Bonjour à tous ! On se retrouve aujourd'hui pour la suite des aventures de notre groupe. L'investigation du cas Strenger. Que cache donc le Baron sur sa famille.
Je vous souhaite une bonne lecture.
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Ils grimpaient à présent les marches pour rejoindre les chambres à l'étage. Marco et Geralt verraient pour la chambre de la mère, pendant qu'Ace et Mandos prenaient en charge la fouille de la piaule de Tamara.
- Pourquoi ne nous as-tu pas dit que c'est ton frère qui voyage avec Ciri ? demanda Geralt. Je t'ai remis son portrait, pourtant.
- Je voulais pas y croire. Et je sais pas moi-même comment réagir à sa présence ici. Il y a tant de choses à prendre en compte ! Comme la ligne temporelle, la sphère, tout ce joyeux bordel qu'est l'univers quand on parle de Ciri ! se justifia le brun avec un brin de frustration. Rien ne dit que le Luffy que Ciri se trimbale soit mon frère. Roger pourrait ne jamais avoir existé pour lui. Il y a trop d'inconnus. Et ça me fout mal. Sans parler que si c'est bien mon petit-frère, la dernière fois qu'il m'a vu, je me vidais de mon sang avec un trou dans la poitrine après avoir échappé à ma propre exécution publique.
- On sera fixé quand on le retrouvera, yoi, conclu Marco. Chaton, je te rappelle que nous sommes mariés. Si tu as un doute, quoique ce soit qui te taraude, je serais le dernier à te fermer la porte au nez.
- Je sais.
- Tu ne m'as jamais dit avoir donné une dague à Ciri, pointa Geralt alors qu'ils arrivaient devant les portes des chambres.
Le pirate mutant haussa des épaules en donnant l'une des clefs à son mari.
- C'était une commande spéciale que je comptais utiliser contre Eilhart, de base. C'était une paire. Une en acier, l'autre en argent. Toutes deux forgées avec un cœur en dimeritium. Vu que t'avais fait appel à Merigold pour filer un coup de main avec son potentiel de Source, je me suis dit que Ciri aurait plus besoin que moi de cette arme. D'une part, parce qu'elle avait déjà son épée en acier, et de l'autre, pour se défendre contre ces putains en robe de soirée que sont les membres de la Loge.
- Je croyais que Triss et toi, vous aviez fait la paix à Flotsam ?
- Non. On a fait une trêve pour sauver des vies, rien de plus, rien de moins. Je lui pardonne pas d'avoir voulu exploiter Alvin et de s'être servi de nous à Wyzima. Oui, je suis rancunier.
Et sans s'attarder, il déverrouilla l'autre chambre.
Marco le regarda faire, secoua la tête et donna un bon coup d'épaule dans la porte coincée de la chambre conjugale, la décoinçant efficacement. Il garda la porte ouverte pour laisser entrer le Loup Blanc, avant de la refermer sur eux. Ce qui les marqua d'abord, ce fut la lourde odeur d'alcool des environs. Puis, Marco attrapa un chandelier en bois sur la table de repas qui agrémentait l'immense pièce.
- Je choisi la femme, dans la chambre, avec le chandelier, yoi.
- Pardon ?
- Référence à un jeu de chez moi. On a un chandelier cassé. Il lui manque un morceau, yoi.
Le médecin montra l'objet en question au sorceleur.
- Une belle arme de fortune, acquiesça le mutant. On a un bouquet de lavande au fond. Il est frais, à croire qu'il s'attend à un retour imminent.
- L'espoir fait vivre.
Geralt s'approcha d'un mur pas loin de la porte et appela le Phénix.
- Tu vois la différence de couleur sur le mur ? Quelque chose était accroché ici. Je pense à cette toile, au fond.
- La taille pourrait correspondre, approuva le médecin.
Ils allèrent donc rejoindre la peinture au-dessus d'un petit meuble qui faisait face à la porte. La toile en elle-même était accrochée à un panneau perpendiculaire au mur.
- Le baron et sa femme… ils avaient l'air heureux à l'époque.
- Et bien souvent, le bonheur des premiers jours devient haine. Je pense qu'on a bien fait de prendre la fouille de cette chambre, yoi.
Geralt décrocha la toile pour dévoiler un gros trou derrière, comme si quelque chose avait traversé la paroi fine du bois.
- Clairement. Si ça avait été Ace, on aurait eu droit à un incendie dans Perchefreux. Dis-moi que tu as la clef du kairoseki et qu'il ne te l'a pas volé.
- Aucun risque, elle est dans mon jabot.
C'était un souci en moins.
Marco fit le tour du panneau pour voir qu'il s'agissait en faîte d'une armoire, qu'il ouvrit. Il ramassa quelque chose et le jeta de l'autre côté du trou, pile entre les bouteilles du petit meuble.
- Un morceau de bois, comme celui du chandelier, nota Geralt en ramassa l'objet. Ce n'est pas une coïncidence.
- Le chandelier disait déjà qu'il y avait eu bagarre, yoi, pointa le médecin.
Geralt repartait déjà à l'assaut de la pièce. Quand Marco trouva une trace sur une poutre, lui, il avait noté qu'on avait brisé une bouteille. Le vin avait été nettoyé, certes, mais il en restait assez dans le bois pour que le mutant puisse voir les tâches comme si le liquide était encore là.
- J'ai un vin de Toussaint. De l'Erveluce. Et il mène hors de la pièce, appela le sorceleur.
- Je te suis, assura Marco.
Ils quittèrent donc la pièce, le chasseur de monstre suivant la trace du lourd parfum de l'alcool. C'était comme un serpentin de fumée éthérée dans l'air. Il les mena vers l'escalier.
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Pendant ce temps, Ace et Mandos exploraient la chambre de Tamara. Le D. prit une profonde inspiration. Son Haki lui transmettait la rage, la peur et la haine qui étaient emprisonnés entre ces murs. Les émotions n'étaient peut-être pas aussi fortes par rapport à Vergen ou à l'asile de Flotsam, mais c'était surprenant qu'une personne seule puisse produire des émotions au point d'en imprégner chaque meuble.
- /Merci le vieux pour m'avoir laissé ce Haki de merde…/ grommela le D. en se mettant à fouiller.
Dans une première armoire, il trouva deux objets n'ayant rien à faire l'un à côté de l'autre. Du moins, si on ne s'appelait pas Shiva.
- J'ai une clef et de l'encens, ici, informa le mutant en posant sa trouvaille sur la table proche. Anis, bois de santal et safran, je dirais. Ah, et là, j'ai une lettre digne d'une secte.
Mandos revint pour examiner tout cela.
- Vieille clé … peut être pour une pièce … et vu l'état… ancienne. Je pense que l'on a nos chances au sous-sol. Mais, la petite fille au baron sanglant joue à la poupée … sous la forme de son père couvert d'épingle. Ce qui veut dire, vaudou dans la sorcellerie. Ce n'est pas l'amour fou. Avec son addiction à l'alcool, on se demande pourquoi.
Le pirate ne fit aucun commentaire. Même sans magie, c'était un bon défouloir. Il avait commencé adolescent avec une vieille poupée en chiffon qu'il avait retravaillé pour lui donner l'aspect de Garp. Puis ici, il avait complété sa collection en ajoutant Teach, Akainu, Schrödinger et Eilhart dans le tas. Ils allaient quitter la pièce quand le brun remarqua quelque chose sous un meuble. Il s'en rapprocha et se mit à plat ventre pour passer son bras dessous. Quand il ramena sa trouvaille, ce fut pour montrer une autre poupée, sans épingle cette fois.
- On dirait Merigold, commenta le mutant en observant sa trouvaille.
Et ça le fit rire tellement c'était laid.
Il se releva. Bon, il n'y avait plus rien ici, mais il se demandait bien ce qu'ouvrait la clef.
Sur le palier, l'odeur le mena vers les escaliers. Geralt et Marco étaient sur le palier en dessous, retirant une planche du sol.
- Vous cherchez quoi ?
Geralt plongea la main dans le trou et en retira une amulette.
- De l'épicéa. Shiva pourra le confirmer mais ça ressemble à une amulette de protection. Je vais confronter le baron.
Ils virent Mandos continuer à descendre et en fronçant les sourcils, le D. suivit le mouvement. C'est comme ça qu'ils finirent dans les sous-sols. L'odeur s'arrêtait devant une porte.
- Alohomora.
Un petit bruit répondit à l'elfe et la porte s'ouvrit sans que le D. n'ait à sortir la clef. De l'autre côté, il y avait un autel dressé dans un coin, tout au fond. Des bougies éternelles brûlaient encore, comme entretenues par une force divine. Et au centre, une vasque pleine d'encens et de flammes. L'endroit parfait pour débuter un incendie. Surtout quand tout ceci était à la gloire du Feu Éternel. A côté, une prière à moitié calcinée, comme offerte au brasier. Dedans, on réclamait la santé pour la mère, Anna. Et punition pour le père.
Il n'entendit même pas Mandos partir. Non, il regardait les flammes. Même sous le kairoseki, il les entendait presque. Comme une promesse d'une utilité future. Il les regarda un instant, presque hypnotisé.
- Ace ?
Le D. sursauta et se retourna vers Geralt.
- Je vais parler au baron pour tout le monde. Si tu as quelque chose sur Tamara, avec quoi je peux le confronter, je t'écoute.
Le logia lui balança la poupée de chiffon qu'il avait trouvé avant de tourner le dos à l'autel.
- Rien d'intéressant. Je vais parler à la gamine et on peut partir quand tu en auras fini de ton côté. Où est Marco ?
- Il prend un cheval pour Mandos.
Geralt ne précisa pas que le blond craignait d'en coller une au baron et de briser leurs chances de retrouver Ciri et Luffy. Ace ne lui demanda rien de plus de toute façon. Il venait de trouver Mandos dans le couloir qui lui aussi avait semble-t-il des soucis à garder son calme.
- Je vais voir la gamine et on se casse. Tu m'accompagnes ?
- Oui. Mais après on part. On va dire que le corbeau ressemble un peu au renard lorsqu'il y a trop de morts.
Ace ne cacha pas son rictus. Sur chaque homme de ce putain de baron de merde, il sentait l'odeur du sang, de l'alcool et du sperme. Généralement, ça ne lui posait pas problème, vu le nombre de fois où lui et Marco avaient eu l'idée de se prendre une cuite pendant le sexe. Ils étaient des pirates, des meurtriers. Normal qu'ils sentent le sang. Mais là…. y'avait comme une nuance de pourriture en plus dans le mélange.
- J'espère qu'on la trouvera vite, parce que je vais vomir sinon.
- ~On est deux, bien que j'ai un penchant pour jouer de la lame,~ répondit Mandos en changeant de langue pendant qu'ils passaient à proximité d'un des voyous.
Ils grimpèrent les étages, suivant l'aura de ce qui correspondait à la fillette. Pourtant, dans le couloir, le pirate s'arrêta.
- Tu entends ? On dirait quelque chose qui gratte contre le bois... comme des griffes… On dirait Iro…
Ce ne pouvait pas être elle. Sinon, d'une, il l'aurait reconnu et deux, au lieu de gratter, la panthère l'aurait appelé si elle ne pouvait pas franchir une porte (si la poignée était circulaire, c'était difficile).
- Ou c'est la peluche accompagnant Ciri dont nous a parlé le Baron, pronostique Mandos.
King ? Tout à fait possible, c'était un léopard des neiges, il était juste un peu plus grand que Iro dans ses souvenirs de la seule rencontre avec l'animal à Alabasta. Dieu que ça remontait.
Ils trouvèrent bien vite la porte. Ace posa la main sur la clenche avant de se faire interpeller par un des brigands :
- N'ouvrez pas cette putain de porte ! C'est là où on a…
Le D. l'ouvrit et une fusée blanche tacheté de noir fonça hors de la pièce, renversant Mandos au passage pour l'utiliser comme tremplin pour attaquer le brigand. Un coup de griffe plus tard et celui-ci partait en courant et en hurlant.
- Rien de cassé ? se renseigna Ace en l'aidant à se relever.
Il lui remit la capuche sur la tête. Pas besoin de rameuter tout le monde en leur faisant croire à une attaque Scoia'tael.
- What the hell ? Your brother's bad kitty ?
- Alors, j'ai compris la première question, puis que tu parlais de mon frère, mais pas le reste.
Mandos n'avait pas besoin de lui pour le reste, alors, le mutant posa un genou à terre et regarda le félin s'approcher. Il avait une fourrure moutonneuse pour lutter contre le froid et la neige, le tout blanc tacheté de noir. Un vieux keffieh rouge sombre était accroché à son cou. Ace s'en rappelait. Il l'avait donné à son frère à Alabasta afin que Luffy puisse montrer que son familier n'était pas hostile, mais de base…
Le D. effleura le tissu.
Oui, c'était bien celui qu'il avait utilisé au début pour Iro, avant que Marco ne revienne un beau jour avec un autre, multicolore, soi-disant qu'il correspondait plus au don et au caractère de la panthère.
Doucement, il remonta la main vers le léopard qui le renifla, avant de pousser un jappement heureux et de se jeter à sa figure pour le nettoyer à grand coup de langue.
- Hisashiburi da ne, King ! rit le D. en frottant énergiquement la fourrure épaisse de l'animal.
Il essuya d'un revers de la main son début de larmes. King le reconnaissait. Juste ça, ça voulait dire que le Luffy qui courrait avec Ciri, c'était vraiment son frère. Et brusquement, ce fut le noir. On lui avait enfoncé son chapeau sur la figure.
- Une bonne nouvelle donc, vatt'gern ? demanda la voix chaleureuse de Mandos.
Le D. redressa le couvre-chef pour dégager ses yeux et se tourna vers l'elfe.
- Très. De King, j'avais surtout des photos et des lettres à son sujet, avant de revoir mon frère et de rencontrer cette fripouille.
La fripouille en question se frotta un peu plus contre lui.
- Ça fait plus de quarante-cinq ans depuis… et pourtant… Donc, oui, c'est…
Ace s'arrêta. King le tirait par la cape comme pour lui demander de le suivre. Alors, il se releva et entra dans la pièce où l'attirait le félin. C'était une chambre, elle était déserte et portait des marques disant que ses occupants étaient partis à la hâte. Sur le sol, des vêtements éparpillés, dont un blouson aux motifs camos. Plus loin, une paire de tongs en paille.
- … si ce sont leurs affaires, il serait conseillé de les emmener. Tu en penses quoi, Portgas ?
Ace ramassa les claquettes.
- Mon frère porte toujours ça aux pieds. Que ce soit par neige ou pluie.
- Portgas, regarde.
Le sorceleur se retourna pour voir Mandos brandir un livre alors qu'il fourrait les vêtements dans son sac fourre-tout sans fond.
- C'est L'Obscurité naturelle des malédictions par Lydia van Bredevoort. Ce n'est pas un ouvrage anodin. Et il est en plus dédicacé. Il semblerait qu'il fut dédicacé au baron et sa femme par le comte Guèvre, ministre de la culture de la Temeria en 1265. Regarde, il y a les dates, dessus.
Le livre changea de main et le pirate l'examina.
- On côtoie le gratin de Wyzima, on dirait. Pourquoi…
Il s'interrompit et regarda Mandos. Il était une source de réponse gardait sous scellés.
- Il n'y a aucune raison de s'intéresser aux malédictions n'est-ce pas ?
C'était un coup de poker. C'était risqué. Mais il pouvait aussi refuser de répondre. Honnêtement, il ne lui en voudrait pas. En attendant, c'était clair ce qu'il voulait. Un mensonge. Le faux pour prêcher le vrai. Le simple fait qu'il prenne le temps de réfléchir disait que cette histoire de malédiction était importante. Très importante. Shiva allait avoir du travail.
- Non … aucune.
Yup. Ciri (ce ne pouvait être qu'elle, Luffy se contenterait plus de se curer le nez devant un livre pareil) s'intéressait aux malédictions. Est-ce qu'elle en était victime ? Luffy peut-être ?
King se mit à grogner en cherchant une menace tout autour. Oui, Ace l'avait senti aussi. Quelque chose les surveiller, certainement le démon responsable de leur rencontre et de l'état de Mandos.
Ok. Il voulait jouer à ça ? Eh bien qu'il goutte à ce message droit des tripes d'un pirate !
Il lâcha son Haki, le gardant dans la pièce, visant partout et nulle part à la fois. Il y mit toute ses forces, toute son énergie mentale, au point que ses yeux d'argents se mirent à luire sous son chapeau noir.
Le message était clair : casses-toi.
Quelque chose dans l'ombre saisit le message et se carapata. Pas pour longtemps, Ace le savait. Il n'était pas Akagami. Il n'aimait pas ça. C'était épuisant mentalement. Et il se sentait bien trop semblable à Roger comme ça. Mais là, pour avoir sa réponse, il tiendrait autant qu'il faut.
- Pose ta question avant qu'il ne revienne plus en colère et que je subisse son courroux ! encouragea Mandos avec précipitation.
Ace s'avança d'un pas vers lui. Si le jeune tombait, il le rattraperait.
- Les victimes de la malédiction sont ceux qu'on cherche ?
Le silence était assourdissant. Mandos ouvrit la bouche, mais aucun son ne sortit pendant que son visage se contractait de douleur. Quelque chose apparut sur la joue de Mandos. Incertain de ce que ces traits et ces glyphes voulaient dire, le D. prit un de ses couteaux et recopia sur son propre bras ce qu'il voyait, ignorant la douleur. Puis, l'elfe lui attrapa le bras, le visage en sang pendant que le sceau de son œil se rouvrait.
- /King ! Va chercher dehors un zoan qui sent l'oiseau et les médicaments ! Vite !/
Le léopard ne se le fit pas dire deux fois qu'il courait déjà hors de la pièce.
- … I … oui…
Le regard de Mandos disait que c'était encore un mensonge, mais ce fut le maximum qu'il put faire avant de s'effondrer. Mais Ace le rattrapa et le serra dans ses bras, enduisant le jeune elfe d'autant de Haki que possible. Il était allé trop loin, c'était de sa faute. Mandos n'avait pas à en payer le prix. Si quelqu'un devait souffrir, c'était lui, le coupable, pas le pauvre elfe qui n'avait rien demandé à personne.
Si ce salopard qui attaquait ce gosse si bon et lumineux voulait un punching-ball, qu'il s'en prenne à quelqu'un apte à se défendre.
Entre ses bras, il l'entendit appeler Iorveth. Le D. ferma les yeux et resserra son étreinte sur le jeune elfe en serrant les dents.
- Si tu veux t'en prendre à quelqu'un, espèce d'enculé, attaque-toi à quelqu'un qui peut se défendre ! cracha le pirate dans l'espoir de faire changer de cible au démon.
Cela devait avoir marché parce que ses veines se mirent à le brûler. Et c'était comme si quelque chose cherchait à l'écraser. Ooooh, cette douleur… qu'il continue, et ce démon allait pouvoir prétendre faire aussi mal que la seconde administration des Herbes. Ça montait depuis la marque qu'il s'était fait dans son bras, et se répandait dans son corps.
- BLOEDE DH'OINE !
Ah, si Mandos allait assez mieux pour jurer, c'est que l'action avait son utilité.
Puis, le pirate entendit cette voix. Cette voix grave et profonde comme venant du fond d'une cave... Cela faisait longtemps qu'il ne l'avait pas perçu. Depuis Vergen, où il avait eu juste droit à "plaisir de te revoir". Aujourd'hui, c'était "libère-moi".
- Ouvre la menotte… réclama le D. entre ses dents serrées. Et écartes-toi.
Mandos obéit.
Et là, toute l'énergie du pirate se concentra pour garder les flammes en lui. Le démon n'était plus une menace, Davy Jones s'était manifesté dans son feu, guérissant ses blessures et chassant l'intrus. Ses muscles se détendirent. Il n'avait plus mal. Il se sentait bien, et il arrivait même à respirer pleinement. Et il voyait chaque flamme. Chaque braise des environs. De l'autel pour le Feu Éternel au contenu d'une pipe qui se meurt. Dommage qu'avoir le logia libre signifiait une rechute de ses hallucinations, parce qu'il se sentait si bien, si puissant, si complet.
Il sentait les flammes de Marco aussi, de l'extérieur de la pièce.
Si son homme les avait sortis aussi loin de lui, c'était pour protéger quelqu'un ou quelque chose. Il devait se calmer. Il prit une profonde inspiration, en cherchant la chaîne sur le sol.
- J'espère que quelqu'un a eu le temps de prendre en note la marque sur mon bras, parce que c'est l'heure de l'extinction des feux, annonça avec un rire sombre le D.
L'oxygène lui montait à la tête. Il fallait qu'il arrête.
Quand ses flammes eurent fini avec la marque qu'il s'était infligée, il referma sa main sur le kairoseki et immédiatement, le feu disparut, comme soufflé. Le pirate resta là, haletant, les pupilles aussi dilatées qu'un félin qui a trop pris d'herbe à chat. Il expira profondément et laissa retomber sa tête sur le sol qui fumait encore.
- Des victimes ? chuchota avec épuisement le mutant.
- Personne. Geralt a senti que quelque chose n'allait pas et a fait évacuer tout le monde en disant qu'un élémentaire de feu était enterré sous la maison et qu'il s'était réveillé, yoi. Quand c'est un pro qui raconte des bobards, on ne va pas le remettre en question. Qu'est-ce qu'il s'est passé ici, bordel ?
Ace ne pouvait que rire. Un rire épuisé.
- J'ai joué au con.
Jugeant que Mandos était plus épuisé que blessé, Marco le laissa contre un mur et vint retrouver son époux.
- Pourquoi je t'ai épousé, déjà ?
- Je sais pas, c'est toi qui voulait absolument me passer ce putain d'anneau au doigt…
Le Phénix s'accroupit et aida son mari à se relever avant de le serrer dans ses bras.
- Retournons au camp, tu as besoin de ta médication.
Le D. ouvrit sa main et montra une toupie intacte dans sa paume.
- J'ai sauvé ça. C'est trop innocent, trop pur, pour laisser les flammes de Davy Jones transformer ça en cendre, murmura le brun.
Marco l'embrassa sur la tempe et revint vers Mandos en continuant de soutenir son compagnon.
- Qu'est-ce qu'il s'est passé, yoi ? Tu as besoin d'aide pour marcher ?
- Marcher va aller… par contre, cette bloede dh'oine évaporée n'a pas trouvé mieux que de marquer sur son bras la malédiction. Non, elle a une dague et du bois, il fallait qu'elle le fasse sur son bras, grommela l'elfe.
Et il continua de râler sombrement de son côté en frottant les cernes qui étaient apparues sur son visage. Il fit quelque pas un peu chancelant mais réussit à tenir au bout du troisième essai.
- … Faudra que je la remercie … après que je lui ai ramoné les oreilles. D'accord, Phénix ?
- Je t'examine au camp et je te laisse faire son check-up, ça te va ?
- Tu mets ça sur papier ?
- Je dois avoir de vieilles ordonnances pour officialiser tout ça.
- Vous savez que je vous entends et que c'est un motif de divorce, Fushisho ? bougonna Ace qui profitait tout de même pour s'appuyer plus que nécessaire sur son époux.
- Aishiteru mo, koibito.
Le D. cacha ses rougeurs sous son chapeau.
- Salaud.
Marco se contenta de rire.
- Allons-y avant que je ne décide de transplaner. Et c'est une forme de moyen de transport magique, grommela Mandos. … Au fait, Portgas … merci.
- J'ai un peu poussé la situation, balaya Ace. Au moins, on aura appris des trucs très intéressants.
Ils passèrent la porte pour trouver Geralt qui les attendait derrière avec une fillette dans les jambes. Avec un chapeau de paille qui pendait de son cou. King se tenait près d'elle, comme une sentinelle.
- Comme mes talents de baratineur ? se renseigna le Loup Blanc. En attendant, j'ai trouvé Gretka et je pense qu'il vaut mieux que je sois le seul à parler avec le Baron jusqu'à ce qu'on ait retrouvé les deux personnes qu'on cherche.
Et donc, qu'on ait plus besoin de lui et qu'on puisse le tuer.
- Tu es Ace, non ?
La petite avait posé la question avec une voix timide à l'adresse du D. épuisé. Doucement, celui-ci se dégagea du bras de son mari et s'assit sur ses talons devant la petite.
- Comment tu le sais ? demanda délicatement le mutant.
- Tu as des yeux d'argents, des tâches de rousseurs et une vilaine cicatrice à l'œil. Sans parler de ton drôle d'accent, lista la petite. En plus, tu as le même médaillon en forme de chat que Ciri. C'est elle qui m'a parlé de toi et Geralt. Elle m'a dit que tu étais la grande-sœur de Luffy.
- Vous avez pas mal discuté, tous les trois ? se renseigna le D.
- Moui. Luffy parle pas la langue, alors, Ciri faisait les traductions. Il est super gentil !
- Oui, mon petit-frère est un gars en or. Cela fait longtemps qu'ils sont partis ?
- Deux semaines, je pense… je suis pas certaine.
- Tu sais où ils sont partis ?
- Eh bien, elle te cherchait avec Geralt. Elle parlait aussi d'une magicienne. Geralt m'a dit que vous ne les aviez pas encore retrouvés… J'espère qu'elle aura réussi à aider son ami.
- Ciri voulait aider un ami ? se renseigna Geralt en s'accroupissant à côté de la fillette. Elle t'a dit de qui il s'agissait ?
- Non. Juste qu'il avait des ennuis et qu'il fallait le sauver. Quand elle parlait de lui, Luffy avait pas l'air d'aimer. Je me demande s'il est jaloux.
Luffy ? Jaloux ? Et puis quoi encore ?
En soupirant, le D. tendit la toupie à la gamine.
- Je pense que ceci est à toi.
- Ma toupie ! s'excita la fillette. Où tu l'as trouvé ?
Et elle prit le jouet pour le serrer contre son cœur.
- Dans la chambre de Ciri. On l'a sauvé du brasier.
Autant donner un peu de crédit au bobard de Geralt. Apparemment, Ciri l'avait sculpté pour la gamine, pour qu'elles jouent ensemble, un jour où la petite avait un coup de blues.
- Tu as une idée d'où ils sont ? se renseigna Geralt.
- Non, murmura tristement la petite. Un jour, je leur ai apporté le déjeuner, mais ils n'étaient plus là. Le Baron a dit qu'ils étaient partis. King est resté avec moi, comme si Luffy le lui avait demandé.
- /Il n'a pas confiance et il t'a demandé de veiller sur elle, c'est ça ?/ se renseigna Marco à l'adresse de l'animal.
Le félin eut un feulement de colère et le blond hocha la tête pour confirmer leur idée. Luffy aussi avait dû sentir la mort et la violence des lieux, et demander à son familier de garder un œil sur l'enfant.
- Tu n'as pas demandé où ? s'intéressa Geralt.
- Si, mais il m'a répondu que j'étais trop petite pour comprendre…. Mais ils m'ont laissé un cadeau et une mission.
- Oh ?
- Oui. Elle m'a offert cette pierre verte.
Et elle sortit de sa poche une émeraude plus grosse que son poing.
- Cache-la et ne la montre à personne. Vraiment. Elle vaut beaucoup, mais il faut être rusé et bon négociant pour en tirer le juste prix, yoi. Demande à quelqu'un de t'apprendre à lire, écrire et compter. Ça t'aidera à ne pas te faire avoir, recommanda Marco.
- Et la mission, c'est quoi ? demanda Ace.
La gamine retira le chapeau de son dos et le donna au mutant qui sentit son cœur s'arrêter dans sa poitrine. C'était le chapeau de paille de Luffy. Celui qui lui valait son surnom. Même un pied dans la tombe il aurait lutté pour conserver ce chapeau. Pourquoi s'en est-il séparé pour le confier à la gamine qu'il venait tout juste de rencontrer ?
- Ciri m'a dit que Luffy voulait que je le donne à Ace, et comme tu es Ace, alors, j'ai accompli ma mission.
- Il y a quelque chose à savoir sur ce chapeau ? se renseigna Geralt.
- C'est un vieux chapeau. Certes, avant, c'était mon géniteur qui l'avait porté avant de le refiler à un de ses moussaillons qui, quelques années plus tard, s'est fait un nom avant de le donner à Luffy… mais c'est juste un chapeau à ma connaissance…
En observant le couvre-chef, il remarqua quelque chose. La bande était gonflée à un endroit. Et à moitié détachée. Curieux, le mutant l'écarta et y trouva un morceau de papier dessous. Délicatement, il le récupéra pour le déplier. L'écriture brouillonne de son frère lui sauta aux yeux. Cela faisait longtemps qu'il ne l'avait pas vu.
- Qu'est-ce que ça dit ? se renseigna Geralt.
- /"Tu es à la traîne, frangin. Pense à me rapporter le chapeau."/
Un rire nerveux attira leur attention. C'était Mandos. Qu'est-ce qu'il avait à rigoler celui-là ?
- Portgas … question … as-tu subi un sort de transformation… ? S'il te plait, réponds juste à cette question …
L'interrogation les prit tous de court. Pourquoi demandait-il ça ?
- /Il a un sort de traduction à présent, je suppose, yoi,/ devina Marco.
Le D. retroussa ses lèvres comme un chat en colère, effrayant Gretka qui se cache derrière Geralt.
En soit, le silence était une réponse. Il se releva brutalement, manqua de perdre l'équilibre et enfonça un peu plus son chapeau sur son crâne. Il détacha la plume de phénix de ses cheveux et la donna à Gretka.
- Garde ça, ça te protègera.
Marco laissa faire. Il ne pouvait pas protéger tous les enfants de tous les mondes ou même de ce monde, mais cette gamine avait déjà bien souffert, il pouvait bien la prendre sous son aile et garder un œil sur elle. Sans rien dire de plus, Ace continua à s'en aller, serrant dans son poing le chapeau de paille de son frère.
- Eilhart. Je pense que c'est la réponse que tu cherches, Mandos, fini par dire Marco à l'elfe. Ne retourne pas le couteau dans la plaie.
- C'est dangereux pour lui, commenta le sorcier maudit en comprenant les tenants et les aboutissements. Plus il est coincé dans ce corps, moins il aura de chance de revenir à lui… Bon. Au moins, ça explique des choses. Au fait, Marco. Ça, c'est une information que l'autre démon n'a aucun intérêt mais qui a de l'intérêt pour vous. Eilhart n'est pas actuellement à Novigrad.
Le mensonge vibra dans l'oreille du blond. Un mauvais sourire apparut sur les lèvres du Phénix.
- On retourne au camp, on te laisse gérer, Loup Blanc, tu es le plus vieux après tout, yoi.
Et le blond tapota avec amusement l'épaule du mutant qui le regarda avec une expression indéchiffrable qui cachait certainement une lourde dose d'agacement.
- On se reverra plus tard, demoiselle. C'est une plume magique, donc, garde-la toujours sur toi, yoi. Bon courage. Je te conduis à ton cheval, Mandos, comme ça, on retourne au camp et tu vas pouvoir te reposer.
- Oh oui. Un lit. Je veux un lit et une bouteille de whisky, approuva Mandos en suivant le pas.
- Ou tu peux demander au chef local de te faire un Cold Brew version cocktail. Ah pardon, tu fais partie des personnages civilisés qui préfère le thé au café, yoi.
- Je prends parfois du café. Un Irish coffee serait bien. Mais, j'ai une bouteille qui pourrait plutôt être appréciée. C'est un alcool sorcier qui s'appelle Whiskey-Pur-Feu.
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Ace n'était pas rentré immédiatement au camp. Il avait pris un contrat qui traîné sur une créature que les locaux rebaptiser l'Hurleur et qui était une cocatrix en faîte. Et c'était une nouvelle preuve des étranges mutations des créatures, puisqu'avant, elles n'étaient pas aussi grosses, ne pouvaient pas voler et n'avaient pas autant de plumes. Il avait récolté la prime avant de revenir au camp. Mais il avait juste trop à l'esprit, trop mal d'avoir à se rappeler qu'il devait vivre tous les jours, depuis plus de quarante ans, avec un genre qui n'était pas le sien. Il était resté dans son coin, refusant de venir manger quand Thatch avait appelé pour le repas. Il s'était juste servi dans la bouteille d'alcool qui trainait dans la tente. Un alcool si brûlant qu'il avait pu cracher du feu pendant quelques instants malgré le kairoseki.
Quand on avait distribué les tours de garde, il n'en avait pris aucun. Ce n'est pas pour autant qu'il s'était couché. Il avait trouvé un coin avec un sol assez sec sans trop d'herbes, et il avait retiré armes et armures, ne conservant que son pantalon de cuir et ses bandes de poitrine. Les bottes avaient volé il ne savait où et s'en foutait.
Toute la nuit, il s'était entraîné. Squat, abdos, pompes, katas. Plusieurs arbres avaient fini au mauvais bout d'un coup de pied ou de poing plein de Haki et de frustration. Ses poumons criaient au meurtre, mais il poursuivait, résistant à la tentation de prendre un élixir pour tricher sur son endurance. Il continua à se pousser à bout même quand le sang emplissait ses poumons.
Parce qu'au moins, en luttant contre la douleur, il pouvait ignorer le poids dérangeant sur sa poitrine ou le vide entre ses jambes.
Une voix troubla la quiétude de ses exercices au petit matin.
- … si tu t'es battu toute la nuit, Portgas, je te jure que je te colle sous potion de sommeil. Excuses-moi, sinon, d'interrompre ton combat contre l'environnement, mais j'aimerais vérifier que tu n'as pas de séquelle de la malédiction.
Pour toute réponse, Ace se tourna vers Mandos, le visage fermé, la mâchoire serrée et montra ses avant-bras vierge outre les marques de sa vie de sorceleur.
- Content ? Maintenant, casses-toi, j'ai pas la tête à te tenir le crachoir.
Il cracha un mollard sanglant sur le côté, ignorant la douleur dans sa poitrine en feu, avant de se laisser tomber au sol pour faire des pompes.
- J'ai dit à Marco où se trouvait la sorcière responsable, continua Mandos.
- Je sais.
- Et pour ta gouverne, une malédiction du type que j'ai, s'intègre au corps et disparaît de la surface pour suivre les lignes d'énergies de chaque être vivant. Alors, tu me suis que je puisse être sûr que tu n'as pas la malédiction sur toi. Et j'ai aussi tes poumons à vérifier à présent.
- Je suis occupé… au cas où… huffff... tu ne l'aurais pas… vu…
Et il avait besoin de son souffle. Chose qu'il ne pouvait gaspiller dans une conversation.
- Bon … tu me laisses pas vraiment le choix. Continues ce que tu fais, je reviens
Ace lui jeta un bref regard pendant qu'il partait, avant de se reconcentrait sur ses pompes. Sauf que son corps n'était pas d'accord. Ses bras le lâchèrent et il s'effondra lamentablement au sol en toussant abondamment.
Sans qu'il comprenne le pourquoi du comment, il se retrouva l'instant d'après sur le dos d'un cerf noir qui avait la même aura que Mandos. Il continuait à tousser alors que le sang coulait de sa bouche. Cela le fit rire sombrement. Il était pathétique. Tellement pathétique qu'il était en train de se tuer tout seul. Garp le féliciterait tellement pour ça.
Thatch était en train de servir une tasse à Marco, autour du feu de camp, quand il se retrouva avec des bois de cerf de chaque côté de la tête. Ce n'est que l'expérience des situations étranges et l'aura de Mandos qui l'empêchèrent de faire un bond d'un mètre. Puis, une toux de mauvais augure l'alerta et son frère réagit au quart de tour en jurant. Du dos de l'animal, le D. à bout de force était à présent dans les bras de son mari qui fonçait désormais vers la tente et son coin infirmerie. Il installa son homme sur un des lits avant de recracher la clef pour faire tomber le kairoseki. Immédiatement, la chaleur augmenta et des flammes illuminèrent la poitrine du mutant. Sans y prêter grande attention, Marco s'assit à son chevet et découpa la bande de soutien pour libérer le torse, et ainsi, appliquer ses plumes régénératives droit sur la cicatrice. Il entendait plus qu'il ne voyait Mandos s'agiter dans la tente. Un courant d'air frais lui remonta le dos. Oui, activer une aération naturelle était une meilleure idée que mettre le logia sous respirateur et faire tout sauter.
- La potion qu'il prend, c'est quoi avant que je ne lui donne pas quelque chose qui pourrait le tuer ? demanda Mandos.
Ace se remit à rire sombrement, avant de réciter la composition exacte de sa médication, avant de rire un peu plus et cracher un peu de sang.
- Pas pris ma dose… ce matin…
- Oublie tout ce qui peut brûler ou se consumer, ça servira à rien ! /Putain, Ace, je préfère te mettre au lit pour te faire l'amour, pas pour te réparer quand tu fais le con !/
Le mutant continua de sourire faiblement et ferma les yeux pour essayer de prendre une grande inspiration. Bon, à situation désespérée, solution désespérée.
- Ça va faire mal, prêt ? demanda Marco.
- Survécu… deux fois… Herbes… et… Akainu…
- Et tu trouves ça drôle ?
Le D. continua de rire faiblement.
- Donne-moi un bistouri, je vais l'ouvrir. Et toi, bloque les flammes sur cette zone.
Ace hocha faiblement la tête et serra les poings en anticipation.
L'outil termina dans la main du zoan en une fraction de seconde et Marco ne perdit pas un instant pour lui ouvrir la poitrine de la gorge au nombril, se forçant à ne pas regarder le visage de son époux. S'il voyait de la souffrance, il n'y arriverait pas et Mandos ne maîtrisait pas l'Armement pour y parvenir. Il écarta la chaire pour libérer l'accès aux côtes et sternums, derniers obstacles entre eux et les poumons. Bordel, même les os portaient des traces du coup que le D. avait pris si longtemps en arrière. Il voulait bien tirer son chapeau aux Aen Elles pour avoir réussi à le garder en vie, malgré tout.
- Marco, tu peux soigner avec tes flammes ou tu ne peux pas ? demanda Mandos.
Essayant de garder sa frustration pour lui, le blond lui répondit :
- Je peux lutter contre les blessures vives, pas sur celles cicatrisées. Si tu gardes tout ça ouvert pour que je me libère les mains, je peux m'attaquer aux sources de l'hémorragie, mais comme ça a déjà cicatrisé avant, mes plumes ne pourront que ramener la blessure à cet état...
Putain, comment Ace avait survécu jusqu'à présent ? Il lui demanderait quand ils en auraient fini ici. Il risqua un regard vers Mandos. Il avait besoin de lui.
- /Aide-moi… aide-le.../
Il sentit la magie jusque dans les pointes de ses tresses quand Mandos commença à agiter sa baguette alors qu'il émettait des sifflements qu'il associait généralement à Shiva quand elle était en colère ou qu'elle laissait le Serpent à Plumes parler au travers elle. Sous ses yeux, les plaies que les flammes n'avaient pas encore soignées se refermèrent et le tissu cicatriciel se réduisit par endroit. L'acte magique finit par prendre fin quand l'elfe toucha sa limite et tomba assis par terre, haletant et tremblant. Il n'y avait plus d'hémorragie, mais il y avait encore du sang dans les poumons. Ace réussi à attraper une de ses mains pour le rassurer.
- Il va comment ? demanda le sorcier depuis le sol.
Avant que le Phénix ne puisse répondre, le mutant serra brièvement sa main pour attirer son attention.
- Geralt… Anaïs… Raffard… Orque… articula le brun.
- Il lui reste encore du sang dans les poumons, mais ses jours ne sont plus en danger. Garde-le à l'œil qu'il nous refasse pas une connerie.
Il se leva du lit. Immédiatement, les chaires se refermèrent avec l'action du logia. Au moins, il n'avait plus les poumons à ciel ouvert. Il sortit de la pièce pour interpeller Geralt qui graissait ses lames.
- Il me faut deux élixirs. Raffard et Orque !
Le Loup Blanc connaissait la combinaison. Dans les premiers hivers à Kaer Morhen, il avait déjà vu Vesemir les enfoncer dans la gorge d'Ace quand il le retrouvait au sol après avoir trop forcé dans son entraînement. Il les récupéra dans sa propre sacoche et les donna au médecin.
- Il faudra attendre quelques heures avant qu'il ne prenne un autre élixir, sinon, il va dépasser le seuil de tolérance des mutations, averti le mutant.
- Pars avec Shiva et Thatch pour trouver le gars qui aurait pu faire l'amulette de la femme du Baron. Ace a fait le con, mais tu dois pas être retardé par lui alors que Ciri est en danger.
Geralt se contenta de hocher la tête alors que Marco revenait auprès de son époux. Il reprit sa place au bord du lit et se saisit à pleine main du kairoseki, tant pis pour ses propres pouvoirs. Comprenant la suite, Ace prit la plus profonde inspiration possible et retint son souffle. La chaîne fut enroulée à la hâte autour du poignet du malade avant que les deux élixirs ne soient versés dans sa gorge. Rapidement, les veines se mirent à noircir pendant que les mélanges toxiques se répandaient dans son système.
- Herbes au plafond…
- Une chose à la fois, Portgas. Je sais que c'est ta spécialité, mais ne brûle pas les étapes, yoi.
- Spécialité ou non, il bouge de là, je l'y colle par magie. Shiva aurait dû me dire que c'était à ce point, grommela Mandos avec épuisement.
- Alors, si tu râles au sujet de son tempérament, il faut dire que Shiva est la dernière à vendre les mauvais traits d'Ace quand elle peut les taire…
Il arrangea la couverture que Mandos venait de jeter sur le D. pour faire remonter la température et certainement lui permettre de converser un peu de pudeur.
- Si c'est pour la blessure… personne n'a pu voir les dégâts internes avant aujourd'hui, yoi. Donc, oui, c'est la première fois que je vois l'ampleur du désastre, moi aussi. Tu as de quoi le mettre sous oxygène ?
Il remit correctement le kairoseki au poignet de son homme et l'embrassa sur le front.
- Oui. Je sors le nécessaire, assura l'elfe.
Marco se leva pour récupérer le matériel.
- Une prise quelque part ?
- Magie et électricité ont tendance à ne pas fonctionner. Passe tes doigts sur les runes du côté. Tu peux régler le tout comme une machine normale sinon. Mais, pour l'activer, c'est les runes.
Et l'elfe lui montra les runes à manipuler. Sur les mers, ce serait plus sécuritaire et pratique, surtout pour Oyaji toujours sur le pont, que les câbles qu'ils devaient traîner sur le pont, risquant les aléas du Shin Sekai. Il entendit vaguement le guérisseur lui remettre la surveillance du patient alors qu'il mettait son époux sous oxygène. Il lui caressa une joue et l'embrassa de nouveau sur le front.
- Reposes-toi, on parlera plus tard, yoi.
Il tourna la tête vers l'elfe alors qu'il s'en allait.
- Mandos. Merci. Ça va être cruel à dire, surtout en sachant les conséquences pour toi, mais tu es une bénédiction tomber du ciel.
Mandos esquissa un sourire et referma la porte. Marco arrangea sa position pour être proche de la tête de son époux, avant de lui caresser les cheveux, essayant de rassurer et apaiser le malade.
- Do you believe in destiny?
Close your eyes and leave the rest to me
Do you believe in fantasy?
I have to when it's right in front of me
Ace esquissa un sourire sous son masque à oxygène alors que le blond lui prenait une main. Il allait enchaîner sa chanson quand un hurlement résonna dans la tente :
- ROGER ! JE VAIS VOUS ENVOYER DANS LE ROYAUME DES MORTS DE LA FAÇON LA PLUS DOULOUREUSE POSSIBLE POUR UN MORT ! ON N'A PAS IDÉE DE RENTRER DANS LA SALLE DE BAIN OCCUPÉ ! MÊME POUR UN MORT ! DÉGAGEZ !
Le malade toussa et rit en même temps.
Marco esquissa un sourire. Même mort, Roger restait un idiot. Note à soi-même, s'assurer qu'aucun esprit ne le suive la prochaine fois qu'Ace lui disait avoir envie de s'envoyer en l'air.
.
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- Il aurait pu t'aider ? se renseigna Thatch alors qu'il chevauchait avec Geralt en suivant Shiva.
- Non. C'est un chaman, en dépit de tout mon respect pour lui, et de ce que j'ai pu lui apprendre, il n'aurait pas pu m'aider, dit l'elfe. On y est.
Les trois chevaux s'arrêtèrent devant la hutte. Et ils n'étaient pas les seuls visiteurs, puisque quatre coupe-jarrets, certainement aux ordres du Baron, tambourinaient à la porte. Et quand le trio mit pieds au sol, ils furent immédiatement encerclés. Ces gars voulaient causer au chaman et ça prendrait un bon bout de temps.
- Que lui voulez-vous ? demanda Geralt.
Son oreille sensible perçut que Thatch avait profité de sa longue cape pour dégainer très légèrement son katana.
- Lui donner ce qu'il mérite, grommela l'un d'eux.
- C'est-à-dire ?
- Il a fait de la divination. Il a dit que le Mal était dans les boyaux d'Edric. Et qu'il fallait qu'il mange des baies de sorbiers. Des tas. Depuis, il passe sa vie aux latrines et il est couvert de pustules toutes dures.
- Et votre Edric, il aurait pas un problème de fisstech ? demanda Shiva avec froideur.
- Qu'est-ce que ça peut te foutre, sale elfe ?
- Parce que la sale elfe est celle qui a enseigné à votre chaman et qu'elle a une petite idée de ce qu'il s'est passé. Le fisstech est un opioïde. Et les opioïdes peuvent provoquer la constipation, ça c'est déjà vu. Donc, le chaman lui a donné une piste… le fruit de sorbier est un laxatif. CQFD.
- Si votre Edric s'était renseigné, ou avait eu l'idée de poser des questions, il aurait su que le fruit, d'une, ne se bouffe pas comme ça, dès qu'on le cueille, mais de préférence après une cuisson. En confiture par exemple, poursuivit le vampire. Et des tas, j'en doute. Parce qu'en trop grosse quantité, c'est mauvais, c'est toxique.
- Alors, voilà ce qu'on propose, on vous donne la solution pour sortir votre gars des latrines, et vous nous laissez tranquillement parler au chaman, intervint Geralt.
- Et pourquoi on devrait vous faire confiance ? L'elfe est responsable autant que le chaman si elle lui a enseigné, grogna un malandrin.
- Je suis cuisinier. Je me dois de savoir ça si je veux revoir mes clients, répondit Thatch d'un air blasé.
- Et moi, je suis sorceleur. C'est à prendre ou à laisser, renchérit Geralt.
Les brigands se regardèrent, et l'un d'eux eut un geste pour dire à Geralt de parler :
- Un thé de feuilles de molènes pour son ventre. Pour les pustules, qu'il les recouvre de mauves. Dans quelques jours, il se portera comme un charme. Mais pour le fisstech, aucune solution miracle, sans compter qu'il y a de fortes chances que le problème d'origine revienne. Aka, la constipation.
- Très bien, on lui dira, mais si ça marche pas, faites attention à vous… surtout toi, l'elfe.
La façon dont ils regardèrent Shiva ne laissait guère de doutes sur ce qui l'attendait, avant de s'en aller. Shiva les suivit du regard et ouvrit la bouche sur ses crocs pleins de venin en menace silencieuse. Puis, Geralt s'avança et frappa à la porte. Pas de réponse.
- Ouvrez, vous n'avez rien à craindre.
Aucune réponse.
Shiva soupira et s'avança. Elle fit courir ses ongles courts et émoussés sur le bois.
- L'elfe d'ébène aux plumes luisantes comme des joyaux est revenue pour le chaman. Est-elle ici avec celui que le chaman attend ?
- Le loup déjà blanchi malgré sa jeunesse ? Oui, répondit avec une étrange douceur Shiva.
La porte s'ouvrit immédiatement sur un homme voûté, à moitié chauve, dans une tunique verte avec une peau de bêtes sur les épaules et un collier fait de pattes de poules. Difficile de croire que ce vieil homme à moitié aveugle était un des élèves de Shiva.
- Tu attendais Geralt, vieil homme ? se renseigna Thatch.
- Oui-da. Les ossements l'avaient prédit. "Ils viendront, puant la mort et le viol, mais le Serpent à Plume guidera le Loup capable de les disperser. Le Loup Blanc." Et nous y voici, les augures ne mentent jamais.
On voyait un peu mieux ce que lui avait enseigné l'elfe. La zoan s'assit dans un coin de la pièce unique de la maisonnette et s'installa confortablement sur sa queue, comme si elle était chez elle. Soit le chaman avait déjà vu ce côté de la femme, soit… il était vraiment aveugle. Geralt brandit l'amulette qu'ils avaient récupéré sous le plancher de Perchefreux.
- Vous reconnaissez ceci ? Shiva dit que c'est votre œuvre.
Le chaman s'approcha.
- Bois d'épicéa et genévrier. C'est fait pour protéger quelqu'un, non ? continua le mutant.
- Epicéa coupé de frais, arrosé de sang de chèvre, puis fumé à l'encens d'humus et de genévrier. Pour Anna. Pour la protéger, confirma le chaman. Et oui, c'est le chaman qui l'a fait. A la façon des ancêtres, au-dessus d'une eau calme et pure, au clair de lune, comme l'a enseigné le Serpent à Plumes. Aussi efficace qu'une amulette peut l'être. Très bonne protection. Elle n'aurait jamais dû l'ôter.
- La protéger de quoi ? De qui ?
- Ah… la pauvresse... Assiégée, elle était. Le Mal, tout autour, prêt à la posséder. D'une vieille magie née de l'oubli, des sources obscures ont émergé.
- Vous pouvez préciser ?
- Le chaman ne le peut. Il ne faut pas y toucher… pas en parler. Un pauvre petit charme de protection, tout ce dont un chaman est capable.
- On peut en parler entre nous, parce que nous sommes protégés au camp, traduisit Shiva. Que ce soit par les runes de Mandos ou mon kekkai, il y a toujours une barrière de protection.
Les Moires étaient derrière tout ça, donc. Il ne fallait pas aller bien loin pour tomber face à elles, à Velen.
- La disparition d'Anna et de sa fille Tamara est-elle liée à cette puissance ? se renseigna Geralt.
L'homme entra dans une étrange agitation, presque comme s'il craignait quelque chose.
- Le chaman ne sait pas…
Puis, il se retourna de nouveau vers le Loup Blanc.
- Mais les esprits, eux, le savent. Le chaman consultera les augures, les esprits l'exigent.
- Les esprits, génial… soupira le sorceleur.
- Bah, du moment qu'on sait où chercher et comment s'y prendre pour ne pas se faire boulotter au passage… m'en fou de qui donne l'info, commenta le vampire en se prenant un siège.
Le chaman tournait en rond en marmonnant, avant de s'écrier "Princesse !" et sortir dehors.
- Princesse ? Quelle princesse ? se renseigna le sorceleur.
Et il suivit le chaman dehors, qui se tenait devant le petit enclos contre la maison en se tenant la tête.
- Princesse, ma chèvre ! Elle a filé !
- NANI ?! s'étrangla Thatch en l'entendant.
- Ces types ont dû l'effaroucher. Pouvons-nous en revenir aux augures ? demanda le mutant.
- Sans la chèvre ? Impossible. Pas de Princesse ? Aucune chance !
Geralt avait du mal à croire ce qu'il allait dire, mais cela sorti tout de même de sa bouche :
- Vous m'aiderez si je ramène la biquette ?
- Princesse… princesse… où es-tu, petite ?
Il allait, vraiment, devoir partir en quête d'une chèvre. Il avait vu de tout dans le métier, mais ça…
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Ace avait le nez dans un bol de soupe avec Anaïs sur ses genoux quand tout le monde revint au camp. Marco leva tout juste le nez de ses notes quand un Geralt las se laissa tomber au coin du feu de camp.
- On peut m'expliquer pourquoi Gwynbleidd sent la chèvre ? se renseigna le Phénix en continuant la traduction du dossier médical de son époux.
- Non, dit le mutant d'une voix dure.
- Je suis certain que c'est une histoire aussi intéressante que la fois où tu as poursuivi un zheugl dans…commenta Ace.
- Tu as le droit de sortir du lit, toi ?
- Tant que nii-chan ne fait rien d'idiot. C'est pour ça que je le surveille ! annonça Anaïs. Et puis, Mandos a menacé de le changer en écureuil s'il n'était pas sage.
Le reniflement du D. voulait tout dire.
- Vous avez trouvé quelque chose ? demanda le D. en lissant machinalement l'une des tuniques laineuses de skellige que portait généralement Marco et qu'il avait mit pour l'occasion.
- Où est Mandos, qu'on fasse le point ensemble ? demanda le Loup Blanc.
- Au fond, répondit Marco en montrant la tente d'un pouce.
- Bah, je vais aller le chercher. Shiva, tu peux bouger ta queue du chemin, je te prie ?
La queue de serpent de la zoan fut déplacée pour permettre à sa propriétaire de se blottir dessus à proximité du feu de camp. Thatch disparut dans la tente, et pendant un moment, ce fut le calme.
- Geeeeeraaaaalt ! Aaaaace !
Le D. reposa son bol de soupe presque vide. Il regarda ses camarades. Ce ton, chez le cuistot, ce n'était jamais très bon signe.
- Mandos, je sais pas ce qu'il se passe, mais refuse tout ce que Thatch te proposera. Cela revient à pactiser avec le diable, yoi. Et Thatch, arrête tes conneries et viens t'asseoir ! appela Marco.
Et quelques instants plus tard, le vampire vint rejoindre le groupe autour du petit foyer, toujours souriant, suivi par un Mandos qui tirait clairement la tronche.
- Tu es intenable, Thatch, soupira Marco avec exaspération.
- Au moins, je t'ai aidé à devenir le saint que tu es ! sourit largement le vampire.
Geralt ferma les yeux alors que Shiva se massait le nez d'exaspération. Marco adressa un air vide à son frère avant de se tourner vers le reste de la troupe. Le couple était côte à côte, le Phénix assit sur une souche avec le D. s'appuyant sur ses jambes. Thatch s'était mis à la gauche de Marco, et Iro à la droite d'Ace avec Anaïs à moitié sur elle. Mandos vint se mettre entre la petite et Shiva qui séparait donc le jeune elfe de Geralt qui complétait le cercle.
Pssschiiiit.
Une étincelle s'alluma dans le kiseru de Marco. Il tira un instant dessus, laissa la fumée monter vers le soleil qui se rapprochait de son zénith.
- Résumons ce qu'on sait, qu'on soit tous sur la même page, yoi.
Il inspira tranquillement. Pendant cette réunion, il observerait principalement Mandos. Certes, après hier soir et ce matin, il ne fallait pas espérer qu'il puisse donner un indice, même en mentant. Mais même les réactions, le langage corporel, les expressions… juste ça pouvait les aider.
- Cirilla Fiona Elen Riannon, la fille unique de l'empereur, et mon Enfant Surprise, est clairement poursuivi par la Chasse Sauvage. Suite à ce qui aurait dû à ma mort à Rivia, elle a quitté cette sphère, mais elle est revenue. Avec le petit-frère d'Ace.
- Monkey D. Luffy, marmonna le D. sans quitter le feu du regard.
- Pourquoi ils sont ensemble, c'est une bonne question. Si on en croit Gretka, ils sont assez proches pour être devenus des amis, yoi, informa Marco. Pourquoi ils sont ici...
- Certainement pour fuir la Chasse Sauvage, reprit Geralt.
Même si son ton de voix était aussi vide, on sentait très bien qu'il n'aimait pas ces elfes. Marco repéra un éclair de colère dans les yeux de Mandos. Intéressant.
- Avec eux, il y a un mage elfe. Un Sage. Nous savons qu'en arrivant à Velen, cet elfe a été séparé de Ciri et Luffy, reprit le Phénix qui remarqua la frustration chez Mandos à la mention de l'elfe. Eux, ils ont fini dans les marais, où ils ont rencontré Gretka, puis un loup-garou, avant d'être conduit à Perchefreux, yoi.
- Si on en croit Gretka, ils ont environ deux semaines d'avance sur nous. Pendant le temps qu'ils ont passé à Perchefreux, Ciri s'est intéressée aux malédictions. Grâce à Mandos, et en se référant à la potion que le Sage Elfe a demandé à Keira, on peut dire avec certitude que c'est lui qui est maudit et qu'elle aurait cherché à l'aider. Au vu de l'état de la chambre, ils sont partis précipitamment.
- Puisque la Chasse est passée par ici, on peut supposer qu'ils auraient craint qu'ils les retrouvent, avança Thatch qui avait retrouvé son sérieux.
- Quant au Sage, il espérait retrouver Ciri au minimum, mais ils se sont loupés, conclut Geralt.
- Remarque ? Question ? s'enquit Marco.
Le jeune elfe s'agita avant de demander avec hésitation :
- Question me concernant… si je vous dis que je pourrais devenir un monstre dans les prochaines semaines. Comment réagiriez- vous ?
Les pirates le regardèrent, puis se tournèrent les yeux vers Shiva.
- C'est toujours un risque avec tati Shiva, pointa Anaïs. Je suis certaine qu'elle pourrait t'aider.
- Ta magie ? devina l'elfe sombre.
Mandos hocha la tête.
- Pour faire simple, un sorcier de mon ancien monde a une sorte de maladie. S'il rejette la magie qui est en lui ou que les gens autour de lui tentent de la faire sortir de lui, elle devient incontrôlable. Mais… lorsque l'on enferme une magie, ne laissant qu'un accès limité à celle-ci, elle se met à… gangrener.
La nervosité de lisait sur son visage et son maniérisme alors qu'il serrait ses deux mains l'une contre l'autre ne pouvait cacher sa crainte. Clairement, ça lui foutait la trouille sa situation.
- Le sorcier devient un monstre, une sorte de créature d'énergie pure. Ça prend, chez l'enfant, ça forme un parasite. Ce parasite grandit plus l'enfant souffre de sévices physique ou psychologique, repoussant alors l'idée même de la magie. Puis, ce n'est qu'une chose qui détruit le corps avant de s'attaquer à tout ce qui est autour. On peut arrêter celui d'un enfant en changeant l'enfant de milieu, par exemple. Mais, j'ai découvert avec d'autres que des sorciers ont tenté, par le passé, de supprimer la magie de leurs pairs. Des guerres stupides. L'Obscurus prend alors une autre forme. La magie s'attaque à sa prison… et à l'âme du sorcier car les deux sont liés. Et pour finir, il ne restera qu'un spectre obscur qui cherchera son âme et les souvenirs dans le corps des autres. On appelle cela un Détraqueur.
- En un mot, comme en cent, tu te fais ronger par ta magie, résuma Geralt.
Shiva se leva, prit son sac et sortit deux têtes réduites. Elle revint s'asseoir et les mit toutes les deux dans les mains de Mandos.
- Quelque chose de majeur les différencie. Trouve la différence et fait le nécessaire pour les mettre à égalité, dit-elle en retournant s'asseoir.
Le guérisseur fixa les deux têtes, un peu perdu, en reprenant la parole :
- C'est… une des raisons pour laquelle je suis un peu… irresponsable à vos yeux pour utiliser la magie. En forçant l'ouverture, je me torture, certes, mais j'évites la gangrène de ma magie. Enfin, je repousse l'échéance… « les mettre à égalité » ?
- Tu fais de la magie, tu dois savoir ce qu'il s'est passé.
- Laisse-moi te présenter les choses ainsi, Mandos. De la part d'un médecin qui n'aime pas être enfermé, yoi, lui dit Marco. Oui, en forçant, tu peux arriver à briser la prison, mais ça ne sera pas sans risque et un prix. C'est ce que fait Ace en essayant de retrouver son endurance. Mais tu peux aussi le faire de manière sournoise. Petit bout par petit bout. Sans que cela ne se voit. Comme creuser un trou dans le sol sous le grillage. Petit à petit, jour après jour, yoi. Plus long, mais moins risqué.
Shiva lui adressa un regard noir. Il venait de donner la solution au problème qu'elle venait de poser au sorcier. Celui-ci réfléchi visiblement à ce que lui dit Marco :
- Avec tes notes… je pourrais peut-être trouver une solution en trouvant les points à briser… et pour la magie. Il faut que je la vide à un certain degré pour éviter le plus longtemps. Petit à petit, chaque jour, et...
Et c'est là qu'il comprit
- Shiva… les têtes ! L'une est sans magie … et l'autre en est remplie !
Jackpot.
Et encore mieux, il comprit ce que lui demandait la pirate sans avoir à lui dire et laissa couler sa magie pour remplir d'énergie la tête vide, faisant légèrement vibrer les médaillons des sorceleurs en réponse. Une fois fini, il rendit les deux têtes à Shiva qui les jeta négligemment sur son sac.
- Leçon suivante, apprendre à faire des grenades avec ta magie. La toute dernière, ce sera fabriqué de vraies têtes réduites capables de préserver la magie en elles et d'être utilisé pour lancer des sorts ou faire des rites. A prendre ou à laisser.
- Autre chose ? Bien, on peut faire le résumé du cas de la famille Strenger. On conclura la réunion pour un résumé de ce qui doit être fait ou des points hors sujets qui restent importants, yoi
- Oui, dernier point hors sujet pour ma part. Le pyromane suicidaire dénommé Quickshot se présente tous les matins dans mon infirmerie qu'on puisse travailler sur ses poumons sans qu'il ne tente de les sortir par l'exercice.
Ace lui jeta un regard dubitatif.
- Le commandant Portgas D. Ace ne prend pas d'ordre de toi, gamin, tu repasseras. Mes poumons vont très bien. J'ai un peu trop forcé ce matin, mais c'est pas la première fois, et…
- Il y sera, assura Marco.
- Oi ! protesta le D. en se retournant vers son époux.
- J'ai vu tes poumons, donc, non, arrête ton cirque du "tout va bien, merci". Ensuite, je ne suis pas que ton mari, je ne suis pas là pour dire amen à tes conneries suicidaires, yoi. Non seulement je suis ton médecin traitant, mais en plus, je suis le vice-capitaine, donc, tu me dois obéissance pour l'équilibre et la survie de notre équipage. Et crois-moi, si un commandant refuse des soins, ça va contre notre survie, yoi. Imagine ce que dirait Oyaji s'il t'entendait…
Ace ouvrit la bouche pour se faire couper par un "non" autoritaire.
- Mais…
- Non.
- Je…
- Je sais. Mais je t'aime assez pour deux, yoi. Donc, demain matin, infirmerie. Que tu protestes ou pas, je n'en ai rien à foutre.
- Ace, rends les armes. Tu ne peux pas gagner contre lui, surtout s'il te pousse dans cette direction pour ton bien, recommanda Shiva.
- Tu ne le perçois peut-être pas, mais je peux t'assurer que tu siffles moins que d'habitude, donc, ça vaut le coup. Ne serait-ce que pour faire une sale blague à Eskel et Lambert, renchérit Geralt.
Le D. croisa les bras avec un air furibond mais ne dit rien de plus.
- Autre chose ? se renseigna Marco en retournant paisiblement à son kiseru.
Personne ne s'avança.
- A présent, nous pouvons parler de cette affaire avec le Baron…
- Je pensais que personne ne pouvait rivaliser en alcoolémie avec Akagami pour qui on doit se faire du mouron quand il est sobre, mais ce gars… soupira Ace.
- Il boit beaucoup ? s'inquiéta Anaïs.
- Même s'il arrête maintenant, son foie est foutu, yoi, diagnostiqua Marco.
- Nous savons que les femme Strenger ont disparu il y a un mois suite à une nouvelle cuite du Baron, résuma Geralt.
- La famille a de gros soucis. La fille a cherché refuge auprès du Feu Éternel et a essayé le vaudou contre son père, pendant que la mère devait être certainement battue, cracha le D.
- On a trouvé des traces de luttes dans la chambre du couple, marmonna Marco.
Et il serra les dents sur sa pipe. Il remarqua néanmoins qu'en dépit de son air sombre, Mandos n'était clairement pas surpris.
- Et il y a son amulette de protection, rappela Geralt. Shiva…
- Nous sommes en sécurité, on peut parler de ces salopes sans qu'elles nous attaquent. Le Kekkai nous cache, assura l'elfe.
- Le chaman a consulté les auspices… après avoir demandé à Geralt de retrouver sa chèvre, raconta Thatch.
Ace mordit le bord de son bol vide pour ne pas rire alors que le Loup Blanc semblait se demander quelle serait la méthode la plus efficace pour se débarrasser définitivement du vampire.
- Et vous avez trouvé le chou où se cachait la biquette puisque vous êtes revenu avec les infos, donc ?
Le silence répondit à Mandos.
- Je pense que tu as le mauvais cadre culturel pour permettre à ta potentielle blague de marcher, lui dit délicatement Marco. On peut enchaîner ?
- Les Moires hantent Anna. Qui était enceinte, informa Geralt. Le Baron n'a rien dit à ce sujet. Cela s'est fini en fausse-couche. Assez récente. Et le bébé a été mis en terre dans un coin, sans rite, sans tombe…
- Ou même un nom, termina doucement Shiva.
Sa mâchoire était crispée à cette simple mention. Ace ferma le poing et quelque chose explosa derrière Mandos quand il sursauta, en dépit du sourire sur ses lèvres. C'était un sourire crispé.
- Nous avons donc un couvin à Perchefreux, dit Geralt. Et c'est en aidant le couvin que l'on arrivera à retrouver les femmes.
- Sauf si tu veux refaire une répétition de l'asile de Flotsam, tu devras t'en charger seul, Geralt, dit honnêtement Ace. Je sais pas si je l'ai perçu, mais être là-bas est une épreuve en soit, alors…
- Je ne veux pas revoir ça, merci bien, je passe mon tour. Quand il m'a parlé d'un couvin, je savais déjà que je devrais m'en charger sans toi.
Le Loup Blanc se tourna vers Mandos.
- Peux-tu aider dans ton état ?
Mandos prit la peine de réfléchir, avant de répondre :
- Oui. Je pourrais aider sur la question. Le couvin sera un peu plus simple à trouver et à attirer. Et, il aura une voix pour faire entendre ce qu'il a à dire au Baron. Mais, si j'y vais, tu préviens de ce que je suis et qu'il donne sa parole que je repartirais sans souci. Sinon, tu peux lui dire qu'il aura beaucoup d'hommes en moins.
- Marco et moi, on viendra, dit Thatch avec un ton doucereux très inquiétant. Si un sorceleur et deux commandants pirates ne suffisent pas à lui faire comprendre de garder sa langue dans sa poche, peut-être qu'un vampire et un phénix le peuvent.
Les traits du vampire se contractèrent juste assez pour rendre son visage inquiétant et mettre en avant ses crocs blancs.
- Ça va être tellement marrant, Thatch que j'en prévoirais le popcorn. Et puis, si un vampire et un phénix jouent, pourquoi je ne m'y mettrais pas non plus ?
Mandos joua un instant avec sa dague avant de la rattraper entre deux doigts pour le tendre à Thatch. Le vampire secoua la tête et tira son katana de sa ceinture pour le planter au sol entre ses pieds en souriant. Marco ferma les yeux avec lassitude en fumant.
- Ace ? demanda Geralt.
- Mouette Immaculée ? devina le D.
- Beaucoup.
- Tu avances les ingrédients ?
La sacoche à élixir du Loup Blanc fut jetée au-dessus du feu dans les bras du Chat.
- Eh bien, on mange et on s'y attaque ? proposa Thatch en se levant. Parce que la petite princesse, elle doit manger et je sais qu'elle aura un entraînement pendant notre absence.
- Quelque chose à prévoir, Shiva ? se renseigna Marco.
- Un fiellon. Des esprits. Des bêtes sauvages. Des noyeurs… je dois continuer la liste ?
- Merci de l'avertissement, remercia Geralt.
