« As-tu jamais eu l'intention de me le dire ? »
Rogue avait posé la question avant que Harry n'ait pu refermer la porte derrière lui. Harry serra les dents et ferma la porte, puis il enleva ses bottes et se dirigea vers la cuisine, pour attraper le meuble où il gardait son alcool.
La main de Rogue se referma sur son poignet et le fit se retourner. C'est sûr que ça ne le dérange pas de me toucher maintenant qu'il voit sa marque d'âme sur moi. Cette pensée traversa l'esprit de Harry et lui rendit un peu de clarté.
Qu'il l'ait voulu ou non, Rogue était au courant de l'existence de la marque d'âme. Cela signifiait qu'il devait s'en occuper.
Il le regarda dans les yeux et admit : « Non. »
« Alors, il y a des raisons que je ne comprends pas. » Rogue retira brusquement ses mains et s'appuya sur le comptoir opposé à celui où se tenait Harry, comme s'il était calme. Harry pouvait regarder ses yeux, leur noirceur, et échapper à cette illusion. « J'aimerais qu'on me les explique maintenant. »
« Bien sûr. » Harry se calqua sur le ton calme de l'homme, du mieux qu'il pouvait. C'était la dernière fois qu'il se trouvait face à Rogue de cette façon. « Veux-tu un peu de Whisky Pur Feu ? »
« Non. J'aimerais avoir une conversation. »
Harry déglutit et acquiesça, se détournant de la cave à alcool. « Alors nous pouvons aller dans le salon. »
Rogue ne cessait de regarder autour de lui, même lorsqu'il était assis dans le fauteuil le plus confortable, le fauteuil vert devant la cheminée, comme s'il ne l'avait pas déjà vu le jour où il était venu confronter Harry à propos de la référence au ministère. Harry serra ses mains sur les bras du fauteuil et se contenta de l'observer. Il se demanda pourquoi il n'avait pas remarqué à quel point la compagnie de Rogue lui était devenue nécessaire.
Il valait peut-être mieux qu'il ne s'en aperçoive que maintenant, juste avant de le perdre. Sinon, il aurait dû passer des années à anticiper cette perte.
« Maintenant ». Rogue lui fit à nouveau face. « Pourquoi ne m'as-tu pas informé de ta marque, surtout quand tu as su ce que je pensais des marques d'âme ? »
« Parce que tu as littéralement porté une marque sur ta peau pendant des années », répondit doucement Harry, ses yeux se portant sur le bras gauche de Rogue, « je ne pouvais pas imaginer que tu veuilles être lié à quelqu'un d'autre. Les vœux, la nécessité et la marque des ténèbres... tu as retrouvé toute ta liberté quand j'ai découvert cette marque. Comment pourrais-je l'utiliser pour t'asservir ? »
Rogue le fixa d'un regard absolument déconcerté. Harry lui rendit son regard. Peut-être que Rogue se sentait différent maintenant, mais c'était seulement parce qu'il avait derrière lui des mois d'interaction calme avec Harry. Harry restait persuadé que Rogue aurait ressenti la même chose si Harry était allé le voir et lui avait parlé de la marque d'âme dès qu'il l'avait trouvée.
« Tu te trompes », dit enfin Rogue.
« Mais lié à moi ? » Harry secoua la tête. « Je suis au courant du serment que Dumbledore t'a fait prononcer pour me protéger. Et bien sûr, je faisais partie de cette prophétie qui a contribué à ruiner ta vie, moi aussi. » Il prit une grande inspiration et la laissa s'échapper lentement. Il allait commencer à supplier Rogue de comprendre s'il continuait ainsi. Il devait laisser le libre choix à Rogue. « Je ne pouvais pas imaginer le ressentiment que tu éprouverais. Cela n'a fait qu'empirer lorsque j'ai découvert à quel point les marques d'âme étaient rares. Comment aurais-je pu te lier de la sorte ? Comment as-tu pu accepter une marque d'âme te liant au fils d'un homme que tu détestais ? »
Rogue se pencha un peu en avant. « Il y a bien longtemps que je ne t'ai pas détesté. »
« Mais quand c'est apparu, ce n'était pas vrai. Et quand j'ai commencé à réaliser que tu étais peut-être mon ami, tout ce que je pouvais penser, c'est que je finirais par détruire la vie que tu avais enfin si je disais quoi que ce soit. »
« Je pense que c'est plus simple que ça. »
Harry plissa les yeux. « Qu'est-ce qui pourrait être plus simple que ça ? » Il avait dit la vérité à Rogue. Ce n'était pas de sa faute si l'homme avait décidé de l'ignorer complètement, mais cela lui faisait un peu mal.
« Je pense que tu as peut-être atteint quelque chose que tu n'attendais pas, pas avec le genre d'homme que tu pensais que j'étais. » Rogue s'était concentré si entièrement sur Harry que c'était comme s'ils étaient de retour au procès des idiots qui avaient brûlé le laboratoire de Rogue. « Tu as atteint un certain degré de paix, de liberté, d'amitié, et tu ne te voyais pas risquer cela pour une récompense incertaine. »
« Tu me traites de lâche, c'est ça ? »
« A certains égards, je crois que oui. »
Harry raidit ses épaules. Ne laisse pas paraître à quel point ça fait mal, ne laisse rien paraître. Il vaut mieux qu'il s'éloigne parce que tu es un lâche plutôt qu'il se sente piégé plus tard. « Alors pourquoi voudrais-tu être avec quelqu'un comme moi ? »
« Parce que certains égards ne sont pas tout, » dit Rogue, et son visage changea d'une façon étrange.
Ce n'était pas un sourire, ce n'était pas un rictus, mais c'était quelque chose entre les deux, qui brillait plus dans ses yeux que sur ses lèvres. « Et à certains égards, tu as été sage d'attendre. Maintenant, je ne peux pas imaginer être séparé de toi. »
Harry déglutit. Ou essaya. Sa gorge était si sèche qu'il n'y parvint pas. Rogue aurait dû me laisser prendre ce Whisky Pur Feu, décida-t-il au hasard.
« J'étais devenu de plus en plus jaloux de la femme qui, je le croyais, possédait ta dévotion malgré le fait qu'elle se trouvait du côté opposé de la guerre. Mais malgré cela, je ne pouvais pas imaginer essayer de briser un lien d'âme-sœur. Je suis venu au restaurant ce soir avec l'intention de te pousser à essayer de trouver un moyen de la rejoindre. »
« Tu as supposé que je serais attiré par la personne que ma marque désignait ? Amoureux d'elle ? »
Rogue marqua un temps d'arrêt, puis reprit d'une voix plus douce : « Pardonnes-moi. J'oublie presque toujours que tu n'as pas été élevé dans notre monde et que tu ne réalises pas à quel point le lien entre des âmes sœurs est sacré. Ce n'est pas que tu doives être attiré par celui que ta marque désigne. » Il déglutit et tendit lentement la main, comme s'il supposait qu'il allait effrayer Harry.
Harry laissa la main reposer sur son genou, regardant toujours Rogue.
« C'est qu'une marque d'âme est un si grand honneur, » poursuivit Rogue à voix basse, « que la personne dont tu portes la marque est supposée être attirée. Honorée. Intéressée par l'idée d'apprendre à te connaître et de surmonter les obstacles qui se dressent entre vous. »
« Tu m'as donc incité à trouver cette personne... »
« Parce que je pensais que cette autre personne inexistante te rendrait heureux en s'efforçant de te rendre heureux, oui. Au lieu de cela, » et les doigts de Rogue se déplacèrent, caressant le genou de Harry et lui faisant fermer les yeux avec un frisson, « je constate que tu as pensé à moi. Est-ce pour cela que tu m'as défendu, que tu m'as donné tes témoignages et que tu es devenu mon ami ? »
« Non. » Harry força ses yeux à s'ouvrir. « J'aurais pris ta défense de toute façon. Mais la marque m'a fait penser à ce que tu avais vécu et m'a rendu plus ouvert à la curiosité. »
« Je pense que c'est ce qu'elles sont censées faire. » Rogue expira lentement. « Et ton intérêt pour moi a éveillé le mien pour toi. »
Harry retoucha la main de Rogue, passant lentement son doigt sur le côté et regardant Rogue frissonner comme il l'avait fait. « Tu veux donc apprendre à me connaître, même si tu penses que j'étais un lâche ? »
« Je crois que je te connais beaucoup mieux. » La voix de Rogue s'affaiblissait, à tel point que Harry dut se pencher de plus en plus près pour l'entendre. « Serais-tu intéressé par la poursuite de cette aventure ? »
Harry déglutit. Cette fois, c'était possible. Peut-être que l'espoir facilitait les choses. « Oui. S'il te plaît. » Et il tenta quelque chose qu'il n'avait jamais essayé en pensée auparavant, ne pensant pas avoir le droit de le faire. « Severus. »
Severus se leva et contourna la chaise. Harry pencha la tête en arrière et Severus se pencha pour l'embrasser. Le frôlement de ses lèvres fut d'abord doux, mais sa main se déplaça également, ses doigts se posant en même temps sur la marque d'âme sur la gorge de Harry.
Harry sursauta. La sensation de chaleur qui partait en spirale de la marque avait deux parties. L'une plongea dans son aine dans une vague de pur plaisir. L'autre lui monta au cerveau et le fit replonger dans le souvenir du temps passé avec Severus comme s'il le vivait à nouveau - un repas plusieurs semaines auparavant où ils n'étaient pas d'accord sur le fait que les nés-moldus devaient connaître la magie avant que leurs lettres pour Poudlard n'arrivent. La chaleur, le goût de la bonne nourriture sur sa langue, et la façon dont les yeux de Severus s'attardaient sur lui.
Il se souvenait vaguement qu'Hermione avait dit quelque chose sur ce qui se passait lorsqu'une âme sœur touchait la marque de l'âme, mais il n'avait jamais su que ce serait aussi intense. Il leva les yeux vers Severus lorsqu'il sortit de ses souvenirs.
Les yeux qu'il rencontra maintenant n'étaient pas moins chauds que ceux de son souvenir.
« Viens avec moi, si tu veux », dit Severus en lui tendant la main.
Harry eut l'impression d'accepter plusieurs avenirs à la fois lorsqu'il se leva et lui tendit la main.
-PPSM-
Severus lança plusieurs charmes de rafraîchissement et de dépoussiérage lorsqu'ils entrèrent dans la chambre. Harry se hérissa un peu. « C'est seulement parce que j'ai été occupé par l'entraînement des Aurors. »
Enfin, ça et essayer de décider si ça valait la peine de passer du temps avec Severus alors qu'il savait qu'il n'obtiendrait jamais ce qu'il voulait, ce que la marque d'âme semblait promettre.
« Tu auras peut-être plus de temps à leur consacrer plus tard », dit Severus en jetant sa baguette sur la table à côté du lit. Lorsqu'il se retourna, ses yeux étaient passés de chauds à brûlants et affamés.
Harry frissonna et commença à déboutonner la chemise qu'il avait choisie pour s'aventurer dans le Londres moldu.
« Oui, c'est bien ce que je pensais », dit Severus, ce qui n'avait pas grand sens, et il s'approcha de lui pour l'embrasser.
Sa bouche était encore douce, sombre et chaude. Harry repoussa doucement Severus contre le mur de la chambre, prenant son tour cette fois-ci. Severus ouvrit la bouche et le laissa prendre le contrôle. Harry frissonnait convulsivement lorsqu'il défit les robes. Severus avait simplement caché ses vêtements aux Moldus à l'aide d'un charme d'illusion.
« Tu as déjà fait ça avant ? » Severus expira contre sa bouche.
« Non. » Harry avait décidé qu'il pouvait faire pire que de sauter d'une falaise d'honnêteté totale. « Est-ce que ça va être un problème ? »
« Cela signifie que j'irai un peu plus lentement. » Les mains de Severus se resserrèrent un instant sur les bras de Harry, puis il l'aida à retirer sa robe et à enlever sa chemise. Harry sursauta lorsque leurs poitrines nues se pressèrent l'une contre l'autre. Il pouvait sentir des cicatrices rugueuses, mais la peau qui tombait et montait sous la sienne, les douces respirations que Severus laissait tomber sur ses lèvres et les battements de son cœur avaient plus d'importance pour lui.
Les cicatrices étaient là. Mais Severus était vivant et s'en était sorti.
« Allonge-toi sur le lit pour que je puisse te déshabiller », dit Severus. Sa voix s'était transformée en un souffle rauque entre deux respirations, semblait-il.
« Monsieur », dit Harry, moqueur, mais Severus ne réagit pas, si ce n'est par un battement de paupières agacé. Il était trop occupé à regarder l'érection de Harry sous son pantalon, comme s'il l'avait déjà envisagée auparavant mais n'avait jamais pensé qu'elle serait aussi belle. Cela envoya une telle vague de flatterie dans la tête de Harry qu'il parvint à peine à se mettre sur le lit avant de commencer à se déshabiller lui-même.
« J'ai dit que je le ferais. » La voix de Severus avait la capacité de descendre jusqu'à un grondement érotique quand il le laissa faire. Harry sursauta avant de pouvoir s'arrêter. C'était quelque chose dont il n'avait entendu que des allusions auparavant, au cours de leurs conversations pendant le déjeuner, le dîner et les chaudrons bouillonnants.
Severus lui adressa un léger sourire et baissa la main pour défaire le pantalon de Harry, puis lui ôter son pantalon et ses chaussettes. Harry savait qu'il était rouge jusqu'au bout de sa queue. Il espérait seulement que Severus aimerait ce qu'il voyait, et pas seulement la marque d'âme autour du cou de Harry.
« Hmmm », dit Severus, et il descendit pour donner une pichenette sur le gland de Harry. Harry siffla entre ses dents. Severus lui donna une nouvelle pichenette, puis tendit la main pour le caresser. Il semblait alterner son regard entre le visage de Harry et sa gorge.
Et ce n'était pas juste, il était déjà en train de donner à Harry une branlette meilleure que toutes celles qu'Harry avait eues tout seul sans la regarder. « Viens, Severus », dit Harry en tendant la main vers le pantalon que Severus portait encore.
Il disparut avant qu'il n'y parvienne. Harry cligna des yeux et regarda sa main, qui ne tenait certainement pas une baguette, puis la table à côté du lit. Non, la baguette de Severus était toujours là, elle aussi.
« Tu es impatient, n'est-ce pas ? » dit Severus. « Faire disparaître quelque chose avec de la magie sans baguette demande normalement plus d'entraînement que ça. »
« J'ai eu tout l'entraînement que je voulais tout seul », dit Harry en posant ses talons sur le lit et en tortillant du cul devant Severus. Severus dut le lâcher pour qu'il bouge, et ses yeux étaient maintenant si grands et si sombres que Harry imagina qu'il devait avoir du mal à voir. « Allons-y. »
« Impatient », répéta Severus, et il se dirigea lentement vers le lit, laissant entrevoir à Harry sa lourde bite pendante sans l'approcher assez vite. Harry s'en saisit. Severus lui attrapa le poignet et embrassa la bosse de l'os qui s'y trouvait.
« Laisse-moi d'abord utiliser les potions lentement. Puisque tu n'as jamais fait cela avec quelqu'un d'autre auparavant. »
Il y avait encore un soupçon de question dans ces mots. Harry grimaça. « Tu es le Legilimens qui est censé pouvoir détecter les mensonges. Non, Severus, je n'ai vraiment jamais fait ça avant. »
« Je te fais confiance. Je n'arrive tout simplement pas à croire que tu n'aies pas trouvé quelqu'un prêt à te faire plaisir. »
« Je ne voulais pas d'indulgence. Je voulais quelque chose de vrai. Tu peux dire que je t'ai attendu, si tu veux l'appeler ainsi. »
« Oui, je l'appellerai ainsi. » La voix de Severus était contenue, étouffée, mais ses yeux se posèrent à nouveau sur le visage de Harry, et ce dernier sursauta devant la brûlure qu'ils contenaient. Severus se retenait de montrer à quel point il aimait que Harry ait attendu.
« S'il te plaît, Severus. Ne me fais pas attendre trop longtemps. »
Severus, bien sûr, retourna chercher le peignoir dont les poches contenaient apparemment des potions. Au moins, quand il revint, il était assez près pour qu'on puisse le toucher. Harry s'approcha de lui avec empressement, frissonnant comme il l'avait fait lorsque Severus avait touché sa marque et que ses mains s'étaient posées sur une peau lisse. Il y avait aussi des cicatrices, mais il s'en moquait. Sous ces cicatrices, la maigreur roulait et était vivante.
« Laisse-moi partir, ou nous ne pourrons pas baiser du tout parce que je ne t'aurai pas lubrifié correctement », murmura Severus de quelque part dans ses cheveux.
Harry s'exécuta à contrecœur, observant avec des yeux mi-clos qui semblaient faire suffoquer Severus. Il ne reconnaissait pas la potion claire que Severus étalait sur ses doigts, sa bite et le trou de Harry, mais elle était chaude et glissante et ferait bien l'affaire. Et cela le brûlait et lui donnait envie de rire de voir Severus se concentrer sur le glissement de ses doigts en lui comme il s'était autrefois concentré sur la correction de ses dissertations.
« Calme », murmura Severus lorsque ses doigts s'enfoncèrent enfin, puis il les écarta. Harry s'allongea, les bras derrière la tête. Il s'était déjà fait cela à lui-même plusieurs fois, mais c'était très différent d'avoir quelqu'un d'autre à l'intérieur.
Et Severus se montrait bien plus habile à trouver sa prostate que Harry ne l'avait jamais fait tout seul. Il écarta les jambes en poussant un cri. « Severus ! Oui, oui, je jouis. »
« Insolence » dit Severus, mais il n'y avait aucune trace d'arrogance ou de réprimande dans sa voix.
Ses yeux passèrent à nouveau du cul de Harry à son visage, puis à la marque sur sa gorge. La façon dont il se caressait, se préparait, cachait de l'admiration. Harry déglutit, se souvenant à nouveau de la façon dont Severus avait agi lorsqu'il avait découvert que Harry avait une marque d'âme.
J'aurais peut-être dû savoir à ce moment-là comment il réagirait lorsqu'il découvrirait qu'il était à moi. Tout se serait bien passé. Il aurait été honoré, comme il avait dit que la plupart des gens qui le savaient l'auraient été.
Mais Harry ne se permettait pas de regretter. S'il avait cédé à ce moment-là et révélé la marque à Severus, ils n'auraient pas appris à se connaître aussi bien, et il n'aurait peut-être jamais réussi à se débarrasser de la peur persistante que Severus ne soit avec lui que par devoir ou à cause de ce que le monde des sorciers penserait de lui s'il découvrait qu'il avait rejeté son âme sœur.
« Trop de réflexion, Harry », dit Severus, la voix chargée d'affection, et Harry revint à la réalité en sursaut. Oui, il y avait de l'admiration dans ses yeux, mais aussi la même intelligence d'écoute qu'Harry avait perçue au cours de tant de leurs conversations, et la tendresse qui avait été présente lorsque Severus avait dit que quiconque refusait d'être avec Harry ne devait connaître que son complexe de héros. « Es-tu prêt ? »
« Oui. S'il te plaît. J'aimerais que tu sois en moi. »
Severus frissonna et commença à se glisser lentement en Harry. Harry dut grogner plusieurs fois en signe d'inconfort, et Severus s'arrêtait toujours lorsqu'il le faisait, l'observant attentivement. Harry acquiesçait et ils continuaient jusqu'au moment où le corps de Harry s'opposait à la présence d'une bite en lui.
Harry s'était renseigné sur quelques légendes concernant les marques d'âme lorsqu'Hermione lui avait dit pour la première fois qu'elles étaient si rares. Il ne pouvait pas dire qu'il croyait à celles qui disaient que la marque était censée faciliter les rapports sexuels.
Mais enfin, Severus avait atteint son but, et l'expression de joie et de plaisir qui se lisait sur son visage reflétait celle que Harry savait être la sienne. Severus se pencha sur lui et lui saisit les mains.
En souriant, Harry s'y accrocha.
« Tu es merveilleux », souffla Severus en commençant à bouger.
Harry apprécia tout cela : les poussées, la façon dont les yeux de Severus se fermaient comme s'il voulait les garder ouverts sans y parvenir, les doux grognements qu'ils poussaient tous les deux, la façon dont leur respiration devenait plus rude et plus rapide, le resserrement des doigts de Severus autour des siens. Le plaisir qui brûlait en lui et dansait dans son ventre et sa poitrine.
La brûlure plus douce de la marque d'âme sur sa gorge, comme quelque chose dont le destin est accompli.
Severus ouvrit brusquement les yeux et tendit la main, libérant sa main droite de celle de Harry, pour tracer l'une des lettres de la marque, et Harry jouit.
Ce fut une explosion de bruit blanc dans sa tête, un orgasme soudain qui l'envahit, le poussant à la fièvre et ne le lâchant pas, pas tant que le doigt de Severus reposait là. Harry avait la nette impression d'avoir crié. Mais il ne pouvait pas s'entendre. La pièce était remplie de dizaines de traînées de lumière, et il haletait à travers elles, et il poussait son cul en arrière, essayant de partager le plaisir, essayant de faire jouir Severus avec lui.
Severus ne jouit que lorsqu'il lui sembla qu'il devait absolument le faire, et sa main se détacha d'un coup de la marque de Harry. Harry s'en réjouit, car il n'y avait pas de limite au plaisir sauvage qu'il pouvait supporter. Il regarda en souriant Severus frémir et se pomper en lui pendant quelques instants, puis se rattrapa sur ses coudes et siffla entre ses dents.
« Ça valait le coup d'attendre ? » demanda Harry.
« Oui », fut tout ce que Severus dit, et le cœur de Harry se mit à battre à un rythme aussi doux et chaud que la brûlure de la marque.
-PPSM-
Plus tard, après une douche agréable et une branlette encore plus amusante, ils étaient lovés dans leur lit lorsque Harry sentit la main de Severus se poser sur sa gorge, juste en dessous de la marque.
Harry était presque endormi, mais il se retourna pour regarder par-dessus son épaule.
Severus le regardait fixement. Harry vit sa gorge se soulever lorsqu'il déglutit.
« La simple pensée que je n'aurais peut-être jamais forcé les choses et que tu ne me l'aurais peut-être jamais dit », dit Severus avant de marquer une longue pause. Harry resta allongé et écouta les battements de leurs cœurs, une pulsation décalée par rapport à la marque.
« C'est dévastateur », murmura enfin Severus. « Promets-moi que tu ne me cacheras plus jamais rien de tel. »
Harry lui toucha la main. « Je ne le ferai plus » dit-il doucement. « Je ne l'aurais jamais fait si je n'avais pas pensé que ta vie serait plus heureuse sans moi, dans la liberté que tu as gagnée. »
« Si j'ai gagné le bonheur, je t'ai gagné toi », dit Severus, la voix soudain dure. « Et je ferai de mon mieux pour préserver ton propre bonheur. Je t'aimerai. Je te le promets. Je te le promettrai jusqu'à ce que tu me croies. »
« Je te crois déjà », dit Harry en laissant ses yeux se fermer. « Et je t'aimerai en retour. Mais promets-moi quand même. »
Severus lui murmura doucement la promesse à l'oreille, encore et encore, et ce fut cela, plus encore que la chaleur bienfaisante de la marque, qui permit à Harry de s'endormir.
Fin.
