- Il t'a ancré.

Un silence.
Un deuxième.
Un troisième.
Un quatrième.
Un cinquième.

Et Hermione sentit la Vie quitter ses lèvres.

Une minute.
Une deuxième.
Une troisième.
Une quatrième.
Une cinquième.

Et Hermione sentit la Mort parcourir ses vertèbres.

Un regard.
Un deuxième.
Un troisième.
Un quatrième.
Un cinquième.

Et Hermione sentit les Dieux la mettre à terre.

Une apnée.
Une deuxième.
Une troisième.
Une quatrième.
Une cinquième.

Et Hermione sentit l'Enfer incendier ses viscères.

Un frisson.
Un deuxième.
Un troisième.
Un quatrième.
Un cinquième.

Et Hermione sentit la folie ravager son être…

- Il a fait quoi ?

Semblable au tonnerre après que la foudre ait frappé… à un gong que l'on aurait fait sonner… à une onde de choc sur le point de le terrasser… ou encore un coup de hache s'apprêtant à l'éventrer… la voix d'Hermione s'éleva violemment dans l'écho d'un grondement acéré. Brisant sauvagement le silence qui s'était mis à régner, le peu de paix qui semblait s'y être cachée et la pesanteur muette qui s'y était installée, elle se propagea autour d'eux avec autant de vitesse que de brutalité… de douleur que d'incrédulité… de colère que de perplexité… d'ahurissement que de dureté… mais également avec tant d'aberration, d'horreur et de férocité, que le Seigneur des Ténèbres lui-même s'en sentit immédiatement désarmé.

- Herm...

Oui…

- Hermione, écoute…

Désarmé.
Sonné.
Troublé.
Accablé.
Effaré.
Horrifié.
Assiégé.
Assommé.
Mortifié.
Effrayé !

- Il ne… enfin, il…

Pour ne pas dire profondément… terrorisé.

- Il a fait quoi ?! Répéta-t-elle sans respirer.

Puissants, implacables et enragés, ses mots se muèrent en cri malgré leurs murmures étranglés… retentirent en furie dans l'écrin de son souffle révolté… grandirent au cœur de ses spasmes effrénés… et déferlèrent au rythme de son regard aiguisé. Galvanisés par son adrénaline, son horreur et le feu dévorant ses tripes, ils tordirent ses lèvres en une ligne infime, délavèrent ses joues d'une couleur cadavérique et allèrent même jusqu'à lui creuser de nouvelles rides… Un tableau à la létalité toute aussi étrange qu'indescriptible, qui alors même que le mage haletait devant lui, ne tarda pas à épaissir l'air ambiant d'une nouvelle toxine.

- Il a… enfin, il a…

Une toxine enveloppé de frissons, de sueurs froides et d'ordres avides.

- Tout… tout s'est passé très vite et…

Une toxine qui assourdissait déjà les battements de leurs fièvres et frémissements de leurs échines…

- J'ignorais qu'une telle chose était possible ! Lui aussi d'ailleurs, mais il… il…

Une toxine qui laissa Voldemort se liquéfier dans ses bafouillements et souffles inaudibles.

- Mais il a réussi et… et maintenant il…

- Il m'a ancré ?!

Un silence.
Un énième.
Et tout sembla s'arrêter.

- Connor m'a… Connor m'a ancré ?! Hurla-t-elle sans respirer.

Un silence.
Un énième.
Et Voldemort ne parvînt plus à la regarder.

- Oui.

Un silence.
Un millième.
Et Hermione se sentit perdre pied.

- Grand Dieu, non…

- Hermione…

- Non, non, non… haleta-t-elle.

- S'il te plaît…

- Non !

Aliénée, confuse et désespérée, la jeune femme ne sentit même pas l'écho de son cri résonner sous l'élan de sa propre brutalité ; sous son animalité, sa rage et dangerosité… ni même sous tout la puissance de sa magie incontrôlée. Non, elle ne sentit rien. Ni la douleur de son dos subitement redressé, ni le fourmillement de ses pieds sur le carrelage brûlé, ni le scintillement de sa prothèse brusquement dépliée, ni les crampes de sa soudaine nausée, ni le vertige qui la saisit une fois qu'elle eut quitté le canapé… Ni le tremblement de ses poings amèrement serrés, ni la brûlure asphyxiante de son apnée, ni le sanglot étranglant de sa trachée, ni les palpitations harassante de son cœur outré, ni la tension grandissante de ses veines violacées… Ni la pâleur effrayante de ses joues creusées, ni la grimace enflée de ses pommettes striées, ni la ride inquiète de ses sourcils arquées, ni le frisson essoufflés de ses lèvres ourlées, ni l'électricité latente de ses cheveux désordonnés… Non, rien.

Pourtant, ce reflet était bien le sien…

Un portrait qui semblait sur le point de tuer quelqu'un.
Un portrait dont l'effroi s'était fait l'indétrônable Souverain.
Un portrait que Voldemort se mit à détailler dans un silence contraint.

Seigneur… elle semblait sur le point de défaillir ; d'hurler, d'attaquer, de rugir, de le frapper, de s'évanouir ! A moins… à moins qu'elle ait simplement envie de vomir ? De pleurer ? Ou de fuir ? Trop gêné pour y réfléchir, spéculer ou ne serait-ce que lui témoigner son inquiétude face à la fragilité de son équilibre, le Mage Noir se contenta de baisser le regard dans un soupir, incertain quant à ce qu'il devait dire ; mais également quant à la manière dont il devait agir… et pour cause !

Face à lui, se tenait une véritable furie.
Face à lui, se tenait une véritable tsunami !
Face à lui, se tenait une véritable bombe d'adrénaline…

En sueur devant lui, Hermione se mit alors à déambuler machinalement dans l'éclat de sa pâleur morbide, ses pieds la guidant partout où divaguait les restes de son esprit. Indifférente à la faiblesse de son corps, de ses idées et de son énergie, elle titubait le souffle court et la main sur sa poitrine, son cœur palpitant plus que jamais à mesure que se courbait douloureusement son échine… à mesure que se contractait ses muscles sous sa marche rapide… à mesure que s'agitaient ses lèvres de murmures intangibles… et à mesure que ses pires cauchemars prenaient vie.

- No… non, ce… ce n'est…

Des cauchemars qu'elle n'aurait jamais cru capable de la suivre.

- Ce n'est pas po… poss…

Des cauchemars qu'elle n'aurait jamais cru capable de quitter l'abîme.

- Pas… possible…

Des cauchemars qu'elle n'aurait jamais cru capable de s'en prendre à son fils…

- Hermione…

- Non ! Non ! Non !

Non… Connor ne pouvait pas être la base de son ancrage. Connor ne pouvait pas être la base de son ancrage. Connor ne pouvait pas être la base son ancrage. Connor ne pouvait pas être la base de son ancrage ! Ce n'était… ce n'était pas possible ! Jamais ! Dans aucun monde ! Aucune réalité ! Aucune dimension ! Aucun univers connu ou caché ! Non, il… il devait y avoir une erreur ; une confusion, une maladresse, un incompréhension, un impair… n'importe quoi capable de démentir les prémices d'une issue aussi grossière ! D'un sort aussi cruel ! De dires aussi mortifères ! Que dire… d'une idée aussi vile, abjecte et meurtrière ! Mais elle avait beau chercher, regarder son Maître et hyperventiler, la jeune femme pouvait déjà s'en douter : aucune de ses prières ne serait exhaussée…

- Grand Dieu… non… non… S'étrangla-t-elle horrifiée.

Oui…

- Ce n'est… pas pos… possible…

Malgré elle, ne resterait que cette vérité.
Malgré elle, ne resterait que cette destinée.
Malgré elle, ne resterait que son fils… condamné.

- Ce… ce n'est…

Au bord d'une énième crise de panique, d'un arrêt cardiaque et d'un milliers de nouveaux cris, le Mage vit son regard se faire hagard, avide, confus, frénétique ; un étrange mélange de désespoir et d'effervescence hystérique, qui alors même que ses mains agrippaient nerveusement ses hanches dans l'espoir de ne pas faillir, ne tarda pas s'accompagner de balbutiements frénétiques.

- Ce n'est pas poss… possible… ce n'est pas…

En proie à la plus insidieuse des vésanies, ses mots s'écrasèrent contre sa langue, confus et imperceptibles ; ses phrases s'entrechoquèrent dans sa gorge, étranglées et approximatives… tandis que ses pensées, sa voix et ses cris, s'enraillèrent dans sa poitrine, hachés et inaudibles.

- Ce n'est… ce n'est pas….

Aussi et en cet instant précis, Voldemort le comprit.

- Ce n'est pas… pas possible…

Le monde pouvait brûler, elle n'en frémirait pas d'un cil. Le Fléau Divin pouvait les frapper, elle n'en frissonnerait pas d'un sourcil. L'univers pouvait s'effondrer – là tout de suite ! – elle n'en tremblerait pas d'une pupille… une désinvolture tout aussi certaine et effrayante que profondément instinctive, face à laquelle le Mage ne put qu'incontestablement s'aplatir.

- Hermione, je t'en prie…

- Non… non, ce… ce n'est pas possible ! S'écria-t-elle plus fort.

Pas possible.
Pas concevable.
Pas crédible.
Pas envisageable.
Pas plausible.

- Ce n'est pas possible !

Oui, lui aussi l'avait cru… Mais quand bien même ils tenteraient de ne rien entendre, de ne rien voir, de ne rien comprendre, comment pouvaient-ils nier l'évidence ? Pire encore ! Comment pouvaient-ils seulement nier l'existence même de son ancre ?! Soit la seule et unique chose la gardant actuellement vivante ! Voldemort connaissait déjà la réponse… ils ne pouvaient pas. Ainsi et bien que cela leur semble inacceptable, intolérable et presque barbare, les faits étaient là : sans même le savoir, Connor était devenue l'ancre existentielle, astrale et spirituelle de son âme… et se faisant, il s'était lui-même condamné à son agonie profane.

- C'est im… impo…

Un ultime détail, qui à la lueur de ses larmes, ne tarda pas à leur déchirer les entrailles.

- C'est impo… impossible…

- Je l'ai cru moi aussi. Admit-il.

Plus encore, il l'avait espéré. Prié. Demandé. Supplié. Imploré ! Mais les Dieux étaient restés muets… et aucun d'eux ne l'avait pris en pitié.

- Mais rien ne sert de se bercer d'illusion… souffla-t-il amer. Ce qui est, est fait.

- Seigneur…

- Je sais que… que c'est difficile à entendre mais…

- Et tu l'as laissé faire ?! L'interrompit-elle brusquement.

Sursautant sous l'assaut de son ton, Voldemort la regarda pantois un court instant… du moins, juste assez longtemps pour réaliser qu'il avait bien entendu sa question.

- Qu… quoi ?! Bégaya-t-il.

- L'ancrage !

Explosant plus brutalement que le Mage ne put l'anticiper, son cri le terrassa d'un acouphène effréné, mélange d'échos stridents, de grésillements et de résonnances saccadées. Décuplé par son aura, sa magie et l'effroi qui la consumait, il se répandit du sol jusqu'aux fenêtres brisées, des bougies jusqu'aux lustres éventrés, de la cendre jusqu'aux meubles brûlés, des murs jusqu'aux poutres calcinées et se répercuta même dans l'atmosphère en une onde à la voracité déchaînée… Une onde sous laquelle Voldemort se sentit immédiatement vaciller et dont la puissance, la haine et la brutalité ne parvinrent qu'à le laisser muet.

- Tu… tu l'as laissé faire ?! Articula-t-elle empressée.

Incapable de se raisonner, de s'apaiser ou de ne serait-ce qu'ordonner ses pensées, Hermione l'assiégea de ses pupilles mordorées, son regard alors emplit d'autant de questions que doutes infondés ; mais plus elle le détaillait, plus le Mage haletait… et plus il haletait, plus son silence perdurait.

- Réponds ! Claqua-t-elle sans pitié.

Bon sang… jamais il n'avait vu un tel regard l'habiter.

- Comment peux-tu le demander ? Souffla-t-il atterré.

Un regard prêt à tuer.
Un regard aussi cruel qu'aliéné.
Un regard dénué de toute humanité.

- Réponds-moi…

- Bien sûr que non ! S'écria-t-il offensé. Jamais je ne l'aurais laissé se mettre en danger si j'avais un seul instant soupçonné qu'il puisse…

- Alors comment ? Comment a-t-il pu y arriver ?!

Tout comme jamais il n'avait entendu une telle voix l'incarner…

- Je ne sais pas ! S'exclama-t-il affligé.

- Tu ne sais pas ?!

Une voix au ton atterré.
Une voix à l'écho horrifié.
Une voix à la violence inégalée.
Une voix aux trémolos mortifiés.

- Non, je ne sais pas !

- Alors que sais-tu dans ce cas ?!

Une voix à la froideur enragée.
Une voix à l'accablante sévérité.
Une voix à la douleur incontrôlée.
Une voix à l'exigence incontestée.

- Honnêtement ?! Railla-t-il dépassé. Rien !

- Ne me mens pas !

Une voix sous laquelle le Monde lui-même sembla plier.
Une voix sous laquelle les Cieux eux-mêmes parurent trembler.
Une voix sous laquelle les Dieux eux-mêmes cessèrent de respirer.
Une voix sous laquelle Voldemort lui-même peina à ne pas flancher…

- Je ne mens pas !

- Alors dis-moi ! Explosa-t-elle enragée.

Une voix comme il n'en avait encore jamais tonné.
Une voix comme il n'en avait encore jamais résonné.
Une voix comme il n'en avait encore jamais explosé.
Une voix comme il n'en avait encore jamais… existé.

- Je te l'ai dit… Gronda-t-il. Je ne sais rien ! Rien, mis à part qu'il continue de noyer ses chagrins dans l'alcool, qu'il a exploré l'intégralité de nos canalisations, qu'il tente chaque jour de corrompre mes hommes, qu'il a rampé dans un faux plafond et qu'il n'a cessé de désobéir à mes ordres dans le seul but d'atteindre ta chambre !

Peinant à respirer sous la fureur de son regard excédé, la jeune femme se sentit serrer les dents pour ne pas hurler ; pour ne pas répondre, pleurer, l'interrompre ou l'accabler... mais aussi et avant toute chose, pour ne pas exploser. Accrochée au rebord du canapé, la tête basse et les yeux fermés, elle tenta vainement d'entendre ses mots tels qu'ils étaient ; de n'y chercher aucun sens caché, de ne pas les mésinterpréter, de n'en tirer aucune conclusion infondée, de ne pas les exagérer ou encore de ne pas y voir la preuve de son ignorance la plus éhontée… mais Seigneur, jamais elle n'avait autant lutté.

- Je ne sais pas comment il a réussi ! Hurla-t-il. Je ne sais pas comment il a utilité la Magie de l'île ! Je ne sais pas comment il est parvenu à extirper ton âme des abysses ! Je… je ne sais même pas comment vous êtes tous deux parvenus à y survivre !

Fiévreuse sous la violence de ses frissons, de sa migraine et du feu qui intoxiquait son sang, c'est une nausée au ventre qu'Hermione se mordit la langue à sang… s'esquinta les paumes à la force de ses ongles… et déglutit sa bile avec autant d'amertume que d'écœurement. Pourtant et bien qu'elle haïsse cet instant, la jeune femme ne pouvait se permettre de briser son silence. Et pour cause… elle ne voulait pas s'emporter. Elle ne voulait pas dire des mots qui dépasseraient sa pensée. Plus encore, elle ne voulait pas l'accuser ! Le blesser ! L'agresser ! L'attaquer ! Ou lui faire porter le poids d'une quelconque culpabilité ! Non, mais…

- Je ne sais que ce qu'il m'a dit… siffla-t-il. Qu'il est rentré dans ta chambre, qu'il t'a bordé, veillé, embrassé, qu'il s'est endormi dans ton lit.

Mais en cette heure de pure horreur, qui aurait pu la blâmer de douter ? Qui aurait pu la blâmer de s'interroger ? Qui aurait pu la blâmer de hurler ? Qui aurait pu la blâmer de croire Voldemort prêt tout pour la sauver ?! Personne.

- Pour le reste, je sais juste qu'il a commencé à hurler… à souffrir, à paniquer, à avoir froid et à m'appeler.

Mais quand bien même de telles suppositions seraient un minimum fondées, Hermione le savait… y croire ne serait que la preuve d'un énième déni derrière lequel elle se cacherait. D'un mensonge. D'une illusion erronée ! Que dire… D'une distraction cruelle et que profondément biaisée ! Pour la simple et bonne raison que malgré ses péchés, défauts et milles crimes passés, Voldemort n'était pas qu'un Seigneur avide de cruauté mal placée.

- Il implorait que je vienne l'aider. Il implorait que je le sauve, que je l'arrache des griffes de cette magie et que je… et que je vienne le protéger ! Et... et c'est ce que j'ai fait !

Non…

- J'ai… j'ai tenté de le rejoindre !

Voldemort était aussi un homme.

- J'ai vraiment essayé !

Un homme nommé Tom.

- Mais la magie de l'île était… était…

Et Tom aimait Connor.

- Trop puissante… finit-il par avouer sans respirer.

Frappée par la douleur avec laquelle il finit sa phrase, c'est le cœur éventré qu'Hermione se risqua à affronter son regard ; un regard horriblement sombre, tourmenté et vide de tout espoir… mais un regard qu'elle le vit immédiatement se détourner à l'instant où commencèrent à briller ses larmes.

- J'ai vraiment essayé de le protéger.

Seigneur…

- Je… je te le jure.

Oui, elle le savait ; une certitude qui dans leur peine, ne rendit cette condamnation que plus cruelle… car si lui-même n'avait pas été en mesure de l'empêcher, de le sauver et le protéger, alors rien au monde ne le pourrait jamais. C'est donc mortifiée, désemparée et assiégée de larmes incontrôlées, que la jeune femme sentit sa poitrine brusquement tressauter. Coincées dans sa gorge, ses sanglots commençaient déjà à résonner, puissants et étranglés à mesure qu'elle luttait corps et âme pour les ravaler… mais à quoi bon lutter ? Tout était déjà fait.

- Par Merlin, c'est un cauchemar…

- Hermione…

- Un cauchemar !

- Calme toi. Gronda-t-il.

- Non, je… je ne peux pas…

Et elle ne pourrait jamais ; en particulier quand elle savait ce qu'une telle horreur impliquait…

- Tu… tu sais que ça signifie. Dit-elle alors livide.

Un silence.
Un deuxième.
Et Voldemort se pinça la lèvre.

- Oui.

Un silence.
Un deuxième.
Et Hermione haleta sous sa fièvre.

- Tu sais qu'il va… qu'il va endurer cette agonie.

Un silence.
Un deuxième.
Et Voldemort maudit le ciel.

- Oui… répéta-t-il.

Un silence.
Un deuxième.
Et Hermione sombra en Enfer.

- Tu sais qu'il… qu'il se sentira constamment happé par ce… par ce vide. Hoqueta-t-elle.

- Oui, je sais…

- Par cette l'obscurité abyssale, ce… ce gouffre de Ténèbres, de solitude et de froid qui… qui n'en finit pas !

- Hermione…

- Et par cette… cette incessante litanie de cris qui ne cessent jamais de… de hurler ! Pleura-t-elle sans respirer. Et… et de tourner ! Et de… et de résonner sans jamais s'arrêter ! Ces cris qui… qui hantent, avilissent et… et torture l'esprit jusqu'à le… le désosser ! Jusqu'à le briser ! Jusqu'à… jusqu'à qu'il ne reste plus rien à sauver !

- S'il te plaît… souffla-t-il démuni.

- Et par cette douleur ! Cette insupportable et… inexplicable douleur qui ne faiblit jamais ! Qui… qui te fait maudire le monde entier ! Et qui… et qui en viens à te faire regretter le simple fait d'avoir un jour ex… exis… exister ! Et… et…

Incapable de poursuivre sans s'effondrer, Hermione s'agrippa à nouveau au canapé dans le frêle espoir de ne pas tomber ; de ne pas faillir ni même de s'écrouler…

- Oui.

Mais un tel espoir était aussi vain que tous ceux l'ayant précédé.

- Je sais… Souffla le Mage sans la regarder.

Ainsi, c'est dans le frisson de son souffle haché et la douleur ankylosée de ses yeux écarquillés, que la jeune femme s'accrocha à sa propre poitrine dans un cri étouffé. Livide, en sueur et le corps parcouru de spasmes incontrôlés, sa tête dodelina sur le côté, ses joues se tordirent sous ses larmes, ses épaules tressautèrent à un rythme saccadé et ses mains vinrent se plaquer contre son visage… des mains aux phalanges blanchâtres, qui alors même qu'elles tremblaient presque plus que son âme, cherchèrent désespérément à la sortir de ce cauchemar. Et pour cause… elle ne parvenait pas à croire en l'horreur des mots qu'elle venait elle-même de prononcer ; en leur sens et indéniable véracité… en leur imminence et insoutenable gravité… en leur existence et inqualifiable cruauté !

Non… elle ne pouvait pas.

Elle ne pouvait pas croire que Connor serait éternellement tourmenté.
Elle ne pouvait pas croire que son petit ange serait éternellement torturé.
Elle… elle ne pouvait pas croire que son fils serait éternellement condamné.

Pourtant, tous deux les savaient : ses mots n'étaient rien de moins que la plus simple des vérités.

- No… non…

Une vérité que son cœur ne put accepter.

- Ce n'est pas… possible.

Une vérité que son cœur ne put supporter.

- Il… il ne peut pas !

Une vérité que son cœur ne put endurer.

- Il… il ne peut pas être mon ancre ! S'étrangla-t-elle violemment.

- Hermione…

- Non ! Il ne peut pas ! Il ne peut pas ! Il ne peut pas ! S'écria-t-elle en larmes.

- Espérer ne sert à rien.

- Mais…

- On ne peut plus rien faire ! Tonna-t-il.

Abasourdie par la violence de son, Hermione se liquéfia plus brusquement devant lui. Seigneur… qu'avait-il dit ?!

- Rien… rien faire ?! Répéta-t-elle hagard.

- Oui.

- Mais… mais, il… il ne…

- Et plus vite nous l'aurons accepté, plus vite nous serons en mesure de l'aider.

Accepté.
Accepté.
Accepté.
Accepté.
Accep…

- Excuse-moi ?! S'étrangla-t-elle subitement.

- Tu as très bien entendu.

Oui… mais son audition n'était pas le problème sous-jacent de sa question.

- Tu veux l'accepter ?!

- Hermione…

- Mais… mais comment peux-tu dire ça ?! S'exclama-t-elle hagard. Comment peux-tu accepter ça ?

- Je…

- Comment peux-tu supporter l'idée que Connor soit le vaisseau de mon ancrage ?!

A sa question, Voldemort ne put s'empêcher de laisser échapper un ricanement. « Comment pouvait-il accepter cela ? », « Comment pouvait-il supporter l'idée que Connor soit le vaisseau de son ancrage ? » ... La réponse était simple : il ne le pouvait pas. Il ne le supportait pas. Et ne voulait même pas ! Mais qu'est-ce qu'un souhait, face à l'inévitable ?

- Parce que nous n'avons pas d'autre choix !

Pas d'autre choix.

- Non… non, je m'y refuse ! Se révolta-t-elle.

- Il le faudra bien.

Il le faudra.

- C'est hors de question !

- Nier les faits ne l'aidera pas… S'agaça-t-il.

Nier les faits.

- Non, je… je refuse d'accepter qu'il souffre !

- Il souffrira que tu l'acceptes ou non !

Il souffrira.
Il souffrira.
Il souffrira.

- Non.

- Bon sang… ne rends pas les choses plus difficiles qu'elles ne le sont !

Il souffrira.
Il souffrira.
Il souffrira.

- Non !

- S'il te plaît… Gronda-t-il.

Il souffrira.
Il souffrira.
Il souffrira.

- J'ai dit non !

Il souffrira.
Il souffrira.
Il souffrira.

- Hermione !

- Tom !

Un silence.
Un prénom.
Et le Mage sentit son corps se pétrifier.

- Il s'agit de Connor.

Un silence.
Un prénom.
Et Voldemort sentit son souffle se couper.

- Il s'agit de son âme !

Un silence.
Un prénom.
Et Tom sentit son cœur s'arrêter.

- Il… il s'agit de notre fils.

Ebranlé, le sorcier se sentit brusquement vaciller. Seigneur… avait-il rêvé ? Fabulé ? Halluciné ? Ou ne serait-ce que bien interprété le sens des mots qui venaient tout juste d'être prononcés ? Trop sonné pour se le demander, y réfléchir ou tenter de le deviner, le Mage ne parvînt qu'à blêmir dans un silence bouleversé, le souffle court et la main fébrile tandis que son corps se prostrait… tandis que sa gorge s'asséchait… tandis que sa poitrine haletait… tandis que son échine s'hérissait… tandis que ses tempes bourdonnaient… tandis que son esprit se révulsait… tandis que son cœur flanchait… et que l'intégrité même de son être se tétanisait.

- Et que les Dieux m'en soit témoins ! Gronda-t-elle.

Pourtant, il le savait ; il n'avait pas rêvé.

- Je préférais errer éternellement dans les limbes, plutôt que de le savoir victime d'un sort aussi inhumain !

Il n'avait pas rêvé, elle… elle l'avait bien dit !

- Je préférais mourir demain plutôt… plutôt que de le savoir en proie à un tel destin !

Elle l'avait appelé Connor, « leur fils » …

- Et je préférais nous voir tous périr sous les flammes du Fléau Divin, plutôt que de savoir notre enfant agoniser entre de tels mains !

Leur fils.
Leur fils.
Leur fils.

- Alors non… Souffla-t-elle sans respirer. Je ne peux pas l'accepter !

Leur fils.
Leur fils.
Leur fils.

- Je… je n'ai pas à l'accepter !

Leur fils.
Leur fils.
Leur fils.

- Et toi non plus !

Abasourdi, Voldemort ne sut plus quoi dire… d'ailleurs, qu'aurait-il pu dire ?

- Il… il n'a que nous en ce monde !

Dans ses larmes, Hermione venait de révéler l'invisible.
Dans sa rage, Hermione venait de nommer l'indescriptible.
Dans sa hargne, Hermione venait de résoudre l'incompréhensible.

- Tu entends ! S'écria-t-elle à bout de souffle.

Et dans son désespoir, Hermione venait de leur donner un fils.

- Que nous !

Qu'eux…
Qu'eux… et lui.
Qu'eux… et leur fils.

- Nous… nous ne pouvons pas l'abandonner. Sanglota-t-elle alors éplorée.

Connor… leur fils.
Connor… leur fils.
Connor… leur fils.

- Nous n'en avons pas le droit !

Connor… leur fils.
Connor… leur fils.
Connor… leur fils.

- Nous… nous devons faire quelque chose !

Faire quelque chose ? Oui… ils le devaient. Mais sous l'étau de son regard mordoré, la puissance de sa témérité et la conviction d'une si profonde vérité, Voldemort ne put que suffoquer. Désemparé dans sa propre apnée, il ne parvînt plus à parler ; à penser, rétorquer ni même à argumenter… Non, il ne parvînt qu'à rester prostré. Choqué. Frappé. Ebranlé. Figé. Pétrifié. Bouleversé. A tel point qu'il ne lui suffit que d'un regard sur la jeune femme pour le deviner… à partir d'aujourd'hui, il ne pourrait plus jamais respirer.

- Tom ?

A partir d'aujourd'hui, l'essence même de sa vie changeait.

- Tom ?!

A partir d'aujourd'hui, il… il avait un héritier.

- Tom !

Sursautant brusquement devant elle, c'est la main tremblante et les joues blêmes que le Mage Noir la dévisagea dans un silence précaire. Par tous les Dieux… réalisait-elle comment elle l'appelait ? Quel prénom elle employait ? Le pouvoir que celui lui donnait ? La signification que cela représentait ? Et la sensation que celui-ci lui insufflait ?! Certes, Connor avait pris l'habitude de l'utiliser… mais l'entendre résonner dans sa bouche à elle ? Voir ses syllabes ourler gracieusement ses lèvres ? Et l'écouter prendre vie sous la force son appel ?! Par Salazar… cela semblait irréel. Lunaire. Imaginaire ! Et pourtant… malgré sa confusion, son trouble et insupportables acouphènes, c'est bien sa propre réaction qui le stupéfia presque plus que le nom de son défunt père. Et pour cause ! Ce prénom ne s'était pas suivi d'un sortilège ; ce prénom ne s'était pas accompagné de tortures cruelles … ce prénom ne s'était soldé d'une mort certaine. Or – et les Dieux pouvaient l'attester eux-mêmes ! – jamais Voldemort n'aurait cru avoir la force de supporter pareil blasphème. Pareil affront. Pareille impolitesse. Pareille transgression. Pareil sacrilège ! Tout comme jamais il n'aurait imaginé voir un jour son Initiée, faire ce prénom sienne…

- Je… je…

Bon sang… que pouvait-il dire ?

- Je...

Qu'y avait-il seulement à dire ?!

- Je ne...

Aujourd'hui, il devenait un père.
Aujourd'hui, il retrouvait sa Reine.
Aujourd'hui, débutait une nouvelle ère…

- Qu'y a-t-il ? Demanda-t-elle confuse.

Or et il y a quelques heures à peine, il avait bien failli tout perdre… perdre ce qui aujourd'hui lui semblait plus précieux, vitale et nécessaire que l'immortalité de son propre règne.

- Je… je vous aurais perdu.

Frappée par la fébrilité avec laquelle elle l'entendit murmurer, c'est prise de court qu'Hermione vit son Maître la détailler les yeux écarquillés, un étrange frisson parcourant alors ses traits. Figé devant elle, le visage pâle et le front ruisselant de fièvre, il resta là… prostré dans l'obscurité… silencieux dans l'ombre sa cheminée… pantois dans son silence muet… à tel point qu'il ne fallut pas longtemps, avant que la jeune femme ne commence à paniquer. Peu habituée à le voir si choqué, hagard et troublé, elle se surprit à trembler, incertaine quant au sens des mots qu'il venait de prononcer ; mais plus encore devant la terreur qu'elle lut dans l'éclat de ses pupilles embrasées…

- Qu… quoi ?! Demanda-t-elle d'une voix étouffée.

Ne réagissant pas à sa question, Voldemort haleta brusquement entre ses dents, la poitrine alors gonflée de cris, de pleures et de jurons. Incapable de respirer sans qu'un brasier ne lui incendie les tempes, il s'entendit déglutir entre deux frissons, son regard alors constamment happé par l'objet de sa passion : elle… la mère de son nouvel enfant.

- Je… je…

Elle, son Initiée adorée.
Elle, la Reine de son éternité.
Elle… la seule femme qu'il aimait.

- Je vous aurais perdus… tous les deux.

Sonné, Hermione ne sut pas quoi répliquer face à des mots aussi bouleversés… ou était-ce à cause de leur profonde véracité ? De leur sens ? Et conséquences inavouées ? Trop troublée, la jeune femme n'osa pas le deviner… tout comme elle ne sut plus quoi penser en voyant le Mage brusquement s'immobiliser devant l'antre de sa cheminée. Pétrifié sur lui-même après leur déferlement mutuel de cris et de haine, Voldemort s'était tu dans un silence mortifère, le regard vide et les joues blêmes ; un regard désormais dénué de la moindre braise, rage ou colère… et dont les tremblements et balbutiements éphémères ne tarèrent pas à se parer d'une douleur cruelle.

Une douleur comme Voldemort n'en avait jamais éprouvé.
Une douleur comme Hermione n'en avait jamais observé.
Une douleur que tous deux sentirent les submerger…

Sœur de mille ténèbres et cousine de Lucifer, elle grandit dans l'élan d'une nouvelle gangrène, désireuse par tous moyen de le faire sienne. Usant de la fébrilité de son souffle, de l'irrégularité de son pouls et de la pâleur de ses joues, elle lorgna sa détresse d'une faim carnassière, heureuse et satisfaite d'assister à la déchéance d'une âme immortelle… heureuse mais également profondément fière de la voir céder sous l'inéluctabilité de son règne. Ravageant son esprit plus brutalement que n'importe quelle guerre, elle naquît d'abord au cœur de ses viscères, parcouru ses vertèbres, remonta le long de ses veines et inonda progressivement ses tempes pour se rassasier de sa cervelle… un parcours cannibale, fourbe et cruel, qui ne tarda pas à embuer ses prunelles. Mélange de tristesse, de désespoir et de tourments délétères, elle envahi ses pensées de cauchemars acerbes, creva son cœur dans l'écho d'un rire amer, perfora sa poitrine d'une apnée mortelle… et renversa son âme de mille et une peines.

Des peines silencieuses, pesantes et muettes.
Des peines vicieuses, troublantes et cauchemardesques.
Des peines qui ne tardèrent pas à scintiller depuis l'éclat d'une larme solitaire…

- Je vous aurais perdu.

Assommés, aucun d'eux n'osa plus parler, conscients alors du drame qui les avait guettés ; un drame qu'Hermione commençait à peine à réaliser, mais qui la frappa davantage quand elle vit le visage de son Maître se liquéfier… ses épaules s'affaisser… son menton trembler… sa poitrine haleter… et ses genoux se dérober.

- Je…

Seigneur…

- J'aurais…

Il pleurait.

- J'aurais tout perdu.

Elle ne rêvait pas, Voldemort pleurait.

- Ab… abso…

Ne restait alors plus que ses larmes.

- Absolument tout.

Des larmes orgueilleuses…
Des larmes silencieuses…
Des larmes coûteuses…

- Et… et ça aurait été…

Mais des larmes infiniment et indescriptiblement... douloureuses.

- Ça aurait été de ma faute.

Frappée par la douleur de sa vulnérabilité, Hermione haleta un sanglot étouffé, le cœur au bord des lèvres devant ses larmes et tressautements incontrôlés. Seigneur… son Maître pleurait. Son Maître pleurait. Son Maître pleurait ! Son… non. Pas son Maître.

Son Roi pleurait.
Son cœur pleurait.
Son amour pleurait.

Une ultime pensée qui à la lueur de ses mots, de ses larmes et supplications effondrées, ne parvînt qu'à l'éventrer. Et pour cause ! Elle n'avait jamais voulu le blesser… elle n'avait jamais voulu le décourager, l'accabler, le désarmer ou le culpabiliser ! Et pourtant, elle le voyait : il était brisé…

- Oh, mon amour…

Se précipitant à ses côtés sur le sol carrelé, la jeune femme voulut alors le rassurer, l'enlacer, lui parler et l'embraser ; lui dire à quel point elle l'aimait, qu'il comptait et que rien ne les séparerait plus jamais ! Mais face à lui et son corps rayonnant de magie endiablée… face à lui et son aura vrombissante d'énergie enragée… face à lui ses étincelles déchaînées… c'est à peine si la sorcière eut la force de l'approcher sans asphyxier. Semblable à un étau le coupant jalousement du reste du monde, à une prison s'enorgueillissant grassement de son insondable souffrance et un écrin de honte galvanisant l'horreur de sa douleur moribonde… il gisait là, meurtrit sous le regard des ombres. Il gisait là, prêt à endurer leurs jugements. Il gisait là, prêt à ramper dans sa future tombe…

- Ne dis pas ça… souffla-t-elle.

- C'est la vérité…

- Non ! Non, je t'en prie… ne dis pas ça.

Mais il ne voulait pas la laisser le rassurer. Il ne voulait pas la laisser avoir pitié. Il ne voulait pas la laisser lui pardonner ! Non… il ne l'avait pas mérité. Aussi, c'est sans jamais parvenir à la regarder que le Mage se recroquevilla sur lui-même, ses poings tremblant plus que jamais entre ses étincelles… Une scène pour le moins troublante, à la sincérité déchirante et indescriptibilité édifiante, qui alors même qu'Hermione avait passé cette dernière heure à hurler à pleins poumons, ne parvînt qu'à la bouleversa au-delà de toute raison. Et pour cause… Il pleurait à terre. Lui, Voldemort, pleurait à terre ! Pire encore, il… il pleurait pour elle. Pour Connor. Pour eux ! Et pour ce que deviendrait sa vie, s'il les perdait tous deux… un constat à la vérité mille fois plus douloureuse, qui la laissa démunie et honteuse, devant son Roi à genoux et au cœur miséreux.

- Je… je suis désolé. Lui dit-il la gorge serrée.

Seigneur…

- J'ai échoué.

- Non… non, tu…

- J'aurais dû vous protéger.

Un silence.

- J'aurais dû empêcher cet Avada de te toucher !

Un deuxième.

- Et j'aurais dû empêcher Connor de… de t'ancrer !

Un troisième.

- J'aurais dû vous garder en… en sécurité ! Tous les deux !

Un quatrième.

- Mais je… je…

Un cinquième.

- Je n'y suis pas… arrivé. Sanglota-t-il.

Pas arrivé.
Pas arrivé.
Pas arrivé.

Oui… et se faisant il avait échoué.

Pas arrivé.
Pas arrivé.
Pas arrivé.

Se faisant, il avait failli les perdre.

Pas arrivé.
Pas arrivé.
Pas arrivé.

Eux…

Pas arrivé.
Pas arrivé.
Pas arrivé.

Ses ultimes raisons d'être…

Pas arrivé.
Pas arrivé.
Pas arrivé.

Aussi, c'est sans plus rien dire que Voldemort se tourna vers elle, les joues mouillées et les larmes amères ; un bref instant de silence pendant lequel leurs regards se croisèrent, le cœur frémirent, leurs souffles haletèrent et leurs larmes s'épaissirent… mais un instant qu'Hermione comprit comme étant ultime.

- Tu te trompes. Dit-elle simplement.

- Hermione…

- Tu ne nous as pas perdu.

Oui… ou tout du moins, pas encore.

- Nous sommes toujours là.

- Mais…

- Je suis toujours là ! Insista-t-elle

Mais jusqu'à quand ?

- Je ne partirais pas. Connor ne partira pas ! Et…

- Tu es morte Hermione. Tonna-t-il gravement.

Blêmissant à ce souvenir, la jeune femme ne trouva plus quoi dire – non pas qu'il ait grand-chose à dire face à une vérité aussi terrible… Mais même si c'était vrai, aujourd'hui elle était ici ; ici, avec lui ! Et après avoir enduré ce qui lui avait semblé être une éternité d'agonie, de supplices et de tortures infinies, un tel instant suffisait à lui redonner foi en la vie.

- Une mort temporaire... Précisa-t-elle.

- Une mort dont je suis le seul responsable !

- Non, je…

- Si ! Et Connor…

- On trouvera une solution !

Une solution ? A ce seul mot, Voldemort laissa échapper un gloussement ; le premier qui ne lui donna pas envie de se jeter du haut de son balcon…

- Et comment ? Demanda-t-il péniblement.

- On trouvera !

Grand Dieu… cela semblait si simple dit comme ça.

- Oh, tu crois ?! Rit-il faiblement.

- Oui !

- Hermione, je n'ai même pas su te ramener ! Alors comment… comment saurais-je le désancrer ?!

Elle ne savait pas ; mais en quoi cela comptait ? Elle serait là pour l'aider. Elle serait là pour l'accompagner. Elle serait là pour chercher ! Et plus important encore… elle serait là pour l'aimer.

- Je ne sais pas. Admit-elle. Mais je sais que nous trouverons.

- Hermione…

- C'est la vérité !

- Non. Murmura-t-il affligé.

- Mais…

- La seule vérité est que je n'ai fait qu'échouer !

Echouer ? Oui, peut-être… mais qu'est-ce qu'un petit échec, contre une réussite éternelle ?

- Je m'en fiche. Déclara-t-elle.

- Quoi ?

- Je me fiche de savoir où tu as échoué !

- Mais…

- Je me fiche de savoir ce qui n'a pas marché ! Insista-t-elle Je me fiche de savoir ce que tu as fait ! Je me fiche de savoir ce que tu aurais dû envisager, comprendre ou tenter ! Je… je me fiche de savoir tout ce que tu crois avoir raté !

Bouleversé, le Mage ne trouve pas quoi répliquer ; quoi répondre ou même penser ! Non… il ne parvînt qu'à la regarder.

- La seule chose qui compte désormais c'est ce que nous sommes réunis ! La seule qui compte désormais, c'est que nous sommes en vie ! La seule chose qui compte désormais c'est que nous avons un fils !

Un fils…

- Et que nous serons désormais toujours à deux pour affronter ce que nous réserve l'avenir...

Deux… pour l'avenir.
Deux… pour survivre.
Deux… pour réussir.

- Rien d'autre n'a d'importance !

Rien d'autre.

- Rien !

Rien.

- Nous trouverons une solution.

Une solution.

- Nous ferons front.

Front.

- Nous nous battrons !

Ils se battront.

- Et qu'importe que le Ciel s'effondre, que les Dieux nous maudissent ou qu'une nouvelle Guerre gronde ! Nous les affronterons !

Ils les affronteront.

- Quoi qu'il arrive… nous gagnerons.

Bouleversé, c'est dans l'élan d'une nouveau regard que Voldemort contempla son Initiée ; un regard cette fois-ci dénué de larmes, de honte et d'aveux tourmentés… mais un regard qui alors même qu'ils avaient tous deux hurlé, débattu et pleuré sans compter, lui donna l'impression d'être le tout premier qu'il lui portait.

- Nous gagnerons toujours.

Et pour cause ! Pour la première fois depuis que les médicomages l'avaient appelé, Voldemort parvenait enfin à le réaliser… elle était vraiment à ses côtés.

- Toujours…

Elle était vraiment là... Là ! Vivante ! Réelle ! Présente ! Belle ! Puissante ! Fière ! Rayonnante ! Elle… elle était sa plus incroyable récompense. Aussi, Voldemort le comprenait maintenant… quelle que soit cette malédiction, il aimait cette femme éperdument.

Oui…

Il n'existait plus de déni ou de honte, de peines ou de châtiments, de conflits ou d'incompréhensions, de haine ou d'affrontement, de non-dit ou de silence, de gêne ou d'omission ! Lui… Voldemort, aimait cette femme éperdument. Inconditionnellement. Irrationnellement. Désespérément. Aveuglement. Irréfutablement ! Le genre d'amour qu'il avait passé sa vie à mépriser… mais qui aujourd'hui, le frappait de son implacable férocité.

Un amour immortel.
Un amour intemporel.
Un amour inconditionnel.

Un amour capable d'irradier le Ciel.
Un amour capable d'inonder les Mers.
Un amour capable de terrasser les Enfers.

Un amour capable d'éblouir le Soleil.
Un amour capable de transcender les ères.
Un amour capable d'avaler un milliers d'Univers.

Un amour qui asphyxiait orgueilleusement ses rêves.
Un amour qui intoxiquait douloureusement ses veines.
Un amour qui le fit irrémédiablement fondre sur ses lèvres…


Hello tout le monde !

Voici la suite tant attendue ! J'ai hâte d'avoir vos avis ;)

Bonne lecture !