Résumé du Chapitre Cinq : Harry et Severus enquêtent sur le meurtre de Cartogan, ainsi que sur les Guildes et leur pouvoir sur le Chemin de Traverse. Ils sont interrompus par l'arrivée de Tolstoï. Severus voit rouge lorsqu'il reçoit une lettre d'Hermione Granger mentionnant la relation qu'il avait avec Lily Potter. Harry et lui s'engueulent, parce que Severus aurait aimé que ses secrets restent secrets, mais il agit comme un connard quand même. Harry s'enfuit. Quand il revient le soir venu, après le départ de Tolstoï, l'accueil de Severus est plutôt brutal. Ils parviennent à se réconcilier. Harry a rapporté des couvertures de survie qu'il installe comme isolant dans le grenier.
Chapitre Six
Se réveiller dans un grenier recouvert d'aluminium est une expérience intéressante. Les feuilles sont très fines – exactement ce qu'il faut pour des randonneurs – et Severus observe les lignes que les vieux chevrons forment, un motif intéressant visible à travers les feuilles. La pièce semble enfin isolée, bien qu'il ne donnera pas à Potter le plaisir de le reconnaître de si tôt.
Potter s'est retourné, il est maintenant en position fœtale de son côté du lit, son dos tourné vers Severus et un bras formant un angle bizarre sur la tête. Severus ne peut en fait pas voir la moitié de son visage, mais ses yeux suivent les formes de son corps alors qu'il est allongé là, expérimentant une brève vague de surréalisme. J'étais dans cet homme la nuit dernière, se dit Severus. Il est dépassé par les mécanismes de ce processus de pensée, un peu comme il l'est parfois quand il s'assied et qu'il repense aux étapes nécessaires à la déformation pure de la biologie lorsqu'on métamorphose un objet inanimé en une créature vivante.
Sa fenêtre est toujours découverte, et Severus penche la tête, contraint à un angle peu naturel pour voir la météo dehors. Il est sept heures trente passé ce matin, et mis à part quelques nuages lourds il apparaît qu'il fait sec pour le moment. Il se lève du lit, laissant les draps retomber et se baissant automatiquement pour éviter de se cogner contre les chevrons. Potter ne bouge pas, et Severus se demande s'il dort profondément, ou s'il ignore simplement ses mouvements.
Severus ouvre le tiroir de sa commode, appuyant un peu sur le côté gauche car celui-ci reste souvent coincé, et en sort son pantalon de travail noir et un pull en laine de mouton. Sa mère passait la majeure partie de l'été à tricoter ; passant ses après-midi à lui raconter des recettes pendant qu'elle travaillait à partir d'un modèle qui n'existait que dans sa tête. Les nouveaux vêtements pour l'hiver étaient finis avant la fin septembre, et la quantité produite dépendrait du succès de Tobias à trouver des petits boulots.
Il descend l'échelle silencieusement, sa canne dans son dos, coincée dans le col de son pull. La laine a été lavée et portée suffisamment pour ne plus gratter, mais au contraire être plutôt douce, et elle porte avec elle un parfum que Severus associera toujours avec son chez lui.
La bouilloire est remplie et posée sur le four, et Severus se lave rapidement dans la salle d'eau. Il ne se sent pas très différent d'un autre matin, même s'il sait qu'il a mieux dormi que d'ordinaire. Il a entendu dire que le sexe améliorerait l'humeur, et supposément, aiderait son corps à mieux fonctionner… mais il n'est pas du genre à écouter les rumeurs qui circulent à Poudlard.
Potter descend quelques instants plus tard, et son tee-shirt remonte lorsqu'il se gratte le torse. Les yeux de Severus se posent immédiatement sur cet endroit, comme s'il s'attendait à voir l'empreinte de sa main marquant encore son passage de la veille.
Potter cligne des yeux dans sa direction alors qu'il cherche sa tasse dans le placard.
« Pourquoi est-ce que vous me fixez ? »
Severus retire une pomme de la coupe de fruits sur la table et commence à l'éplucher avec un couteau d'office. Il observe Potter, son… son quoi ? Petit-ami ? Certainement pas, plutôt comme un cobaye. Ancien élève, cependant Severus n'a rien enseigné à Potter depuis plus d'une année, et tellement d'évènements se sont produits entre-temps qu'il a l'impression qu'un siècle s'est écoulé.
« Mal au cul ? » Severus a un sourire en coin, plaçant les épluchures de pommes sur son assiette de scones.
Potter rit et se laisse tomber lourdement et ostensiblement sur la chaise de cuisine en face de lui, une part de tarte aux pommes dans son assiette.
« Pas de la manière dont vous le pensez.
— Oh ? demande Severus, ses sourcils levés. Alors l'expérience a été un succès. Dites-moi, Potter. Est-ce que vous ressentez le désir de redécorer mon cottage dans des tons pastel, accompagnés de petites poupées ? »
Harry manque presque de s'étouffer avec sa part de tarte, et Severus est tout fier tandis qu'il boit son thé.
« J'ai bien peur que non, dit Potter en essuyant des miettes de son menton. Peut-être que vous vous y êtes mal pris. »
Son visage est décoré d'un large sourire, et il a complètement l'air d'être le petit démon qu'il était à Poudlard. Severus est étrangement détendu, assis dans sa petite cuisine avec son dos contre la fenêtre qui laisse passer les courants d'air, une assiette pleine de pelures de pommes devant lui qui sont saupoudrées de sucre brun, et un homme contenté avec qui il a couché la nuit précédente assis en face de lui.
« Est-ce que vous critiquez ma technique, Mr Potter ? demande Severus, et il utilise son ton de dangereux professeur qui fait vaciller le sourire de Potter pendant une seconde ou deux.
— Pas le moins du monde, Professeur Snape. Je pense seulement que s'il s'agit là d'une expérience, les positions devraient peut-être être inversées. Vous savez, pour qu'on ait les deux points de vue. »
Potter dit ceci avec un peu de défiance dans sa voix, et Severus peut dire qu'il a relevé un tout petit peu les épaules, de manière à se rendre plus impressionnant. Ça n'a jamais marché sur Severus, mais il est plutôt soulagé, en tout cas, que Potter affirme son désir que la situation soit un peu plus égalitaire, sans qu'il ait à se résoudre à aborder le sujet. D'après ce qu'il a lu dans le livre, et les réactions de Potter la veille, il semblerait qu'être en dessous puisse être très plaisant, et Severus est naturellement curieux.
« Vous êtes un peu trop présomptueux là, Gryffondor », déclare Severus, son ton maîtrisé et son regard dur. Aussi curieux qu'il soit, il n'est pas prêt à simplement s'offrir à un ancien étudiant. « Prendre un mâle par-derrière est une chose. Être baisé par un autre mâle en est une autre.
— Hmm, considère Potter, terminant son petit-déjeuner et plaçant les assiettes dans l'évier. Avoir la chance d'être allongé là, ne pas avoir besoin de faire tout le boulot, et être tout de même récompensé d'un orgasme. C'est à vous de voir, Serpentard. »
ϟ ϟ ϟ
Le vieux broyeur à pommes dans le coin de la cuisine de Severus occupe maintenant la table, et une grande bassine en plastique a été placée sous le bec verseur. Quatre bassines de pommes épluchées et évidées, le travail de la matinée, sont placés contre le mur de la cuisine et rendent l'espace de travail restreint encore plus exigu. Severus vérifie les quantités exactes de pommes concassées demandées par la recette dans le livre de sa mère, bien que la recette ne vienne pas d'elle. Tobias avait aidé son propre père à brasser du cidre de pommes, et ses notes sont repliées sur une vieille feuille de bloc-notes et glissées entre les pages contre une recette de ragoût, écrit avec la même écriture illisible en pattes de mouche que celle de Severus.
Potter trifouille sa propre radio, qui semble avoir trouvé son chemin jusqu'au cottage sans que Severus ne le réalise. Elle est éraflée et émet une lumière bleue quand Potter fait tourner la molette avec délicatesse, semblant rechercher quelque chose de précis tout en marmonnant pour lui-même.
« Albus. Fol Œil. Remus. Tonks. Sirius. F-Fred. »
Severus commence à tourner la manivelle du broyeur à la force de ses bras, tout en fermant les yeux. Il ne sait pas exactement pourquoi Harry est à la recherche de Potterveille, étant donné que depuis la fin de la guerre il n'y a pas de raison d'alimenter le programme radio. Pendant un instant, Severus a un flash-back d'une nuit de printemps fraîche à Poudlard, aucune lune n'était visible et le vent soufflait fort. Il était assis dans les appartements du directeur et récitait la liste des membres de l'Ordre qui avaient perdu la vie pour pouvoir accéder aux nouvelles. Les Carrow commençaient à s'interroger sur l'endroit où certains étudiants avaient disparu, et Severus avait découvert qu'il était suivi lorsqu'il traversait les couloirs telle une ombre menaçante un peu plus tôt, avec plusieurs paquets de nourriture cachés dans ses robes.
Ça n'avait pas été un mois facile pour lui.
De la musique normale commence à se faire entendre cependant, et étrangement, Potter ne semble pas déçu quand il ne parvient pas à trouver les émissions de Potterveille. Severus suspecte que c'est devenu une habitude pour Potter lorsqu'il cherche du réconfort, au cas où. Il travaille silencieusement aux côtés de Severus ajoutant des pommes dans l'entonnoir du broyeur avec une régularité précise qui aurait dupé n'importe qui les ayant regardés à croire qu'ils avaient déjà travaillé ensemble par le passé.
« Est-ce que ça va être alcoolisé ? »
Severus ne perd pas le rythme et continue à broyer. Il change de position sur la chaise, ignorant les craquements du bois et étirant son dos contre le dossier jusqu'à entendre un petit craquement.
« En partie, oui.
— Il y a une chose à laquelle j'aimerais que vous jetiez un coup d'œil », dit Potter, se levant et allant chercher un livre dans le salon. On dirait qu'il vient juste de s'en souvenir, et Severus se demande depuis combien de temps il souhaite le partager. Severus prend une pause du broyage et se lave les mains. Le livre que rapporte Potter est une édition de L'histoire de Poudlard lourdement annotée, avec des bouts de papier dépassant des pages qui ont été marquées, les coins pliés, et il y a une tache qui ressemble suspicieusement à du jus de citrouille sur la couverture. Severus s'en saisit, et réagit à la couverture par un petit sourire avant de l'ouvrir. L'écriture de Ronald Weasley – vieille de quelques années étant donné son aspect enfantin – a rayé le nom de l'auteur et ajouté à la place celui de Hermione Granger.
Severus en comprend la raison quand il ouvre le livre. Il y a des petits ajouts manuscrits, écrits proprement, sur les marges d'un grand nombre de pages, qui décorent l'ouvrage de la même manière semblable à son manuel de potions, et Severus découvre des paragraphes de papiers tapuscrits là où Granger a mis à jour le livre avec leurs propres aventures.
« Eh bien, dites donc. Hermione Granger a collé un coup de poing à Draco Malfoy en plein visage ? J'avais toujours suspecté qu'elle avait une tendance pour la violence bien cachée en elle. »
Harry ricane tout en reprenant le mouvement du broyeur, les muscles de son bras travaillant tandis qu'il essaye de reprendre la même vitesse que Severus un peu plus tôt.
« Ce n'est pas toujours si caché, dit Harry en se remémorant. Elle m'a aidé à entrer dans Gringotts. »
Severus lève la tête du passage qu'il était en train de lire concernant l'obsession ridicule de Potter pour le Prince de Sang-Mêlé.
« Excusez-moi, Mr Potter, vous pouvez répéter ? » Severus le fixe du regard. « J'ai cru comprendre que vous veniez d'insinuer que Hermione Granger, qui a fondé ce club de libération des elfes de maison complètement ridicule, s'est introduite par effraction dans la noble banque des gobelins de Grande-Bretagne.
— C'est celle-là même, confirme Potter avec désinvolte, utilisant une cuillère en bois pour mélanger la purée tandis qu'il broie la troisième boîte de pommes. Elle a pris l'apparence de Bellatrix Lestrange sous Polynectar à cette fin. »
Severus voit son respect pour Granger augmenter de mauvaise grâce, et hausse un sourcil. Cette dernière année avait été particulièrement désespérée et créative pour les cibles de Voldemort, et Severus est impressionné que Potter ait eu des amis prêts à aller jusqu'à de tels extrêmes pour l'aider.
Severus avait été agacé de voir à quel point leurs amitiés avaient été similaires pendant la première et la seconde année de Potter ; le soi-disant Trio d'Or de Dumbledore comparé à la camaraderie qui existait entre Severus et Lily. À présent cependant, Severus est convaincu que rien au monde ne pourrait séparer Potter, Weasley et Granger.
« Ouvrez-le au marque-page orange. »
Potter vient juste de commencer la quatrième boîte de pommes, et Severus est étonné qu'il n'ait même pas suggéré d'utiliser la magie pour préparer les pommes. Ça aurait certainement rendu les choses plus faciles, et il y a bien assez de place pour ça dans leur allocation de sorts quotidienne, mais Potter semble préférer le vrai travail de temps en temps aussi.
Severus ouvre le livre à la bonne page, et la commissure de ses lèvres se relève face au marque-page criard aux couleurs des Canons de Chudley. Il lit rapidement le paragraphe qui est désigné par une flèche grossièrement dessinée.
« Les piliers fondateurs de Poudlard offrent les éléments de construction de l'école. La tradition et les valeurs fondamentales ont été inculquées profondément dans les murs du château, et le resteront ainsi aussi longtemps que Poudlard tiendra. Le programme d'enseignement pour tous les sorciers et sorcières est mis en place à la fois par le Directeur ou la Directrice, et par une association de dix-sept gardiens instaurés en 1104 après J.-C., pour s'assurer qu'une éducation correcte est offerte aux élèves, sans influence possible des partis politiques y trouvant un intérêt à quelque époque que ce soit. »
Severus affiche un air pensif tandis qu'il interprète ce texte.
« Dix-sept n'a pas de signification importante dans le monde sorcier, mis à part pour l'âge de la majorité et le nombre de Mornilles dans un Gallion, murmure Severus, lisant en diagonale les quelques pages suivantes pour voir si elles contiennent quelque chose d'intéressant.
— Dumbledore radotait toujours sur le fait que le nombre sept avait beaucoup de pouvoir magique. » Harry hausse les épaules. « Sept Horcruxes, sept années à Poudlard, sept joueurs dans une équipe de Quidditch, sept passages secrets pour sortir de Poud… euh. »
Harry lève les yeux du broyeur et son expression est toute penaude.
« Économisez votre salive, Potter. J'ai L'Histoire de Poudlard du Survivant juste là », répond Severus avec un sourire narquois. Il lève le livre de Granger, et il est certain que maintenant Potter réalise que Severus prévoit de le lire de bout en bout. « Quoiqu'il en soit, je ne crois pas que le nombre dix-sept ait une autre signification. »
Harry termine de broyer ce qui reste de pommes et étire ses muscles, pressant son bras tendu contre sa poitrine, et l'appuyant fermement comme le mouvement annonçant le début d'une routine d'échauffement qui n'est pas à sa place dans cette cuisine.
« Je ne sais pas. Je suis plutôt athée en ce qui concerne les maths, pour ma part. »
Severus se lève pour l'aider à déplacer le broyeur jusqu'à l'évier, où il sera lavé avec acharnement.
« Potter, vous ne pouvez pas être athée en maths, cingle Severus, et il suffit d'entendre le ton qu'il a employé pour deviner qu'il lève les yeux au ciel. Les mathématiques sont profondément enracinées dans l'histoire de l'humanité, et continuent d'exister quoi qu'il arrive, même quand des imbéciles continuent à ne rien y comprendre. »
Severus commence à démonter les différentes parties du broyeur, ne voyant qu'en partie Potter, en arrière-plan, mimer une marionnette ouvrant la bouche avec sa main et articulant silencieusement "blah blah".
« Tout ça c'est que des conneries de toute manière. Qui choisirait un nombre aussi bizarre ?
— À moins que les gardiens ne soient tout simplement pas dix-sept hommes, » commente rapidement Severus.
Potter s'arrête et, pendant un moment, il partage la même expression qu'une personne s'étant cogné le petit orteil contre un coin de meuble particulièrement acéré.
« Les guildes contrôlent Poudlard.
— Ça a pu être le cas, concède Severus, laissant tomber un morceau du mécanisme du broyeur dans un évier plein d'eau savonneuse.
— Non, je pense que c'est toujours le cas aujourd'hui. Réfléchis un instant, Severus. Ces guildes, ce sont toutes des guildes de commerce. Toutes les compétences dont les gens pouvaient avoir besoin avant que la société sorcière ne se développe, et dont ils ont encore besoin, et elles sont là depuis des siècles. Bien sûr qu'elles veulent avoir leur mot à dire sur le fonctionnement de Poudlard, ce sont elles qui ont besoin des étudiants dans leur monde du travail.
— Ce que vous dites est de moins en moins censé, Potter. Et je ne vous ai pas donné la permission d'utiliser mon prénom. »
Severus ne semble certainement pas aussi menaçant qu'il l'était à l'école, se tenant devant l'évier, en habits de travail, avec un pull raccommodé… ce qui est aussi bien puisque Potter l'ignore quoi qu'il en soit.
« Non, non, ça a beaucoup de sens », répond Potter en replaçant le livre et en sortant le tableau blanc. Il attrape un marqueur et le fixe, inconscient que les notes en sténographie sur le tableau sont à l'envers.
« Le Chemin de Traverse est le centre névralgique des dix-sept guildes. Poudlard a quasiment été détruit pendant la bataille finale, mais le Chemin de Traverse non. » Ils frémissent tous les deux à cet instant, Poudlard ayant toujours été leur maison.
« Si les guildes sont les principaux soutiens de Poudlard, et que c'est à elles de maintenir l'école en état de marche, elles ont besoin de générer de l'argent et du soutien public. »
Il dessine une petite famille de bonhommes bâtons sur le tableau portant des chapeaux pointus de sorciers et à côté d'une pile de malles grossièrement dessinées. Potter est peut-être un sorcier puissant, mais il n'a absolument aucun talent pour l'art.
« Voilà pourquoi Cartogan tenait tant à parvenir à ses fins et à ce que je fasse toutes ces apparitions publiques. Plus le Chemin de Traverse engrange de bénéfices, plus ils peuvent insuffler d'argent dans Poudlard. »
Potter commence à s'exciter et Severus lève la main pour l'interrompre.
« Où est-ce qu'ils étaient l'année dernière dans ce cas ? Je ne me souviens vraiment pas d'une quelconque guilde me contactant pour évincer la campagne anti-Moldus imposée par le Seigneur des Ténèbres.
— Ça, c'est parce qu'ils avaient bien trop la trouille de toi, probablement, répond Harry, commençant à être excité par cette nouvelle idée. Et peut-être qu'ils ne sont intervenus qu'une fois que tout s'était calmé.
— Tout ça a l'air beaucoup trop bénin pour un complot. Et quelle est votre explication pour l'assassinat de Cartogan, et par un Auror par-dessus le marché ? »
Severus s'était dit, quand Potter n'était pas revenu à Poudlard pour sa septième année, qu'il n'aurait plus jamais le loisir de savourer son regard d'étudiant décontenancé. Il est plaisamment surpris de découvrir que ce n'est pas le cas. Potter ressemble à quelqu'un à qui on aurait révélé le secret derrière les escaliers mouvants de Poudlard, ou bien sur l'existence du Père Noël.
« Attends. Je pense que si on couche ensemble, on devrait s'appeler par nos prénoms. »
Severus plisse les yeux à ce changement de sujet et croise les bras.
« On ne doit pas s'appeler par nos prénoms uniquement parce qu'on couche ensemble. »
Harry penche la tête sur le côté et observe Severus d'un regard pensif, un qu'il aurait pris pour de la pitié si Potter n'avait pas fait attention à y ajouter un peu de neutralité.
« Non. Mais il semble plutôt irrespectueux de continuer à t'appeler Snape.
— Un fait qui n'avait jamais semblé vous déranger à Poudlard. »
Harry soupire et enchante le lourd seau de purée de pommes pour qu'il flotte dans les airs, à côté de la table.
« Peu importe, si on doit continuer à faire… ça… » Potter fait un signe qui les englobe tous les deux de sa main qui ne tient pas sa baguette, empêchant le sceau de purée de pommes de se renverse « … alors je pense qu'on devrait s'appeler par nos prénoms. »
Severus ne savait pas que Potter avait réellement prévu de donner suite à leur intimité, et il ne sait pas trop quoi en penser non plus. Il se souvient trop bien de fêtes à Poudlard pendant lesquelles il restait assis à table tandis que ses camarades allaient danser, ou plus récemment, le sentiment lorsqu'il était assis dans un bar et qu'il voyait des étrangers autour de lui repartir avec quelqu'un alors qu'il restait seul. Cela facilitait de beaucoup ses prises de contact en tant qu'espion, mais Severus avait su avec certitude qu'il n'intéressait personne.
« Et dis-moi au juste, Harry, pourquoi faisons-nous cela ? » demande Severus, et il y a un ronronnement dangereux dans sa voix. Le sexe, c'est le sexe, et son opinion sur le sujet n'a pour ainsi dire pas changé suite à son expérience de la nuit précédente. Si c'était sans compter sur la potentielle gêne occasionnée pendant la journée, il ne serait vraiment pas dérangé par la possibilité que le sexe soit plus fréquent.
« Est-ce que ce n'était pas bien ? » demande Harry tout en serrant le bras de Severus lorsqu'il passe à côté de lui. Il sort du petit cottage, apportant le seau jusqu'à la cabane où se trouve la presse à pommes. Severus le regarde traverser la fenêtre de la cuisine, et puis décide de prendre la version de Potter de L'histoire de Poudlard, et d'aller le lire à l'étage dans sa chambre nouvellement isolée.
ϟ ϟ ϟ
Severus est réveillé par les petits cheveux sur sa nuque qui se dressent. Il reste absolument immobile tout le temps qu'il lui faut pour s'assurer que c'est bien Potter qui est de retour au cottage, à faire du bruit dans la douche, juste en dessous du grenier. Il peut entendre l'eau couler par les vieux robinets de la douche, causant d'étranges bruis sourds de temps en temps, et le bruissement de l'eau est un peu plus doux que la pluie qui tombe sur le toit. Potter semble être un utilisateur de douche silencieux, étant donné que Severus ne peut entendre ni chants ni marmonnements. Il n'a pas la moindre idée de l'heure qu'il est, et il est agacé autant par cette confusion que par les brumes qui entourent son esprit.
La douche s'arrête quand Severus s'étire au-dessus du lit, grimaçant légèrement quand sa jambe menace de partir en crampe sans prévenir. Il y a énormément de potions que Severus aimerait essayer pour trouver un remède potentiel pour sa jambe, cependant la plupart des ingrédients requis sont bannis de sa très très courte liste de potions autorisées. Il se retourne quand Potter monte l'échelle, et cligne des yeux en réaction à sa peau nue. Potter ne porte qu'une toute petite serviette en travers des hanches.
« La sieste était bonne ? » demande-t-il, farfouillant dans son sac à la recherche de quelque chose.
Severus fixe son dos, observant les petites perles d'eau que Potter a manquée et qui butent contre la cicatrice dans son dos.
« Le sommeil était satisfaisant, répond-il, secouant un peu la tête.
— Mais maintenant tu te sens tout naze ? » Potter a sorti un caleçon et semble considérer la serviette pendant un moment avant de la laisser tomber pour pouvoir enfiler le sous-vêtement.
« Je trouve que les siestes après midi sont trop perturbantes », admet Severus, observant les mouvements du cul d'un blanc pâle tandis que Potter essaye de se glisser avec grâce dans son caleçon. Il est à moitié en érection et encore rougit de la douche, un fait que Severus trouve à la fois intéressant et partiellement excitant.
« Il pleut maintenant de toute manière, aucune bonne raison de sortir du lit. »
Potter fouille la pièce du regard à la recherche d'un haut, et il le garde devant son torse quand il surprend le regard de Severus.
« La purée de pomme a été correctement pressée », dit Potter, sans rompre le regard avec lui. Severus attend un moment avant de retirer le livre du lit.
« Bien. »
Potter grimpe sur les couvertures, abandonnant sa chemise au pied du lit et ne portant que son caleçon. Son pénis semble lutter pour s'en échapper, et Severus peut sentir un désir lui faisant écho depuis son entrejambe.
Les doigts de Potter voyagent le long du tissu épais du pantalon cargo de Severus, ignorant ses cuisses et s'agrippant à ses hanches.
« Est-ce que tu vas essayer ? »
L'expression de Severus ne trahit rien, ses yeux sombres se font durs tandis qu'ils jugent de la sincérité de Potter.
« J'ai été porté à croire que ce n'était pas qu'une expérience dénuée de plaisir, » répond doucement Severus. Il ne fait aucun geste pour retirer ses propres vêtements.
Potter a un sourire en coin.
« C'est une sensation vraiment étrange, » admet-il, et il n'hésite qu'un bref instant avant de se mettre à califourchon sur Severus. Son corps est brûlant et les yeux de Severus s'assombrissent tandis qu'il observe le mouvement des muscles sur le torse de Potter.
« Mais ensuite, ça devient très plaisant. »
Severus a son propre avis sur le sujet, étant donné que le livre qu'il a lu lui a offert des commentaires intéressants sur la première fois. Severus est prêt à jeter un maléfice à Harry si quoi que ce soit d'embarrassant se produit, cependant.
Il lève la main et tapote le torse de Potter de ses doigts, interrompant les douces caresses que Potter est en train de prodiguer à son ventre.
« Tu ne parleras de ceci à personne. »
Le ton de Severus est bas, il le garde stable consciemment pour s'assurer que Potter ne peut pas entendre l'appréhension dans sa voix.
Potter lui lance un regard obscène, mais recommence à caresser le ventre de Severus, apparemment inconscient de l'érection qui grossit sous lui.
« Les Gryffondor n'exhibent pas leur tableau de chasse, tu sais. »
Severus se redresse jusqu'à être quasiment assis et permet à Potter de le débarrasser de son pull et de sa chemise.
« Les Serpentard le font, » murmure-t-il, fermant les yeux quand les lèvres de Potter s'attaquent à son cou. La pièce est chaude et le bruit de la pluie sur le toit est plutôt apaisant quand Severus se laisse aller en arrière contre son oreiller fin, tandis que des mains chaudes et calleuses explorent son torse, qu'un menton barbu frotte juste contre son cou. C'est une sensation vraiment très étrange, et elle envoie des frissons tout du long jusqu'à son sexe.
Harry, tout en faisant bien attention à sa jambe traîtresse, s'arrête un moment pour permettre à Severus de prendre une meilleure position sur le lit. Son lit, celui dans lequel il s'est terré depuis qu'il a commencé à vivre ici. Le matelas se creuse et le cadre en fer forgé craque quand Harry s'étend à côté de lui. Est-ce en signe de protestation ou d'acceptation, Severus ne sait pas.
Toutes les pensées quittent son esprit cependant quand, en lieu et place des baisers forts et exigeants qu'ils ont échangés la nuit précédente, Harry s'allonge à côté de lui et caresse lentement son visage, se penchant pour déposer des baisers sur son torse. Il frémit, et ce n'est pas une sensation très éloignée des matins où il se réveille et que la douleur pulse depuis la morsure à sa jambe jusqu'à ses orteils. Il n'y a aucune douleur cette fois, cependant, juste la béatitude, et une sensation étrange qu'il est incapable d'identifier. Il lève une main pour la passer dans les cheveux de Harry et contre sa nuque. Ses doigts se serrent par intermittence tandis que Harry frotte son pied le long de ses mollets. Son pantalon frotte contre sa jambe, accompagnant le mouvement méthodique du pied de Potter, faisant écho aux caresses de son pouce contre ses tétons. Severus n'avait jamais eu conscience que ses tétons pouvaient être aussi sensibles. Il relâche un gémissement calme, arquant sa tête, ses hanches se mouvant en rythme avec celle de Potter.
Si Harry continue comme ça, Severus sait qu'il ne durera pas.
« Harry. » Il est surpris d'entendre que sa voix est encore plus grave, plus rauque. Ce n'est probablement qu'une conséquence due aux hormones.
Severus halète lorsque Potter lèche son torse, suçotant les tétons que son pouce avait précédemment excités. Severus perd le fil de ses pensées pendant un moment, mais il parvient finalement à stopper le garçon en tirant sur ses cheveux.
« Harry, arrête. »
Les yeux verts qui croisent soudainement son regard sont confus, et pendant un bref instant il paraît blessé, mais l'expression a disparu avant que Severus ne puisse corriger ses paroles. Il observe l'homme à côté de lui ; les muscles de son ventre qui se contractent, le chemin de poils qui disparaît sous le caleçon tendu de Potter. Potter, l'homme avec qui Severus a étrangement plus envie de dormir qu'avec n'importe quelle femme pour laquelle il a eu un jour de l'intérêt.
« Ma jambe, » dit Severus, comme si cela pouvait expliquer sa pause. Il veut continuer, c'est ce qu'il veut depuis qu'il a vu et senti l'orgasme impressionnant de Potter la nuit précédente, et s'il en croit les lèvres gonflées et pupilles dilatées qu'il peut voir, Harry partage le même désir. Severus n'est pas dans son élément, cependant, et il est agacé de constater que son corps tremble légèrement d'une anticipation nerveuse. Il n'a jamais été très doué pour demander ce qu'il désire cependant. Lors d'une absolue nécessité, oui. Mais en dehors de ça, il n'est pas certain d'avoir accepté ses propres désirs lui-même, sans parler de les exposer à un autre.
Severus murmure un sort, et ses vêtements le quittent pour aller se plier proprement sur la commode. C'est un sort qu'il a maîtrisé sans baguette, que lui a enseigné un élève infirmier après avoir jeté un regard désapprobateur à sa jambe et avoir clairement refusé de le toucher. Il n'avait jamais été compté lors des visites des Aurors. Il se tourne sur son ventre, replaçant soigneusement sa jambe blessée.
« J'espère que tu vas faire attention, » dit Severus, masquant la nervosité dans sa voix et refusant de dire à Potter qu'avant qu'il n'arrive au cottage, cela avait fait plus d'une décennie que personne ne l'avait touché.
Et c'est ce que Harry fait.
Severus n'est pas prêt à faire face aux attentions qu'il reçoit des mains de Potter. Il manque peut-être d'expérience mais certainement pas de motivation, et Severus est bien content de s'être allongé sur le ventre de telle manière à ce que Potter ne puisse pas le voir perdre le contrôle. Ses épaules sont massées et embrassées, ses bras, son dos, sa colonne sont légèrement chatouillés jusqu'à son coccyx. Il sent des mains masser ses fesses, et bien que la sensation soit étrange, elle soulage également son flanc droit. La caresse vire au sensuel, et c'est seulement maintenant que Severus réalise à quel point il est dur, étant donné qu'il est contraint d'ajuster sa position. Severus lance un rapide sort de nettoyage, une version personnelle qu'il a déjà entendu mais dont il n'a jamais eu besoin, et il ne dit rien lorsque Potter sursaute après l'avoir entendu. Severus refuse d'expliquer le haut degré de propreté qu'il exige de lui-même.
Le sort est une bonne chose, se dit Severus quand des doigts paradoxalement doux et forts écartent ses fesses et qu'un pouce remonte contre sa peau sensible, frottant contre son anus, aguicheur. Severus ne peut pas s'empêcher de se repositionner sur le lit, son corps souhaitant à la fois fuir cette caresse et en demander plus.
« Potter, que diable pensez-vous faire ? » demande-t-il, la voix rauque. Il a la sensation qu'il sait ce que Potter s'apprête à faire, et il sent le malaise grandir, alimenté autant par l'embarras que l'anticipation.
« J'ai trouvé ton livre », répond Harry, balayant toute trace de déni que Severus aurait pu tenter avec un vigoureux coup de langue. Severus est défait par le souffle d'air chaud qui effleure son entrée, et Potter s'efforce de prouver qu'il peut être très studieux si on le laisse seul pour lire un livre.
Severus décide que si la langue de Potter est aussi délicieuse lorsqu'elle le pénètre, alors il pourra très certainement s'accommoder de son sexe.
Il laisse Potter tester ses toutes nouvelles compétences, et même le préparer avec le lubrifiant moldu qu'il a acheté, mais quand il entend l'emballage du préservatif être ouvert, il commence à se tourner.
« Tout va bien ? demande Potter, se figeant dans ses mouvements.
— Je souhaite te faire face, répond Severus, sans s'expliquer davantage.
— Ça pourrait faire un peu ma – » Potter s'interrompt quand il voit l'expression de Severus et se déplace pour lui permettre de se tourner. L'érection de Potter semble bien plus imposante qu'elle ne devrait l'être, mais Severus est presque certain que Potter s'est lui aussi préparé suffisamment.
Il observe les joues rouges du jeune homme tandis que ses doigts tremblants déroulent le préservatif sur son sexe érigé, et Severus est traversé par une vague d'incertitude avant d'écarter les jambes. Il prend note de l'expression de désir et de stupéfaction dans le regard de Potter, avant d'inspirer soudainement quand Potter écarte ses bourses hors du chemin.
« Si ça peut te rassurer, tu es plus épais que moi et on a quand même réussi la nuit dernière, dit Harry, s'alignant et attisant Severus sans le savoir lorsque son gland frotte contre son anus.
— Ferme-la, » lui assène Severus, se détendant à mesure qu'il est pénétré. Il panique pendant quelques secondes lorsqu'il a l'impression d'avoir besoin d'aller aux toilettes, mais les hanches de Potter avancent par soubresauts irréguliers, et Severus commence à se relâcher autour de l'intrus.
Harry établit un bon rythme, les muscles de ses bras se contractant autour des épaules de Severus alors qu'il reste blotti entre ses jambes.
« Les sensations n'ont rien à voir avec Gi… avec une femme, chuchote Potter, les muscles de son ventre se contractant et frottant contre le pénis de Severus en des mouvements atrocement délicieux.
— J'espère bien que non, » souffle-t-il en retour, ses hanches se balançant lentement au rythme des mouvements de Harry et sa voix ne semblant pas aussi irritée qu'il l'aurait souhaité. Il serre ses muscles autour de son sexe de manière assez brusque, se rappelant les pressions inégales du cul de Potter autour de lui la nuit précédente.
Harry trouve soudainement sa prostate, et Severus laisse s'échapper un gémissement surpris sur l'instant. Harry le prend comme un challenge et redouble d'efforts pour frapper le même point encore et encore. Il ne parvient à ses fins qu'avec une irrégularité erratique qui maintient Severus sur d'étranges montagnes russes de piques d'excitation et de dénis d'orgasme.
Severus laisse l'un de ses bras reposer sur le lit, détendu, ramenant inconsciemment son autre main se poser sur la nuque de Potter. Il émet un petit son approbateur lorsque la main calleuse de Potter glisse le long de son flanc pour venir s'agripper à sa hanche. Severus sait qu'il est proche à présent, et il sait que cet orgasme sera un lent renversement plutôt qu'une branlette frénétique.
Potter accélère ses mouvements, les poils rêches de ses jambes frottant contre l'intérieur de celles de Severus et il ferme les yeux lorsqu'il jouit avec un grognement étouffé. Le sexe de Severus est coincé sous le ventre de Harry et la sensation de mouvement supplémentaire à l'intérieur de lui, quand bien même le sperme est pris dans le préservatif, entraîne son propre orgasme. Le souffle pantelant de Harry est brûlant contre son cou, et quand Harry lèche le sel de sa peau, son corps tout entier frémit à cause d'hypersensibilité post-orgasmique.
Harry se retire avec précaution, tendant la main par-dessus le lit pour atteindre sa serviette encore humide suite de sa douche un peu plus tôt. Le préservatif est enveloppé dans un mouchoir pour rejoindre la poubelle, et Severus se prélasse tout en étant lavé doucement par Potter. Il étend ses jambes et sent les doigts forts de Harry s'assurant qu'il n'a aucune crampe et Severus apprécie tout particulièrement l'attention portée à ces actions.
Potter lui tend ses sous-vêtements, et Severus lui jette un regard critique.
« Je suis certain que nous pratiquions cette activité uniquement pour les bénéfices thérapeutiques des contacts physiques. »
Severus est assis sur le bord du lit, enfilant sa chemise, mais il remarque que Potter hésite une seconde avant d'enfiler un nouveau caleçon.
« C'est ce qu'on fait. Ça fonctionne bien, à mon avis. »
Potter se lève et enfile son jean, laissant la braguette ouverte pour l'instant. Sa chemise est accrochée à l'un des coins du lit, et il sourit à Severus tout en la remettant correctement.
« Harry. Il est très certain que je vais finir par te faire du mal. »
Severus s'est rhabillé et il grimace à la sensation désagréable du lubrifiant entre ses jambes. Il suppose que c'est à cause du préservatif plutôt que du lubrifiant à base d'eau qu'ils ont utilisé.
« Oh, je sais, répond Harry en commençant à descendre l'échelle. Il va falloir faire en sorte que le voyage vaille la chute, Severus. »
ϟ ϟ ϟ
Le dîner ce soir-là est un simple hachis parmentier que Severus a préparé grâce aux provisions que Potter a rapportées. C'est un accord tacite entre eux, étant donné que Potter n'a pas de limite de temps pour ses sorties, c'est à lui de faire les courses pour la maison. Severus garde le contrôle sur la liste de courses cependant, étant donné qu'il refuse de se laisser submerger par les sucreries et autres saloperies.
La conversation est presque inexistante, cependant il n'y a aucun malaise. Potter est penché sur le tableau blanc, essayant de percer les dessins secrets des guildes qui contrôlent Poudlard, et Severus se demande comment Potter est devenu son égal. Entre les dîners qu'il lui a préparés, l'aide qu'il apporte pour la maison, le manuscrit surprenamment cohérent qu'il a produit, et maintenant les rapports sexuels où il l'a traité avec un profond respect, Severus réalise que Potter est devenu un homme complet. Potter est assis en face de lui et gratte la cicatrice à son épaule, absorbé par ses pensées. Où qu'il soit, se dit Severus, Albus Dumbledore est en train de rire copieusement.
Severus change les draps avant qu'ils se mettent au lit cette nuit-là, pendant que Potter court sous la pluie jusqu'au cabanon hors de la propriété. Il enchante son manuscrit pour qu'il se corrige tout seul à partir des notes de Severus, et laisse le sortilège travailler toute la nuit dans la cabane.
ϟ ϟ ϟ
Severus passe son jeudi matin à récurer tout le cottage. Même si ce n'est que la première semaine d'octobre, il peut sentir l'air frais, et il sait que l'hiver arrivera vite. Sa mère passait toujours une semaine en octobre à nettoyer intégralement leur maison de l'impasse du Tisseur, et Severus fait perdurer la tradition tandis qu'il nettoie le sol et passe la salle d'eau à la javel.
Potter revient vers midi, après avoir fait une sortie à Alnwick, une ville où Severus n'a pas mis les pieds depuis des années. Il est allé à Barter Books pour acquérir des livres de seconde main qu'ils prévoient d'utiliser pour créer la couverture de l'œuvre de Potter. Potter reprend le ménage tandis que Severus inspecte les ouvrages, sélectionnant finalement un livre avec une couverture en lin émeraude. Il esquisse le titre sur une feuille de papier brouillon, cherchant la bonne teinte de bleu pour le lettrage.
« Tu ne crois pas que le rouge serait plus approprié pour mon livre ? » demande Potter, se tenant sur le seuil du salon avec un torchon à la main.
Severus acquiesce après un moment et jette le livre vert de côté.
« Peut-être noir, avec une écriture verte ?
— Ça fera l'affaire, sourit Potter, et ensuite je n'aurais qu'à enchanter le manuscrit à l'intérieur ?
— Oui, répond Severus. Et si mes souvenirs sont exacts, tu as déjà l'expérience dans ce domaine. »
Severus se permet un sourire en coin quand il voit Potter rougir, bien conscient que le petit crétin avait échangé son livre de potion avec celui de Weasley deux ans plus tôt.
Il suit Potter jusqu'au cabanon à l'extérieur de la propriété, feuilletant le manuscrit et s'assurant qu'il a l'air correct.
« Rapetisse-le, et contrôle la taille pour correspondre à l'intérieur de la couverture. »
Potter pointe sa baguette sur le manuscrit édité et compilé tandis que Severus l'observe depuis l'intérieur des délimitations de la propriété.
« Reducto. »
Le manuscrit diminue facilement de taille et Potter sourit juste pour lui. Il place ensuite le dessin du titre que Severus a fait par-dessus la première page et le retrace avec sa baguette, imprimant les lettres sur la couverture. Cela ne prend que quelques instants, et ils sont tous les deux satisfaits du résultat. Le manuscrit est relié avec un autre sort, et Harry s'en saisit pour tester la reliure.
« Ça a l'air bon, annonce-t-il tout en feuilletant le livre pour le montrer à Severus.
— Acceptable. Tolstoï sera bientôt là, utilise un sortilège de désillusion, nous nous occuperons de la copie ce soir. »
Tandis que Harry pointe sa baguette au-dessus du livre et lance le sort sans incantation, il interroge Severus : « Ils ne pourront pas voir que le livre n'est pas vraiment ce qu'il est quand je le leur donnerai, si ?
— Non, répond Severus. Je n'ai pas la moindre idée de l'identité du nouveau leader de l'association du Chemin de Traverse, mais ils n'auront pas de moyens de savoir que ton livre n'est pas ce qu'il paraît être.
— La dernière lettre que j'ai reçue de sa part, il ou elle avait l'air assez excité que je publie un stupide livre de recettes », marmonne Harry, et il prend la dernière couverture. On peut actuellement y lire : La conspiration des scones citrouilles : des recettes trop bonnes pour rester secrètes, et d'ici à l'inauguration de la statue le lendemain, la couverture aura repris sa première apparence.
« Ils ont accepté de distribuer les livres ?
— Ouais, répond Harry, rangeant son matériel. Ça fait partie de mon – »
Harry s'interrompt et semble clairement mal à l'aise, comme si un insecte avait cavalé le long de sa jambe.
« Il y a un problème ? demande Severus, haussant un sourcil.
— Je viens juste d'avoir une étrange sensation », répond Harry. Il a l'air inquiet. « Ça me démange. On dirait que quelque chose m'a piqué ou me tire. »
Severus l'étudie pendant un moment avant de lui faire signe de revenir au cottage.
« Viens, tu as certainement juste été piqué par une bestiole. »
Harry s'avance vers Severus, le livre sous son bras et sa baguette à la main. Plus tard, ce soir, Severus va utiliser une potion de duplication sur le livre, et avec un peu de chance, ils pourront en créer 300 copies.
« Comme je le disais, ça faisait partie de mon accord pour venir à la cérémonie, dit Harry, tout en passant la limite de la propriété. Oh, la démangeaison est partie. »
Severus l'arrête immédiatement, et lui prend le livre des mains.
« Retourne à l'extérieur de la propriété », ordonne-t-il.
Harry obéit, et n'a pas besoin de dire quoi que ce soit pour que Severus sache que la sensation est de retour. C'est évident dans la tension de ses épaules. Il observe tandis que Harry lève sa baguette et lance un lumos. La lumière est là, mais elle est plus feutrée et elle vacille légèrement. Potter rentre à nouveau dans la propriété, et confirme que la démangeaison est repartie.
« Quelqu'un t'a placé sous le sort de l'assignation à résidence, murmure Severus, utilisant sa canne pour remonter la petite colline jusqu'au cottage.
— C'est n'importe quoi, répond Potter. Je n'ai rien fait qui mérite que je sois assigné à résidence. »
Severus remarque à peine que Potter a posé sa main dans le creux de son dos pour le guider le long du chemin rocailleux.
« Et porter assistance à un Mangemort reconnu ? » demande Severus sèchement.
Alors que la porte d'entrée est en vue, Severus peut voir que Tolstoï et Iain sont là à les attendre, Tolstoï occupé à compter les cailloux qui bordent le chemin.
« Souviens-toi, Harry. Seuls les Aurors peuvent apposer ce sort. »
Potter semble très inquiet quand il croise le regard de Severus, mais il ne dit rien de plus tandis qu'ils s'approchent de Tolstoï, le garçon qui est si doué pour répéter précisément les choses que Severus ne veut pas dévoiler.
Note du traducteur : Je tiens à laisser une petite note pour expliquer que je n'étais pas en état de publier la semaine dernière, mais que c'est passé. Il ne devrait plus y avoir de gros problème dans la correction non plus. Cependant, j'ai vraiment eu du mal à trouver le moment où ces deux là finissent par se tutoyer alors, si jamais vous trouvez un truc bizarre, n'hésitez pas à laisser un commentaire ;)
