Bonsoir à tous ! On se retrouve ce matin pour un nouveau chapitre du Witcher ! YAAAAY ! Alors ? Allons-nous retrouver Jaskier ? Ou juste suivre le lapin blanc de la fic. La réponse dans cet épisode.

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Ne pouvant les aider, Triss recommanda au groupe les services d'une oniromancienne spécialisée dans les âmes perdues. Guidé par cette magicienne, Geralt eut un rêve dans lequel Jaskier était en présence de Ciri et Luffy. Cette piste leur disait donc que pour les trouver, il fallait mettre la main sur Jaskier, avec toujours la discrète aide de Mandos.

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Marco savait trouver Dijkstra. Depuis que ce gars avait essayé de le passer sous la torture pour découvrir que le médecin avait assez de résistance pour lui donner des leçons, son instinct lui avait toujours conseillé de garder cet homme à l'œil.

Les bains huppés de Novigrad étaient dans les beaux quartiers, creusés dans la roche. Il fallait descendre un peu dans les niveaux de la cité libre pour trouver l'endroit. Mais avant même de passer les portes, on sentait l'odeur de l'argent. Dans la pénombre de la nuit juste brisée par des torches, on voyait des peintures et des sculptures dans la roche, montrant de jolies jeunes femmes jouant dans l'eau en tenue d'Eve. Geralt approcha la porte en bois savamment gravée. Il tenta de la tirer, mais elle résista. Clairement, les bains étaient fermés. Il frappa alors violemment le panneau de bois.

- Ouvrez ! Je sais qu'il y a quelqu'un !

Et il continua à frapper fort sur l'entrée, allant jusqu'à y mettre un coup de pied.

Une voix leur parvint de derrière la porte :

- Que voulez-vous ? L'établissement est fermé.

Malgré le son légèrement étouffé par le bois, il y avait un écho laissant présager un grand espace au-delà de cette porte close.

- On vient voir le propriétaire, on sait qu'il est là, répondit Geralt en reculant d'un pas.

- C'est possible, mais j'ai bien peur qu'il soit trop occupé.

- Alors, dîtes-lui que Geralt de Riv et Marco Newgate veulent lui parler, yoi, intervint Marco.

- Je doute que sieur Reuven accepte de vous recevoir.

- On parie ? demanda le mutant.

Cela fit rire leur interlocuteur qui leur demanda de patienter.

- Je donne cinq minutes. Après, je défonce la porte, avertit le pirate. J'ai un sablier avec moi.

Il en sortit un de sa sacoche de médecin et le posa sur le sol, regardant le sable s'écouler. Cependant, il ne fallut pas longtemps pour que leur interlocuteur revienne et ouvre les portes, dévoilant un homme chauve et bedonnant vêtu de bleu.

- Sigi Reuven vous invite cordialement à le rejoindre. Je me nomme Happen, se présenta l'homme.

Et il inclina la tête.

Sa voix étrangement fluette disait de lui qu'il était un eunuque.

Les deux combattants entrèrent dans le lieu. Riche, en marbre et pierre taillée, des fleurs exotiques, des tapis et des tentures aussi chers que la rançon d'un roi. Des grilles en bois précieux masquaient la zone des bains depuis l'entrée.

- La réunion a lieu dans les bains. Nous allons passer au vestiaire, vous pourrez y laisser vos vêtements.

Et il les escorta jusqu'aux vestiaires en question. Encore le même grillage de bois. Et Marco sentait un regard méfiant entre ses épaules. En commençant à se déshabiller, il donna un coup de coude à Geralt et, veillant à garder ses mains hors de vue, il reproduit le signe d'Axii. Il ne pouvait le faire, mais le mutant comprit le message puisqu'il utilisa le signe sur l'eunuque, le mettant temporairement dans le gaz.

- Donne-moi une de tes lames, un truc court, vite.

Geralt attrapa un de ses poignard qui suivit celui clairement plus riche du Phénix dans le jabot du zoan. Puis, ils recommencèrent à se déshabiller. Le mutant nota que sous la perfection apparente de la peau cuivrée de son compère, les cicatrices de sa vie étaient tout de même là, juste si fines qu'il fallait un œil aiguisé pour les voir, comme si cela faisait des années, des décennies, depuis qu'il avait reçu une blessure.

Happen secoua la tête, se remettant de son absence temporaire, et sursauta presque quand les deux visiteurs se pointèrent devant lui avec juste une serviette autour des hanches.

Il les fit passer par une porte adjacente directement sur les bains. Un groupe de filles était assis autour d'une des baignoires circulaires en marbre, savourant un moment entre femmes dans l'eau chaude. Certaines avec une serviette autour d'elles, d'autres à poil. Cependant, elles ne purent s'empêcher de faire des commentaires sur les deux "beaux mecs" et leur "joli cul" qui passèrent devant leur nez.

- Navré mesdames, mais je suis marié et très, très, heureux dans mon couple, yoi, répondit Marco sans les regarder. Mais je vous remercie pour le compliment.

Pour qu'Ace le lui dise très régulièrement, il savait qu'il avait une sacrée belle paire de fesses.

Ces dames étaient cependant les seules clientes. Peut-être que Dijkstra comptait finir sa réunion avec quelques réjouissances. Ils furent conduits à l'autre bout des bains, jusqu'à ce qui devait être une zone privée. Au travers l'un des trous du grillage de bois, on pouvait apercevoir trois hommes. L'un était le Roi des Mendiants, assis dans le bain, de profil. L'autre était un nain trapu et bien musclé qui tournait en rond devant la baignoire. Enfin, le troisième, était le plus grand et le plus imposant. Un troll humain, avec des yeux enfoncés dans ses orbites et un air méchant. Contrairement aux deux autres, il n'avait pas de tatouage.

- Du calme, Surin, disait l'homme aux allures de troll avec sa voix grave et presque mielleuse.

- Le Petit Bâtard est un homme mort, que ça vous plaise ou non, répliqua le nain.

- Eh bien ça ne nous plaît pas. Pas du tout même. Tu n'élimineras pas le Petit Bâtard sans notre accord, Surin, répliqua Bedlam en regardant froidement le nain.

Les deux nouveaux visiteurs échangèrent un regard et ils entrèrent ensemble.

- Reuven, tes invités sont là. Bonsoir, Phénix.

- Bonsoir, Roi des Mendiants, salua plaisamment le blond. Surin, je te dirais bien que c'est un plaisir, mais tu me répondrais d'aller me faire foutre.

Le nain grogna pour toute réponse en les regardant les rejoindre avec les bras croisés avant de se tourner vers le troll.

- Qu'est-ce qu'ils viennent foutre ici, eux ? On a pas besoin d'un putain de poulet de merde pour nos affaires.

- Ils sont ici pour me parler, c'est tout, bien que je me serais passé de la présence du pirate, dit calmement celui qui devait être Reuven.

- Ta déclaration d'amour me va droit au cœur, mais je suis un homme marié, navré, je ne peux répondre à tes sentiments, Dijkstra, yoi, sourit moqueusement le pirate.

- Content de te revoir, Geralt de Riv, nota le Roi des Mendiants en rejoignant Reuven de son côté de la baignoire.

- J'suis encore le dernier informé, on dirait. T'es qui, bordel, blandin ? demanda le nain.

- Je suis sorceleur, répondit simplement le mutant.

- T'as des problèmes de plomberie ? demanda Surin au propriétaire des bains.

- Non, ne t'en fais pas pour ça. Geralt est un vieil ami… enfin…

- Tout à fait, Dijkstra, sauf que nous ne sommes pas les seuls visiteurs. Un groupe d'une quinzaine d'individus, armés, vient de faire irruption, leur dit le mutant en se tournant vers la porte, l'oreille tendue.

- Qu'est-ce qu'il nous chante ? T'es un putain de devin ? aboya Surin.

Avant que Geralt ne lui explique ce qu'était un sorceleur, les femmes vues précédemment se mirent à hurler aux assassins. Surin poussa un juron alors que Bedlam demandait à Dijkstra s'il avait des armes qu'ils pourraient utiliser. Marco s'était attendu à devoir recracher les poignards, mais pas aussi vite. Il se pencha vers l'avant et les régurgita sous le regard écœuré du nain, avant d'essuyer la bave sur sa serviette. Il rendit au mutant sa dague et retira la lanière de cuir qui empêchait sa propre arme de sortir de son fourreau. On ne veut pas se retrouver transpercé de l'intérieur par accident avec une lame en kairoseki.

A côté, les trois patrons de la pègre avaient trouvé des armes que Reuven avait caché dans un coin sur un banc recouvert d'une serviette.

- C'est la première fois que je me bats avec la bite à l'air ! Raaaah ! hurla Surin en fonçant à l'assaut avec une hache.

Les masques de comédie que portaient les malfrats qui faisaient irruption dans les bains disaient que c'était des hommes du Petit Bâtard. A eux cinq, ce fut une affaire vite réglée. Bientôt, il ne resta que des corps souillant l'eau de la piscine peu profonde, au milieu des bains, de leur sang.

- Beau travail messieurs, salua le nain avec sa hache sur l'épaule.

- Toutes mes excuses pour cet incident. Le responsable va regretter son erreur, croyez-moi, annonça sombrement Dijkstra.

- On sait tous qui est derrière tout ça ! C'étaient des hommes du Bâtard, aucun doute là-dessus !

- Ne recommence pas ton cirque, surtout devant nos invités, siffla Bedlam entre ses dents à l'adresse de Surin.

- Parlons-en justement ! Ils arrivent la bouche en cœur, juste avant l'attaque... je suis le seul à trouver ça louche ? Surtout quand on connaît la tendance du poulet à mettre son bec là où il n'a rien à foutre ?

- Le poulet nous a sauvés plus d'une fois la vie, Surin, souviens-toi de ça avant de l'insulter.

- Laisse, Bedlam, j'ai l'habitude de pire, recommanda Marco en nettoyant son poignard sur les fringues d'un des morts pour ensuite le ranger dans son fourreau.

- Je suis d'avis qu'on leur laisse une chance de s'expliquer, demanda Reuven.

- Il se trouve que nous cherchons le Petit Bâtard, expliqua Geralt.

- Encore plus intéressant que l'étrange concert de ce soir au Martin-Pêcheur, nota Francis.

- Qu'est-ce que vous lui voulez ? demanda Carlos avec méfiance, faisant rouler des yeux d'exaspération ses compères humains.

- Il doit nous aider à trouver quelqu'un, dit succinctement Geralt.

- Ah ! Le Bâtard n'a jamais aidé quiconque de toute sa chienne de vie ! nota narquoisement le Roi des Mendiants.

- On lui demandera poliment.

Dijkstra se plia pour arriver au niveau de leur compère nain et lui dit :

- Tu vois, Surin ? Si tu ne l'avais pas traité de tous les noms, le Bâtard nous aurait peut-être gratifié de sa présence ce soir.

- Mais vous avez perdu la tête, messieurs. Il veut notre peau et vous voulez parlementer ? Il doit mourir et le plus tôt sera le mieux !

- /Je serais d'avis de dire que le Bâtard est un chiot, mais il présente un vilain cas de rage. Pour le coup, je rejoins Carlos sur l'idée de le tuer, yoi,/ commenta Marco à l'adresse de Geralt qui eut un bref hochement de tête.

- Qu'est-ce qu'il raconte, encore, celui-là ? aboya le nain.

- Il faisait part de son opinion, ce qui fait qu'aujourd'hui, quelqu'un qui devrait avoir deux sous de jugeotes, vient de dire qu'il est d'accord avec toi, résuma la montagne humaine puisque Dijkstra faisait la même taille que Marco.

Tiens, l'ancien chef des services secrets de Radovid connaissait le japonais ? Et dire que Geralt avait cru comprendre de la part de Iorveth que la langue restait dans le cercle fermé des commandants actuels haut placé de la Scoia'tael.

- Voilà ce que vous allez faire, finit par dire Surin. Vous allez rester ici à faire trempette, péter dans l'eau, enfin c'que vous voulez, et pendant ce temps, mes gars vont trouver le Petit Bâtard et débusquer ce foutu rat hors de sa tanière. Quant à vous deux…

Le nain se tourna vers Geralt et Marco.

- Si vous voulez trouver le Petit Bâtard, faites-le avant moi.

Et le nain préféra se tirer.

- Quelles sont les chances qu'il le trouve ? demanda Geralt.

- Faible. Le Bâtard sait bien se planquer, répondit Dijkstra.

- Je vais vous laisser, messieurs, annonça Bedlam. Bonne soirée, sorceleur, docteur… et mes compliments à ton épouse pour sa démonstration musicale. Sayonara.

- Je transmettrai, assura Marco.

Venant d'un des quatre seigneurs de la pègre de Novigrad, que le Roi des Mendiants sache pour lui et Ace ne le surprit pas. Pas plus que ses connaissances en japonais. Des quatre, Francis Bedlam et Dijkstra étaient ceux qui avaient le plus de ressources, de moyens et d'adaptabilité.

- Je passerai te voir demain, Francis, annonça Dijkstra. Nous terminerons notre conversation.

Cela le laissa donc seul avec les deux non-humains.

- On pourrait peut-être se rhabiller, non ? proposa Geralt.

- Oui, bien sûr. Ensuite, nous pourrons parler… en privé.

Quelques minutes plus tard, ils étaient dans des bureaux au-dessus des bains, rhabillés. Marco s'était installé paisiblement sur une chaise pour fumer son kiseru, pendant que Geralt restait debout à l'instar de leur hôte qui avait revêtu une tunique richement brodée. En comparaison aux vêtements de Bedlam qui, bien que propres et élégants, étaient légèrement mais proprement rapiécés çà et là, la tenue de "Sigi Reuven" était plus de l'ordre du bling bling.

- Quel beau merdier ce fut… je n'aurais jamais cru prendre plaisir à revoir celui à qui je dois prendre autant de bain, ni celui qui a joué en partie à mon expulsion de la cour de Radovid.

- Au moins, tu sens moins le troll des cavernes, yoi. Et je n'y suis pour rien si ta méthode de torture se laisse à désirer, mon cher Sigismund Djisktra, répondit paisiblement Marco.

- Je rejoins Marco, dit Geralt. Si cela te rend plus propre, cela valait le coup de te casser la cheville.

- Et elle s'est mal ressoudée… pas de veine, hein ? Je dois la tremper dans l'eau chaude six fois par jour, faute de quoi, elle carillonne comme les clochers de Beauclair au petit matin.

- Tu claudiques bien plus que les vieillards qui bossent pour Bedlam, se moqua le blond.

- Tu t'es mis sur mon chemin, tu l'as cherché, pointa Geralt à leur hôte.

- Je vois. Ma foi, si je pouvais remonter le temps, je te promets que j'agirais différemment à Thanedd. Pour commencer, j'ordonnerais à mes gars de te tuer au lieu de te ligoter.

- Maintenant que cela a été dit, Dijkstra, on peut passer à autre chose ? On n'a pas de temps à perdre. Alors, écoute-nous si ça te chante ou alors, mets-nous à la porte, mais ne nous fait pas perdre de temps et surtout, épargne-nous tes traits d'esprit.

Marco posa deux trois questions sur le Petit Bâtard, mais Dijkstra n'avait pas de nouvelles informations à leur donner. Il faudrait regarder ailleurs pour trouver l'homme. Mais ils n'étaient pas là que pour ça.

- Par simple curiosité, toi et Eilhart, vous êtes toujours copains comme cochon ? se renseigna Marco.

- Pas depuis qu'elle a essayé de m'envoyer des assassins, répondit Dijkstra en secouant la tête. Tu veux la tuer pour ta femme ? Comment se porte l'infâme Chat Noir ? Elle siffle toujours comme une théière ?

- J'ai trouvé quelqu'un bien plus doué que moi dans les miracles, yoi.

- Une information pour une autre, ça te va ? proposa Geralt en prenant les choses en main.

- Tu as toute mon attention, sourit froidement l'ancien maître espion.

- Ce cher et brave petit Willy, plus connu sous le nom du Petit Bâtard, bosse pour Radovid. Et il doit vous tuer tous les trois.

Les sourcils de l'ancien espion eurent un saut de surprise.

- Inutile de demander la source, je suppose.

Le silence de ses invités lui répondit.

- Eh bien, si c'est le cas, il est dans la merde jusqu'au cou.

- Tu as des contacts, tu sais qui peut m'arranger une entrevue avec les Rédaniens pour accéder au Bâtard ? Puisqu'il est protégé par eux, demanda Geralt.

- Non, j'ai coupé les ponts, mais toi, tu as une chance. Vernon Roche, des Stries Bleues, est en contact avec eux… pour le Nord. Adresse-toi à lui, tu auras une meilleure chance. Et puisqu'une de tes anciennes amantes et le Phénix lui ont déjà rendu visite, tu n'as pas besoin de moi pour te dire où chercher. Mais vous n'êtes pas là que pour ça, n'est-ce pas ?

- On cherche un barde. Le barde, yoi.

- Jaskier a disparu, tu sais quelque chose ? Se renseigna Geralt.

- Il lui est arrivé la même chose qu'à ceux qui fricotent avec le Petit Bâtard, répondit froidement l'ancien maître espion.

- Autrement dit ? Poussa le mutant.

- Il est entouré de vierges délicieuses qui le régalent de vin pétillant et de pâtisseries fourrées à la langue de rossignol.

Marco fronça les sourcils. Si c'était ça la cuisine de luxe, il passait son tour.

- Allons, messieurs, vous croyez qu'il lui est arrivé quoi ? Il est certainement au fond du Pontar, bien ficelé avec les cordes de sa mandoline, soupira le troll humain avec exaspération.

- De son luth, rectifia Geralt.

- En ce qui me concerne, il peut tout aussi bien pourrir au fond de l'eau flanqué d'un fichu trombone.

- Un tuba aurait été plus utile, yoi, commenta Marco.

Il reçut deux regards noirs.

- Pourquoi Thatch n'est pas là pour remarquer mes efforts à développer un sens de l'humour, maugréa le zoan.

- Tu n'aurais pas une dent contre Jaskier, par le plus grand des hasards ? Soupçonna Geralt.

- Bien sûr que si.

Voilà qui était très franc comme réponse.

- Je suis très sérieux. Jaskier vient de publier un sonnet. Dans la deuxième strophe, les rimes ne sont pas appariées comme il se doit ! Souffrez qu'un amoureux de la poésie y trouve à redire. Cet énergumène ne s'en sortira pas comme ça !

- Tu peux laisser le sarcasme de côté quelques instants et être sérieux ?

- Je vous ai dit que je me contrefiche de ce que votre ami le joli-cœur peut faire. J'ai bien assez de soucis moi-même…

Et une lueur s'alluma dans le regard de Dijkstra.

- Et vous pourriez bien m'aider avec. Echange de bons procédés. Vous m'aidez, je vous file un coup de main pour retrouver votre barde.

Les deux autres se regardèrent, avant que Geralt ne revienne vers le maître de la pègre.

- Dis-nous et on verra.

- Le plus simple est encore de vous le montrer. Une image en dit plus qu'un long discours… et je n'ai pas besoin d'insister sur votre silence, n'est-ce pas ? Si toi, je peux pas te tuer, ta petite mutante, elle est sensible aux lames dans les côtes.

Marco plissa les yeux mais ne dit rien.

- Et dernière chose avant qu'on y aille, évitez de dégainer si je ne vous le demande pas.

Encore plus curieux.

Il les conduisit jusqu'à un bain privé encadré de colonnade et inséra une clef dans l'encoche discrète dans la pierre d'une colonne. Ensuite, il saisit la section en question à deux mains et la fit pivoter. En réponse, l'eau fut évacuée du bassin, dévoilant un passage secret dans les profondeurs. Leur hôte s'assit sur le rebord, passa une première jambe dans le bain vide, puis prit sa seconde jambe dont la cheville était maintenue par une armature médicale remontant jusqu'à la cuisse. Difficilement, il la fit passer dans le bassin en pierre.

- Si vous voulez bien me suivre.

Il se saisit de l'échelle qui dépassait du trou au centre et descendit. Geralt suivit le mouvement quand Marco se contenta de sauter directement en bas. Ils se retrouvèrent dans des souterrains en briques propres et solides. Leur hôte prit une torche qu'il tendit vers les deux hommes derrière lui. Geralt l'alluma d'un signe avant d'en prendre une à son tour. Marco s'éclaira avec ses plumes pendant qu'ils marchaient le long du couloir jusqu'à une grille qu'il ouvrit avec une autre clef.

- Ah non ! Bart ! Ça suffit ! Pas encore ! rouspéta le malfrat en accélérant le pas en dépit de sa claudication.

Qui était Bart ? Eh bien, ils eurent vite la réponse

Un troll des cavernes frappait sa tête contre un mur avec répétition, malgré l'ordre de Dijkstra d'arrêter.

- Bart méchantBart perdu pépette à Sigi...gémissait la bête grise et rocailleuse en continuant de se frapper la tête contre la pierre.

La présence et surtout, l'apparence de la créature faisait revenir à la surface le constat que Geralt avait déjà eu avec Ace, Lambert et Vesemir. Soit les créatures mutaient, soit ils vivaient une nouvelle conjonction des sphères… ou alors, il existait encore des espèces qu'ils n'avaient pas encore découvertes et qui se manifestaient maintenant.

- Te cogner la tête contre un mur ne changera pas les faits, pointa Sigismund.

- Bart mal, Bart moins penser. Bart moins penser, Bart moins triste.

- Ton petit-frère ? demanda Marco.

- Oui, tout à fait. Le pauvre, forcé à travailler pour un chamelier zerrikanien. J'ai réussi à le racheter durant une partie de cartes.

- On voit très bien l'air de famille. Certainement la raison pour laquelle ça va tout seul entre vous deux. Pourquoi tu veux qu'on soit là, donc ? se renseigna le pro en s'avançant vers le dénommé Bart.

Leur hôte leur montra un trou immense sur le mur à leur droite, donnant certainement sur les égouts.

- Prenez note de ce trou, nous y reviendrons plus tard.

Puis, il désigna une cellule à proximité.

- Vous voyez cette porte ? Jusqu'à récemment, c'était une chambre forte, remplie de couronnes de Novigrad et autres babioles.

- Bart garder et boum ! A plus pépette ! expliqua le troll.

- En clair, ça signifie que quelqu'un m'a volé près de vingt tonnes d'or, sans compter les choses plus légères… Et vous allez m'aider à les récupérer.

- Attends... cet or, ce serait pas les fonds que l'on te confie en but d'investissement, yoi ? se renseigna Marco.

- Tout à fait. D'où le pourquoi de mon problème de liquidité doit rester un secret.

- D'accord, on va t'aider, soupira Geralt.

- Ce n'est pas l'enthousiasme qui t'étouffe, commenta Dijkstra.

- Mutations de sorceleurs celles des Loups nous privent de nos émotions. Je saute de joie en dedans.

- Youpie, hourra, yay, yatta… ironisa Marco en levant les bras pour simuler la joie.

- Avant d'aller jeter un œil à ce passage, j'ai quelques questions, annonça le mutant.

Ils firent d'abord le tour des détails extérieurs. La localisation de la chambre n'était connue que par ceux qui y plaçaient leurs fonds, Bart, Dijkstra et les voleurs. Ce jour-là, aux bains, rien de bien particulier. Le calme plat, les habitués.

Pour le butin, on avait trois coffres de florins Nilfgaardien, un d'émeraudes, de rubis et de topazes, vaisselles et chandeliers en argent… et la liste continuait. Mais un butin pareil, impossible d'être discret.

Le premier point intéressant vint de Bart. En décryptant son langage de troll, on comprit qu'il y avait eu une explosion qui l'avait surpris. Et en allant voir, il s'était pris dans les spores des champignons qui poussaient dans les égouts pour tomber endormi. Normalement cette moisissure était assez toxique pour tuer quelqu'un, mais un troll était plus résistant. Donc, soit leurs voleurs étaient immunisés contre eux, soit ils avaient trouvé une parade.

Marco se rapprocha avec précaution du trou et fronça les sourcils en chaussant ses lunettes. Il était peut-être un peu loin, mais il était certain que c'était du penicillium qui tapissait les égouts. Champignon qui avait intéressé Jaskier. Apparemment, l'antidote ou le breuvage permettant de résister n'était pas supporté par tout le monde.

Un petit mot au troll leur laissa comme indice qu'on avait dû glisser une bombe dans les canalisations (si on pouvait songer à ça avec le caillou siffleur que le troll avait entendu dans ses latrines). Finalement, le propriétaire s'en alla, disant que si on le cherchait, il serait en haut. Cela ne laissait que les deux voyageurs pour enquêter.

- T'as vu la canalisation ? demanda Marco en montrant un tuyau de bronze qui pendait du plafond, juste au bord du trou.

- Oui. Tordu vers l'extérieur, donc, ce qui l'a fait exploser devait être dedans. Cela a fait exploser aussi un morceau de mur.

Marco passa avec précaution sa tête à l'extérieur, restant loin des spores, et observa le plafond.

- Je crois que les conduits des bains convergent ici.

Les choses se clarifiaient.

Bien à l'abri derrière Quen, Geralt partit à l'exploration. Il trouva un morceau de la grille de la canalisation avec des traces de mortier, prouvant qu'elle n'avait pas été forcée mais que l'explosion l'avait arrachée. En s'enfonçant, il trouva d'autres morceaux du conduit. L'explosion avait vraiment dû être sauvage.

Le Loup Blanc continua son avancée avec précaution. En suivant le canal, il tomba nez à nez avec des cadavres de noyeurs. Certains avaient l'air de s'être fait charger par un catoblépas en furie. D'autres...

Le sorceleur s'accroupit et observa la créature qui avait été proprement coupée en deux. Par une lame. Mais il n'y avait que deux solutions pour que le monstre soit tranché aussi nettement. Soit il était question d'un individu avec une force digne d'un géant de glace. Soit c'était le Haki.

Entre les pierres et les moisissures, il trouva une bague. Une bague en argent sertie d'une émeraude. Clairement la piste prise pour les fuyards. Quelque pas plus loin, il trouva un mort, le visage barbouillé de vomi, la brute que Dijkstra avait engagée. Il y mit le feu et reprit sa route. Mais au détour d'un couloir, il trouva un autre cadavre, assis contre un mur, en retrait. Puisque Dijkstra n'avait parlé que d'un seul homme de main et non de deux, le défunt devant lui devait être venu avec Jaskier. En brûlant le corps, il comprit pourquoi les noyeurs étaient venus en premier lieu : ils avaient senti un cadavre, donc, de la nourriture.

Lentement, pataugeant dans l'eau, il continua son chemin dans l'égout. Au moins, il ne risquait pas de tomber nez à nez avec un zeugl, l'endroit n'était pas assez sale pour ça.

Sa botte percuta quelque chose qui ricocha contre des briques perdues. Il ramassa l'objet et l'examina. Un bout de cylindre en argent. Tordu. Avec des runes sur un de ses côtés. Certainement un morceau de bombe.

Il le porta à son nez.

Huile de wyverne et… caramel ?

Il regarda autour de lui. Il doutait de pouvoir apprendre quoi que ce soit de plus. Toujours sous la protection de Quen, il revint vers Marco qui n'avait pas bougé et à qui il fit un signe de la tête pour l'inviter à le suivre. Sans un mot, le blond lui emboîta le pas et ensemble, ils retrouvèrent Dijkstra dans son bureau. Là, Geralt s'assit en face de l'ancien maître espion Rédanien et lui remit ses découvertes.

- J'ai trouvé un deuxième corps dans les égouts. Comme ton ami Fonce, le voleur a vomi l'antidote.

- Jolie mort. Tu as trouvé quelque chose sur son corps ?

Le Loup Blanc secoua la tête.

- Juste une fiole vide.

- Donc, un gros bras, là seulement pour la manœuvre, yoi.

- Donc, pas important, sinon, on ne l'aurait pas abandonné. Cette piste est aussi froide que lui. Autre chose ?

Geralt posa sur le bureau le morceau de bombe.

- Voilà ce qui a éventré ton mur. Une base de cylindre en argent couvert de runes, pointa le mutant.

- Intéressant, accorda Dijkstra. Une idée du contenu ?

- J'ai reconnu de l'huile de wyverne et… du sucre.

- Du sucre ? Je ne suis pas d'humeur à plaisanter, Geralt.

- Moi non plus, je te dis juste que j'ai trouvé une bombe qui sent le sucre.

- Je veux bien que le sucre réagisse assez mal en présence d'acide sulfurique, mais pas au point de tout faire sauter, yoi, réfléchit Marco. Après, on a une odeur. C'est peut-être la réaction d'autre chose qui donne cette odeur sucrée.

- Tout à fait possible, oui, admit Dijkstra.

- Marco, tu as fait sauter une cafetière… et elle ne contenait rien de plus que du café. Tu es très mal placé pour parler de la dangerosité du sucre, surtout si on en croit les histoires de ton frère, rappela à l'ordre Geralt. J'ai entendu parler d'une histoire effrayante entre toi et une banale pomme de Portgas.

- C'est un coup bas… très bas même, s'offusqua le blond alors que l'ancien espion ricanait.

- Outre les compétences de notre ami médecin qui me font me sentir mieux devant mes propres fourneaux, vous avez appris quoi que ce soit d'autre sur la bombe ?

- Elle a été introduite dans un conduit qui passe près de la chambre forte, informa le sorceleur. La grille était toujours en place quand elle a sauté, ce qui signifie.

- ...que la bombe a été introduite par les bains-douches, compléta Dijkstra.

- Le coupable a dû vider un bassin pour faire passer sa bombe, yoi, pointa Marco. Elle est descendue avec l'écoulement et a fini par s'arrêter contre la grille.

- Et là, pour citer Bart : gros boum.

- Tu fais tellement bien le troll, c'est merveilleux, se moqua le Phénix.

- Certains s'en sortent avec les poulets, d'autres avec les trolls.

- Le conduit est notre meilleure piste, il faut donc voir à quel bassin il est relié, coupa Geralt.

- Surtout quand on sait que Happen tient un registre des clients. Il devrait pouvoir nous dire qui l'a utilisé le jour du vol. C'est plutôt bien pensé, ma foi.

Et l'homme se leva pour contourner en claudiquant son bureau.

- Ces compliments sont un honneur, répondit le Loup Blanc alors que lui et Marco emboitaient le pas de leur hôte.

- Oh ce ton sarcastique… il me manquait.

- Vraiment ?

- Oui, à peu près autant que les serres de l'autre con dans le fond de culotte.

- Estime-toi heureux de ne pas savoir comment j'ai infligé une cicatrice à un Vampire Supérieur, yoi, répondit l'autre con en question.

Le trio retourna dans la zone des bains et se mit à fouiller les bassins à la recherche d'indices. Il ne fallut pas longtemps avant que Geralt ne les appelle. Et quand ils virent la raison, Marco se dit que c'était une sage décision de ne pas venir faire sa toilette ici, puisque pour qu'on trouve encore de l'huile en surface d'un bassin, pour un incident remontant à un moment, c'est que l'eau ne devait pas être nettoyée régulièrement. Bonjour les saloperies. A côté on avait un couvercle en argent correspondant au diamètre du cylindre trouver dans les égouts.

- HAPPEN ! PURGE LE BASSIN NUMÉRO QUATRE ! ET APPORTE LE REGISTRE ! ET QU'ÇA SAUTE !

Et pour faire bonne mesure, Sigi frappa dans ses mains.

Bientôt, le bassin fut vidé alors que l'eunuque les rejoignait avec un registre en main.

- Pas de grille au niveau de l'évacuation, c'est le bon, yoi, nota Marco qui avait jeté un œil dans le tuyau.

- Happen, qui a utilisé ce bassin le jour du cambriolage ?

- Voyons… réfléchit l'homme en consultant le registre. Berthold Heintz, conseiller municipal ; Josef Schveik, brasseur… le margrave Henckel...

Jaskier.

Marco se souvenait de ce que les jumelles Var Attre lui avaient raconté. Jaskier les avaient menées sur la tombe du professeur de Oxenfurt et il y avait celle de Henckel qui, bien que n'étant pas professeur, avait été présenté comme un généreux donateur. Il aurait mis sa main à couper que c'était après la mort du margrave que le cambriolage avait eu lieu.

- Henckel ! C'est impossible ! réfuta Dijkstra.

Marco l'aurait parié. Merci au Rédanien de lui épargner de gaspiller sa salive.

- En quoi ? se renseigna Geralt.

Bien, le Loup Blanc avait oublié le nom. Parfait, cela permettait de brouiller les pistes vers Jaskier.

- Le vieux sagouin bouffe les pissenlits par la racine depuis l'hiver dernier ! Impossible qu'il ait été présent le jour du vol !

- Il est mort ? S'étonna Happen. Je l'ignorais.

- Rien d'étonnant à cela. L'honorable margrave a cassé sa pipe au bordel, paré de lingerie de cuir !

- Certains aiment les jeux de soumissions, personnellement, je me contente d'une paire de menottes dans la tête de lit et ça marche tout aussi bien, yoi, marmonna Marco toujours accroupi dans le bassin. Ah le bon temps où Eilhart n'avait pas foutu le bordel dans mon mariage…

- Sans s'attarder sur la vie sexuelle du poulet, il s'avère que la famille a choisi des funérailles discrètes… mais j'ai mes sources, reprit l'ancien espion.

- Pourtant, c'est bien lui que j'ai vu ce jour-là, monsieur Reuven. Aucun doute, certifia Happen.

- Tu lui as parlé ? Tu l'as examiné de près ?

- Non… il est juste passé devant moi à son arrivée...

- Donc, ce n'était pas Henckel mais un imposteur. Réfléchis pour une fois ! engueula le patron. On t'a privé de tes burnes, pas de ta cervelle ! Quant à toi, Geralt, penche-toi sur la question avec le doc. Ou sa femme, vue qu'elle m'a l'air meilleur limier.

Ace était un chasseur né. A la tête de l'escouade de chasse et punitive de leur équipage. Forcément qu'il était bon limier.

- J'ai une grosse opération médicale sous peu, Geralt va devoir bosser seul, parce que ça implique la paire de poumons du Chat Noir, yoi, informa Marco en se redressant.

- Je vais commencer par le domicile de ce Henckel, sait-on jamais, annonça Geralt.

- C'est un manoir délabré au sud de la Grande place.

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Marco soupira en arrangeant le coussin pour soulager les côtes de Mandos. Il avait vraiment la tentation de faire son devoir de médecin et soigner le pauvre elfe qui avait goûté à la puissance de Thatch durant un entraînement, mais il avait peur d'interférer avec l'apprentissage d'une leçon importante de combat et de survie. Celle qui s'apprend dans le sang et la douleur. Et de toute façon, il soupçonnait la magie du jeune de commencer son œuvre en soignant doucement les blessures.

- Bonne nuit Shiva.

- Bonne nuit, mon commandant, répondit l'elfe en remontant la couverture sur sa queue de serpent avant de se cacher sous une de ses ailes.

- Tu…

- Je le garde à l'œil et je te réveille si ça ne va pas.

C'était rare quand Shiva faisait à ce point attention à un homme, alors, Marco se doutait qu'elle était sérieuse.

Il ferma la porte derrière lui et grimpa au dernier étage. La meilleure chambre y était. C'était celle avec le plus grand lit, donc celle que Zoltan lui avait laissée avec Ace puisqu'ils étaient un couple. Il y avait deux autres chambres. Une pour les fillettes et une autre vide que le nain lui avait laissé afin d'opérer son époux. Devant la porte de la chambre, il retira cape, tunique et chaussures, avant de rejoindre la future salle d'opération. Il avait un gros travail de nettoyage et de stérilisation à faire. Il ne voulait pas mettre à l'épreuve les mutations des Chats en laissant son époux se chopper une infection pendant qu'il avait les poumons à l'air.