~ Heartbeat ~

Voici le chapitre 2 de Heartbeat, j'espère qu'il vous plairera :)

Please, enjoy !

~ Kiss me back ~

Harry aurait donné cher afin de voir le visage de l'homme en face de lui. Parfois la mélancolie saisit son âme, mais il se secoua vite afin de ne pas perdre du temps sur ce qu'il avait perdu. Il regrettait parfois de ne pas voir le visage de sa petite fille. Il secoua la tête et se concentra sur Malfoy qui n'avait toujours pas réagi à sa réponse.

- Tu te moques de moi ! finit par s'écrier le mannequin après dix minutes de stupéfaction.

- Non, répondit-il en croisant les doigts sous son menton.

- Mais… !

Il fut interrompu par la clochette de la pâtisserie qui résonna et immédiatement Lohana lança d'une voix très professionnelle :

- 'jour, qu'puis-je fair' p'r vous ?

- Oh, mais c'est ma petite pâtissière préférée ! lança la voix de la femme que Harry reconnut comme étant Mme Pomfresh l'infirmière qui avait aidé à accoucher Lohana. Dis-moi ce que tu as de bon aujourd'hui.

- Harry sourit en écoutant sa fille dire d'une voix toujours très sérieuse :

- Cha, Vif 'or tout chocolat, miam ! Cha, Souaffle chocolat à 'terieur miam ! Cha, Co'ard psitache tout plein, beurk ! Ta'te ciccrouille miam miam !

- Hmm, je vois. Est-ce que tu auras du bon pain pour moi également ? lui demanda la vieille infirmière d'une voix remplie de douceur.

- Tout plein, miam ! répondit-elle en se tournant certainement vers les paniers contre le mur derrière le comptoir ou il y avait les pains.

- Alors je vais prendre une tarte à la citrouille et deux Vifs d'or et du pain de campagne.

- Tout c'u ou bien c'u ?

Harry se retint de rire face au ton sérieux de la petite fille qui était une parfaite petite vendeuse. Mais la question "Tout cru ou bien cru ? " au lieu de "Bien cuit ? " failli l'achever. Il entendit l'amusement dans la voix de Mme Pomfresh lorsqu'elle répondit :

- Bien cuit, s'il te plaît.

- OK !

Il eut un moment de silence durant lequel Harry savait que Ginny emballait les achats de Mme Pomfresh. Puis :

- 'oilà !

- Merci ma chérie, tiens.

Ginny encaissa l'infirmière et lui rendit sa monnaie.

- Je te remercie Lohana, Ginny, vous avez été absolument adorables.

- Au revoir Mme Pomfresh, bonne fin de journée, répondit poliment Ginny.

- Bye bye ! lança joyeusement la petite Lohana en secouant la main.

La clochette retentit indiquant que l'infirmière avait quitté la boutique. Il entendit Draco pousser un petit soupir avant qu'il ne murmure :

- Elle est absolument parfaite.

- Marions-nous et tu deviendras également son père.

Il eut un silence et Harry sut que Draco devait le regarder comme si une deuxième tête lui avait poussée. Harry se tourna vers sa fille et l'appela, cette dernière les rejoignit en courant avec un sourire sur son petit visage.

- Ma chérie, laisse-moi te présenter quelqu'un, lui dit son père en le prenant dans ses bras.

Elle le regarda avec un visage respirant une confiance et une affection absolues pour son papa.

- Je te présente Draco Malfoy, c'est un ami que je connais depuis tout petit.

- Tout petit ?

- Oui. Et il est très important pour papa. Tu sais pourquoi ?

Lohana secoua vigoureusement la tête, si fortement que Draco eut que celle-ci ne se détache.

- On va se marier. Il viendra vivre avec nous et tu auras deux papas.

- Che ma'ier ? Deux papas ?

- Oui, il deviendra ton Papa aussi, pour toujours.

Elle lança un regard à Draco ses yeux s'écarquillèrent joliment avant de rougir en se tenant les joues.

- Mais ch'est un p'ince ! Y va êt'e mon papa auchi ?

Draco déglutit et dit doucement :

- Bonjour Lohana.

Elle le regarda avant de pousser un petit cri en le voyant sourire. Elle rougit et cacha son visage contre l'épaule de son père. Celui-ci rit doucement :

- Ah, tu as donc un sourire toujours aussi ravageur, remarqua-t-il sur un ton taquin.

Draco l'ignora en se concentrant sur la petite fille, qui allait bientôt devenir sa petite fille. Il lui parlait gentiment, lui racontant comment il avait rencontré son papa des années auparavant et que maintenant si elle le voulait bien, elle aimerait devenir aussi son ami. Il lui offrit une sucette qu'il avait dans sa poche. Elle accepta après avoir reçu une confirmation de Harry. Finalement, elle se désintéressa de la conversation et demanda à son père de la poser par terre avant de s'enfuir vers le comptoir.

Il eut un silence ponctué par la voix enfantine de Lohana. Puis Harry ouvrit la bouche :

- Alors ?

- Quoi ?

Le pâtissier lui lança un regard agacé.

- Je te rappelle que c'est toi qui m'a fait ta demande, il y a vingt minutes de ça.

Harry haussa les épaules en penchant la tête de côté. Il se tourna brusquement vers le comptoir en entendant les pas maladroits de sa fille et lança d'une voix forte :

- Ginny, pourrais-tu éloigner Lohana du four ? Elle s'en approche beaucoup trop.

- Oh, Lohana, c'est dangereux d'être là ! Tu sais bien que tu n'as pas le droit de t'approcher des fours, la réprimanda-t-elle gentiment.

Harry entendit le mouvement de l'air; la jeune femme rousse avait dû se pencher pour prendre la petite fille dans ses bras. Harry retourna son attention vers Draco tout en gardant une oreille attentive vers sa fille qui était en pleine discussion avec Ginny.

- Comment as-tu su ? lui demanda le mannequin d'une voix où perçait l'incrédulité.

- Je garde une oreille sur elle. Je sais exactement comment est la boutique et je me concentre tout le temps sur ma fille. Je ne peux pas voir, donc je compense.

Harry eut un sourire :

- Alors ? J'ai accepté ta demande en mariage. Que comptes-tu faire maintenant ?

- Je...je… balbutia le jeune homme blond.

- Tu es beaucoup moins entreprenant que ce que je pensais, Malfoy. Allons dîner ce soir.

Harry marqua une pause en penchant la tête sur le côté :

- Sauf si tu disais ça pour rigoler.

- Mais...mais… Tu es gay ?!

- Quelle importance ? Tu m'as demandé en mariage et j'ai dit oui, je dois être gay, bi ou autre. Cela n'a pas d'importance sur ce qui se passe en ce moment.

- Mais, on ne peut pas se marier si tu ne m'aimes pas !

- Est-ce que tu m'aimes ?

Harry sentit Draco se fermer comme une huître après sa question. Il avait la sensation de connaître la vérité. Harry poussa un soupir en passant la main dans ses cheveux et continua :

- Je ne vais pas me moquer de toi, Malfoy. Si tu m'as demandé en mariage, c'est que je dois représenter quelque chose que tu veux, que tu ne pourras pas avoir autrement.

- Qu'est-ce qui te fait croire que je veuille de toi ?! s'exclama Draco en se redressant brusquement.

Harry tourna la tête en regrettant ne pas pouvoir voir les choses qui l'entouraient, mais il ne pouvait pas passer sa vie à regretter sa vue. Il avait passé des périodes difficiles et avait essuyé beaucoup de rejet par rapport à sa condition.

- J'ai eu beaucoup de rendez-vous, toutes voulaient de moi à cause de mon argent ou encore de mon apparence, mais vivre avec un handicapé est compliqué. Parce que c'est ce que je suis. Je suis handicapé. Je suis aveugle. Je compte mes pas, tout doit être exactement à sa place sinon je peux me blesser. Rien n'est spontané pour moi, que ce soit dans mes déplacements ou dans mes interactions. Je ne pourrai jamais admirer un lever ou un coucher du soleil, ne jamais aller au cinéma et apprécier les images, ni regarder la personne que j'aime dans les yeux. Pour beaucoup de personnes, c'est un fardeau. Ne pas être vu. Et ce fardeau sera le tien si tu veux vivre avec moi.

- Ce n'est pas ce que je voulais dire… commença Draco d'une voix hésitante.

- Ce n'est rien.

Le pâtissier fit une pause en entendant sa fille bailler. Les pas de Ginny se rapprochèrent d'eux, puis elle dit :

- Harry, je crois que Lohana est fatiguée. Attention, je te la dépose dans les bras, prévint la jeune femme rousse.

Délicatement, Harry reprit son précieux fardeau et cala sa fille dans ses bras.

- Ne t'endors pas, trésor, on va rentrer à la maison, d'accord ?

- Hmmm, marmonna-t-elle difficilement en baillant.

Harry sut que c'était sans espoir, elle devait papillonner des yeux. Il entendait le souffle de la petite fille s'approfondir de minutes en minutes.

- Je vous aurai bien accompagnée mais je suis de fermeture aujourd'hui.

- C'est gentil de ta part, Ginny, mais on s'en sortira. J'ai pris son porte-bébé de toute façon, répondit Harry en s'affairant à glisser la fillette dans le port-bébé, qu'il portait sous son tablier.

Lohana geignit à peine alors que son père serrait les attaches d'une main experte.

- Bon, j'y vais. Si tu as le moindre problème, appelle-moi !

- Mais oui ! grogna Ginny d'un ton agacé. Allez-y !

Harry sourit en l'entendant clairement lever les yeux au ciel. Il déplia sa canne qu'il utilisait lorsqu'il portait sa fille. Les gens faisaient plus attention à lui lorsqu'il montrait son handicap. De toute façon, il ne mettrait jamais sa petite fille en danger et si pour cela, il devait se trimballer avec des lunettes de soleil sur le nez, une canne et un chien accompagnateur, alors il le ferait. Bon, pour le chien ce n'était pas pour tout de suite. La perte de Bella lui était encore douloureuse. Il se tourna vers l'endroit où se tenait Malfoy et dit en inclina rapidement la tête :

- Mon invitation pour dîner tient toujours. Réfléchis-y, après tout j'ai répondu positivement à ta question, n'est-ce pas ?

Il sourit et partit sans attendre de réponse de la part du mannequin. Il connaissait parfaitement sa boutique, en sortir ne fut qu'un jeu d'enfant. Il se mit en marche en direction de chez lui une main posée sur le dos de sa fille et l'autre tenant fermement la canne en tapant le sol jusqu'à trouver les bandes d'aides à l'orientation. Il fut plus attentif à son environnement et avança prudemment mais d'un pas vif. Après avoir traversé trois avenues, tourné plusieurs fois dans des petites rues qu'il avait eu plaisir à visiter du temps où il était voyant. Il eut un changement de parfum dans l'air : il avait quitté le centre-ville et se rapprochait des quartiers résidentiels qui se trouvaient au bords de la petite ville. "Encore trois cents pas", pensa-t-il en avançant rapidement. Il s'arrêta devant son portail en entendant le "bip" de son téléphone portable. Le portail se déverrouilla dans un frottement métallique.

- Tu peux arrêter de me suivre en douce, Malfoy. Tu sais maintenant où j'habite, souhaites-tu entrer boire un thé ? dit-il en se tournant vers l'endroit d'où le jeune homme blond devait se cacher.

- Je… je ne te suivais pas en douce ! lui parvint une réponse hésitante sur un ton indigné.

- Mais bien sûr, marmonna Harry en roulant des yeux avant de se diriger vers sa porte d'entrée.

Grâce à la géolocalisation, sa montre connectée actionna l'ouverture de la porte d'entrée. Et sans aucune pensée pour l'ancien mannequin; il savait que celui-ci ne résisterait pas à l'envie de venir fouiner chez lui. Il alla directement dans la chambre de sa fille afin de la coucher dans son berceau. Il sortit et entendit la porte d'entrée se fermer.

- Pourrais-tu enlever tes chaussures, ranger les lacets et les mettre dans le porte-chaussures ? dit-il en se dirigeant vers la cuisine.

Il lança la bouilloire en entendant Draco faire ce qu'il lui avait demandé sans rechigner. Ce dernier le rejoignit quelques minutes plus tard et s'assit sur un des tabourets du comptoir en silence. Harry sortit deux tasses, le sucrier, du miel, et du lait qu'il posa sur la table. La bouilloire siffla, Harry versa l'eau chaude dans la théière dans un geste sûr et efficace.

- Je suis désolé.

Harry posa doucement la bouilloire en se tournant vers le jeune homme qui venait enfin de parler. Il pencha la tête de côté en attendant que Draco continue.

- Je… je ne voulais pas te blesser. J'ai été… marmonna celui-ci d'une voix hésitante.

- Idiot. Comme lorsque nous étions à Poudlard. Lorsque tu te sens acculé, tu agresses les personnes autour de toi, remarqua Harry placidement.

- C'est… c'est...

- Toi.

Harry marqua une pause avant de continuer en faisant face à Draco :

- Tu ne serais pas amoureux de moi depuis cette époque ?

Il sut qu'il venait de faire bugger le pauvre mannequin. Il se servit paisiblement du thé en ajoutant une noisette de miel dans sa boisson avant de la siroter avant que Draco ne parvienne à sortir un mot :

- Qu..quoi ?!

Harry saisit le poignet de Draco dans un geste rapide et pressa son pouce contre son pouls.

- Je ne suis pas aveugle. Enfin… pas dans ce sens-là, du moins. Ose me dire que tu n'es pas amoureux de moi. Ose me mentir.

Le pouls qui pulsait sous son pouce s'envola, la respiration de Draco se fit plus rapide et Harry sut que ce dernier devait être rouge d'embarras, avec ses grands yeux pers embués de larmes. Harry se souvint de cette expression car lorsqu'ils avaient onze ans, Draco avait fait la même tête lorsqu'il avait refusé son amitié.

- Toi.

Harry le tira vers lui par dessus le comptoir et posa son front contre celui de Malfoy :

- Tu m'aimes, n'est-ce pas ? C'est pour ça que tu m'as demandé en mariage. C'est pour ça que tu as insisté pour savoir si j'étais marié ou si j'avais quelqu'un dans ma vie, pas vrai ?

La respiration de Draco devint laborieuse, il ne pouvait plus parler. Il bafouilla, incapable de réfléchir correctement avec Harry aussi proche de lui.

- Toi, continua Harry d'une voix grondante.

Draco eut un accroc dans sa respiration en tremblotant.

- Épouse-moi. Le "non" n'est pas une réponse recevable.

- O… Ou… Oui…

Harry sourit et le relâcha avant de se réinstaller sur son tabouret.

- Bien.

Le jeune homme brun bu une gorgée de son thé avant de dire :

- Une idée de la date ? Ou dois-je rencontrer ta famille avant ?

~ O*O*O*O*O*O*O*O*O*O*O ~

Draco était rentré à l'hôtel dans un état second. Que s'était-il passé ? Comment avait-il pu finir par se laisser submerger par Potter ? C'était lui qui avait fait sa demande en premier, d'abord ! Il avait approché Potter avec plein d'assurance, avec le projet de le faire tomber dans ses bras et… et… Il enfouit son visage dans son oreiller en rougissant.

- Oh, c' était tellement sexyyyyy !

Harry ressemblait à un lion : une crinière brune en bataille, un corps immense qui le dominait de sa hauteur. Il le voulait si fort, si violemment ! Il sortit la tête de son orieller en rougissant joliment.

- Je me demande ce que ça sera de l'embrasser, murmura-t-il en touchant ses lèvres.

Cela serait-il intense ? Harry lui ferait-il pencher la tête en arrière avant de prendre ses lèvres sauvagement, utiliserait-il sa force supérieure pour le faire se soumettre ? Il se souvint de la poigne ferme mais douce que le pâtissier avait exercée sur son poignet. Le mannequin s'en trouva tout excité juste à la réminiscence de ce souvenir. Il prit un temps pour se calmer. Puis Draco se jeta sur son téléphone, chercha le contact de son parrain et l'appela. Comme à son habitude, il dut appeler celui-ci trois fois avant que Severus ne daigne décrocher d'un :

- Quoi ? dit d'un ton glacial.

- Je vais me marier avec Potter ! lança Draco sans passer par les politesses usuelles.

- Quoi ?!

- Je lui ai demandé sa main par accident, il m'a dit oui, puis il m'a demandé ma main également après aussi et j'ai dit oui.

- Comment peut-on demander quelqu'un en mariage par accident ? siffla Severus d'un ton dubitatif.

- Je ne te demande pas de comprendre, il souhaite te rencontrer pour finaliser les préparatifs. Peux-tu venir à Pré-au-Lard où doit-on venir à Londre ?

- Mais qu'est-ce tu fais à Pré-au-Lard ?

- J'ai quitté Londres, il y a quatre jours…

- Et donc tu vas te marier avec Potter que tu n'as pas vu depuis dix ans en espace de quatre jours ? remarqua Severus d'un ton lent, comme s'il s'adressait à un imbécile.

- En moins de deux jours… marmonna Draco sur un ton boudeur avant de s'écrier : Et arrête de me parler avec ce ton !

- Mon dieu, j'ai raté ton éducation, tu es plus idiot que je ne le pensais… marmonna l'homme qui l'avait élevé d'une voix exaspérée.

- Parrain ! s'indigna Draco en se redressant sur le lit.

Il voyait parfaitement son Parrain en train de rouler des yeux et de secouer la tête d'exaspération.

- D'accord, d'accord… Raconte-moi, finit par grogner le chimiste.

Severus était déjà au courant de son obsession pour Potter depuis son plus jeune âge, aussi n'avait-il pas été surpris lorsque lui avait avoué qu'il était amoureux de Potter, son premier béguin. Severus savait que Draco n'avait jamais pu l'oublier. Le futur ancien mannequin raconta ce qui s'était passé ces quatre derniers jours, de sa fuite de Londres et sa rencontre avec Potter, leurs interactions et le fait que Potter était devenu plus sexy que dans ses souvenirs.

- Mais il n'était pas censé être hétérosexuel ce Potter ? voulut savoir Severus de ce ton qui signifiait qu'il ne pardonnerait pas à Harry si celui-ci se moquait de son filleul.

- Il n'a pas l'air de tenir compte des étiquettes. Il m'a dit que ça n'avait pas vraiment d'importance pour lui.

Il eut un silence à l'autre bout du fil. Draco ajouta d'un ton rapide :

- Oh, il a une petite fille âgée de bientôt deux ans et il est aveugle !

Draco entendit le soupir de désespoir de son parrain avant que celui-ci ne raccroche brutalement. Il regarda son téléphone pendant un long moment avant de dire :

- Ça s'est bien passé, finalement.

Il se laissa tomber sur son lit en regardant le plafond, un profond soupir lui échappa. Il se rendait compte que toute cette histoire était complètement folle ! À peine avait-il revu Potter qu'ils prévoyaient déjà de se marier ! Son téléphone sonna le faisant sursauter violemment. Il regarda le numéro et son cœur se mit à battre plus fort dans sa poitrine. Il se racla la gorge avant de décrocher :

- Allô ? dit-il d'une voix rauque.

- Salut, je ne te dérange pas ? demanda la voix de Harry au travers de l'appareil.

- Non…

- Bien. Tu fais quoi demain ?

- Euh… rien de spécial, j'ai des visites demain matin avec l'agent immobilier.

- Annule. Nous allons nous marier, cherchons une maison ensemble. Viens passer la journée avec nous demain. Il eut un moment de silence, puis il ajouta : S'il te plaît.

- Euh… d'accord… euh, oui… c'est vrai, ok…. bafouilla Draco en rougissant.

Harry gronda un rire qui le fit frissonner des pieds à la tête. Bon sang, il était en train de se transformer en un adolescent face à son premier crush !

- J'ai hâte. A demain 10 heures chez moi.

Et il raccrocha. Draco resta bêtement scotché à son téléphone puis il se laissa tomber sur son lit en serrant son téléphone contre son torse en poussant un cri d'excitation. Oooh ! Il devait se préparer pour demain, qu'allait-il porter ? Il n'avait pas apporté grand chose dans sa fuite soudaine. Mais qu'importe, il serait le plus beau, après tout il était Draco Malfoy.

~ O*O*O*O*O*O*O*O*O*O*O ~

Harry devrait être nerveux, il venait tout de même de prendre une décision des plus irrationnelles de sa vie entière et au vu des cris d' Hermione qu'il subissait au téléphone depuis bientôt vingt-huit minutes, il aurait dû être vraiment nerveux.

- Non mais est-ce que tu écoutes Harry ?! finit par crier Hermione qui se rendit compte du peu d'attention que son ami portait à son sermon

- Oui 'Mione, je suis aveugle pas sourd, répliqua-t-il d'une voix distraite

- Idiot surtout ! Tu ne l'as pas vu pendant dix ans et tu te maries avec lui deux jours après l'avoir revu ? Mais est-ce que ça a un sens ?

- Bah, je l'ai connu pendant sept ans, répondit le jeune homme en haussant les épaules avec fatalisme.

- SEPT ANS DURANT LESQUELS VOUS ÉTIEZ ENNEMIS !

- Tu sais ce qu'on dit : la haine n'est que de l'amour inaccompli, réagit Harry en sirotant sa tasse de thé.

- Tu n'es pas en train de me faire une citation de Lawrence Derell là, si ?

- Qui sait ? Au moins tu as arrêté de crier. Ecoute 'Mione, C'est vrai que j'ai eu une relation très conflictuelle avec Malfoy…

- C'est le cas de le dire, la coupa-t-il d'un ton sec.

- Mais il a changé, on a plus onze ans ou dix-sept, on a vingt-sept ans et je pense qu'il peut être un bon père pour ma petite Hana. Et bon sang Hermione, il m'aime. Il m'aime vraiment. Si tu avais été là, tu aurais vu le rouge sur son visage lorsque j'étais proche de lui, l'accroc dans sa respiration lorsque j'ai touché sa peau, la joie qui perçait dans sa voix lorsqu'il regardait Lohana.

Hermione garda le silence pendant un moment avant de demander d'une voix plus calme :

- Est-ce que toi tu l'aimes ?

Un sourire éblouissant s'épanouit sur les lèvres de Harry avant qu'il ne réponde d'une voix douce :

- Oui. Il est adorable.

- D'accord. Et c'est pour quand ? demanda Hermione avec un soupir dans la voix.

- Il faut d'abord que je rencontre sa famille et lui la mienne, mais ça va être rapide je pense. Hm, ça dépend de ce qu'il veut faire. De toute façon, tout me convient, répondit Harry en humant joyeusement.

Il eut un petit gémissement dans la chambre de sa fille et il le signala à Hermione avant de raccrocher. Il se dirigea vers la chambre de son précieux trésor d'un pas sûr.

- Papa, geignit-elle en l'entendant approcher.

Il tendit les mains et toucha le rebord de son berceau et attendit qu'elle ne se dirigea vers lui avant de se baisser et de la prendre dans ses bras. Elle enroula immédiatement ses petits bras autour de son cou et se blottit contre lui.

- Tu as bien dormi ?

- Unh, répondit-elle.

- Tu veux quoi pour le goûter ?

- Lait f'aise ! s'exclama-t-elle avec enthousiasme.

Harry rit en se dirigeant vers la cuisine, il compta ses pas, jusqu'à la chaise haute de sa fille et la posa délicatement dedans, prenant le temps de bien l'installer pour ne pas qu'elle tombe. Il lui posa des questions sur sa journée tout en lui préparant son smoothie à la fraise et posa le biberon rempli devant elle.

- Mechi, Papa.

- Avec plaisir, mon cœur.

Il l'entendit aspirer son goûter avec vigueur et lui adressa un sourire. Il toucha sa montre et celle-ci lui indiqua d'une voix mécanique qu'il était 18h30. Les vendredis soir étaient particulier chez les Potter : c'était le seul soir de la semaine que Lohana avait le droit de regarder un dessin animé et qu'elle n'était pas obligé de manger des légumes; c'était également le seul soir où madame Lestrange, leur gouvernante loufoque, ne restait pas toute la soirée.

- Papa ? Je vais v'aiment avoi' un nouveau papa ?

- Oui, ma puce, qu'en penses-tu ? C'est le blond qui était à la pâtisserie toute à l'heure.

- Oooh, il est beauu, ch'est un p'ince ?

- Tu trouves qu'il ressemble à un Prince ?

- Vouii, répondit-elle d'un ton timide.

Harry rit en l'entendant gigoter dans son siège ; elle devait prendre ses joues entre ses petites mains et fermer les yeux d'embarras comme elle le faisait à chaque fois que quelque chose lui plaisait.

- Il viendra pique-niquer avec nous demain !

- Ch'est v'ai ?! s'écria la petite fille avec un ravissement dans la voix. Oh...

Elle se tut brusquement.

- Qu'est-ce qu'il y a ?

- Peut pas veni' ce soi' ? Pas légumes et de dessin animé…

- Tu voudrais qu'il vienne ?

- Voui

- Hmm, on va l'appeler et lui demander s'il veut venir manger avec nous, ça te va ?

- Ouiii !

Harry récupéra son téléphone dans sa poche arrière et d'un "Dis, Siri", il contacta Draco Malfoy.

~ O*O*O*O*O*O*O*O*O*O*O ~

Draco sortit précipitamment de la douche et saisit son téléphone, il décrocha et lança d'une voix essoufflé :

- Salut.

Il s'attendait à la voix rocailleuse et sexy de Harry, telle ne fut pas sa surprise d'entendre une voix enfantine répondre à son salut avec enthousiasme.

- Chaluuut ! Ch'est moi Hana !

Une douce chaleur se répandit dans son cœur et un sourire affectueux étira délicatement ses lèvres.

- Tu veux bien êt'e mon papou ? lui demanda-t-elle avec sérieux.

Draco entendit le rire grondant de Harry en arrière-plan. Son cœur se mit à battre la chamade.

- Tu veux bien que je devienne ton Papou ?

- Viiii, elle gloussa adorablement, un papou beau comme un p'ince ! Mon papa est un g'and cho'cier, fait de la magie tout plein, mais il a besoin d'un p'ince. T'es un p'ince, toi ?

Draco sentit son cœur fondre dans sa poitrine, elle était à lui : elle allait être sa petite fille chérie. Il ne l'avait rencontrée qu'une seule fois, mais elle avait déjà pris une place spéciale dans son âme.

- Je peux être un prince pour toi, ma petite princesse.

- N'oublie pas ce que tu veux lui demander Hana, entendit-il Harry chuchoter à la petite fille.

- Ah oui, ce soi' pas de légumes et dessin animé, tu peux veni' te plaît ? demanda-t-elle d'une voix toute timide.

- C'est le seul soir où elle a le droit de regarder un film et qu'elle peut manger tout sauf des légumes. Elle t'invite à dîner Malfoy, lui expliqua le père de la petite fille.

- D'accord, j'arrive.

- Tu as entendu ça, ma poupée ? Il vient !

- Yay ! s'écria-t-elle avec joie et excitation.

- Bien. Nous t'attendons, Draco, souffla son futur mari d'une voix douce.

Draco tint le téléphone contre son oreille, même longtemps après que le père et la fille aient raccroché. Il se hâta de s'habiller et se rendit chez les Potter d'un pas guilleret. Il s'arrêta en chemin pour acheter de la glace pour la petite princesse. Arrivé devant la demeure des Potter, il sonna et attendit le cœur battant dans sa poitrine. Puis, la porte s'ouvrit, l'homme de sa vie sortit en lui adressant un sourire renversant. Draco eut les genoux qui fléchirent et se sentit à sa place immédiatement.

- Bonsoir Draco, viens, entre.

Il se dirigea vers Harry et prit la main qu'il lui tendit comme dans un rêve. Lorsque leurs paumes rentrèrent en contact, il eut l'impression de respirer pour la première depuis un long moment. Il baissa les yeux et cachée derrière les longues jambes de Harry se tenait Lohana qui le regardait timidement derrière ses mèches noires indisciplinées.

- Bonsoir Lohana, dit-il d'une pleine de douceur en s'accroupissant pour se mettre au même niveau qu'elle. J'ai apporté de la glace.

Les yeux verts de la petite fille - si semblable à ceux de son père - se mirent à briller, elle regarda son père en tirant sur son pantalon et celui-ci lui sourit en lui faisant un simple signe de la tête. Elle sourit et s'approcha de Draco en lui faisant un sourire timide :

- Mechi...

Elle joua avec ses doigts brièvement avant de lever les yeux et de lui demander courageusement dans un adorable zozotement :

- Ze peux t'appeler "Papou" ?

- Oui, tu peux, répondit-il d'une voix chaleureuse.

Les yeux de la petite fille s'illuminèrent et elle éclata d'un rire cristallin. Elle tendit les mains vers lui et il la prit dans ses bras délicatement avant de la serrer contre son cœur. Harry leur sourit avant de se pousser pour qu'il puisse entrer dans la maison avec son précieux chargement.

La soirée fut merveilleuse, Draco découvrit la petite fille, elle était extrêmement curieuse et posa plein de questions et riait beaucoup. Elle voulait savoir s'il aimait les "ambarge'" et les "flites", il avait répondu "oui" bien qu'il n'eut aucune idée de ce dont elle parlait. Mais en voyant Harry préparer des hamburgers pour le dîner, il comprit. Elle lui demanda également quand allait-il venir vivre avec eux ? Avait-il un cheval ? Puisqu'il était un prince. Elle lui dit également qu'elle aimait beaucoup les princes, mais qu'elle préférait les sorciers et que son papa était le plus grand des sorciers, parce qu'il ne voyait pas mais il savait tout ce qu'elle faisait ! Même quand elle cachait des cookies dans son sac hibou. Connaissait-il le dessin animé "Hagrid et les animaux fantastiques" ? C'était son préféré ! Elle arrêta les questions lorsque Harry lui posa une petite assiette avec un hamburger et des frites devant elle.

- Mechi papa !

- Avec plaisir, mon ange.

Harry posa une assiette devant lui également ainsi qu'un verre de vin. Ils mangèrent dans une ambiance agréable ponctuée par les questions de Lohana. Harry lui parlait doucement de sa voix rocailleuse. Draco adora cette atmosphère chaleureuse : il garda un léger sourire aux lèvres.

Une fois le dîner terminé et la glace au chocolat engloutie par la petite princesse, elle l'invita à regarder un épisode de son dessin animé préféré. Cependant, elle s'endormit dans ses bras dix minutes après le début du dessin animé. Il était 20h25, tard pour une enfant d'à peine deux ans. Il accompagna Harry dans la chambre de Lohana, qui était décoré comme un bateau de pirate, il la posa dans son berceau pirate. Le jeune homme brun posa un tendre baiser sur le front de la petite pirate, il fit de même et ils quittèrent la chambre.

Puis, une fois tous les deux, ils parlèrent, ils se racontèrent leur vie depuis Poudlard. Harry lui raconta l'école de police, ses espoirs, son désespoir lorsqu'il apprit qu'il allait perdre la vue. La douleur de l'abandon de ses rêves, la rencontre avec Fleur Delacour, une française qui lui avait donné un nouvel espoir, sa vie en France, l'école de pâtisserie, Fleur qui accepta d'être la mère porteuse de Lohana, la naissance de sa fille à Paris et son retour en Angleterre. Et Draco s'ouvrit aussi, il lui raconta sa vie aux Etats-Unis, le rejet de ses parents, son désespoir qui l'avait fait plonger dans la drogue, sa prise de conscience, le centre de désintoxication, son travail en tant que mannequin, ses rêves de famille. Harry l'écouta en prenant sa main dans la sienne, sans jamais l'interrompre, sans jamais le juger.

Enfin, le silence. Un silence doux et confortable. Un silence vibrant et plein d'espoirs. Il releva le visage vers Harry, son souffle se coinçant dans sa gorge : cet homme était si beau et il allait être à lui.

- Harry… gémit-il d'une voix éthérée remplie de besoin.

- Draco, je meurs d'envie de t'embrasser… je peux ?

Il prit une inspiration tremblante et répondit :

- Oui… oui, s'il te plaît…

Harry leva les mains et saisit les joues de Draco, caressant son visage avec attention et délicatesse, le découvrant du bout de ses doigts. Draco gémit doucement sous son toucher.

- Tu es si beau… tellement magnifique...soupira Harry d'une voix révérencieuse.

- Aaah...Mmh...

Draco étira la nuque, voulant prolonger le toucher de Harry et sentir ses lèvres sur les siennes. Il le voulait tellement que cela lui faisait mal. Alors Harry répondit à sa demande désespérée. Il l'embrassa et Draco crut enfin pouvoir respirer. Leurs lèvres se touchèrent, se découvrirent dans un baiser doux, tendre mais très vite, le baiser devint sauvage. Il glissa ses bras autour de la nuque de Harry, s'accrochant à ses cheveux bruns doux et indisciplinés. Il ouvrit la bouche et la langue de son partenaire plongea en lui, le caressant, le buvant. Il trembla entre les bras de Harry, ce-dernier tira sur les mèches blondes de sa chevelure pour le faire ployer la tête en arrière. Il eut l'impression de se faire dévorer par les lèvres voraces de son partenaire.

- Ha...rry…

Tu es délicieux, je veux te manger, grogna Harry en lui déposant des baisers brûlants dans la nuque.

- Oh oui… S'il te plaît, oui, gémit-il pitoyablement.

Il avait le souffle court et son érection poussait contre le denim de son jean. Il était merveilleusement ravagé par le baiser de Harry. Celui-ci se pencha sur lui, dans le même état et posa une question simple :

- Veux-tu rester ?

Sa réponse ne tarda pas et elle fut simple :

- Oui.