Tomogawa-san n'est pas avec toi ? s'enquit-il calmement non sans une idée derrière la tête.

_ Non, elle est partie plus tôt, elle avait un rendez-vous, expliqua brièvement la châtaine.

Pourquoi lui parlait-il de Mina ? Ce n'était pas dans les habitudes de Kuroko de lui parler d'elle. Mais après tout, ils avaient mangé tous les trois ensemble, ce midi, c'était peut-être pour cela. Il ne fallait pas chercher midi à quatorze heures.

_ Bon, je vais y aller, j'ai beaucoup de devoirs pour demain, soupira-t-elle en levant les yeux au ciel. A croire que mes profs veulent ma mort…

_ D'accord, à demain, Fukuba-san, la salua Kuroko.

_ A demain, les garçons et bonne soirée !

Alors qu'elle quittait les deux basketteurs, Tamiyo sentait son cœur atteindre des records de vitesse dans sa poitrine. Heureusement qu'elle n'était pas restée plus longtemps sinon elle n'aurait pas donné cher de sa peau… Et dire que la cause de son trouble était simplement la présence de Kuroko Tetsuya. Il n'avait rien fait de spécial, c'était elle qui était bien trop sensible à ce qu'il dégageait.

En se retournant vers eux, la jeune fille vit qu'ils marchaient dans la direction opposée, le bleuté taquinant encore une fois son acolyte qui ronchonnait. Cette scène habituelle l'amusa. Elle resta immobile et le regarda partir, dans le soleil couchant qui donnait un éclat étrangement envoûtant à ses cheveux bleu ciel. La lycéenne ne se rendait pas vraiment compte de ce qu'elle faisait, continuant d'observer son amour secret de loin.

Se sentant intensément observé depuis quelques minutes, Tetsuya fronça discrètement les sourcils avant de se tourner dans la direction de ce regard et il remarqua que ce n'était que son amie qui le regardait. Il crut la voir frémir et il la vit se détourner vivement de lui. Le passeur ne saurait dire s'il avait bien vu mais il aurait juré de voir ses joues rougir, sans doute sous le coup de la gêne.

_ Intéressant, souffla-t-il tout bas avant de remarquer une voix familière qui s'adressait à lui avec agacement.

Retenant une envie de lever les yeux au ciel à l'entente de la voix forte de Kagami, Kuroko se hâta de le rejoindre. L'estomac du rouge devait crier famine pour qu'il soit aussi pressé d'arriver au Maji Burger.

_ Qu'est-ce que tu fous, Kuroko ? s'impatienta-t-il, les bras croisés.

_ Je ne savais pas que tu étais si pressé de rejoindre Aomine-kun, Kagami-kun, déclara le bleuté en le dépassant.

_ Non mais ça va pas !

Ignorant les cris de sa lumière, Tetsuya se dit qu'il avait vraiment hâte de voir comment les choses allaient évoluer entre Tamiyo et lui. En tout cas, son instinct lui disait que les choses étaient sur la bonne voie, on ne rougissait pas sans raison, n'est-ce pas ? Sur cette pensée, un petit sourire énigmatique étira ses lèvres.

OoOoOoO

Le vendredi suivant, Tamiyo rentra chez elle à la nuit tombée, complètement épuisée. Elle était allée au Maji Burger avec la manager de Too qui l'avait invitée à passer un moment entre filles. Quand elle repensait à ce qui venait de se passer, la jeune fille aux prunelles cuivrées frissonna. Elle n'en revenait pas, Satsuki avait réussi à lui faire avouer les sentiments qu'elle nourrissait pour Kuroko ! Comment avait-elle fait ? Il n'avait pas du tout été prévu qu'elle lui en parle ! A présent, il y avait un risque que le principal concerné l'apprenne par une autre personne qu'elle et c'était pire que tout. Elle voulait attendre d'être prête à lui avouer mais cela allait être compliqué…

En tout cas, la réaction de la rose n'avait pas du tout été celle que la châtaine attendait. En effet, elle lui avait simplement souri en affirmant qu'elle allait l'aider. Puis, Tamiyo avait compris quand Momoi lui avait avoué qu'elle ne craquait plus sur le joueur fantôme comme autrefois. Le fait de ne plus le voir tous les jours avait effacé ses sentiments amoureux pour laisser place à de l'amitié.

Malgré elle, la lycéenne de Seirin avait été soulagée en entendant la nouvelle car une rivale redoutable avait disparu. Bon pas qu'elle ait jamais considéré Satsuki comme une rivale, elle était avant tout son amie, n'est-ce pas ? Seulement, pourquoi avait-elle parlé de cela ? Peut-être pour lui faire avouer les siens… C'était possible.

Bon, tant pis… Ce qui était fait, était fait… C'était trop tard pour revenir en arrière. En soupirant, Tamiyo retira ses chaussures et se dirigea dans le salon pour aller saluer sa mère qui devait l'attendre comme à son habitude quand elle rentrait plus tard. Gagné, se dit-elle en la voyant assise sur le canapé avec un livre dans les mains.

_ Je suis rentrée, maman, s'annonça-t-elle.

_ Je vois ça, ma fille, sourit Fukuba Kimiko en se levant. Tu as dîné ?

_ Oui, avec Satsuki-chan… Je vais mettre mon sac dans ma chambre et aller prendre ma douche.

Sur ces mots, la jeune fille quitta la pièce et monta les marches quatre à quatres avant d'arriver devant la porte de sa chambre, essoufflée. Elle n'avait vraiment pas d'endurance, songea-t-elle avec autodérision avant d'entrer.

D'accord, elle venait de dire à sa mère qu'elle allait prendre une douche mais est-ce qu'elle aurait l'effet escompté ? Pas certain mais elle devait tenter sinon il serait impossible pour elle de s'endormir et il en était hors de question. La châtaine jeta un coup d'oeil sur l'horloge accrochée au-dessus de sa tête de lit et remarqua qu'il était déjà plus de 22h. Elle ne pensait pas qu'il était déjà si tard… Il fallait dire qu'elle n'avait pas vu le temps passer avec son amie.

Quand elle sortit de la salle de bain en tenue de nuit pour se rendre dans sa chambre pour la nuit, l'horloge annonçait déjà presque 23h. Elle avait passé beaucoup de temps perdue dans ses pensées et elle en avait oublié la notion du temps. Souriant avec un amusement mêlé de tendresse, Tamiyo se dit qu'elle avait vraiment une amie formidable, quand même. Il n'y avait que Momoi Satsuki qui était capable de lui faire dire des choses qu'elle voulait cacher. En soi, elle ne lui en voulait pas, elle désirait simplement lui venir en aide, bien que ce fut quelque peu maladroit.

_ Plus qu'à espérer qu'elle ne dise rien à Kuroko-kun, soupira-t-elle, se positionnant devant la fenêtre.

Oh, elle avait de la chance ce soir… Le ciel n'était pas couvert, ce qui lui donnait la chance de pouvoir admirer les étoiles. Assez rare en cette période hivernale et elle ne pouvait que s'en réjouir… C'était une vue qui l'apaisait et qui lui redonnait du courage quand elle en avait besoin.

En tout cas, en pensant au basketteur aux yeux bleu ciel, Tamiyo était ravie que les choses soient revenues à la normale. Les moments de gêne qu'elle avait eus la semaine précédente n'étaient plus qu'un lointain souvenir. Ils avaient même plaisanté ensemble, aujourd'hui, et cela lui avait beaucoup manqué.

La sonnerie discrète de son téléphone l'arracha à sa contemplation, la faisant sursauter, et la jeune fille ferma la fenêtre en soupirant doucement. Elle s'assit sur son lit en tailleur avant de prendre son portable posé sur son oreiller. Qui pouvait bien lui envoyer un message à cette heure tardive ? Le meilleur moyen de le savoir, c'était de regarder.

A la fois surprise et heureuse, Tamiyo remarqua que ce message venait de Kuroko. Cela n'arrivait pas très souvent et pourtant, cela faisait plusieurs semaines qu'ils s'étaient échangés leur numéro sous l'impulsion de la manager de Too. Qu'avait-il donc bien pu lui écrire ? Elle se hâta de lire le texte sous ses yeux.

De Kuroko Tetsuya
A Fukuba Tamiyo :
Bonsoir, Fukuba-san, je ne te dérange pas ?

De Fukuba Tamiyo
A Kuroko Tetsuya :
Bonsoir, Kuroko-kun, non tu ne me déranges pas du tout. Je m'apprêtais à prendre un livre, en attendant de me coucher. Tu n'arrives pas à dormir ?

En effet, cela pourrait expliquer pour quelle raison le basketteur de Seirin lui enverrait un message si tard. Or, d'après ce qu'elle savait de lui, Kuroko n'était pas un couche-tard. De toute façon, sa réponse ne tardait jamais à arriver… Et comme de fait !

De Kuroko Tetsuya
A Fukuba Tamiyo :
Non, je voulais juste parler avec toi.
Qu'allais-tu lire ?

Actuellement, Kuroko se trouvait lui aussi seul dans sa chambre, allongé dans son lit, un livre ouvert posé sur sa table de chevet, attendant qu'il daigne le prendre. Seulement, ce n'était pas ce qu'il voulait pour l'instant. Il avait été agréablement surpris de voir que son amie ne dormait pas encore. Peut-être qu'elle était rentrée tard de sa soirée entre filles avec Momoi…

Son ancienne manager le lui avait dit dans un message auquel il n'avait pas répondu, ne sachant pas quoi lui dire. Mais le petit smiley avec lequel elle avait terminé la rédaction de son petit message lui faisait comprendre qu'elle avait appris quelque chose d'intéressant. Du moins, il le supposait. Quelques secondes après, elle lui en avait renvoyé un autre, lui expliquant qu'elle avait un plan pour le lendemain. Ils en avaient discuté et ils avaient convenu que cela se passerait en fin d'après-midi.

Ce n'était pas du tout son genre d'être le complice de plans comme celui-ci mais une fois n'était pas coutume. Cela valait le coup d'essayer, se dit-il en souriant légèrement alors que la réponse de la châtaine lui parvint.

Les heures passaient et les deux adolescents discutaient toujours par message. L'un comme l'autre aurait aimé que le temps s'arrête pour que cet instant dure toujours. Seulement, la fatigue commençait à reprendre ses droits chez Tamiyo qui sentait ses yeux se fermer tout seul. Elle avait de plus en plus de mal à rester éveillée mais elle ne voulait pas quitter Kuroko maintenant. Tant pis si sa nuit serait courte…

Tiens, déjà un autre message ? Elle n'avait pas encore fini de rédiger la réponse du précédent. Elle se dépêcha de l'envoyer pour enfin pouvoir déchiffrer celui qu'elle venait de recevoir.

De Kuroko Tetsuya
A Fukuba Tamiyo :
Voudrais-tu aller au cinéma avec moi, demain après-midi ? Il y a un film qui me semble pas mal et j'ai envie d'aller le voir avec toi, car je sais que tu aimes ce genre de film.

Ce message réveilla la jeune fille instantanément. Une sortie au cinéma avec Kuroko Tetsuya, seuls, rien qu'eux deux ? Bien sûr qu'elle était d'accord ! Même si c'était une sortie entre amis, cela lui allait car le principal était qu'ils seraient seuls.

De Fukuba Tamiyo
A Kuroko Tetsuya :
Avec plaisir ^^ On se retrouve à quelle heure devant le cinéma ?

Cette proposition lui faisait vraiment plaisir et la châtaine voyait ses yeux clairs briller d'impatience dans le miroir accroché sur la porte de sa penderie. Une vibration indiqua la réception d'un autre message et elle s'empressa de le lire.

De Kuroko Tetsuya
A Fukuba Tamiyo :
Je pensais plutôt venir te chercher chez toi, Fukuba-san. Je serai là à 15h, comme ça on passera au Maji Burger avant la séance de 17h30.

De Fukuba Tamiyo
A Kuroko Tetsuya :
D'accord, ça me convient parfaitement. Bon je crois que je vais te laisser, car je ne tiens plus… Bonne nuit, Kuroko-kun et à demain ^^

De Kuroko Tetsuya
A Fukuba Tamiyo :
Bonne nuit, Fukuba-san, et fais de beaux rêves.

Reposant son téléphone sur la table de nuit à côté de son livre, Tetsuya souriait, heureux que tout se passe comme prévu. Mais ce n'était pas la seule raison de sa joie. Il devait reconnaître qu'il était pressé d'être à l'heure du rendez-vous, rejoignant sans le savoir les pensées de son amie. Sa future petite amie, peut-être… Seul avec elle pendant au moins deux heures, le basketteur sentit son coeur battre la chamade à cette pensée. Il espérait juste ne croiser personne qu'il connaissait…

En tout cas, il n'avait pas vu la nuit passer, se dit-il en voyant que l'aube commençait à faire son apparition à sa fenêtre. Ils avaient donc passé la nuit à se parler et dire qu'il ne s'en était même pas rendu compte. Il se leva pour aller fermer le volet et se recoucha sous les couvertures, avant de fermer les yeux, le sourire aux lèvres.

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Cela faisait maintenant plus d'une heure trente que Kuroko était venu chercher Tamiyo devant chez elle. Il était bientôt l'heure pour eux de quitter le Maji Burger où ils avaient dégusté nombre de milkshake à la vanille pour le bleuté et à la myrtille pour Tamiyo, tout en discutant de choses et d'autres. La conversation était fluide et agréable et les deux lycéens passaient un bon moment.

Tout en avalant la dernière gorgée de son milkshake favori, Tetsuya songeait qu'il n'avait jamais vu Fukuba aussi jolie qu'aujourd'hui. Elle avait revêtu une robe en laine grise assortie avec un legging noir et des bottes de la même couleur que la robe. Et le froid lui donnait d'adorables rougeurs sur les pommettes, ce qui le fit sourire intérieurement, attendri.

D'ailleurs, la jeune fille ne disait rien mais cette sortie avait toutes les apparences d'un rencard. Quand elle en avait pris conscience, un peu avant que le passeur ne vienne la chercher, le stress avait commencé à monter en elle. Mais elle s'était reprise, tant bien que mal, car il était impossible pour elle que le basketteur la voit comme autre chose qu'une simple amie. Ce que confirmait son comportement avec elle…

_ On ferait mieux d'y aller, sinon on va être en retard, déclara-t-il soudain en se levant de sa chaise.

_ Tu as raison, ce serait trop bête que le film commence sans nous, plaisanta la châtaine en le suivant.

Les commandes étant déjà payées, Kuroko laissa la jeune fille sortir la première, lui tenant la porte avant de quitter le fast-food à son tour. Il esquissa un petit sourire qu'elle ne vit pas en pensant à ce qui attendait Fukuba, quand ils arriveraient dans la salle de cinéma. Elle ne l'avait certainement pas prévu mais sa réaction en dirait long sur ce qu'elle penserait. Ils auraient d'autres occasions de se retrouver seul à seule, il se le promit. Et s'il avait la confirmation de ce qu'il soupçonnait, ce serait en tant que couple, c'était son plus cher désir.

Le choix du film n'était pas anodin, c'était Momoi qui lui avait dit que Tamiyo voulait aller le voir, et qu'elle n'en avait pas la possibilité. Il ne lui avait pas demandé de mener son enquête car il en était parfaitement capable seul mais elle lui avait facilité la tâche, il devait l'avouer. Il l'avait d'ailleurs déjà remerciée de bon cœur.

Les deux adolescents se dirigeaient d'un pas tranquille vers le cinéma qui n'était pas très loin d'où ils se trouvaient. Tetsuya écoutait une anecdote amusante de la châtaine et lui adressa un petit sourire. Serait-ce des rougeurs qu'il apercevait sur ses joues ? Il n'eut pas vraiment le temps de réfléchir davantage sur ce sujet car ils venaient d'arriver devant le guichet pour acheter leurs tickets.

_ Je t'invite, Fukuba-san, annonça-t-il soudainement, pour te remercier du plaisir de ta compagnie.

_ Mais…

_ J'insiste, fit-il en plongeant son regard clair dans le sien.

Kuroko lui jetait un regard si intense que Tamiyo n'eut pas le cœur à protester lorsqu'il se retourna pour payer leurs deux tickets. Il lui tendit ensuite le sien avec un petit sourire avant de partir vers la salle où serait projeté leur film. Tout en le suivant, la lycéenne sentait son cœur accélérer dans sa cage thoracique. Il venait de la prendre par surprise, se dit-elle, tentant de reprendre ses esprits.

En entrant dans la salle, elle constata que celle-ci était presque vide, et cela lui convenait parfaitement. Ainsi, ils ne seraient pas dérangés par des bavardages intempestifs.

A deux rangées derrière eux, un autre couple d'amis, composé d'une jeune fille à la longue chevelure rose et d'un garçon aux cheveux bleu nuit et à la peau sombre, les épiait en attendant avec impatience que ce soit le moment de les rejoindre. Enfin, cela, c'était surtout Momoi car Aomine, lui, s'en moquait royalement. Déjà qu'il s'était retrouvé obligé de venir avec elle, il n'allait pas non plus se comporter comme son amie d'enfance. Pourquoi ne les laissait-elle pas se débrouiller tout seuls ?

A vrai dire, l'as de Too connaissait la réponse : Satsuki était incapable de rester sans rien faire quand il s'agissait d'amour. Quelle plaie ! Enfin bon, autant profiter de ce film qui avait l'air ennuyeux à mourir pour faire une petite sieste.

Bientôt, ce serait bientôt le moment de les rejoindre, songea la rose avec satisfaction quand le générique de fin s'afficha sur le grand écran. En tournant la tête vers son voisin de gauche, elle constata avec dépit que le basané s'était endormi. Retenant son envie de lever les yeux au ciel, elle le secoua par les épaules tout en l'appelant à plusieurs reprises. Au bout de plusieurs tentatives vaines, le basketteur daigna enfin ouvrir les yeux.

_ C'est fini ? demanda-t-il d'une voix ensommeillée.

_ Oui, allez viens, Dai-chan, fit-elle en le forçant à se lever.

_ Oï, doucement Satsuki, protesta-t-il tandis qu'elle l'emportait dans son élan.

Pendant ce temps, Tamiyo commentait le film qu'elle venait de voir, les yeux brillant de joie. Et le fait de l'avoir vu avec Kuroko la rendait encore plus heureuse. Ils se trouvaient devant le cinéma, profitant du soleil qui avait décidé de faire une petite apparition. De plus, vu que ses parents ne rentraient pas ce soir, elle n'était pas obligée de rentrer tôt.

_ Le film t'a plu ? demanda le joueur fantôme de sa voix neutre.

_ Il était génial, merci de m'avoir invitée, Kuroko-kun.

_ Je t'en prie, je suis content de l'avoir vu avec toi, Fukuba-san.

Tellement concentrée dans sa conversation avec le bleuté, la jeune fille ne vit pas deux connaissances sortir à leur tour du cinéma, qui les cherchaient. C'est quand elle entendit une voix familière s'approcher bien trop rapidement qu'elle se raidit brièvement, pinçant ses lèvres.

_ Tetsu-kun, Tami-chan, que faites-vous là ? s'exclama la manager de Too en sautant dans les bras de Kuroko, comme à son habitude.

_ Momoi-san, je ne savais pas que tu serais là, fit-il remarquer calmement tout en jetant un coup d'œil discret vers la châtaine.

Et il ne fut pas déçu de cette vision : Fukuba avait l'air vraiment contrariée par cette rencontre imprévue -du moins pour elle- et elle fronçait les sourcils en les voyant, Momoi et lui, très proches l'un de l'autre. Ainsi donc, l'ancienne manager de Teiko avait raison… Mais était-ce pour autant de la jalousie ? Elle avait bien pu être irritée par autre chose. Pour en avoir le cœur net, il posa l'air de rien une main sur l'épaule de la rose et à ce moment-là, il en fut certain. Fukuba Tamiyo était jalouse.

_ Satsuki, soupira Aomine en la rejoignant, pourquoi tu fais ça à chaque fois ? Oh salut Tetsu, Fukuba.

_ Bonjour Aomine, répondit brièvement la châtaine sans le regarder.

Tout se passait si bien avant l'arrivée de Momoi, pourquoi avait-il fallu qu'elle vienne interrompre leur tête-à-tête ? A peine cette pensée formulée, la lycéenne de Seirin s'en voulut aussitôt. Elle n'aimait pas être en colère contre la rose car elle avait l'impression d'être une mauvaise amie mais dans cette situation, c'était plus fort qu'elle.

Ce n'était pas le pire, comprit-elle en tournant la tête vers le basketteur aux cheveux clairs. En effet, il la fixait intensément et il n'avait pas pu manquer son accès de mauvaise humeur… Elle qui s'était pourtant jurée de ne pas se trahir bêtement, elle venait de le faire en beauté. Comment oserait-elle le regarder en face, à présent ?

Lorsque Momoi proposa à ses amis de se rendre au parc non loin de Teiko, les deux garçons acceptèrent tandis que Tamiyo se contenta de suivre le groupe, sans réel enthousiasme. Elle avait l'impression d'avoir tout gâché et elle s'en voulait tellement qu'elle répondait à peine quand on lui parlait.

Oh, elle était bien silencieuse, tout à coup, remarqua Tetsuya en s'asseyant sur le banc à côté de Fukuba. Elle n'avait quasiment plus dit un mot depuis qu'elle avait salué Aomine. Non, il n'aimait pas la voir ainsi et il voudrait qu'elle sourit car elle était tellement jolie quand elle le faisait.

_ Tu vas bien, Tami-chan ? s'inquiéta la rose.

_ Oui, ne t'en fais pas pour moi.

Momoi n'était pas dupe, la lueur de souffrance qui assombrissait les belles prunelles cuivrées de Fukuba et ses réponses laconiques et sèches ne mentaient pas. Son amie se sentait mal et à cause de cela, elle se sentait un peu coupable d'avoir mis au point un tel stratagème. Seulement, elle savait aussi que Kuroko ne resterait pas sans rien faire car il allait agir, tôt ou tard. Elle en était certaine.

Aussi décida-t-elle de faire comme si elle était convaincue par sa réponse et de continuer sa stratégie de manière un peu moins poussée que prévue. Juste assez pour la faire réagir, en somme.

Tamiyo percevait les conversations de ses amis dans un bruit de fond sourd, elle ne parvenait pas à se concentrer pour leur répondre et elle sursauta quand elle sentit une main se poser sur le haut de sa tête. Abasourdie, elle constata qu'il s'agissait de Kise Ryota, elle ne l'avait même pas entendu arriver et normalement il ne devait pas se trouver à Tokyo, aujourd'hui, du moins d'après ce qu'il lui avait dit par message, au début de la semaine.

_ Bah alors, tu es dans la lune ? la taquina-t-il avec un clin d'œil.

Elle le salua d'un sourire crispé qui disparut très vite et le blond comprit que quelque chose n'allait pas. Non, Fukuba n'était pas dans son état normal et il réalisa que c'était à cause de la proximité entre Momoi et Kuroko, quand elle leur jeta un regard à la fois triste et irrité.

_ Tu es plus jolie quand tu souris, Fukuba-cchi, tenta-t-il de la dérider.

_ Je n'en ai pas la force, Kise-kun, murmura-t-elle en baissant la tête.

En effet, Tamiyo sentait que des larmes montaient et elle préférait les cacher car elle ne voulait pas que d'autres les voient. Les poings serrés, elle se demandait ce qu'elle faisait encore là et elle ne voyait pas Kuroko la fixer presque tristement. Elle pensait qu'il préférait être avec les anciens de Teiko plutôt que de rester seul avec elle. Elle ne pouvait plus le supporter et sa culpabilité empirait les choses.

_ Je crois que je vais rentrer chez moi, je ne me sens pas très bien, souffla la châtaine faiblement en se levant du banc sur lequel elle était assise.

Non, elle n'en pouvait plus, elle voulait partir et être seule. Momoi savait pourtant ce qu'elle éprouvait pour Kuroko alors pourquoi continuait-elle à se comporter ainsi avec lui ? Il valait mieux qu'elle parte avant de dire ou faire quelque chose qu'elle allait regretter. Ce qu'elle aimerait éviter car son amitié était très importante pour elle… En effet, Momoi Satsuki et Tomogawa Mina étaient ses premières amies féminines, même ses premières amies tout court, ayant toujours été une solitaire par le passé.

Décidément, sa jalousie idiote l'empêchait de s'amuser et de profiter d'un moment entre amis. Satsuki était son amie, merde ! Et on ne jalousait pas ses amies ! Il ne fallait plus que cela se reproduise et elle savait ce qui lui restait à faire pour cela : s'éloigner du joueur fantôme, le temps que cela se calme. Ainsi ses sentiments allaient peut-être enfin disparaître, c'était tout ce qu'elle voulait. Elle n'aurait jamais dû s'inscrire au lycée Seirin, ainsi elle n'aurait jamais rencontré Kuroko Tetsuya et sa vie aurait été tellement plus simple…

_ Tu veux qu'on te raccompagne ? demanda soudain Kise avec inquiétude.

_ Non, je n'habite pas loin mais merci Kise-kun, fit-elle avec un léger sourire.

Tamiyo ne savait pas vraiment comment elle parvenait à sourire alors que son cœur était en miettes. Peut-être grâce à l'inquiétude sincère qu'elle sentait chez le basketteur blond, qui lui mettait du baume au cœur… Oui, il fallait vraiment qu'elle parte afin de ne plus voir la rose accrochée -encore- au bras du joueur fantôme de Seirin. Elle aurait tellement aimé avoir le courage de faire la même chose, et plus encore celui de se déclarer pour enfin passer à autre chose… Et rien qu'à voir le regard désolé du lycéen de Kaijo, il avait deviné la raison de son malaise.

Mais elle ne voulait pas pitié, non, plus maintenant. Elle voulait juste rentrer chez elle et se cacher sous ses couvertures pour pleurer silencieusement. Bon en vrai, elle allait sans doute se changer les idées devant une série quelconque toute la nuit pour éviter d'y penser…

Momoi regarda son amie partir, la mine préoccupée. Bon sang, elle voulait la faire réagir pour qu'elle trouve enfin la force de se déclarer, mais pas la voir partir ainsi, la tête baissée, sans rien dire. Sans doute même était-elle en train de pleurer… Ce n'était pas ce qu'elle voulait…

La manager de Too se tourna vers l'ancien joueur fantôme de Teiko et vit qu'il fixait lui aussi le dos de la châtaine, une lueur d'inquiétude dans ses prunelles claires. Elle n'aimait pas non plus l'expression de son visage. Pourvu que tout s'arrange, sinon elle s'en voudrait toute sa vie…

_ Je vais chez elle, ce soir, je dois lui parler, annonça soudain le bleuté sur un ton sans réplique.

_ Tu es sûr que c'est le bon moment, Kukoko-cchi ? s'inquiéta Kise.

En effet, la jeune fille pourrait bien refuser de le voir après ce qui s'était passé. À l'avenir, elle pourrait même s'éloigner de lui dans l'espoir d'étouffer ses sentiments qui la faisaient tant souffrir. Or, personne ne désirait une telle chose. Tamiyo lui avait mentionné cette possibilité pas plus tard que le mardi précédent dans un message. Il avait essayé de la convaincre de ne pas le faire mais elle était restée inflexible.

Pourvu que son petit Kuroko parvienne à lui parler…

_ Je vais lui avouer mes sentiments, confirma le basketteur de Seirin, les poings serrés.

Tetsuya avait l'impression que s'il ne le lui disait pas maintenant, il n'en aurait plus jamais l'occasion. Il ne voulait pas la perdre à cause d'une idée qui avait mal tourné. En soi, le jeune homme n'en voulait pas à Momoi car elle voulait seulement les aider mais cela n'avait pas été concluant. Autant qu'il se débrouille seul…

_ Tes sentiments ? répéta Aomine, surpris. Tu l'aimes ?

Ça alors ! L'as de Too ne s'y attendait pas. Son ancien coéquipier était amoureux de Fukuba ! Une fois sa surprise passée, il esquissa un sourire carnassier. Kuroko devenait un homme, on dirait…

_ Vas-y alors, Tetsu, l'encouragea-t-il en tendant son poing. Même si j'aurais jamais cru que tu aurais une copine avant moi…

_ Rien n'est encore fait, Aomine-kun, temporisa le plus petit des deux en cognant son poing contre celui du plus grand malgré tout.

Cela ne pouvait que lui porter chance, et quelque chose lui disait qu'il en aurait bien besoin.

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Après vingt minutes de marche pénible, Tamiyo arriva enfin chez elle. Elle n'avait pas arrêté de se demander pourquoi elle n'avait pas de chance avec Kuroko. Si cela continuait ainsi, elle demanderait à ses parents de changer de lycée pour ne plus le voir. Évidemment, elle ne leur donnerait pas la véritable raison mais elle savait qu'ils ne refuseraient pas car ils lui faisaient confiance.

Retirant ses chaussures, la châtaine soupira. Dire que cette journée avait tellement bien commencé ! Elle avait passé un merveilleux après-midi en compagnie du joueur fantôme de Seirin… Pourquoi ce désastre, alors ? Non, il ne fallait plus qu'elle y pense car le mal était déjà fait.

Ah, elle ne devait pas oublier d'envoyer un message à Satsuki pour lui dire qu'elle était bien rentrée, ne voulant pas l'inquiéter. Elle sortit son téléphone de son sac et tapa un bref message avant de le verrouiller et de le mettre en silencieux. Elle ne voulait pas être dérangée, ce soir, elle n'était là pour personne.

De Fukuba Tamiyo
A Momoi Satsuki :
Je suis bien rentrée chez moi, bonne soirée à toi.

À la relecture, son message était un peu sec mais elle savait que Momoi ne lui en tiendrait pas rigueur. Tant pis, se dit-elle en soupirant une nouvelle fois avant de poser son téléphone sur la table du salon. Elle lirait sa réponse le lendemain et elle s'excuserait quand même, car cela lui tenait à cœur.

_ Quelle idiote, murmura-t-elle en secouant la tête, j'ai tout gâché…

Devant ce triste constat, ses prunelles furent envahies de larmes mais la châtaine les essuya rageusement, se disant qu'elle était ridicule. Il fallait qu'elle se reprenne, ce n'était plus possible. Ne plus penser à lui, du moins pour ce soir, c'était la meilleure des choses à faire.

Sur cette pensée, Tamiyo monta les marches afin d'aller dans la salle d'eau pour se mettre en tenue de nuit. Elle était constituée d'une jolie nuisette en satin crème avec de la dentelle au niveau du bas et du décolleté, offerte par sa mère, quelques semaines plus tôt, et de sa robe de chambre polaire bleu marine.

Elle la possédait depuis sa rentrée au collège et elle lui allait encore parfaitement. Il serait même plus juste de dire qu'elle était encore un peu large pour elle mais elle se sentait tellement bien dedans, c'était comme une sorte de cocon protecteur.

Une fois prête pour la nuit, la jeune fille se demandait ce qu'elle allait bien pouvoir faire. Ses parents étant absents, elle ne pourrait donc pas compter sur eux pour lui changer les idées, cette fois. C'est dans ce genre de moments qu'elle se disait qu'elle aurait bien aimé ne pas être fille unique. Elle aurait bien aimé avoir un frère ou une sœur avec qui elle aurait pu partager plein de choses...

_ Finalement, l'idée de regarder une série n'est pas si mal, décida-t-elle en se rendant dans le salon au rez-de-chaussée.

Avant de s'installer confortablement dans le canapé, la châtaine alluma la télévision et la box afin de se connecter sur son compte Netflix. Elle se souvenait avoir vu une série dont le synopsis lui avait plu. C'était l'occasion de la regarder.

Cela faisait à présent presque une heure que Tamiyo regardait la série. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'elle était vraiment déçue. Elle qui adorait les séries policières, celle-ci n'était pas à la hauteur de ses espérances. Mais dans ce cas, pourquoi continuait-elle à la regarder ? C'était un moyen comme un autre pour ne pas penser à lui. Car en effet, si elle se laissait perdre dans ses pensées, le risque était grand que cela arrive.

Dire qu'elle pensait beaucoup à Kuroko Tetsuya était un euphémisme. Il était sa première pensée du matin en se réveillant et sa dernière pensée le soir avant de s'endormir. Et voilà, cela recommençait… Elle ne parvenait pas à rester concentrée devant la série, ce qui la faisait dériver. Elle ferait mieux d'éteindre la télévision ou de chercher autre chose à visionner.

Seulement, alors qu'elle allait mettre un anime qu'elle n'avait jamais vu en route, conseillé d'ailleurs par Kuroko, elle entendit la sonnette de l'entrée retentir. Qui venait la voir à cette heure tardive ? De plus, elle n'était pas en état de recevoir de la visite ! En soupirant, la jeune fille traîna les pieds en se dirigeant vers l'entrée et ouvrit la porte.

C'était lui ! Mais qu'est-ce que Kuroko venait faire ici ? Et puis, elle n'était même pas présentable !

_ Kuroko-kun ? Qu'est-ce qui t'amène chez moi ? lui demanda-t-elle en tentant de reprendre son calme.

_ Je suis venu te parler, Fukuba-san, je peux entrer ?

Toujours sous le coup de la surprise, la châtaine s'effaça pour le laisser entrer, fermant la porte à clé derrière lui. Elle le laissa retirer ses chaussures et le conduisit au salon, tout en lui demandant s'il désirait quelque chose.

Pendant qu'elle allait lui chercher sa boisson, Tetsuya prit une profonde inspiration pour se donner du courage. Avouer son amour n'était pas une chose facile du tout mais il ne voulait pas avoir de regret donc il était là, chez elle, pour enfin lui dire ce qu'il ressentait pour elle.

Ah, la voilà de retour avec son verre de jus de fruit, ainsi qu'un autre pour elle. Il attendit qu'elle prenne place sur le canapé à ses côtés avant de se tourner complètement vers elle, plongeant son regard dans le sien.

_ Pourquoi es-tu partie, cet après-midi ?

Le frémissement de la jeune fille fut visible pour le joueur fantôme mais pour le moment, il décida de ne pas s'en préoccuper, voulant simplement une réponse.

_ Je ne me sentais pas bien, rien de plus, répondit-elle en baissant la tête.

C'était flagrant qu'elle allait mal mais pour quelle raison ? Et puis sa façon de baisser les yeux ainsi n'allait pas réussir à le convaincre qu'elle ne cachait rien.

Bon sang, mais que cherchait-il à obtenir d'elle, à la fin ? Sa question l'avait vraiment bouleversée et Tamiyo savait qu'elle ne l'avait pas convaincu. Jouant avec ses doigts nerveusement, elle n'osait plus le regarder dans les yeux.

Le meilleur moyen de la faire craquer pour qu'elle lui dise la vérité serait de mettre les pieds dans le plat, encore une fois. C'était la seule méthode qui fonctionnait avec Fukuba Tamiyo et puis elle était tellement adorable quand elle était gênée que Kuroko ne s'en privait plus. Et là, il savait parfaitement ce qu'il allait lui dire.

_ Serais-tu jalouse de Momoi-san ?

Oh… A cette question, le souffle de Tamiyo se coupa instantanément. Ce qu'elle avait tant de fois essayé de cacher était mis à plat par le jeune homme à sa manière franche. Elle ne pouvait plus le nier, sa réaction venait de la trahir définitivement.

_ C'est pas ça du tout ! tenta-t-elle de nier désespérément.

A la lueur étrange qui brillait dans les yeux bleu ciel de Kuroko, elle comprit qu'il ne la croyait pas une seule seconde. Seulement, alors qu'elle pensait qu'il serait dégoûté d'elle, une main douce s'empara de son menton et lui fit relever la tête. Sur le visage de Kuroko, un petit sourire était présent et elle ne savait pas comment l'interpréter.

_ Tu sais, à l'origine, notre sortie d'aujourd'hui devait être un rendez-vous mais je n'ai pas eu le courage de te le proposer clairement, malgré les encouragements de Momoi-san, avoua-t-il doucement.

_ Pardon ?! s'écria la lycéenne en écarquillant les yeux.

Mais dans le même temps, un espoir naquit en elle, aussi fragile qu'une flamme sur le point de s'éteindre. Cherchait-il à lui dire ce qu'elle voulait désespérément entendre de lui ?

_ Mais… je…, balbutia-t-elle, ne parvenant pas à trouver ses mots.

Pour la faire taire, Tetsuya posa un doigt sur les lèvres de sa jolie voisine et confirma ce qu'il venait de dire d'un signe de tête. Son expression hébétée l'attendrit et il lui prit doucement la main pour la rapprocher un peu plus de lui.

_ Tiens-tu à moi ? lui demanda-t-il.

_ Plus que tu ne peux le penser, Kuroko-kun, souffla-t-elle les yeux fermés.

_ Ça tombe bien, car moi aussi.

Alors qu'il se levait du canapé, le numéro onze de Seirin tira doucement sur le bras de la châtaine et la mit debout, face à lui. Il l'attira contre lui et entoura sa taille de ses bras, pour qu'elle ne puisse plus le fuir.

_ Je peux te le dire maintenant, je t'aime, Tamiyo, et je voudrais que tu deviennes ma petite amie, déclara-t-il d'une traite.

Les yeux toujours clos, Tamiyo sentit des larmes monter mais cette fois-ci, c'était des larmes de bonheur. Il l'aimait comme elle l'aimait, c'était le plus beau jour de sa jeune vie. Ouvrant les yeux, elle lui adressa alors un sourire lumineux auquel il répondit de manière plus légère.

_ Je t'aime, Tetsuya, si tu savais depuis combien de temps je n'osais te le dire…, dit-elle d'une voix tremblante avant de cacher son visage contre le pull vert et blanc du basketteur. Oui, je veux être avec toi, ajouta-t-elle quelques secondes plus tard, levant ses yeux cuivrés humides de larmes vers lui.

Obtenant enfin la confirmation des sentiments que lui portait Tamiyo, Kuroko retint un immense soupir de soulagement et serra fortement la châtaine contre lui pendant quelques instants. Il s'écarta légèrement d'elle et posa enfin ses lèvres sur les siennes, lui donnant le plus doux des baisers qu'il pouvait offrir.

Finalement, la journée se finissait de manière encore meilleure qu'elle avait commencé. Le garçon qu'elle aimait venait de lui retourner ses sentiments et Tamiyo ne pouvait pas être plus heureuse qu'elle ne l'était maintenant. Sa jalousie n'avait plus lieu d'être et elle se sentait infiniment plus légère. Blottie contre son désormais petit ami, elle était enfin à sa place.

Comme quoi, il fallait arrêter de se faire du mal pour rien car les choses finissaient toujours par s'arranger, tôt ou tard.