Le chemin jusqu'à Loc Muinne était long et ardu. Il fallait remonter le Pontar jusqu'à sa source dans les Montagnes Bleues, pour ensuite retrouver l'ancienne cité, depuis longtemps en ruine. Dire que Geralt détestait la politique et que cette réunion serait justement ça : des jeux politiques.
En attendant, l'escalade et le camping étaient appréciables. De quoi passer sa frustration, son dégoût et son agacement dans une tâche importante : mettre la main sur une prise dans les parois des ravins qu'ils remontaient afin de rejoindre la cité. Oui, bon, Marco et Thatch les aidaient avec leurs ailes, mais ils ne pouvaient pas tout faire non plus.
Il fallut une semaine pour arriver enfin à destination.
C'est Iorveth qui leur annonça qu'ils y étaient avec une simple phrase :
- Je reconnais cette vallée.
La pierre, du chemin en altitude qu'ils empruntaient, était couverte de givre et de neige. Leur respiration faisait de la buée à chaque expiration.
Apparemment, ils allaient droit vers les portes de la cité.
Et tout autour, il y avait des traces montrant que des harpies vivaient dans les environs.
Pendant qu'ils grimpaient, Iorveth se sentait d'humeur bavarde et leur expliqua que ces montagnes avaient vu la chute de deux civilisations. D'abord les Vrans, peuplade qui avait les premiers occupé Loc Muinne, puis les Aen Seidh. Jamais deux sans trois.
- Les Vrans, c'est le fait des elfes ? se renseigna Ace.
- Non. La maladie et le climat ont fait le travail, rectifia l'écureuil. Il y a bien longtemps, la source du Pontar ne gelait pas et on pouvait encore trouver des fleurs à cette altitude. Avec le refroidissement, d'année en année, ils avaient de moins en moins de nourriture. Ils ont dû descendre de plus en plus bas et ils ont fini par rencontrer les humains. Et avec, les maladies qu'ils apportaient. Typhus, dysenterie et pneumonies. Donc, les Vrans sont tombés malades. Ils cherchèrent à survivre par la création d'aqueducs et un système d'égout pouvant rivaliser avec ce qu'on a aujourd'hui dans les villes de Novigrad et Oxenfurt. Mais cela n'a pas fonctionné puisque les conduits étaient gelés la majorité de l'année avec la constante baisse des températures. Quand mon peuple est arrivé, nous n'avons trouvé que des fantômes dans une cité qui tombait en ruine. Les Aen Seidhe lui ont rendu sa gloire d'antan. Jusqu'à l'arrivée des humains de nombreuses années après pour tout détruire, avec l'attaque de Raupeneck en un raid nocturne qui assassina bien des familles dans leur propre lit. Un homme seul a prouvé être plus létal que toutes les maladies combinées. Des jours durant, le feu a fait rage dans la ville. C'est ce que l'on m'a rapporté quand j'étais encore enfant 1.
La leçon n'alla pas plus loin, puisque les harpies décidèrent de faire leur grande entrée. Vu le nombre de combattants, s'occuper des volatiles était une affaire rapide. Le plus difficile, c'était suivre le chemin qui à présent décidait de descendre. Parce qu'il fallait faire attention à ne pas glisser stupidement comme le fit une tête brune qu'il est inutile de nommer et qui manqua pour le coup de finir dans le vide sans les réflexes inhumains de son compagnon.
Au bout d'un chemin éprouvant empli de sueur froide, ils arrivèrent en vue des portes de Loc Muinne, pour voir une armée en train de camper dehors. Et pas n'importe laquelle. La dernière qu'on aurait invité à un conclave en présence de mages : les troupes de la Rose Ardente. Depuis derrière des rochers, ils les espionnèrent avec méfiance.
- Des chevaliers de la Rose Ardente à un sommet pour la paix ? souffla Iorveth en les voyant.
Son ton était empli de venin.
- Je me demande qui les a invités, murmura Geralt.
- La personne qui les a payés.
- Mon argent sur Radovid, pronostiqua Ace.
- C'est évident. Ces salopards allument des bûchers en brandissant la bannière de ce fou, yoi, pointa Marco. J'ai cru comprendre qu'après la chasse aux non-humains, leur second passe-temps favori était celui de la chasse aux sorcières.
- Il était là, Radovid, quand l'Ordre a mis le feu à Wyzima, pourtant, il leur a offert un foyer en ses terres. Et avec de très bonnes raisons, je suppose, réfléchit doucement le Loup Blanc.
- C'est facile, il a besoin d'une arme contre Eilhart, pointa Thatch. Et quoi de mieux pour chasser une sorcière qu'une armée de fanatiques qui n'aiment pas la magie ? En attendant, ça va être bien la merde. Entre Eilhart qui a Saskia sous son joug et Radovid qui a invité l'Ordre…
- Le feu d'un dragon peut changer la ville en un brasier bien plus vite que Raupeneck, pointa Geralt. Saskia est sous son contrôle et on se doute tous qu'elle n'hésitera pas à s'en servir.
- Encore heureux que la délégation Nilfgaardienne sera absente, yoi. Je regrette encore moins la mort de ce salopard d'ambassadeur, soupira Marco.
- Ce sera le sommet pour la paix le plus intéressant depuis de nombreuses années… commenta narquoisement Iorveth.
- On pourrait foncer dans le tas, mais ça serait attirer l'attention sur nous pour rien. On fait comment ? demanda Ace. On peut pas tous devenir invisible comme un certain vampire.
- Eh oh.
- Il y a un passage par les grottes, informa l'elfe.
- Autre point, intervint Marco. Si Radovid a fait appel à l'Ordre, on peut s'attendre à ce que les autres nations aient ramené leurs soldats aussi. La cité doit grouiller de gardes, yoi.
- Une bombe qui n'attend qu'une étincelle pour exploser, grinça Iorveth.
- Ace, surveille ce que tu dis, s'il te plaît. Les guerres et tout ce bordel, ça fait de gros embouteillages, yoi.
- Je t'emmerde, l'ananas.
- Moi aussi je t'aime.
- Allons-y avant qu'on ne se fasse remarquer.
Ils se décolèrent des rochers qui les cachaient pour suivre Iorveth en marchant courbés et sur la pointe des pieds. Ils pénétrèrent dans les grottes dont leur avait parlé l'elfe et s'enfoncèrent dans l'obscurité. La seule source de lumière était les plumes de feu de Marco qui fournissaient de l'éclairage pour lui et Thatch, les deux seuls du groupe à ne pas avoir de vision nocturne.
C'est avec un certain amusement qu'ils tombèrent sur un gros arrachas qui fonça vers eux, prêt à en découdre.
- Couché !
Ace avait tendu sa main vers la créature qui cessa immédiatement sa charge pour se laisser tomber au sol, sur son abdomen, en tremblant.
- J'ai pas envie de me battre, se justifia le sorceleur devant le regard des autres. Alors, oui, j'ai triché, j'ai usé du Haoshoku. Et ?
Iorveth secoua la tête avec amusement et fit signe du bras pour qu'ils reprennent leur route, contournant l'insectoïde qui tremblait de tous ses membres.
Sauf que plus loin, il y avait des endriagues qui les attendaient. C'est donc avec toute la mauvaise volonté du monde qu'Ace sortit son arme pour se mettre au boulot.
Le passage par les cavernes les mena sur les bords d'un ravin en extérieur. Le vide était ce qui les séparait de la citée à présent. Loc Muinne était tout juste visible dans les brumes du petit matin et la distance.
- Il y a longtemps, derrière la ville, on pouvait encore trouver une forêt regorgeant de vie, raconta l'elfe. Aujourd'hui, ce n'est qu'une terre morte. Les délégations royales sont arrivées par-là.
- Raison pour laquelle tu nous as fait passer par derrière, yoi ? devina Marco alors qu'ils continuaient leur marche sur le chemin escarpé.
Quelques mètres plus loin, il n'y avait plus de traces des grottes. Ils marchaient littéralement aux pieds d'un des aqueducs dont leur avait parlé Iorveth. Aujourd'hui, c'était devenu un nichoir à harpies. Enfin, les hauts murs de pierres grossièrement taillés apparurent au bout de la route. Ils s'arrêtèrent devant une portion de mur avec un trou et l'escaladèrent rapidement et en silence malgré leur équipement et bagage.
Ils étaient dans la cité.
Ou plutôt, dans les bords extérieurs. Eux, ils étaient là pour Philippa et Saskia, donc, ils devaient pénétrer plus profondément dans la ville. Du côté des quartiers principaux. Thatch se désigna en tant qu'éclaireur. Pendant que le groupe l'attendait dans une pièce à ciel ouvert qui n'avait qu'un mur, recouvert de végétation d'altitude encore debout pour les masquer du reste de la cité, le vampire se rendit invisible et partit à l'aventure.
Il revint plus tard avec des nouvelles :
- Radovid a mis la main sur Philippa. Si on la veut, faudra pénétrer dans le camp redanien. Quant à Saskia, je l'ai trouvée avec Sheala qui lui a littéralement dit de fermer sa gueule et de faire ce qu'on lui disait. J'ai croisé aussi Vernon Roche, qui recevait un rapport concernant les héritiers de Foltest. Je me suis pas attardé.
- Je dois aller voir Roche, dit d'une voix sombre Ace.
Marco le regarda, puis s'adressa à Iorveth et Thatch :
- A vous deux, vous pouvez gérer l'infiltration pour chopper Eilhart ?
- Si c'est avec Thatch, rien n'est impossible, assura l'elfe avec un sourire mauvais.
Le vampire le lui rendit.
Marco donna avec une certaine résignation la clef des menottes à Ace.
- Tu connais le risque. Je sais que ça te manque, mais prends garde, yoi.
- Seulement en dernier recours, confirma le D. en prenant la clef.
Il se tourna ensuite vers Geralt pour lui proposer de se joindre à lui pour aller à la rencontre de Roche.
- J'ai une dette envers lui, de toute façon, répondit le Loup Blanc. Et toi, Marco ?
- Je vais surveiller discrètement Saskia. On se retrouve rapidement quand on a fini nos tâches.
- En attendant, il faut qu'on avance et la première chose qu'on va rencontrer, ce sont des gargouilles. Vu qu'elles ont tiqué les deux fois que j'ai traversé la zone qu'elles surveillent, il y a de fortes chances qu'elles attaquent si on les croise, informa le vampire.
Pour toute réponse, les deux sorceleurs se saisirent de leur glaive en argent.
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Iorveth et Thatch s'arrêtèrent au détour d'une ruine en voyant un groupe de soldats redaniens discutant de Philippa. Ils restèrent cachés dans l'angle d'un mur et écoutèrent :
- Ils ont bâillonné Philippa en un rien de temps. Elle a failli jeter un sort. Elle pourrit dans un donjon du campement redanien, maintenant. Ils sont allés jusqu'à lui passer des fers spéciaux.
- Sa Majesté Radovid fait bien de montrer leur vraie place à ces sorcières !
- Je me demande ce qu'ils vont faire d'elle. Soit le bourreau, soit les monstres, je suppose. On raconte que les bas-fonds de Loc Muinne sont pleins de saloperies en tout genre.
- Je sais pas pour quelle raison ils l'ont enfermée, mais toutes ces magiciennes sont coupables de quelque chose !
- C'est bien vrai. On verra personne pleurer pour elle. Sauf peut-être le Chat Noir, et encore, si cette catin de sorceleuse est encore vivante, elle pleurera de pas avoir zigouillé Philippa elle-même.
Thatch serra les poings pour se retenir d'en coller une à ces soldats. On ne parlait pas comme ça de son frère.
- Les donjons sont le lieu parfait de résidence pour Philippa Eilhart, marmonna Iorveth entre ses dents serrées. Mais je dois admettre que la potence lui irait encore mieux. Mais si c'est ton frère Portgas qui s'en charge, je serais très satisfait.
- On doit intervenir avant que Radovid ne veuille la présenter à un bourreau, sinon, on peut dire adieu à l'idée de sauver Saskia. Si Shiva n'a rien dit, c'est qu'elle ne peut rien pour notre héroïne à écaille.
- Tu as vu la sécurité ?
- Vaguement. Mais de loin, ça ressemble presque à ce pourrait surveiller la chambre à coucher de l'Empereur. Entrer ne sera pas facile.
- Je ne suis pas pressé de visiter la chambre de l'Empereur, sauf pour lui mettre une dague dans la gorge en remerciement pour son échec à Brenna. Mais d'une façon ou d'une autre, on doit entrer dans ces donjons.
- Les égouts, très certainement ?
- Possible, oui. Cherche un passage, de mon côté, je vais partir en quête des quartiers de Eilhart. Si elle ne s'attendait pas à se faire capturer, il devrait y avoir des choses intéressantes. Les égouts reliaient chaque coin de la ville, même si beaucoup de chemin ont dû s'effondrer avec le temps et l'incendie.
- On se retrouve vite ?
L'elfe se contenta de hocher la tête avant de partir de son côté dans les rues sinueuses et labyrinthiques de Loc Muinne. Thatch le regarda partir et se rendit invisible. Il avait une magicienne à retrouver.
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S'il y avait bien une chose que Marco savait faire et avait affiné durant toutes ces années, c'était laisser traîner ses oreilles et écouter. Il avait déniché un cortège de nobles venant d'Aedrin et les avait espionnés. De ce qu'on entendait, Saskia n'était plus à la tête de seulement Vergen, mais de tout Aedirn dans son ensemble. Comment ? Bien bonne question. Il y avait aussi qu'on ne les prenait pas au sérieux. On voulait discuter avec du sang royal, et Stennis aurait fait l'affaire. Mais dans la situation actuelle, avec le prince héritier mort, personne ne les laisserait s'approcher de Natalis qui était la tête de la régence du royaume de Téméria. Quant à Radovid, il n'avait pas daigné leur offrir une audience. Qu'est-ce que ça aurait été si on avait eu encore Henselt dans le jeu ?
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Heureusement qu'il n'y avait aucune patrouille. Les deux sorceleurs avaient la capuche de leur cape de voyage sur le crâne. Certes, cela attirait l'attention, mais ils n'étaient pas les gens les plus bizarres dans Loc Muinne.
A pas rapides et au moyen d'un peu d'escalade, ils avaient trouvé la place centrale de l'ancienne citée. Lieu où désormais, on avait implanté un marché pour l'occasion. Mages, nobles et catins s'y baladaient. C'était l'occasion ou jamais de gagner gros et de se tenir informé les dernières actualités du continent. Parce qu'avec la signature du traité prévu par les mages et magiciennes, c'est toute la politique du nord qui serait remise en question.
Sur la place, de longues tapisseries avaient été ajoutées le long des murs, à proximité de portes lourdement gardées, pour signaler les campements des différents royaumes. Sur la gauche, au plus proche, on avait la licorne noire sur fond jaune représentant Kaedwen. Vu qu'il n'y avait plus d'héritier et que Henselt était mort, ce devait être un nobliau quelconque, un lointain parent du précédent souverain, qui cherchait support à Loc Muinne pour prétendre au trône. Ou alors, c'était la cachette de Sheala et/ou Dethmold. Un peu plus loin, à droite, on avait une bannière rouge avec un aigle royal et son écu, symbole de la Redania.
Et dans un coin de la place, à proximité des portes de l'enclave kaedwenienne, on avait deux hommes qui se disputaient devant une colonne. Vernon Roche, égal à lui-même, qui serrait les dents, et…
- Aryan ? reconnut Ace en s'arrêtant net.
Geralt plissa les yeux. Oui, il reconnaissait Aryan La Valette. Il avait repris du poil de la bête depuis son emprisonnement et il brandissait de nouveau l'armure aux couleurs de sa famille. Et vu sa façon de parler à Roche, il devait lui passer un sacré savon. Sans rien dire, d'un même pas, les deux mutants marchèrent vers le duo qui s'arrêta en les voyant venir.
- Je ne m'attendais pas à ce que tu aies survécu à l'explosion, commenta Geralt en faisant tomber sa capuche.
- Sorceleur Geralt, je ne m'attendais pas à ce qu'on se retrouve de nouveau, nota le jeune noble. Je pensais que seuls les chats pouvaient atterrir sur leurs pattes, mais il faut croire que les loups ont aussi ce talent.
- Je dois prendre comment la remarque ? demanda Ace.
Et il fit tomber à son tour sa capuche. Les yeux d'Aryan s'écarquillèrent et il s'inclina profondément sur la main du mutant.
- Dame Anabela.
Avec un claquement de langue, le D. retira sa main de la poigne du jeune homme et croisa les bras dans un geste de protection.
- Quel est le sujet de la dispute ? se renseigna Geralt.
Vernon regarda Aryan qui eut un rictus tremblant en réponse. En soupirant, le soldat leva la tête haute et avoua :
- J'avais confié à mon meilleur agent, en dehors de Cyn, la tâche de mettre en sécurité les deux enfants. Seulement, leur cortège a été attaqué et Bussy est mort dans l'assaut.
Geralt retint Ace avant qu'il ne se jette sur Vernon pour le réduire en charpie. Cela expliquait l'expression d'Aryan. Même si le garçonnet était né d'un adultère de sa mère avec le défunt roi, il restait son petit-frère. Mort à tout juste sept ans. Si le siège n'avait pas eu lieu, l'enfant serait toujours vivant, et grandirait avec sa famille. Cela expliquait aussi qu'Ace veuille tuer Roche. Certes, c'était Anaïs sont Enfant Surprise, mais il avait dû être proche du reste de la famille, dont Bussy.
- Et la fillette ? demanda Geralt.
- Elle est vivante, mais…. commença Roche pour se faire couper par un Aryan colérique.
- Elle est prisonnière du pire monstre existant. La politique.
Ace plissa les yeux. Quand il était question de politique ici, ça revenait à avoir affaire à des emmerdes dignes de ce qu'aurait pu concocter Doflammingo. Ou le Gouvernement Mondial. Et dans les deux cas, ce n'étaient jamais de bonnes nouvelles. Mais lui dire que cette fois, c'était une gamine à laquelle il s'était attaché qui se retrouvait impliqué dans tout ça…
Roche leur donna un petit éclairage du merdier :
- Sans Anaïs, la Temeria sera déchirée de l'intérieur entre les différents nobliaux, avec Radovid, de par son union avec Adda, qui y mettra certainement son nez pour avoir la plus grosse part du gâteau. Mes informateurs m'ont dit que Henselt n'est pas revenu de Vergen, c'est donc un charognard de moins, mais c'est encore frais. On se jettera sur l'état qui est le plus profondément enfoncé dans le chaos ici.
- Et où est Anaïs ? demanda d'une voix froide le D. Tu parles de mon Enfant Surprise. Je tiens à cette gamine autant qu'à mon petit-frère, ce qui veut tout dire. Alors, fais très attention à ce que tu dis.
Pour toute réponse, Roche pointa l'enclave de Kaedwen.
- Elle devait être conduite ici. Henselt avait certainement prévu de l'utiliser comme otage pour s'approprier une large part de Temeria. Sans parler que si on la libère, deux options s'offrent à nous pour sa sécurité, expliqua le soldat. Radovid, et ainsi, la rapprocher de la reine Adda la Blanche, ou Natalis en la gardant sous la protection de la Temeria, mais la mettre à porter des complots de la cour, puisque le baron Kimbolt et le comte Maravell feront le nécessaire pour se rapprocher d'elle et soit parvenir à lui arracher une promesse de mariage afin de se faire couronner roi, soit la faire disparaître et se libérer le chemin du trône d'un potentiel concurrent.
- Confier la fillette à Radovid revient à lui livrer la Temeria sur un plateau, pointa Geralt.
- Je vous descends sur le champ si vous me confirmez que vous considérez que c'est vraiment une option de lui remettre la garde d'une enfant de dix ans héritière d'un pays entier ! gronda Ace.
Vu qu'on sentait son Haki juste sous la surface, il était tout à fait sérieux. Cela tira un déglutissement nerveux des deux hommes.
- Si vous faîtes ça, soit elle sera rapidement tuée dans un accident et Adda deviendra la dernière héritière, soit c'est Adda qui y passe et Anaïs se retrouvera mariée, violée et enceinte avant même d'avoir eu ses premières règles, sans que personne ne se bouge pour s'opposer à Radovid ! Je ne vous laisserai pas faire !
- J'avais une troisième option, intervint Aryan.
Les deux mutants le regardèrent alors que Roche secouait la tête pour montrer son désaccord.
- Avec ce siège, nous avons presque tout perdu, il ne nous reste qu'une villa dont nous avons héritée, en plein cœur de Novigrad. C'est certes à la frontière, mais ça reste le territoire de Radovid. Si Anaïs est cachée chez nous, rien n'empêchera le roi d'ordonner une fouille et la capturer. Mais si ma sœur est sur les routes, jamais au même endroit…
- Je croyais m'être montré clair en disant que je ne voulais pas qu'elle devienne une sorceleuse, rappela à l'ordre le D.
- C'est une option que je ne recommande pas, en effet, appuya Geralt.
- Je ne parle pas d'en faire une sorceleuse, seulement que dame Anabela la garde à ses côtés pour la protéger, le temps que le nid de vipères, qu'est la cour de Temeria, soit nettoyé.
- Même si ça reste un accord secret, tout le monde s'y opposera. Le Chat Noir a une très mauvaise réputation, pointa Vernon. Je t'accorde que Thaler t'apprécie, sorceleuse, mais en soit, ce n'est pas forcément une bonne chose.
- Mais j'ai des trucs à faire, je peux pas me permettre d'impliquer Anaïs dans tout ça ! Oi, je traîne avec des Scoia'tael, j'ai pas peur ou honte de le dire ! Roche a raison, c'est pas une bonne chose pour l'héritière du trône d'un des principaux royaume du nord ! protesta le brun.
- Mais il est certain qu'au moins, elle sera en sécurité. Surtout si on prend en compte ton clan, réfléchit Geralt. Et même s'il se présente ouvertement comme un Scoia'tael, ton époux à une trop grande importance et réputation depuis Sodden et Brenna.
- Epoux ? répéta Aryan comme s'il venait de se prendre une claque.
- Quand je te disais que j'étais déjà marié, je disais pas ça pour avoir une excuse facile afin de te rejeter. C'est la vérité. Mon alliance, c'est pas du chiqué, soupira le Chat Noir en montrant l'anneau à son doigt visible grâce à sa mitaine.
- Et c'est qui l'homme en question ? se renseigna Roche.
- Marco, sourit avec fierté le brun. Le meilleur médecin du nord.
En grognant, Roche porta une main à son visage alors qu'un air résigné tombait sur le visage de Aryan.
- Je suis d'avis d'aller chercher Anaïs, puis de la présenter à Natalis. Et de laisser la gamine choisir, annonça Geralt avec un ton de finalité. C'est sa vie qui est en jeu. Elle est certes jeune, mais elle est l'héritière du trône. Il est malheureusement temps pour elle de prendre sa vie en main.
Vu que c'était la meilleure idée du lot, personne ne protesta. Ace se dégagea de la prise de son camarade et se déchargea de ses affaires.
- Qu'est-ce que tu fais ? s'enquit le Loup Blanc.
- Je vais tout brûler, répondit un peu trop calmement le Chat Noir.
Et il mit son inimitable chapeau noir sur son crâne, bas sur ses yeux pour les masquer.
- Tu connais les risques. J'ai promis de te surveiller.
- Oh ta gueule, pas besoin de me le rappeler. Toi, garde-moi ça.
Et Aryan se retrouva avec les menottes de kairoseki dans ses mains et avec la clef allant avec, pour sa grande incompréhension.
- Et toi, tu gardes mes affaires, ordonna le D. à Roche.
- Eh ! eh ! eh ! Tu joues à quoi ! s'indigna le soldat.
Grave erreur parce qu'il se prit une bonne droite dans la face, ce qui le fit tomber sur ses fesses.
- Si tu es encore en vie après tout ce… ce… ce merdier, c'est parce que Shiva m'a dit que tu étais important ! Alors, pousse pas ta chance, Vernon Roche ! Geralt, prépare Quen, je peux t'assurer que ça va chauffer. Littéralement.
Et sans un mot de plus, il tourna les talons. En secouant la tête, le Loup Blanc suivit le mouvement.
- Tu sais comment entrer dans le campement ? demanda Vernon en se remettant debout.
Ace s'arrêta.
- Je connais une route qui ne passe pas par la grande porte, continua le soldat.
- Passe devant. Fissa.
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D'accord, il admettait, même lui qui était un vampire, et donc devrait être habitué aux trucs les plus étranges qui soient, ne s'attendait pas à trouver un visage de feu sur une porte. Heureusement qu'il était invisible, parce qu'il ne voulait pas découvrir qu'il s'agissait d'un système de surveillance. Ou de sécurité. Si ce n'est les deux.
Pataugeant dans l'eau croupie, le vampire continua son exploration du réseau d'égouts. Il allait bien finir par trouver Eilhart !
Il ouvrit la première grille qu'il trouva sur le chemin, escalada pour entrer dans un nouveau tuyau et continua son avancée. Sur son chemin, un charognard se retourna, comme perplexe. Il entendait les bruits que faisait Thatch, mais il ne le voyait pas pour autant. Quand il voulut le suivre, il se retrouva transpercé par un katana empli de Haki dans la tête. Quand la bête explosa, le pirate était déjà loin.
Les minutes tiquaient pendant qu'il essayait de ne pas se perdre dans ces lieux puants et humides. Il préférait l'air salin en haute mer, pas ce truc chargé de déchets de dieu seul savait quoi.
Enfin, il entendit des bruits d'amures.
Il était proche de la surface.
Il sauta dans un nouveau conduit et chercha l'origine du bruit pour trouver enfin l'air frais. Doucement, il se rapprocha et trouva ce qu'il cherchait. Les cellules de l'enclave redanienne. Radovid faisait même le plaisir d'une petite visite. Face à face avec Philippa Eilhart.
La façon dont elle salua le souverain, avec une rage à peine contenue, en disait long sur la relation du roi qu'elle devrait normalement conseiller.
- J'ai attendu bien longtemps cette réunion, informa Radovid. Tu es parti si subitement de Tretogor que je n'ai même pas pu te transmettre mes vœux de bon voyage que tu méritais tellement, pourtant.
- Votre majesté, j'ai du mal à comprendre la raison pour laquelle j'ai été arrêtée, dit la magicienne avec une voix douce et soyeuse. Je pense pourtant avoir très bien servi les intérêts de Redania : j'ai aidé la révolte contre l'autorité d'Aedirn et mis en échec Henselt, mettant en péril ma propre vie et réputation pour vous servir.
Il était clair qu'elle cherchait à manipuler le jeune souverain pour sauver sa vie. Mais malheureusement pour elle, cela ne marchait pas.
- Je ne suis plus le petit garçon qui croyait à la moindre de tes paroles.
- Pourquoi faîtes-vous cela, Radovid ? J'étais là quand vous en aviez le plus besoin ! Sans moi, vous ne seriez pas l'homme que vous êtes aujourd'hui… je ne comprends pas.
Il y avait presque un sanglot dans les derniers mots de la magicienne. On pouvait presque croire qu'elle avait un cœur au fond de sa poitrine de glace. Thatch s'avança à peine plus dans les donjons pour mieux voir ce qu'il se passait. Philippa était au fond d'une cellule, les mains liées dans le dos, la tête haute, affrontant le souverain, tout aussi orgueilleux qu'elle, qui lui faisait face dans son armure dorée. Le regard du seigneur était froid, calculateur et le maigre sourire qu'il avait sur le visage exprimait une certaine satisfaction.
- Oh, mais tu comprends parfaitement. Sais-tu que j'ai embauché le Chat Noir pour ta tête ? Dommage pour elle, j'ai été plus rapide. Il s'avère que je sais que tu as conspiré contre mon père, Vizimir, mais aussi contre moi. Autrefois, l'entière cour de Redania tremblait d'effroi devant toi.
- C'est totalement faux, mon seigneur ! Laissez-moi m'expliquer ! Quelles sont vos preuves, votre majesté ?!
- L'ambassadeur du Nilfgaard, avant qu'il ne disparaisse dans d'étranges circonstances, a bien voulu me transmettre une liste complète des personnes d'intérêts composant la Loge des Magiciennes, une organisation secrète. Ils se sont occupés de leurs traîtresses locales, et ont fait parvenir, à nous, tous les souverains du Nord, la liste des autres membres de cette société. Et il s'avère que c'est la Loge qui a commandité l'assassinat de Demavend, puis de Foltest ! Henselt est mort durant la bataille de Vergen, et je suis persuadé que tu n'es pas étrangère à cela, tout comme tu as joué dans la mort de mon père ! Et je sais aussi que ce qui fait que je suis encore en vie, devant toi, ce sont tes entraves en dimeritium qui te coupent ta magie.
Un rire sombre s'échappa de la gorge du souverain qui savourait sa vengeance.
- Tu es finie, Eilhart. Tu seras jugée, comme le veut la tradition, mais tu n'échapperas pas à cet enfer. Tu seras amenée devant la cour pour avoir conspiré et trahi ton royaume, et pour avoir commandité des régicides. Je te ferai écorcher lentement avant que tu ne finisses par brûler sur un bûcher.
Il se rapprocha juste assez pour la saisir par le menton, ses dents révélées par un rictus féroce.
- Durant toute mon enfance, j'ai senti le poids de ton regard froid sur ma nuque. Quand je donnais des ordres, mes sujets regardaient toujours Philippa Eilhart avant d'obéir, afin de savoir si elle était d'accord. L'entière cour de Tretogor se contentait d'observer durant toutes ces années où tu m'humiliais. Tout Redania riait de moi, dans mon dos.
Il resserra sa prise, faisant grimacer la magicienne.
- Tu m'as appris à regarder les gens dans les yeux, les forcer à détourner le regard. T'en souviens-tu ? Un souverain ne doit montrer aucune faiblesse, aucune hésitation, tu disais. Je suis passé maître dans ces compétences. Pourtant, il y a une personne que je n'ai jamais réussi à faire s'incliner. Toi.
Radovid la relâcha et recula d'un pas.
- Tu as une chance d'abréger tes souffrances. Tout avouer, ici et maintenant. Regarde-moi dans les yeux et avoue tes crimes. Incline-toi.
Pour toute réponse, Philippa détourna le visage avec un petit souffle hautain du nez.
- Comme tu le souhaites. Bourreau, retirez-lui ses yeux maudits.
- Vous faîtes une grave erreur, Sire ! s'exclama Philippa alors qu'un soldat entrait dans la cellule en compagnie du bourreau qui avait une petite cuillère pour seul outil dans sa tâche.
Thatch grimaça mais se força à rester calme. Il ne devait pas trahir sa présence.
Bientôt, les hurlements de la magicienne avec les bruits de chair se répercutèrent partout dans l'enclave. Le roi observa avec une satisfaction sadique l'action, avant que les yeux de la femme ne soient jetés dans un coin. Philippa s'effondra lourdement par terre, saignant abondamment de ses orbites désormais vides.
- Cette conversation sera terminée plus tard, sorcière.
Et le roi s'en alla, laissant quelques soldats en surveillance.
Et bientôt, tous moururent la gorge tranchée proprement. Les avantages d'être invisible. Ignorant les questions et les hoquets de douleurs d'une Philippa qui ne savait pas ce qu'il se passait autour, Thatch se mit à fouiller partout. Il trouva sur l'un des corps la clef de la cellule et alla ouvrir à Eilhart.
- Tu sais ce qu'on dit chez moi, Eilhart. Karma is a fucking bitch. Et on dirait que tu en as fait les frais.
Il lui attrapa le visage dans sa main et observa ses orbites vides et sanglantes qui continuaient de se déverser sur ses joues.
- Cette voix… le vampire… aide-moi ! Je dois sortir d'ici !
- Peut-être. Peut-être pas. J'ai besoin de quelques réponses, d'abord. Tu sais, on est tous venu à Loc Muinne. Que ce soit Marco, Iorveth ou Ace. Ooh oui, Ace sera ravi de te revoir. Surtout si cette fois, tu n'as pas la magie dans ton camp.
- Aucun de vous n'a le droit ou le pouvoir de me juger !
- Mais tu sais, les criminels de notre engeance n'en ont rien à foutre de ce qu'ils ont le droit ou pas de faire. Ce droit, si on l'a pas, on le prend. Allez, tu sais pourquoi je suis ici. Shiva a déjà décodé le fonctionnement de ton sort, comme quoi, il est à la portée d'une diseuse de bonne aventure… rageant, n'est-ce pas ?
La magicienne se contenta de grogner.
- Si féroce, même en position de faiblesse. Donc, on sait que la volonté de Saskia est calquée sur la tienne. Elle t'est toute offerte, profondément amoureuse. Un esclavage cruel pour une création de la nature et de la magie aussi puissante, bienveillante, valeureuse, honorable et sympathique qu'elle. Je doute que tu le regrettes, vu que des années après, tu trouves toujours aussi appétissant ce que tu as fait subir à Ace. Alors, réponds à mes questions. Où est Saskia ?
- Quand j'ai été arrêtée, elle était avec Sheala. Elles doivent être en chemin vers les délibérations au moment où nous parlons.
- Tu m'aides pas, tu sais.
- Pourquoi fais-tu ça ! Es-tu capable de tomber aussi bas pour te venger sur une aveugle !
Elle eut sa réponse quand le vampire lui cogna son visage contre la pierre, la faisant de nouveau hurler.
- Tu t'en es pris à quelqu'un d'affaibli pour lui faire subir des atrocités, le torturer, le briser, le violer et le voler. Tu crois vraiment que c'est parce que tu n'as plus tes yeux que je vais me retenir ? Maintenant, dis-moi ce que je veux… comment est-ce que je peux lever le sort de Saskia ?
- Détache-moi et passons par les égouts. Nous devons nous rendre dans mes appartements pour récupérer ce qu'il faut pour la libérer.
- Mais oui, c'est ça. Ok, on va rejoindre tes quartiers, mais ça ne sera pas une promenade de plaisance. Tu veux savoir pourquoi ? Parce que tu vas garder ces menottes. Ce qui veut dire que des deux, je suis le seul qui peut devenir invisible. Donc, toutes les saloperies dans les égouts, et les gardes, eh bien, ils seront là pour toi.
Et sans la moindre délicatesse, il la tira sur ses pieds, lui tenant fermement les mains dans le dos. Il l'entraîna dans les égouts où Iorveth les attendait après avoir nettoyé au maximum les environs. Il remarque les orbites ensanglantées de la femme et s'enquit sur le coupable.
- Radovid. C'est un cadeau de remerciement bien chaleureux envers la personne qui s'est occupée de lui depuis qu'il est marmot, répondit le vampire.
Il se pencha vers la femme et passa sa langue sur le sang qui avait coulé sur la joue pâle de la magicienne qui eut un petit cri d'effroi.
- Ce qui explique que je vienne de le voir avec son escorte en route pour la réunion, en sifflant un air joyeux, comprit l'elfe.
- Sortez-moi de là et des mains de cette sangsue ! exigea Philippa.
- Ta gueule, sorcière ! exigea l'elfe. Tu es en vie seulement parce qu'on a encore besoin de toi !
- Qu'est-ce qu'il en est de l'état de Saskia ? se renseigna Thatch. Parle, ou ce sont mes crocs dans la gorge. Je peux te sucer le sang jusqu'à ce que tu perdes connaissance et continuer périodiquement à me nourrir. Te garder comme une gourde de sang avec mon nom dessus. J'ai besoin de toi vivante, mais rien ne m'empêche de te faire mal. Et je suis certain qu'Ace m'aidera dans cette mission. Alors… où en est Saskia ?
- Elle… elle a pour ordre d'obéir à Sheala, déglutit la femme.
- Elles seront aux négociations ?
- Oui. Sheala doit s'assurer que tout se déroule selon les plans de la Loge.
- Et quels sont-ils ? siffla Iroveth.
Thatch donna un nouveau coup de langue sur la peau de la magicienne, cette fois, sur sa gorge, la faisant frissonner devant la menace silencieuse.
- Elle doit s'assurer que le Conclave des Mages est bel et bien reformé et qu'un état puissant et indépendant soit formé, avec Saskia en leader.
- Dans quel but ?
- Un rempart, une défense face au Nilfgaard. Après des années de chaos et destruction, le moment est venu de construire. Nous voulons régner, oui. Où est le mal à ça ? Tout le monde le désire ! Et je sais comment le faire, mieux que n'importe quel monarque présent dans cette citée.
Vu le peu de personne qui avait répondu à l'invitation et en prenant en compte les morts, des monarques, en ville, techniquement parlant il n'y avait que Radovid.
- Si j'ai bien appris une chose, c'est que les humains se méfient de ce qui est différent, et ça inclut les magiciennes. Aucune chance d'être reine, pointa le vampire.
- Les non-humains encore moins, pas après ce qu'a fait Findabair comme bordel, grinça le Scoia'tael.
- Mais je comprends l'intérêt pour Saskia à présent. Elle a le cœur de tous, elle fait donc la parfaite marionnette, c'est ça ?
- C'est une leader née, elle a la Marque des Rois qui dort en elle ! Et pourtant, elle n'a aucun instinct politique sans ce fichu oiseau pour la guider ! Elle est charismatique mais pas rusée, courageuse mais pas féroce, elle est juste mais manque de la cruauté requise…
- Ton parfait opposé, pointa très justement l'elfe.
- Certainement, mais les faits restent les mêmes. Ensemble, nous aurions été inarrêtables…
- Tente ta chance au Kovir, Vergen, c'est un projet utopiste que tu ne nous retireras pas, pointa Thatch. Et si on passait au plat de résistance ?
Iorveth s'appuya sur ses genoux avec ses mains, restant légèrement penché vers l'avant pour fixer les yeux absents de la magicienne avec son œil unique.
- Quel est l'objet qui coupera le sort et où est-il ? demanda froidement l'ancien de la brigade Vrihedd.
Philippa ne répondit pas.
Thatch resserra sa prise sur elle et la mordit, la faisant hurler de douleur quand les canines proéminentes du vampire trouèrent sa peau. Il but une gorgée de sang, et s'arrêta, toujours enfoncé en elle.
- Alors ? demanda Iorveth avec un maigre sourire d'amusement.
- C'est… c'est une dague… c'est une dague que j'ai enchantée dans ce but !
- Et où est-elle ?
- Dans mes quartiers, dans l'ancienne demeure de Geoffrey Monck. Dans un coffre sécurisé.
- Je sais où c'est, annonça l'elfe.
Thatch retira ses crocs de la gorge de la femme qui tomba comme une poupée de chiffon dans les bras musclés du vampire. Sans perdre un instant, il la balança sur son épaule comme un sac de patates et suivit Iorveth dans les galeries.
- Comment pouviez-vous être certain que j'ai déjà l'objet d'enchanté ? Pourquoi ne me demandez-vous pas la méthode pour la sauver ? fini par demander Philippa.
- Shiva voit beaucoup de choses et sait beaucoup de choses. Ce n'est pas parce que pratiquer de la magie est dangereux pour elle et nous tous, qu'elle est inutile pour autant. Et elle nous a rappelé une règle essentielle de sorcellerie. Quand on prépare un sort ou un maléfice, par mesure de sécurité, on doit avoir de quoi le défaire de préparé au préalable.
- Même si c'est une Aen Saevherne brisée, cassée, dysfonctionnelle, incompétente et tout ce qu'on peut penser, elle garde un grand savoir et de grands pouvoirs. N'insulte plus Shiva sans savoir, sale chienne, gronda Iorveth.
- En parlant de Shiva… entre nous, Iorveth. Isengrim, il a quelque chose pour elle, nan ? demanda à riant le vampire alors qu'ils avançaient dans l'eau croupie.
- Ne lui en parle pas si tu ne veux pas qu'il cherche à te tuer. Il refuse de l'avouer ou de l'admettre, même si je suis prêt à parier mon dernier œil qu'il est fou d'elle.
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Comme pour beaucoup de coins importants de la ville, les égouts permettaient d'entrer facilement et avec un semblant de discrétion là où on n'a pas forcément le droit de se rendre. Et c'était la même chose pour le camp des kaedweniens. Ainsi, ils trouvèrent une zone où le sol était effondré pour s'enfoncer dans l'immense canalisation, où ils pouvaient marcher tous les trois côte à côte, sans grande difficulté. Est-ce que considérer normal qu'un peuple de lézards humanoïdes comme les vrans fassent des égouts aussi immenses peut-il être vu comme une mauvaise blague ?
Je m'égare.
Donc, notre trio avançait dans l'égout jusqu'à une grille fermée à clef. Derrière, deux soldats en marron et jaune (parce que jaune et noir renverrait trop à Nilfgaard certainement) papotaient. Apparemment, Dethmold avait érigé une barrière qui coupait le son. Que pouvait-il donc faire derrière cette protection… La liche avait tout intérêt à avoir gardé son sexe loin d'Anaïs, ou il le boufferait cru après que le D. l'ait coupé avec une lame rouillée.
Bien entendu, ils se retournèrent en voyant le trio débarquer. Ils n'étaient pas discrets, il fallait l'admettre.
- Pourquoi êtes-vous ici ! interpella l'un des gardes.
- On a une affaire à régler avec Dethmold, leur dit Roche.
- Ouais, ben le mage est occupé et personne ne doit le déranger !
- Vous savez qui je suis ? s'enquit plaisamment Ace en relevant son chapeau avec un doigt.
- Une catin qui joue les dures ?
Les deux gardes eurent un rire gras au commentaire. Très mauvaise idée.
- Je suis Deith Ichaer. Le Chat Noir. Et vous savez, parmi tout ce qu'on dit de moi, le point le plus important que vous avez loupé ?
Un sourire foldingue montant sur les lèvres du mutant.
- J'ai tendance à n'en avoir rien à foutre des portes.
Et sans cesser de sourire, il traversa la grille, des flammes apparaissant çà et là sur son corps. Comme un serpent, ses mains jaillirent et attrapèrent le visage des soldats. Leurs hurlements d'agonie firent rire le D. assoiffé de sang.
Bientôt, deux corps à moitié calcinés tombèrent sur le sol.
- J'ai jamais entendu parler de sorceleurs capables de ce genre d'exploit, nota Vernon.
- Parce que je suis exceptionnel, rétorqua Ace.
- Ouvre cette porte, rappela à l'ordre Geralt. Le temps est contre toi, ne l'oublie pas.
- Tu me prives de ma liberté, salaud.
- Ace… soupira avec lassitude le plus vieux.
Mais le Chat Noir s'exécutait déjà. Il avait trouvé un trousseau de clefs sur l'un des corps et ouvrait la porte avec, sans qu'il ne réalise que Roche avait tiqué au nom que Geralt avait utilisé. La voie fut ouverte et le D. s'empressa de faire fondre les gonds pour la bloquer.
- C'est toujours bon d'avoir une issue de secours viable, pointa le pirate à l'air interrogateur de son camarade mutant.
- J'aurais préféré qu'aucun invité indésirable ne vienne troubler la fête, grinça Roche.
- Plus on est, mieux ça sera. Plus de combustible pour réduire la zone en cendre.
- Je dois vraiment te demander de remettre tes menottes ? demanda froidement le Loup Blanc.
Ace lui envoya un regard sombre avant de prendre la tête du cortège. Ils remontèrent les égouts pour arriver dans l'enclave, surprenant des sentinelles postées en haut d'un mur. Les traits d'arbalètes passèrent au travers le logia pendant que Geralt se devait de parer pour lui et Roche (la capacité de pouvoir dévier un carreau ou une flèche en plein vol était un talent que seuls des sens et des réflexes de haut niveau pouvaient permettre et ce n'était certainement pas à la portée d'un humain). Vernon, quant à lui, eut l'idée renversante de jeter son épée droit sur l'un des arbalétriers, le touchant grièvement. Avant que son camarade ne puisse réagir, le soldat avait couru jusqu'au bas du mur où Geralt lui fit la courte échelle pour l'envoyer sur le promontoire. Le garde survivant tenta d'attaquer le commandant des Stries Bleus qui se contenta d'user de l'élan de son assaillant pour le jeter en bas, juste à côté du Loup Blanc qui acheva le voltigeur involontaire avec un bon coup de glaive.
Et pendant ce temps, Ace avançait toujours, brûlant tout sur son passage. Même la pierre se liquéfiait sous ses pas. Les soldats cuisaient dans leur armure et finissaient par en mourir, quand Hiken n'avait tout simplement pas pitié d'eux et les achevait… toujours dans les flammes. Un mage, certainement l'apprenti ou l'assistant de Dethmold, tenta de se mesurer à lui. Pour finir en torche humaine à son tour. Roche rejoignit Geralt qui marchait à distance raisonnable de son camarade mutant pour ne pas se faire brûler.
- Quand on voit ça, on comprend un peu mieux comment Rivia a fini en cendre, commenta le Strie Bleu.
Le Loup Blanc ne répondit pas à la remarque.
Tout autour, les tentes des gardes se consumèrent dans un joyeux brasier. Clairement, s'ils avaient voulu être discrets, c'était raté. Tout Loc Muinne devait se douter qu'il se passait quelque chose dans l'enclave de Kaedwen.
C'était aussi intéressant. Geralt ignorait si c'était l'instinct, le hasard ou le Haki, mais Ace semblait savoir où aller. Il porta ses pas vers un escalier s'enfonçant dans un bâtiment encore debout de l'ancienne splendide cité, pénétrant dans un hall d'entrée sombre, seulement éclairé par les bougies d'un autel. Entre les lueurs vacillantes, le portrait de Henselt les fixait d'un air hautain depuis le mur. Le corps du souverain avait certainement fini dans l'estomac du couple de troll et Shiva avait promis de faire très bonne usage de la tête du stupide souverain.
En un regard, Ace détourna les flammes des cierges pour les faire mettre le feu à la toile, avant de se tourner vers la droite. Dans un recoin de la pièce, dans un renfoncement, un mur magique translucide avait été dressé, formant une cellule de fortune. Et dedans, blottie contre un mur en pierre, masquant tant bien que mal une lame sous sa robe sale et déchirée, on voyait une fillette d'une dizaine d'années. Une fillette très familière. Le D. s'approcha de la barrière et l'examina. Immédiatement, l'enfant se redressa et se jeta en courant sur la séparation d'un bleu translucide. Dans un violent éclat de lumière, elle fut rejetée vers l'arrière, au sol. Elle se releva plus vite qu'on ne l'aurait cru pour une enfant de son âge, montrant déjà une certaine résistance.
- Anaïs ? Tout va bien ? s'inquiéta Ace en s'accroupissant à son niveau.
L'enfant hocha la tête et répondit quelque chose en s'époussetant, mais aucun son ne leur parvint, faisant jurer le D. avec frustration.
- Le mage est responsable de ça, allons le trouver, proposa Roche.
- Tu restes ici ? se fit confirmer Geralt à son ami.
- Oui. Anaïs est ma priorité, le reste, j'en ai rien à foutre, siffla le brun. Ramenez-moi juste sa tête. Shiva s'est mise à la fabrication de têtes réduites ces dernières années.
Vernon retint un reniflement hilare. Avec Geralt, ils se tournèrent vers l'autre côté de la pièce : un couloir menant plus loin à une pièce éclairée, avec de la vie dedans, si le Loup Blanc en croyait son Haki. Ils marchèrent aussi silencieusement que possible dans cette direction et bientôt, la voix nasillarde et hautaine du mage leur parvint. Dans l'ouverture, ils purent le voir. Il était assis à une coiffeuse, devant un miroir, se refaisant une petite beauté, tout en commentant comme une vieille mégère sur les diverses personnalités venues à la réunion de Loc Muinne. L'autre personne dans la pièce était un homme jeune, squelettique, le crâne rasé. Il portait des signes évidents de maltraitance, le désignant certainement comme un serviteur de bas niveau, si ce n'est un esclave. Son manque d'habillement et sa posture rigide, si ce n'est effrayée et brisée, disait clairement quel était son rôle dans la chambre à coucher du mage. Quand celui-ci se leva en disant clairement qu'il avait le temps pour profiter encore une fois du pauvre homme, les deux combattants foncèrent dans la pièce, surprenant le mage. Avant qu'il ne puisse user de sa magie, Vernon lui donna un bon coup de poing. Le magicien tenta bien d'attaquer, mais Geralt lui attrapa un bras qu'il brisa sans remords.
Bientôt, Dethmold était à terre, à pleurer et gémir sur son bras cassé, les insultant et les suppliant. Vernon tira un couteau de sa ceinture et lui administra une justice assez adéquate. Avec l'aide de Geralt qui gardait le mage sous contrôle avec Yrden, le soldat ouvrit les robes de l'immonde individu et lui découpa testicules et pénis en faisant son possible pour infliger un maximum de douleur, tirant un grand plaisir dans les hurlements de sa victime. Enfin, il l'acheva en lui tranchant la gorge.
L'homme sur le lit se laissa tomber de l'autre côté pour aller se réfugier dans un coin de la pièce et pleurer. Des pleurs rauques et hystériques de soulagement et de peur. Sans un regard pour lui, Roche quitta la pièce quand Geralt détacha sa cape de voyage et la posa sur une étagère à proximité.
- Tu en auras plus besoin que moi.
Et il suivit Vernon.
La barrière magique n'était plus. Anaïs était déjà dans les bras d'Ace qui la serrait contre lui comme s'il n'avait plus l'intention de la laisser repartir. Et ce qui conforta que la petite et Ace devaient être très proches, c'est que l'enfant parlait japonais. A force d'entendre parler le groupe, il avait fini par réaliser les nuances qu'il percevait qui disait quand quelqu'un utilisait le langage commun et quand il était question de cet autre langage et que le sort de Triss le traduisait pour lui. Autre point qui disait que la relation entre Anaïs et Ace était forte, la gamine n'appelait pas le sorceleur « Anabela » ou même « Ann », mais « Ace », en plus de se référer à lui comme un grand-frère. Quand la petite remarqua Roche et Geralt revenir couverts de sang, elle se réfugia un peu plus contre Ace et brandit son poignard. Une lame courte et légère, mais solide. Pas de quoi tuer quelqu'un, mais si on visait bien, elle pouvait blesser suffisamment pour offrir une diversion ou donner une ouverture pour fuir.
- Tout va bien, Anaïs-chan. Ils sont avec moi, rassura Ace en posant une main douce sur l'épaule de la fillette en revenant au langage courant. L'homme en bleu, c'est Vernon Roche, le commandant des Stries Bleus. Il travaillait pour Foltest.
- Votre altesse, salua Vernon en s'inclinant profondément.
Il conserva une certaine distance avec l'enfant, conscient qu'il lui faisait peur. Il ne voulait pas l'effrayer plus.
- Le grand aux cheveux blancs, c'est le sorceleur Geralt de Riv, de l'École du Loup. Un très bon ami à moi.
- Je… je me souviens de vous... chuchota Anaïs en regardant Geralt. Vous étiez là quand… quand ce… cet homme à…
Et elle inspira profondément pour ne pas pleurer. Ace déplaça sa main de l'épaule au dos de la gamine pour la soutenir.
- Enchanté de te revoir, même si ça aurait été mieux dans d'autres circonstances, salua Geralt en s'accroupissant à son tour. On a quelques… mauvaises nouvelles pour vous, altesse, malheureusement.
- Ann me l'a dit, mais je le savais déjà. Je… je suis la seule… la dernière…
Intéressant. Maintenant qu'elle était entourée de personne dont elle ne savait rien, la gamine avait changé de nom pour protéger le secret du Chat Noir.
- Techniquement parlant, la reine Adda la Blanche peut prétendre au trône de Temeria, mais les anciennes familles le refuseront puisqu'elle est l'épouse de Radovid, expliqua Roche. Votre choix, altesse, changera le futur de notre nation. Vous pouvez pousser pour faire valoir vos droits au trône, et je serais votre bras-droit dans cette mission. Vous pouvez accepter l'offre de sa majesté Radovid de Redania, et ainsi, Temeria fera partie de son protectorat. Vous pouvez aussi renoncer à tout cela et laisser des petits nobliaux sans autorité se partager le pays comme des charognards se disputent une pièce de viande. Malheureusement, quelle que soit votre décision, altesse, vous ne pouvez retourner auprès de votre mère et de votre frère Aryan. On vous cherchera d'abord chez eux.
L'enfant leva des yeux hésitant vers Ace qui soupira.
- Je suis le Chat Noir. Ma réputation n'est plus à refaire, je suis toujours une mauvaise nouvelle. Si tu m'accompagnes, tu devras affronter les jugements et les dangers qui jalonnent la voie que suivent les sorceleurs, et rajouter à tout ça les ennuis que j'ai, dû à mon appartenance à l'Ecole du Chat, et enfin, ma mauvaise réputation. Sans compter que j'ai retrouvé des gens très importants pour moi, et que ces personnes-là ont beaucoup à faire à Vergen. Une fois notre raison de venir ici réglée, je repartirai pour le Haut-Aedirn. On en a déjà eu cette conversation, Anaïs-chan. Si tu viens avec moi, c'est en dernier recours, si tu n'as plus rien. Et là… tu as des options toutes autres qui s'offrent à toi.
Vernon soupira et s'accroupit pour se mettre à portée de la gamine qui s'était accrochée à la cape du D.
- D'un point de vue professionnel, et pour la mémoire de sa Majesté Foltest, je ne devrais pas dire ce que je vais dire, mais vous êtes encore une enfant, altesse. Et peu, à votre âge, ont la possibilité de choisir leur futur. Alors, peu importe les conséquences, je voudrais que vous réfléchissiez à ce que vous voulez faire de votre vie. Que voulez-vous faire ? Rejoindre votre sœur aînée Adda la Blanche et quitter la Temeria ? Retrouver votre frère et votre mère ? Suivre le Chat Noir à Vergen ? Ou alors, accepter votre héritage et monter sur le trône à votre tour, et pour ça, je vous conduirais personnellement à Jan Natalis et deviendrait votre homme de l'ombre.
Comme si elle cherchait un éclairage ou des conseils, la petite regarda Ace, avant de baisser la tête pour réfléchir. On lui laissa le temps. C'était son futur qui était en jeu, mais aussi celui d'un royaume entier.
Puis, elle ferma les yeux et inspira profondément.
Quand elle prit sa décision, on pouvait se dire que les enfants pouvaient être merveilleux et qu'il fallait les chérir parce qu'ils représentaient un espoir pour un monde meilleur.
- J'ai entendu bien trop souvent les gardes, les serviteurs et Ann parler de la vie hors de la baronnie. De la vie du peuple. Ann parlait souvent des non-humains, aussi. Père m'a raconté le soulèvement de Wyzima et l'aide que les Écureuils ont apporté durant l'incident…
Ils laissèrent l'enfant parler, même si le sourcil de Roche tiqua à la mention de l'intervention de Yaevinn.
- Je me dis que si je pouvais accéder au trône, je pourrais changer les choses. Les améliorer. Faire de la Temeria un pays dont on peut être fier. Où il fait bon vivre, peu importe ses origines.
- Ton groupe et toi, vous apportez des idées utopiques partout où vous allez, commenta Geralt à Ace.
- C'est un reproche ? s'enquit le D. en levant un sourcil.
- Du tout.
- Dans ce cas-là, votre altesse, je fais ma mission de vous épauler dans votre future tâche. Puisque vous comptez prétendre au trône, il nous faut donc nous rendre à la réunion, annonça Roche.
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Après une rencontre puante avec des monstres charognards dans les égouts, cela avait été les gargouilles qui leur avaient coupé la route dans les quartiers de Philippa. Puis, suivant ses indications, ils s'étaient rendus sur le toit, où un coffret en bois était exposé à la lumière de midi, au milieu d'un cercle de protection magique qui provoquait de temps à autres des arcs d'énergies menaçantes entre ses parois. Après l'avoir décrit à la magicienne, elle leur confirma que c'était bien ce qu'ils cherchaient. Pour l'ouvrir, il fallait allumer les chandelles dans un ordre bien spécifique. Et après ça, un simple sort serait suffisant.
Petit problème qu'ils n'avait pas prévu : aucun des deux ne faisaient de magie.
- Je vais allumer les bougies, puis on lui retirera ses entraves, décida le vampire devant le regard assassin que jeta l'elfe à Eilhart.
En suivant les directives de la magicienne, le vampire attrapa une bougie allumée sur un muret et se pencha vers le cercle à la craie avec cinq cierges, qui entourait le coffret ensorcelé. Quand, après avoir suivi l'ordre imposé par la magicienne, toutes les bougies furent allumées, une sorte de barrière translucide apparut. Elle était vaguement dorée par endroit et invisible sans un bon œil.
C'était le moment de libérer la magicienne.
Ils n'avaient pas le choix. Ce n'était pas une incantation pouvant être prononcée par n'importe qui. Il fallait un mage aguerri. Et ils n'avaient plus beaucoup de temps pour réfléchir, parce qu'entre ses yeux et le sang que Thatch lui avait pris, elle commençait à devenir vraiment pâlotte et risquait de s'effondrer d'un moment à l'autre. Alors, Iorveth prit sur lui de la libérer, après lui avoir dit ce qu'il risquait de se passer pour sa tête si elle cherchait à les doubler. Une fois la femme libre, il recula de deux pas et posa le tranchant de sa lame contre la nuque de leur otage. Une lame noircie par le Haki, donc, prête à tuer. Philippa tourna vaguement la tête vers lui, avant de se concentrer vers la zone où elle sentait dorénavant la magie. Elle incanta et manipula la magie pour libérer le coffret.
- Vous aurez beau lever le sort, elle ne sera jamais humaine, pointa la magicienne en continuant ses manipulations.
- Elle est bien plus qu'une dh'oine, cracha Iorveth. Elle est quelqu'un qui a réussi à rendre un peu d'espoir aux Aen Seidhe !
- Elle est un monstre. Si vous croyez vraiment qu'elle peut diriger d'elle-même une nation pleine d'humains et d'elfes…
- Thaess aep, daerienn 2 !
- Vous subirez tous les conséquences de votre stupidité !
Le Haki de Iorveth réagit juste à temps pour qu'il amortisse le coup et ne se fasse pas mal quand la magicienne réunit assez d'énergie pour l'expulser. Thatch voulut aller au secours de son camarade, mais la barrière était un peu trop solide à son goût. Et avant que l'elfe ne puisse se relever, Eilhart avait pris sa forme de chouette pour voler vers les hauteurs avant de disparaître dans un portail.
Un bruit derrière le vampire les firent se retourner.
A la place de la bougie central, il y avait désormais un élémentaire mécontent. Très mécontent.
- Et merde. Où sont les sorceleurs quand on a besoin d'eux ? gémit le vampire.
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1 : Iorveth a beau combattre les humains depuis un siècle environ, il reste un elfe très jeune. Il ne sait que ce qu'on lui a raconté. La vérité est, qu'en plus de tous ces facteurs, les Aen Seidhe ont aidé à la disparition du peuple en empoisonnant l'eau / nourriture avec un produit qui a rendu « stérile » la race. Il faut aussi savoir que ce fait (qui remonte à presque un millénaire, si ce n'est plus) a été caché par les coupables. Pourtant, on a des traces « archéologiques » tout autour de la vallée où est construite Loc Muinne, montrant que les elfes et les vrans se sont affrontés. Mais le karma a bien fait son boulot, puisque certains elfes ont ingéré ce poison, ce qui porte un coup dur à une race qui a déjà du mal à se reproduire. D'où le pourquoi les faits ont été masqués
2 : Ta gueule chienne
