Heyyyyy girlz !

Wow, j'ai l'impression d'avoir posté le dernier chapitre hier ! J'ai fait vite cette fois !

Je tenais à remercier chaudement Kuro Neko, Yin-Yang YY, Sweety, Arakys, Caro... la team habituelle quoi et les nouvelles aussi, bienvenues à vous ! J'ai comme l'impression que Caro m'a amené beaucoup de lectrices, qui ne sont pas les "habituelles" du fandom, pas celles que je voyais commenter mes anciennes fics, ni celles des autres autrices du moins. A part cela, je sais, je sais mes chapitres sont toujours trop longs, désolée... je vois que ça fait consensus ! Je fais pourtant de mon mieux pour les condenser autant que possible et ne rien y mettre d'inutile pour l'intrigue, mais dans le même temps, il se passe toujours tellement de choses dans mes chapitres que je n'ai pas d'autre choix que de les blinder, si je veux que ça avance un tant soit peu... J'ai une trame à respecter et soyez assurées que j'essaie vraiment d'éliminer tout ce qui peut être superflu. (Mais il en faut bien quand même, c'est ce qui rend le récit plus vrai, plus crédible et l'ancre dans le réel.) Dans tous les cas, je suis contente que "mon" Haizaki vous plaise globalement, je me suis donnée pour mission de le réhabiliter à ma manière. Mais même Kise ;) ! Vous verrez d'ailleurs dans ce chapitre qu'il a une part plus sombre et dominatrice que son côté soleil ne le laisse penser. Cette facade si savamment étudiée...

Merci encore pour vos reviews, même si vous savez que je ne cours pas derrière contrairement à d'autres, cela fait toujours un grand plaisir et ça motive aussi, ce qui n'est pas négligeable !

Désolée pour les quelques fautes qui peuvent traîner ça et là, mais sachez que je poste aussi sur AO3 et en général, cette version-là est plus "clean" car il est plus simple de corriger à postériori sur AO3, que sur FF...

Sur ce merci à vous et enjoy !


« C'est parfait Kise-san ! Elle est bonne, coupez ! »

Et entre nous, il n'y avait pas que la prise qui l'était, bonne...

Le blond sourit, radieux et soulagé, mais à bout de force.

En l'absence d'Astrid, il en avait profité pour tourner l'une de ses scènes solos. Après tout, c'était LUI la star ici, Cendrillon et non elle, le Prince dont tout le monde était INFOUTU de retenir le prénom ! L'entière bonne marche de cette publicité reposait donc sur ses seules épaules... Or, ils squattaient et arpentaient le plateau depuis leur arrivée, depuis l'aube presque, sans faire la moindre pause. Enfin, lui. Astrid se trouvait en effet déjà sur place lorsque l'avion du jaune s'était posé sur le tarmac, avec vingt-trois heures de vol dans les pattes et autant de plomb dans l'aile. Depuis, Kise n'avait pas arrêté, à la fois au four et au moulin, tandis que son irrévérencieuse partenaire les avait enchaînées elle, les pauses... ! Dire qu'en plus, il n'avait pas fermé l'œil dans l'avion... non... il avait mis à profit cette presque journée complète de voyage pour réfléchir.

Encore et encore. A sa situation actuelle. Financière, professionnelle et bien entendu... amoureuse... Argh non, il n'aimait pas ce terme ! En effet, le renard ne se considérait absolument pas comme amoureux d'Haizaki ! Ce qu'il ressentait n'avait même rien à voir avec ce qu'il avait pu éprouver, à une certaine époque, pour Aomine. Oui, ça y ressemblait, mais alors uniquement de loin et dans le noir complet. Sauf que ce n'était pas tout à fait ça... Non, en réalité et même si cela lui tordait les boyaux de l'admettre, il n'y avait rien de princier dans ses sentiments envers le tumultueux brun...

Rien d'honorable. Il s'agissait juste... de luxure à l'état brut. Et donc, pas spécifiquement tournée vers Haizaki, d'après Kise. N'importe qui... bon ok, peut-être pas, mais vous avez compris l'idée... disons... n'importe qui d'un tant soit peu séduisant pourrait faire l'affaire. Car ce dont le blond avait besoin, c'était simplement d'un BON coup derrière les oreilles et dans le derrière, surtout ! Ça n'avait donc pas forcément à être Haizaki.

(Oui, c'est beau un tel déni je suis d'accord... et on sous-estime trop souvent le pouvoir d'un bon vieux gros déni !)

« Les gars, c'est l'heure de la pause déjeuner ! On reprend dans quinze minutes ! » Annonça le réal' en jetant un coup d'œil à la montre en or accrochée à son poignet.

Et bah, c'était pas trop tôt ! Il était presque quatorze heures, heure locale et il commençait à faire FAIM au sein de l'équipe !

« Merci pour ton professionnalisme habituel. C'est un véritable BONHEUR de bosser avec toi, si tu savais... » Fit l'homme au béret, en gratifiant Kise d'une main amicale sur son épaule.

Sous-entendu (sans la moindre subtilité...) : « Pas comme avec cette garce d'Astrid ! »

Tu m'étonnes ! La Française avait tout du cliché de la Top Model narcissique et capricieuse ! A côté d'elle, il faisait figure d'ange.

Essuyant la cendre qu'il avait sur le visage – il venait de tourner près d'un faux-âtre, mimant une scène de ménage... oui... j'ai bien dit « mimant » et Saint Christian Lacroix savait que le Kitsune avait dû faire appel à toute son IMAGINATION débordante pour cela, étonnant donné que de sa VIE, jamais il n'avait réellement tenu le moindre balai (sauf pour faire semblant...), laissant en général l'entreprise de nettoyage à d'autres... – il sourit, satisfait et soulagé. Le résultat qu'il avait vu dans le retour caméra s'avérait prometteur... et il se félicita même de ne pas avoir perdu trop de temps malgré le manque (l'absence totale, plutôt...) de coopération de la part d'Astrid... Il fallait toujours essayer de tirer le meilleur de ce genre de situations.

S'accordant à son tour une pause bien méritée, Kise se sentait au bord de l'épuisement.

Parce que bien-sûr, en plus de ne pas avoir dormi du tout à bord, il n'avait rien avalé du tout. Et là, son corps menaçait de s'écrouler, manquant cruellement d'énergie, tiraillé par la famine... Sauf qu'il ne comptait pas manger là non plus, juste se poser deux minutes dans l'espoir de récupérer un peu... Sans compter la chaleur INFERNALE qui régnait sur le plateau ! Et le fait qu'un GENIE de l'équipe marketing avait décidé d'allumer un VRAI feu dans la fausse cheminée en élément de décor, pour faire plus « réaliste » ! Le tout dans le respect des règles de sécurité et avec extincteurs à portée de main, bien entendu.

Apparemment, le slogan de la campagne publicitaire était « De souillon à l'adulation, de haillons à l'admiration » et le thème de Cendrillon avait été choisi car ce conte, non content d'être universellement connu et populaire, avait toujours symbolisé l'idée de transformation. La chenille qui se change en papillon, la reine du bal, le temps d'une nuit... La conquête du prince charmant. Le véritable « soi ». Celui qui se cache sous les guenilles. Pour des millions de petites filles à travers le monde, Cendrillon incarnait le courage. L'abnégation. Le foyer maternel. Celle dont la beauté cachée ne peut être ternie par la saleté (ou alors seulement temporairement) et ne demande qu'à étinceler de mille feux. Celle qui renaît de ses cendres, tel un phénix flamboyant.

Et quoi de mieux pour représenter ce changement de peau, qu'une pub pour des SOUS-VÊTEMENTS féminins (de luxe) ultra sexy... ? Et encore une fois, qui de mieux qu'un HOMME pour les porter et aller jusqu'au bout de cette idée, jouant à fond la carte de la transformation et du travestissement ? Après tout, on pouvait arguer les drag queens aussi étaient des créatures de la nuit, tout comme la Princesse des Cendres... (dont elle ferait une parfaite égérie, si jamais...) Et puis le message était double : montrer que de la lingerie sensuelle permet d'être réellement soi-même, car dans le fond, ne sommes-nous pas toutes des princesses et que sous la crasse de cache un trésor, pour celui qui se donne un peu la peine de creuser... ?

Mais également, de voir cette parure ainsi portée par un homme empêcherait les femmes, cibles de la campagne, de complexer en se disant qu'elles étaient trop rondes ou pas assez pour permettre de revêtir ce genre d'atours... Car il n'y a rien de plus « neutre » et plat qu'un corps masculin. Or, pourtant, l'ensemble allait à Kise comme un gant et ce, malgré son manque naturel de courbes, semblant dire que tout le monde pouvait porter la nouvelle collection Victoria's Secret, qu'on soit jeune ou vieux, homme ou femme, girond ou maigre.

Et oui, tel était le génie de cette campagne marketing agressive !

Dont Kise était certain qu'elle allait cartonner et sûrement, peut-être, enfin tout du moins il l'espérait, relancer sa carrière... En tout cas, il y croyait. Et puis encore une fois, Cendrillon était sa princesse préférée entre toutes, celle à laquelle il s'identifiait le plus ! Le côté beauté souveraine étouffée sous une couche de vernis qu'il faut se donner la peine d'aller chercher, un peu comme lui s'il s'habillait d'un sac poubelle : même ça, ne suffirait pas à le rendre laid ! Il y avait aussi la danse – sa passion secrète - avec le bal, le beau (et RICHE) prince qui valse comme personne, mais aussi et surtout... les fameuses PANTOUFLES ! Que Kise avait toujours vue comme l'accessoire ultime de la parfaite magical girl ! Celles qui déclenchent une transformation immédiate dès qu'on les chausse ! Avec la belle robe, le costume par excellence de la magical girl...

Or, Kise s'était toujours considéré comme étant une midinette en son for intérieur, sans que cette imagerie n'ait rien de péjoratif à ses yeux. Le blond avait besoin de magie pour fuir la banalité de son quotidien ! Voici pourquoi dans sa prime jeunesse, il écumait les discothèques et soirées, pour danser jusqu'au bout de la nuit, jusqu'à l'épuisement, jusqu'à ne plus sentir ses jambes... Dans l'espoir futile de croiser son prince charmant également dans la file des toilettes ou à l'ombre d'une backroom, pourquoi pas... (WOW TANT DE ROMANTISME, JE SUIS SCIEE... !)

...

Bon alors Kise... Je suis désolée de te décevoir, mais leur symbolique officielle n'est pas DU TOUT celle à laquelle tu penses... Et elle est très loin d'être aussi « romanesque », (du moins, jusqu'à la partie « chiottes » de ton petit fantasme...) puisqu'en effet, la fameuse pantoufle que le prince enfile à sa belle à la fin... représente en réalité... un vagin ! Et le pied qui se glisse à l'intérieur est, de par sa forme et sa longueur, un symbole phallique évidemment... Voici une image que ne renieraient pas les fétichistes de pieds... Les psychiatres et autres sexologues devraient vraiment envisager de baptiser cette déviance « Syndrome de Cendrillon », ce serait méga stylé en vrai ! Comment cela, j'affabule et je sexualise ce qui n'a pas lieu d'être, alors qu'il ne s'agit « que » d'un conte pour enfants !? Hé ho ! J'vous signale qu'on dit bien « trouver chaussure à son pied » et c'est pas pour rien hein ! Depuis toujours, sexualité et petons sont mystérieusement liés ! N'importe quel psy, Freud en tête, vous dira probablement que les personnes qui sont dégoûtées de manière générale par les pieds ou ne les aiment pas, ont un problème avec leur sexualité et l'acceptation de leur corps !

Comment ça, ce sont des conn*ries insipides, fondées sur rien de concret... ? Chacun ses croyances ! Et puis, preuve ultime et indéniable : ne dit-on pas justement « prendre son pied » pour désigner l'orgasme sexuel... ? Ah ! Ça vous en bouche un coin là, hein !? Sans parler du côté « fragile » de la pantoufle de vair, que l'on peut briser lorsqu'on force le réceptacle, un peu comme un hymen... Or, Cendrillon en oublie une au moment de sa fuite du bal, symbolisant sa virginité abandonnée au prince qui l'a faite virevolter peu avant. Oui, c'est si poétique je sais... Paie ta métaphore subtile. Alors pantoufle de vair, pantoufle de vair hein, moi je veux bien mais pantoufle de per...vair/vers surtout !

Mais bref, je m'égare !

Princesse Kise avait dans l'idée de sauter ENCORE un repas, afin de perdre un peu de poids supplémentaire. C'est qu'avec tout ce qui c'était passé dernièrement, il n'avait pas eu le temps, ni même le courage, de suivre un régime drastique... Or, avec Shogo, il fallait dire les choses comme elles étaient : ils bouffaient comme des dalleux ! Pire encore qu'avec Aomine... Que des trucs gras et frits, caloriques et mauvais pour la santé, comme pour la silhouette ! C'était même un MIRACLE que Kise n'ait pas pris plus de cinq kilos ! Bon, il en avait déjà reperdu trois, mais ce (maigre, contrairement à lui...) résultat restait très insuffisant, du moins, pas à la hauteur de ses espérances. Il se pinça les hanches, lèvres toutes aussi pincées, sentant trop de tissu adipeux sous ses doigts... Hmm... Une bonne diète l'attendait en rentrant, ça vous pouvez en être sûres !

Enlevant le foulard qu'il avait dans les cheveux et défaisant le tablier noué autour de sa taille – panoplie de la parfaite bonniche, Kise quitta le set à son tour. Après le repas, enfin, repas pour l'équipe de techniciens seulement pas pour lui, il devait enchaîner sur le photoshoot au bord de la piscine de l'hôtel, en extérieur. Encore une scène en solo. La dernière. En espérant qu'Astrid aurait daigné se repointer d'ici-là... parce qu'égoïste comme elle était celle-ci – en plus d'être jalouse, sans doute, de ne pas avoir été choisie pour le rôle-titre dans la campagne, quand bien même on lui avait expliqué trouze mille fois qu'au regard du message véhiculé, celui-ci ne pouvait être confié qu'à un HOMME – elle avait toutes les chances de décider de tous les planter, sans prévenir.

Ah oui, chez elle, c'était aussi simple que ça. D'un coup de tête, elle pouvait tout plaquer, décrétant que le projet ne la mettait pas assez en valeur finalement et ne voulant par conséquent donc plus y être associée. Alors dire que la grande Astrid Marie Sophie Germain de la Tour faisait trembler l'industrie était bien en dessous de la vérité, au regard de ses crises aussi légendaires que son talent...

Mais pour le plus grand malheur de Kise, la Frenchie avait opté pour repointer le bout de son nez (post-rhinoplastie...) sur le plateau.

Et elle n'était pas seule.

Puisque dans le sillage de sa rivale actuelle se trouvait... une figure bien connue de l'Eurasien.

Celle de son ancien rival, justement !

Cœur battant la chamade, Kise cligna des yeux, ébahi. Il... il hallucinait probablement, là. La faim, le manque de sommeil et la chaleur le tiraillaient impitoyablement, lui faisant voir des choses qui n'existaient que dans son imagination. Enfin, en fait d'imagination, il s'agissait plutôt de l'un de ses pires cauchemars ! Sauf que le small forward des Miracle réalisa rapidement qu'un malheur n'arrivant jamais seul, ce rêve éveillé n'en était pas un. Car dans ses rêves, Haizaki était toujours BIEN SAPPE, avec des fringues de luxe parfaitement taillées, et ressemblait donc à autre chose qu'un SDF en provenance de Hawaii ! (Ben quoi ? Chacun ses repères !)

Contrairement à maintenant...

Aucun doute possible donc, Haizaki était bel et bien là...

Ici, avec lui.

A l'autre bout du monde.

Il l'avait suivi.

Et Kise n'avait plus nulle part où fuir, nulle part où aller...

Un irrépressible vent de panique le gagna.

De toute manière autant assumer, puisqu'il était bien trop tard pour se cacher à présent que le regard du brun venait de l'accrocher. Perçant comme celui d'un prédateur en chasse, traquant sa proie. Mais Kise ne comptait pas se laisser faire. Lui aussi pouvait montrer les crocs et il comptait bien le faire d'ailleurs... D'un pas décidé, il vint lui-même à la rencontre de ses deux adversaires, y allant le premier et de sa propre volonté, n'attendant pas qu'on lui impose quelque chose, ni d'être la victime passive. Résolu, déterminé, il combla la faible distance les séparant, effectuant le tour de la piscine d'un pas lourd.

Et peu importait sa tenue...

Consistant en un shorty-string lassé dans au niveau des fesses, composé de dentelle argentée à reflets bleutés. Shorty bordé de strass (l'ensemble étant complété par des bas et des porte-jarretelles blancs assortis), auparavant dissimulé par un tablier blanc, tablier qu'il avait enlevé entre temps, le shooting étant terminé... Il aurait cependant mieux fait de le garder un peu plus longtemps, si seulement il avait su... Mais pour autant et malgré son accoutrement des plus minimalistes actuellement, Kise avait conscience qu'il devait garder la tête haute pour conserver le peu de crédibilité dont il disposait encore...

« Ryotaaaa ! » L'accueillit d'un sourire faussement amical le loup carnassier, visiblement CONTENT (à plus d'un titre...) de le voir.

« Qu'est-ce que tu fous ici Haizaki !? » Lui répondit-il sur un ton nettement plus agacé et empli d'inimitié.

Ah.

C'était donc comme ça que ça allait être...

« Wooohh bah cache ta joie d'me voir surtout ! » Répliqua à son tour Haizaki, titillé par une telle agressivité.

Pour lui qui espérait avoir manqué, même légèrement à son blond, c'était la douche froide...

Mais presque aussitôt, Haizaki préféra s'adonner ce qu'il savait faire de mieux : mater plutôt que de s'offusquer. Hélas Kise, observateur, comprit immédiatement de quoi il retournait et non sans avoir piqué un fard de rigueur, il s'empressa de cacher son torse nu qui se trouvait jusqu'ici offert au regard pervers du lupin. Croisant les bras sur ses pectoraux en signe de protection, il lança :

« Tsss... tu ne changeras donc jamais, tu n'es qu'un porc... »

Un porc...

Porc... ?

POOOOOOOOOORC !

...

AH NON HEIN !

TOUT, MAIS PAS CA !

Instantanément, un PTSD digne de la Guerre du Vietnam assaillit Haizaki et il se remémora avec horreur le récit précédent de leur rose amie ! Récit qui continuait à le hanter jusqu'à maintenant et sans doute encore pendant longtemps !

« Permets-moi de te dire que t'es complètement à côté d'la plaque ! Tu m'as confondu avec Satsuki ou quoi ? Parce que de nous deux, j'peux t'assurer qu'c'est elle seule la cochonne ! »

« Gné ? »

Haizaki secoua la tête avec dédain. Et peut-être même un peu de dégoût... « Les Aventures du Tatsu et Satsu à la Fac » avaient en effet laissé des traces, trop dégoulinantes pour lui... Kise se sentit largué par cette réponse inattendue (n'ayant pas faire le lien avec l'anecdote précédemment citée), mais pas pour très longtemps. Parce qu'il n'avait pas perdu de vue son objectif premier, qui était de se débarrasser de l'encombrant lupin venu le pourchasser jusqu'aux confins de la Terre. Cependant, avant même que le blond n'ait pu protester, Haizaki reprit le lead de la conversation. C'est qu'il n'était pas venu uniquement pour se rincer l'œil ou faire tapisserie, l'ex-pugiliste !

« Ecoute... je sais que j't'avais promis d't'accorder du temps pour réfléchir à nous deux... enfin quoi que non, moi j'étais pas tellement pour dans le fond, mais c'est pas c'qui t'a empêché de m'imposer TA décision pour autant ! Tu n'm'as pas vraiment laissé l'choix, disons les choses comme elles sont... Mais dans tous les cas, si j'ose me présenter aujourd'hui devant toi, c'est pour te dire que... tu me manques Ryota ! J-j'ai eu tort ! Je... »

« Attends, Haizaki. Je t'arrête tout de suite, ça t'fera économiser ta salive et ma patience avec. Avant de continuer, enfin SI je te laisse continuer bien évidemment, explique-moi plutôt, selon toi, à quel niveau tu as eu tort au juste. » Le coupa t-il, peu désireux de se laisser embrouiller une fois de plus.

« Hein ? »

« Je veux comprendre la véritable raison de ta venue avant de me prononcer sur mon verdict final. Alors va droit au but, ne perdons pas de temps... J'ai du travail... Qu'est-ce que tu regrettes exactement ? Que j'ai découvert le pot aux roses ? D'avoir sauté une momie pendant autant de temps, sans t'être chopé le Typhus ou toute autre maladie du seizième siècle que tu n'auras par conséquent, pas eu l'occasion de me refiler... ? »

« Mais non ! Rien d'tout ça ! Ecoute-moi, bon sang ! J'ai mal agi, d'accord ? J'aurai jamais dû t'mentir comme je l'ai fait ! Même si, techniquement, c'était plus un mensonge par omission, que véritablement intentionnel... »

« Dissimulation sciemment orchestrée et volontaire, tu veux dire plutôt ! »

« T'es dur là, d'autant qu'c'est pareil dans le fond ! De toute façon, intentionnel ou fortuit, le résultat est le même et c'est tout c'qui compte ! »

Le cœur de Kise se fissura dans son poitrail. Il put presque entendre le bruit du verre qui se fend sous l'impact des paroles d'Haizaki. Toujours cette mauvaise foi extraordinaire. Toujours cette dangereuse propension à tenter retourner les situations à son avantage, lorsqu'elles commençaient à lui échapper... A se débattre pour essayer d'inverser le cours naturel des choses...

Mais cette fois, Kise ne le laisserait pas faire.

Il ne se laisserait pas faire...

« Non, ça n'a rien à voir du tout ! Et si malgré ce qui s'est passé, malgré mes nombreuses mises en gardes, tu ne réalises toujours pas la nuance, alors... ce n'était pas la peine de faire tout ce chemin pour venir ici... Retourne d'où tu viens, Shogo... Tu n'apprendras jamais... et ça ne sert à rien de continuer à t'enfoncer, à enfoncer le clou... »

... DANS LE CERCUEIIIIIIIIIL DE NOOOOOOOOTRE HISTOOOOOOAAAAARRRR lalalala !

Ça ferait de super paroles pour une chanson, vous n'trouvez pas ?

... Mais ahem, je m'égare...

« Je savais que tu réagirais EXACTEMENT comme tu viens de le faire, si je te racontais ce qu'il y avait entre moi et Viviane... c'est pour ça que j'ai préféré le cacher aussi longtemps et que, pour être franc, je comptais bien poursuivre sur ma lancée, ouais... Mais la petite fouine que tu es en as décidé autrement... » L'accusa presque Haizaki, montrant à présent les crocs.

Puisque Kise l'empêchait de lui présenter des excuses tangibles et en bonne et due forme, pourquoi continuer à retenir ses coups, je vous le demande ?

« Ahhh parce que ça va être de ma faute maintenant, en plus !? T'as vraiment aucune dignité pour oser dire ça Haizaki... Dégage avant que je ne me fâche pour de bon... »

« Make me... » Le provoqua le noir en plantant son regard aiguisé dans le sien.

Le blond fronça des sourcils. Ce ne serait pas un problème pour lui de faire appel aux gars de la sécurité, qui avaient pour mission de garantir la confidentialité du lieu (mal... apparemment, étant donné qu'Haizaki était parvenu à s'y glisser...), en montant la garde.

Mais il y avait un hic... et de taille.

Car Kise ne pouvait décemment pas se mettre à taper un scandale devant tout le monde... ni même s'autoriser à sortir de ses gonds envers Haizaki... Ce n'était pourtant pas l'envie qui lui en manquait, mais ce genre de débordement pourrait être mal interprété... Or, certains ici présents, comme la brunette justement pendue au bras de l'ex-délinquant, (elle devait croire que Kise ne l'avait pas remarquée, cette saleté de Française voleuse d'homme !) n'attendaient que cela pour lui tomber dessus et lui piquer la vedette. Car la star de cette publicité, celle qui concentrait tous les regards, c'était lui. Aucun écart ne lui serait pardonné ou simplement toléré... Alors il ne pouvait pas se permettre de laisser éclater sa colère au grand jour, malgré sa légitimité.

Haussant des épaules, il choisit donc plutôt de répliquer, restant sur le terrain verbal en sortant la carte de l'indifférence :

« Tu sais quoi ? Ça m'est égal. Reste ici si tu veux, je m'en moque. Je suis tellement accaparé par cette séance que ce sera comme si tu n'existais pas à mes yeux... » Asséna Kise, sûr de ses charmes et du bienfondé de ses paroles.

Oi.

C'était risqué, ça, mine de rien ! Kise risquait en effet gros à laisser Haizaki vaquer librement sur le plateau, sans surveillance, alors même qu'il s'agissait du projet sur lequel le mannequin misait tout pour se remettre en selle ! Le brun aurait en effet tôt fait de tout gâcher, le connaissant... Pour autant, l'urgence du moment pour Kise, ce serait plutôt de s'éloigner en toute hâte.

Parce qu'en effet...

C'était peut-être la chaleur étouffante qui régnait sur le plateau...

Couplée à l'abstinence sexuelle...

Car même malgré cette infâme chemise beaucoup trop échancrée, sponsorisée par les bonbons Crocodiles Haribo...

Kise ne pouvait pas s'empêcher de le trouver... super méga giga tétra ultra hyper bandant... Vous voyez, un peu comme le dernier yaourt périmé au fin fond du frigo à trois heures du matin : tu le sais pertinemment qu'il va être dégueulasse, tu le sais mais pourtant, tu t'l'taperais bien quand même... Mieux valait donc dans ces conditions que le mannequin regagne sa place avant qu'une érection intempestive ne vienne déformer son délicat et horriblement SERRE sous-vêtement... Ce qui, avouons-le, la foutrait mal lors du shooting...

Or, apparemment, Haizaki partageait le même émoi malgré la dureté des mots prononcés, parce qu'il ne gêna absolument pas – comme à son habitude – pour le reluquer sans vergogne, une fois que le blond lui eut tourné le dos. Sa chute de reins était vraiment... remarquable. Et que dire ce shorty minimaliste qui la mettait parfaitement en valeur, lui moulant le booty comme jaja ! Juste au-dessus des affriolantes rondeurs jumelles, pile au niveau du fossé séparant cette croupe en deux, tel Zeus ayant lancé sur sa foudre dévastatrice sur ces monts inspirants, se situait une petite ouverture fort aguicheuse en forme de cœur, complétée par un laçage stratégique. Laçage qui en dévoilait suffisamment sans tomber dans la vulgarité, tout en conservant une part de mystère propice à l'imagination la plus débridée.

Enfin, le tissu était attaché par un adorable petit nœud en satin qui faisant penser au ruban d'un paquet cadeau qu'Haizaki n'avait qu'une hâte : DEBALLER comme au matin de Noël ! Il lui sembla même... non, ce n'était pas qu'une apparence en fait : Kise roulait très clairement du cul en marchant, transpirant la confiance en lui et la sexitude ! Nan mais de toute évidence, le blond le faisait exprès pour l'exciter ! Et notre loup, ou plutôt toutou à sa mémère, était à deux doigts de lui emboîter le pas, langue pendante de désir...

Non mais depuis QUAND Kise était-il devenu aussi BONNASSE ?

Ah ben, depuis toujours en fait...

Rien de nouveau sous les tropiques donc, au sens propre comme au figuré.

Mais quoiqu'il en soit, jamais son rival ne lui avait paru aussi désirable qu'en cet instant fatidique...

Sans doute le goût de l'interdit, maintenant qu'Haizaki ne pouvait plus l'avoir vu que le blond semblait à présent totalement hors de portée... De la sienne, en tout cas.

Un chariot à roulettes déboula alors soudainement sur le plateau, chargé des box repas, interrompant ainsi le dégénéré capillaire dans son entreprise de matage en règle. Tiens... ? Tout le monde eut l'air étonné, le réalisateur en tête... Il n'avait pourtant pas demandé à son assistante de commander de quoi déjeuner... Pourtant, quelqu'un d'autre semblait s'en être chargé... Un bienfaiteur pas si mystérieux que cela... et il avait pensé à tout le monde en plus... (sauf les vegans, de toute évidence. Mais y en avait-il sur ce set ? Hmm...)

Aussitôt, Astrid qui ne l'avait pas lâché, se crispa. Enfin, celle qui était restée silencieuse jusqu'ici se décida à donner son avis. Pas qu'on le lui ait demandé, ni qu'il soit foncièrement intéressant, mais...

« Tss... il faut toujours qu'il se fasse remarquer celui-là... Il ne peut pas s'en empêcher, c'est plus fort que lui ! »

Elle serra le poing de rage.

« Hmmm ? » Fit son partenaire, qui ne l'écoutait que d'une oreille distraite. « Qu'est-ce que tu veux dire ? »

Mais à en juger par son ton agacé, contrastant avec le sourire de Kise à l'autre bout de la pièce, aucune place au doute : les deux événements étaient liés...

« Non mais quel hypocrite, j'te jure... Il fait tout le temps ça ! »

« 'Ça' quoi ? » Tentait toujours de comprendre Haizaki, sans quitter son homme du regard.

Pas même lorsque celui-ci fut submergé par une foule de techniciens reconaissants, qui ne tarda pas à l'encercler...

« Ça, là ! Commander des repas ou des offrir de petits cadeaux, de petites attentions aux membres de l'équipe technique et aux autres modèles ! Sans compter qu'il s'embarrasse à retenir le nom de chacun ! Comme si ça servait à quelque chose ha ! »

Wow... Super agréable cette nana, dites donc... ça donnait grave envie de bosser avec...

« Heuu... ça me semble juste être le b.a-ba de la politesse de faire l'effort d'ret'nir le nom des personnes avec qui tu bosses et seras sans doute amené à retravailler régulièrement, non ? Enfin... je veux bien admettre que payer le repas et des cadeaux, par contre... ce soit légèrement too much ça par contre... »

Hmm... mais d'un côté, cela ne l'étonnait guère venant de Kise. Il se montrait beaucoup plus attentionné et observateur qu'il ne le laissait paraître. Et puis... naturellement... à cause de sa grande beauté... ça avait tendance à l'isoler des autres. A le rendre inaccessible, du moins, en apparence. Du coup, fatalement, les gens – normaux hein, ceux qui existaient en dehors des fangirls hystériques et irrespectueuses – osaient moins facilement l'aborder...

« Et donc, tu dis qu'il fait souvent ça ? Payer sa tournée ? »

« Dès qu'il en a l'occasion ! Même après l'taf ! Tout ça pour se faire bien voir et apprécier pfff ! Qu'est-ce qu'on en a à foutre de l'avis de ces manants tout justes bons à mendier, tu peux m'le dire ? Lui et moi, nous ne devrions pas avoir besoin de cela, nous sommes l'ELITE ! Si quelqu'un devait faire des cadeaux, ce serait plutôt à eux de célébrer notre beauté en nous couvrant d'offrandes ! Et jamais l'inverse ! »

Hahaha ! Non mais... elle était sérieuse cette p*tasse... ? Haizaki laissa échapper un ricanement. En tout cas, elle connaissait bien mal Kise si elle pensait sincèrement qu'il n'agissait de la sorte QUE par pure hypocrisie ou par fausse bonté d'âme... Bien-sûr qu'il avait quelque chose à y gagner. Mais il était également comme ça aussi, en vrai, dans le fond. Une bonne personne. Quelqu'un de foncièrement généreux. Ok, il aimait qu'on l'adule aussi, cependant, ce n'était pas son mobile principal...

Kise était juste un mec un peu niais et gentil, voilà tout. Une bonne pâte comme on n'en faisait sans doute plus dans cette profession où l'individualisme prévalait sur l'entraide. Ce qui ne voulait pas dire qu'il n'était pas capable de montrer les crocs quand les circonstances l'exigeaient ou qu'il ne savait pas faire semblant, si nécessaire. Hmm... Peut-être aussi qu'il changeait de personnalité en gré de ses besoins et des aléas de la vie. Or, sa situation financière actuelle exigeait de lui qu'il se montre particulièrement conciliant. Il n'avait pas droit au moindre faux pas, s'il espérait pouvoir sauver sa carrière autrefois florissante.

Enfin, ce qu'il en restait... Et c'était justement par ce genre de petites attentions qu'il parvenait à se démarquer de la concurrence. Le blond l'avait bien compris. Pour percer et ensuite se maintenir à niveau, il fallait donner envie de bosser avec lui, sur et dehors des plateaux également. Les réputations se font et se défont plus vite dans ce milieu qu'une anorexique qui se précipite aux chiottes pour y rendre son repas de midi.

Nul doute que dans un futur plus ou moins proche, l'exécrable Française paierait cash ses saillies méprisantes et elle en avait probablement conscience, c'est pourquoi elle ne manquait pas une occasion de casser du sucre sur le dos de son rival direct et également la raison pour laquelle elle amassait les Roupies sur un compte offshore non déclaré, au taux d'intérêt exponentiel afin de préparer au mieux son parachute doré lorsque la fin de la fame se ferait sentir... Que ce soit invariablement à cause de son âge ou de son caractère, d'ailleurs...

« Tu sais quoi ? Je crois que je commence à t'apprécier ! T'as pas ta langue dans ta poche toi au moins... C'est bien, ça change du Club des 'sans couille'. »

« Et y a pas que dans le domaine de la palabre... que j'ai la langue bien pendue, si tu vois ce que je veux dire beau gosse... » Sourit Astrid, prédatrice, avant de venir se coller à lui.

Ou plus précisément, elle lâcha ENFIN son bras pour venir se poster face à lui, enfouissant les mains dans les poches arrières du slim noir d'Haizaki. (A croire que ce type ne connaissait pas les shorts et les bermudas en dehors de la pratique sportive, même en cas de fortes chaleurs...) Puis elle se pencha vers l'avant pour les rapprocher. La dénommée Astrid le bouffait des yeux, le message était plus que clair, surtout lorsque la jeune femme se passa cette fameuse langue sur les lèvres en un geste... équivoque...

Bon...

La bonne nouvelle dans tout ce merdier, c'est qu'au moins quelqu'un le trouvait à son goût ici. Même si ce n'était pas la personne... Maigre consolation, certes, mais consolation quand même.

Après avoir recueilli les remerciements de tous ses collègues, (Le blond leur avait fait livrer des sandwichs au CAVIAR quand même (ou au foie gras, pour les allergique à la poiscaille !), excusez du peu ! Oui, vous avez bien lu et non je ne déconne pas, c'est ça le pire ! Des sandwichs TRIANGLES par-dessus le marché, comme ceux qu'on trouve au bord des autoroutes ! Soit le truc le moins gastronomique du monde quoi... Hérésie de marier ensemble deux aliments aux standards culturels aussi éloignés ! Ce serait comme de mélanger un burger bien fat et détrempé de sauce à du foie gras de qualité et... oh wait... ! Bon au moins... le mannequin avait eu la décence de choisir du pain complet... Et sans gluten tant qu'à faire les choses un tant soit peu dans les règles !) notre renard alla se changer derrière un paravent prévu à cet effet et un peu isolé du reste du groupe, qu'il laissa manger tranquillement sans oser se mêler aux autres.

Ayant pu jurer avoir senti le regard de Kise dans son dos l'espace d'un instant, Haizaki décida quant à lui de faire ce qu'il maîtrisait le mieux : c'est-à-dire emmerder le blondinet. Discipline qu'il avait élevée au rang d'art. Alors comme ça, Kise clamait qu'il s'en foutait de lui ? Que le brun n'existait plus pour sa Majesté Cendrillon ? Qu'à cela ne tienne... Haizaki comptait bien lui prouver l'inverse et sans attendre !

Semblant ignorer le mannequin, l'intenable tornade brune se mit donc aussitôt à flirter avec la Française... Les habitantes de l'Hexagone n'étaient-elles justement pas réputées pour être chaudes comme la b(r)aise ? Or voilà une légende urbaine à la peau dure qui arrangerait très fortement ses affaires, si elle s'avérait vraie...

Après avoir dévoré rapidement ce déjeuner gracieusement offert, l'équipe technique se remit au travail. Il fut décidé que malgré le retour d'Astrid – passé relativement inaperçu puisque l'ingérable brunette était présentement occupée à se faire... et bien... gérer par Haizaki, du coup – Kise poserait pour sa dernière scène solo maintenant, afin de prendre un peu d'avance avec le planning. Le blond préférait en effet continuer à travailler d'arrache-pied dans le but d'essayer de combler le retard pris à cause de son imprévisible partenaire et puisqu'il avait opté pour sauter (encore) un repas, le jeune homme se trouvait entièrement disponible pour le moment. La fine équipe se dirigea donc dehors, encadrant soigneusement Kise, sans doute de peur qu'il ne tombe ou fasse un malaise dû au surmenage... tandis qu'un Haizaki intrigué et sa French suivirent discrètement le mouvement.

Ils restèrent ensuite à distance, mais suffisamment proches pour pouvoir observer le spectacle qui se déroulait sous leurs yeux, de l'autre côté de la piscine...

De toute façon, Haizaki était accompagné par Astrid, alors le fait qu'il soit une personne extérieure, totalement étrangère au set, ne posa pas le moindre problème. Ou tout du moins, personne n'osa rien lui dire. Pas mal comme passe-droit et Haizaki se félicita mentalement d'avoir su harponner la bonne nana. D'après ce qu'Ass lui expliqua, il s'agissait d'un shooting pour une célèbre marque de lingerie féminine haut de gamme, ayant pour thème « Cendrillon ». Rien que ça ! Et c'était justement le blond qui avait été désigné pour incarner la belle princesse étourdie.

Bien qu'il s'agissait d'un rôle de composition, car JAMAIS ô grand JAMAIS, Kise ne serait du genre à égarer l'une de ses chaussures de grand couturier après le bal. Pas même dans la précipitation, ni malencontreusement ! Nan lui, une grole de cette valeur, il serait capable de se la faire greffer au pied directement, à même la chair, pour être certain de ne jamais la perdre par inadvertance ou se la faire dérober... A vrai dire, le connaissant, Haizaki aurait même été prêt à parier que Kise serait prêt à dormir avec, histoire de ne jamais les quitter, ni les laisser sans surveillance. Oui, même dans un lit. Ou sous la douche. Pas question de les enlever, jamaiiiiiiiis, pas même sous la torture ! Le seul moyen de les lui retirer serait de lui trancher net les panards !

...

Haizaki soupira. Il voyait bien que le blond jubilait d'avoir été choisi, au nez et à la barbe de sa rivale. Même s'il était question pour lui de porter des fringues traditionnellement féminines et donc, d'assurer le rôle de la femme. De la femme fragile et entièrement dépendante de son prince. De la souillon, soumise à sa marâtre et à son futur époux. Ainsi qu'à ses deux demi-sœurs. Hahah ! Haizaki avait l'impression d'être l'une d'elle à cet instant ! D'autant qu'« Astrid », ça commence justement par la même voyelle qu'« Anastasie », l'une des sœurs de Cendrillon... et qu'elle avait même failli s'appeler ainsi notre chère Française au départ... Non, je ne plaisante pas, demandez à ses parents si vous n'me croyez pas ! Bon, en vrai, c'est surtout moi qui regrette de ne pas y avoir pensé avant d'écrire ce chapitre, afin de lui donner ce prénom... Anecdote qui aurait sans doute beaucoup amusé Haizaki au regard de la situation, s'il en avait eu connaissance. Drôle de constater à quel point certaines choses semblaient avoir été prévues par le Destin longtemps à l'avance...

Et en parlant de Destin, Javotte de Tremaine... enfin, Haizaki remercia en silence le sien lorsqu'il put enfin apercevoir Kise complètement et sans obstacle. La ribambelle de maquilleuse, l'essaim même, venait effectivement de s'éloigner de lui après l'avoir retouché et recoiffé de manière plus distinguée que tout à l'heure, lorsqu'il était censé incarner le côté « bonniche » de Cendrillon. Mais cette fois, c'était la Cendrillon noble qui allait faire son grand retour... dans une scène et sur scène... en princesse.

En princesse...

NUE... !

A croire qu'ils l'avaient confondue avec Pocahontas... (Non Zaki, ce n'est pas parce qu'elle était Indienne qu'il s'agissait d'une sauvageonne et que donc, par définition, elle se trimballait à poil, les lolos à l'air au soleil couchant !)

N'empêche, original et plutôt osé pour une pub de lingerie... même s'il était ici question de nudité artistique, bien évidemment. Censé évoquer le côté libéré de la FÂÂÂÂME ! En tout cas, Haizaki ne s'attendait pas à cela. Pas étonnant que la Frenchie ait crisé de ne pas avoir obtenu le rôle principal avec ce genre de photos à la clé... C'était le genre de game changer à pouvoir propulser une carrière, même en dormance...

Pour l'occasion, on avait donné à Kise un long châle ou voilage, cela dépendait de vos connaissances en termes de mode, vaporeux à souhait et brodé de pierres précieuses cousues main. On aurait dit une toile dépeignant la Voie Lactée, au sein de laquelle scintillaient une myriade d'étoiles... Le degré de précision et les heures de dur labeur que représentait cet ouvrage devaient être juste folles ou du moins, difficilement quantifiables ! Mais Cendrillon le méritait. Plus que toute autre princesse, elle symbolisant la nuit, la magie liée aux étoiles et l'émancipation de sa condition. Sans compter que contrairement à ses collègues, elle se parait de ses plus beaux atours pour se rendre au bal... comme des milliers de jeunes filles espérant réussir à séduire et attirer le regard de leur prince...

Mission accomplie pour Kise dans tous les cas...

Et pour cause, Haizaki ne parvenait plus à décrocher, même si l'élément essentiel de son anatomie restait suggéré et savamment dissimulé derrière quelques coutures lâches en apparence seulement... Ouais, il était fasciné notre loup, prêt à hurler son amour et que la Lune, l'astre de la nuit, lui en soit témoin ! Pourtant, Haizaki avait déjà vu le blond entièrement nu, de bien plus près et à plus d'une occasion également. Mais cette fois... cela lui semblait différent...

Peut-être parce tout n'était pas montré.

Ou peut-être aussi parce que le blondin prenait un malin plaisir à se refuser à lui, alors même que Kise était plus désirable que jamais auparavant. Au summum du glamour et de son pouvoir de séduction. Il était prévu que l'ancien Miracle prenne la pose devant la piscine, allongé sur le ventre. Jambes relevées et fesses bombées, simplement paré de son voile semi transparent et du fameux chocker en velours noir de Cendrillon. Un peu de fard argenté avait été appliqué sur ses paupières et un enlumineur irisé posé sur ses pommettes pour les rehausser. Quant à ses lèvres, un gloss pailleté dans les mêmes tons, y avait élu domicile le temps du shooting. Bon... il s'avérait qu'en fait il ne s'agissait pas d'un simple châle, mais d'un déshabillé. Un genre de petite robe de chambre sexy... mais que Kise avait choisi de porter ainsi, enroulée autour de son corps pour mieux le mettre en valeur. En dévoiler suffisamment pour émoustiller le mâle, mais pas trop non plus pour conserver une part de mystère nécessaire...

Se dirigeant près de la piscine très profonde de l'hôtel car elle était également destinée à accueillir des entraînements et des initiations à la plongée sous-marine, (activité proposée par certains moniteurs de l'établissement) Kise ne put empêcher son regard d'être aimanté vers le couple, non, duo infernal plutôt, formé par ses rivaux, malgré le bassin et la distance les séparant. Force était de constater que cette peste d'Astrid se comportait avec Haizaki comme Miss R. avant elle... A le tripoter allègrement, à minauder pour avoir et surtout garder son attention, tout en en faisant des caisses. Pas vraiment subtiles comme approche. Mais cela semblait convenir à Haizaki qui, non content de ne pas la repousser, l'encourageait même à poursuivre sa parade amoureuse par des sourires charmeurs et autres œillades chaleureuses.

Tsss...

Ces deux-là osaient réellement faire ça devant lui !? Se draguouiller de la sorte et de manière aussi... éhontée, par-dessus le marché... !? Et impunément, en plus ! Dire qu'Haizaki avait clamé être venu ici pour lui... et bien, la preuve ! Il avait vite tourné la page le lupin ! Au premier rejet de sa part ! Apparemment, s'être fait éconduire par le goupil ne l'avait pas empêché de rebondir et n'allait certainement pas non plus l'empêcher de dormir ce soir ! D'autant qu'Astrid n'allait pas manquer de l'aider à trouver le sommeil, en offrant par exemple de partager son lit avec lui... Une jalousie sourde aiguillonna le cœur du renard à ces pensées. Mais toujours était-il qu'en attendant, Kise crevait littéralement de chaud. Normal, vu qu'ils se trouvaient en plein soleil cette fois... mais pas seulement. Car une chaleur diffuse d'une toute autre origine était en train de se répandre dans son bas ventre et commençait même à lui monter petit à petit à la tête.

Sexe...

Il avait envie, non, BESOIN de sexe !

De sexe débridé et sauvage !

Et voir les deux autres zouaves s'ébattre à moitié devant lui, juste sous ses yeux même, n'était pas pour le détourner de ses idées salaces. Impliquant TOUTES un Haizaki plus ou moins (dé)vêtu, quel que soit le scénario retenu... Un Haizaki prêt à l'emploi, à sa merci totale et disposé à réaliser le moindre de ses fantasmes...

Haizaki, Haizaki... encore et toujours Haizaki... Son esprit était rempli d'Haizaki...

C'était comme si, même avec plusieurs océans se dressant entre eux, Kise ne pouvait s'en détacher et encore moins lui échapper. Comme si... même s'il n'avait pas été physiquement là, présent avec lui, l'ancien as de Fukuda aurait malgré tout continué à occuper toutes ses pensées les moins catholiques...

Tellement frustrant...

D'incontrôlables rougeurs prononcées venaient de prendre place sur ses joues et tout à coup, Kise remarqua que le brun avait détourné le regard de sa conquête féminine et le fixait à présent lui aussi. Et que pour une raison qu'il ignorait encore, Haizaki semblait presque... inquiet... ? Aussitôt et sans que Kise ne comprenne pourquoi, Haizaki se mit à trottiner vers lui d'un air passablement affolé.

« Fuck, Ryota ! »

Le combo, le cocktail explosif soleil de plomb + hypoglycémie eut raison de ses dernières forces. Subitement, Kise sentit ses jambes en coton se dérober sous lui en même temps que le sol et il s'écrasa de tout son poids dans la piscine... Il vacilla et coula telle une chape de plomb vers le fond du bassin. Encore à demi conscient mais n'ayant hélas plus la moindre force d'essayer de se hisser vers la surface, il se regarda plonger dans les abysses, comme sorti de son corps. A l'extérieur de son enveloppe charnelle, il contemplait ce plafond de verre, là où le soleil ravageur se reflétait en une image floue et mouvante.

Bientôt, il ne ressentit plus la chaleur de ses rayons, mais seulement l'appel des profondeurs. Le froid. La mort. Que s'était-il passé ? Pourquoi était-il tombé tout à coup, sans parvenir à se rattraper ? Sans doute la conséquence directe des négligences de ces derniers jours. Mais qu'y pouvait-il si Haizaki empoisonnait chacune de ses pensées ? Chacun de ses gestes, chacune de ses respirations, lui coupant l'appétit et tout envie de continuer... ?

Oui...

Malgré son acharnement à démontrer le contraire, leur dispute avait profondément affecté le blond. Blessé dans sa chair, il avait erré sur le plateau tel un cadavre décharné, un zombie accro au boulot pour éviter d'avoir à songer à cette rupture qui lui pesait sur le cœur. Tête baissée, il s'était lancé, jeté corps et âme dans le travail pour faire illusion. S'empêcher de vivre, en mode automatique. Parce que sinon... Sinon, il aurait craqué. Il aurait fait demi-tour. Tout lâché, tout abandonné et pris le premier avion retour pour L.A. Pour retrouver Haizaki... rentrer auprès de lui, là où était sa véritable place. Mais sa fierté lui incombait de tenir bon. De ne surtout pas céder aux hurlements du loup qui se mourait d'amour pour lui.

Mais à présent...

A présent...

A cause de son entêtement...

Il flottait entre deux eaux.

Glaciales et sa conscience le quittait peu à peu.

Il se sentait lourd, si lourd...

Si fatigué, incapable de bouger...

Brusquement, un impact à la surface.

Un bruit sourd.

Des bulles qui remontent, éthérées.

Une silhouette humaine qui nage vers lui et descend le rejoindre avant qu'il ne heurte le fond de l'eau.

Son sauveur l'attrape par la taille et capture ses lèvres pour lui transmettre un peu d'oxygène et éviter que ses poumons ne se noient. Mais le geste est doux et se prolonge, comme un baiser aquatique.

Kise se laissa porter et en quelques battements de jambes, il perce l'eau. L'ange blond est encore choqué, traumatisé, à bout de souffle, mais il revient à lui petit à petit. Tout le monde se masse autour de lui.

« Putain, laissez-le respirer bordel ! Eloignez-vous et allez plutôt lui chercher une serviette ou de quoi se sécher ! » Hurle sur un ton quasi-militaire celui qui le garde toujours jalousement contre lui.

Kise a du mal à garder les yeux ouverts...

Que s'est-il passé ? Il a l'impression d'être ici, mais très loin à la fois... De ne plus s'appartenir

Par réflexe, il se blottit un peu plus dans ces bras forts qui le soutiennent et le soulève comme s'il n'était qu'une vulgaire poupée de chiffon squelettique.

Haizaki...

Alors c'était lui qui avait plongé sans hésiter pour lui porter secours, avant tous les autres ? Mais le renardeau sauvé des eaux se sentait à présent si faible qu'il n'avait plus la force de lutter.

Il a si froid et son visage, ses lèvres, sont d'une pâleur cadavérique. Malgré les appels désespérés d'Haizaki, sa conscience sombra à nouveau pour de bon dans les abimes de la solitude...


Encore cette même question.

Que s'est-il réellement passé ?

L'instant d'avant, il se trouvait debout, au bord de la piscine et celui d'après, son corps avait basculé dans l'eau fraîche et chlorée, sans parvenir à s'empêcher de couler comme une pierre...

Kise se réveilla en sursaut, se redressant sur le sofa du local technique qui avait été aménagé en loge de fortune. Il était sec et un plaid le recouvrait entièrement. Ce à quoi il convenait d'ajouter que sa tête le lançait horriblement. Bon sang... il avait du mal à se souvenir...

Près de lui, Haizaki semblait monter la garde, tel un chien de berger. Ou un chien de sauvetage, plus précisément dans le cas présent.

Je dis bien « semblait » car le brun somnolait, avachi sur un tabouret dont il accomplissait l'exploit de ne pas tomber tout en gardant sa position assise. Bras croisés sur son torse, il maintenait une posture presque droite, à la manière d'une imposante statue gardienne. Encore une fois par réflexe, Kise tendit la main vers lui, pris d'une irrépressible envie de le toucher et s'assurer qu'il dormait bien. Il n'avait que peu de souvenirs de la scène précédente, mais son cœur lui martelait que c'était Haizaki qui l'avait secouru, il le savait.

Délicatement, du bout des doigts comme par peur de l'incommoder ou de le réveiller, Kise dessina la lèvre inférieure d'Haizaki, suivant son contour pensivement. Le brun semblait... si vulnérable dans cette position... Beau. Irrésistible. Soumis à ses moindres fantasmes. Ses traits fins ne dégageaient que douceur. Lentement, Kise se pencha pour déposer un léger baiser de remerciement au coin de cette bouche tentatrice, mais Haizaki le sentit malgré ses précautions. Il fut plus rapide que son comparse pris au dépourvu et en un automatisme félin, il se saisit fermement de son poignet tandis qu'il émergeait lui aussi.

« Aïe ! Mais qu'est-ce qui te prend !? »

« C'est plutôt à toi qu'il faudrait demander ça... » Avant de réaliser son erreur. Il ne s'agissait en réalité pas d'une attaque, mais pas question d'assumer la faute. Autant rejeter sa réaction disproportionnée sur Kise. « Et puis, il fallait t'y attendre : tu m'as lâchement surpris aussi... »

« Et alors ? J'ai fait doucement, ce n'est donc pas une raison pour me serrer aussi fort ! »

A cours d'argument, le brun le lâcha aussitôt et Kise massa son poignet endolori. Bon sang... Haizaki ne contrôlait vraiment pas sa force parfois ! A moins qu'il ne l'ait délibérément fait exprès... Dans tous les cas, un jour, ce genre de réflexe malheureux pourrait mal finir...

« Tu avais peur que quelqu'un t'attaque dans ton sommeil ou quoi ? » Maugréa le top model en secouant son poignet endolori et encore un peu ankylosé.

« Et si je te disais que oui, qu'est-ce que tu répondrais ? »

« Heu... probablement que t'es parano ou alors que tu es simplement taré... ? Non, en vrai, je crois surtout que je te demanderai de me dresser de toute urgence la liste des personnes qui pourraient suffisamment t'en vouloir, au point d'essayer de te trucider dans ton sommeil... Parce que ce serait grave, là. Je veux dire... ouais, bien-sûr, t'es sacrément insupportable quand tu t'y mets et j'arrive aisément à concevoir qu'on n'puisse pas t'blairer, mais de là à ce que tu en viennes à craindre pour ta propre vie, faudrait quand même songer à en informer la police ! »

Ah... Kise, Kise... Gentil et innocent Kise...

Il y avait tellement de choses que le blond ignorait au sujet de son ex-ennemi juré et cette naïveté confondante demeurait... étrangement attirante.

Réconfortante.

Galvanisante.

« Fais gaffe... Un peu plus et j'pourrai presque finir par croire qu'tu t'inquiètes pour moi Blondie... »

Grand sourire provocateur.

Kise se recroquevilla aussitôt sur lui-même, tel un gamin pris la main dans le sac(het) de bonbons... Bien-sûr qu'il se faisait un sang d'encre (de seiche) pour Haizaki, mais ce dernier n'avait pas besoin de le savoir... Parce que sinon, il n'allait plus le lâcher avec ça.

Et puis, 'Blondie'... Pfff... Non mais c'était nouveau ça encore ! D'où ça sortait !? (Heu... au hasard : de ta couleur de tif jaune poussin... ?) Cependant, Kise n'eut pas davantage la force de s'indigner de l'énième surnom dont il venait d'hériter. En effet, la tête lui tournait toujours follement.

« N-n'importe quoi ! Je m'en moque comme de ta première chemise Hawaiienne, gros débile ! »

« Et bien tu n'devrais pas. Parce que déjà, pour ta gouverne, sache que j'y tenais beaucoup, moi à ma première chemise Hawaiienne ! Dommage que j'ai pris trop de muscle pour pouvoir encore rentrer dedans... Mais surtout, j'te f'rai dire qu's'il venait à m'arriver quelque chose et bah, tu s'rais pas dans la merde tiens ! Et pour cause, puisque c'est moi et moi seul qui ai plongé pour sortir ton gros cul d'anorexique de la flotte tout à l'heure ! »

'GROS CUL D'ANOREXIQUE' !? C'était supposé le désigner, un qualificatif aussi... fallacieux et peu flatteur !?

« Tsss... Non mais c'est impossible d'abord ! Comme si on pouvait avoir un GROS cul ET être anorexique dans le même temps ! Sans compter que, désolé de te décevoir, mais je n'suis clairement ni l'un ni l'autre ! »

« Ah ouais ? Alors dans ce cas, pourquoi Ass... trid... » Rajouta t-il la seconde syllabe in extrémis, histoire de ne pas attiser des soupçons (in)fondés. « ... m'a t-elle affirmé que tu n'avais rien avalé depuis ton arrivée et sans doute même bien avant de poser le petit orteil ici ? »

'Ass' ? Kise ne fut pas dupe un seul instant. Tiens donc... alors comme ça, elle aussi avait écopé d'un petit surnom, que c'était mignon ! Enfin, à gerber plutôt...

« En quoi mon appétit et ce que j'ingurgite la regardent d'abord celle-là ? A ta place, je ne croirai pas un mot de ce qu'elle peut dire. M'est même d'avis qu't'aurais plutôt du souci à t'faire de c'côté-là : la concurrence pour le titre du plus gros menteur de l'année sera rude avec elle sur tes talons ! »

« Oh vraiment ? Serais-tu donc en train d'insinuer qu'elle m'a menti ? »

« Ouais ! Et pas qu'un peu en plus ! Mais t'étais sans doute trop occupé à trouver comment la mettre dans ton lit pour te rendre compte qu'elle me déteste copieusement et fera donc tout ce qui est en son pouvoir pour me nuire ! »

« Non là par contre, c'est toi qui mens Ryota... »

« Hein, comment ça ? »

« Elle ne te déteste pas, du moins pas complètement. Enfin, pas plus que moi quoi. Figure-toi qu'elle a même demandé de tes nouvelles. Et je précise qu'elle paraissait réellement inquiète. »

« Ben voyons ! C'est ma rivale, elle ne cesse de se réjouir de mes malheurs ! »

« ... Heu c'est une NANA et toi t'es un MEC... A quel moment et surtout comment peut-elle bien être ta rivale, explique-moi... ? Elle t'a piqué ta paire d'escarpins préférés une fois ou quoi ? »

Le brun secoua la tête, blasé à l'avance par l'explication sans queue ni tête que Kise s'apprêtait sans doute à lui servir... Au regard de leurs genres respectifs, Haizaki avait du mal à s'imaginer comment ces deux-là pourraient se voler des contrats sous le nez, mais la guerre qui sévissait entre eux se menait sur un autre champ de bataille. Celui de la popularité. Or, comme les deux tops avaient le même âge mais bénéficiaient de caractères opposés, on ne cesserait de les comparer ! La brune et le blond. Le professionnel et la diva. La peste et le gendre idéal. Et puis, il y avait le sujet houleux des mecs, aussi ! Il fallait en effet toujours que les deux mannequins flashent sur les mêmes... D'ailleurs pour le moment, force était de constater que Kise menait au score... et ce n'était certainement pas avec Haizaki que l'écart allait se combler en faveur de la Française...

Quoi que...

D'ailleurs, en utilisant tout aussi maladroitement que fortuitement les escarpins en guise d'exemple, Haizaki avait mis dans le mille sans le savoir...

« Tu n'crois pas si bien dire... Enfin... disons que sans le vouloir, t'as presque mis le doigt sur une certaine forme de vérité... Mais pas à propos de c'que tu penses... » Marmonna de façon difficilement intelligible Kise, tout en ramenant ses genoux contre son torse, penaud.

« Hein... ? » Haizaki plissa des yeux, largué par cet énigmatique discours, tandis que notre blond favori se frottait l'arrière de la nuque avec embarras.

Mais comment lui raconter sa mésaventure le plus concisément possible ET de manière compréhensible... ? Hmm... sacré défi de taille !

Que le renard choisit néanmoins de relever, pour le bien de cette histoire.

« Bon, par où commencer... ? »

« Même si c'était sans doute une question rhétorique et que par conséquent la réponse soit assez logique, par le début me semblerait être plutôt pas mal. »

« D'accord, je vais essayer... » Il prit une profonde inspiration avant de se lancer. « La veille de mon départ, juste après mon entrevue avec Miss Robinson, mon agent m'a appelé pour me demander de passer à l'agence justement. Il avait soi-disant un truc à me remettre. Un truc qui ne pouvait par essence par attendre mon retour des Maldives, puisque d'après lui j'en aurai besoin là-bas. En réalité, pour la faire courte, il s'agissait d'un élément essentiel au shooting... Le clou de celui-ci, même... Mon agence possède toute mes mensurations. Absolument toutes sont compilées dans mon dossier personnel, régulièrement mis à jour. C'est une pratique courante dans le mannequinat, ça aide les couturiers à prévoir les mesures nécessaires afin de préparer certains accessoires et vêtements le jour J. Et là, pour être sûr qu'il n'y aurait pas besoin de retouches étant donné que l'équipe de confection ne se trouverait pas sur place aux Maldives en cas de souci, il avait été convenu de me faire essayer... les fameuses pantoufles de vair traditionnellement associées à Cendrillon, afin que l'imagerie soit complète. Bien-sûr, tu comprendras aisément qu'au vu de la fragilité et de la rareté du matériau, sans même compter la proximité de mon départ, on n'avait pas droit à l'erreur. C'est pourquoi il avait été décédé que je les essaierai ici à L.A., avant de partir et que si elles ne m'allaient pas parfaitement, il resterait encore un peu de temps pour essayer de rectifier le tir. Enfin... un peu moins de vingt-quatre heures, mais les confectionneurs sont des cadors, ils ont l'habitude de bosser sous pression et dans l'urgence. Mais si par chance les pantoufles étaient directement à la bonne taille et il n'y avait pas de raison que ce ne soit pas le cas parce que dès que mon agence a su que j'étais choisi pour la campagne aux Maldives, ils ont effectué un moulage de mes pieds en plâtre et tout, il avait été donc été convenu que je les prendrai avec moi dans ma valise. Tu comprends, vu que c'était le dernier élément, l'élément maître du tableau, ça semblait normal qu'ils aient passé un peu plus de temps dessus pour être certains de ne pas se louper et c'était d'autant plus normal que ce soit moi, le mannequin qui les porterait, qui serait chargé de les amener à bon port. »

Jusque-là, rien d'illogique, Haizaki parvenait à suivre le récit. Mais brusquement le visage de Kise changea, adoptant une expression nettement plus amère. Apparemment, tout ne s'était pas passé comme prévu, hélas...

« Et ces chaussures... elles m'allaient à la perfection, hein. Ce n'était pas le problème, on sentait tout le professionnalisme de ceux qui les avaient conçues puis réalisées. Elles avaient été faites pour moi, sur mesure, après tout... A tel point que passé le shooting, la marque n'en aurait plus l'utilité étant donné que seul moi était censé pouvoir les enfiler. Un peu comme la vraie Cendrillon. Hélas, j'ai joué de malchance... Merde, c'est terrible Shogo... J'ai pas les mots... Tout le monde comptait sur moi pourtant et j'ai trahi leur confiance... Je les ai lâchés au moment le plus critique, celui où ils avaient le plus besoin de moi... »

Le blond se mit alors à trembler et il cacha son visage dans ses mains, submergé par les remords.

« Qu'est-ce qui s'est passé, tu les as accidentellement abimées ? »

« Non c'est pire que ça... Moi qui me faisais une telle joie de les porter pour donner la touche finale à cette campagne si décisive et faire plaisir à tout le monde... Je... je les ai perdues ! Bêtement. Enfin... pas moi directement hein, ce sont les bagagistes de l'aéroport qui les ont égarées... A-avec ma valise... elles se trouvaient à l'intérieur... J'avais pourtant fait en sorte de bien les y ranger, soigneusement, en sécurité, pour ne pas qu'elles souffrent trop du transport... Pour le moment, je n'ai pas encore osé l'annoncer à qui que ce soit... J-j'ai pas l'courage... mais la scène du bal approche à grands pas et je ne fais que retarder égoïstement l'inévitable, dans l'attente d'un miracle qui ne se produira jamais... »

Ah ben oui merde, logique encore une fois... De quelle autre façon Kise aurait-il bien pu les embarquer avec lui qu'en les foutant dans sa valoche ? Valoche qui avait fatalement fini paumée tel un vulgaire colis Chronopost, comme cela arrivait de plus en plus souvent... C'est ballot ! Avec les shoes encore à l'intérieur, mais également touuuuuuuuuuutes les fringues de créateurs (sans doute !) du blond... Quelle tragédie cela avait dû être ! Tu m'étonnes qu'il se sentait désemparé, le mannequin La Redoute et que ça lui ait coupé l'appétit ! En vérité, ça n'avait même rien à voir avec lui... Rien à voir avec Haizaki... ni avec leur simulacre de « couple » à deux balles. Non, là on parlait de choses sérieuses et GRAVES ma bonne dame ! Du genre qui peuvent faire ou vous défaire une carrière !

Alors en un mot comme en cent, Kise était grave dans la sauce actuellement...

Il n'allait plus pouvoir continuer à cacher sa mésaventure bien longtemps...

Et puis bon, de toute manière, il valait mieux qu'Haizaki s'imagine que c'était la raison pour laquelle il avait subitement ermm fini par piquer une tête dans la piscine tout à l'heure. Et ABSOLUMENT PAS à cause du choc et de la jalousie engendrés par le fait de voir ses deux rivaux flirtant ensemble, OKLM, au vu et au su de tous !

« Je vois... c'est vraiment pas d'bol... Mais c'était pas une raison pour frôler l'insolation, crétin ! » Fit-il avant de venir appuyer le dos de sa main contre le front du blond.

Rassuré par sa température, il piocha ensuite dans ses affaires pour le séjour, qui consistaient en un sac de sport à peine rempli à la va vite. Au moins un truc pareil, personne n'aurait envie de le voler comparé à la valise Louis Fucking Vuitton de Kise Fucking Ryota ! Sortant une gourde d'eau, il la tendit à Kise.

« Tiens et t'as intérêt à bien t'hydrater ! »

Mais le mannequin la refusa aussi sec.

« Je regrette, cependant je ne bois que de l'eau minérale... C'est un de mes principes de vie fondateurs ! » Avant d'ajouter en sentant le regard pesant et accusateur de son interlocuteur sur lui : « M-mais merci quand même d'avoir proposé ! »

D'autant que boire au goulot de la même gourde qu'Haizaki aurait équivalu à un BAISER INDIRECT oulalala rendez-vous compte et puis ce n'était pas comme si le blond et le brun ne s'étaient jamais galochés auparavant comme tiens, par exemple et au hasard, pas plus tard que tout à l'heure au moment du bouche-à-bouche !

Non vraiment, je suis choquééééée par un tel manque de pudeur !

« Et depuis quand au juste ? » Ne le lâcha pas l'autre.

« Depuis toujours. C'est même ma spécialité de m'amuser à les goûter, si tu veux tout savoir ! Elles ont toutes un goût différent selon la région du monde d'où elles proviennent, c'est tout bonnement fascinant ! »

« A-ah ouais ? Et t'arrives à détecter ça toi ? »

Wow.

Nan parce que pour lui... de la flotte baaaah c'était d'la flotte, quoi !

Par conséquent, encore une (insolite) corde à son arc à ajouter pour Kise ! L'œnologue de l'eau ! Le... erm... « aqualogue », ça s'disait du coup ? Et si vous ne me croyez pas concernant ce talent ma foi fort... intéressant et surtout très UTILE (non.), allez lire le wiki officiel de notre jaune préféré, qui en fait justement mention.

« P'tain tu fais grave chier, tu l'sais ça ? Elle est pourtant parfaitement potable cette putain d'eau du robinet, c'est c'que l'gars d'l'hôtel m'a assuré en tout cas... » Mais bon, Kise avait des goûts de riche, c'était bien connu... Une vraie poule de luxe ! Au moins, avec Asami, il ne serait pas dépaysé... Haizaki renifla alors le liquide contenu dans sa fiole. Non, vraiment rien d'anormal... « J'vois pas c'que tu lui r'proches, elle a même pas d'odeur suspecte, alors tu vas pas sérieusement taper un caprice juste pour de la flotte quand même ? Pas après avoir manqué d'nous r'jouer l'remake du Titanic, dans le rôle de Di Caprio le grand noyé... ? »

Même blondeur que l'acteur Hollywoodien en plus, alors ça passait crèèèèème !

...

Et bien apparemment si, parce que Kise croisa aussitôt les bras d'un air contrit et il gonfla les joues en mode Rondoudou. Haizaki soupira avant de rouler des yeux. Non mais qu'est-ce qu'il avait fait au Bon Dieu pour écoper d'un empoté pareil... ?

« Ok j'ai compris... j'crois qu'j'ai justement vu Miss Frenchie en boire tout à l'heure sur le plateau... Hmm... de l'Evian je crois que c'était... ? »

« Pas étonnant venant d'elle... C'est une marque très connue et populaire en France. On raconte même qu'elle l'importe carrément de là-bas par cargaisons entières, dans tous ses déplacements ! Et pour cause : elle en est l'égérie actuellement ! »

Il semblait même à Kise que le contrat assez strict liant la brune à la marque stipulait expressément qu'elle n'avait pas le droit de boire autre chose, côté eau minérale...

« Oh ceci explique cela je suppose. Ben dans tous les cas, bouge pas d'ici j't'en ramène. Oh et aussi... tant qu'j'y suis... je vais voir c'que j'peux faire concernant ta valoche égarée... »

« C-comment ça !? »

« Bah j'vais faire un saut à l'aéroport. Ça m'semble le plus logique de commencer les recherches par-là, puisque c'est bien ici que tu l'as perdue, non ? De ce côté-là de l'océan ? Enfin, je veux dire, elle est bien montée dans la soute de l'avion et a fait le trajet avec toi, à la base d'après ce que j'ai compris ? »

« Oui, ça, j'en suis sûr et certain ! Pas de doute, elle ne peut pas être restée aux Etats-Unis ! »

« Nickel chrome alors, ça réduit déjà pas mal les possibilités mine de rien. Il me semble que tu avais pris ton billet en photo avant de partir aussi, nan ? Ça pourrait m'être utile si tu arrivais à la r'trouver pour que j'ai le numéro du vol et l'heure d'arrivée... »

« La photo ? Oui bien-sûr, je l'avais postée sur mon Insta comme d'habitude, pour que tous mes followers puissent en profiter eux aussi ! »

« Parfait, envoie-la moi. Dire que je m'apprêtais à t'engueuler de rencarder aussi dangereusement des stalkers potentiels, mais au final ta petite lubie de mégalo narcissique va s'avérer plutôt utile... Enfin à ta place, j'ferai quand même un peu plus attention au contenu qu'je poste... Y a toujours des gens mal intentionnés. Partout. »

Et il était FOUTREMENT bien placé pour en attester à titre personnel !

« Naaaan impossible, pas parmi mes fans ! Aucune chance, ils sont beaucoup trop kikinous et puuuuuuurs pour avoir de mauvaises intentions hihi ! Après tout, vu qu'ils m'aiment, cela fait automatiquement d'eux des gens biens ! » Avant de recouvrer son sérieux. « Mais hmm dis... t'es vraiment sérieux ? Tu comptes sincèrement te retaper tout l'chemin en sens inverse, dans l'unique but d'essayer d'm'aider... ? »

« Ben ouais, pourquoi ? » Il haussa des épaules, pas sûr de comprendre où Kise voulait en venir. Quelque part, c'était même assez frustrant de constater que l'Eurasien se méfiait encore de lui, pour oser poser ce genre de questions... « C'est pas tout juste c'que j'viens de te dire y a genre à peine trente secondes ? »

« Hmm... Si, mais... Pourquoi tu agis ainsi Haizaki ? Pourquoi t'entêtes encore à voler à ma rescousse, malgré le fait que je te rembarre sans arrêt... ? Ton attitude n'a pas d'sens... Je n'comprends pas, tu devrais plutôt arrêter d'perdre ton temps et te réjouir de mon malheur... comme n'importe qui d'autre le ferait à ta place. »

« Peut-être. Sauf que moi, j'suis pas n'importe qui justement Ryota... Et il serait grand temps qu'tu l'réalises toi aussi. Que tu t'en rendes compte, enfin. »

« Hmpff ! Tu dis ça comme si j'étais le seul à me méfier de toi ! »

Et à raison, en plus ! Ce n'était pas comme si Haizaki ne lui avait jamais sorti le moindre coup de Trafalgar !

« Et donc ? C'est pas parce que les autres sont cons qu'il faut qu'tu l'sois toi aussi ! Et que tu te vantes de l'être, par-dessus l'marché ! »

Cette fois, Kise se renfrogna, piqué au vif.

« Hé ! Ça n'se fait pas d'balancer des trucs pareils aux gens ! J'viens tout juste d'être victime d'une quasi noyade, là je te rappelle ! Un peu d'compassion et de répit, ce serait trop te d'mander ? Oh et puis, ça t'va bien d'me faire passer pour le méchant de l'histoire, après toutes les douilles que TOI tu m'as fait subir... »

« T'es pas tout blanc non plus j'te signale, malgré ce dont t'aimerais visiblement bien t'convaincre... »

« C-comment ça !? » S'indigna Kise. « Je n't'ai jamais rien fait, moi à ce que je sache ! »

OUAIS BAH C'ETAIT P'T'ETRE BIEN CA L'PROBLEME, DANS L'FOND ! Haizaki aimerait sans doute que son blondin lui en fasse davantage, des trucs de toutes sortes ! En particulier ceux d'un genre que la morale réprouvait fortement...

« Ouais, ben tu t'trompes... On en r'discutera à l'occasion, mais pas tout d'suite, c'est pas l'bon moment. Par contre, quand j'serai d'retour avec ta valise, là, faudra éventuellement qu'on se pose pour discuter sérieusement tous les deux, ouais. Parce que j'ai deux trois trucs, que tu ignores visiblement, à t'expliquer. »

« Et c'est pour cette seule raison que tu es venu ici ? Que tu as fait tout ce chemin ? Pour... me poursuivre de ton courroux et m'accabler ? »

« Bien-sûr que non abruti... Mais si j'ai en prime l'opportunité t'mettre un petit taquet au passage, hey j'vois pas pourquoi j'me gênerai ? »

« Ouais... Vu comme ça, on s'demande bien pourquoi tu t'en abstiendrais en effet... » Maugréa le blond, boudeur.

C'est qu'il n'était pas certain de vouloir en prendre pour son grade. Et puis, soyons honnête deux minutes : ce n'était pas non plus amusant si Haizaki avait quelques griefs contre lui... Non, Kise était PUR, une véritable ANGELOT ! (A se demander même comment ce n'était pas son deuxième prénom « Angelo »...) Sans peur et sans reproche. A se faire à lui-même, du moins. Non parce qu'à Haizaki en revanche, il en avait tellement à lui coller sur le dos qu'il y aurait de quoi en noircir des pages recto/verso, voire même remplir tout un cahier de doléances !

Tout, absolument TOUS les événements négatifs qui lui arrivaient en ce moment était de la faute de ce décoloré de malheur ! Tiens, même au sujet de sa valise perdue, c'était LUI le coupable ! Kise ne savait pas encore comment, mais il en était persuadé ! Ça avait FORCEMENT un lien plus ou moins direct avec Haizaki ! Mauvaise foi, bonjour ! Mais au moins, de penser cela lui évitait d'avoir à se remettre, lui, en question...

« Et il doit avoir lieu à quelle heure ce fameux shooting, celui avec les pantoufles ? Que je sache à peu près de combien de temps je dispose encore... ? »

« Dans plus ou moins deux heures... »

« Merde... ça fait pas lourd. Le temps que j'prenne le ferry en sens inverse puis le bus pour retourner à l'aéroport, y en a déjà bien pour quarante-cinq minutes minimum... Pas l'choix, faudra faire en sorte d'me gagner un peu d'temps dans ce cas. »

« Et comment j'suis censé faire ça au juste !? » S'agaça le convalescent.

« J'en sais rien moi, démerde-toi, c'est pas mon problème ça. Mais juste un conseil, si tu permets : évite de faire une deuxième fois le coup du malaise... J'comprends vraiment pas pourquoi tu l'as grillée maint'nant, cette cartouche-là d'ailleurs... C'était clairement pas l'moment l'plus opportun pour feindre l'évanouissement... »

Non mais il se foutait de sa tronche là !? Pourtant, il l'avait sorti de l'eau lui-même ce clampin, il était donc le mieux placé pour savoir que Kise ne faisait pas semblant à ce moment-là ! Ou alors, filez-lui l'Oscar du meilleur acteur immédiatement sinon !

« Graaaah ! Comme si j'l'avais fait exprès ! Grrr... d'ailleurs ça aussi, c'est de ta faute ! Tu n'avais qu'à pas flirter avec cette morue au Camembert (nom de frometon bien Français oblige !) devant moi ! Si tu crois que je ne vous ai pas vus faire... »

« Quoi !? Pour commencer, j'vois pas l'rapport avec le fait qu'tu t'sois pris pour un champion d'apnée suicidaire et puis j'te f'rai dire qu'elle et moi bah... on discutait simplement, comme deux personnes civilisées et absolument pas attirées l'une par l'autre ! » Se défendit un Haizaki faussement indigné. Avant de se raviser. « Enfin, si. Mais bon là, on était en train de se parler tout à fait normalement ! »

...

Ben voyoooooons, vas-y, prends-moi pour un cooooooon ! (ça rime.)

« ... C'est çaaaaa ! Et donc, tu vas aussi continuer à prétendre que tu n'étais pas du tout en train d'essayer d'me rendre jaloux ? »

« Evidemment qu'non ! Pour quelle raison j'aurai fait un truc aussi puéril !? »

... On se le demandait bien encore une fois, en effet...

« Au hasard, dans le but de me pourrir l'existence, comme tu sais si bien le faire à longueur de temps... ? »

« Et voilà, c'est r'parti ! Non mais ça vire à la paranoïa aigüe là ! Encore en train d'm'accuser des pires maux alors que non seulement j't'ai sauvé la vie, mais qu'en plus je m'apprête à essayer de retrouver ta valise ! Désolé d'te décevoir Ryota, mais tu n'es pas l'nombril du monde et mes agissements ne sont tous reliés à toi... Quoi qu'il en soit... à ta place, je prierai plutôt pour que j'arrive à mettre la main sur ta fichue valise et je me concentrerai là-dessus, parce que sinon... ça veut dire que tu seras obligé de partager mes fringues avec moi pour le reste du séjour... Et j'sais pas si t'as r'marqué, mais tu portes en ce moment même un magnifique T-shirt licorne arc-en-ciel, issu de ma collection personnelle ! »

Mission accomplie pour Haizaki qui souhaitait détourner la conversation, car aussitôt Kise mordit à l'hameçon et il baissa les yeux pour vérifier.

...

ARGH !

MAIS QUELLE HORREUR !

Il s'agissait d'un INFORME T-shirt blanc, tellement grand et détendu qu'on aurait pu croire qu'il s'agissait de la chemise de nuit de la mère de Murasakibara ! (Que le blond imaginait au moins aussi grande que son géant de fils.) Il lui arrivait juste au-dessus des genoux et Kise le perdait à moitié, une épaule à demi-nue. (Bon, vous me direz, c'était déjà plus habillé que quand Haizaki l'avait repêché complètement à poil au fond de la pistoche !) Sur le T-shirt était dessiné une licorne qui souriait et PETAIT oui PROUTAIT un arc-en-ciel ! On aurait dit qu'un Bisounours était passé par là après sa grosse commission, s'était torché avec ce T-shirt et paaaafff, au lieu de faire des Chocapics, cette affreuse exaction donna naissance à un immonde vêtement de très mauvais goût !

Que Kise ne remarquait que maintenant, fort heureusement. Parce qu'il y aurait eu de quoi refaire un malaise s'il avait vu le massacre directement en se réveillant ! Le choc eut en effet été IMMENSE et ses pauvres yeux d'esthète ne s'en seraient pas remis... Bon au moins, on pouvait arguer qu'à présent il ne nageait plus la brasse coulée au fond de la piscine, mais uniquement dans ce fabulouuus T-shirt quoi... ce qui était déjà synonyme d'amélioration, mine de rien... Mais restait d'avis au blond que ce qui lui piquait actuellement les yeux n'était pas du chlore...

...

Bon et bien tout compte fait, rester cul nuuuu n'aurait pas été une si mauvaise chose finalement... Bien que, techniquement, c'était encore le cas, puisqu'Haizaki n'avait pas daigné lui enfiler le moindre sous-vêtement post-sauvetage. Mais par chance, vu la longueur du T-shirt dans lequel Kise flottait littéralement, son merveilleux postérieur demeurait miraculeusement bien couvert et camouflé. Or, le blond se rappela sa remontrance précédente sur le fait que les slips, ben, ça n'se prêtait pas par définition ! Truc perso oblige. Et Haizaki semblait l'avoir bien assimilé, ouf !

« ... Ce bout de tissu est tellement moche, que si par malheur il me venait l'idée géniale de me vomir dessus, je ne suis pas certain de pouvoir différencier la tâche... de cette cacophonie tonitruante de couleurs ! C'est à peine croyable... et pourtant... cette théorie semble se confirmer de jour en jour : l'intégralité de ta garde-robe n'est-elle composée que de fringues proprement AFFREUSES et toutes plus immettables les unes que les autres ? »

« N'importe quoi ! Sache que ce T-shirt ne m'appartient même pas à la base, c'est celui de Nijimu- ! » Il se rattrapa de justesse. « ... d'une ex-copine, qui l'a oublié au moment de la rupture ! Bref... »

D'une EX copine... ouais... tu parles... vu la taille, comme si c'était possible... d'autant que le jaune ne connaissait aucune fille saine d'esprit qui accepterait d'enfiler un chiffon pareil ! Kise ne fut donc pas dupe et l'identité du possesseur de ce T-shirt sonna plutôt comme un coup de poignard en plein cœur. Nijimura... l'ex encombrant... Alors comme ça, lui aussi le poursuivait jusqu'aux Maldives en s'invitant dans les bagages d'Haizaki... ?

...

Devoir composer avec l'envahissante mangeuse de Justin Bridou ne suffisait pas, apparemment...

Il fallait aussi que le sort ait décidé de lui coller dans les pattes la carte du passé amoureux d'Haizaki, histoire de couronner le gâteau au caca d'une situation sentimentale déjà fort délicate... C'était presque comme si les forces conjuguées du Destin se liguaient pour lui hurler que jamais il n'aurait ce qu'il désirait... que le cœur d'Haizaki était cadenassé à double tour et que le seul à en posséder la clé s'était barré avec il y a déjà bien longtemps, sans aucune intention de la restituer...

« Désolé s'il ne te plaît pas, j'sais même pas comment il s'est r'trouvé embarqué parmi mes affaires... Mais il fallait bien que je te couvre le cul quand même, alors dans la précipitation j'ai chopé l'premier truc qui passait sans r'garder... Quelle idée saugrenue de poser complètement à poil aussi, j'te jure ! Surtout pour une campagne de lingerie WTF, qu'est-ce que ça fout là, sérieux !? »

De toute façon, Haizaki n'avait rien de mieux à lui proposer. C'était soit ça, soit une de ses monstrueuses chemises HAWAIIENNE AAAAARGGHHH NON PAS ENCORE STOOOOOOOP !

Kise soupira donc, tirant nerveusement sur le T-shirt pour être sûr qu'il couvre bien toute sa nudité ou plutôt, son intimité. Le peu qu'il lui restait, parce que quand Haizaki avait rejoué la célèbre scène de « Venus sortant des eaux » avec lui, Kise était certain que toute l'équipe technique en avait largement profité pour se rincer l'œil. Nonobstant le fait qu'une couverture soit déjà relevée sur lui pour éviter ce désagrément en cet instant...

« Ce serait trop long à t'expliquer, ne cherche pas... »

« T'as raison, ça vaut mieux. D'autant que j'suis déjà en r'tard là. Mais à charge de revanche ! Par contre, avant que je ne parte pour l'aéroport, il y a une réponse que j'ai absolument besoin d'entendre... A vrai dire, c'est même d'une importance... capitale... J'en crève d'envie, je n'ai fait qu'y penser durant tout le trajet dans l'avion... Pendant vingt-trois heures d'affilé. Impossible de me concentrer sur autre chose, ça m'obsédait complètement... Alors il faut que je sache. Maintenant... »

Le regard perçant d'Haizaki se fixa sur lui, comme un aimant et Kise ne peut s'empêcher de rougir en baissant la tête. Son visage prit feu et son palpitant s'emballa, menaçant de remonter dans sa gorge comme pour l'étouffer. Cette question fatidique, il s'y était attendu et... honnêtement, l'ancien as de Kaijo espérait bien en trouver la réponse durant ce séjour loin du tumulte mais... à ce stade, déjà... ?! Non, c'était beaucoup trop tôt encore... Pourtant... son cœur connaissait la réponse. La réponse que son cerveau et ses lèvres refusaient de formuler... Parce qu'Haizaki l'attaquait au pied du mur. Parce qu'Haizaki allait lui demander si...

« ! »

Tout à coup, ses pires craintes se confirmèrent, tandis qu'Haizaki fouillait dans son slim encore trempé. Nan le gars n'avait pas pris la peine de s'changer, à quoi bon, la santé de Kise était l'urgence du moment et puis avec le soleil et la chaleur, ça allait bien finir par sécher de toute façon. Mais cette fois, plus de doute possible. Kise savait ce que le brun allait sortir de sa poche. Car cette fois, il en était sûr.

Un coffret.

Contenant une bague.

Pour déclarer ou plutôt réaffirmer sa flamme ! Pour rendre les choses officielles entre eux et ne plus risquer de le perdre bêtement...

« ... TU PEUX M'DIRE COMMENT CA S'FAIT QU'TU POSSEDAIS UN TRUC PAREIL PARMI TES SOUS-VÊTEMENTS ET QU'JAMAIS JE N'T'AI VU L'PORTER !? »

Le tout, déblatéré avec l'énergie du désespoir et de la déception ultime, surtout.

... puis, d'exhiber sous les yeux ébahis de son promis...

L'UN (de ses) STRING EN SATIN !?

« Alors !? Kesta à dire pour ta défense, HEIN !? » Insista l'odieux personnage, tout en continuant à secouer le minuscule morceau de tissu froufrouteux devant son visage, tel une invective.

...

A ce moment précis.

Tout bascula.

Le point de non-retour fut atteint.

Le tournant décisif.

Kise vit rouge.

Comme la sauce bolognaise qu'affectionnait tant Haizaki. Il serra les poings à s'en faire péter les jointures, n'ayant qu'une envie : hurler et les envoyer valser dans la mâchoire de l'ex-racaille.

MAIIIIIIS AAAAAAAAAAHHHHHHHHHHH !

Ce culot !

LANCEMENT DE LA FUSEE DANS...

CINQ...

QUATRE...

TROIS...

DEUX...

UN...

FEU !

Kise attrapa le premier objet qui lui passa sous la main, à savoir... la gourde du brun, prêtée tout à l'heure mais malheureusement pour le blond, Haizaki esquiva son tir, néanmoins surpris par tant de véhémence ! Tout ça pour une toute petite question INNOCENTE de rien du tout !? N'était-ce pas un tout petit peuuuuu disproportionné, allons bon !?

« Hey, mais qu'est-ce qu- ! »

Il eut cependant moins de chance (ou de nez, c'est selon...) la seconde fois, lorsqu'un oreiller du sofa vola en sa direction et paaaaf en plein dans la poire, bien fait !

« DEGAAAAAAAAGE ! » S'époumona le nudiste, rouge de colère.

« Ok, ok, j'ai compris t'énerve pas putain ! Tout ça pour un petit string non mais j't'assure on aura tout vu... Par contre, j'me l'garde pour la peine ! Pour ma collection perso... »

Et hop, de le ranger aussi sec à nouveau dans sa poche, avant de prendre la porte sans se retourner.

Qui sait, ça pourrait peut-être s'avérer utile plus tard...

Au hasard : lorsqu'il serait obligé de dormir sur la béquille, seul, ce soir et loin de son blond !

N'empêche, qui aurait pu se douter qu'en Kise Ryota sommeillait une indomptable tsundere !? Certainement pas lui en tout cas ! Une fois sorti de l'hôtel, Haizaki dégaina son téléphone portable et clope au bec, il composa un numéro dont il espérait secrètement qu'il était toujours attribué... Parce que mine de rien, notre loup avait décidé de s'atteler à une tâche sacrément complexe, avec bien peu de taux de réussite...

Ça sonna.

Une fois...

Deux fois...

Trois fois...

A la quatrième, son mystérieux interlocuteur décrocha enfin.

« Ouais, c'est moi... »

« ... Je sais très bien que c'est toi, inutile de le préciser. Seul un parasite de ton espèce pourrait oser m'appeler sur cette ligne. Qu'est-ce que tu veux cette fois... ? » Tempêta une voix dangereusement familière.

« Quoi, t'es encore avec ton banquier ? Ou en train de conclure un nouveau deal avec un clan rival ? »

« Certains doivent travailler pour gagner leur vie, au cas où tu l'aurais oublié... »

« ... Pendant que d'autres doivent gagner le droit à disposer de la leur. » Compléta cavalièrement Haizaki.

« Fais vite, si tu ne tiens pas à ce que je te l'ôte prochainement. »

« En fait, j'ai b'soin d'intel sur une valise Louis Vuitton disparue à l'aéroport international Velana de Malé, aujourd'hui vers huit heure du matin heure locale... »

« Aux Maldives ? Mais qu'est-ce... »

« Je t'expliquerai plus tard. Tu penses que c'est dans tes cordes ? »

« Donne-moi le numéro du vol aussi. Tu devrais pourtant être bien placé pour savoir que j'ai des gars partout. »

« Mais je le suis, sinon, je n'aurai même pas pris le risque de t'appeler. Vol 4910 en provenance de Los Angeles. »

« Hmm... J'espère pour toi que tu sais ce que tu fabriques et que tu n'es pas en train de me faire perdre mon temps, surtout... Sinon, tu connais déjà le prix à payer... »

« Ouais, ouais, tu vas me buter et toute ma famille avec, en commençant par moi... je sais, je sais, j'ai compris... Allez grouille ! C'est carrément une urgence cruciale là, promis. »

« Alors tu as de la chance, car il se peut bien que j'ai quelque chose... Quand tu arriveras contacte un certain Azaan. »

« Ok, nice ! J'savais que j'pouvais compter sur toi ! Et il ressemble à quoi ton gonze ? »

« Il porte une casquette des Chicago Bulls, c'est un agent de piste. Il t'attendra porte huit. Pour le reste, débrouille-toi. Et rappelle-toi que si tu m'as dérangé pour rien... » Pause grave. « ... Je commence à en avoir marre de devoir repasser derrière toi pour ramasser ta merde, Haizaki... »

« Azaan, donc ? C'est bien noté, il s'agit de l'un de tes indics' locaux ? Nan, tu sais quoi, j'ai pas b'soin de l'savoir... En tout cas, cimer mec ! J'te r'vaudrai ça, j'peux te l'garantir... D'ici à peu près une petite semaine, tu devrais enfin avoir l'opportunité de dîner en tête à tête avec Kise, comme convenu lors de la vente de charité. Ce sera alors à toi d'assurer à c'moment-là et on pourra ainsi tous les deux considérer que j'aurai fait ma part, je l'espère... »

« Vraiment ? Si tôt ? Serais-tu en passe de respecter le délai imparti ? »

« Ben tu m'avais bien donné à peu près cette date lors de ton appel au zoo, non ? J'ai donc respecté ma part du contrat, à toi de tenir la tienne du coup. Pour info, Kise rentre passer quelques jours à Tokyo dans sa famille pour son anniversaire, le dix-huit juin. Tu devrais pouvoir le choper aux alentours... disons... du seize ou du dix-sept normalement. Je te le servirai sur un plateau, j'en fais mon affaire, te bile pas. Mais pour que Ryota se trouve dans de bonnes dispositions quand ça arrivera, il est essentiel que je mène à bien l'opération pour laquelle je t'appelle aujourd'hui. »

« Dans ce cas, tu as carte blanche. Ne me déçois pas, Shogo... Tu sais que je déteste ça et tu risques de le détester encore plus que moi si jamais cela venait à se produire... »

Oh que oui, Haizaki le savait...

Mieux que personne.

Parce qu'il en avait déjà fait les frais dans un passé pas si lointain...

Or pour prouver sa bonne foi, Haizaki aurait même pu proposer de lui envoyer le string du blond en guise d'hors d'œuvre, mais le tumultueux ancien bagarreur choisit plutôt de se le garder pour lui.

Après tout, c'était Kise qui avait raison : les sous-vêtements (surtout ceux durement gagnés au front !) ben ça n'se partageait pas...


Deux heures ET QUART plus tard...

Anne, ma sœur Anne, ne vois-tu rien venir... ?

Mouais, sauf qu'en lieu et place d'une sœur supposément nommée Anne, Kise avait hérité alors certes oui, bien d'une Française, mais appelée Astrid, elle ! Et qui n'éprouvait hélas pas le moindre sentiment sororal envers lui...

Or, la French, ben elle commençait MECHAMMENT à s'impatienter elle aussi ! De même que le reste de l'équipe technique, que Kise était parvenu et parvenait encore tant bien que mal à faire attendre... usant de tous les prétextes possibles et imaginables, même les plus fallacieux, pour faire gagner du temps à Haizaki comme promis.

Mais... ce précieux temps lui était à présent compté et Kise le savait.

Toute patience a ses limites.

De même que sa propre capacité à inventer des excuses...

C'est qu'il n'avait pas le talent ni l'inspiration d'Haizaki pour mentir, force était de le constater...

... Haizaki bordel, mais qu'est-ce qu'il foutait d'ailleurs ce joli cœur de mes deux !?

Tu parles d'un sauveur providentiel !

Pourtant, Kise ne pouvait compter que sur lui et c'était déjà assez difficile comme ça de s'en remettre au loup, sans avoir à en repasser en couche... Devoir se reposer sur quelqu'un d'aussi instable qu'Haizaki... déjà qu'il était instable jusqu'à la couleur de ses propres tifs, c'était du SUICIDE rendez-vous compte Mesdames et Mesdemoiselles les lectrices ! Non mais comment pourriez-vous vous en remettre sereinement à une personne comme ça ? Et serein, Kise ne l'était pas. Loin de là, même. Très loin de là.

S'il n'était pas un hémophile autoproclamé, il se serait rongé les ongles jusqu'au sang. Sérieusement, faire confiance à Haizaki prouvait bien avoir été la pire idée dans la triste et longue liste des mauvaises idées. Seul un fou en serait réduit à cela, ce qui en disait long sur son état de désespération. Désespoir ? Désespérance ? Malheureusement, il n'avait pas d'autre choix actuellement... Haizaki incarnait... sa dernière chance. Urgh... ça lui arracherait presque la langue de le dire à voix haute, mais déjà rien que de le dire dans sa tête était plus que suffisant...

« Je regrette Kise-san... » Fit le gentil réal' à la voix paternaliste. « Je comprends bien que tu ne sois encore très en forme, mais je ne peux vraiment pas attendre davantage. Comme tu le sais, nous avons un emploi du temps à respecter. Très serré qui plus est, l'emploi du temps, je crois qu'il est inutile de le mentionner... »

Bien-sûr qu'il le savait. Kise en avait même parfaitement conscience et il avait la désagréable impression de faire faux bond à tout le monde... D'abord le malaise dans la piscine, qui leur avait fait prendre un retard certain, déjà qu'ils n'étaient pas en avance, et puis maintenant ça... Plus personne n'allait vouloir bosser avec lui, ça lui pendait au nez... Et ce serait mérité. On allait le rebaptiser le « chat noir » des plateaux à ce compte-là ! Celui qui faisait foirer tous les projets dans lesquels il se trouvait impliqué et sa réputation de porte-malheur serait gravée pour toujours dans la profession...

Mais alors que tout semblait perdu...

Que Kise arrivait à cours d'option/d'idée et que son niveau de doute menaçait de crever le plafond, devinez qui se pointa ENFIN, comme une fleur, dans la loge improvisée... ?

HAIZAKIIIIIIIIII ! (en même temps, ce n'était pas vraiment difficile à deviner...)

Tirant une valise à roulettes à l'allure familière derrière lui.

ALLELUIA !

Kise sentit son cœur s'emballer si vite qu'il eut l'impression que sa poitrine allait exploser. Peut-être même allait-il être victime d'un nouveau malaise, sous le coup de l'émotion... Mais comment... ? Comment Haizaki s'y était-il pris pour retrouver sa valise !? Parce qu'aucun doute : il ne s'agissait pas d'une valoche dégotée au hasard, c'était bien la sienne ainsi qu'en attestait le petit porte-clé Pikachu impossible à louper, pendu à une fermeture solidement cadenassée. (Oui, le blond se montrait toujours extrêmement prudent lorsqu'il voyageait. Surtout quand il transportait des objets précieux.) Oh la vache, s'ils s'étaient retrouvés seuls en cet instant, Kise aurait sauté au cou de sa Némésis et lui aurait roulé la pelle de sa vie voire même plus, si affinités... Mais disposant d'un public pour le moment, Kise retint toute effusion potentielle de son côté. Il se contenta simplement de lancer :

« Q-Quinze minutes, c'est tout ce dont j'ai besoin pour mes retouches ! J'arrive tout de suite, inutile de faire déplacer une maquilleuse... M-mon assistant qui vient tout juste d'arriver va déjà me... m'assister pour cela. »

Ben oui, c'était bien cela que faisaient les assistants, non ? Ils « assistaient » ! Et Haizaki avait complètement rempli sa part du job. Ce qui lui avait donc valu d'être hmm... promu... ?

« Oh, c'est votre assistant ? » Ne sembla réaliser que maintenant le réalisateur. « Je pensais qu'il s'agissait de l'un de ceux de Miss Germain de la Tour... »

Effectivement, c'était à s'y méprendre, si l'on considérait le fait qu'Haizaki avait passé plus de temps auprès de la brunette qu'aux côtés de son blond... Sans compter qu'Astrid possédait toujours une armada d'assistants qui la suivaient continuellement dans son sillage, contrairement à Kise.

« Dans tous les cas j'a-j'arrive tout de suite, vous voulez bien nous laisser le temps de terminer de me préparer ? Ce ne sera pas long, je vous le promets ! »

Kise sourit alors de toutes ses dents, de ce sourire solaire, qu'on ne peut rabrouer et qui faisait tout son charme. Le réalisateur n'eut donc pas le cœur à lui refuser sa requête, d'autant que techniquement, Kise était déjà pour ainsi dire prêt, déjà en tenue de défilé. Le gars n'avait donc aucune raison de lui dire non et il s'éclipsa donc, laissant le loup et le renard seul à seul...

Sitôt la porte se fut refermée derrière le réal', que Kise fondit tel un implacable épervier sur sa proie. Il plongea sur Haizaki le clouant à un mur, agrippant bien les pans de sa chemise hawaiienne LAIDE, comme par peur qu'il ne se volatilise. (Beurk ! Bien penser à se désinfecter les mains ensuite surtout...)

« Oi ! D-doucement ! »

Les mains de Kise se crispèrent sur le tissu. Il tremblait. De rage. De frustration. D'angoisse. Toutes les émotions se mélangeaient à mesure que la pression retombait. Il avait envie à la fois de gifler Haizaki et en même temps de le prendre sauvagement contre ce même mur... Sensation aussi étrange que perturbante ET paradoxale, vous en conviendrez... Contradictoire.

« Hey... ça va aller Kitsune... It's okay now... calme-toi... » Essaya de le rassurer Haizaki en tapotant gentiment sur sa tête de peur de le décoiffer. « Je sais que t'as envie de pleurer de joie, mais je t'en prie, abstiens t-en... ça risquerait de ruiner ton maquillage... »

« C'est du waterproof, abruti ! »

« Ah ben heuuu dans c'cas... fais-toi plaiz' alors... ? »

Bon bah adieu chemise toute propre qui allait finir toute morvée des fluides nasaux de Kise !

Le blond se mit donc à sangloter, retenant difficilement ses larmes du mieux qu'il le pouvait.

« Comment... comment tu t'y es pris ? »

« Ce serait trop long à expliquer et on n'a vraiment pas l'temps-là ! » Ben quoi, c'était la vérité non ? Mais surtout, mieux valait que Kise l'ignore. D'autant qu'Haizaki n'avait pas encore pensé à l'excuse bidon qu'il comptait lui servir. « Et puis on s'en fout, n'est-ce pas ? C'qui compte, c'est l'résultat ! Allez vite, passe-moi la clé pour ouvrir ce bordel, qu'on vérifie que les chaussures sont bien à l'intérieur et intactes surtout ! Seulement après, on pourra s'réjouir. »

De bien sages paroles, pour un ex-malfrat ! Cependant, la mine de Kise s'assombrit. Si proches du but... mais hélas... un nouvel obstacle imprévu et de taille celui-là, venait de se dresser sournoisement devant eux...

« Heu la clé elle est... je ne l'ai pas sur moi, elle est restée dans ma chambre... Qui est à l'autre bout de l'hôtel et... je ne sais même plus où je l'ai posée... » Confessa Kise, penaud.

Raaah bon sang, il s'en voulait sur ce coup ! Mais hélas, il n'avait pas pensé à aller la rechercher le temps qu'Haizaki parte en vadrouille... Bah quoi !? A sa décharge, c'est que notre renard doré ne s'attendait pas à ce que leur loup revienne avec l'objet de sa chasse entre les crocs !

« Tsss... j'aurai dû m'en douter... C'pas grave, on va se débrouiller sans... » Hein ? Quoi ? Comment ça ? « Regarde sur la coiffeuse en face de toi... »

« Oui ? »

« Il doit y avoir des épingles à nourrice ou à cheveux, n'importe quoi d'assez fin qui puisse s'insérer dans la serrure. »

Effectivement, Haizaki avait vu juste et Kise lui lança donc de quoi s'atteler à sa nouvelle tâche :

FAIRE CEDER LE CADENAS DE LA CEINTURE DE CHASTETE DU BLOOOOOOND !

Heu... non... plus tard (peut-être) ça...

D'abord la valiiiiiiiise en carton de Linda De Sousa ! (Désolée pour cette réf obscure...) Et sous les yeux ébahis de Kise, Haizaki parvint à la fracturer avec l'aisance et le doigté d'un serrurier agréé. Ou plutôt non... celle d'un cambrioleur professionnel... Attendez une minute... ? Haizaki était bien trop habile à ce petit jeu pour que ce ne soit qu'un hasard de plus... Oh et puis MERDE, Kise décréta que sur ce coup-là, il pouvait bien passer l'éponge et ne poser aucune question. Ce n'était pas le moment, une fois de plus... Mais il s'agissait encore d'un secret supplémentaire sur lequel il conviendrait de faire la lumière... plus tard.

Ou pas.

S'accroupissant, Kise regarda le brun s'afférer à sortir du fond de sa valise une grosse boîte à chaussures soigneusement emballée et... BINGO ! Ses pantoufles se trouvaient bien à l'intérieur et en un seul morceau ! (Enfin... en deux, bien distincts.) Quel soulagement ! Aucune égratignure, rien ! Elles scintillaient de mille feux, transparentes, d'une superbe couleur aux reflets arc-en-ciel irisé selon l'orientation de la lumière.

Heureusement que Kise avait pris soin de bien les caler dans du papier de soie pour amortir les chocs lors du vol. On n'était jamais à l'abri de quelques turbulences aériennes et autres bagagistes un peu brutaux et pressés, du genre à vous balarder les valises en soute sans la moindre délicatesse. Plus que soulagé, Kise était à deux doigts – ou plutôt, à deux lèvres – de les couvrir de ses baisers ses fifilles adorées, sans oublier de remercier chaudement tous les dieux de la Mode !

Tous...

Sauf le principal concerné.

Le seul, l'unique instigateur de ce Miracle...

Lui qui n'en était pas un... Lui qui en avait pourtant fait partie et même failli en être.

Leurs regards se croisèrent, s'ancrant l'un dans l'autre et ils se comprirent sans même avoir besoin de se parler, pensant instantanément à la même chose. Kise redressa et il tendit son premier pied nu, le gauche, à Haizaki. Le loup se mit à genou et appuyant ce pied sur sa cuisse, il le chaussa à la manière d'une princesse que sa servante aide à se vêtir. Après tout, Kise ne l'avait-il pas justement présenté comme son assistant ? Et puisqu'il était celui qui avait déniché, puis ramené cette paire précieuse, il semblait normal qu'Haizaki soit celui qui l'enfile à leur propriétaire. Celui à qui revenait ce droit, que dis-je, ce PRIVILEGE ultime ! Celui du chevalier servant qui rentre tout juste de croisade pour sa belle, sa mie, sa gente dame !

La pantoufle, aussi confortable qu'un chausson, lui allait comme un gant. Bizarre comme expression pour une chaussure, mais avez compris le topo !

Haizaki attrapa la seconde pour la lui mettre également, mais cette fois... il prit davantage son temps... comme voulant savourer ce moment intime entre eux. Après tout, Kise avait demandé un délai supplémentaire au producteur, non ? Alors même s'ils ne disposaient que de cinq minutes, ce serait déjà largement suffisant. Kise joua des orteils, s'amusant à les recroqueviller, à les bouger de manière hypnotique. A l'image du reste de son corps, ses pieds étaient très harmonieux. De petits doigts fins et souples, une plante bien dessinée à la peau douce. Et ce pied-là... c'était celui dont Haizaki avait blessé la cheville et même si la blessure était très ancienne et ne faisait plus souffrir Kise selon ses dires, le brun savait qu'il devait se montrer extra-précautionneux. Du moins, l'avait-il décidé. Pour la symbolique. Il massa en douceur le talon bien rond et se leva le pied jusqu'à son visage. Kise se tenait en équilibre facilement, il avait la grâce d'un héron monté sur ses échasses et il se trouvait toujours en lingerie fine, paré pour le shooting.

Magnifique.

A couper le souffle.

Une véritable princesse de conte de fées.

Haizaki déposa des baisers sur le haut de son pied. Si ça n'avait tenu qu'à lui... il lui aurait même sucé les orteils un par un. Tout le corps de Kise était en effet digne d'être vénéré pour sa beauté renversante. Il n'y avait pas une seule partie du mannequin qui était imparfaite, à tel point que cela en était presque injuste. Et ce pied qu'il tenait là, en ce moment même, lui semblait être un trésor inestimable. Une œuvre d'art, forgée par Mère Nature en personne. Une œuvre digne de respect, digne d'être adorée...

Brusquement, Kise le renversa en arrière d'un coup de pied bien placé. Puis, une fois Haizaki complètement allongé sur le dos, il le surplomba totalement, mains sur les hanches en signe de domination. Suite à ce mouvement fluide, le jeune homme était parvenu à enfiler dans le même temps sa seconde pantoufle manquante avec dextérité.

Des remerciements, Haizaki n'en voulait pas.

Pas plus que de la reconnaissance.

Bon, s'il obtenait soit l'un, soit l'autre, ce serait déjà très bien, il n'allait pas cracher dessus mais...

Ce qu'il voulait lui, c'était autre chose.

Et Kise avait très bien compris ce dont son éternel rival rêvait. Les cajoleries avaient assez duré, d'autant que le temps leur était compté. Alors place à la véritable récompense. Autant donner directement à Haizaki ce qu'il désirait en secret. Car après tout, sa dure besogne méritait bien rétribution.

« Je me souviens de la manière dont tu fixais mes pieds, la fascination avec laquelle tu les caressais lorsque nous avons pris notre bain ensemble Shogo... Je sais ce que tu souhaitais à ce moment-là. Ce dont je ne me rappelle plus par contre, c'est si tu as osé me le demander. Mais ça n'a pas d'importance, parce que tu vas le recevoir maintenant. »

Haizaki était un tordu.

Haizaki avait des fantasmes bizarres.

Déviants.

Ce n'était pas nouveau.

Mais ce qui l'était en revanche, fut que Kise soit réceptif à ses demandes cette fois. Même silencieuses. Même obscènes. Même... immorales.

D'abord, ce fut le bout de son escarpin qui se posa sur une bosse légèrement proéminente. Presque... timidement. Comme si Kise hésitait encore sur ce qu'il avait à faire et allait faire, de toute façon. Parce que... pas question de reculer. Haizaki aimait se laisser humilier ? Haizaki prenait son pied (Oho ! Quelle expression fort à propos !) dans la douleur... ?

So be it...

Massant avec douceur ce qu'il sentait prendre du volume juste sous son pied, Kise l'écrasa subitement avec son talon-aiguille. Violemment, une fois qu'il jugea l'excroissance assez réveillée. Ce qui ne manqua pas d'arracher un cri à Haizaki. Mais pas le genre de cri de douleur qui marquer l'agonie, non, plutôt une plainte à mi-chemin avec le gémissement de plaisir... Aomine avait raison. L'instable capillaire était IRRECUPERABLE. Or, même avec du temps et beaucoup d'efforts, Kise ne parviendrait pas à changer cette citrouille-là en carrosse... cet effroyable masochiste en petit-ami décent ou au moins présentable...

Mais que voulez-vous... les pervers de tous bords existaient depuis la nuit des temps... et certains étaient même prêts à payer des sommes astronomiques pour se faire marcher dessus, piétiner... Kise avait d'ailleurs déjà reçu ce genre de propositions auparavant. Propositions qu'il avait toujours déclinées, même contre beaucoup d'argent, même quand aucune pratique sexuelle n'était prévue ensuite. Quoiqu'en soi, il s'agissait déjà d'une forme de pratique sexuelle quelque part... Mais cette fois, c'était différent... Différent parce qu'il en avait envie. Envie de ce pouvoir. Envie de sentir les muscles d'Haizaki se tendre sous lui, plier sous lui... Tant et si bien qu'il ne tarda pas non plus à avoir une érection lui aussi.

Alors c'était ça qu'on ressentait à écraser quelqu'un, au sens propre comme au figuré... ?

Cette impression de toute puissance...

Haizaki n'était qu'un déchet. Un déchet qui le torturait et menaçait un peu plus sa sanité d'esprit de jour en jour. Alors pourquoi continuer à lutter jusqu'à l'épuisement, quand céder demeurait la solution de facilité. La main d'Haizaki enserra sa cheville et Kise augmenta la pression. Il serait si simple de le castrer... De le rendre et bien... Impuissant, justement. Car la puissance d'un homme réside dans sa sexualité, sa capacité à se reproduire. Sous lui, le brun haletait, ne le quittant pas des yeux. Il n'essayait même pas de retenir la force exercée par Kise. Il allait finir broyé, mais heureux. Quel pouvait bien être son but ? Kise ne le comprenait pas... Quel plaisir Haizaki pouvait-il ressentir à être dominé ainsi ? A sa merci ? Volontairement ?

Quelle connerie...

Incompréhensible...

Le pire, c'est qu'il bandait encore plus fort à mesure que le talon aiguisé s'enfonçait dans le tissu et dans sa peau. Dans son muscle, dans sa chair, concentrant la pression sanguine à une seule extrémité. Haizaki ne faiblissait pas.

Et Kise non plus.

En fait... il commençait presque à éprouver une sorte de jubilation... ?

Un sentiment dangereux.

Haizaki caressa son mollet de sa main libre, tandis que l'autre maintenait fermement Kise en place, comme pour lui incomber de poursuivre sa torture physique. Kise avait les jambes incroyablement fines et musclées...

« Je veux ressentir quelque chose, n'importe quoi, me sentir vivant dans la douleur. » Paraissaient dire les yeux suppliants de l'homme de main d'Asami.

...

A cet instant précis, quelque chose céda dans le cœur de Kise. Une barrière. Un cadenas. La frontière ténue entre la folie et la normalité. Faire du mal à Haizaki, surtout s'il se trouvait être celui qui le demandait, c'était lui faire du bien, après tout non... ?

Et il le méritait... Oh ouiii il le méritait et à plus d'un titre ! Kise sentait sa frustration s'évacuer et grandir à la fois, alimentée par le corps qu'il sentait à présent soumis sous le sien. Dont il pouvait capter chaque tressaillement, chaque mouvement, aussi infime soit-il et à qui il pouvait impulser les siens, telle une marionnette de chair et de sang. Tout à coup, le plat de la chaussure reprit le relais, tandis que son talon se dirigeait vers le bas, entre les cuisses d'Haizaki pour cercler l'entrée d'un sanctuaire interdit. Ah ! Kise aurait pu en faire des choses immorales avec cette paire de chaussures... ce n'était ni l'envie, ni l'inspiration qui lui en manquait... Mais est-ce qu'une fois réduit à l'impuissance Haizaki serait moins collant ? Rien n'était moins garanti... Certains roquets restent obsédés même après leur castration, après tout...

Et puis, priver le loup de sa virilité sans même avoir eu la chance d'y goûter d'abord... ? Non, là ce serait lui et lui seul que Kise punirait en cédant à ses bas instincts et non pas Haizaki. Mais il aimait sentir le brun plus bas que terre. Rampant pour ainsi dire... à ses pieds. Les pieds, le symbole ultime de Cendrillon. Son super pouvoir de princesse ? Hmm... de là à l'assurer, il n'y avait qu'un PAS...

Dans tous les cas, il s'agissait d'un jeu dangereux... dangereusement addictif...

Kise comprit qu'il pourrait rapidement y prendre goût... à « maltraiter » ainsi (avec son accord, bien entendu.) Haizaki. A le dominer. De toute façon, il aimait cela n'est-ce pas, ce maudit maso ? Il n'y avait qu'à voir à l'époque, cette manie malsaine qu'Haizaki possédait de toujours titiller Nijimura, jusqu'à ce que ce dernier craque. Jusqu'à ce que le karatéka cède à la violence et le malmène physiquement. Oui, pas de doute, Haizaki aimait cela. Sinon, il ne serait pas en train de bander comme un taureau alors que Kise lui écrabouillait purement et simplement les testicules ! Mais... à dire vrai, le blond lui aussi avait un problème à présent... parce qu'il se rendait comptait qu'il appréciait beaucoup trop cette petite séance de piétinement et tout ce qu'elle impliquait. Encore une fois, c'était de la faute d'Haizaki. Haizaki le rendait ainsi. Haizaki le rendait fou.

Haizaki...

Haizaki...

Il devait se le sortir de la tête au plus vite !

La frustration sexuelle, non la FRENESIE même, qui s'était sournoisement emparée du corps de Kise ces derniers jours, venait d'avoir raison de son cerveau également.

Et soudain, le blackout.

Total.

Un sourire sadique se dessina sur les lèvres de Kise.

Oui, il aimait BEAUCOUP TROP cela... tout ce qui était en train de se passer... avoir le contrôle, impulser le rythme. Faire du mal à Shogo. Faire du bien à Shogo. Être responsable de tous ses états. Le sentir s'abandonner complètement à lui, au gré de ses envies... Sentir ce corps si réceptif, répondre à chacun de ses désirs, se plier à sa volonté. A ses lubies.

A lui, tout simplement.

Lui, le tout-puissant.

Le...

On frappa à la porte.

« Kise-san ! » Fit la voix d'un des photographes du set. « C'est à ton tour de passer, on t'attend au studio numéro deux. »

La bulle éclata soudainement et Kise revint à lui. Un éclair traversa sa boîte crânienne et il réalisa ce qui était en train de se passer. Il cessa alors de masser, de malaxer, d'écraser ce sexe durci par la douleur et l'excitation et se précipita hors de la cabine, laissant un Haizaki insatisfait, mais encore sur son nuage de béatitude, derrière lui. Le jaune était sorti en trombe, si vite, tel un boulet de canon dans l'espoir de fuir loin de sa Némésis, qu'il manqua d'en perdre l'équilibre. De justesse, il se rattrapa à un mur, essoufflé. Ce n'était pas le moment de sombrer ni de se tordre la cheville, bon sang !

Comment la situation avait-elle pu déraper, puis lui échapper à ce point... ?

Kise ne se reconnaissait pas...

Alors c'était ça le pouvoir qu'Haizaki exerçait sur lui ? Pas uniquement celui de lui taper sur le système ou de le faire sortir de ses gonds, non... Il s'agissait de quelque chose de bien plus pernicieux et insidieux que cela...

Mais ce n'était pas de sa faute, car pendant tout l'acte, Haizaki avait sciemment gardé une certaine forme de silence !

C'était comme si l'ex de Fukuda avait deviné que s'il parlait, s'il prononçait le moindre mot intelligible autre que gémissements et feulements de plaisir, Kise risquait d'émerger de sa transe avant la fin de sa... erm... « punition... » ? Gâterie, plutôt. De son point de vue, en tout cas. Fixant le plafond, bras étendus en croix de chaque côté de son tronc, Haizaki soupira.

Wow...

Même lui ignorait que Kise possédait cela en lui...

A l'intérieur...

Tapis dans les ténèbres et ne demandant qu'à surgir...

Bien-sûr, une partie de lui s'en doutait. Il n'était pas le rival de Kise, son double maléfique pour rien jusque dans leur talent commun, mais...

Ça avait presque été... naturel chez le blond. Comme s'il avait un don inné pour ce genre de... débordements. Dans tous les cas, Haizaki ne regrettait rien ! C'était venu spontanément de la part de Kise et à présent, le brun tenait à le rassurer sur ce fait car il se doutait que cette incartade avait profondément secoué le blond. Il n'y avait qu'à voir comment il avait détalé comme un lapin de trois semaines ! Sûrement de peur de se faire surprendre par un tiers...

Ce qui pouvait se comprendre, honnêtement !

Car si l'on venait à apprendre dans la profession que Kise Ryota était une dominatrix dans l'âme, cela pourrait nuire à sa carrière déjà mise à mal... Haizaki comprenait donc son besoin de discrétion, mais quoi qu'il en soit, ce qu'il avait (entre)aperçu à l'instant de l'ancien Miracle lui avait énormément plu ! Et cela le confortait dans sa croyance que Kise était... différent. Il possédait cette force, cette rage, cette autorité au plus profond de lui. Sans doute par peur qu'elle n'éclate. Mais Haizaki ne craignait absolument pas d'en faire les frais, lui !

Il se remit donc sur pied... et direction le studio deux, donc !

Kise s'y trouvait déjà, recevant les dernières instructions du photographe et alors qu'un Haizaki encore tout émoustillé par leur précédent jeu... pédestre... s'apprêtait à combler la distance les séparant pour assister au shooting aux première loges, mais surtout pour s'assurer que Kise était à présent stable « mentalement », une silhouette féminine bien connue lui bloqua le passage, se plantant devant lui.

« Miss Germain de la Tour ! » L'interpella le réal', agacé, pour lui signaler de regagner sa place.

« J'arrive ! » Fit-elle en expirant sensuellement la fumée de sa cigarette dans la figure d'Haizaki.

Fumée que le garçon aux cheveux noirs se fit un plaisir non dissimulé de gober tout aussi sensuellement, sans la quitter des yeux. C'est que, mine de rien, il était très proche de l'orgasme tout à l'heure... Il ne s'en était pas fallu de grand-chose et... maintenant, à cause de cela, même cette française aussi épaisse qu'une brindille lui paraissait franchement appétissante...

Le loup avait une faim... de loup, justement...

Un appétit sexuel dévorant.

Alors, que pouvait bien lui vouloir cette biche au regard enamouré ? Parce que, de toute évidence elle attendait quelque chose de précis de sa part et s'apprêtait même à le lui demander :

« Hmm... Shoooooo... Toi qui es le seul à me comprendre ici... tu ne trouves pas qu'il me manque quelque chose... ? »

A quoi ? Où ça ? Comment ? A quel niveau ? Pourquoi faire ?

Tant de questions et si peu d'intérêt...

« Quelque chose ? » Répéta un Haizaki, largué. Et s'en branlant royal, aussi, accessoirement.

« Ouiiiiiii ! » S'exclama t-elle comme s'il s'agissait de l'évidence même. « A ton avis... pour le shooting... j'ai pas envie que ce couillon de Ryota me vole la vedette ! Moi aussi, je veux pouvoir briller ! Être le plus beau mâle de substitution du plateau ! »

Kise quant à lui, observait son petit manège de loin, toujours sonné mais... lorsque l'un des assistants lui proposa des glaçons... à passer sur ses mamelons pour les faire durcir et ainsi mieux ressortir, afin de se rendre plus sexy pour la séance, le blond en attrapa une pleine poignée... prêt à se les appliquer en bas, surtout pour dompter le gonflement. Non parce que... son érection turgescente refusait de se calmer et sur les clichés... ça risquait de faire mauvais genre.

Style pervers excité, incapable de se contrôler ! Bah... exactement comme quand les garçons vont en cours de sport à la piscine au collège et qu'ils ne sont pas encore à même réprimer toutes sortes de... manifestations physiques intempestives en présence des filles... Sauf que là, et bien, ce n'était pas dû à une demoiselle premièrement, mais surtout, Kise n'était plus un adolescent... Mais bel et bien un adulte dont le gagne-pain dépendait de sa capacité à... faire durcir le bon organe, justement.

Graaah satané Shogo, pourquoi fallait-il tous ses malheurs avaient toujours un rapport de près ou de loin avec ce désastre ambulant !?

« ... T'as pas une idée ? » Insista t-elle. « J'ai envie de me sentir comme un vrai mec, pour une fois qu'on me demande d'en incarner un... Ça ne rendra la séance photo que meilleure. Plus qualitative. »

Sous-entendu : « Ce sera bon pour Kise aussi... »

... Et puisque le regard acéré du loup louchait justement sur une certaine partie de l'anatomie bien dressée chez Kise, cela lui donna bien une idée, oui...

« T'as raison ma belle. Il te manque un truc en effet pour être le prince le plus baisable de l'île ! Bouge pas, je pense savoir ce qu'il te faut... »

Sur ces BELLES paroles, Haizaki défia Kise du regard, avant de sortir du plateau pour aller fouiner en coulisse. Ahhhh nickel ! Une paire de chaussettes qui traînait là (à qui appartenaient-elles ? Mystère, mais ce n'était pas la question, non, ce qui l'était, c'est qu'elles s'avéraient PROPRES et donc utilisables.) et que Shogo roula ensemble jusqu'à former une boule uniforme. Il la tendit alors à Astrid et jeta un œil au pantalon de costume porté par la French, dans lequel – il est vrai – elle nageait quelque peu. Enfin, surtout à un endroit précis qu'elle peinait clairement à remplir...

... Contrairement à Kise qui semblait sur le point de faire exploser son string en satin délicat...

« Tiens, mets ça. Tu sais où, ça fera illusion. La plus belle fausse queue de tout le plateau ! »

« Waaah génial, merci ! T'es vraiment un génie Sho ! » Sourit-elle avant de se pendre à son cou, basculant dans ses bras. « ... Mais diiis... tu n'veux pas m'la mettre toi-même... ? » Œillade et ton chargés de sous-entendus salaces... « Tu sauras mieux y faire que moi... T'as plus l'habitude, je suis sûre... »

« Ok. » Céda simplement le loup, pressé que le shooting puisse enfin débuter et donc se finir. CQFD.

Sans compter qu'il pourrait ainsi se rincer l'œil aux frais de la... princesse !

Et puis, il lui devait bien ça à la pétillante brunette, vu que c'était grâce à elle qu'il avait gagné son droit d'entrée sur le set...

Prudemment, il glissa donc la boule de tissu cotonneux à l'avant du pantalon blanc porté par la belle, l'enfonçant bien à l'intérieur. Un frisson d'excitation secoua la frêle Astrid dans ses bras, tandis que la main d'Haizaki put pleinement constater que... pantalon blanc oblige et afin de ne pas laisser de trace disgracieuse, la peste de service ne portait... aucune culotte ! Oh la vilaine fille... la petite cochonne... elle l'avait sans doute fait exprès... Le tout bien-sûr, sans rompre le contact visuel avec Kise. Une manière de le mettre au défi ou le narguer, une fois de plus.

Après tout, il s'agissait de leur sport favori à tous les deux, non ? C'était constamment à celui qui emmerderait le plus l'autre... et le plus vite, surtout. Or, il fallait bien admettre que comme à son habitude, Haizaki partait avec confortable longueur d'avance. En particulier lorsque le corps mince d'Astrid se mit à tressaillir visiblement contre le sien. D'extase. De toute évidence, elle appréciait BEAUCOUP le doigté du loup, elle aussi !

...

Et lorsqu'enfin, elle se décida à lâcher Haizaki, (et non l'inverse, clairement... c'était elle qui se tenait agrippée à lui !) ce fut une « Ass » triomphante qui revint tout naturellement se poster aux côté de Kise, dans le but de démarrer un shooting mémorable. Et tandis qu'ils s'enlaçaient pour les besoins de la scène, elle en profita pour lui chuchoter à l'oreille crûment, pressant son bassin contre le sien :

« Tu sens ça ? J'en ai une plus grosse que la tienne maintenant Ryo-chan, alalala quel kiff ! »

Et ledit « Ryo-chan », ben il comprit très bien le but de cette manœuvre.

De cette provocation à peine voilée.

La jeune femme essayait vainement de prendre l'avantage sur lui et de se poser en prétendante alternative dans leur conquête respective d'Haizaki... Dommage pour elle cependant, car cela ne prenait pas avec le rusé renard.

Pas question de se laisser impressionner...

Et pour cause...

Il conservait une longueur d'avance, disposant d'un avantage certain...

Car au jeu de « qui-a-la-plus-grosse », il restait encore souverain.

Alors il se pencha à son tour pour lui répondre sur le même ton, dans le creux du tympan et l'enlaçant presque jalousement (sans doute pour l'empêcher de fuir et pouvoir ainsi mieux savourer sa mise à mort) :

« ... Un bel effort, je te l'accorde... Mais insuffisant, hélas... Parce que Shogo préfère tout de même la mienne... Qui est bien réelle, elle, et fonctionnelle... comparée à ton postiche inutilisable... » Il sourit. « Dommage pour toi, il ne suffit pas de se mettre n'importe quoi entre les jambes pour être prête à jouer dans la cour des garçons, ma grande... »

Bon baaaah aurevoir merci Astrid ! C'est gentil quand même d'être passée et d'avoir fait acte de présence, hein ! Et bravo également d'avoir tenté d'opposer un semblant de concurrence à Kise l'espace de... quoi... ? Dix bonnes secondes... ? Waouh ! Incroyable !

Mais après cette légère altercation, les deux mannequins étant des professionnels reconnus au sein de leur propre milieu, mirent leurs différends de côté pour donner le meilleur d'eux-mêmes. Au moins le temps du shooting. Mais une fois de retour en coulisses, leur petite guéguerre reprendrait aussi sec ! Tous les coups étaient permis.

L'ombre du loup planait sur eux.

Kise sentait son regard affamé sur lui, ce qui ne l'aidait pas à se concentrer.

Apparemment, il se moquait bien de croquer le Petit Chaperon Rouge, non, celui-ci, c'était Boucle d'Or qu'il avait envie de se caler sous la dent. Pas question de la laisser aux Trois Ours ! Haizaki ne quittait donc pas Kise des yeux, ne semblant voir que lui. Seule Astrid ne s'en rendait pas compte. Elle n'avait en réalité aucune chance.

Et puisque Kise était la star du shooting, l'élément central, elle retourna rapidement vaquer à ses occupations, attrapant le bras d'Haizaki et lui proposant d'aller fureter sur les autres plateaux. Parce que oui, SCOOP : Cendrillon n'était pas la seule princesse à l'honneur, même si elle constituait indéniablement la plus populaire et la plus importante de la campagne.

« Elle est pas mal Jasmine... » Sourit Haizaki, en découvrant un bel indien aux yeux clairs trèèèèès trèèèèèès musclé.

« En tout cas, je n'aurai pas aimé être celle qui a été choisie pour incarner « la Bête » sous cette chaleur tropicale ! Elle doit étouffer sous son costume ! »

« Par contre « Le Bel aux bois dormants » a clairement le meilleur rôle ! Le gars passe la majorité du shooting allongé, c'est carrément un bon plan ! Vacances à l'œil, cocktails et chaise longue ! »

Finalement, ce n'était pas si mal la vie sur les plateaux ! Haizaki pourrait même très vite s'y habituer ! Les strass, les paillettes et les projos, tous ces trucs-là, ce n'était pas son truc à la base mais... l'étalage de chair fraîche qui allait avec par contre... ça... il ne crachait clairement pas dessus. Pouvoir se rincer l'œil, à l'œil... c'était franchement agréable ! Par contre, Kise avait moins de chance, clairement. Et Haizaki retira mentalement tout ce qu'il avait bien pu dire ou penser sur le boulot de mannequin parce que ouais, mine de rien, il s'agissait d'un véritable métier. Sous ses airs de je-me-la-coule-douce-dans-des-endroits-paradisiaques, il fallait encore être capable de taper la bonne pose, mais surtout de la garder des heures durant.

Sans cligner des yeux, sans bouger le petit orteil. Haizaki n'en aurait clairement pas la patience... Mais en coulisses, l'ambiance était différente. Bon enfant. Du genre « qui couche avec qui » et ce genre de ragots, bah, il aimait bien. C'était plutôt amusant et divertissant. Les rivalités qui en découlaient aussi. Apparemment le Prince Philippe et le Prince de heuuu... Blanche-Neige, (on s'en tape de son nom...) bah ils étaient à fond sur Vaïana la Tahitienne. Et Haizaki pouvait les comprendre, vu qu'elle était incarnée par nul autre que Momo Jasona, le célèbre mannequin pressenti pour devenir le rôle principal du prochain film « Aqua-homme » ! D'après Astrid, ce genre d'opportunité arrivait rarement quand même. Nombreux étaient pourtant les top models à vouloir changer de carrière et à se destiner au cinéma, art nettement plus noble mais il y avait au final très peu d'élus.

Hmm... Kise ferait sans doute un très bon acteur, manipulateur comme il était...

Vers dix-huit heures, la première journée de shooting toucha à sa fin et il fut l'heure pour tout le monde d'aller dîner. Oui, déjà. Et d'après les dires d'Astrid, demain, il n'y avait pas de séance prévue dans la journée, mais seulement le soir pour tourner quelques scènes de nuit, cruciales notamment pour Cendrillon (et sa fameuse permission de minuit...), ainsi que pour Aladdin. Ce qui, selon toute vraisemblance, leur laisserait la journée de libre pour visiter l'île et ses alentours. Plutôt sympa de laisser le temps pour faire du tourisme... Haizaki se disait justement qu'il en profiterait bien pour emmener Kise quelque part...

Faire une activité commune, passer un peu de temps ensemble et profiter de ce cadre idyllique, si propice à l'amour et aux rapprochements... Quoique... si le blond préférait se reposer en restant enfermé dans LEUR chambre toute la journée, ça lui allait aussi comme programme ! A baiser dans des draps de soie comme des bêtes en rut... Oui, Haizaki se croyait clairement en vacances tous frais payés ou du moins sponsorisées par Marraine la Bonne Fée Momoi ! Loin de tout, de tous et surtout d'Asami ! (Enfin... ce serait un peu vite oublier que l'influence du yakuza s'étendait tout de même jusqu'ici, ainsi qu'il l'avait précédemment prouvé...)

Alors autant en profiter, ce n'était pas tous les jours qu'il avait l'occasion de fuir à l'autre bout du monde... Quoique côté décor, l'endroit ne lui semblait pas si dépaysant... En réalité, cela lui rappelait vaguement Okinawa dans les grandes lignes... et Okinawa avait justement été synonyme de belle avancée avec le blond auparavant... Il n'y avait donc plus qu'à espérer que les Maldives s'avéreraient toutes aussi prolifiques pour lui...

Mais Haizaki ne s'en faisait pas trop de ce côté-là.

Après tout, Kise avait une dette envers lui maintenant qu'il lui avait rapatrié ses shoes...

Et de taille, la dette...

CSB. (comme sa boîte à chaussures les contenant.)

Et puis au pire, il y avait Astrid si Kise ne se montrait pas réceptif.

Ohhh pas que Shogo comptait succomber aux charmes de l'Hexagone, mais disons que... si jamais Kise s'évertuait à jouer les difficiles, draguer sous ses yeux la brune pourrait bien le décider à... quoi exactement, Haizaki ne le savait pas vraiment, mais dans tous les cas, Kise ferait moins la fine bouche. Comme quoi, exploiter la stupide rivalité régnant entre ces deux-là pourrait bien tourner à l'avantage du Grand Méchant Loup...

D'ailleurs, le réfectoire destiné aux membres du personnel hôtelier avait été mis à la disposition de la prod' et tout naturellement, Haizaki se retrouva à partager la table de la séduisante Frenchie. La grande table réunissant la plupart des membres du staff affichant complet, le loup et la vilaine sœur de Cendrillon se mirent donc à l'écart. Oh ils n'étaient pas les seuls et puis... quand bien même, se mêler aux autres ne les intéressait pas. Kise arriva à son tour après s'être changé. Et puisqu'il avait ENFIN récupéré sa valise avec ses propres affaires à l'intérieur, exit la tenue affriolante de princesse et le T-shirt licorne d'Haizaki ! Kise avait opté pour une tenue qui pouvait à la fois être utilisée pour les sorties diurnes, comme pour aller se coucher : un bermuda à motifs tachetés léopard et un T-shirt noir simple à col rond et manches courtes. Cheveux encore humides, il sortait apparemment de la douche. Haizaki était justement en train de consulter son smartphone pour planifier ce qu'il(s) allai(en)t faire demain, lorsque le blond, enfin libéré de son interminable séance photo donc, passa près de lui. Astrid fit signe à son cher rival de se joindre à eux, mais au moment où le regard affolé de Kise croisa celui de sa Némésis, il se précipita à la table voisine, où se trouvaient assis deux autres mannequins masculins : « Jasmine » et « Belle ». Alors il voulait jouer à ça, Blondie ? A les snober ? Bon et bien tant pis pour lui ! Astrid n'aurait pas à partager Haizaki comme ça !

Bon apparemment... de toute évidence même... Kise n'avait pas encore digéré ce qui s'était passé entre lui et Haizaki dans la loge, juste avant le shooting... Il en ressentait encore une honte et une gêne palpables et compréhensibles... Comment avait-il pu déraper et se laisser aller à ce point !? Haizaki exerçait véritablement une très sale influence sur lui... et Kise s'en voulait donc fort logiquement encore d'avoir cédé aux sirènes du sado-masochisme... Mais par-dessus le marché, d'avoir trouvé cela... jouissif...

Aussi, de l'avis de Kise, le mieux était d'instaurer une saine distance entre eux le temps de recouvrer ses esprits et de rebâtir le mur de ses résolutions endurcies... Combler les brèches, du moins. Parce qu'il avait pris beaucoup trop de plaisir à malmener Haizaki... Et cela lui avait semblé si naturel que fatalement, cette nouvelle facette de sa personnalité l'effrayait au plus haut point... Car à ce compte-là, c'était quoi la prochaine étape ? Le fouet ? La cravache ? Les menottes et la racine de gingembre insérée dans le turlututu cucul pointu... ? (et pourquoi pas dans l'urètre carrément la prochaine fois, tant qu'on y était !)

Kise avait donc tout à fait logiquement besoin de faire le point, loin de la source de son tourment. Enfin, aussi loin que l'espace contraint et l'unité de lieu le lui permettaient en tout cas. Et tandis qu'il posait son plateau – bien décidé à ingurgiter quelque chose cette fois ouffff c'était plutôt bon signe – pour s'installer avec ses deux autres camarades masculins, une voix sournoise persifla à ses oreilles...

« Ryooooota... petit cadeau de la part d'Ass... une bouteille d'Evian toute neuve... spécialement pour toi qui ne peux pas AVALER autre chose que de l'eau minérale en matière de liquide... »

Sur ces bonnes paroles, le loup s'éloigna, retournant à sa place une fois son forfait accompli. Kise sursauta lorsqu'Haizaki laissa tomber la bouteille en plastique encore scellée sur la table, bien devant lui et en évidence comme pour continuer à le narguer.

« Tiens ? Depuis quand tu n'avales plus Ryota ? » Se marra Jasmine. « C'est nouveau ça hahaha ! »

« En tout cas, il est sacrément canon ton nouvel assistant... pourquoi tu n'manges pas avec lui ? » Renchérit Belle.

« ... Parce que c'est le DIABLE, voilà pourquoi... » Répondit Kise, sans relever la précédente remarque salace de l'Hindou.

« Le Diable ? Carrément ? Bah des démons comme lui, je veux bien en croiser dans les jours... Si c'est ça, vivement l'Enfer sur Terre ! » Sourit Belle, rêveur.

« Vous ne comprenez pas... il m'a CONTAMINE ! Il... il m'a refilé... sa tare ! »

Sa tare ?

Refilé ?

Hmm... les deux mannequins ne comprirent pas la même chose au moment où ils s'interrogèrent du regard. Chacun y alla donc de sa petite interprétation, mais le sentiment de choc qui s'empara d'eux fut similaire cependant :

« Oula... tu sais que c'est hyper homophobe c'que tu viens d'dire ? L'homosexualité ne se refile pas, en plus ! On naît avec ! Moi qui croyais que tu étais un fervent défenseur de notre cause, tu me déçois Ryota... A croire que tu faisais semblant pour te faire bien voir... »

« Mais non, tu n'as rien compris mec ! Il parlait d'une MST ! J'espère qu'il ne s'agit pas du SIDA... Un de mes amis a découvert qu'il l'avait récemment, heureusement que la médecine a progressé avec la Tri-Thérapie mais... ce n'est pas une raison pour arrêter de se protéger, j'trouve qu'on n'fait plus assez d'prévention dernièrement à cause ça... »

QUIPROQUOS EN PAGAILLE, YEAY !

« Vous ne comprenez pas... je vous assure... » Le blond se prit la tête entre les mains, désespéré. « C'est très grave... »

« Si, si ! Moi je comprends parfaitement bien que tu t'es tellement enfoncé dans l'placard qu'tu viens d'trouver Narnia là ! » Acheva Belle, vexé.

« En parlant d'Narnia, désolé, rien à voir mais... tu m'as pas dit que tu devais tourner un clip demain ? »

« Ouais, si. Y faire de la figuration sur not' temps libre... » Fit Belle en enfournant sa salade. « Avec Astrid De la Tour purée... T'imagines la future galère ? Et bénévolement en plus... c'est bien ma veine ! »

« Bénévolement ? Toi encore je veux bien, mais elle ? Naaaan pas possible mon gars, elle doit être payée, mais tu n'le sais juste pas. »

« Non, non, je te jure ! Ça lui arrive parfois d'être sympa et de faire des trucs gratuitement pour lancer de jeunes artistes. »

« Mouais... à mon avis, y a du piston dans l'air... C'est louche tout ça... »

« Ah mais c'est sûr qu'elle y gagne quelque chose hein ! De la visibilité et une notoriété supplémentaire, apparemment. D'après c'que j'ai entendu dire, notre chère bonne Astrid chercherait à se diversifier en touchant le marché asiatique à présent ! »

Ben voyons... Tout le marché ou UN asiat' en particulier ? Kise éprouvait quelques suspicions des plus justifiées quant aux velléités de sa rivale...

« Ouais, bah bonne chance à elle hein... Si tu veux mon avis, elle commence à s'faire un poil trop vieille pour s'attaquer à ce public-là... »

Kise ne les écoutait que d'une oreille, dépité, osant à peine toucher à sa salade... Car non loin de là, Astrid donnait la becquée avec amour à Haizaki à l'aide de sa propre fourchette. URGH. De quoi vous couper définitivement l'appétit déjà pas bien vaillant du blond...

Bon et sinon ? Kise était plutôt « plongée sous-marine dans une cage avec des requins mangeurs d'hommes » ou « course en jet ski » ? Haizaki avait vraiment du mal à se décider sur le programme du lendemain, sans se douter que Kise refuserait très probablement de participer à quoi que ce soit venant de lui...

Bientôt, le frugal repas au self-service fut terminé et dès que Kise – qui n'avait réussi à avaler qu'une seule feuille de laitue – se leva pour regagner sa tanière, Haizaki fit de même, lancé sur ses talons.

« Je vais me pieuter Haizaki, je tiens à être en forme pour demain. » L'arrêta ce dernier, sans même se retourner pour le regarder.

« Quoi ? Mais ! Il est à peine dix-huit heures trente ! Ça fait pas un peu tôt, même pour un mannequin heu... international ? » Rajouta t-il à la volée. C'est que Kise y tenait, à sa « particule » !

« Je suis crevé si tu veux tout savoir... Et puis, si je dors, au moins, ça voudra dire que ne je n'aurai pas à supporter de vous voir flirter juste sous mon nez toi et la Française ! »

« Okéééé d'accoooooooord... bonjour la jalousie et la parano mal placées, mais hmm... je suppose que ça signifie que c'est pas encore ce soir qu'on pourra discuter à coeurs ouverts toi et moi dans ce cas... »

« Discuter ? » Cette fois, il se retourna. « Mais discuter de quoi ? On n'a rien à se dire tous les deux ! »

ET VOILA.

ÇA RECOMMENCAIT !

...

Kise se la jouait distant. Il remettait une barrière infranchissable entre eux pour bien les séparer.

Il avait honte.

Il n'assumait pas.

« Ah ouais ? Et de ce qui s'est passé dans la loge avec tes jolies pantoufles, tu n'as pas envie d'en parler non plus... ? »

« ! »

« J'en ai ma claque Ryota ! J'suis pas ton clébard ! C'est pas un coup tu m'écrases les couilles en prenant ton pied dans tous les sens du terme et l'instant d'après tu m'jettes comme un vieux magazine porno usagé de Daiki ! Je suis un être humain moi aussi et j'ai des sentiments j'te signale ! T'es pas l'seul à décider et moi je dis qu'on a besoin de discuter et qu'on va même le faire maintenant, tiens ! Que tu le veuilles ou non, je ne te laisserai pas te défiler cette fois ! »

Avec Kise, c'était malheureux, mais il n'y avait que ça qui marchait. Le mettre au pied du propre mur qu'il s'était construit lui-même. Sauf qu'en parlant de mur, la tête du jaune recommençait à lui tourner et il s'appuya contre le mur du couloir pour garder l'équilibre.

« Ryota... ? »

Il se sentait... au bord de l'épuisement. Ne pouvant plus lutter, le ventre vide et fatigué par le décalage horaire plus le travail intense. A bout de force.

« Merde, Ryota ! »

Le jeune homme semblait sur le point de s'écrouler et Haizaki le rattrapa in extremis, enroulant un des bras du blond autour de son cou pour mieux le soutenir. Sincèrement inquiet, Haizaki interpela Astrid qui venait tout juste de sortir du réfectoire, à la recherche.

« Ass ! Va me chercher ses affaires dans la loge stp. Il doit y avoir la clé de sa chambre à l'intérieur. Tu sais de laquelle il s'agit d'ailleurs ? »

« C'est la 208 A. Au second étage de ce bâtiment-ci. Je le sais, parce que la mienne c'est la 212 A, juste au bout du même couloir. »

Ouais, bon, ce détail-là, Haizaki s'en battait légèrement les reins. L'urgence du moment serait plutôt d'escorter Kise jusqu'à sa chambre pour qu'il s'allonge dans un premier temps. Non parce que s'il arrivait quelque chose à son précieux promis, Asami allait lui faire une tête au carré, or Haizaki n'y tenait pas particulièrement... Suivant les instructions d'Astrid, mais n'ayant pas de temps à perdre à servir de canne à Kise, le brun choisit plutôt de le porter directement à bon port. Merde... qu'est-ce que ce blondinet têtu était léger...

Haizaki s'était déjà fait la réflexion tout à l'heure justement... A se noyer dans le travail pour oublier... pour éviter d'avoir à penser à leur relation, à défaut de le faire carrément dans une piscine... Cependant, maintenant qu'Haizaki tenait sa proie à la gorge, il ne comptait plus la lâcher jusqu'à ce qu'elle cède et il sentait Kise au bord de la rupture... Ce n'était pas le moment de faire preuve de pitié et de cesser son subtil harcèlement...

Une fois arrivé devant la chambre en question, Haizaki se planta devant la porte pour attendre Astrid. Il tenait toujours Kise blotti contre lui, les paupières mi-closes. La jeune femme ouvrit la porte aisément et Haizaki déposa Kise sur le petit lit une place, une place et demie grand maximum. Pas vraiment le luxe et le confort auquel Haizaki s'attendait, mais soit, ça ferait l'affaire pour récupérer.

« Merci Ass, je te le revaudrai. Hmm... j'pense que j'vais rester avec Ryota pour cette nuit, ok ? »

« Pas juste le temps qu'il s'endorme ? Ma chambre est plus grande et j'ai un lit immense pour moi seule, que je serai ravie de partager avec quelqu'un... » Fit-elle en lui caressant le bras suggestivement.

« Ouais bah si c'est l'cas, propose plutôt d'échanger ta chambre avec la nôtre pétasse, au lieu de juste m'y inviter moi ! » Pensa un peu agressivement Haizaki.

« J'préfère prendre aucun risque dans son état. » Fit négativement le décoloré/recoloré.

« Oh ça va hein ! Il est pas à l'article de la mort non plus tu sais ! Après une bonne nuit de sommeil, il n'y paraîtra plus rien ! »

« Gnnhh... elle a raison Haizaki, personne t'oblige à rester, alors dégage et... n'oublie pas d'éteindre la lumière en sortant de MA chambre... » Lança alors Kise, qui leur avait tourné le dos mais avait cependant tout entendu.

Haizaki serra le poing. Il devait prendre sur lui, malgré les refus continuels et le rejet de l'ex Miracle.

Bon, très bien...

Dans ce cas...

« Tu as entendu Ass ? Ryota vient tout juste de dire qu'il voulait que je reste ! »

« Heuuu sans vouloir te vexer, ce n'est pas tout à fait ce que je viens d'ent-... »

« A demain ma belle, dors bien ! »

Et sur ces mots, il lui claqua gentiment mais fermement la porte à la tronche. Une fois débarrassée d'elle, il se frotta les mains avant de se retourner vers Kise.

« Non mais à quoi tu joues... !? »

« C'est bon, pas la peine de nier. Ça n'prend pas avec moi, je sais très bien que t'es une tsundere et que c'est ce qu'il fallait comprendre en fin de compte ! »

« Une tsun-... ! Tu m'as confondu avec Midorimacchi ou quoi !? » Répliqua Kise, choqué.

Midorima, si tu me lis, sache que tu es mon second perso préféré de KnB alors ne le prends pas mal !

« Chut, tu as dis que tu voulais dormir et ne pas discuter, alors dors ! »

« Mais !? Et puis d'abord, qu'est-ce que tu crois être en train de foutre au juste !? »

« Ben ça n'se voit pas ? » Fit Haizaki en ôta sa chemise cauchemardesque. « Je viens me coucher avec toi ! »

« Je croyais que tu n'étais pas fatigué et qu'il était trop tôt pour toi ! De plus, au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, c'est un lit UNE place ! Et elle est déjà occupée ! »

« C'est qu'un détail ça, on n'aura qu'à se serrer ! On l'a déjà fait auparavant ! »

Oh que non il ne céderait pas. Haizaki en avait marre de se plier aux quatre volontés de la diva d'or ! D'autant qu'il était si proche du but...

« Oui ben c'est pas la peine de me rappeler de mauvais souvenirs ! Si tu tiens tant que ça à rester ici... » Ohoho il y avait du mieux, sacré progrès ! Kise lui permettait donc de garder la chambre avec lui ! « ... dors par terre ! »

« Hein ? Mais y a même pas de tapis ! Pioncer à même le sol va me ruiner le dos ! »

« Va prendre des serviettes dans la salle de bain et fabrique-toi un nid avec alors, qu'est-ce que tu veux que je te dise, ce ne n'est pas mon problème ! »

« Hey, mais tu m'prends vraiment pour un sac à puces en fait, c'est dingue ! »

« C'est toi qui as tenu à rester j'te signale ! Toi qui t'es imposé, alors que je ne t'avais rien demandé ! Donc maintenant, assume et fiche-moi la paix ! »

« Ouais, dans l'unique but de veiller sur toi parce que j'suis inquiet et c'est comme ça que je suis remercié !? »

« Va dormir dans la baignoire si t'es pas content... ah non pardon, c'est vrai, c'est juste un bac à douche ici... »

« Même pas en rêve ! »

Et de sauter dans le lit aux côtés de Kise, sans lui donner le choix, sans lui laisser le loisir de protester une nouvelle fois, faisant même rebondir le matelas sous son poids histoire de bien signaler sa présence. Toujours dos tourné, le blond s'agrippa au seul oreiller disponible - celui qui se trouvait actuellement sous sa tête - comme si sa vie en dépendait. Pas question de le partager avec Haizaki ! Ce lit minuscule, c'était déjà bien assez ! Cependant, il y avait un traversin aussi et Kise décida de l'utiliser pour délimiter leur « côté » respectif, comprenant qu'Haizaki ne bougerait plus du lit maintenant qu'il venait de s'y installer, malgré son absence de consentement.

« Je te préviens ! Si l'idée saugrenue de franchir cette ligne te prenait subitement pendant la nuit... je n'aurai aucune pitié à t'éjecter violemment du plumard et tu finirais en prime ta nuit par terre, me suis-je bien fait comprendre ? »

« C'est clair comme de l'eau d'Evian, chef ! » Joua la jeu Haizaki, non sans le taquiner un peu quand même pour marquer sa victoire.

Hmm... En vérité, il ne pouvait pas faire la fine bouche, c'était mieux que rien comme condition. Astucieusement, il attrapa sa chemise et la roula en boule pour se constituer un oreiller de fortune et s'assoupir le plus confortablement possible. Après tout, ce n'était pas la première fois qu'il partageait sa couche avec Ryota... Ou inversement... Cela lui rappela inévitablement le camp d'entraînement d'été... Celui où Kise avait fini la nuit fourré dans son sac de couchage, collé à lui comme une grosse limace baveuse...

« Bonne nuit Kitsune ! » Chantonna Haizaki, triomphant.

« C'est ça, laferme... »

Une chance pour lui que Kise n'ait pas la force physique de l'obliger à partir...

« Ne rêve pas trop de mon corps à moitié nu alangui à côté du tien et à demain ! Oh et à deux pieds aussi ! »

« ... Ne me parle plus jamais d'pied putain... » Maugréa Kise, soudainement victime d'une migraine fulgurante...

Après « Two girls, one cup », j'ai l'honneur de vous présenter en exclusivité « Two guys, one bed » !

Et la nuit promettait d'être toute aussi sale que dans cette vidéo culte du début des Internets...


Bon bah voilà, 25000 mots environ, c'est fini pour today.

Pas de notes de fin de chapitre cette fois, je pense que j'en mettrai deux fois plus dans le prochain chapitre pour me rattraper du coup et pouvoir ainsi tout englober.

J'avais prévu que les deux prétendants de Kise pointent le bout de leur nez dans ce chapitre, mais une fois de plus, mon calcul était mauvais.

Ce qui vous donne une chance supplémentaire d'essayer de deviner de qui il s'agit en commentaires, à vos théories !

Encore une fois, merci d'avance à celles qui prendront le temps et la peine même, de laisser une review mais bien entendu, il ne faut pas vous en sentir obligées ! Je sais que je fais des choix qui peuvent déranger et perturber, je sais qu'on peut ne pas y adhérer mais moi dans tous les cas, je m'épanouis grandement à travers ce pairing pour lequel tout le "lore" reste à faire. (Par contre SVP et je le dis super gentiment et sans aucun mépris, mais évitez de me comparer à Kuro Hagi. A Caro encore, je veux bien en tant qu'autrice, mais citer Kuro Hagi comme une référence en matière de psychologie concernant l'AoKaga booooooooooooooon voilàààààààà quoiiiiiiii heiiiin. C'est un avis que je ne partage pas du tout, désolée... j'espère que vous le comprendrez et que vous ne m'en voudrez pas :) mais je ne reconnais absolument pas Ao ni Kaga sous sa plume. C'est Jean-Jacques et Gérard les randoms pour moi quoi. C'est dommage, car elle écrit très bien par ailleurs, mais juste... ça ne mérite pas d'être encensé de mon point de vue, côté respect des persos. Or, c'est bien le but quand on écrit de la fanfic et non de l'original. De jouer un minimum, d'incarner les personnages le plus fidèlement possible.)

Sur ce, à bientôt et merci de m'avoir lue :)