« Non, tu ne peux pas venir. Ce n'est pas pour être désobligeante, mais dans ton état actuel, de quoi es-tu capable ? Mourir aussi vite qu'inutilement ? »

Dionysos crispa les mâchoires. Il savait que Perséphone ne cherchait pas à le rabaisser, qu'elle lui rappelait juste qu'il n'était pas habitué à se défendre sans ses pouvoirs et qu'il était vraiment trop fragile maintenant qu'il en était privé. Il savait qu'elle ne voulait pas le voir mourir, pas tout de suite.

Il voulait quand même rager. Pointer que c'était une mission pour sauver l'enfant dont il avait accepté la garde, il avait le droit de vouloir participer. Le devoir d'affronter les monstres mettant sa petite fille en péril, parce c'est ce que font les pères.

(Et peut-être aussi que ça lui permettrait de faire fuir la lancinante culpabilité d'avoir perdu Ariane pour commencer, alors qu'il était supposé veiller sur elle.)

Deux têtes blondes se glissèrent dans la pièce.

« Perséphone » fit languidement Sigyn, « je crois que nos deux tourtereaux ont des choses à se dire. Est-ce que je t'ai montré mes nouvelles couvertures pour sofa ? Très, très africaines, avec tous ces coquillages... »

« Tu ne veux pas plutôt dire méditerranéen ? » interrogea la grecque alors qu'elle se laissait mener dehors.

« Non, vraiment, des coquillages africains... »

Hel roula des yeux alors que les voix s'éloignaient, puis s'empressa de sauter au cou de Dionysos. Il ravala un bruit étranglé, elle était toujours si petite qu'elle devait se hisser sur la pointe des pieds pour lui poser les mains sur les épaules confortablement mais elle serrait si fort qu'il aurait probablement des bleus demain.

Ça ne l'avait pas dérangé qu'elle serre si fort lorsqu'il avait encore ses pouvoirs. Le traiterait-elle comme du verre à compter de maintenant ?

« Je vais aller chercher Ariane » déclara-t-elle. « Vu que je sais pas comment utiliser ces ailes à la mords-moi-le-nœud, ils m'ont collée dans l'équipe discrète. »

« Toi, discrète ? C'est vraiment l'Apocalypse. »

« Ouais, hein ? » renifla-t-elle. « Moi qui me suis jamais vue dans le rôle de l'espion. »

« Qui a besoin de Bond quand on a OSS 117 ? Quand tu reviendras avec la petite, je t'attendrais avec du pop-corn et les films de Jean Dujardin. »

« J'aime les bruns à frisettes qui végètent devant la télé avec moi » lança la blonde avec un petit sourire.

Il eut un rire vite réprimé.

« Tu dis ça à tous les hommes. »

« Seulement les bruns à frisettes qui végètent devant la télé avec moi » répéta Hel.

Cette fois, Dionysos ne ravala pas son rire.