Bonjour à tous ! Pour octobre, j'ai décidé de parler du second cauchemar d'Ace en ce monde après Eilhart : THE CAT. Je vous laisse le chapitre pour découvrir la suite
.
.
.
.
Se moquer du Hiérarque, c'était bien, mais Shiva avait du pain sur la planche. Elle avait une petite idée pour aider Ace, mais le mera mera no mi s'avérait être un obstacle dans cela. Elle effaça les notes à la craie qu'elle avait faites sur le plancher de la chambre qu'elle partageait avec Mandos. Le papier étant une denrée rare en ce monde ne connaissant pas les usines, et découvrant tout juste l'imprimerie, elle ne pouvait se permettre de le gaspiller en arrachant des pages comme du vulgaire brouillon. D'où le pourquoi elle faisait à l'ancienne avec une craie blanche et le bois du plancher. De toute façon, elle avait assurée à Zoltan qu'elle laverait le sol correctement une fois ses affaires finies. Elle feuilleta de nouveau les notes qu'elle avait prises au cours de sa vie et via la bibliothèque de Novigrad sur le rapport entre la magie et les akuma no mi. Elle y était presque, elle était certaine que le logia pouvait l'aider ou alors, qu'il était au contraire l'obstacle.
- … Besoin d'un coup de main ? Proposa Mandos qui essayait de traduire un ouvrage japonais à l'aide du livret d'Ace.
Shiva le regarda, ses écailles recouvertes en partie de la poussière blanche de la craie. Elle attrapa une éponge et effaça tout ce qu'elle avait mis sur le sol, avant de changer de côté pour que le jeune elfe puisse voir par-dessus son épaule. Elle fit le signe masculin et le tapota avec sa craie.
- Ceci, c'est Ace, un humain lambda de sexe, mental et physique masculin, tel qu'il était à la naissance.
Elle fit une flèche vers l'avant et refit le même symbole, avant de l'entourer.
- Ceci, c'est le même humain avec le mera mera. Il est donc… devil's user dans ta langue natale. Puisqu'il est de type logia, s'il pousse, il peut modifier sa physionomie de façon très notable, dont notamment un changement de sexe qui reste temporaire.
Elle fit une nouvelle flèche pour mener à une répétition du symbole précédent additionné à un petit pentacle.
- Là, on a la rencontre avec Eilhart.
Elle souligna cette opération, fit une flèche vers le bas et traça le symbole d'une femme.
- Et là, on a Anabela, qui passe de vingt et un à sept ans, telle que l'a récupérée Schrödinger.
De ce nouveau point, elle continua avec une courte flèche, pour remplir le nouveau dessin féminin avec des points.
- Ici, on a les mutations.
Nouvelle flèche pour donner une nouvelle opération. Le dessin féminin avec les mutations, additionné avec un dessin féminin entouré d'éclairs.
- Oui, je sais, c'est pas très parlant, mais j'avais pas d'autres idées pour désigner la Dame du Lac et donc, une divinité.
- Okay … son impact sur Ace fut… ? Se renseigna l'elfe qui suivait les dessins.
Shiva fit un trait au-dessus de l'opération, comme en miroir avec ce qu'elle avait fait avec Eilhart. Le symbole qu'elle dessina en résultat devait être prévisible puisqu'elle revenait sur la ligne avec que des dessins représentant la part masculine du D. Elle traça le symbole d'un homme, avec les points pour les mutations.
- Donc… il a réussi à retrouver son genre temporairement grâce à la Dame du Lac, conclut l'elfe.
Shiva fit un nouveau trait, s'éloignant un peu plus du lit puisqu'elle manquait de place pour continuer la ligne en restant à sa place. Elle reproduisit le symbole du Ace mutant et une nouvelle addition, avec cette fois, une tête de mort.
- La malédiction de Sabrina de Glevissig et ce qu'elle a provoqué sur le champ de bataille de Vergen. Thatch a vu de ses yeux Ace redevenir une femme dès que les spectres se sont manifestés.
Avec une certaine rage et frustration, elle traça la ligne sous l'opération pour revenir à Anabela mutante. Elle conclut sa démonstration par une nouvelle flèche et un symbole montrant l'état actuel des choses : un Ace mutant physiquement femme avec un akuma no mi.
- L'une des premières choses qu'il a essayé de faire en récupérant son logia que Eilhart lui avait volé, c'est de chercher à reprendre un sexe masculin. Et il ne s'est rien passé, raconta la brune. On ne sait pas si c'est parce que le sort de Eilhart se nourrit de magie noire pour marcher, comme ça pourrait le suggérer avec l'incident de Vergen, ou simplement si elle a endommagé le mera mera en le retirant de force à son utilisateur. Ce qui est certain, c'est qu'on cherche à ramener Ace sur la ligne supérieure. Définitivement.
- Je comprends le fond du problème sans réellement trouver de réponse, dit lentement l'elfe. L'hypothèse de la magie noire pourrait prédominer rien qu'avec ce qu'il s'est passé à Vergen. La zone puait la magie noire. Mais, je ne connais pas assez sur les akuma no mi pour savoir s'il y a aussi un impact et qu'elle l'a endommagé. Tu pourrais me donner des informations sur ces derniers ?
La zoan se déplaça pour s'adosser à son propre lit et brandit le mera mera no mi qu'elle avait récupéré dans le cas où elle en aurait besoin pour expérimenter.
- C'est le fruit du démon d'Ace. Le mera mera no mi. C'est dans le nom, c'est un fruit du démon. Si quelqu'un, dans cette taverne sait la vérité sur eux, c'est Gol D. Roger et personne d'autre. Mais pour beaucoup, ce qu'est un akuma no mi se rapporte à la légende. Davy Jones, le démon et souverain des profondeurs en a fait cadeau au mortel par jeu. Quiconque mord dedans vend son âme au démon en échange d'un pouvoir, à la fois aléatoire et unique. Tu as le phénix de Marco, moi en tant qu'avatar divin, Ace comme élément et Iro qui change de couleur. Il suffit d'une bouchée du fruit pour s'approprier le pouvoir. Une bouchée parce que le reste du fruit ne sert à rien. Le pouvoir reste chez la même personne jusqu'à la mort. Sur le papier, certains diraient que c'est peu cher payer pour être surpuissant, mais il reste les petites lignes du contrat. Outre la faiblesse au granit marin, à la mer et l'océan, on est incapable de nager. Il y a aussi que tout et n'importe quoi peut être un pouvoir. T'as de la chance, du flair, de l'instinct, et tu peux peut-être deviner ce que te réserve celui en face de toi. Mais même en agissant par élimination, tu ne peux pas être certain de ce à quoi tu te condamnes si tu mords dedans. Parce que les possibilités sont énormes. Etat, élément, objet, animal… tout. Davy Jones a laissé en notre monde une arme à double tranchant.
Elle soupira et regarda Mandos clairement perdu dans ses pensées.
- Comme toute arme, il y a deux bords… c'est déjà une bénédiction/malédiction en soit… Les pierres d'Avalon sont des artefacts divins de l'ancienne religion, celle de la Grande Déesse Mère et tous les Faes, réfléchit Mandos. Ça explique pourquoi tu as refusé d'y toucher. Je pense que ce serait similaire au granit marin. Ils sont… purs. À l'opposé d'un démon. Avec Gaunter, j'aurais très certainement dû en faire une amulette de protection.
Il continua d'observer les étapes sous le regard silencieux et désespéré de l'elfe noire.
- Ton souci est de déterminer si c'est le fruit ou si c'est une malédiction. Si j'avais accès à la bibliothèque Black, on aurait pu voir pour les malédictions. Mais je ne me balade plus avec ces livres depuis que plusieurs de la loge ont voulu foutre leur nez dedans. Je ne tiens pas à revoir la grande Peste Noire dans les royaumes du nord. Mais … pour les akuma, on peut interroger Roger. Tu as une planche de Ouija ? Ça m'éviterait d'utiliser le moindre sort. Et vu qu'il est là, on n'a pas le risque de faire venir des… spectres.
- Le fruit en lui-même est une malédiction, il s'agirait plus de savoir si ce changement se nourrit de malédictions ou d'autre chose. Après on peut faire totalement fausse route !
Elle en était presque réduite à s'arracher les cheveux. Elle regarda Mandos appeler Roger et peu après, un verre se briser au sol. Bon sang, il aurait pu se manifester autrement.
- Akuma no Mi ? Vous avez des informations dessus qui pourrait aider Ace ?
La craie vola des mains de Shiva et se mit à écrire en nordien :
[Non, rien du tout, sinon je t'aurais demandé de faire passer le message à sa camarade depuis longtemps. Par contre, il est revenu de sa balade avec Geralt et la magicienne Triss. Mon fils lui a volontairement demandé de l'aide. Trois cerveaux valent mieux qu'un.]
- Ace qui demande de l'aide à Merigold ? Soit il sait quelque chose à son sujet pour s'assurer qu'elle lui fera pas un petit dans le dos, soit il juge qu'elle a assez changé pour lui faire confiance. Allez, allons voir ce qu'il se passe en bas.
Elle se dressa sur sa queue, épousseta son pantalon quand elle retrouva ses jambes humaines et recopia rapidement le schéma qu'elle avait fait pour expliquer la chronologie des faits, pendant que Mandos descendait en premier.
- Merci pour l'aide Roger. Bon. Je vais me sortir de la cervelle les deux trois sorts et malédictions sur les changements. Il y en a bien une qui pourrait aider dans celles que j'ai mémorisées. Ou l'on trouve la planque de Philippa ainsi que des notes qui peuvent aider. On arrivera bien à quelque chose avant le prochain siècle. Je descends.
- Je te rejoins, petit-frère.
Le plus jeune referma la porte derrière lui et dans l'escalier, il croisa Ace qui quittait sa chambre dans un kimono bleu turquoise parsemé de dessins de plumes dorées. Vêtement bien trop grand pour lui parce qu'il appartenait à Marco. Le D. ne le remarqua qu'au moment où il se prit une pichenette dans le crâne.
- Tu es un idiot.
- Merci pour mes poumons, Mandos. J'ai peut-être fait l'idiot, mais je suis resté prudent dans ma bêtise.
Et il suivit l'elfe dans la salle de la taverne. Triss s'était assise à une table dans l'ombre et sous une capuche, à moitié cachée par Geralt, Zoltan, Marco et Thatch. Et un pichet de vin. A cet instant, la magicienne observait une carte du continent faite main en suivant les mouvements du doigt du Phénix sur les eaux jusqu'au Kovir. Anaïs cessa de jouer avec King et Iro en voyant Ace pour rejoindre le mutant.
- Reste avec Mandos un instant, j'arrive, souffla le D. à son enfant surprise avant d'aller s'asseoir avec le groupe.
- Je ne m'attendais pas à te voir porter un vêtement en soie, nota Triss en jetant un œil au kimono.
- Ce kimono est à moi, Merigold. Un vieux cadeau d'un très vieil ami, yoi, informa Marco. C'est plus léger donc, plus recommandé à porter après l'opération qu'il a subie…
- Tu m'as déjà engueulé, tu veux vraiment me repasser un savon alors que je suis resté raisonnable et prudent ? S'agaça son époux.
- On t'a dit de rester au lit au moins une journée encore ! Imagine qu'il y ait eu des complications ! Tu te serais vidé de ton sang dans les rues de Novigrad alors qu'ici, vu qu'on est à côté, on aurait pu intervenir rapidement !
- Anata, tu as déjà peu de cheveux, préserve-les en ne te prenant pas la tête pour un truc pareil. Je vais bien.
- Aussi amusante que soit votre conversation, peut-on revenir au sujet ? Demanda Triss avec un petit sourire.
- Exact. Donc, Triss, je serais le seul à avoir de l'expérience en navigation. On n'a pas le temps de trouver un équipage digne de confiance, je veux que tu me promettes qu'à bord, mages, alchimistes et tutti quanti obéiront à mes ordres. Le premier qui râle, je l'envoie à la flotte et je le laisse se démerder, yoi.
- Tu as sauvé beaucoup de monde, à Sodden, ces mêmes personnes mettront leur fierté de côté pour suivre tes indications et survivre, promit Triss. Et je m'assurerai qu'on t'écoute.
- Je mettrais pas mon argent dessus, grommela Zoltan qu'on avait du mal à voir sur son banc. Sans vouloir t'offenser, Triss, tu sais que je t'aime bien, mais les mages ont tendance à n'en faire qu'à leur tête. Je pense que notre cher médecin devra en noyer un ou deux pour que la leçon soit comprise.
- Tu es certain de vouloir faire le voyage seul ? Je ne suis pas un expert, mais ça fait long jusqu'au Kovir, et ça sera dangereux, pointa Geralt alors que Shiva descendait l'escalier derrière eux en ayant remis son foulard sur sa crête de plumes.
- Dans d'autres circonstances, j'aurais pris ma famille, Geralt, lui dit Marco. Mais je ne peux me permettre de nous ralentir quand on doit trouver Ciri et Luffy, yoi. Donc je ferai le voyage seul.
Ace lui serra la main pendant un instant, faisant sourire son époux avant qu'il ne se tourne vers Mandos qui s'était assis à une autre table avec Anaïs.
- On en a fini. Thatch, tu vas chercher la petite ?
- À plus tard, je vais voler à la rencontre d'une charmante Gretka.
Et il rabattit la capuche de sa cape sur son catogan (Marco l'avait persuadé de se limiter à ça pour être discret) et s'en alla. Shiva s'assit à la table et salua Triss qui la remercia encore une fois pour son aide à Vergen.
- Même si je ne suis pas la femme la plus altruiste du monde, je pouvais pas te laisser dans cet état. Et entre nous, je n'étais même pas certaine de réussir.
- Eh bien, la chance du débutant a joué en ma faveur, nota la magicienne avec un sourire sous sa capuche.
Shiva jeta un regard à Mandos, mais c'est Anaïs qui réagit et le prit par la main pour le conduire à la table. Elle salua bien poliment la magicienne, lui demanda de ses nouvelles, avant de s'asseoir sur les genoux du Chat Noir. L'elfe s'assit en face du D. et lui proposa une partie de cartes.
- Triss, Mandos. Mandos… pas besoin de présentation, je suppose, annonça Geralt.
Le sorcier releva alors la tête vers la magicienne et se redressa pour effectuer un salut respectueux sans pour autant s'abaisser.
- Ceádmil, Triss Merigold. Mandos Cerbin.
- Enchantée, Mandos. Geralt et Ace m'ont vaguement parlé de toi. Je présume que la réciproque est vraie, salua agréablement la rousse.
- Ils ont parlé, certes, de beaucoup de choses. Et oui, vous en faites partie. Mais je ne pense pas que vous soyez intéressée par ce que je sais ou ce que j'ai entendu. Après tout, ce ne sont que des mots et des réputations. Ça change en fonction de celui qui parle et celui qui écoute. Mais je reste enchanté de vous rencontrer.
La magicienne eut un rire.
- Je t'aime bien, jeune magicien. J'avais perdu espoir de voir des mages de Ban Ard développer un sens de l'humour. Pour un jeune diplômé, tu es très doué si tu as réussi à aider notre Chat Noir avec son souci de respiration.
Mandos remonta à la surface un peu de magie en se tournant vers la femme.
- So if I was from the school of those idiots, I would have been killed getting out of bed. So thank you but I am not a mage, but a wizard. And I want to point it out. Besides, My uncle Ior' doesn't like magicians, and I agree often with him. We don't play in the same class, Triss Merigold.
Marco eut un reniflement amusé alors qu'Ace faisait encore le déchiffrage de ce que l'elfe venait de dire. Shiva, elle, elle tapota la tête de Mandos.
- I'm so very proud of you, my sweet little brother.
Mandos eut un long moment d'arrêt et tourna la tête vers Shiva, surpris. Pour le coup, il hocha juste la tête sans répondre, le regard vacant.
- Ah. Il vient de chez vous, comprit la rousse.
- Non plus, perdu Triss, lui dit Zoltan. Un verre, Mandos ?
- Avec plaisir Zoltan, répondit le jeune elfe en retirant sa capuche.
Il conserva son œil fermé, montrant toute l'ampleur de sa malédiction, mais aussi accentuant sa ressemblance avec Iorveth. Pas longtemps parce que Geralt lui remit rapidement la capuche sur la tête. Ace jeta un œil aux clients de la taverne, sérieux et Marco se leva.
- Je vais sortir les ordures, ne m'attendez pas.
Shiva lui donna deux aiguilles que le blond attrapa au passage. Il alla rejoindre deux clients qui les espionnaient en essayant d'être discrets et se pencha vers eux comme pour leur parler, avant que l'un d'eux ne se plaigne d'étranges douleurs. Parfaite excuse pour que Marco, médecin connu, l'entraîne dehors avec son camarade.
- Je reste un très gros serpent, se contenta-t-elle de dire à Zoltan quand il lui jeta un regard curieux.
- Plus qu'un gros serpent, il faut avoir des envies de mort pour te marcher sur la queue, répondit le nain.
- Comme toujours, tu t'entoures de gens intéressants, Geralt, nota Triss. Un elfe, clairement affilié à un renard connu de tous, qui parle une langue du monde de nos amis pirates. Quoique cette marque… je peux ?
Elle porta une main vers le visage de Mandos sous la capuche de celui-ci mais l'elfe recula.
- Je ne préfère pas. Regardez de loin mais ne touchez pas. Et puis, les deux clients vous regardaient un peu trop pour ne pas être suspicieux.
Shiva posa une main protectrice sur lui et siffla doucement en laissant voir un bref instant sa langue de serpent. Triss laissa retomber sa main et jeta un regard vers le D, l'accusant presque silencieusement d'avoir influencé l'elfe.
- Mandos Cerbin te connaît certainement mieux que moi, et je peux t'assurer qu'il est assez grand pour prendre ses propres décisions seul, bonnes ou mauvaises, sans tenir compte de l'avis d'un stupide sorceleur comme moi.
La porte s'ouvrit à cet instant sur un coursier qui vint droit sur le D., le surprenant quelque peu.
- Portgas D. Anabela ?
- Qu'est-ce que tu as encore fait ? Demanda Anaïs en regardant le mutant.
- Ah t'y mets pas à m'accuser pour rien, protesta le pirate. C'est moi, qu'est-ce qu'il y a ?
- Une lettre pour vous. Bonne journée.
Une lettre changea de main et l'homme s'en alla sous le regard perplexe de tout le monde. Le D. jeta un œil à son nom sur l'enveloppe et son regard s'assombrit. Avec une certaine colère, il décacheta la lettre et la lut en silence.
- Pour revenir à ta marque, c'est une magie ancienne et puissante. Je serais incapable de lever un sort pareil, et si toi ou Shiva y parvenaient, je vous en félicite.
- On sait… par contre, vous devez connaître d'autres points qui pourraient nous aider. Shiva et moi aurions des questions. Mais on verra cela plus tard. Je pense que l'on a des affaires plus pressantes. Non ?
Et il se bourra une pipe.
Qui se brisa entre ses doigts quand Ace perdit le contrôle de son Haki. Dans la taverne, ils étaient la seule table à être consciente quand tous les autres s'étaient évanouis. Si un regard pouvait tuer, l'auteur de cette lettre serait mort dans les plus atroces souffrances.
- Taîsho ? Demanda Shiva avec inquiétude.
Sans un mot, le Chat Noir attrapa Anaïs et la laissa sur le banc à côté avant de se lever.
- C'est ce genre de moment où j'aimerais avoir une ligne directe avec ma partenaire favorite de poker. Si Marco me cherche, je pars à la chasse.
- Un souci ? S'inquiéta Zoltan.
- Schrödinger. Je retourne à Velen.
Et il emmerdait sa santé. Il marcha rapidement jusqu'à sa chambre pour se changer, mais pas assez vite pour que Mandos ne le rattrape dans le couloir.
- Je viens… je préfère être présent si un truc se passe mal. Je te laisse tranquille demain soir car le cap sera passé.
Sans un mot, le D. lui remit la lettre qu'il avait reçue et entra dans sa chambre pour se changer. Il attrapa son sac, prépara le fusil et enfila son armure. Il serra les dents quand le cuir et le métal firent pression sur sa poitrine sensible. Il inspira profondément par le nez et compta jusqu'à quatre avant de rapidement nouer les sangles.
Il expira lentement par la bouche et essuya une larme de douleur. Il ramassa ses affaires et redescendit.
- Shiva. Carte blanche pour Menge. Et garde un œil sur Anaïs. J'espère ne pas en avoir pour longtemps, mais je sais très bien que je peux pas dire non à ce salopard. Occupez-vous de Menge. Je ferai du Petit Bâtard mon affaire, quitte à aller voir Radovid en personne pour avoir l'information.
Il rabattit la capuche sur sa tête et sortit de la taverne. Mandos avait déjà préparé les chevaux. Ace attacha son sac sur la selle de Shinigami et se hissa sur celle-ci, cachant ses rictus de douleur.
- Plus vite j'aurais retrouvé Gaëtan et renvoyé son foutu cul à Schrödinger, plus vite je pourrais reprendre les recherches pour Ciri et Luffy. J'ai déjà essayé par le passé d'échapper à ses missions… ça ne s'est jamais bien fini pour moi.
- Et s'occuper du donneur de missions directement ? Demanda Mandos en lançant au petit trop sa monture.
- J'ai déjà essayé de mettre des primes sur sa tête, et il a réussi à les faire sauter. J'ai passé dix ans à le traquer pour le tuer, pour le voir me narguer en permanence. Sauf si ta Lady veut me rendre ce service et me dire directement où est le salopard, cette option n'est pas possible.
- La Mort ne te répondra pas. Par contre, un mort oui. On peut se cacher des vivants. Très difficilement des morts, si tu comprends ce que je veux dire.
- Schrödinger n'est pas son vrai nom. Si je dis le Chat de Schrödinger, ça te parle ? Eh bien, sache que ce gars a prouvé ces deux cents dernières années qu'il méritait ce surnom. Envoie qui tu veux sur ses traces.
- Roger, allez jouer à chat avec le matou. Vu que vous suivez depuis longtemps vous devez savoir à quoi il ressemble et qui il est.
S'il le suivait depuis son arrivée en ce monde, il savait en effet à quoi ressemblait Schrödinger.
- Si seulement un fantôme de l'école du Chat était là et assez amical pour aider. On aurait moins de temps à attendre. Mais, les fantômes ne m'obéissent seulement pour leur bon vouloir. Les autres, je suis un phare et une cible. Sinon, j'ai Silas qui demande une partie de Gwent contre toi.
- Pas le temps. Je sais que le Chat en question a une cache du côté de la baraque de Keira Metz. C'est déjà une piste. Dans l'espoir qu'il soit toujours en Temeria. S'il est redescendu, ça nous prendra plus de temps.
Et sans un regard pour les soldats, il lança Shinigami au galop. Il se le jurait, il aurait la tête de Schrödinger en tzantza avant qu'il ne quitte cette sphère. Si les chevaux tenaient le rythme, ils en auraient pour deux jours pour rallier Perchefreux. S'ils croisaient Keira, Ace lui dirait alors pour le plan de Triss pour l'évacuation des mages. Il serrait les dents. Entre le rythme des chevaux et la pression de son armure, sa poitrine lui faisait mal. Pas les poumons, mais les muscles encore à vif de son opération. Mais il ne pouvait pas laisser tomber. Schrödinger avait un talent pour lui pourrir la vie alors qu'il pouvait être à l'autre bout du globe. Vesemir en avait été témoin à deux reprises. La troisième, le D. avait courbé l'échine alors que ça faisait cinq ans qu'il était sur la Voie. Ces derniers temps, il avait été plus calme, et le pirate avait presque espéré qu'il ait enfin trouvé la mort.
- Il demandait pas la partie tout de suite, lui dit l'elfe en le rattrapant.
Il y songerait une fois qu'il aurait retrouvé son petit-frère.
- Préviens si tu as mal …
- Je vais faire avec, je veux boucler ça vite. Et ça va passer.
Si seulement il pouvait accélérer. Bien trop long.
- Et ne fais pas ton fier. C'est pour éviter les complications que je te demande cela. Si tu es pressé, soit, mais ne rentre pas dans le hall des morts par stupidité.
- Je ne fais pas mon fier ! Je dis les faits. J'ai la poitrine sensible, les côtes sensibles, une armure et des sangles. C'est pas agréable, mais je peux faire avec, et je t'emmerde si t'es pas content. Je ne prends d'ordres que de mon capitaine et son bras droit.
Et Schrödinger, mais c'était une autre histoire.
- Okay… mais dis-moi juste dès que tu sens l'impression que la douleur est dans les poumons ou que tu sents une sorte de brûlure. C'est tout.
Ace eut un claquement de langue. Voir les autres s'en faire pour lui le mettait mal, il avait cette foutue impression d'être faible. Quelqu'un à protéger. Et il ne supportait pas ça.
.
.
.
.
Shiva était assise sur un toit à regarder le QG des chasseurs brûler comme du petit bois. Qu'ils arrivent à se débarrasser de l'iffrit qu'elle avait lâché dedans, ça allait être drôle ! Elle se laissa glisser de son perchoir dans une ruelle et ouvrit la bouche d'égout à proximité. Elle la remit en place sur elle quand elle descendit dans les profondeurs de Novigrad. Très vite, elle trouva le groupe dans une salle à l'abandon de la zone. Caleb Menge avait été laissé en caleçon, attaché à une chaise, devant deux pirates, un sorceleur et une magicienne.
- Vous m'avez attendu ? C'est très gentil, remercia l'elfe.
- Geralt, pose les questions, je m'occupe de le faire parler, yoi, annonça Marco. Triss, puis-je avoir une table où poser mes outils ?
D'un geste de la main, la pierre du sol s'éleva pour former une table à quelques distances de leur prisonnier qui se débattait.
- Vous n'aurez rien de moi ! Je vous mettrai tous aux bûchers ! Anomalies ! Mutants! Monstres !
Et il se prit un bon revers de main de la part de Thatch.
- Garde ton souffle pour répondre aux questions, lui recommanda Marco en attrapant un bistouri. T'as des trucs intéressants, frangin, dans ta sacoche ?
- Le classique. Sel, poivre, citron, piment, alcool… répondit le vampire.
- Commençons, lança Geralt alors que Triss croisait les bras.
- Le Feu Eternel vous brûlera jusqu'au dernier ! AAAAH ! SALAUD !
Marco venait littéralement de lui retourner le petit doigt. Avec tellement de violence que le ligament s'en était déchiré et qu'on voyait un bout de phalange chercher à percer la peau de l'intérieur.
- J'ai besoin d'une tête intacte pour mes tzantzas, rappela Shiva. Après, un œil ou deux en moins me facilitera le travail.
- Vous ne me ferez pas parler ! Je n'ai pas peur de la mort ! cracha leur prisonnier.
- Ce qui est un problème récurrent avec les fanatiques, admit Triss avec lassitude.
Marco se pencha vers leur homme, appuyé sur ses cuisses et lui dit avec un petit sourire :
- Tu n'as pas peur de la mort, mais à moins d'avoir un dysfonctionnement nerveux, tu ressens la douleur. Et passer un stade… plus ou moins long, je veux bien t'accorder ça, tu ne pourras que réclamer pitié, yoi. Nous, on va prendre notre temps pour découvrir tes limites… et les franchir avec joie.
Le petit doigt de l'autre main fut littéralement arraché à main nue, faisant hurler de douleur le prisonnier.
- VOUS AURIEZ GAGNÉ GROS EN LIVRANT MERIGOLD ET LA CATIN ELFIQUE ! AHHHH !
Le coup de poing de Shiva renversa Menge et sa chaise, pour que Marco remette immédiatement debout l'ensemble.
- N'insulte pas notre sœur, ou elle pourrait redevenir Kâlî la Noire, avertit tranquillement Thatch.
- Nous avons deux questions… et tu es en présence de personnes capables de t'empêcher de mourir avant d'y avoir répondu, pointa Geralt avec les bras croisés. Ces personnes peuvent faire durer ton calvaire des lustres, jusqu'à ce que tu parles. Première question, où est le trésor de Sigi Reuven ? ...
- Allez vous faire foutre ! Ah !
Thatch lui arracha l'ongle du gros orteil avec l'aide de son poignard.
- Et deuxième question, où est Jaskier ? Réponds-moi et on mettra fin à tout ça, continua le mutant imperturbable.
.
.
.
.
Ils s'étaient arrêtés pour la nuit peu avant le poste frontière pour manger. Cela avait été frugal, puisqu'ils avaient littéralement mangé la biche qu'Ace avait abattu juste avant avec un carreau d'arbalète. Devant un feu de camp, le D. étudiait une carte de la région faite par Marco. Hautbreuil, Blackbough, Oreton et Claywich étaient des patelins aux alentours de la tanière du chat Gaëtan. Il s'y rendrait pour poser quelques questions.
Purupurupuru… purupurupuru…
Ace ouvrit son sac et en tira son denden qui sonnait.
- Pari … C'est pour nous dire qu'ils ont discuté avec Menge et il a été assez cordial de donner ce dont ils avaient besoin, proposa Mandos.
- Pari non tenu. Je pense même qu'il a été en retard pour son rendez-vous avec Lady Death.
- Il n'y a jamais de retard ou d'avance… seulement des reports ou des désistements, ricana l'elfe en réparant une flèche que Swift avait endommagé en se faisant les dents dessus.
- Va dire ça à Mister Jacob. Parait que Marco l'a gardé en vie pendant trois jours.
Et il décrocha le denden. Il savait que son homme aimait faire durer le plaisir. Que ce soit durant les torture ou durant le sexe.
- Second Commandant Portgas D. Ace au rapport. Nous sommes à quelques distances du poste frontière, prêts à passer du côté Nilfgaardien, annonça le brun avec une voix sérieuse qu'il avait toujours utilisée pour le rapport de missions.
"Des traces de ce pourquoi tu es parti en trombe, yoi ?" se renseigna Marco.
- Aucune pour l'instant, Commandant. Je cherche un sorceleur de l'école du Chat du nom de Gaëtan. Je sais qu'il a une cache à proximité de Hautbreuil, donc, je vais demander dans les environs afin de savoir quand est-ce qu'il y a été vu pour la dernière fois. Et de votre côté ?
"Menge a joué les durs, mais on s'est montrés… persuasifs. Geralt va informer Dijkstra que son or dort dans un coffre du Kovir et on a la clef qui va avec. Jaskier, lui, est dans les prisons sous le temple, à Oxenfurt. Vu que Shiva a littéralement lâché un Iffrit dans le QG des Chasseurs de Sorcières, on va éviter l'infiltration et faire profil bas pendant un moment. De toute façon, sans le corps de Menge, impossible de faire quoi que ce soit de leur côté, yoi. Dépêche-toi de rentrer."
Quand Marco disait ça, c'était pour dire "je t'aime et tu me manques". Le D. hocha sèchement la tête et regarda Mandos.
- Un mot à leur dire ?
- Prenez-moi une place pour le théâtre, demanda Mandos dans le combiné que lui tendit le D.
"Une place au premier rang, c'est noté. On doit prévoir des mouchoirs ou du pop-corn ?"
- Définitivement le popcorn. Proposez-le à Priscilla aussi.
"Elle doit donner une représentation en présence de Radovid, yoi. On lui fera la proposition dès son retour."
Mandos rendit le combiné avec un merci très bas. Oui, il venait de leur lâcher un indice, celui-ci, ils l'avaient vu. Priscilla était importante pour la suite.
- A plus tard, Anata.
"Fais attention à toi, koibito."
Et les pirates raccrochèrent.
Le logia rangea le denden et regarda Mandos pour lui adresser un petit clin d'œil, histoire de lui dire que cette fois, ils avaient le message.
- Je vais veiller. Je te laisse la charge demain, d'accord ?
- Ça marche. Réveille-moi s'il y a un souci, lui dit le sorcier en se hissant dans un arbre pour dormir dans un nœud de branche.
Et le D. se mit en tailleur pour entretenir son glaive d'acier. Avec les Chats, on n'était jamais trop prudent. Il humait doucement en aiguisant soigneusement sa lame. Il se rappelait vaguement de Gaëtan. Ils avaient subi les Herbes ensemble. Ils avaient été partiellement formés ensemble. Ace était juste parti plus vite vu qu'il n'avait pas eu besoin d'apprendre les armes. Seulement la base des signes et des élixirs… et encore, Vesemir avait vraiment fini sa formation pour ces domaines.
Il tourna les yeux pour voir un petit écureuil sur son épaule. Doucement, pour ne pas l'effrayer, il leva une main et gratouilla avec un doigt derrière la tête de Swift, avant de revenir à son arme, appréciant la présence animale contre son épaule. Il aurait dû partir avec Iro, mais, pas qu'il n'ait pas confiance en les siens, seulement, il préférait que la panthère reste avec son Enfant Surprise. Il soupira, regarda le ciel à travers le feuillage et revint à ses armes.
Une longue nuit l'attendait.
.
.
.
.
C'est avec les premières lueurs de l'aube qu'il réveilla Mandos en grimpant à l'arbre pour le secouer.
- W … The Hell ? ACE ! Tu as putain de veiller de toute la nuit ?! S'énerva l'elfe en se redressant d'un bond.
Le D. cligna des yeux. Il lui avait dit qu'il allait veiller ! Pourquoi il s'énervait ?! Et voilà qu'il se mit à imiter Vernon Roche en jurant sans même prendre la peine de respirer. Il le remercierait quand l'elfe aurait fini sa tirade, pour les nouveaux jurons qu'il venait d'apprendre.
- … Retrouvons Gaëtan avant que l'envie de t'expédier par portoloin, avec une pancarte autour du cou à Marco, me prenne.
- ...je t'ai dit que j'allais veiller, Mandos, lui dit le D. d'un air interdit. Et tu devais t'occuper de cette nuit-ci. Je… je comprends pas ta colère. M'enfin. Merci pour les nouveaux jurons.
Mandos eut un clignement d'yeux. Miracle. Pour la première fois, il venait de faire se sentir con le jeune guérisseur qui voulait se prendre pour sa mère !
- …et le pire, c'est que c'est vrai… Merde… Pardon. Je devrais pas me mettre en colère alors que tu me l'as dit.
Et sans un mot de plus, Ace attela Shinigami avant de se hisser en selle en arrangeant son chapeau sur son crâne, avant de déposer Swift sur le crâne de l'elfe qui préparait Khan.
- N'en parlons plus et mettons-nous en route. J'ai comme un doute, ça ne coûte rien de demander au poste s'ils ont pas vu Gaëtan. Ça va faire longtemps que je ne l'ai pas vu. J'aurais presque cru qu'il était mort durant l'entraînement. Ou alors, la première année sur la Voie.
Et il talonna sa monture alors que son compagnon de voyage prenait son petit-déjeuner. Bien vite, ils trouvèrent le poste frontière. Ace jeta un regard à son camarade quand il s'agita. Il avait utilisé sa magie pour rendre son visage à peine plus rond, moins anguleux, avec des oreilles rondes. Il était en train d'enrouler un bandage pour masquer son œil maudit. Puisqu'ils étaient prêts, ils pouvaient avancer, en restant à cheval pour éviter à un macho d'essayer de l'intimider physiquement, donc, diminuer les raisons de commencer une bagarre. Mais dieu que la tentation était là quand l'un des soldats en poste le dévisagea comme un morceau de viande… pour ensuite faire la grimace en remarquant les yeux d'argents liquides qui le fixaient.
- Bonjour, on va pas vous importuner longtemps, demanda d'un ton neutre le pirate. On cherche un homme, un sorceleur du nom de Gaëtan, médaillon de chat. Est-ce qu'il serait passé par ici ?
Il inspira profondément quand son interlocuteur prit son temps pour lui répondre pendant que son collègue se grattait les couilles à travers ses chausses. Patience, Ace, patience… Ce sont des trolls, agis comme si c'étaient des trolls…
Mandos vint à son secours en brandissant une bourse d'or.
- Vous savez… Ma camarade ci-présente vous a posé une question. Et si c'est une question de prix… on a besoin de ces informations.
Il l'aidait grandement, parce que tout l'or qu'il avait volé ces décennies à Eilhart, il l'avait refilé à Merigold pour qu'elle puisse organiser la fuite des magiciens, donc, il ne pouvait plus corrompre qui que ce soit, et user de l'Honey Trap le faisait toujours se sentir sale.
La bourse fut agitée devant le nez des soldats qui pincèrent leur lèvres. L'un des gars était vraiment tenté de faire une connerie avec Ace, mais son collègue lui sauva la vie.
- Un sale mutant avec une tête de chat est passé par ici. Il voulait savoir si on avait un job. On l'a envoyé chier, on n'a pas besoin d'abomination en plus dans ces marais.
Mais ça ne disait pas par où il était parti. La main se dirigea vers la bourse mais l'elfe masqué redressa juste un peu la somme avec un sourire.
- Une direction ?
Le soldat bougonna, porta la main à son épée mais le D. porta une main dans sa sacoche d'élixir. Qu'est-ce qu'il était en train de prendre ? De l'or ? Une arme ? Le soldat ne savait pas.
- Il est reparti, certainement vers le Puit du Diable ou Mulbrydale.
- Merci beaucoup. Voilà pour vos informations si précieuses, sieur. Et que la flamme du Feu Éternel vous éclaire.
Et le duo reprit la route, laissant les deux soldats se disputer l'or. Ils avaient du boulot. Mulbrydale était en ligne directe, ils pourraient avoir des informations là-bas. Le Puit du Diable, c'était un nid de bandits, moins utile.
- On devrait atteindre le patelin vers midi. Ça va être long. Mais on est en train de faire mentir Marco, et j'apprécie, commenta le D. alors qu'ils naviguaient dans les bourbiers.
Son mec disait qu'il était impossible de les laisser ensemble sans que Mandos ne se fasse blesser après tout.
- Okay. Sinon, Ace… je peux t'annoncer depuis cinq minutes, montre en main, que tu as la bénédiction de ton médecin pour aller faire le fou avec tes poumons, annonça son compagnon de route alors qu'ils passaient dans les bois et qu'il reprenait son apparence classique.
- YATTA ! hurla le D.
Shinigami renâcla au bruit soudain, jusqu'à ce que le sorceleur le rassure en lui caressant l'échine. Il adressa néanmoins un regard boudeur à son médecin qui riait sans s'en priver.
- Ça fait plaisir de te voir heureux.
L'air boudeur se changea en un sourire.
- Tu n'as jamais vu la bonne humeur tant que tu n'as pas rencontré Luffy, Mandos. Crois-moi sur ce coup. En tout cas, merci pour mes poumons. J'ai une dette à vie envers toi pour ça. Et t'avise pas de la refuser ou je donne raison à Marco en te balançant entre les griffes de la première guenaude qu'on croise !
- On va continuer à faire que Marco ait tort, alors ? J'accepte ta dette, t'inquiète. Sinon, ce Gaëtan ? Bon ou mauvais Chat ?
Ace retrouva son sérieux, et tira sur les commandes de sa monture pour éviter un trou d'eau suspect.
- Je ne sais pas. On a subi les Herbes ensemble, mais vu que je savais déjà manier les armes, j'ai quitté la caravane avant lui, pendant qu'il continuait son entraînement… le mien avait été bâclé de toute façon, c'est Vesemir qui m'a vraiment formé pour les élixirs et les signes… Gaëtan a… été plutôt discret. Je n'ai aucune idée du genre d'homme qu'il est aujourd'hui. Je le croyais mort depuis longtemps, même.
Le guérisseur hocha la tête.
- Bon. Allons le voir, que l'on rentre rapidement. Plus vite on libérera Jaskier, le mieux ce sera.
Ils accélèrent le pas dès qu'ils retrouvèrent un sol plus stable.
.
.
.
.
Le patelin leur fit un… étrange accueil. C'est tout juste si on ne fit pas la fête au sorceleur. Ils avaient tout juste mis le pied à terre qu'on les invitait déjà à la table du chef de village. Tout le monde murmurait en regardant le mutant. Il suffisait qu'il tourne la tête pour entendre des "c'est elle ? on dirait ! Je suis certain que c'est elle." Mais de quoi bon sang ? Certainement pas au sujet de Rivia ou Perchefreux, sinon, on se serait barricadé chez soi et on sortirait les fourches.
- Stop ! S'il vous plaît ! Stop ! Je comprends rien et quoi que vous me vouliez, je suis pas là pour ça ! interpella le D. en essayant de repousser les gens qui empiétaient sur son espace vital.
- Demandez donc, mam'selle ! Et vous savez, on a des jeunes gens, biens vaillants, forts comme des boeufs…
- STOP ! S'il vous plaît !
- Demandez donc, mam'selle !
Il allait pleurer de frustration.
- On cherche un sorceleur de l'école du Chat. Un ami du Chat Noir. L'auriez-vous vu ? Demanda Mandos.
Les habitants se regardèrent mais secouèrent la tête.
- Nous sommes désolés, messire.
- D'accord, on se casse, décréta Ace.
- Mais, restez donc pour manger…
- Mettez votre invitation au cul ! Et non, je ne suis pas quelqu'un à marier, je le suis déjà ! Kuso !
Il remonta sur son cheval sans remarquer que Mandos se cachait bien profondément dans sa capuche et reprit la route sans attendre pour se dépêcher de laisser le village bizarre derrière lui. Mais qu'est-ce qu'il s'était passé ? Pourquoi est-ce qu'on le considérait comme un héros ? Il attendit d'être à bonne distance pour s'arrêter et se tourner vers Mandos.
- Ils sont tous fous… ils sont tous devenus fous… une nouvelle conjonction des sphères se prépare, j'en suis de plus en plus certain.
- Ça va aller, Ace… Ils étaient… perturbants. Mais inoffensifs. On trouvera plus d'informations peut-être plus loin.
- Ouais, c'est ça… enfin. On va à l'auberge au croisement, on aura peut-être plus de chance. Dans tous les cas, on sera en vue de Perchefreux en début de soirée. On s'y arrêtera, sauf piste nous disant d'aller dans l'autre direction. T'es d'accord ?
- Je vais voir donc ton trou ? Chouette. Et oui, ça me va.
Le feu était un bel élément, mais instable, dangereux, dans lequel on pouvait se perdre rapidement. Même les mages savaient qu'il fallait faire attention avec lui. Et Ace avait conscience de deux points. D'une, que c'était la parfaite description de ce qu'il était, encore plus aujourd'hui avec ses mutations et ses hallucinations. De deux, sa prise sur son don n'était pas la même que dans ses souvenirs.
Sur ces paroles, ils reprirent la route. Sur le chemin, Mandos prit sur lui d'améliorer les vagues connaissances en anglais du D. Les chemins étant moins boueux, ils allèrent plus vite. En milieu d'après-midi, ils arrivèrent devant l'auberge qu'ils avaient vue la première fois. Et pas le moindre homme de Baron en vue.
- C'est elle ! Elle est là ! Elle est revenue ! Cria un enfant en cessant de jouer dans l'entrée pour se précipiter vers ses parents.
- Je me sens comme une putain de célébrité dans ce coin, grommela Ace en passant les portes.
Au moins, il ne risquait pas de se faire agresser en restant sur sa selle. Les locaux étaient en délire, ils le remercièrent et le félicitèrent, mais il ne comprenait toujours pas pourquoi.
- Tu as sûrement fait quelque chose qui a engendré pareille célébrité, supposa Mandos.
- Vous nous avez sauvés de la tyrannie du Baron et de ses hommes ! Tout Velen vous en remercie ! Annonça une femme qui lui souriait comme si c'était un ange tombé du ciel. Les paysans de Perchefreux ont fait passer l'histoire partout dans les marais !
- Ah. Eh bien, ça sera la première fois qu'on me remercie pour avoir fait sauter quelque chose, marmonna le D. Vous pouvez nous laisser respirer ? On voudrait pouvoir descendre de cheval et boire un verre.
- Au moins, on ne risque plus de croiser l'un des hommes du Baron. Je peux descendre sans faire de mal à quelqu'un ? Merci d'avance, demanda Mandos.
On s'écarta pour les laisser descendre avant que la marée ne se referme sur eux. Le D. se sentait pris de claustrophobie. Mais qu'on le laisse respirer !
- Aller, c'est moi qui offre, annonça l'elfe toujours sous sa capuche. On voudrait aussi une information. On cherche un sorceleur portant le symbole de l'école du chat. Auriez-vous vu quelqu'un correspondant ?
- Oui ! Répondit fièrement un des jeunes.
- Qui n'est pas le Chat Noir à côté, là ?
Le gosse se tût. Quand Mandos montra l'auberge le mutant accepta, suivi par toute la foule des villageois. Jusqu'à ce qu'un jeune lui prenne le bras et qu'il se retrouve nez à nez avec les dents d'un D. mécontent. Comme un félin en colère, il crachotait d'un air menaçant. Ajoutez à cela qu'il porta la main à un de ses glaives, et ça fit le vide très efficacement autour d'eux, surtout quand Mandos fit jouer son pouvoir sur les ombres. Oui, il avait sauvé des vies, mais il n'était pas un héros. Il était un monstre, un mutant, le bâtard du roi des pirates, un criminel. Qu'on cesse de l'acclamer ainsi, ça l'horripilait.
- Chat noir ? On y va ? Demanda Mandos.
- ...ouais.
Après un dernier regard pour les villageois, le duo entra dans l'auberge. Avec un soupir fatigué, il s'assit à une table et se massa les tempes. Il ne comprenait pas… On l'avait fui comme la peste après l'incendie de Rivia, pendant les deux ans qui avaient suivi. Et il y a quelques semaines encore, dire que c'était lui qui y avait foutu le feu faisait peur. Et dieu, ça lui allait bien. Mais là… Il savait faire avec la haine, la méfiance, la peur… Mais ça… Même quand son équipage aidait une des îles, il restait toujours loin des bains de foule. Il avait toujours été un animal sauvage et il ne savait pas comment faire dans tout ça.
Il se frotta le visage et passa commande auprès du tenant, lui adressant un regard menaçant pour lui faire comprendre de ne faire aucun commentaire.
- Je vais prendre une bouteille de Sang de Dragon… quoique… vous avez de la Liqueur de Mandragore ?
- Navrée, sorceleuse, nous n'avons ni l'un ni l'autre.
- Alors le truc le plus fort que vous avez.
Il reçut son verre et retourna auprès de Mandos en lui déposant un verre de vodka au poivre devant le nez, avant de s'asseoir avec lassitude.
- Dure journée ? Tu as demandé à l'aubergiste pour ton camarade ?
- Laisse-moi me calmer et je lui pose la question.
Et il savoura son verre. Il en avait bien besoin.
- Ça marche, lui dit l'elfe.
Il attrapa ses cartes et commença à jouer tranquillement, laissant le pirate soigner son début de migraine avec son verre d'alcool contre le front. Puis, regardant les cartes sans les voir, il se mit à siroter son verre. Une fois sa boisson finie, il se leva et alla interroger le tenant, avant de revenir avec des nouvelles.
- Il est passé tout récemment par ici. Il a pris un contrat pour un leshen posté par un habitant de Honorton, il y a une semaine. Le patelin est au sud de Perchefreux, à une heure de marche dans les bois de Claywich.
- Eh bien, partons avant que quelqu'un ne décide de commencer à mettre des pétales de fleurs sur ton chemin pour en faire un tapis. Tu as raison, c'est perturbant.
Et il alla payer les boissons et acheter des provisions à l'aubergiste, sans voir le regard assassin du D. qui reconsidérait l'idée de le refourguer à une guenaude. Un leshen, ça serait peut-être mieux. Il se serait passé des commentaires spirituels du jeune elfe. Le duo quitta la taverne pour se remettre en route.
A la tombée de la nuit, ils étaient à Perchefreux. Et Ace s'arrêta pour observer son travail. Il avait vraiment perdu la main.
- C'est impressionnant. Franchement. Je te salue bien bas pour ça, commenta Mandos.
- C'est moche, Mandos, très moche. Je ne voulais pas faire sauter la baronnie, juste la brûler. Non seulement j'ai perdu le contrôle de mon propre pouvoir, mais j'ai perdu la main sur ce logia qui est littéralement moi. Je… oh et puis merde. Je vais trouver un endroit pour dormir.
Il allait faire changer de direction à sa monture quand il nota des traces dans les herbes.
- Désolé Ace. Je ne … Bref. Tu as raison, trouvons un endroit pour dormir. Je préparerai un truc avec le reste de biche et ce que j'ai acheté.
Il remarqua aussi ce qui avait attiré l'attention du D. qui avait sauté à terre. Le pirate effleura la terre meuble de la rive du lac. Une trace l'interpella. Il l'avait déjà vu à Flotsam. Un côté légèrement plus enfoncé que l'autre.
- Iorveth. Il compense son œil manquant en s'appuyant sur la jambe du côté non-aveugle, histoire d'avoir un appui stable afin de pivoter rapidement pour voir autour. Je l'ai déjà remarqué à Flotsam et Vergen.
Il entendit clairement la prise de respiration de Mandos debout derrière lui. Il pivota doucement sur son genou et regarda son compagnon de route.
- On n'est pas obligé, tu sais. Il est probable qu'ils aient trouvé refuge dans les ruines de la grotte sous Perchefreux. Pour ça, il faut remonter un peu. Dans la direction opposée dans laquelle on va.
- Merci Ace de proposer. Je dois avouer que je ne sais pas vraiment. Certes, j'ai … peur. Tu ferais quoi à ma place, là ?
- J'aurais la trouille à ta place, aussi. Après tout, je t'ai déjà dit que je refuse de rencontrer ma mère… et y'a aussi le fait que je craignais que le Luffy qui voyage avec Ciri ne soit pas le petit-frère que je connaisse… je…
Il soupira et appuya son menton sur son poing.
- La question est difficile. Mais peu importe ce que tu décides, je reste avec toi. Et si je dis trop, je te donne l'autorisation de me botter le cul. Ou alors, on s'en va et on n'en parle plus.
- … Si je laisse une peur déraisonnée m'abattre et me faire fuir, je donne à Gaunter une arme. Je… pense que l'on devrait y aller. Ce sera comme avec Roche et Cyn ou encore d'autres. Je vais me retrouver à rencontrer le visage d'amis de plus en plus. Je ne dois pas m'arrêter pour ça.
Ace se releva et lui serra l'épaule.
- Allons-y. Allons affronter ta peur. Je suis juste à côté de toi.
Et il se hissa en selle pour suivre la trace dans l'herbe. Lentement, ils contournèrent le lac avant d'arriver devant une discrète grotte. Et la maigre portion de terre qui y menait. Avec précaution, le D. regarda l'eau. Mmmh, ça avait l'air profond.
- On t'a fait le briefing sur nos dons ? Se renseigna le D. en se tournant vers l'elfe.
- Que vous êtes des enclumes incapables de nager ? C'est de cette part là dont tu me parles ?
- Exact.
Il leva son chapeau en salut vers les guetteurs cachés dans les ruines en haut de l'ex-Perchefreux, avant de reprendre la route vers la grotte. Et c'est Iorveth lui-même qui les accueillit, toujours aussi froid et sévère qu'à son habitude.
- Ton époux va finir par se poser des questions, Portgas, si tu continues de l'abandonner pour me courir après, nota l'elfe pour tout salut.
- Même si je t'ai déjà dit que tu as un cul à tomber par terre, je suis pas ici pour ton joli postérieur elfique, à la base. Bonsoir à toi aussi, Iorveth ! Salua le D.
Et il sauta à terre.
- En fait, je ne faisais que passer dans le coin avec un pauvre petit elfe abandonné qui a décidé qu'il voulait me surveiller pendant que je courais la lande pour une affaire de sorceleur.
- Commandant ?
Toruviel se manifesta à cet instant pour les rejoindre à l'entrée.
- Portgas ? Guérisseur Cerbin ? Vous ne deviez pas rejoindre Novigrad ? reconnut l'elfe.
L'œil unique du commandant s'arrêta sur Mandos.
- Ainsi, c'est pour toi que cette idiote de Chat Noir m'a demandé un ordre bizarre ?
En voyant les elfes qui avaient fait leur camp un peu plus loin dans la grotte et qui les écoutaient ouvertement, le D. fut reconnaissant que Iorveth conserve le secret de son genre. Dans une société aussi arriérée que celle-ci, ce n'était pas la chose à dire, qu'il était un homme dans la peau d'une femme. Cependant, il remarqua que les yeux de Toruviel faisaient des aller et retour entre Mandos et Iorveth. Vraie, la ressemblance. Et merci pour les petits miracles, mais elle était du côté aveugle du commandant qui ne voyait donc pas son manège. Le D. lui jeta un regard lui demandant de ne rien dire avant de revenir au chef d'escouade. Hmmm… laisser Mandos répondre ou changer de sujet ? Mieux valait changer de cible l'attention du renard du nord.
- Dis-moi, Toruviel, je croyais qu'entre toi et Yaevinn…
- Cela n'a jamais dépassé le stade du physique, sans compter qu'il est devenu insupportable durant sa période poète, répondit l'elfe au nez cassé.
- Il cherche à masquer son amour pour les massacres derrière un beau masque, mais il ne trompe personne, encore moins ses frères et sœurs elfes, siffla Iorveth.
- J'ai eu plus d'une fois envie de lui foutre mon poing dans le nez à Wyzima.
- Je t'y aurais encouragé, si j'avais su, lui confia Toruviel.
Le renard tourna des talons et alla rejoindre leur feu de camp, invitation silencieuse pour s'asseoir. Toruviel prit place du côté aveugle du commandant. Ce qui était un fait très intéressant parce qu'il ne laissait personne le faire, à sa connaissance, pas même Marco. Poliment, le D. s'enquit sur la localisation et la santé de Vernossiel qui était apparemment parmi les elfes qui faisaient le guet en haut.
- Ces ruines seraient maudites, alors, ça fait une bonne cachette pour l'instant, expliqua Toruviel alors que Iorveth bourrait sa pipe en continuant de surveiller la capuche de Mandos.
- Ouais, c'est ça… maudite… ouais… sinon, Ciaran s'en sort au conseil des peuples de Vergen ? La démocratie tient-elle bien ?
- Assez bien, oui. Les nobles dh'oines protestent, mais ils sont minoritaires, répondit succinctement le commandant. Mais ça ne dit pas ce que tu fais par ici.
- Portgas cherche un vatt'ghern de l'école du Chat. Selon ce que l'on sait, il serait dans les environs de Velen. Plus particulièrement dans le coin à la chasse au leshen selon ce que l'on a. On est passé dans le coin pour trouver un endroit pour s'arrêter. On a trouvé vos traces. On a su que vous étiez là grâce à elle. Sinon, je suis Mandos, ravi.
- Je dirais bien de même, wedd, mais j'apprécie voir le visage de mes interlocuteurs.
- Mauvaise idée, Iorveth. Fais une exception pour Mandos, tu veux pas voir sous la capuche, recommanda Ace.
- Damare, Portgas.
Se faire entendre dire de se la boucler dans sa langue maternelle, par Iorveth, ça faisait presque mal. Mais ce n'est pas pour autant que le D. céda. Il protègerait ce gosse qui lui avait rendu ses poumons. Quoi qu'il en coûte, et la façon dont il maintint la capuche en place le montrait, il n'avait pas l'intention de laisser faire.
- ~Ce n'est pas une bonne idée~, déconseilla Toruviel en langage ancien pour accentuer le fait.
- Tu as fait une tentative, Toruviel, et je t'en félicite, mais ce n'est pas pour autant que je vais mettre de côté ma méfiance.
- Je pense comprendre le commandant. Merci Chat Noir mais bon, il est décidé. Je mets au défi quelqu'un de lui faire changer les idées. Mais je vous conseille sincèrement de vous asseoir, commandant Iorveth.
- Ce qui tombe très bien, parce que nous sommes déjà assis, lui dit le borgne.
- Are you sure, kiddo ? S'enquit Ace alors que Toruviel se tenait son nez entre les doigts en exaspération.
- Yeah, I'm sure. And, I know how he is. It's not like we didn't share some blood.
Alors, le D. ôta sa main, et Mandos retira sa capuche. Il avait retiré son bandage, dévoilant parfaitement ses deux yeux verts au commandant Scoia'tael. Si les elfes autours furent surpris, ce n'était rien en comparaison de Iorveth qui avait l'air d'être frappée par la foudre. Son œil unique, aussi vert que celui de Mandos, manqua de tomber de son orbite. Les différences se retrouvaient dans le nez et la hauteur des pommettes, et la peau, aussi mais ça s'expliquait par des décennies de rébellions et de combats pour le plus vieux qui avait un teint plus basané. Bon, il est vrai que Mandos était aussi plus chétif que le Scoia'tael, mais ce n'était qu'un détail.
- Bien commandant Iorveth, vous avez vu mon visage. Content ? Curiosité satisfaite ?
Toruviel se leva et administra une claque à Iorveth qui surprit quasi tout le monde, avant de s'en aller. Ainsi réveillé, le renard du nord porta une main à sa joue, regardant la femme s'en aller avec colère.
- Qu'est-ce que…
- Je ne suis pas un spécialiste, mais je pense pouvoir dire qu'elle est vexée ? Blessée ? Peut-être entre les deux. Et ce, parce que tu n'en as fait qu'à ta tête, décrypta le D. "Happy ka ?", dixit Kureha.
- Tu attends que je réagisse comment devant ça ! S'emporta le commandant en se levant d'un bond en pointant Mandos du doigt.
Il agrippait la poigne de son épée en plus. Ace porta une main à son bracelet de kairoseki. Si Iorveth voulait se la jouer ainsi, le D. n'hésiterait pas à attaquer.
- Ce qui est intéressant dans cette réaction, c'est que je m'y attendais un peu. Avant que vous ne commenciez à partir dans une théorie digne d'un roman, sachez que je suis Mandos Cerbin, fils de Leliana et James. J'ai pas de lien avec vous en particulier. On partage juste une ressemblance. Et pourquoi ? Car je viens d'une sphère qu'on appelle un monde miroir dans le jargon magique. Pour faire simple, il existe des milliards de mondes qui se ressemblent. Leurs différences sont les choix qui sont faits. Des personnes sont des points fixes. Dans un autre monde, vous êtes un membre de ma famille. Ici, non. Alors, prenez le temps de réfléchir et attaquez-moi plus tard. J'ai que ça à faire.
Il passa sa main sur son visage fatigué puis pointa alors du pouce la direction de Toruviel.
- Et vous devriez parler avec la dame.
- La réponse est à ton goût ? Demanda froidement Ace.
La main du Scoia'tael retomba de son épée.
- Bonne initiative, approuva le Chat Noir. Donc, pour revenir au sujet d'origine, tu as entendu parler de cette affaire de leshen ou vu passer le sorceleur en question ?
Encore secoué, Iorveth agita la tête.
- Rien. J'étais bien trop concentré ces derniers temps pour faire la distribution discrète de provisions, médecines et armes aux Scoia'tael de Velen. Les marais ont changé, les Dames de la forêt sont sur leurs gardes. Avec elles, on ne peut jamais savoir si c'est une bonne ou mauvaise chose. Stupides dh'oines, prêts à sacrifier leurs propres enfants à ces monstres pour un peu de confort dans leur vie de vermisseaux.
- Bon, espérons avoir plus de chance au patelin.
- Do you want me to ask him to stay here for the night or shall we leave ? demanda le D. à Mandos.
Bon, il avait encore un peu de mal à trouver ses mots mais il faisait des progrès. Et surtout le tic qui agita les sourcils de Iorveth était impayable.
- Ask if you want. But it looks like it's going to rain tonight. It doesn't bother me, but a cave is nicer than a tree in this kind of case. And I am impressed, you improved in English.
C'est là que leur estomac leur fit signe. Dire qu'à une époque, on aurait pu croire qu'il avait un troll dans le ventre tellement il bouffait.
- On a nos provisions et il risque de pleuvoir. Peux-tu nous accorder l'hospitalité pour la nuit ?
- Mettez-vous dans un coin.
Il se leva.
- Merci. Ah, et va parler à Toruviel.
Avant que le Commandant ne puisse dire un mot, Ace agita son annulaire avec son alliance. Il était marié, il se doutait parfaitement du pourquoi du comportement de Toruviel. Iorveth eut un rictus en agrippant son arme, se retenant de la passer en travers du corps du mutant. Il finit par se détourner mais alla bel et bien rejoindre Toruviel.
- Je suis presque tenté de donner un coup de main à Toruviel. Mais bon, espérons que l'on trouve demain le Chat.
- Je n'ai pas l'intention d'y mettre mon nez. Si Marco n'était pas un Phénix, l'interférence de notre équipage, notre famille… eh bien, ça a failli avoir raison de notre couple. Mon expérience personnelle me fait dire qu'il vaut mieux rester en dehors de ça.
Le D. accepta le bol que lui donna Mandos.
- Après, Thatch m'a dit qu'il a fait un pari avec Vernossiel et Ciaran. Demande aux tiens, tu aurais peut-être une surprise… et l'occasion d'avoir la possibilité de te faire un peu d'argent sur le dos de ton oncle.
- Pour Vernossiel et Ciaran … ils sont mariés et tentent de procréer… Plusieurs elfes m'ont béni lorsque j'ai installé des sorts de silence autour de chez eux.
- Omoshiroi… hmmmm… y'a peut-être de l'argent à se faire… j'vais sonder les autres. Merci pour le tuyau.
Il reposa sa cuillère et tendit son poing vers Mandos pour un check qui y cogna son poing.
- Ce fut un plaisir. Je pense avoir une petite quantité d'argent chez moi qui va m'attendre.
- Marco t'a raconté pourquoi les Scoia'tael soutenaient officieusement le Sud dans cette guerre ?
- Nan. Je suis curieux, pourquoi ? Se renseigna le jeune guérisseur en finissant son bol.
Ace en fit autant et reposa son bol à côté de lui.
- Marco a rencontré Findabair et Emhyr. En échange d'une aide magique et matérielle, il leur a promis de s'occuper du problème Scoia'tael. Il leur a mis sur la table la proposition qu'il avait déjà faite aux rebelles. Notre monde est insulaire, mal exploré, majoritairement hostile avec des voyages de terres en terres difficiles. Mais il existe des îles vides, aptes à la vie. C'est l'endroit idéal pour un nouveau départ. Ce sont des hommes et des femmes qui refusent l'autorité de Findabair et grincent les dents à l'idée d'aider Nilfgaard. Un nouveau départ est leur meilleure solution. Cependant, ils ne sont pas lâchés dans le vide pour autant. Nous sommes des Shirohiges. Un des quatre plus gros équipages de notre monde. Notre emblème fait trembler. Et en tant que Yonkou, nous avons un territoire. Nous les aidons, nous les défendons. Les Scoia'taels sont libres de refuser notre main tendue, mais c'est la meilleure option. Sans compter qu'ils auront un soutien médical pour ne pas tomber malade avec des virus qui sont communs pour nous. Mais cela ne sera possible que si Emhyr gagne la guerre, si on arrive à tuer Radovid. Avec Radovid, les mages seront traqués. Les non-humains seront traqués. Et on arrivera à rien.
- T'as pas idée de ce que ce fou couronné rouge a fait. Mais… une chose de bien par rapport à chez moi. Vous avez réussi à évacuer les non-humains. Et votre plan, il est bien. On a triché de notre côté et inversé les tables. Je peux pas te dire exactement comment, je suis bloqué car ça implique de parler d'événements. Mais, on a réussi… et on a profondément fait chier des humains pour ça. Quant à Findabair ? Je l'ai rencontré une fois. Elle ne m'aime pas. Je crois que je l'ai traité de moche et elle s'est offusquée. Mais bon, j'étais pas très bien luné ce jour-là.
- Puisque tu as le moyen de voir les souvenirs, demande à Marco sa rencontre avec eux. Tu prendras quelques cours de rhétorique.
Mandos lava les bols et le D. s'installa pour dormir. Cependant, en voyant les regards sur son jeune compagnon de voyage, il défit les baguettes de son chignon et étala ses dreads sur son sac de voyage qui lui servait d'oreiller. Il étendit sa cape sur lui, comme une couverture, avant de recouvrir son visage de son stetson noir.
- /Mandos, amène-toi, un oiseau peut se cacher par ici./
Il n'en fallut pas plus pour que le jeune elfe vienne se nicher dans ses dreads sous sa forme de corbeau, avec son familier krebin. Swift vint se rouler autour de la calotte du chapeau du D.
- Toi et les oiseaux, commenta Iorveth en revenant.
- Maître corbac, dans les dreads en nid, indiquait au renard de garder ses brebis. Maître chat, son regard aguerri, réclama le silence pour passer une bonne nuit, répliqua le brun.
Il décala à peine son chapeau de son visage pour jeter un regard à Iorveth lui disant clairement de se la boucler, avant de se réfugier de nouveau en dessous.
- Oyasumi nasai, Iorveth-Taîsho.
Et il s'endormit avec les croassements de rire des deux corbeaux dans ses cheveux.
.
.
.
.
Avec les premières lueurs de l'aube, ils se remirent en route. Iorveth avait dit qu'il allait faire lever le camp dans la semaine à ses hommes pour monter plus haut pour l'évacuation vers le sud. Ace promit à Vernossiel et Toruviel de passer leur bon souvenir à Cyn. Le mystère restait toujours entier sur leur amitié.
Ils avaient repris la route. Ils avaient chevauché sur les routes encore humides de la pluie de la nuit, et ce, pendant la majeure partie de la matinée.
En arrivant à quelques distances du patelin toujours hors de vue, Ace s'arrêta, le Haki en alerte.
- Algoules. En grand nombre. On a eu un massacre.
Il descendit de sa monture et prépara son glaive d'argent avec de l'huile pour nécrophages, avant de passer le chiffon à Mandos pour qu'il enduise ses flèches.
- Contrairement aux vieux monstres que j'ai combattus toutes ces années, cette génération joue les porc-épic. Geralt arrive à se débarrasser des piquants via Axii, mais mon logia me coupe l'accès aux signes. Si tu as une meilleure idée que moi, devoir user du Haoshoku, je t'écoute.
- … Pas vraiment, lui dit Mandos. L'un des sorts que j'utilise habituellement m'est inaccessible actuellement. Et… lance ton Haoshoku, je supporterai.
Ace s'avança après avoir tapoté l'encolure de sa monture qu'il laissait derrière.
- Tu sais… il fut un temps, je me détestais à chaque fois que j'utilisais ce don, parce que Garp me disait que je le tenais de Roger. C'est Vesemir qui m'a fait entrer dans le crâne que peu importe l'histoire et mon sentiment derrière, ça restait un avantage qui pouvait faire la différence entre la vie et la mort. Et continuer de chercher une solution pour revoir les miens.
Ils arrivèrent dans le village désert sous un soleil aveuglant et le D. lâcha son Haoshoku. Avant que les monstres épineux ne puissent charger, ils tombèrent dans l'inconscience.
- Aujourd'hui, je ne le regrette pas.
Ils firent rapidement le tour et tuèrent tous les monstres avant que l'effet du Haki ne se dissipe. Il n'était pas Shanks, il n'aimait pas le garder en permanence dehors. Une fois le ménage fait, ils regardèrent le massacre. Tous les habitants avaient été tués. Les nécrophages étaient arrivés après coup.
- Ça ira pour toi, Mandos ? Se renseigna le D. en se tournant vers son compère.
- Ça le fera pour l'instant. Étrangement, les fantômes ou spectres ne sont pas au rendez-vous … oublie. Il semblerait que l'Ankou soit passé récupérer les âmes assez rapidement pour la mort. Et les Stries éloignent les possibles spectres de nous.
- Cherchons ce qu'il s'est passé.
Le D. entra dans une première maison et trouva le corps d'une femme qui gisait là, sur le sol. Clairement, c'était une épée qui avait eu raison d'elle. Il tourna la tête et vit dans un coin un feu dans un brasero qui brûlait encore. Oui, tout comme le sang n'était pas encore sec, la présence de ce feu disait que la mort était récente. Et brutale. De l'autre côté, il trouva un semblant de bureau assez riche, surtout pour Velen. Et sur la table, une tête de leshen. Coupée avec une arme très tranchante.
- Gaëtan est passé par là, je pense, conclut le D. en quittant la maison.
- Il semblerait s'il est celui qui s'est occupé du leshen.
Il entra dans une autre, enjambant un chien qui avait été proprement coupé en deux et s'approcha d'un autre cadavre. D'abord l'aorte, puis l'artère fémorale. Une mort rapide.
Plus il regardait les morts, plus il avait l'impression que c'était la rage qui avait agi. La colère.
Les coups étaient précis, mortels ou incapacitants.
En ayant assez d'entendre Hugin croasser, il alla le voir de là où il s'était perché sur le toit d'une grange. Le D. regarda à ses pieds, juste devant les portes ouvertes. Le verrou de la porte avait été littéralement arraché. Cela lui ramena en mémoire de mauvais souvenirs des jeunes années de ses mutations. Quand des gars l'attiraient dans des lieux clos pour s'en prendre sexuellement à lui. Aard lui avait régulièrement fait une porte de sortie et ce verrou avait tout l'air d'avoir été arraché par le signe en question.
- Ace… je viens de trouver une poupée. Et des traces d'une enfant qui part par là. Mais pas encore ce qu'il s'est passé. Une idée ?
Le D. s'enfonça dans la grange et trouva une grosse flaque de sang, puis un paysan dont le bras avait été coupé juste au-dessus du coude. L'autre bout était toujours accroché à une fourche qu'il attrapa. Il sentit le sang sur les dents. Alcool et herbes. Il reconnaissait l'aconit.
- Tu sais comment Geralt est mort à Rivia ? Demanda le D. en remarquant quelque chose dans la main de celui qui fut le chef du village.
- Oui, je le sais, avec une fourche. Tué par des dh'oines en masse. Il n'aime pas vraiment parler de ce moment de sa vie. Mais je le connais.
Et l'elfe croisa les bras en regardant le cadavre au sol, mais Ace lui fit rapidement relever la tête. Il laissa pendre de sa main le médaillon en argent, encore sanglant, qu'il avait ramassé. Médaillon à tête de chat.
- Ils ont fait une erreur qui a fait ressortir les mauvais côtés des mutations des Chats. Ils ont cherché à le tuer, puisque la fourche sent encore un élixir, mais n'ont fait que le blessé. Conséquence, ils ont fait exploser un volcan émotionnellement instable.
Ils tournèrent la tête en entendant une gamine passer en courant devant la grange.
En courant, ils allaient faire peur à la petite, très certainement. Mais en la suivant lentement, elle risquait de tomber sur des bêtes. Avec un soupir, le D. partit à sa poursuite. C'était l'occasion de mettre à l'épreuve ses poumons. Il courut rapidement, louvoyant entre les arbres, jusqu'à trouver la fillette recroquevillée entre les racines d'un arbre, vraiment effrayée. Mandos posa une main sur l'épaule d'Ace puis s'avança en retirant sa capuche. Il avançait tout doucement pour ne pas paraître trop menaçant pour la gamine au bord des larmes.
- Tout doux… ça va aller. Je suis Mandos et voici Anabela. Comment t'appelles-tu ?
- C'est… le… le… elle est comme le monstre… les yeux… sanglota la petite.
- Des yeux jaunes ?
L'enfant garda le silence en continuant à trembler, son regard rivé vers le D. qui recula de quelques pas pour paraître moins menaçant. C'est là que l'elfe décrocha de sa ceinture une poupée de chiffon qu'il montra à la petite.
- J'ai trouvé ce petit ami seul… tu l'as laissé tomber je crois ?
- Ma… ma poupée !
Elle voulait la récupérer, mais elle avait clairement peur, surtout avec Ace qui avait des yeux de chats et un médaillon, comme l'individu qui avait massacré son village. C'est là que Mandos le désigna de la main.
- Ne t'inquiète pas… Elle grogne un peu mais protège les enfants.
- … Comme le Chat Noir ?
Le dit Chat Noir avait envie de grogner. Il trouverait l'origine de cette rumeur, parce que clairement, ça lui pourrissait la vie. Il préférait la crainte que l'idolâtrie. Il savait vivre avec l'un mais pas avec l'autre. Clairement, ça le faisait royalement chier. Mais là, faire part de sa mauvaise humeur serait contre productif, surtout avec la petite qui avait enfin assez de cran pour récupérer sa poupée des mains de Mandos.
Une fois la petite avec son doudou, le barrage commença à céder. Puis, Mandos s'avança et la prit dans ses bras pour la consoler et elle sanglota contre lui. Ace soupira. Il n'avait jamais été doué avec les enfants. Il ne s'en sortait avec Anaïs que parce qu'elle était assez mâture pour compenser de son côté les déficiences qu'il avait. Même Geralt avait plus de talent avec les mômes que lui.
- Là, là… c'est fini. Tu ne crains plus rien… Peux-tu nous dire ce qu'il s'est passé ?
Il fallut un moment avant que la petite parle.
- Il y avait des sons dans la forêt… et des murmures.
Le leshen.
- Mon oncle a dit qu'il fallait appeler un sorceleur… il en est venu un puis, il est allé dans la forêt… il est revenu avec une tête étrange. On m'a dit d'aller dehors, mais je les ai entendus se disputer. Ça gueulait fort…
Si ça se disputait après l'exécution d'un contrat, c'était à cause du règlement ou du montant de la prime. Un leshen, ce n'était jamais une partie de plaisir. Même si celui dont ils avaient vu la tête avait l'air plutôt jeune, ça restait un sacré adversaire. Ce n'était pas le même tarif que pour un noyeur.
- Et ils sont sortis, c'est ça ? Encouragea Mandos avec la fillette toujours dans ses bras.
- Oui… Ils sont allés dans la grange… j'ai entendu des cris et des bruits… puis il est sorti… et il a… il a… il les a tués… un par un… Ma maman… mon frère aussi… mais il m'a laissée. Je ne comprends pas…. Pourquoi il m'a laissée ? Il est parti vers le cercle de pierre… je me suis cachée dans la paille…
Et elle recommença à pleurer. Ace serra des dents, il détestait les pleurs. Surtout chez les enfants. Anaïs l'avait vite appris.
- Shhh. Ça va aller… Wedd.
Mandos lui caressa un instant les cheveux avant de se tourner vers le D.
- Je pense que l'on a notre réponse.
- Je suis de son école, donc, je vais régler cette affaire. Souviens-toi juste de ça, gakki. On ne revient pas sur une promesse. On ne reprend pas une parole donnée. Les dieux détestent ça. Tu as de la famille hors du village ?
- Ma tante… elle vit à Oreton… renifla la petite.
- Je vais me charger du fauve en colère, tu la ramène là-bas ?
- Pas de soucis… je vais l'emmener là-bas. On se retrouve où ?
- Directement à Novigrad. Suivant comment se passe la rencontre… il est fort probable que je sois de très mauvaise compagnie au retour. Quand je gamberge, je suis invivable…
- Pas de souci. Hugin reste avec toi en cas de besoin de m'envoyer un message.
L'oiseau se posa sur l'épaule du D. qui se dirigeait à présent vers le cercle de pierre non loin. Rapidement, il nota une trace sur la pierre. Une empreinte sanglante de main. Gaëtan devait avoir la main sur sa blessure. Il avait perdu l'équilibre et s'était rattrapé au dolmen. Il y avait des empreintes de pas tout juste visibles dans les herbes qu'il suivit avec assiduité. Il croisa une meute de loups, mais ils se contentèrent de le regarder passer en silence. Sur la route, il dénicha des traces de sang. C'était encore frais.
Il accéléra le pas, gardant un œil sur le sang. Puis, au détour d'un coin boisé de la route, juste au pied d'un autel de Mélitèle, il trouva l'homme qu'il cherchait. Là où Ace avait pour équipement une armure de grand-maître de l'école du Chat, le sorceleur au crâne rasé avait une version basique de celle-ci, lui laissant les bras à nu. Il respirait difficilement, assis sur un rocher, une main compressant sa blessure. En l'entendant arriver, le blessé leva les yeux.
- La prodige du métier se souvient de son école d'origine… quel sentimentalisme.
- Je serais pas ici si Schrödinger n'avait pas décidé de me faire chier comme seul lui a le talent pour le faire. Je n'ai fait que choisir le moindre mal. Et tu as perdu ça.
Gaëtan regarda son médaillon dans la paume de main du Chat Noir.
- Schrödinger t'a fait faire tout ce chemin depuis où ?
- Novigrad.
- Donc, il t'a fait bouger depuis Novigrad juste pour mon médaillon... Le vieux fou a vraiment que ça à faire. La solidarité dans l'école existe encore…
- Tu n'as pas besoin de dégouliner autant de sarcasme, j'ai rien demandé, merci. Ce que je sais, c'est que les Chats vont pas s'en remettre avec ce massacre. Tu veux faire concurrence à Brehen ?
- On peut pas tous prétendre avoir une réputation pour sauver la veuve et l'orphelin, Chat Noir.
- Pour ma défense, je lutte activement contre cette rumeur, je suis très content avec la mauvaise réputation des Chats.
- T'as beau avoir fait des progrès dans la langue commune, mais en quoi… quarante ans ? T'as toujours pas appris la différence entre le masculin et le féminin.
- Mais c'est pas ça qui va faire que les sorceleurs seront mieux accueillis, alors qu'un village rasé de la carte, ça pousse les humains à vouloir définitivement éradiquer les mutants.
Gaëtan serra les dents quand il haussa les épaules.
- Risque du métier. Ça aurait pu arriver à n'importe qui. Bon, tu m'as ramené mon médaillon, Schrödinger sera content, qu'est-ce que tu fiches encore ici, Portgas ?
Le D. s'adossa à l'autel de la déesse, à côté du mutant blessé.
- Papoter.
- Tu veux me faire sérieusement la causette ?
- C'est la prime du leshen, c'est ça ? C'est ça qui a tout déclenché ?
- Vas-y ! Devine combien ils voulaient me payer pour ça ! gronda le Chat en se levant d'un bond.
Il vacilla quand sa blessure se rappela à lui.
- Cinquante pièces d'or ?
- AH ! Si seulement ! Douze ! Tu comprends ça, Portgas ?! Même pas de quoi couvrir les ingrédients des potions consommées !
- Même un sorceleur désespéré ne prendrait pas un contrat de leshen pour ce tarif. Noyeur ou nekker, je dis pas, mais un leshen ?
- On avait convenu d'un prix bien plus haut à l'origine. Mais quand il a été question de me payer, j'ai eu droit au routinier "mon bon monsieur, nous mourrons de faim ! Il y a une guerre sur nous ! Que les dieux nous viennent en aide ! Ayez pitié…", enfin, tu dois connaître la chanson.
- On me l'a servi dernièrement pour un ekkimme, oui. Mais quand je leur ai montré avec démonstration à l'appuis que je pouvais les sodomiser avec mon glaive, ils sont devenus bien plus coopératifs.
- J'devrais essayer ta méthode, la prochaine fois. Le fait est que je leur ai dit que je ne lâcherais pas. Que je ne ferai pas preuve de pitié. Je leur ai dit que si j'avais pas l'or, ils regretteraient bientôt la mort du leshen. Ils ont tiré une sale gueule, puis l'ancien a parlé. Il m'a dit qu'ils avaient caché de l'or dans leur grange, pour que les hommes du Baron ne le prennent pas. Et il m'a invité à venir le prendre avec ses gars… et comme un idiot, je suis tombé dans leur piège. L'un me tenait le crachoir pendant qu'un autre m'attaquait par derrière avec une fourche.
- Une arme très efficace contre les sorceleurs. Le Loup Blanc s'en est prise une dans le ventre durant le progrom de Rivia. Et j'ai failli y goûter une fois ou deux. C'est un miracle que tu aies survécu.
- Je me suis retourné au dernier moment. La fourche a été déviée par mes côtes et a loupé mes poumons. Et j'admets que j'ai vu rouge. Très rouge.
- On a subi les mêmes mutations, je sais ce que c'est.
L'homme soupira et baissa la tête.
- Perchefreux en est la preuve, après tout, avoua le D.
- Ce cratère, c'est ton œuvre ? Beau travail.
- Il est difficile de trouver la volonté de protéger des salopards quand ils font des actes qui vont à l'encontre de nos semblant de valeurs morales. Ou quand ton employeur essaye de te violer au lieu de te payer.
- Ton surnom de Vierge Sanglante est bien mérité. T'as dû taillader des tas de gars. T'es franchement bien faite, mais ton entrée dans l'école est devenue une légende, donc, je vais passer mon tour.
- Et tu augmentes tes chances de survivre à cette discussion, continue sur cette voie. Sinon, pourquoi tu as épargné la gamine ?
Gaëtan se retourna pour aller se rasseoir.
- Ça n'a pas d'importance.
- Je pense qu'au contraire, ça en a.
Il fallut un moment, mais il consentit à parler.
- Elle… elle me rappelait ma petite sœur… du moins, ce que je me rappelle d'elle, juste avant qu'on me prenne dans l'école… elle est morte il y a dix ans. De vieillesse.
- Mes condoléances.
- Bon, maintenant que j'ai raconté ma biographie, on fait quoi ?
Ace tira son sac de son épaule et l'ouvrit pour sortir son denden, faisant froncer les sourcils de perplexité à son camarade.
- Tu t'assois et tu retires ton armure. Je t'appelle un médecin.
- Pardon ?
- J'ai brûlé Rivia. J'ai fait sauter Perchefreux. Et j'ai bien d'autres histoires dans ce genre que tu ne comprendrais pas, Gaëtan. Je ne suis pas apte à te juger, surtout quand je suis pire que toi dans un sens. Je sais qu'il arrive un moment où… c'est trop. Toi, tu as fait tomber les têtes. Moi, j'ai brûlé des maisons avec leurs habitants dedans. Donc, tu te la boucles, tu retires ton armure et tu t'assois. J'ai une ligne directe avec le meilleur médecin du nord. Du moins… de ce nord.
Le denden se décrocha à cet instant.
- Anata ? J'ai un patient pour toi.
