Andromeda préparait du chocolat chaud dans la cuisine de sa « maison » d'enfance. Cela faisait bien longtemps qu'elle ne s'était rien préparé, ici, au beau milieu de la nuit. Lorsqu'elle habitait encore avec sa famille, lorsque Lucio était encore très petit, il venait parfois la réveiller au milieu de la nuit à cause d'un cauchemar. Andromeda l'amenait alors dans la cuisine et lui préparait sa boisson préférée. Elle le faisait maison son chocolat chaud. Pas besoin de machine. Elle aimait bien ça, faire les choses par soi-même. Et elle était ravie de constater que tous les ingrédients nécessaires à son breuvage anti-cauchemar était toujours dans les armoires comme si elle n'avait jamais déménagé.

Cette nuit-là, ce n'était pas pour Lucio qu'elle préparait cette boisson chaude mais pour son père. Ce dernier était encore dans la suite parentale avec sa mère et un homme qu'elle n'avait jamais vu auparavant et qui, elle devait le reconnaitre, ne lui inspirait pas grand-chose. Ça allait bientôt faire une bonne heure qu'il était là. Il était arrivé peu après que Valencia et Lucio aient sombré dans le sommeil. Il ne devrait plus tarder à partir maintenant.

Comme si cet étrange homme lisait dans ses pensées, elle entendit la voix de ce dernier dans le couloir reliant l'entrée au séjour et aux diverses pièces du « rez-de-chaussée » de la demeure familiale.

- Je lui ai donné une dose plus forte pour qu'elle reste calme jusqu'à ce que vous puissiez vous déplacer demain.

L'homme parlait fort. Comme si on était en plein milieu de la journée et non de la nuit et que personne ne dormait. C'était d'un tel contraste avec son père qui cherchait à maintenir un volume assez bas.

- Merci d'être venu si tard.

- Ce n'est rien ! Je vous le facturai ! Votre femme est un cas extrême, elle nécessite une intervention à la hauteur de…

Andromeda n'attendit pas la fin de cette phrase pour sortir de la cuisine et rejoindre les deux hommes devant l'entrée. D'une voix se voulant ferme mais assez basse pour ne pas déranger les personnes qui dormaient dans l'habitation, elle dit :

Si vous n'arrêtez pas de faire du bruit et que vous réveillez mon frère, ma sœur et ma mère, je ferai en sorte qu'on ne vous paye rien du tout. Votre appareil auditif est mal réglé pour faire autant de bruit ?

L'homme vira de couleur passant d'un teint très pâle d'une peau ayant très peu été exposé à la lumière du soleil à une teinte rougeâtre.

- Je… Quelle impertinence ! S'énerva-t-il à voix basse néanmoins, je fais l'effort de me déplacer en pleine nuit et voilà comment on me traite.

-Merci d'avoir baissé d'un ton, l'ascenseur est devant vous et vous serez payés en moins de temps qu'il ne faut pour le dire.

L'homme claqua de la langue d'agacement avant d'embarquer dans l'ascenseur. Terence semblait bien en peine. Il regarda son ainée envisageant de la réprimander mais y renonça lorsqu'il croisa son regard. Andromeda semblait avoir bien changé en une soirée. Peut-être avait-elle toujours été comme ça après tout. Peut-être n'avait-il tout simplement rien vu ?

Andromeda n'attendit pas que son père le réprimande et repartit en direction de la cuisine.

Terence resta quelques secondes ou minutes, il ne savait plus, dans l'entrée. Il ne savait pas trop pourquoi mais il sentait le besoin de rester avec quelqu'un. Peut-être avait-il tout simplement besoin d'un soutien moral ? Au fond, la dernière fois que Terra s'était retrouvée dans un tel état, c'était bien avant la naissance des enfants. Et c'est son père qui avait tout géré d'une main de maitre face à son débordement émotionnel.

Quelle soirée. Terence pensait qu'elle se résumerait à discuter affaires. Il faut dire que, dans ce domaine, il était doué puis tout y était assez ordonné et prévisible. Et voilà qu'il se retrouvait avec une famille en vrac qui plus est émotionnellement.

Il se sentait incapable de gérer ça.

Et il ne savait pas ce qu'il ressentait exactement.

Terence prit la même direction que sa fille dans l'espoir de compenser un peu le malaise grandissant dans sa poitrine auquel il ne voulait pas être confronté.

Dans la cuisine, Andromeda finissait de vider le contenu d'une casserole dans un contenant quelconque. Terence ni fit pas attention et se rendit simplement sur l'un des deux tabourets entourant une minuscule table.

Il soupira.

Et Andromeda déposa quelque chose devant lui.

Une tasse remplit de… Chocolat chaud ?

- Attention, c'est un peu brûlant !

- Merci…

Terence était quelque peu décontenancé. Pourquoi son ainée lui avait-elle préparé une boisson sans qu'il le lui demande ? Les enfants n'avaient pas à faire ça.

- Euh…

- Oui papa ?

- Pourquoi tu …

- Rien ne vaut un chocolat chaud quand on n'a pas le moral. J'en faisais à Lucio avant de déménager. Tu te souviens ?

- Euh… Non.

Terence devait le reconnaitre, il n'avait jamais remarqué que son ainée faisait cela. Il ignorait tout autant que Lucio avait eu besoin de réconfort. En fait, il ignorait beaucoup de choses, c'était très déconcertant. Il ignorait que Tecna avait failli mourir, qu'elle avait disparu pendant plusieurs semaines. D'ailleurs, maintenant qu'il y pensait, il ignorait même comment elle se débrouillait dans son école de fées dont le nom lui échappait. Il connaissait par cœur les points de Valencia et Lucio mais il était bien en mal de connaitre leurs états d'âmes.

Était-ce normal ?

Tecna leur avait demander de s'intéresser à Andromeda et à son mariage.

Mais, si sa fille s'est mariée, c'est bien parce qu'elle le désirait non ? On ne se marie pas si on ne le souhaite pas. Son ainée avait beau ne pas être douée pour les études, elle n'était pas dénuée de logique. Elle savait aimer les autres, elle ne se serait pas marier à Electronio si elle ne l'aimait pas.

N'est-ce pas ?

Il n'osait pas le lui demander.

Parce qu'une voix au fond de lui lui susurrait que poser cette question serait déjà y répondre et que ça le ferait passer pour le père le plus lamentable de la Dimension Magique.

- Je m'y attendais un peu. Ce n'est pas trop grave, répondit Andromeda en se servant une grande tasse de chocolat chaud à son tour, enfin. Il faut qu'on parle toi et moi.

Terence regarda sa fille. Il ne put s'empêcher de trouver cette idée brillante. Il n'avait pas envie d'aller dormir, cela lui donnerait un bon prétexte pour rester éveillé. Cependant, par peur d'avoir à débattre sur des sujets qu'il ne maitrisait pas, il répondit :

- Un autre jour peut-être, pas maintenant.

- Non, ce sera maintenant ou jamais.

D'ordinaire, Terence se serait insurgé face à tant d'impertinence cependant, il perçut une nuance dans la voix de sa fille qui lui rappela brièvement l'intransigeance dont faisait preuve sa femme lors de certaines discussions. Était-ce parce que ça lui faisait du bien de percevoir un peu de la Terra normale dans la voix d'Andromeda ou simplement parce que cette nuance était une sorte d'injection à l'écoute et au silence ? Dans les deux cas, Terence se tût et écouta.

- Qu'est ce qui arrive à maman ? L'interrogea Andromeda, pourquoi le médecin qui est venu parle d'elle comme un cas spécial ?

Terence soupira, se demandant s'il n'aurait pas mieux fait d'aller se coucher.

- Réponds-moi, j'ai besoin de savoir. On a tous besoin de savoir…

- Ta mère… Ta mère a vécu certaines choses quand elle était jeune avant qu'elle ne émigrer ici… Elle a été… Traumatisé par cela.

Terence vit les mains de sa fille se resserrer autour de sa tasse.

- Je… Je m'en doutais. Murmura-t-elle.

- Parfois, rarement, elle craque… Elle suit un traitement quotidien mais, parfois, cela ne suffit pas comme aujourd'hui.

- Papa ? Qu'est ce qui est arrivé à maman ? Tu le sais ?

L'homme d'affaire Zénithien ne répondit pas à cette question, il se contenta de boire une gorgée de son chocolat chaud. Une fois cette dernière avalée, il prit conscience que son ainée n'avait pas menti, c'était étrangement réconfortant comme boisson. Il hésita à l'avouer à sa fille.

- Est-ce que… Est-ce qu'elle va finir comme grand-père ?

A l'évocation de son père, Terence sentit son cœur s'emplir d'un mélange de sentiments confus. Il devait l'admettre, il n'était pas proche de lui pourtant, il ressentait à son égard un panel d'émotions : reconnaissance, tristesse, colère, résilience. Et c'était bizarre de ressentir de telles choses avec une telle violence lorsqu'on a été élevé à ne pas faire de vague. Heureusement, Terence savait comment contenir ce flot : en l'enfermant en lui-même dans un recoin de son être et, en changeant de sujet :

- Andromeda, Tecna a parlé de ta relation avec Electronio…

Ce fut à Andromeda de ressentir une tension que son père perçut immédiatement.

- Est-ce que tu…

- Je veux divorcer. Répondit-elle sèchement.

Terence demeura bouche bée. Il s'attendait à ce que sa fille lui parle de certaines tensions avec son mari. Il était plus âgé qu'elle et, malgré sa bonne situation, cela lui avait un peu posé question sur le bienfondé de leur union. Les couples avec une grande différence d'âge ont tendance à rencontrer plus de difficultés le temps passant.

- Pardon ?

- Je veux divorcer papa. Electronio… Il est…

- Qu'est ce qu'il est ?

Terence ne fit pas attention aux yeux humides de son ainée, à ses mains plus que crispées sur sa tasse, son corps tendu comme l'archet d'un violon et sa voix qui était plus étranglée qu'à l'ordinaire. Il ne pensait qu'au mariage, aux opportunités que leur avait apporté cette union, à ce qu'ils perdraient tous si Electronio leur mettait la haute société à dos. Il avait déjà perdu un gros contrat aujourd'hui, il ne pouvait se permettre d'en perdre d'autres surtout si Terra n'était plus apte à travailler. Il faudrait payer ses soins, les frais de scolarité de Lucio et Valencia, de Tecna même. Et Andromeda… Elle n'avait même pas diplôme. Hormis dans leur entreprise familiale, aucune ne l'embaucherait sur cette planète très scolaire.

Il n'y avait que des désavantages à se séparer d'Eloctrinio. Pour Andromeda comme pour tout le reste de la famille. Un divorce était inenvisageable.

- Il est… Difficile.

Rien d'étonnant à cela. Il est de sang bleu. Tu le savais très bien en l'épousant que tu devrais avoir les épaules solides.

- Mais…

- Il n'y a pas de mais. La vie de couple n'est pas toujours facile cependant, ajouta-t-il en prenant la main de son ainée, cela en vaut la peine. Tu sais très bien que ton union apporte beaucoup à cette famille. Surtout à ton frère et tes sœurs qui comptent sur toi.

Andromeda ne répondit rien. Terence prit cela comme un signe de compréhension. Il finit de boire son chocolat chaud. Désormais, il savait ce qu'il devait faire. Ses idées étaient plus claires. Il se leva.

- Merci pour le chocolat chaud. Je vais aller me coucher. . Je compte sur toi pour t'occuper de Valencia et Lucio. Fais ce qu'il te semble juste pour leurs cours. Bonne nuit.

Il s'éloigna, s'apprêtant à sortir de la cuisine puis il eut la sensation d'oublier quelque chose. Il se retourna vers son ainée.

- Ah, tu peux rester ici cette nuit si tu veux. N'oublie pas de prévenir Electronio qu'il ne s'inquiète pas.

Terence repartit sans attendre de réponse et avec un bien meilleur moral. Décidément, il savait gérer les crises. Tout n'était pas encore régler mais cela ne serait tarder. Il avait les idées claires. Il devait à tout prix maintenir cette famille à l'écart du besoin et il faisait ce qu'il fallait pour ça.

Il était une bonne personne.

C'était certain.


Andromeda demeura immobile après le départ de son père. Durant plusieurs minutes, une heure peut-être, elle l'ignorait. Tout ce dont elle était certaine, c'était que sa tasse de chocolat chaud entre ses mains avait perdu toute once de chaleur.

C'était bizarre.

C'était comme si… Comme si quelque chose s'était déconnectée dans son cerveau.

Elle avait essayé de parler à son père mais… Mais, ça n'avait pas marché. Il ne voulait pas qu'elle divorce.

Il avait sous-entendu que ce serait de l'égoïsme d'en venir à cette solution-là.

Pourtant, quand ses sœurs avaient souligné la façon dont Electronio la traitait, cela s'était imposée à elle comme la meilleure des solutions.

Cela lui avait ouvert les yeux sur quelque chose. Mais…

Mais…

Peut-être que… Que c'était normal ?

Peut-être que Tecna et Valencia se sont outrées car elles n'étaient pas encore en ménage ?

Peut-être que ce qu'elle vit dans son couple est commun à tous les couples… Comme ceux de ses parents ?

Alors, elle se faisait des films ?

Andromeda lâcha sa tasse.

Oui, elle se faisait sûrement de terribles films, elle romançait sa vie. Elle aimait croire au fait d'être la victime alors que tout était normal.

La vie n'était pas un conte de fée alors.

Le vrai amour n'existe pas, c'est une illusion. Une illusion de jeunesse.

Andromeda se leva et prit la direction du frigo.

Elle sentit une envie la prendre.

Ça venait du tréfond d'elle-même.

Elle ouvrit le frigo.

Un besoin irrépressible.

Vitale.

Celui de … Boire.

Cependant, dans le frigo, rien.

Pas d'alcool.

De la nourriture uniquement.

Et quelle nourriture ! Les restes du dîner d'affaires, de la haute gamme : une entrée composée de fruits de mers directement importée d'Andros, des restes de volailles et une farandole de dessert. De la mousse, de la tarte, de la glace. Les parents commandaient toujours de tout pour cette part du repas. C'était stratégique, selon eux, les gens cédaient plus facilement si on réussissait à trouver leur pêché mignon sur le plan sucré.

Andromeda n'avait pas faim mais son besoin primaire de se bourrer de quelque chose la tenaillait si fortement qu'elle se saisit d'un morceau de volaille et l'engloutit entièrement avant d'attraper les trois quarts de la tarte restante et de le fourrer dans sa bouche.

« Manger, manger, manger » lui chantonnait tout son corps comme lorsqu'elle buvait.

Andromeda mangea, mangea, mangea.

Intérieurement, elle se promit de tenir ses engagements envers ses sœurs et son frère. Envers eux, elle n'avait pas le droit d'être égoïste. Elle ne quitterait pas Electronio mais elle ferait son possible pour rester auprès de sa famille quitte à déserter le domicile conjugal.

Mais, pour tenir, elle devait manger, manger jusqu'à ne plus jamais ressentir cette sensation terrible qui la tenaillait actuellement. C'était pour ça aussi qu'elle buvait. Si elle s'accordait ça : boire et manger, elle tiendrait.

Devant le frigo, Andromeda était comme une ogresse dévorant tout sur son passage dans l'intimité.

Alors que tout le monde dormait, Andromeda se bourrait. Jusqu'à l'écœurement et bien plus encore.


« Etrange… ».

Terence ouvrit les yeux pour la dixième fois en une heure de temps. Il n'arrivait pas à trouver le sommeil. C'était étonnant.

« Trouble du sommeil » pensa-t-il instinctivement.

Sa femme en souffrait régulièrement. C'est pour ça qu'elle avait des somnifères à prendre en cas de besoin. Il avait beau savoir que ce problème qu'avait sa femme était lié à ses soucis d'ordres psychologiques, il ne comprenait pas le lien qui les unissait.
Ce soir, il ne les comprenait pas beaucoup plus cependant les faits étaient là : il n'arrivait pas à s'endormir alors que, logiquement, il était dû y parvenir aisément.

Il soupira tout en se redressant sur le canapé de la chambre parentale. Peut-être était-ce parce qu'il dormait sur le canapé cette nuit qu'il était mal ? Pourtant, ce n'était pas la première fois et il n'avait jamais rencontré de difficultés à trouver le sommeil sur un tel sommier. A chaque crise de Terra, il préférait dormir sur le canapé jusqu'à son rétablissement. Pourquoi ? Il l'ignorait, cela s'était mis ainsi.

Il jeta un coup d'œil vers le lit. Sa femme y dormait… Sûrement d'une paisibilité artificielle au vu des calmants que le médecin lui avait donné.

Il se leva.

« Quitte à ne pas dormir, je vais aller lire un peu dans le salon ». Pensa-t-il en attrapant un livre dans sa bibliothèque.

Les livres papiers, un de ces péchés mignons.

C'étaient bien les seuls objets qu'il ne souhaitait pas remplacer par une alternative technologique et sa femme partageait son point de vue. Sûrement était-ce dû à leur histoire commune.

Un livre dans la main, il ouvrit la porte coulissante de la chambre. Cette dernière donnait sur leur grand salon et se situait en dessous de l'escalier menant à la chambre de leurs enfants. La cuisine et la salle à manger se trouvaient pile en face. Du pas de la porte de la chambre, Terence pouvoir voir la table… Et la lumière venant de la cuisine l'illuminée.

Terence se frotta les yeux d'agacement. Andromeda avait sûrement oublié d'éteindre la lumière en allant se coucher…

Quel ennui ! Quel gaspillage d'énergie !

Terence déposa le livre dans le canapé et marcha en direction de la salle à manger.

Une fois qu'il arriva dans la pièce, il entendit de curieux bruits et se stoppa net. C'était comme si… Quelqu'un s'empiffrait.

Il s'approcha en douceur de l'encadrure donnant sur la cuisine. Il n'y avait pas de porte pour y accéder, c'était ouvert pour laisser les robots circuler à leur guise. Il se pencha très légèrement et distingua les courts cheveux noirs de sa fille ainée dos à lui penché sur le plan de travail de la cuisine.

D'un coup, la jeune femme balança ce qu'elle avait en main, un pot de glace, sur le côté et couru en direction de la seconde encadrure de porte donnant sur l'entrée. Elle traversa le couloir et il la perdit de vue.

Terence entra dans la cuisine à pas de loup. C'était une vraie torture pour lui de voir cette pièce dans un tel état. Il y avait des emballages alimentaires un peu partout sur le sol ainsi que de bout de nourriture ci et là. Les robots de service, semblant avoir détecté le départ de la source du désordre, flottèrent dans la pièce et commencèrent à nettoyer. Dans quelques minutes, ce gâchis ne serait plus qu'un lointain souvenir.

Cependant, ça l'énervait. Sa fille savait à quel point il appréciait l'ordre et ce n'est pas parce qu'il y avait des robots pour passer derrière elle qu'elle devait se permettre un tel manque de distinction.

Il était à deux doigts d'aller chercher Andromeda pour la réprimander.

A deux doigts.

Puis, il entendit un bruit qui lui glaça le sang.

Un bruit terrible de régurgitation.

Andromeda était partie vomir aux toilettes.

Terence examina de plus près la « scène de crime » avant qu'elle ne soit effacée. Le frigo était resté ouvert. Pourtant bien rempli il y a peu, était totalement vidé des restes et autres petits amuse-gueules ainsi. Plusieurs portes de placards étaient semis-fermés et la présence de nombreuses boites vides ne laissait planer aucun doute sur ce qu'il s'était passé. Terence remarqua également qu'il n'y avait aucun couvert usagé qui trainait et que des traces de doigts sales avaient été laissé sur certains placards et emballages.

Andromeda avait mangé avec les mains.

Il entendit un nouveau bruit de régurgitation plus fort que les précédents.

Il frissonna puis fit demi-tour.

Il marcha sur un emballage de confiserie qu'il reconnut rapidement.

Les jumelles les adoraient tout l'inverse d'Andromeda.

Et pourtant, elle en avait avalé plusieurs.

Terence sortit de la cuisine d'un pas pressé, traversa la salle à manger et la cuisine et retourna tout de suite dans sa chambre oubliant son livre.

Il alla directement s'allonger dans le canapé et demeura là en sachant que le sommeil le bouderait sûrement pour le reste de la nuit.


Lorsque Tecna ouvrit les yeux, elle ne savait pas quelle heure il était et encore moins où elle se trouvait. Elle tenta de se redresser mais renonça rapidement en constatant que ce mouvement éveillait chez elle un mal de tête d'une violence assez rare.

Une migraine sans doute.

Il était préférable de pas bouger.

Du moins, c'est ce que Flora faisait quand cela lui arrivait. Elle avait toujours été sujette aux migraines. Dans ce genre de moment, le moindre mouvement relançait la douleur, la lumière aussi ainsi que le bruit. Les Winx tâchaient de la laisser se reposer. Bloom s'absentait de leur chambre commune après avoir fermé tous les rideaux et Musa lançait une bulle de silence autour du lit de la fée de la nature pour l'isoler de tout bruit extérieur.

Tecna constata rapidement que, dans la pièce, il n'y avait aucune lumière et aucun son. Difficile donc de vérifier si son hypothèse était la bonne. Sa seule certitude, alors qu'elle entreprit de masser ses tempes, c'est qu'elle sentait une grande tension dans sa nuque et que la douleur était très vive du côté droit de sa tête.

Pourquoi était-elle si tendue ?

Elle avait bien dormi pourtant. Enfin, elle avait dormi profondément. Un sommeil sans rêves. Cela ne lui arrivait qu'après de fortes et épuisantes émotions.

Comme si son esprit venait enfin de se réveiller, les souvenirs de la veille lui revinrent avec force. Le diner avec Nabu et ses parents, la confrontation avec ses amis, ses sœurs et son frère, la réconciliation, l'espoir, le retour à la maison, la confrontation avec ses parents puis … La gifle de sa mère, son départ précipité, sa discussion avec Meena et Eva…

En repensant à tout ça, Tecna se sentit déchirer entre la joie d'avoir pu retrouver les Winx, les spécialistes et Timmy …. Puis Andromeda dans une certaine mesure et la façon dont elle avait brisé le faible équilibre qui régnait au sein de sa maison. La douleur psychique que cette gifle lui avait infligée et le choc émotionnel de de sa discussion avec Meena.

« Aie »

Sa tête continuait de la lancer.

Avant de repenser à tout ça, elle devrait régler ce problème de douleur en premier lieu. Elle avait tellement mal que son œil droit luttait de toutes ses forces pour demeurer fermer. Elle avait l'impression qu'une forte pression s'exerçait dessus.

« C'est horrible. Comment Flora fait pour supporter ça ? »

Elle était chez Eva. Peut-être que cette dernière avait des antidouleurs rangés quelque part.

Pas dans sa chambre en tout cas. Tecna pouvait se vanter de connaitre la configuration de cette pièce par cœur ainsi que tout ce qui pouvait s'y trouver étant donné le nombre de fois qu'elle s'était incrustée ici. Elle savait que Meena ne tolérait qu'aucun produit « illicite » ne demeure dans cette pièce.

Il faisait bien noir, les occulteurs de lumière étaient opérationnels. De plus, Eva était très sensible à la lumière alors elle coupait tous ses appareils avant de dormir là où, au contraire, Tecna préférait les garder allumer et prêt à servir.

En parlant d'Eva, où se trouvait-elle ?

Tecna avait beau ne rien voir, elle sentait bien qu'il n'y avait aucune présence dans la chambre. Les deux amies avaient dormi dans le même lit qui, par ailleurs, n'étaient pas aussi grand que celui que Tecna avait dans sa propre chambre. C'était un exploit qu'elles ne se soient pas cognés l'une à l'autre. Habituellement, la fée de la technologie s'agitait beaucoup durant son sommeil ce qui ne faisait pas d'elle une bonne coéquipière de soirée pyjama ou autre. Il n'y avait qu'avec Valencia que ses rêves ne prenaient pas corps dans la réalité. Sinon, la jeune femme avait tendance à envoyer coup de poing et de pieds dans tous les sens lorsqu'elle rêvait.

Enfin, où était Eva ?

En cours peut-être ?

Mais quelle heure était-il ?

Le souci des occulteurs lorsqu'ils étaient actifs, c'est que l'on perdait tout repères.

Un bruit de porte coulissante se fit entendre et un halo de lumière envahie d'un coup la pièce relançant par la même occasion la douleur lancinante de Tecna du côté droit de sa tête.

La fée de la technologie roula sur le côté de telle sorte d'être dos à la source lumineuse en gémissant.

- Debout marmotte ! S'exclama Eva.

Le son de sa voix lui fit l'effet d'un marteau qu'on frappait sur sa tête. Elle gémit de douleur.

- Ça va ?

- Parle moins fort… Ferme la porte. Supplia Tecna.

Son amie obéit. Elle referma la porte non sans activer une sorte de néon à la luminosité douce afin d'y voir quelque chose. Tecna s'emballa dans la couverture.

- Bah alors, chuchota Eva tout en s'asseyant sur le lit, ça ne va pas ?

- J'ai mal…

- Où ça ?

- A la tête… Du côté droit… ça me lance… Je crois que c'est une migraine…

- Ça en a tout l'air. Ne t'inquiète pas, j'ai ce qu'il faut.

Eva sortit de la chambre laissant Tecna seule avec sa douleur. Elle était incapable de penser à quoi que ce soit et c'était très perturbant. Elle qui réfléchissait à cent à l'heure, qui était toujours ailleurs dans sa tête, elle était dans l'impossibilité de se concentrer sur quoi que ce soit d'autre que l'instant présent et sa douleur.

Cela ne lui faisait pas du bien, ça lui rappelait Oméga.

Et encore, sur Oméga, elle devait penser à sa survie ce qui impliquait de planifier les heures à venir.

Là, elle n'avait aucune possibilité de planifier quoi que ce soit. Elle n'arrivait pas à réfléchir. Elle était prisonnière de la douleur.

C'était, terriblement frustrant.

Après un temps indéfini mais subjectivement long pour Tecna, Eva revient avec un peu d'eau et un cachet qu'elle força son amie à avaler.

Ce fut compliqué pour la fée de la technologie de se redresser car chaque mouvement provoquait chez elle des réactions physiques intenses : relancement de la douleur à la tempe, nausées. Néanmoins, elle y parvient et sans trop s'en rendre compte elle sombra à nouveau dans le sommeil.


Lorsque Tecna s'éveilla pour la seconde fois, Eva était assise à côté d'elle sur le lit en train de lire un holo-magazine. La jeune femme se redressa doucement toute groggy. Eva la regarda en souriant :

- Ça va mieux ?

Tecna posa une main sur le côté droit de sa tête, réfléchissant à sa réponse… Elle pouvait réfléchir, c'était déjà une bonne nouvelle. Elle avait la sensation qu'elle était encore un peu sensible comme si sa migraine était passée en arrière-plan mais que la moindre perturbation psychique et physique la ramènerait sur le devant de la scène à tout moment.

- Oui… Je suis désolée.

- T'inquiète pas. J'ai souvent des migraines, je sais ce que c'est.

- Justement, je suis désolée de ne jamais avoir pris ta douleur au sérieux.

- Bah… On ne peut pas vraiment comprendre ce que ça fait sans l'avoir expérimenté. Je ne t'en veux pas.

Tecna sourit, s'appuyant sur le dos du lit.

- Tu as faim ? L'interrogea Eva.

- Hum… Non. Pas vraiment. Il est quelle heure ?

- Bientôt quatorze heures.

- Déjà ? S'étonna Tecna.

- Oui, tu as dormi jusqu'à midi et demi puis il y a eu ta migraine, ta petite sieste. Enfin voilà.

- Et les cours ?

- Tu pensais vraiment que j'irais en cours ? Rigola Eva, je suis bonne à rien sans mes neuf heures de sommeil. Tu devrais t'en souvenir : j'ai des goûts de luxe pour une fille de Zénith ! Pour ta part, ne me dis pas que tu comptais vraiment aller en cours après la soirée qu'on a vécu ? Je te sais travailleuse mais il y a des limites.

Eva se leva du lit et alla prendra place sur sa chaise de bureau qu'elle tourna de telle sorte d'être face au lit.

- A tout malheur, il y a du bon. Tu te rends comptes qu'on se connait depuis une dizaine d'année et que c'est la première fois qu'on dort ensemble ?

Eva marqua une pause avant de poursuivre.

- Enfin, dormir ensemble. Tu vois ce que je veux dire.

- Toi alors, tu as toujours l'esprit aussi mal tourné.

- Excuse-moi d'être la moins prude de nous deux.

Les deux jeunes femmes rigolèrent en chœur.

- Eva, je suis désolée de t'avoir ignoré tout ce temps.

- Je sais, tu me l'as déjà dit.

- Je te le redis alors… Tu comptes vraiment beaucoup pour moi.

- Rassure-moi, tu n'es pas en train de me dire que tu es tombée amoureuse de moi hein ?

- Eh ! Je suis sincère ! Pourquoi tu dois toujours tout prendre aussi bizarrement ?

- Ne t'offusque pas. Ce n'était pas ton genre avant de nous faire de jolies déclarations d'amitié comme ça. Et vu que ça me gêne un peu, je préfère te répondre avec humour.

- Ça te gêne ?

- Oui, c'est le manque d'habitude. Mais, je suis très contente que tu me l'ais dis. Ça me fait plaisir. Tu comptes aussi pour moi. Platoniquement.

- Très drôle.

- N'est-ce pas ? Je suis un trésor d'humour.

Eva éclata à nouveau de rire face au visage suspicieux de son amie. C'était bon de retrouver certaines de ses mimiques et échanges qui avaient rythmé leur, désormais, longue amitié. Cependant, il était temps de jouer carte sur table et de parler avec elle d'une découverte qu'elle avait faite il y a deux mois déjà en craquant des bases de données plus … distrayante que celles qu'elle avait pris l'habitude d'explorer ces dernières années. Elle s'était jurée de ne pas aborder le sujet avec que Tecna ne le fasse d'elle-même et de stimuler la surprise lorsqu'elle le ferait… Seulement, elle jugeait que son amie lui devait bien une petite-avant-première après toutes les émotions qu'elle lui avait faite subir ces dernières semaines.

Elle lança les hostilités.

- Alors ? Quand comptais-tu m'en parler au juste ?

- De quoi ?

Bon, il allait falloir être plus directe encore.

- A ton avis, ne joue pas à l'innocente avec moi ! Quand comptais-tu me dire que tu participais au concours des innovations Technomagique avec Timmy ?

Eva vit Tecna ouvrir de grands yeux choqués.

- Comme tu sais ça ? La liste des participants ne tombera qu'une semaine avant le concours… Et ça m'étonnerait que Timmy t'en ai parlé.

- Tu as raison sur ces deux points. Depuis que tu es partie étudier à Alféa, je m'ennuie trop et je me lance des défis comme je peux.

L'expression de son amie changea du tout au tout. Cette dernière plissa les yeux, un sourire narquois aux lèvres. Eva jubila intérieurement. Ça y était : elle retrouvait là l'aura de sa partenaire de crime virtuel !

- Dois-je en conclure que tu as piraté les serveurs des organisateurs du Salon de la Technomagie ?

- Excellente déduction.

- Eva ! Tu abuses, si jamais on découvre ce que tu as fait et qu'on apprend qu'on se connait, Timmy et moi pourrions être disqualifier.

Eh bien, décidément, la jeune femme avait pris en honnêteté durant son séjour à Magix. Ça ne lui ressemblait pas de juger un si petit acte de piratage aussi sévèrement. Elle était l'une des premières à l'aider dans sa petite enquête et à craquer des bases de données. C'était ensemble qu'elles avaient trouvé la faille du robot infirmier. Lors des dernières véritables vacances de Tecna sur Zénith l'été dernier, elles avaient même infiltré l'ordinateur d'un des profs du lycée.

Mais bon, peut-être bien qu'elle avait raison Tecna, il était peut-être temps pour Eva de faire preuve de plus de maturité à ce niveau-là. Elle réfléchirait plus la prochaine fois avant de passer à l'action mais, ce qui était fait est fait.

- Woah woah woah. Calme-toi. Ça ne risque pas d'arriver. Je l'ai fait il y a déjà deux mois et tu n'as pas eu de problèmes non ? C'est que personne n'a rien vu.

- Hum…

- De plus, je ne diffuse aucune information. C'est pour mon plaisir perso alors sache que je ne te dirais rien sur tes concurrents.

- Je me doute. Et je n'ai pas besoin de savoir qui ils sont. Notre objectif n'est pas d'arrivé premier à tout prix mais de finir ce projet.

- Tecna qui ne veut pas être première tiens tiens…

- Je ne dis pas que je ne souhaite pas réussir seulement les motivations de ce projet ne se basent pas sur ce seul motif.

- Ça reste quand même curieux venant de toi.

- C'est gratuit de ta part ça.

- Tu as bien raison. Alors, tu vas me dire ce que c'est votre projet ?

- Je te dois bien ça. Avec Timmy, nous avons tenté de créer un exosquelette médicalisé.

- Un quoi ?

- Un exosquelette médicalisé c'est-à-dire une structure technomagique reproduisant le squelette humain et pouvant servir de soutien aux personnes ne pouvant pas… se mouvoir comme elles le veulent à cause de soucis de santé.

- NON ! C'est pour Inès ?

Tecna hocha la tête.

- Ne lui dis pas. Je ne veux pas lui créer de faux espoirs. Ses parents m'ont fourni les données nécessaires pour créer un prototype à sa mesure. Il devrait normalement s'adapter parfaitement à sa physionomie. Enfin, tout cela reste encore très théorique. On pensait faire des essais après les examens, j'aurais pris un week-end pour voir Inès et faire des tests en condition réelles mais…

La fée de la technologie soupira, visiblement très atteinte par la possibilité de manquer de temps.

- On a perdu un temps précieux. Je suis pas certaine qu'on y arrivera…

- Il vous reste cinq mois. Ça devrait aller non ?

La jeune femme secoua la tête, très déçue.

- Non… Je ne pense pas. C'est trop incertain, même si Andromeda m'a promis de faire tout son possible pour me faire réintégrer Alféa, je ne suis pas certaine que ça marche. Timmy aura, de toute façon, ses examens finaux pour le diplôme dans quatre mois … Peut-être que ce sera mon cas aussi. C'est une situation délicate, y a trop de variables, ça ne le fera pas.

- Arrête de penser de manière aussi pragmatique Tecna. Une situation incertaine offre autant de possibilité d'échecs que de réussite. Rien n'est joué !

- Mais… On a du retard sur le planning et…

- Tecna !

- Je ne veux pas tirer Timmy vers le bas ! C'est injuste pour lui.

Un petit silence s'installa entre les deux jeunes femmes. Eva finit par prendre la parole.

- Oh… C'est ça alors…

Tecna hocha la tête avec gêne.

- C'est de ma faute si on a du retard… Timmy était si content qu'on présente quelque chose à ce concours et, à cause de moi…

- Tecna. A mon avis, Timmy est surtout content de faire ça avec toi. Peu importe que vous présentiez ou non quelque chose d'abouti tant que c'est une ébauche de projet que vous avez préparé à deux.

- Tu crois ?

- J'en suis même sûre. Décidément Tec, tu n'as jamais été très au fait de ce que les garçons attendent de toi. Déjà qu'avec Ned…

- Ned ? Pourquoi tu me parles de Ned ?

- Va-t-on encore éviter ce sujet longtemps ? Il est évident qu'il avait un gros crush sur toi avant que tu ne partes à Alféa.

Tecna secoua la tête avec vigueur.

- Non arrête, c'était pas le cas. C'était un ami, ça a toujours été un ami.

- Arrête de nier ! Tu sais pertinemment qu'il espérait plus mais tu n'assumais pas de lui dire que ça ne t'intéressait pas.

Son amie se refrogna. Signe évidemment pour Eva qu'elle avait touché la vérité du doigt.

- Allez Tec. A moi, tu peux me le dire. Ned est venu me voir à l'époque, il m'a montré les messages qu'il t'envoyait, il m'a demandé des conseils même.

- Quoi ? Et tu lui en as donné ?

- Tu me prends pour qui ? Je suis pas un cupidon, j'ai jamais été en couple et je n'avais aucune envie de te mettre plus mal à l'aise que tu ne l'étais. Alors, je lui ai dit de laisser tomber.

Tecna sembla réaliser quelque chose. Son visage s'ouvrit, elle s'exclama :

- Alors, c'est pour ça qu'il ne m'a plus parlé pendant une certaine période !

- Ben oui. Tu pensais que c'était dû à quoi ? D'une certaine manière, tu lui as fichu un terrible vent.

- T'abuses…

- Pas du tout, il t'a invité plusieurs fois à sortir pour faire des activités ou alors juste à bosser ensemble et tu faisais toujours en sorte d'éviter de répondre, tu détournais la conversation.

La jeune femme demeura quelques instants, silencieuse avant de marmonner avec gêne.

- Eva ?

- Oui ?

- Si je te dis quelque chose, tu pourras garder le secret ?

Eva leva les yeux au ciel. Décidément, pour qui la prenait Tecna par moments ? Elle n'était pas du genre pipelette et les histoires de cœur n'étaient pas ce qui l'intéressaient le plus. Elle n'avait aucune raison de partager ce genre d'info à son entourage.

- Question idiote. Bien sûr que je ne répéterai rien.

- En fait… J'avais bien compris que Ned me draguait… Mais ce n'est pas que j'osais pas lui dire non… En fait…

Tecna prit une grande inspiration avant de lâcher le reste de sa phrase en une traite.

- C'est-que-je-savais-pas-comment-lui-dire-oui.

La jeune femme ramena ensuite ses jambes près de sa taille et y enfouie sa tête pour cacher sa honte alors qu'Eva la regarda avec surprise.

- Quoi ? Tu veux dire que tu étais aussi intéressée par Ned ?!

Tecna remua de façon très discrète sa tête d'avant en arrière. Eva attrapa son amie par les épaules la forçant ainsi à se redresser et à la regarder.

- Je ne suis pas fleur bleue mais j'ai besoin de plus d'explications là !

- Je…

- Je ne le répéterai pas. Promis.

- Euh… Ben, c'est que … Quand Ned a commencé à s'intéresser à moi je… Je crois pas que … Je le percevais comme un… plus qu'un ami. Quand il a commencé à montrer son intérêt pour moi j'ai… J'ai eu envie qu'on… essaie mais…

- Mais t'as pas osé le lui dire ?

- Non ! J'ai pas osé ! Je… Je savais pas si je l'aimais totalement… Parce qu'il m'attirait pas avant qu'il s'intéresse à moi… Et… Et… En même temps, j'étais contente et… J'imaginais des…

- Des ?

- Des… trucs … Dit-elle en un souffle.

- Eh ben ça…

Tecna toussota avant de reprendre.

- Mais euh… Avec le recul, je crois que ça me faisait peur aussi d'admettre que… Voilà. Puis il a arrêté de me parler et j'ai déprimé.

- Tu as… déprimé ? Comment ça se fait que je l'ai pas su ?

- J'en ai parlé avec Iris. Ca c'est fait comme ça… Puis après, je suis allée à Alféa, Ned a recommencé à parler avec moi et j'ai rencontré Timmy…

- Ouais… Je vois…

Eva réfléchit quelques secondes avant de se lancer.

- Si je te parle de Ned aujourd'hui c'est parce que, avec Lupin, on pense que tu ferais mieux de discuter avec lui.

- Pourquoi ?

- Il n'a pas tourné la page. Ça devient pénible pour Lupin. Il aimerait qu'il passe à autre chose. Et je suis d'accord. Avec l'examen, il faut qu'il arrête de placer des espoirs en toi. Est-ce qu'il t'écrit encore ?

- Euh… Oui, comme tout bon ami.

- Des messages ambigus ?

Tecna se remémora la proposition de Ned de venir la réconforter après son anniversaire parce qu'elle avait évoqué son duel catastrophique avec Bloom, les questions sur ses notes. Ce dernier avait alors dit qu'il serait prêt à manquer les cours pour rester avec elle. Tecna aimait bien lui laisser le bénéfice du doute, penser qu'il disait ça en tout bien tout honneur mais Eva avait peut-être raison.

- Euh… Oui, je dirais.

- Et tu lui dis franchement que tu n'es pas intéressée ?

- Non ! Je veux … Pas le vexer.

- Et peut-être que cela te flatte un peu encore ?

- Euh… Je sais pas… Est-ce que ça ferait de moi une mauvaise personne si c'était le cas ?

- Si tu ne ressens pas d'amour pour lui alors que lui si et que tu en as conscience alors oui un peu. Avec Timmy, ça te flatte qu'il t'envoie des mots un peu ambigus ?

- Timmy n'est pas ambigu. Il dit les choses comme il les pense même si ce n'est pas l'image qu'il renvoie au premier abord.

- Question : est-ce que tu n'envisageais pas Timmy comme autre chose qu'un ami avant qu'il s'intéresse à toi ?

- Euh… Non… Je l'avais repéré au bal de la rentrée, mais on est devenus amis en premier. Et j'ai toujours voulu que ça aille plus loin.

- Donc ton premier amour, c'est Timmy pas Ned. Maintenant que t'es au clair, tu devrais le lui dire.

Tecna se lamenta légèrement. Elle savait qu'Eva avait raison sur ce point. Au plus sa relation avec Timmy évoluait, au plus elle repensait à cette drôle de situation avec Ned et cela la mettait un peu mal à l'aise. Elle avait l'impression de trahir un peu son petit ami en ne posant pas de véritables limites aux mots de Ned et toute à la fois elle avait la sensation qu'elle allait vexer un de ses plus anciens amis en lui mettant un carton rouge. C'est dans ce genre de situation que Tecna sentait qu'elle était vraiment nulle dans les relations, gauche, maladroite, idiote. Et elle n'aimait pas ça.

Enfin. Maintenant qu'elle avait pu faire reprendre contact avec les filles, elle pourrait bénéficier d'autres conseils. Eva et Iris savaient comment s'y prendre pour faire en sorte qu'elle se remette en question et qu'elle envisage d'agir mais seules ses amies du Winx Club arrivaient à la pousser réellement à l'action. A chaque amitié son avantage. Elle se promit intérieurement de demander conseil à Stella sur la façon dont elle devrait aborder le sujet avec Ned.

- Je te promets que je vais le faire Ev'…

- Cool.

- Est-ce que toi aussi tu as mis les choses au clair avec Lupin ?

- Il n'y a rien à mettre au clair avec Lupin. Répondit la jeune femme de façon catégorique.

- Il est évident qu'il s'intéresse à toi. C'était flagrant pour tout le monde à mon anniversaire.

- Pour moi également. Je ne suis pas aveugle. Cependant, son cas est différent. Il me regarde d'une certaine façon mais il ne fait aucune démarche. Il ne tente rien. Si bien que je n'ai jamais eu à mettre les choses au clair avec lui.

- Mais… Tu ne viens pas de me dire que c'était mal d'entretenir ce genre de choses quand ce n'était pas réciproque ?

- Je n'entretiens rien du tout. Lupin ne me parle jamais par messages, on ne se voit que lorsqu'on est en groupe. Il ne me propose rien. Alors, certes, il me mate j'ai remarqué. Vous m'avez dit qu'il parlait beaucoup de moi quand je n'étais pas là. C'est son délire. Moi, je m'en fiche. Il ne m'intéresse pas et j'ai d'autres choses à faire que de casser son fantasme passager sur ma personne.

Tecna ressentit une certaine tension et impatience dans la voix de son amie. Intiment convaincue que ce n'était pas le dossier Lupin qui la mettait dans cet état, elle fit rapidement le lien avec un autre affaire dont elle n'avait pas pris des nouvelles depuis un moment déjà.

- Tu as trouvé des choses… Par rapport à tes parents ? L'interrogea prudemment Tecna.

Eva sentit son cœur se serrer à cette question. D'une part, c'était dû à l'émotion qui la gagnait. Que Tecna ait compris aussi rapidement ce qui la taraudait la soulageait. Elle qui avait cru durant plusieurs jours qu'elle avait perdu sa seule confidente à ce sujet, elle était soulagée et aussi très reconnaissante que les choses aient bien tournées au final. Mais, tout à la fois, elle se remémorait l'atroce déception de n'avoir rien trouvé de neuf. Elle avait fanfaronné d'avoir réussi à percer le secret de son amie en s'attaquant à l'une des bases des données les mieux protégées de Zénith sans se faire repérer. Et, pourtant, elle était incapable de retrouver la trace des deux personnes qui lui manquaient le plus au monde. Alors même qu'elle devait se trouver dans des bases de données moins sécurisées. C'était pathétique. Elle était pathétique et se contenta simplement de fixer ses pieds avec déception.

- Oh Eva… Je suis désolée…

- C'est pas juste… Commença-t-elle à articuler péniblement alors que l'émotion lui étreignait la gorge.

Tecna se leva, se rapprochant d'elle et passa son bras autour de ses épaules.

- Tu les retrouveras un jour… J'en suis sûre.

- Mais comment ? Comment Tec ? J'ai fouillé dans toutes les bases de données des prisons dans cette foutue Dimension et j'ai rien trouvé ! Ils ne sont nulle part !

Certaines planètes comme Limphéa n'ont pas de base de données informatiques pour les prisonniers…

- Honnêtement, je doute qu'ils soient retenus sur Limphéa pour les faits qu'on leur reproche…

- Je dois dire que je suis d'accord avec toi.

- Merde. Marmonna Eva en se mettant à sangloter.

Tecna réfléchit. Les dernières traces des parents d'Eva remontaient à un centre de détention à Magix cinq ans auparavant… A cette époque, on permettait à Eva de les contacter au téléphone. Puis, un jour, plus rien. Ses parents avaient été transférer ou libérer. Personne n'était en mesure de le lui dire. Le plus logique aurait été leur transfert sur Eraklion au vu des faits qui leur était reprochés ou Andros… Elles avaient fouillé ces bases de données en premier lieu mais, peut-être faisaient-elles fausse route. Peut-être fallait-il chercher plus loin…

- Eva… Je pense qu'on devrait fouiller ailleurs.

- Tu penses à quoi ?

- Les dossiers internes aux différentes cours royales.

- Quoi ?

- Honnêtement, j'ai la sensation que le cas de tes parents a été étouffé. Si on ne trouve pas d'infos sur eux dans les différentes prisons à part la dernière où ils se trouvaient, c'est qu'ils devraient être logiquement libres quelque part. Cependant, on a déjà recherché des infos à leur sujet et ils ne sont enregistrés dans aucun royaume… On ne trouvera sûrement rien en fouillant dans les archives des différents cours pénales de la Dimension Magique. Tout ça a dû se régler en interne, entre hauts placés et c'est certainement là qu'on trouvera des infos. Sinon, je ne vois pas où…

- Je vois pas comment on pourrait fouiller dans quelque chose qui est interne aux cours royales. Ils ne gardent certainement pas de trace informatique hormis à la cour de Zénith. Tout doit être écrit sur des parchemins ou des trucs magiques, je sais pas…

- Je peux me renseigner à ce niveau. Ne t'inquiète pas. Je vais demander l'aide de Layla, Stella et Sky. Je pense qu'ils pourront nous aider.

- Je… Ca veut dire que tu vas devoir leur expliquer pour mes parents et…

Eva vit Tecna grimacer avant même qu'elle n'eut terminée sa phrase.

- Et pour ta famille aussi.

- Je leur ai déjà caché suffisamment d'infos sur moi. J'ai plus envie de faire semblant, ça ne me dérange pas. Et, tes parents n'ont rien fait de mal. Ils ne faisaient que leur travail.

- Leurs opinions n'étaient pas appréciées. Tes amis ne voudront peut-être pas m'aider s'ils partagent la position de leurs parents.

- Je connais suffisamment mes amis pour t'affirmer qu'ils savent se forger leur propre opinion.

- Tu pourrais perdre leur amitié en…

- Eva ! Là, c'est moi qui te dis stop ! Tu m'as dit hier que tu ne me connaissais aucune relation qui n'était pas sincère. Si mes amitiés avec certaines Winx ou certains spécialistes ne résistaient pas à cette histoire, tant pis. Je ne pourrais pas être amie avec des personnes qui dénigrent ma famille ou celle des gens qui me sont chers.

Eva ne put s'empêcher de sourire. C'est pour ce genre de phrases et de position qu'elle appréciait tant Tecna. Certes, elle n'était émotionnellement pas toujours facile à suivre. Certains de ces comportements étaient, de fait, parfaitement incompréhensibles, mais sa loyauté demeurait à toute épreuve… Bien qu'elle ait pu en douter ces derniers temps au final c'était sûrement sa plus grande qualité. Seulement, son amie avait un ordre de loyauté particulier : la fratrie en premier, les amis en second. C'était ainsi, elle ne la changerait pas. Et elle n'avait pas envie de la changer. Elle n'avait pas pris conscience de la place si particulière que Valencia, Andromeda et Lucio occupaient dans le cœur de Tecna mais maintenant qu'elle savait de quoi elle était capable par amour pour eux, elle se sentait rassurer. Tecna était comme elle finalement.

- Bon… Soupira Tecna, c'est pas le tout mais je crois bien que je vais y aller.

- Déjà ?

- Je pense que j'ai assez abusé de ton hospitalité. Répondit-elle d'un air gêné.

- Oh, tu ne déranges jamais tu sais. Puis, ça m'a donné une bonne excuse pour sécher les cours auprès de Meena.

Tecna la regarda d'un air désapprobateur. Eva fit mine de ne pas en comprendre les raisons.

- Quoi ?

- Sérieusement ? Si Meena savait le nombre de fois que tu sèches dans l'année.

- Bah, tu sais, jusqu'à maintenant, il n'y a eu aucune plainte concernant mes absences. Elles sont toutes justifiées. J'ai une santé fragile, rappelle-toi. Dit-elle avec humour.

- Je regrette de plus en plus d'avoir trouvé cette faille dans le système...

- Correction ma chère, nous l'avons trouvé ensemble.

- D'accord, d'accord, disons que je regrette d'avoir été impliquer là-dedans.

- Avec ou sans toi, je l'aurais trouvé un jour cette faille. Tu le sais bien.

Tecna hocha la tête. Elle n'était pas en doute les talents d'Eva. Par ailleurs, il était dur à dire à quel point elle avait eu de l'impact dans cette frauduleuse affaire. Elle avait beau être la fée de la technologie, elle n'était pas aussi habile qu'Eva pour craquer une base de données et exploiter des bugs. Elle, elle préférait plutôt coder, créer les choses plutôt que d'exploiter leurs faiblesses. Tecna fut partagée entre frisson et fou rire lorsqu'elle se laissa à penser que si Eva avait possédé de la magie, elle serait devenue une sorcière. Bon, évidemment, la répartition fées, sorcières n'étaient pas liées aux mauvaises intentions que les possesseurs de magie pouvaient entretenir mais plutôt à la nature de l'énergie magique se trouvant au cœur de leur planète d'origine. En théorie… Cette hypothèse présentait encore des failles car, si l'on suivait ce résonnement, tous les possesseurs de magie venant du royaume de Solaria posséderait de la magie positive ce qui n'était pas le cas. Il suffisait de voir Chiméra, bien qu'elle avait étudié à Bêta, une école de fée moins regardante sur les critères de sélection qu'Alféa, elle possédait une magie obscure. Et Layla venait d'une planète à la source magique sombre pourtant elle débordait d'énergie positive. Et, historiquement parlant, on ne recensait aucun être malveillant originaire d'Andros. Finalement, c'était plutôt une question de goût et de couleurs. On ne savait pas exactement ce qui définissait l'appartenance d'un être à la magie positive ou négative, mais on aimait croire le contraire. Tecna n'appréciait pas trop cet aspect de l'être doté de conscience à croire qu'il savait tout sur tout alors que certaines choses demeuraient encore mystérieuses.

- Tecna ? Tu rêves ?

- Quoi ? sursauta Tecna, oh euh.. Non, j'étais…

- Encore perdue dans tes raisonnements ? rigola-t-elle.

- Oui, tout à fait.

Tecna se sentit un peu gênée. Il était vrai que, régulièrement, son esprit s'égarait dans des réflexions sans fin. Cela s'était calmé à son arrivée à Alféa. Elle y était souvent en mouvement, dans l'action et ne passait pas, contrairement à Zénith, toutes ses soirées derrière un bureau à réviser sans distraction.

- Enfin, Eva… Ce serait bien que tu ailles plus en cours.

- Tu es sérieuse ? T'es l'une des premières à trouver ça pénible.

- Oui, je trouve que la façon dont les cours sont faits et donner sur Zénith sont révoltantes, mais je dis ça pour ton propre bien. L'examen approche.

- Tecna… Tu ne vas pas, toi aussi, me parler d'examen ? Tu sais que je réussis toutes mes évaluations malgré mes absences. Je suis en classe trois quand même !

- Je sais que t'es douée, mais tu vas être obligée de passer l'examen peut importe tes combines. Il se déroulera sur trois jours, neuf heure d'affilées à chaque fois. Les autres élèves ont l'habitude de passer leurs journées assis sur une chaise à cogiter. Toi, ça fait des années que tu y passes à peine une demi-journée. Tu ne tiendras pas, ton corps a perdu l'habitude. Crois-moi, depuis que je suis retournée à Madison, je sais bien que j'ai pas la même résistance qu'avant.

- C'est sympa de t'inquiéter pour moi Tec… Seulement, je me fiche de réussir, je veux juste quitter Zénith et retrouver mes parents et tu le sais.

- Je le sais et je ne te dirais pas ça si ce n'était pas nécessaire à la réalisation de ton projet. Mais pour quitter Zénith, tu auras besoin de beaucoup d'argent. On a encore un pouvoir d'achat relativement faible en tant que Zénithien. Les voyages interplanétaires sont hors de prix pour des citoyens moyens. Si tu n'as pas ton examen, tu auras des difficultés à te trouver un emploi te permettant à la fois de payer un loyer et d'économiser pour partir. En plus de ça, tes démarches pour ton passeport seront plus complexes car tu seras vue comme quelqu'un de non-prioritaire.

Eva ne répondit rien. Elle était au courant que Zénith imposait des restrictions aux personnes n'ayant pas réussi l'examen. C'était une façon de motiver les citoyens à s'éduquer et à Zénith de prendre de plus en plus d'importance dans la Dimension Magique. Néanmoins, elle n'avait pas réalisé à quel point elles pourraient s'avérer handicapante pour elle. Elle ne venait pas d'un milieu… aisé pour tout dire. Meena venait d'une région reculée de la planète. Elle s'était enfuie dans une grande ville pour apprendre à lire, à écrire, à calculer. A l'époque, le développement de Zénith par le biais académique n'en était qu'à son prémisse. La planète se maintenait par le commerce. Elle exportait des œuvres d'artisanats Zénithiens comme ceux que la peuplade de Meena réalisait en échanges de denrées alimentaires. A cette époque, il était, paradoxalement plus facile de voyage, pourvu qu'on propose aux équipages des vaisseaux faisant la liaison quelques trésors de savoir-faire. Meena avait payé son voyage avec plusieurs de ses broderies. Dans le reste de la Dimension, avec sa débrouillardise, elle n'avait eu aucun mal à trouver des emplois temporaires lui permettant de payer sa prochaine vadrouille. Alors, oui, Eva avait sous-estimé le problème. Sa grand-mère était la preuve même, selon elle, que l'on pouvait réussir sans pour autant aller jusqu'au bout de ses études. Cependant, l'époque, le contexte, n'était plus le même qu'il y a une cinquantaine d'années.

- D'accord… soupira-t-elle, vu comme ça, ce n'est pas dénué de logique.

- Je te remercie d'admettre que je peux parfois t'être utile. Répondit Tecna avec humour.

- Eh l'autre, c'est à moi de te sortir ce genre de répliques !

Tecna rigola légèrement puis, remarquant la mine débitée de son amie, se tût. Quelques secondes passèrent dans un silence qu'elle qualifia pour elle-même de gênant… Puis une idée de génie lui vient à l'esprit.

- Eva : si tu tiens toute la journée à Madison demain, je te ferais une surprise.

- Comment ça ?

- Tu viendras chez moi samedi et...

Tecna n'eut même pas le temps de finir sa phrase qu'elle fit déjà effet sur son amie. Cette dernière bondit sur ses deux jambes remontées comme une cocotte-minute.

- Moi ? Aller chez toi ? T'es sérieuse ?

L'engouement d'Eva était très appréciable pour la fée de la technologie. Et compréhensible. A part Iris, aucun de ses amis n'était jamais venu chez elle.

- Oui, je suis sérieuse. Et, comme ça, je te montrerai notre projet pour le concours. Si tu promets évidemment de garder ta langue par rapport à ça.

- Quoi ?! Sérieux ?! T'inquiètes, je serai muette comme une carpe. Motus et bouche cousue. Mais… Tu… Je dis peut-être une bêtise mais tu n'es pas censée l'avoir chez toi. Si ?

- Non… On travaillait dessus à Magix, mais connaissant Timmy, il a dû amener le prototype avec lui pour qu'on puisse travailler ensemble.

- Mais il y avait des chances que vous ne puissiez rien faire du tout…

- Oui… C'est du Timmy tout craché ! Et puis, si jamais il a dérogé à ses habitudes, tu serais étonnée de toutes les prouesses qu'on peut accomplir avec un peu de magie et de bonnes amies !


Re-salut à tous,

Alors, qu'en pensez-vous ? J'avoue bien apprécier ce chapitre. Il a une saveur particulière. Un peu de cocooning pour Eva et Tecna. Je dois la reconnaitre, la partie migraine, c'était le vécu qui parlait. Je suis migraineuse et j'imaginais bien Flora l'être également. Je trouve qu'on sous-estime trop l'état dans lequel une migraine. On ne peut rien faire à part prendre un médoc et rester dans le silence et le noir. Pas ouf pour avoir une quelconque vie sociale. Puis, j'avoue, je déteste ne pas être active.
Vous attendiez vous à ce que Tecna reconnaisse avoir eu un crush pour Ned ? Perso, j'aime beaucoup l'idée que Tecna ait dur avec les rapports sociaux. Dans certaines fanfictions, on aime l'assimiler aux troubles du spectre autistique. Très personnellement, j'ai vécu cette situation où on s'intéressait ouvertement à moi et où j'ai vécu le bug 404. C'était il y a.. Deux ans ? Trois ans ? Je sais plus mais qu'est ce que je me suis sentie débile après. J'ai vraiment nié comprendre. En vérité, il faut croire que je ne voulais pas d'une relation. C'est assez fréquent quand j'écris que deux personnages sortent des réflexions que je me fais toute seule sur plusieurs années. J'aime bien.
Et grâce à Eva, vous savez ce que Timmy et Tecna complotent ! Alors, je vous le dis direct, je ne suis pas calée médecine, nouvelles technologies et prouesses techniques donc je sors (déjà certainement) et je sortirai des absurdités mais tant pis. Dans l'imaginaire tout est permis n'est ce pas ? En tout cas, je voulais qu'ils créent ensemble des appareils capables de rendre directement service à quelqu'un. Et ne vous inquiétez pas, Tecna a promis à Eva de lui montrer leur projet donc vous en apprendrez plus avec la présence d'un petit rouquin en prime ;)
Pour Andromeda, damn it, la nuit a été beaucoup moins cool. Que voulez-vous, j'ai encore des oeufs à peler avec certains personnages.
Terence... Hum... C'est Terence. Il va prendre un peu plus de place bientôt.
Et vous inquiétez pas, le reste des Winx et les spécialistes vont reprendre du service. Pour l'heure, ils se reposent un peu en coulisse ^^

Sinon , comment allez-vous depuis le temps ? Bien j'espère. Votre rentrée s'est-elle bien passée ?
Honnêtement, j'ai pris du temps à poster cette fois-ci pour plusieurs raisons. La première étant que j'ai souffert d'un syndrome de la page blanche concernant les chapitres suivants. J'avais pris un peu d'avance mais j'ai constaté que l'enchaînement des événements ne me plaisaient pas. J'ai donc cherché à tout réorganisé. Et le point de départ de ce qui me déplaisait était (l'ancienne) fin de ce chapitre. Donc bon... Ça a pris du temps.

Autre problématique, plus privée, j'ai décidé de finir mon ancien cursus en cours du soir. De manière assez impulsive. Alors, ça m'a permise de constater que mon anxiété lié au milieu scolaire était toujours relativement présente en moi. Donc mouais, ce n'était pas une bonne surprise mais ça va, je gère. Normalement. Reprendre un cursus, ça inclue aussi de demander des dispenses pour les cours dont j'ai déjà validé la matière. Et je vous jure : c'est d'une galère sans nom. L'administration, c'est d'une lenteur. Je n'en ai, par ailleurs, pas encore fini avec ça au moment où je vous parle.

Bon ensuite, petits soucis de santé (-), quelques soucis de déprime (-) à mettre en partie sur le compte du mauvais temps de mon plat pays. La pluie est de retour, ça me fait ruminer de fou. Sinon, il y a eu des choses positives aussi : audition, casting et maison d'édition. J'ai déjà envoyé mon roman à trois éditeurs différents. Bon, j'ai aussi lu que, selon les statistiques, les chances de se faire publier lorsqu'on est un parfait inconnu dans le milieu, sont d'environ 5%. En tout cas sur le marché francophone. Mais ça ne coûte rien d'essayer.

Dans un mois, c'est mon anniversaire (strictement aucun rapport). Je tâcherai de publier le 24 novembre du coup. Pour le délire. Ce serait bien.

BREF !

Donc, hors donc, mon syndrome de la page blanche s'efface progressivement ce qui fait que j'ai réussi à écrire quelque chose qui me satisfait à 80% pour le chapitre 25. YES ! On approche de la fin, j'ai une idée plus précise qu'avant du déroulement des derniers événements menant au dénouement de la fanfiction. J'ai bien envie, maintenant que mon projet de roman est fini, de me plonger dans une écriture plus intensive pour finir cette fanfiction. Car vous méritez d'en voir le bout et moi je serais bien fière de la terminer :D

Alors, on se voit bientôt !

Merci beaucoup pour votre lecture,

Memori Plume