Joyeux Noël !
J'espère que vous passez de très bonnes fêtes ! De mon côté, ça va plutôt bien ! Alors, je me dis que de la lecture sous le sapin ne put que rendre cela qu'encore mieux, voici un petit omake sur la rencontre entre le Chat Noir et les trois élèves de Vesemir ! Très bonne lecture et bonnes fêtes à vous tous !
.
.
Il y avait une traînée carmin dans la cour quand Vesemir arriva à la forteresse cet hiver-là. Il nota la présence d'un pur-sang zerrikanien avec du sang sur la selle. Il s'approcha de l'animal et lui flatta la crinière.
- A qui appartiens-tu ?
L'animal s'ébroua et ne lui répondit pas. Vesemir décida d'aller voir de quoi il s'agissait avant de s'occuper des chevaux, au cas où il serait question d'un intrus. Il suivit donc les traces de sang, remarquant au passage qu'on avait traîné quelque chose de lourd et sanglant en même temps. Il s'accroupit en notant une trace de pied laissée presque intentionnellement dans le sang. Une taille enfant.
Ainsi donc, il semblerait qu'Ace ait accepté sa proposition et soit revenu pour un deuxième hiver à Kaer Morhen. Moins sur ses gardes, il suivit la piste. La première chose qu'il vit, ce fut un immense catoblépas, fraîchement tué, qu'on avait laissé sur une vieille table bien solide pour le dépecer. Plus loin, près de la cheminée, avec juste une chemise de lin assez ensanglantée, Ace s'était fait une place sur un tabouret. Son pantalon à ses pieds, il jurait (très probablement) dans sa langue natale, pendant qu'il recousait un trou sanglant dans une de ses cuisses.
- Comment tu t'y es pris ? Laisse-moi me laver les mains et je vais t'aider, t'as l'air d'en avoir besoin. Et ça ne sert à rien de me faire les gros yeux, jeune homme.
Ace arrêta de vouloir refermer sa plaie, se contentant de conserver l'aiguille dans une main et de compresser la blessure de l'autre. Vesemir se lava rapidement les mains avec de la Mouette Immaculée avant de s'agenouiller à côté de la jambe blessée et de prendre l'aiguille des mains du jeune Chat qu'il avait pris sous son aile.
- C'est le catoblépas qui t'a encorné ?
- Hai.
- Il ne t'a pas loupé.
- Savoir. Merci.
Ace serra les bords de son tabouret au point de faire gémir le bois en se concentrant sur sa respiration. Pas longtemps, parce qu'il se mit rapidement à tousser.
- Calme-toi, inutile de te déclencher une crise de cette manière. C'est bientôt fini.
Vesemir termina les derniers points et coupa le fil avec ses dents. Le jeune mutant relâcha sa respiration et prit sa tête dans ses mains, ne prêtant pas garde au sang qu'il se mettait sur le visage.
- Une raison pour laquelle tu as ramené le catoblépas ? se renseigna Vesemir.
Le jeune mutant retira ses mains de son visage et se mit à triturer sa longue tresse noire d'un air embarrassé.
- Tsumaranai mono desu kedo, dozo...
- Je ne t'ai pas du tout compris.
C'était difficile pour Ace, il s'agissait d'une nouvelle langue et les Chats n'avaient fait que le former aux bases du métier avant de le lâcher dans la nature, sans même prendre le temps de lui apprendre la langue commune. Mais le garçon maudit faisait des efforts, même si le naturel revenait souvent au galop. Le petit brun prit son temps, mais finit par se faire comprendre du vieux loup :
- Culture moi très rigide. Beaucoup codes pour politesse to … respect ? Hai, respect. Très, très, très mal poli aller chez personne sans… omiyage ? Etooo… ca-deau ? Bon mot ?
- Il faut répondre à une invitation en venant avec un cadeau ? décrypta Vesemir.
L'air du jeunot devant lui disait qu'il avait bien saisi.
- Portgas D. Ace… tu n'en as pas besoin. Tu es un membre honoraire de mon école, tu es ici chez toi, aussi longtemps que je vivrais.
- Merci, souffla le petit brun en serrant les lèvres pour refouler ses émotions.
- Allez, ça va aller, bonhomme. Va te débarrasser du sang. Tu peux marcher ?
Un sec hochement de tête lui répondit. Le jeune ramassa son pantalon de cuir à ses pieds et se leva.
- Tes bottes, rappela Vesemir en cherchant la paire en question.
- Entrée. Pourquoi ?
- Pourquoi les as-tu laissées à l'entrée ?
Ace ouvrit la bouche, mais le vieux lui coupa la parole :
- Tu me raconteras ça quand tu auras moins de mal avec la langue, d'accord ?
- Hai.
Et en claudiquant, le garçon maudit disparut dans les couloirs en prenant son gros sac de voyage.
Vesemir regarda le sang qui restait et réfléchit. D'abord, les chevaux. Ensuite, il s'occuperait du sang. Et si Ace avait fini de se décrasser entre temps, il essaierait de lui tirer l'histoire du catoblépas pendant le dépeçage de la bête.
.
.
Vesemir finissait de nettoyer le sang des pierres quand des bruits de conversation lui dirent que ses trois louveteaux étaient de retour. Et qu'ils étaient sales.
- Il s'est mis à pleuvoir sur le chemin et Lambert s'est embourbé, expliqua Eskel.
Le jeune sorceleur, tout frais de sa seconde année sur la Voie, adressa un regard noir à ses aînés.
- Il y a un cheval en trop dans l'écurie, pointa Geralt en parcourant la pièce où ils vivaient tous.
- Allez vous décrasser et on en discutera plus tard.
- C'est en quel honneur le catoblépas ? se renseigna Lambert de mauvaise humeur en s'approchant de l'animal pour observer la carcasse.
- C'est un cadeau, on en discutera plus tard. L'eau doit encore être chaude.
Après tout, Ace devait avoir à peine fini de se laver.
Les jeunes se regardèrent avant d'obéir et d'aller rejoindre la seule salle de bain encore en l'état de la ruine qu'était le bastion. Lambert se prenait les taquineries d'Eskel en grommelant sur le chemin. Ils n'étaient pas encore dans la salle de bain qu'ils commençaient déjà à se débarrasser de leurs équipements. Geralt ouvrit la porte et le trio se retrouva nez à nez avec une fillette qui devait sortir du bain vu qu'elle était encore trempée. Elle releva la tête brutalement vers eux alors qu'ils se figeaient en la voyant. Deux yeux d'argents fendus et un médaillon de chat.
- Aard !
La porte se referma brutalement sous le signe, percutant au passage Eskel le nez.
- Vesemir, on a un intrus ! avertit Geralt alors que Lambert enfonçait la porte.
Quand Eskel se releva, il vint leur prêter main forte. La porte s'ouvrit brutalement. Un pas dedans et ils glissèrent sur une plaque de glace qui s'expliqua par la présence d'une bombe de Vent du Nord ouverte à proximité.
La fille de tout à l'heure sauta des poutres droit dans le couloir et referma la porte qu'elle bloqua avec Yrden.
- Une espionne des Chats, grogna Eskel.
- C'est quoi le problème avec l'école du Chat ? demanda Lambert en se relevant.
- Ils ont participé à un complot contre notre école, et depuis, ils n'ont plus le droit de revenir ici. Ce sont principalement des tueurs à gages.
On fondit la plaque de glace grâce à la chaleur du bain et Igni, avant de sortir de la pièce. Leur glaive en main, ils foncèrent sur la piste des traces de pas humides qui revenaient vers le hall. Vesemir intercepterait l'intruse à coup sûr.
Et c'était le cas. En arrivant dans le hall, ils virent Vesemir faire asseoir la gamine en chemise de lin et pantalon de cuir sur une chaise. Sauf qu'il ne se comporta clairement pas comme si c'était une intruse. Sa respiration était très sifflante, alors qu'elle était blanche comme neige et semblait avoir un mal fou à respirer. Vesemir sortit une fiole d'Orque de sa sacoche qu'il lui fit boire, avant de lui donner une fiole d'Hirondelle. En les entendant arriver, il se tourna vers eux en croisant les bras.
- Je vois que vous avez fait connaissance avec Ann.
- C'est un Chat, pointa Geralt en rappelant l'évidence.
- Une exception à la règle, rectifia Vesemir. Je l'ai prise sous mon aile l'hiver dernier, quand elle m'a avoué avoir fui Schrödinger. Je connais sa réputation et je peux comprendre le geste. Si en l'acceptant à Kaer Morhen, je peux m'assurer que ce petit prodige ne finisse pas comme les autres Chats, alors, je le ferai.
- Tu es sérieux, Vesemir ? se fit confirmer Lambert. Elle a quoi ? Dix ans, tout au plus. Elle devrait à peine avoir subi les mutations à son âge.
- Douze, rectifia Vesemir. Ann, je te présente Lambert, Eskel et Geralt. Les meilleurs et les derniers éléments de mon école, excepté Berengar, mais il fait cavalier seul.
Puis, le vieux Loup posa une main sur l'épaule du Chat qui était donc officiellement adopté dans son école.
- Messieurs, je vous présente Anabela D. Portgas.
- Portgas, dit froidement le pirate miniature.
Il prit une inspiration pour calmer ses poumons qui lui faisaient la guerre et se concentra sur sa respiration. C'était con, mais voir ces trois sorceleurs entrer comme ça dans la salle de bain avait fait remonter son premier jour auprès des Chats… premier jour qui aurait pu être son dernier s'il n'avait réussi à se défendre.
- Anabela, interdit. Portgas, répéta froidement le pirate.
- Vesemir… c'est une enfant, insista Lambert.
- Qui m'a cassé le nez et nous a mis à terre, rappela Eskel.
- Par simple curiosité, je lui ai fait passer l'épreuve de la Montagne. Elle est revenue plus vite que n'importe quel sorceleur, sans la moindre égratignure. Elle restera avec nous, ici. La discussion est close, dit froidement le doyen.
Geralt se frotta la nuque sous sa chevelure blanche alors que le petit brun sur la chaise lui adressait un rictus féroce de chat en colère. Il avait le sentiment que les prochaines années ne seraient pas de tout repos.
Pas du tout.
