Ouais, je sais, ça fait un peu plus d'un mois, j'en suis infiniment désolée mais franc, c'était le chapitre le plus DIFFICILE à écrire de ma – fort courte – carrière et j'ai galéré ma race. Vous comprendrez pourquoi XD.
J'espère de toute mon âme que malgré mes galères, il vous plaira, qu'il sera à la hauteur de tout, et que personne ne sera déçu. Je croise fort les doigts !
Merci pour vos reviews, merci merci merci merci !
Chapitre 13 : « N'empêche, c'est dégueulasse... »
Izuku blêmit instantanément, le sang pulsa le long de sa mâchoire en désertant son visage, assorti d'un coup au cœur qui faillit le foutre au tapis. Il ne saurait jamais exactement à quoi il ressemblait à cet instant précis, mais c'était sans doute assez dégueulasse pour que Denki écarquille les yeux en face de lui, mortifié :
« Merde, Midobro ! Ho Izuku, je, je suis désolé, je voulais pas... »
Shinsô le dévisageait avec toute l'inquiétude du monde dans les yeux, visiblement affligé de la bourde de son mec et quelque part, ça étendit davantage la glace dans le ventre d'Izuku. Shinsô avait juste l'air désolé que leur conversation lui soit tombée dans l'oreille, absolument pas qu'elle ait eu lieu, qu'ils aient discuté entre eux de ses récentes coucheries et de l'état de ses sentiments. Depuis combien de temps ? Depuis combien de temps ils discutaient de ça ? Depuis la soirée pro, où ils avaient sans doute pas été d'une discrétion remarquable sur la nature véritable de leur relation, en dépit de leurs efforts héroïques ? Depuis qu'ils avaient vu qu'Eij, Kacchan et lui avaient cessé de se pointer aux soirées, trop occupés à baiser ? Et depuis quand ils étaient tout deux partis du même principe qu'il se faisait avoir en beauté par Eijirô et Kacchan, soit dit en passant des amis proches de Denki eux aussi ?
En fait, le problème, c'est qu'il ne savait pas ce qui était pire. Entre la perspective que Denki et Shinsô, et vraisemblablement leurs autres amis, pensent qu'il était débilement amoureux d'un couple l'utilisant comme sextoy et l'idée monstrueuse que c'était peut-être vrai.
Et rien que de l'énoncer mentalement, ça le détruisait.
Il inspira dans l'intention de... de quoi ? Rassurer Denki, Shinsô, leur exprimer à quel point ils lui faisaient de la peine, avec leurs conneries, qu'il ne voulait plus jamais entendre ça ? Ni même y songer ? Aucune idée. Il inspira et ça se bloqua au niveau du sternum, un point douloureux à lui poinçonner l'âme, à emplir ses prochaines respirations de verre pilé, poncé à même ses muqueuses. De toute façon, il n'eut pas le temps de trouver quoi faire de cette inspiration ratée.
« De quoi ? T'as dit quoi là ? »
Il avait oublié Kacchan, à trois pas derrière lui, avec une allure passablement éméchée lui aussi, au cas où Izuku aurait voulu démentir leur session de baise et aurait eu besoin de se faire ridiculiser encore plus. Et absolument furieux, au point que le vert sentit instantanément une chaleur de mauvais aloi lui brûler l'épaule droite, au fur et à mesure que le blond se rapprochait et il tendit instantanément le bras pour l'arrêter :
« Kacchan, je crois pas... »
« Je veux savoir ce que t'as dit, Kaminari. Répète, pour voir ! »
À ce stade, ça aurait pu s'arrêter là si Denki avait eu l'intelligence de nier et de faire une marche arrière prudente, couplée aux efforts qu'Izuku était prêt à déployer en masse pour convaincre Kacchan que ce n'était pas si grave que Denki ait son propre avis sur leur relation, quelle qu'elle soit. Ils n'auraient même pas eu à aborder le volet des possibilités sur la véracité de l'opinion de la pile électrique. Il avait juste sous-estimé opiniâtreté de Denki quand cela concernait le bien-être de ses amis. Et l'effet que ça aurait sur Kacchan.
« J'ai dit que ça me faisait chier de vous voir profiter de lui au lit, en le rendant malheureux ! »
« Et qu'est-ce que t'en sais ?! Qu'est-ce que tu viens foutre ton nez là-dedans ? »
« Kacchan, je t'en prie, c'est pas la peine... »
« C'est toutes les peines du monde, putain ! D'où t'ouvres ta gueule là-dessus ?! On t'a rien demandé ! » aboya Kacchan à Denki, enragé au point de ne plus du tout maîtriser la tonalité de sa voix et une sueur froide coula derechef le long de la colonne d'Izuku. Ça n'allait pas bien finir. Son bras tendu ne retenait Kacchan que parce que celui-ci l'érigeait mentalement en barrière infranchissable, mais il ne donnait pas cher de la tournure de la conversation si son meilleur ami décidait de défoncer ladite barrière. Mentalement comme physiquement. Il ne croyait pas Kacchan capable de se jeter dans une bagarre physique avec Denki mais se rapprocher suffisamment pour que Shinsô intervienne, sans doute aucun et le blond n'avait pas envers ce dernier la patience et l'amitié qu'il avait pour Denki.
« Calme-toi Bakugô, s'il te plaît… »
« Je me calme si je veux, la groseille, tu me laisses engueuler ton mec et tu la fermes ! »
Shinsô fronça le nez en répétant à voix basse le surnom de « la groseille », plus surpris que vexé, sans que personne n'y prête réellement attention, vu que Denki fut piqué au vif du ton de Kacchan - et sans nul doute de l'insulte faite à son compagnon - et automatiquement, ça parti en couille :
« Mais j'te permets pas de m'engueuler, j'ai le droit d'avoir un avis encore, merde ! »
« Pas sur ça, non ! »
« Ho, parce que je peux pas avoir un avis sur le fait qu'un de mes amis se fait pigeonner ? »
Le verbe frappa Izuku pile sous une cote, juste assez violent pour que son bras tremble, collé à la peau surchauffée de son meilleur ami, impossible à dissimuler. Kacchan lui jeta un regard en coin qui sembla lui remonter au coin des lèvres en une grimace plus fâchée encore :
« Pigeonner ?! De quoi tu putain de parles ? »
« Vous vous servez d'Izuku ! Comme sextoy ! »
« T'es complètement con ! »
« Mais va te faire foutre ! T'es fâché parce que j'ai raison ! »
« RAISON ?! »
« Ouais, raison ! Vous couchez avec lui quand ça vous arrange et vous vous en foutez des conséquences que ça peut avoir ! »
« Mais tu veux que ça ait quoi comme conséquence, pauvre con, c'est pas comme s'il pouvait tomber enceint ! »
« Ce que tu peux être de mauvaise foi ! Y'a des gens qui ont des sentiments Kacchan, ça va te surprendre, mais ça arrive ! »
Le sarcasme passa si mal qu'Izuku fut surpris que la maison ne fasse pas une combustion spontanée due à Kacchan, aux prunelles fixées sur Denki comme si il pouvait le dépiauter d'un seul regard, ce qui lui aurait sans doute fait du bien. Shinsô leva une main dans un geste qui avait tout d'un avertissement envers Izuku et le blond, sans que Kacchan s'en aperçoive le moins du monde :
« Va te faire foutre toi-même, c'est un grand garçon, il peut encore choisir avec qui il couche, merde ! »
« C'est pas ça le problème ! »
« Alors c'est quoi, ton problème, c'est quoi qui justifie que tu te permettes de balancer un truc pareil ?! »
« Mon problème, c'est que vous en avez rien à foutre qu'il soit en train de tomber amoureux de vous ! »
Si l'univers était clément, peut-être qu'il le laisserait tuer une ou deux personnes. Lui en premier. La honte lui cramait les joues et après la descente de sang qu'il s'était pris dans les gencives, c'était une sensation si désagréable qu'elle en faisait presque oublier le vertige en train de lui mordre les tempes. La pitié dans la voix de Denki était à elle seule suffisante pour lui trouer un pain de glace dans le cœur, mais la réaction de Kacchan explosa ladite glace en éclats qui allèrent se ficher dans l'entièreté de son corps :
« Qu'est-ce que ça peut te foutre ? »
« Tu rigoles ou quoi ?! C'est mon ami ! »
« Qui tombe amoureux de qui ? »
Izuku faillit rire, d'un rire de pure nervosité, alors que Shôto attendait sa réponse avec tout le sérieux du monde, tout juste débarqué dans le salon sans tenir compte des signes visuels qui auraient pu l'aider à déterminer que c'était une situation à éviter. Sous sa main, le torse de Kacchan appuya davantage, un grondement se répercutant le long du bras d'Izuku, qui soupira derechef. Il ne manquait plus qu'Eijirô et la fête serait complète.
« C'EST PAS TES AFFAIRES, DOUBLE-FACE ! »
« T'es chez moi, arrête de gueuler, s'il te plaît. »
« Kat ? Izuku ? Qu'est-ce qui se passe ? »
Hé ba ça y est. La fête était complète. Putain de merde. Incapable d'expliquer la situation à Eijirô dans la seconde que lui laissa Denki avant d'embrayer, Izuku dû se contenter de regarder, mortifié au-delà des mots, le visage d'Eijirô se décomposer sous l'acidité du blond platine :
« Pour que tu sois au courant, je reproche à Kacchan, et à toi, par la même occasion, de profiter d'Izuku en couchant avec lui ! »
« Je crois qu'il a encore une langue et qu'il a toute sa tête pour refuser s'il ne voulait pas. » siffla, glacial, le roux, tandis qu'à côté de lui, Shôto fronçait les sourcils à l'attention d'Izuku :
« Tu couches avec Kirishima et Bakugo ? »
« Ben c'est-à-dire que... »
« Il a pas à te répondre. » grogna Kacchan et Denki leva bras et yeux en face, à bout de nerfs. Bien entendu, Shôto fit la tête de qui venait de mordre dans un citron en murmurant un « Je peux demander. » revêche, aussitôt rabroué par Eijirô à sa droite, surprenamment dur dans son ton :
« Je suis d'accord avec Kat, il a pas à te répondre. »
« Bah bien sûr, comme si vous alliez être en désaccord là-dessus ! »
« T'es fâché parce qu'on couche avec Izuku ? Vraiment, Denki ? »
À la question d'Eijirô, Denki sembla sur le point d'exploser et laissa Shinsô résumer la situation à Eijirô, en dépit des sourcils froncés et de l'air réprobateur de ce dernier, avec une diplomatie qu'Izuku n'aurait jamais cru possible dans ces circonstances :
« Denki a des inquiétudes sur votre façon de coucher avec Midoriya sans tenir compte de ses possibles sentiments à votre égard. »
« C'est-à-dire ? »
Ils avaient décidément décidé de ne rien lui épargner, ni la honte, ni l'anéantissement de tout rythme cardiaque, il avait l'impression que sa tension avait grimpé de six cents points et la pression au creux de ses tempes rendait presque son audition faussée, assourdie, pourtant l'explication détaillée de Denki se grava un peu plus en lui avec bien trop de netteté pour qu'il puisse un jour l'oublier :
« C'est-à-dire que vous couchez avec lui, vous l'utilisez comme un sex-toy en vous foutant complètement qu'il soit amoureux de vous. »
« Et je peux savoir en quoi ça te regarde, ça ? »
« Ha non, tu vas pas faire comme Kacchan et esquiver le truc ! » renifla Denki en tapant du pied, comme un enfant et Izuku le haït un peu plus encore de se comporter aussi puérilement alors qu'il avait l'impression de crever de honte. « Vous le baisez dans tous les sens du terme ! »
Sifflement. Sifflement qui s'étendit jusqu'à ce que plus aucuns sons ne lui parviennent, jusqu'à ce que son ouïe se noie proprement dans un vacarme d'acouphène infiniment plus reposant que les cris et la gueulante du salon. Un son parfait pour qu'enfle, au creux de son ventre, une tension qui aurait pu détruire l'univers s'il l'avait laissé libre, détruire son monde de rage et de douleur, mais il la laissa se gonfler, l'envahir lui, emplir le moindre espace disponible de son corps et de son âme, jusqu'à ne plus pouvoir en respirer.
Ça bloqua dans les poumons et avec un soin méticuleux, il s'efforça d'expirer une fois, pour évacuer le maximum de tension et ne laisser remonter que la colère, la rage née de sa honte et de sa gêne. Une petite phrase délibérément trop polie se fraya un chemin dans son esprit noirci de ras-le-bol, un début d'échappatoire, un début d'engueulade :
« Je vous rappelle que je suis là. »
Il crut un instant que personne ne l'avait entendu, eu égard au minuscule filet de voix que sa gorge voulut bien laisser passer, cousue de ce truc dégueulasse dans sa poitrine. Mais Eijirô le regarda avec une expression subitement inquiète, comme s'il venait effectivement de se rappeler qu'il était là, au milieu d'eux et ça enflamma le pétrole qui poissait ses poumons :
« Ça a pas l'air de vous intéresser des masses, que je sois là alors que vous discutez de ma vie sentimentale et sexuelle, mais je suis là. »
Et l'air bouleversé de ses amis ne l'aidait pas du tout à maîtriser le ton de sa voix, à peine réussit-il à ne pas hurler. Le silence se fit absolu et à sa satisfaction malsaine, il sentit Kacchan se reculer, rien qu'un centimètre, échapper à la friction de son bras sur son torse, comme s'il ne le reconnaissait pas. Plus. Tant mieux, ça laissait plus de place à l'amertume pour enduire sa voix d'une colère qu'il n'aurait jamais soupçonné pouvoir ressentir.
« Cette conversation est close, définitivement. On arrête ça tout de suite et vous en reparlez plus. Je me tape de tes bons sentiments Denki, je me contrefous de tes questions Shoto et vous... » commença-t-il en regardant Eijirô, dont la seule vision concassa un peu plus son cœur, définitivement broyé par le regard de chien battu que lui lança Kacchan par-dessus son épaule, terriblement incongru sur son visage :
« Vous, je vous interdis d'aborder le sujet. Jamais. Pas après ça. D'ailleurs, pour au moins les prochaines 48 heures, je vous interdis de me parler. »
Et il les planta au beau milieu du salon, récupéra d'un seul geste ses fringues où se trouvaient bien heureusement ses clés, son portable et son portefeuille et foutu le camp de la maison en faisant mine de ne pas entendre le murmure désolé derrière lui, dont il ne voulait même pas envisager l'existence. Qu'ils se démerdent avec leur saloperie.
Les clés giclèrent en dehors du plateau prévu à leur attention, sur le meuble à côté de sa porte d'entrée et il faillit hurler de frustration :
« Ba bien sûr ! Et allez ! »
Le long trajet à pied n'avait absolument pas calmé ses nerfs, pas plus que la montée des huit étages qu'il s'était tapé en voyant que l'ascenseur mettait plus de deux secondes à arriver. Pour un peu, il serait ressorti directement pour un footing, il avait un besoin fou de courir jusqu'à écraser le monde sous ses baskets et cracher ses poumons, mais quelque part, il avait plus envie encore de se rouler en boule sous la couette et de pleurer sur le pot de glace qu'il conservait toujours au fin fond du réfrigérateur.
Il s'obligea à enlever ses chaussures, les ranger, récupérer ses clés pour les replacer là où il fallait, en se forçant à souffler pour extirper la tension de sa poitrine. Il voulut poser son portefeuille sur le guéridon, ronchonna parce qu'il était recouvert d'une couche de poussière et abandonna. Le comptoir ferait l'affaire. Mais il était tout aussi crade et comme un con, il avait oublié de foutre son assiette sale au lave-vaisselle. Déjà qu'il avait envie de pleurer, être obligé de ranger cette saloperie d'évier et de comptoir de merde, ça rendait la glace putain de nécessaire, mais il ravala tout ça, rangea en trois mouvements enragé, posa tout son fatras et foutu le camp sur son canapé.
Izuku s'y laissa tomber avec un soupir. Putain de journée de merde. Sa soi-disant fête d'anniversaire. Mon cul. Il aurait mieux fait d'écouter Kacchan et de ne pas y aller et cette idée remonta en sanglot dans sa gorge d'un coup. Non, certainement pas. Il n'allait pas pleurer parce que... Parce que quoi, au juste ? Denki avait voulu le protéger, ce qui était très gentil, même en l'affichant comme ça devant tout le monde. C'était certes humiliant au possible, surtout vu qu'il sortait d'une partie de jambe en l'air avec Kacchan, mais c'était pas si grave. Si ? Ça justifiait pas le nœud dans sa gorge. L'agacement, oui, le ras-le-bol, clairement, ils avaient tous dépassé toutes les limites à disséquer sa vie sexuelle au calme, tranquillou milou ! Et ni Eijirô ni Kacchan qui n'avaient démenti... Petits cons. Oh putain, Denki avait tout balancé à Shoto, il en aurait pour des siècles à rattraper leur amitié et à expliquer pourquoi il n'avait rien dit et pourquoi il n'avait pas décliné ses invitations auparavant.
Il enfouit son visage dans ses mains pour repousser le chaos qui allait venir le plus loin possible. Au moins, il était chez lui, sans personne. Ça sentait affreusement le renfermé, d'ailleurs et son ménage laissait à désirer, mais il n'y avait pas la peine d'Eijirô, l'angoisse de Kacchan. Même sa migraine semblait s'atténuer dans le silence de la pénombre. Il ne restait plus qu'à essayer de ne pas pleurer, le temps qu'il se calme.
Et puis zut.
Izuku récupéra le pot de glace spécial rupture, miraculeusement intact depuis qu'il avait remplacé le dégueulasse pot de glace noisette par un truc haut de gamme, vanille parfumée avec éclat de chocolat, nappage chocolat et pointe de beurre de cacahuète par-dessus. Sans prendre la peine de sortir un bol, il déposa le pot au micro-ondes pour son sacrilège perso, à savoir faire fondre assez le dessert pour que sa consistance soit celle d'une crème épaisse, limite compote.
Et enfourna la première cuillère de son mélange avant même d'être de retour sur le canapé. C'était une tuerie, payée dix fois trop chère, mais ça valait la peine. Une lichette apaisé par la glace et l'occupation bienheureuse qu'elle fournissait, il laissa ses pensées vagabonder sur sa pauvre plante cruellement en manque d'eau, presque morte d'ailleurs, la pile de vêtements crades, ses jeux qu'il n'avait pas rangés lorsqu'il en avait récupéré un pour Kacchan... Une seconde. Sidéré, il se redressa contre son canapé, incapable de suivre la fulgurance des calculs de son esprit. La poussière sur le meuble, la cuisine dégueulasse, la plante quasi-morte, le bordel, l'air qui sentait le renfermé... Comme si ça faisait... des mois que l'appart n'était plus habité...
Oh.
Putain.
Avec la cuillère figée dans son pot, Izuku eu l'impression que le ciel lui tombait sur la tête alors que son regard continuait d'analyser chaque couche de poussière, feuilles desséchées et bazar de son salon, qui ne lui ressemblait tellement, tellement pas. Il n'habitait quasi-plus ici depuis il ne savait plus combien de temps, assez pour que son appart ait l'air abandonné, sente le froid et l'absence et là, il n'avait plus le choix, il ne pouvait pas continuer à tout foutre sous le tapis en se disant que ce n'était rien. Personne n'emménage chez ses meilleurs amis « juste comme ça ». Denki avait putain de raison.
Il était désespérément amoureux d'Eijirô et Kacchan.
Merde.
Merde, merde, MERDE.
Une larme goutta dans sa cuillère, aussitôt suivie d'une autre et incapable de les ravaler, il explosa en sanglot. De grands sanglots qui lui broyaient le cœur et raclaient la gorge, qui naissaient au creux de son ventre retourné de douleur, quelque part en dessous de son souffle martyrisé. Il renifla pitoyablement en essayant d'arrêter ce déversement de larmes, n'arriva qu'à pleurer de plus belle, un gémissement lui écrasa un peu plus la trachée déjà mise à mal par les hoquets et sanglotement. La glace entre ses mains lui gelait la peau, et il s'accrocha de toute la force de son âme écorchée de peur à cette sensation, au froid qui infusait ses os pour y combattre la brûlure du désespoir, si différente de la chaleur qu'Eijirô et Kacchan avaient injectée dans son cœur le matin même. Une éternité plus tôt.
Il n'arrivait pas à croire à quel point il avait été stupide de ne rien voir, de n'avoir rien voulu voir. Il avait délibérément détourné les yeux de ses coups au cœur, de ses rougissements de midinette, des arrêts de son souffle à chaque petit surnom, chaque câlin, chaque baiser. Et de toutes ses pensées découlaient un flot de larmes, des hoquets à l'empêcher de respirer et des gargouillis d'air mouillé. Ridicule. Il était juste ridicule et pitoyable.
Comment il allait faire ? Comment il allait pouvoir regarder de nouveau Kacchan et Eijirô en face, sachant cela ? Forcément, il allait virer rouge écarlate, bafouiller encore plus que d'ordinaire, perdre ses mots et finir par tout cracher devant leurs petites moues inquiètes. Forcément, ils allaient le foutre à la porte de leur lit, si ce n'est de leur vie, manu militari. Pour son propre bien, bien sûr. Eijirô allait lui tenir un long discours pétri de bon sentiment et d'amitié pendant qu'à côté d'eux, Kacchan conserverait une immobilité prudente en approuvant de temps en temps son mec.
Certainement pas. Il ne pouvait rien dire. Il n'allait rien dire. C'était impensable. Il allait... Il allait se laisser les prochaines 24 heures pour vivre tout ça comme il le pouvait, enfermer ça à double tour au fin fond de son cœur et continuer. Comme si de rien n'était.
Menaçant renverser la glace sur son canapé déjà bien assez crade comme ça, Izuku déposa le pot sur sa table basse, en poussant les magazines et les jeux pas rangés. La migraine lui broyait les tempes de plus belle et entre deux reniflements, il considéra l'option d'aller chercher un Doliprane dans la salle de bain, abandonné aussitôt. Trop fatigué. Et à quoi bon ? Il s'essuya le visage comme il put sur la veste qu'il n'avait même pas pris la peine de quitter, étalant plus les larmes sur ses joues qu'autre chose, mais ça suffirait. Pas comme s'il pouvait faire grand-chose d'autre. De toute façon, il allait recommencer à pleurer d'ici une poignée de minute.
Il fallait bien évacuer tout ce stock de larme, histoire de pouvoir affronter Eijirôr et Kacchan avec les glandes lacrymales vides, si possible, mais rien que l'évocation de leurs prénoms suffit à ce que ses yeux s'embuent de nouveau, le piquant furieusement. Dépité, il décida de consacrer le reste de la journée à finir sa glace - l'entièreté du pot s'imposait - et regarder des comédies romantiques tristes pour se remonter le moral - parfait, Romeo+Juliet était sur disney+, ça allait le faire pleurer au moins une bonne heure. Occupé à peser et repeser sa décision tout en cherchant sa télécommande sous la pile de linge sale de son canapé en reniflant, il n'entendit pas le boucan monstre du couloir. En revanche, les coups décidés sur sa porte faillirent le jeter à bas du canapé et il redressa le museau avec le cœur à mille à l'heure.
« Izuku, on sait que t'es là, ouvre la porte, s'il te plaît. »
Eijirô, bien sûr. Qui avait dû rusher pour la voiture sitôt qu'ils avaient réalisés qu'il était sérieux et qu'il n'était pas revenu. S'ils avaient pu rester là-bas, si seulement ils avaient pu lui laisser ses 48h pour verrouiller sa toute nouvelle réalisation au fin fond de son âme et sortir son meilleur jeu d'acteur... Izuku décida de faire le mort. Il allait bien devoir leur faire face un jour où l'autre, probablement plus tôt que ses nerfs ne l'auraient aimé, mais là, présentement, avec les joues barbouillées de larmes séchées, les yeux rouges et un reste de hoquet dans la gorge, non, certainement pas. Une chance qu'ils ne soient pas repassés par chez eux avant de venir, ou ils auraient eu les clés.
« Petit chat, s'il te plaît, ouvre-nous. »
Le surnom remonta en tremblement de lèvre presque violent. C'était dégueulasse. Il n'y avait pas d'autres mots et un reste de colère lui bloqua un rictus sur le visage, dépité de voir à quel point il réagissait pour un surnom affectueux qui l'aurait fait presque rougir deux heures auparavant. Jamais de la vie qu'il arriverait à évoluer de nouveau à côté d'eux sans mourir un peu plus à chaque battement cœur de les voir amoureux sans lui. Ou pire, juste à côté de lui. À un doigt de distance, juste au bout d'un souffle, d'un soupire oublié, d'une caresse avortée. D'un baiser manqué.
Et jamais de la vie qu'il arriverait à ne plus avoir ses deux meilleurs amis dans sa vie.
Il était tout bonnement coincé dans cette situation de merde où quoi qu'il fasse, il allait s'en manger plein le cœur et l'âme. Il allait déguster sévère, pour un pari débile, celui d'avoir cru que rajouter du sexe et de l'intimité dans ses amitiés n'allait pas la moins du monde faire chavirer son équilibre. Avec ses meilleurs amis, en plus, les personnes les plus chères à son existence, pour qui il était prêt à aller chercher un gâteau le corps ravagé d'un combat. Pour qui il avait jeté sa dignité aux orties. Pour qui il se serait fait massacrer sans broncher. Un sanglot lui échappa, qu'il ravala à s'en étouffer.
« Izuku ? »
Mais qu'ils partent, putain, qu'ils lui foutent la paix ! C'était de leur faute, après tout, à eux et à cette idée de merde, d'épicer leur baise, comme s'il était là pour ça ! Comme s'il était à leur disposition pour rabibocher leurs problèmes de couple ! Comment ils avaient pu lui faire ça, à lui, leur soi-disant meilleur ami ?! Il lui en foutrait, des petits chats ! Il allait leur faire payer chaque putain de sourire trop doux, chaque baiser où il aurait pu voir autre chose que de l'amitié, chaque câlin trop appuyé, trop délicat, trop attentionné, chacune de ses petites attentions qui à présent s'enfonçaient en lui à lui déchirer les entrailles.
« Izuku, si tu m'ouvres pas, je laisse Kacchan défoncer la porte. »
La menace d'Eijirô fut accompagnée d'un rire machiavélique très Kacchan, qui fit froncer les sourcils d'Izuku. Il se fit tout petit sur son canapé en enfouissant encore plus son visage dans ses bras, reniflant l'odeur rassurante de la veste pour se convaincre qu'ils allaient partir - uniquement pour réaliser que cette veste puait l'odeur de Kacchan et Eijirô mélangées.
Il l'arracha de ses épaules d'un geste et la jeta à travers la pièce, visant très mal le sol puisqu'elle accrocha au passage la pile de bouquin en équilibre précaire sur sa table basse. Et qui fit un bordel d'enfer en tombant.
« On t'entend ! »
« Je te jure sur la tête de Princess Explosion, si dans vingt secondes t'as pas ouvert, je défonce la porte. Vingt. »
Merde, Kacchan avait ramené Princess Explosion dans l'affaire, ils étaient sérieux.
« Vous touchez pas à ma porte ! »
« Ha, il parle maintenant ! DIX-SEPT ! »
« Izuku s'il te plaît, tu sais qu'il va le faire, ouvre-nous ! »
« J'ai putain de pas envie ! Foutez-moi le camp ! »
Il sentit très bien dans le silence froid qu'il venait de leur faire de la peine et s'il avait eu le moindre doute là-dessus, le rictus fâché-pincé de Kacchan, celui qu'il avait quand il avait mal, s'entendit très bien dans son « QUATORZE ! » gueulé à plein poumons. Ses voisins allaient le détester en prime, comme s'il avait besoin de ça.
« Je comprends que tu sois fâché, c'est tout à fait normal, mais on partira pas avant d'avoir pu te parler. »
« DIX ! »
« Je veux pas vous parler ! Pas maintenant, en tout cas. »
« Il est hors de question qu'on te laisse te faire des films tout seul comme d'habitude ! Pas sur ça. »
« SIX ! »
« Je me fais pas de film ! »
« Bien sûr que si ! Ouvre, s'il te plaît ! »
« Non. »
« DEUX ! »
« Stop, Kacchan, non ! »
« Kacchan, si ! » répliqua le blond de l'autre côté de la porte et une fraction de seconde plus tard, une déflagration souffla proprement sa porte à travers son salon. Outre le sifflement qui lui vrilla les oreilles et son organisme réagissant bien naturellement à l'explosion par un violent sursaut, Izuku ne put que contempler stupidement la porte dégondée, brûlée de toute part, sa course achevée contre le mur où par miracle, elle n'avait brisé aucune vitre. L'alarme se déclencha automatiquement, cris stridents à travers les pièces qui lui amplifièrent sa migraine presque instantanément. Livide, il se redressa d'un bond sur son canapé et se retrouva face à la vision d'un Kacchan extrêmement satisfait de l'autre côté de l'encadrure.
« Bien, ça, c'est fait. »
Un truc immonde lui tordit les entrailles, un mélange de tristesse infinie qui alimentait sa colère avec la puissance du nitrogène, qui remonta en spasme le long de sa colonne et il sentit malgré lui ses cheveux se dresser sur son crâne, accompagnés d'étincelles vertes. Une rage incontrôlable lui retroussa les lèvres sur l'exacte même rictus que Kacchan, pas impressionné pour trois sous :
« Hé, c'est pas la peine de me faire cette tête-là, t'avais qu'à nous ouvrir avant ! »
Il allait le tuer. Meilleur ami ou pas. Il n'en eut heureusement pas le temps, Eijirô se faufila dans son appart à la suite de son mec, uniquement pour filer une tape à l'arrière du crâne de celui-ci :
« T'arrêtes de faire ton petit con ! Écoute, » lança-t-il à Izuku, « arrête ton alarme, je te remets ta porte en place et on discute, d'accord ? »
« C'est pas comme si j'avais le choix ! » persifla le vert, outré au point d'oublier qu'il était censé être dévasté, coupant l'alarme d'un code sur le boîtier au mur avant d'attendre, occupé à taper du pied avec les bras croisés, qu'Eijirô récupère la porte comme si elle ne pesait rien et la remette sur ses gonds comme il pouvait, usant de son alter pour tordre en une forme à peu près droite les pièces de métal martyrisées.
« C'est pas du grand art, mais ça tiendra le temps qu'il faudra. »
« T'as pleuré ?! »
Eijirô se retourna à la vitesse de l'éclair vers Izuku, comme pour vérifier si la question de Kacchan était justifiée et il aurait pu le jurer, Izuku vit un éclair de tristesse dans leurs regards inquiets. À ce stade, il avait l'impression d'avoir déjà couru un marathon, annihilé toute sa vie sociale et détruit en beauté toute sérénité de son esprit pour les dix ans à venir, sans parler de l'état catastrophique de son appartement qui allait lui coûter sa caution et des milliers en réparation. Il capitula.
« Oui. »
« Pourquoi ? »
La colère remonta immédiatement, devant la connerie de la question et pour un peu, il en aurait hurlé. En fait, au diable les convenances.
« POURQUOI ?! VOUS VENEZ DE PASSER UN QUART D'HEURE À PARLER DE NOS HISTOIRES DE CUL À NOS AMIS, DEVANT MOI, ET TU DEMANDES POURQUOI ?! »
« C'est que... »
« C'EST QUE RIEN DU TOUT ! VOUS AVEZ FAIT COMME SI J'ÉTAIS PAS LÀ ! »
Dans certaines occasions, être l'ami toujours calme qui ne s'énervait jamais était la meilleure chose du monde. Parce que pas grand-chose n'égalait la jouissance de les voir si penauds et paniqués face à sa rage, à ses cris, il se sentait VU, entendu et après l'épisode désastreux de Denki, ça faisait un bien fou furieux. Et c'était encore mieux de les voir chercher soigneusement leurs mots avant d'ouvrir le bec.
« Izuku... »
« Izuku rien du tout ! Vous avez idée de la HONTE que c'est ?! » hurla-t-il derechef et bien sûr, c'était absolument pas ça le problème, il aurait pu se trimballer à poil devant tout le monde tellement il en avait, au final, pas grand-chose à faire, mais il ne pouvait décemment pas leur hurler à la tronche qu'il était amoureux d'eux et que ça lui faisait mal à en crever.
« Je suis désolé Deku. J'ai merdé. »
« Tu crois ? » sourit Izuku avec sarcasme, absolument pas enclin à accepter les excuses de Kacchan, qui n'en étaient pas vraiment. Il croisa les bras sur son torse pour empêcher tout hurlement de ressortir et attendit avec le même rictus maladif sur le visage que le blond continue.
« J'aurais pas dû me lancer dans cette conversation avec Kam. Il m'a saoulé et ça m'a énervé et j'ai pas réfléchi. J'ai pas d'autres raisons. »
« Ni d'excuses. »
Ça n'était pas une question et Kacchan décida de ne pas aggraver son cas en essayant de le défendre davantage. À la place, il se dandina un brin sur place, avec la tête un peu baissée et une expression de gamin grondé qui ne prit pas du tout chez Izuku :
« Je m'en branle de tes intentions et de ta gestion de tes émotions ! Tu t'es engueulé, comme si c'était normal, sur nos parties de baises ! Comme si c'était un truc à discuter ! Maintenant l'entièreté de nos amis sait qu'on couche ensemble ! »
« Et t'as honte ? »
« Mais c'est pas la question ! J'ai pas honte, je voulais juste le garder pour nous, pour moi ! Ça regarde qui d'autre ?! C'est pas parce que vous avez aucun soucis à exposer vos culs que c'est la même chose pour moi ! »
« T'as sorti le pot des ruptures ? » couina subitement Eijirô, le regard fixé sur la table basse et d'une voix minuscule qui n'avait rien à faire là, qu'Izuku balaya d'un geste de la main :
« T'occupes, on s'en fout de ce que je suis en train de bouffer, je vous engueule, vous m'écou... » aussitôt interrompu par un cri paniqué de Kacchan :
« Tu nous quittes ?! »
« Vous en faites pas, vous êtes toujours mes meilleurs amis, si c'est ça la question ! »
« C'est pas du tout ça la question, je te demande si tu veux rompre ! »
« Puisque je viens de te dire que non ! »
« T'as dit pour l'amitié ! »
« Oui, parce que vous êtes mes meilleurs amis avant d'être mes collègues ! » siffla-t-il en s'efforçant de dissimuler le sanglot qui venait de le secouer, incapable d'empêcher ses yeux de piquer violemment, tant et plus qu'une épaisse larme dégringola sur sa joue. À cause de la fumée restante, bien sûr.
Merde, il n'aurait pas dû détailler, ça lui avait foutu le cœur au bord de l'implosion, avec des fissures partout et une douleur à lui tordre le ventre, maintenant ils allaient forcément voir à quel point il était tendu et mal et il allait devoir leur inventer une fable sur son état... Il n'avait tout simplement pas le cœur assez accroché pour leur expliquer le bordel. De toute façon, il n'avait pas encore le courage et les efforts qu'il allait devoir faire pour expliciter, argumenter, raisonner l'épuisaient par avance. Rassurer, aussi, surtout, il allait devoir les rassurer qu'il allait s'en remettre, alors que lui-même n'en avait aucune foutue idée.
« Comment ça, « meilleurs amis avant tes collègues » ? »
Pour le coup, Eijirô et Kacchan affichaient la même tête choquée, sans doute à deux doigts de son expression personnelle et il sentit malgré lui sa colère retomber un peu, par habitude de haïr les voir ainsi. Et ses sourcils se froncer de perplexité.
« De quoi ? »
« C'est ça ta priorité, meilleurs amis avant collègues ? Et le reste ? »
« Mais quel « reste » ? Ça veut dire quoi ? Je vous retire pas mon amitié, je veux pas quitter l'agence, enfin Eij, je pense pas qu'il existe une autre manière de rompre ? À moins que je ne sois devenu assez stupide pour oublier le fonctionnement d'une relation, ce qui n'est pas exclu, vu la situation dans laquelle je me retrouve là, maintenant ! Ouais, nan, mais, si, t'as raison, je sais plus comment ça fonctionne une relation, je suis devenu trop con pour ça et... »
« Ben on est en couple quand même Deku, c'est censé passer avant le boulot et l'amitié. »
Pour le coup, ça lui coupa le sifflet net. Izuku conserva un silence apoplectique en dévisageant stupidement Kacchan, incapable d'aligner deux pensées cohérentes assez longtemps pour que son cerveau analyse les informations, les petits sons qui formaient des mots assemblés en phrase, mais qui ne voulaient rien dire, un blanc monstrueux rongeant l'entièreté de sa boite crânienne en faisant tout court-circuiter, Denki version 2.0.
De quoi ?
Ça avait tellement aucun sens qu'il resta immobile à attendre que ça reboot, tant et plus qu'Eijirô fini par se permettre de lui frôler délicatement l'épaule :
« Izuku ? »
« T'as dit quoi ? » coassa celui-ci, trop estomaqué, à l'attention du blond, certain que les acouphènes de l'alarme lui avaient définitivement bousillé l'ouïe. Pas moyen autrement, il n'avait pas entendu ça, il était en train de divaguer, la glace était périmée et il se tapait un délire carabiné, il était peut-être même déjà dans le coma à cause d'une intoxication alimentaire, c'était aussi simple que...
« Qu'on est en couple quand même. Enfin, t'as sorti le pot de rupture, donc je sais pas si c'est toujours d'actualité. »
Bordel de merde. Il l'avait redit. Il était sérieux. Ils étaient sérieux, parce qu'à aucun moment Eijirô n'avait cillé, à peine fait une mine plus paniquée encore à la mention du pot de glace et le sang d'Izuku reflua pour la troisième fois de la journée de son visage, histoire de bien mettre en relief la sidération imprimée dans sa bouche béante. Ils pensaient qu'ils étaient en couple. Ils se considéraient comme en couple. Avec lui. Izuku Midoriya premier du nom.
« Depuis quand ? »
C'était sorti tout seul, dans sa sidération. Une faute stratégique majeure, mais il lui fallait absolument cette réponse et il bénit tous les dieux du monde qu'Eijirô réponde immédiatement, sans relever plus que cela :
« Si on devait mettre une date, sans doute les pancakes. »
« Les pancakes ? »
« Ouais. Le petit-dej ensemble, les fous rires, la douche... Après ça, c'était plus que du cul quoi. Enfin, je crois pas que la friperie, ton anniv et tout le reste, ça pourrait compter comme juste du cul. Non ? »
« C'est pour ça que vous étiez si inquiets quand je vous ai surpris à baiser sans moi. Et vous m'avez demandé si j'avais couché avec quelqu'un d'autres, parce que... »
Ho.
Ho.
« Ben c'est vrai qu'on avait pas parlé d'exclusivité, alors dans ce contexte, on se posait la question... Je crois que Kat a sauté sur l'occasion ce soir. Comme ça, on était tous sur la même page. » conclu Eijirô avec le sourire le plus candide et le plus adorable du monde, comme s'il ne venait pas de lâcher une bombe monstrueuse sur Izuku. Littéralement des mois. Pas énormément, pas une année, mais définitivement plus qu'un seul mois. Des mois que pour eux, ils étaient en couple. Comment c'était possible qu'il n'en ait rien su ? Rien VU ? Comment ils avaient pu ne jamais en parler, ne jamais évoquer ça ? Ne jamais aborder le sujet, d'une manière ou d'une autre ? Ça se lisait forcément sur son visage, qu'il était en train de vivre une réalisation proche de l'apocalypse et il vit avec horreur l'expression de Kacchan se figer au diapason de celle d'Eijirô, alors que le blond lui demandait, estomaqué :
« Depuis quand tu... tu pensais qu'on était en couple ? »
Ho non. Pitié pas ça. C'était au-dessus de ses forces d'avouer tout le schmilblick, pas là avec la tête de chiot content d'Eijirô et la question fragile de Kacchan. « Ben en fait je nous pensais juste des potes de cul » ?! Il se serait giflé.
Mais son silence était un aveu à lui tout seul et Eijirô et Kacchan le connaissaient bien trop pour se méprendre sur son air paniqué et son mutisme soudain :
« Tu… tu nous considérais pas comme en couple ? Du tout ? »
Incapable d'articuler son abyssale révélation et la peur qu'à cause de ça, ils révoquent définitivement leur relation lui labourant la gorge, Izuku ferma les yeux en hochant la tête avec l'impression que plus une goutte de sang ne circulait dans son organisme, la faute à son cœur arrêté net entre ses côtes dans l'attente de leurs réactions. Aujourd'hui était le jour où il allait crever de trop d'angoisse, définitivement.
« Mais t'es con. » souffla Eijirô et dans ce souffle, il le savait, il l'avait entendu sans le voir, il y avait un sourire. Le plus beau truc jamais entendu sur terre. Kacchan ne prit ni gants ni pincettes, n'arrondit aucuns angles et n'attendit même pas qu'Izuku ait rouvert les yeux pour lui hurler dessus, à trois centimètres du nez :
« COMMENT ÇA TU CROYAIS QU'ON SORT PAS ENSEMBLE ?! »
« Je sais pas Kacchan, j'ai pas...
« Tu croyais qu'on faisait QUE coucher ensemble ? »
« MAIS JE SAIS PAS MOI ! »
« Après le gâteau, les nuits dans notre lit ? »
« Je t'ai appelé « mon cœur » ! » rugit derechef Kacchan, si indigné à l'idée d'avoir usé d'un nom doux sans que ça soit remarqué qu'Izuku ne put s'empêcher de lui saisir le bras et de balbutier :
« Mais je te dis que je, je.. enfin je... j'ai pas pensé... J'ai pas voulu assumer... imposer... m'imposer... »
« Après tout le flirt dont on t'a noyé ? »
« Vous flirtiez ? »
Il eut vraiment l'impression d'être le dernier des crétins en voyant Kacchan en perdre ses mots et le regarder avec de grands yeux ronds, tandis qu'Eijirô dissimulait comme il le pouvait son sourire avec l'expression d'un homme au bout de sa vie :
« Depuis déjà cinq mois, merci de le remarquer. »
« Mais je, je, je, je... »
« Nan, sérieux, tu croyais qu'on se comportait comme ça avec... tout le monde ? »
« Qu'on allait proposer au premier venu de coucher avec nous ? »
« Non ! »
« BA ALORS ?! »
« Mais… mais enfin… c'est que c'est chelou, je veux dire, c'est spécial entre nous, on a pas la même relation que tout le monde, on l'a jamais eu, alors je, je, j'ai pas pensé que… j'ai pas pensé que y'avait autre chose, ça veut pas dire que je voulais pas ou que je veux pas, ho non, bien sur que je veux, mais je me suis pas permit de, de, de penser ça et de me considérer comme, comme, enfin, tu vois, alors qu'on en avait jamais parlé et... »
« Mais je vais te tuer. » décréta le blond, avant de le saisir par les épaules pour le secouer comme un prunier, chaque mouvement en rythme avec son grondement : « ESPÈCE. DE. PETIT. CON ! ».
« Je suis désolé-é-é-é-é... » couina Izuku, synchro avec les mouvements droite-gauche, tirant malgré lui un fou rire à Eijirô derrière leur meilleur ami.
« Tu. M'as. Laissé. T'appeler. « MON CŒUR ». »
« Mais c'était mi-mi-mi-mignoooon... »
« Et te faire un sandwich ! »
« Parce que t'en-t'en-t'en fais pas à tout le-le-le monde ? »
« NON ! C'EST SPECIAL POUR TOI ET EIJ ! »
Quelque part au milieu des dodelinements de tête inhérents au secouage de Kacchan, Izuku sentit malgré lui un sourire béat lui bouffer les joues, qu'il devait avoir écarlates, absolument ravi au-delà des mots des aveux de Kacchan dans sa rage indignée. C'était pour lui, rien que pour lui, pour lui et Eij et ça tournait en affolant un peu plus son cœur.
« J'ai envie de te détruire quand t'es aussi con, putaiiin ! » lui souffla au nez le blond, son insulte accompagnée d'un filet de fumée et Izuku toussa en se dégageant comme il put, bredouillant un « je suis pas si con que ça » qui manqua faire exploser à nouveau son meilleur ami. Eijirô sourit en posant une main apaisante sur l'épaule de son mec :
« Ok, appelle-nous. »
« Quoi ? »
« De ton portable. Appelle-nous. » réitéra Eijirô avec toute la lassitude du monde, lui tendant son téléphone en appuyant sa demande d'un hochement de tête encourageant. Ça n'avait pas tellement de sens, mais Izuku s'exécuta, appelant leur conversation commune, histoire de faire d'une pierre deux coups, attendant que le service laisse passer l'appel, ce qui prenait toujours un temps infiniment plus long quand les portables se trouvaient dans un rayon de moins de dix kilomètres, bien sûr. Les écrans d'Eijirô et Kacchan s'allumèrent en même temps, mais le roux fut le premier à le tendre fièrement à Izuku pour que celui-ci contemple, médusé, le « Petit chat » accompagné de tellement de cœur avant et après que la moitié de l'écran était recouvert de ceux-ci. Lesdits petits cœurs étaient d'ailleurs de couleur rouge, verte et orange, en ordre complètement aléatoire et ça dégoulinait de tant de mignonnitude qu'il sentit son propre cœur faire une embardée. C'était si... si Eijirô et si mignon. Chez n'importe qui d'autre, ça en aurait été écœurant de sucrerie, chez lui ça donnait juste envie de le combler de câlin et de dîner aux chandelles.
« Montre le tien, Kat. »
Pas sans avoir ronchonné copieusement mais Kacchan finit par tendre l'écran à Izuku, une très légère rougeur sur les pommettes, absolument compréhensible vu le « mon cœur » qui s'affichait. Qui fit définitivement fondre Izuku.
« Eij, c'est « mon amour » ? » taquina Izuku, sachant par avance ce qu'il allait récolter et donc absolument pas déçu du « ta gueule » grogné alors que le blond rempochait son tel. Et ils le dévisagèrent tous les deux en attendant sa réaction, avec une patience relativement infinie pour Eijirô et déjà au bout du rouleau pour Kacchan.
« Je... je sais pas trop quoi dire... »
« Déjà, pourquoi tu pensais... qu'on... était pas ensemble ? C'est que tu veux pas ? »
« Non ! Je veux ! C'est que... je me suis pas rendu compte... tout de suite. Que... Que y'avait plus que de l'amitié. Et qu'après, j'ai vraiment, vraiment pas voulu le voir. »
« Pourquoi ? » et Izuku haussa les épaules à l'attention d'Eijirô :
« Peur de vous perdre. Enfin, de mon point de vue, je couchais « juste », » et il prit soin de mettre l'emphase en dessinant les guillemets du bout des doigts, « avec mes meilleurs amis, en couple exclusif. Vous avez toujours été très clairs sur le fait d'être exclusifs. »
« Sauf avec toi. On a déjà couché avec toi, pas en même temps, mais quand même. »
« On avait dix-sept ans Kacchan, et c'était pas les meilleures conditions du monde ! »
« Ouais... Mais là... Enfin merde Deku, Eijirô a même sorti la chemise et le pantalon pour ton anniv ! Le pantalon. » appuya Kacchan avec une expression de fou furieux tandis qu'Eijirô levait les yeux au ciel.
« Et toi le brushing. Je SAIS ! Mais... écoutez, je voulais pas me faire d'illusion, je me suis menti à moi-même sur le fait que j'étais amoureux, c'est bon, on fait tous des conneries, on a tous des réactions un peu... un peu extrêmes, parfois, quand on est pas sûr de soi et quand on veut pas perdre ce qu'on a, ben ça fout le bordel. Je sais que j'ai pas été super intelligent sur ce coup, je suis désolé, c'était pas voulu et si j'avais su, je vous jure que si j'avais su, j'aurais... »
« Donc, t'es amoureux. » le coupa Eijirô avec le plus grand des sourires, absolument ravi de la brusque coloration écarlate sous les taches de rousseurs et Izuku bafouilla :
« Hé bien... »
« Alleeeez, vas-y, redis-le ! »
Ça lui avait échappé, complètement, comme toujours lorsqu'il se mettait à bafouiller-cafouiller sur un sujet et là tout de suite, sous l'attention bien trop intense d'Eijirô et Kacchan, il sentit les mots s'accrocher de toute la force de ses angoisses dans sa gorge, le rendant incapable de cracher cette phrase, de confirmer, de faire autre chose que le poisson rouge. Il biaisa comme il put pour éviter que le silence amusé ne se transforme en un néant malaisant :
« Disons que je peux pas le contester... »
« Ho, tu fais chier ! » renifla Kacchan et d'une unique enjambée, il lui saisit les joues pour l'empêcher de tourner la tête et d'éviter son regard, aggravant mortellement la rougeur gênée d'Izuku qui voulu bégayer une excuse et se fit couper derechef :
« Je t'aime. »
Suivi d'un baiser rapide, furtif, à l'intensité telle que la chaleur de ses lèvres sembla s'imprimer sur celles d'Izuku, brûlantes jusqu'à son âme. Et avant même que le cœur du vert puisse redémarrer et son cerveau réaliser l'immensité de cette déclaration, le blond désigna d'un coup de tête Eijirô : « Et il t'aime. Nous t'aimons, tu nous aimes, c'est bon, on peut passer à la suite maintenant ? »
Sans attendre la réponse de son meilleur ami, il le lâcha d'un coup et récupéra d'un geste rageur le pot de glace sur la table basse, ronchonnant un « toi, je t'ai assez vu ! » déterminé en se dirigeant vers la cuisine pour ranger le dessert glacé. Heureusement pour son pauvre organisme malmené de tant d'émotion et révélation en l'espace d'une poignée d'heure, Izuku se retrouva presque immédiatement enveloppé dans un câlin, compressé contre le torse d'Eijirô visiblement déterminé à lui faire expulser la moindre miette d'air de ses poumons.
« Eij... Eij, tu m'étouffes... »
« Et je continuerais jusqu'à ce que toutes tes idées de merde te sortent de la tête. Tu vois bien, que tu te faisais des films tout seul encore ? »
Comme s'il pouvait répondre autre chose, le nez enfoui dans les pectoraux du roux dont il était bien trop occupé à savourer le contact pour réfléchir, l'esprit noyé sous un trop plein de joie qui effaçait toute pensée à part une, obsédante, envoûtante. Euphorisante.
« Donc... On est ensemble ? »
« Il comprend vite, mais faut lui expliquer longtemps. » persifla Kacchan, le pied crânement posé sur la poubelle et Izuku fronça les sourcils :
« J'espère que ma glace est pas là-dedans. »
« Oups. »
« Tu fais chier, d'abord ma porte, maintenant ma glace ? »
« T'occupes. Je t'en rachèterais, y'a encore de la place dans le réfrigérateur. »
« Comment tu peux savoir, t'as même pas ouvert vu que t'as foutu ma glace direct à la poubelle ! »
« Il parlait de notre frigo, petit chat. » précisa Eijirô, lui redressant assez le museau pour lui plaquer un bisou sur le front et renchaîner : « Parce qu'il est hors de question que tu ne viennes pas habiter à la maison, définitivement. Déjà t'as plus de glace, ton appart est sombre et dégueulasse, la moitié de tes fringues sont déjà chez nous, tes bouquins préférés aussi. »
« Et en plus, ta porte fonctionne plus. » conclu Kacchan, déjà presque dans la penderie, un bien trop large rictus sur les lèvres. « Je fais ton sac ! »
« Il va me foutre le bordel partout... » soupira Izuku, résigné à retrouver toutes ses affaires en vrac et ses jeux pillés, sans compter ses figurines d'All Might, qu'il allait soigneusement recompter puisque Kacchan lorgnait depuis des années sur une spécifique, que le blond avait loupé et qui resterait une frustration d'ado ad vitam æternam. Pour lui donner raison, un truc - t-shirt ? short ? - vola de la penderie jusque dans le couloir, avec un « certainement pas ! » qui signa l'abandon pur et simple du vêtement.
« On s'en fout. On rangera tout ça en déménageant. »
« Dix minutes de relation et déjà, vous voulez qu'on emménage ensemble ? » ne put s'empêcher de plaisanter Izuku, ravi de voir Eijirô combattre un sourire par une mine faussement réprobatrice, bien trop exagérée pour avoir la moindre portée et il mordilla le nez d'Izuku pour le faire éclater de rire :
« Tu manques pas de culot, toi ! Si l'on s'en tient à nos calculs à nous, ça fait... deux mois ? Trois mois ? »
« On emménage pas ensemble après deux mois. »
« Mais puisque t'as plus de porte ! » gueula Kacchan depuis le placard.
Izuku failli s'étouffer sous le gloussement qui lui échappa et mussa de nouveau son visage contre le torse d'Eijirô, de toute façon d'accord avec lui. On n'emménage pas ensemble au bout de deux mois, sauf quand on se connaît depuis des années et que de toute façon, on habite presque déjà ensemble. Et quand bien même il n'y aurait pas eu tout cela, il n'aurait jamais laissé passer l'occasion de pouvoir passer chaque instant de chaque journée avec eux, à les entendre se chamailler, plaisanter, rire, s'aimer. L'aimer.
« Au fait Eij... »
« Mmmm ? »
« J'ai gagné. »
« De quoi ? »
« Le jeu. J'ai gagné. Avec l'aimable participation de Kacchan mais j'ai gagné ! »
« Je confirme ! » glissa, goguenard, le blond, de retour dans le salon avec une espèce de sac informe rempli si à la va-vite que la fermeture peinait à contenir le bordel qu'il y avait fourré, son rictus amusé s'élargissant au fur et à mesure que le visage d'Eijirô s'assombrissait devant leurs mines victorieuses.
« Vous perdez pas le nord, vous. »
« Eij t'es... mauvais joueur ? Toi ? Le Grand Eijirô ? »
« Ta gueule ou je ferais en sorte que tu ne puisses plus t'asseoir pendant trois jours la prochaine fois que ton cul passera entre mes mains, compris ? »
Kacchan mima le geste de verrouiller sa bouche d'un tour de clé, sans pour autant laisser tomber le sujet, si l'on en croyait l'étincelle dans ses prunelles. Izuku se faisait d'avance un plaisir de voir Eijirô le corriger lorsqu'il ne pourrait s'empêcher de rouvrir sa grande gueule sur le sujet et peut-être, rien que pour le geste, il se chargerait de maintenir la langue du blond fermement verrouillée autour de sa queue, le temps qu'il apprenne sa leçon.
En attendant de pouvoir en profiter et pour effacer la moue du visage du roux, il se permit de glisser un clin d'œil complice à Kacchan avant de commenter :
« T'as quand même le meilleur petit surnom de nous deux, sur ce point t'as gagné haut la main. »
« Raaaah, je sais pas petit chat, est-ce qu'on peut aimer sans cœur ? »
« Ouais et à quoi ça servirait, un cœur, sans amour, mmm ? » lui retoqua le vert en rentrant dans son jeu, dont toute la fausse rivalité était annihilée par le sourire d'Eijirô, d'une douceur incommensurable, à ravager l'âme. C'était impensable d'être aussi sexy avec un simple sourire, absolument déloyal de le désarmer ainsi en frottant son nez contre le sien durant la brève seconde qu'Izuku lui laissa avant de l'embrasser comme si c'était la première fois. Parce que c'était la première fois, la première fois qu'il retraçait le relief de la cicatrice sur sa lèvre supérieure de son petit ami. Son. Petit. Ami. Il laissa les mots infuser au rythme de ses battements de cœur et ne retira ses lèvres qu'à bout de souffle.
À côtés d'eux, Kacchan bascula son poids d'un pied sur l'autre, dans une posture qu'Izuku l'avait déjà vu faire à de nombreuses reprises, signe d'un afflux sanguin bien placé et Eijirô suivit son regard en se faisant gentiment aboyer au nez :
« Quoi ? »
« Ça t'excites, tes mecs qui se battent pour toi ? »
« Un peu. » avoua Kacchan avec le rictus le plus sale gosse du monde, pur gremlin qui fit exploser de rire Izuku alors qu'Eijirô l'attirait à eux, l'incorporant au câlin où il se glissa si naturellement que c'était à se demander si leurs corps n'avaient pas été conçus pour ça. Ça sentait le caramel, l'odeur du parfum d'Eijirô et c'était délicieux, assez pour qu'il inspire profondément en se mussant davantage contre eux avec la ferme intention de se fondre dans leurs chaleurs jusqu'à y disparaître.
« Qui aurait cru que ça te ferait cet effet-là... »
« Hé ba j'en apprends tout les jours avec vous. » fit semblant de ronchonner Kacchan mais Izuku ne prêta aucune attention à leurs taquineries, occupé à savourer en contre-point de leurs voix le très discret rythme des battements de leurs cœurs, qu'il voulait entendre jusqu'à ce que le sien s'arrête. Minimum.
« Heureusement que petit chat était là pour pimenter notre baise, hein ? » renchéri Eijirô, encouragé par le léger gloussement de Kacchan et en le voyant se pencher sur son mec - leur mec - pour déposer un baiser au coin du sourire tendre bien trop rare sur le visage du blond, Izuku murmura contre leurs peaux, amusé au-delà des mots :
« N'empêche, c'est dégueulasse de s'appeler Eijiro et Kacchan et de s'emmerder au lit... »
Voilà.
The Manly Bottoms, c'est fini.
ATTENDEZ AVANT DE PARTIR : l'histoire principale est finie.
Pour pleins de raisons, je n'avais pas envie de faire une fic à rallonge : l'absolue non-envie de risquer m'en lasser et de la laisser inachevée, ce qui aurait été une frustration dégueulasse pour vous autres . Le fait que de base, c'était censé être du PWP et qu'au final, j'ai pris plus plaisir à écrire l'évolution de leur relation XD. La peur de ne plus pouvoir produire la même qualité si elle était trop longue, la peur de décevoir. L'envie aussi de commencer une autre fic, d'explorer d'autres choses. L'objectif assumé d'arriver à en faire quelque chose de cohérent, avec une fin cohérente, une évolution réaliste. J'espère être arrivé à tout ça, dont vous êtes seul juge.
Mais j'ai encore des tas de choses à dire XD. Donc si leur histoire principale, la genèse de leur trouple est achevée, hé bien, ça me laisse de la place pour la suite XD. Bien que la fic sera notifiée en complète, je continuerais de poster dessus des chapitres bonus (comme dans les doujin). En revanche, je ne pourrais vous donner aucun rythme de publication : ça sera écrit quand ça sera écritXD.
Et parce qu'ils m'appartiennent autant qu'à vous : si vous avez une idée qui vous fait envie et que vous seriez d'accord pour que j'essaie de l'écrire, allez-y. Je piocherais allégrement dans vos suggestions pour m'inspirer ou juste écrire vos idées qui sont toujours fabuleuses (bien entendu il sera explicitement indiqué, si j'écris un chapitre sur une de vos suggestions, que c'est votre idée, votre concept, jamais je n'utiliserais l'idée de quelqu'un sans accord préalable et mention explicite).
Nous avons pour le moment dans le bol-des-idées-de-bonus (si votre idée est citéz et que vous ne souhaitez pas qu'elle soit « utilisable » pour la suite, dites-le-moi et je la retirerai de suite !) :
- Le jeu gagné par Izuku et Kacchan, OBVIOUSLY, par BlueStars14
- L'histoire de la Tromperie de Kacchan et du un-partout, par TanukiNoBaka
(mais ça mériterait presque une fic à part tellement c'est dense… vous en dites quoi?)
- L'anniv d'Eijirô, par moi-même parce que j'ai envie d'écrire du bdsm hard
L'instant émotion parce que vous me connaissez, faut quand même que je rende à César ce qui appartient à César : Merci. Du fond du cœur, du fond de mon âme, merci.
C'est la première fic « sérieuse », hormis un one-shot, que j'ai posté, la première à avoir autant de , la première à avoir des habitué.es, des pseudo qui revenaient (vous vous reconnaîtrez mais sachez que ce fut un plaisir de vous lire), des retours et des reviews aussi riches. Ça paraît mièvre dit ainsi, mais pour quelqu'un qui s'appelle Tasha Lemon en raison des fanfic, parce que je me suis construite avec elles en passant des HEURES sur ce site, ça a une valeur émotionnelle que vous n'imaginez pas. J'espère ne pas vous avoir lassé, ne pas vous avoir ennuyé, ne pas vous avoir frustré. J'espère que vos lectures n'auront été que rires, délires et rougissements.
Merci à Maki, qui m'a foutu le premier coup de pied au cul pour me lancer, qui m'a béta-lecturé et donné les plus belles idées (le sextoy trouvé par Denki dans la voiture, c'est elle), les plus précieux conseils. Je lui dois tout ça. Et je vous serais toujours infiniment reconnaissante pour nos échanges. Merci merci, merci !
Je pars désormais écrire mon nouveau projet MHA, si vous aimez le monster-fucker, sachez que ça s'appelle « Tie the Knot » et le premier chapitre est sorti aujourd'hui même ^^.
C'est parti ^^ !
LiliCatAll : Holaa ! Alors, Denki s'inquiétant pour son ami avec ZERO tact, c'était bien XD? La crise a effectivement été piqué, claro que si XD. J'espère quelle a été (et SURTOUT son dénouement) à la hauteur de tes attentes XD ! Et j'espère que l'entièreté du chapitre t'a plu, que c'était assez bien, fun et tutti quanti ? Merci pour ta review, pour toutes tes reviews, j'espère te lire de nouveau sur les prochains chapitres (ou même la nouvelle fic ?) Merci merci !
TanukiNoBaka : Coucouuu, merciii ^^ ! Denki est mon chouchou a écrire en tant qu'élément perturbateur, j'adore sa candeur chaotique ! Je les ai écrit dès le départ avec un background plus « lourd » que juste amis de lycée et je suis contente que ça n'ait pas choqué ou semblé déplacé, ouf ! J'ai toujours eu envie d'écrire leur passé et je l'ai donc mis dans la liste des possibles futurs chapitres ou fic (en te citant, dis-moi si tu veux que j'enlève ton pseudo et si éventuellement, tu es d'accord avec l'idée ?).
J'espère que la fin de ce chapitre était moins frustrante et qu'il t'a plu ! Merci de ta review et de toutes tes review ^^ ! Et au plaisir de te revoir pour les prochains chapitres bonus ou mes autres fanfics ^^ !
Akane : Haaaaaa MERCIII ! MERCI MERCI ! J'ai adoré le précédent lemon XD. Haaa, pour foutre la merde, ça a foutu la merde, je me suis é-cla-té XD ! Denki est cool, le pauvre, il fait comme il peut XD. J'espère franchement que ce chapitre, cette conclusion, t'aura plu et que je te retrouverais sur mes autres fanfic ou la suite de The Manly Bottom ^^ ! Merciii, c'est du boulot une longue fic mais quel plaisir d'écrire et de partager et qu'on soit tous dans l'aventure ^^ !
Karasu Orochi : Aaaaaw mais c'est adorable, mercii ! Fallait quand même pas te lever en trombe comme ça pour un chapitre XD. J'avoue j'ai foutu la max de drama entre ce dernier chapitre et celui-ci mais hey, tout est bien qui finit bien hein XD? Denki mérite mieux, je lui prépare un « petit » (gros) one-shot rien que pour son cul en guise de compensation XD. Hé ba du coup je croise fort les doigts que ce chapitre était à la hauteur et que tu l'as apprécié autant que l'ancien ! Merci merci pour tes reviews, j'ai tout aussi hâte de te lire sur les prochains chapitres et fics !
PS : Je parle au nom de tout les en te disant que non, les longues reviews ne nous dérangent pas, on adore vous lire, c'est un tel shoot de bonheur !
BlueStars14 : HOLAAA ! Ça va bien de mon côté, je suis triste de poser le dernier chapitre officiel de The Manly Bottoms mais je sais que c'est pour le mieux ! Ho merde pour la voiture ! Je suis bien désolée que ça te soit arrivé T-T. Désolée aussi pour ton mois d'avril, j'espère que mai aura été mieux ! Plus doux en tout cas. T'es tellement chou de relire, j'arrive pas à croire qu'un truc que j'écris puisse plaire et qu'on puisse le relire, t'as pas idée de l'honneur que c'est !
J'adore la promesse sur le petit doigt, je l'utilise TOUT LE TEMPS avec ma femme, alors c'était bien naturel qu'Eij aussi XD. Haaa oui tu avais bien vu le truc venir, ça a mal fini avec Denki (mais j'ai tout arrangé XD). Je suis tellement contente que le lemon t'ai plu et toutes les interactions entre Kacchan et Izuku (j'ai adoré les écrire bordel) ! Tu veux pas savoir ce qu'Eijirô a fait pour foutre le feu. Ça implique de l'alcool versé au mauvais endroit XD.
Oooh non, fallait pas être en colère contre Denki, le pauvre, il fait ce qu'il peut bichette XD. Il comprend pas grand chose au schmilblik et il a eu peur qu'Izuku souffre, c'est gentil de base ! En tout cas, nos pignoufs adorés peuvent le remercier d'avoir fait sortir tout ça ! Promis, je vais me rattraper pour Denki, je lui prépare un truc rien qu'à lui.
Le moment Eijirô et Izuku arrivera, promis, c'est le premier à écrire en chapitre bonus XD! J'espère tellement mais tellement que ce chapitre t'aura plu ! Encore une fois, merci, merci pour tes reviews que j'adore lire et qui sont toujours un plaisir ! J'espère continuer à te lire dans les prochains chapitres et mes autres fics ^^. Merci merci !
