Au bout du compte, la conversation fut étonnamment courte. Un avantage majeur d'être un Archange, c'était la densité d'information que vous pouviez fourrer dans un simple mot. Et quand vous étiez le saint patron reconnu des communications – après plusieurs siècles dans la peau d'un dieu païen, Gabriel était on ne peut plus familière avec le pouvoir de la prière, c'était non-négligeable et n'oubliez pas que les communications incluait l'Internet, si elle le voulait, elle jetterait la planète à genoux – c'était carrément pire.
Quand le contact se rompit, Gabriel se sentait encore plus épuisée que le malheureux bonhomme ayant instauré la tradition du marathon en courant quarante-deux kilomètres seulement pour crever à la fin de son parcours.
Des ailes familières s'enroulèrent autour d'elle en guise de soutien. Cassiel ne renonçait décidément jamais à lui remonter le moral.
« Alors, tu l'as fait pleurer ? » demanda-il nonchalamment, et elle renifla avec le nez de son véhicule, réaction décidément humain mais à force de s'intégrer à la couleur locale on finissait par contracter des habitudes comme on attrapait un rhume.
« Michel ne pleure pas. »
« Mais il a quand même plié devant ce que tu voulais » insista néanmoins l'ange qui pouvait prétendre au titre d'Archange pour son pouvoir personnel.
« Est-ce réellement une victoire si l'ennemi était désespéré de te jeter son drapeau et d'ouvrir les portes de la citadelle ? » rumina la Porte-Parole.
Cette discussion laissait une amertume notable dans la bouche de la Messagère, parce que s'ouvrir ainsi à Michel lui avait permis de voir des choses – de le voir lui, le voir vraiment.
Elle savait déjà qu'il avait ruiné la santé mentale de leurs cadets, de Raphaël, mais constater qu'il n'avait même pas épargné sa propre personne…
C'était désolant, surtout quand on connaissait Michel en tant que Commandant de la Milice Céleste, l'Aîné des Anges, le frère qui n'avait pas su quoi faire d'une gamine lui tombant sur les bras mais avait donné tout ce qu'il pouvait afin de la voir grandir sainement.
Cette guerre civile avait vraiment bousillé tout le monde, hein ? Elle espérait que Lucifer était content de ses crimes.
