Harry se réveilla lentement. Il ressentait des engourdissements douloureux dans tout son corps. Il fronça le nez et s'étira, s'arrêtant lorsqu'il entendit le froissement des draps. Il se serait attendu à se trouver dans une cellule de détention du ministère, et non dans une chambre.

Il ouvrit les yeux sur le plafond blanc de ce qui devait être St. Mangouste, Harry eut un petit grognement. Jedusor accumulait les prétendues gentillesses pour amener Harry à travailler pour lui, n'est-ce pas ? N'avait-il rien de mieux à faire de son temps ?

Comme personne ne réagissait aux bruits qu'il avait fait en se réveillant, Harry supposa qu'il était seul jusqu'à ce qu'il se redresse et parvienne à tourner la tête. Il se figea alors. Il y avait une chaise avec des accoudoirs en bois et un dossier rembourré non loin du lit, et Jedusor était affalé dessus, les jambes sur un accoudoir et la tête sur l'autre, endormi.

Harry grimaça automatiquement, puis se dit que l'homme avait dû lancer des charmes d'amortissement. Il était bien trop arrogant pour dormir sur du bois.

Mais ces pensées vicieuses s'effritèrent et s'envolèrent lorsque les yeux de Harry s'attardèrent sur Jedusor. Mon Dieu, il était beau quand il ne ricanait pas, ne discutait pas et n'essayait pas de faire exploser la tête de Harry. Même l'argent autour de ses tempes ne faisait qu'embellir ses cheveux noirs, comme les bordures argentées des robes très chères ou quelque chose comme ça.

Harry savait qu'il le fixait, mais il n'arrivait pas à s'en préoccuper. C'était peut-être la seule chance qu'il aurait jamais d'observer son âme sœur et de rêver un peu sans avoir à dissimuler son secret ou à se sentir coupable.

Ses parents l'avaient encouragé à sortir avec des garçons à Poudlard, sachant qu'il n'aurait jamais la chance d'être avec son âme sœur, mais Harry s'était retenu de le faire. À moins de trouver un veuf - un garçon ou un homme dont l'âme sœur était décédée - il ne se sentait pas en droit de priver quelqu'un d'autre de sa chance d'être heureux. Et les veufs, à l'exception des rares personnes nées avec des marques noires indiquant que leur âme sœur était morte avant leur venue au monde, avaient tendance à porter le deuil jusqu'à la fin de leur vie. Harry ne voulait pas non plus sortir avec quelqu'un qui faisait cela.

Il n'avait jamais laissé ses yeux courir sur quelqu'un comme ça, s'attarder sur les plis au coin des yeux, ou fixer le ventre plat et les muscles qui apparaissaient sous une chemise montante. Il se demanda s'il avait le droit de le faire maintenant.

D'un autre côté, Jedusor était probablement habitué à ce genre d'attention. S'il se réveillait et voyait Harry le dévisager, il ne penserait pas que ce dernier était son âme sœur. Il penserait que Harry avait succombé à ses charmes, comme "tout le monde".

Mais ce n'était pas le beau visage de Jedusor qui avait incité Harry à s'asseoir et à l'observer. C'était sa respiration douce, sa main gauche pendante et la légère humidité au coin de sa bouche. La façon dont il avait l'air humain, vulnérable, et avait choisi de s'endormir en présence de Harry alors qu'il avait probablement toutes les raisons d'être paranoïaque à son égard.

Harry détacha brutalement ses yeux de Jedusor et jura sous sa respiration. Essayait-il de se montrer déloyal ? De dire qu'il n'avait plus aucune partie de son esprit qui appartenait à l'Ordre, et qu'il essayait d'avoir quelque chose qu'il savait ne pas pouvoir avoir ?

Il ferma délibérément les yeux et se rappela la façon dont Jedusor l'avait poussé dans un nouvel appartement, l'avait interrogé sans relâche sur des choses qui ne le regardaient pas, s'était battu contre lui, avait fait passer des lois qui auraient effacé l'esprit des Moldus, avait exilé son parrain et ses parents...

Au bout de quelques minutes, la respiration de Harry se stabilisa et il se recroquevilla en détournant le visage de Jedusor. S'il devait faire cela pour contrôler sa faiblesse, il le ferait. Il garda les yeux fermés. Il avait probablement besoin de rattraper son sommeil de toute façon.

Et peut-être que ses rêves concerneraient aussi Jedusor, comme c'était le cas en ce moment, mais si c'était le cas, il s'en accommoderait.

-HDD-

« Ah, Harry. »

Harry leva les yeux du plateau de saucisses et d'œufs qui se trouvait devant lui et adressa à Tom un sourire qui n'était pas moins féroce parce qu'il ne montrait pas ses dents pour l'instant. Puis il se retourna délibérément vers son petit déjeuner.

Tom s'assit dans le fauteuil où il avait passé beaucoup de temps au cours des dix-huit dernières heures, c'est-à-dire le temps qu'il avait fallu à Harry pour combattre le venin et aux médicomages pour s'assurer qu'il ne ferait pas de rechute.

« Tu es exceptionnel. »

« Hmmmm. »

« Je te dois deux dettes de vie et tu ne veux pas en réclamer une seule. Tu agis comme si tu ferais n'importe quoi pour tes parents et ton parrain, et pourtant tu fais preuve de la même loyauté envers moi. » Harry s'était retourné à ce moment-là et lui avait jeté un regard noir. Tom sourit et leva les mains, appréciant la façon dont le regard de Harry se porta sur elles pour s'assurer qu'il ne tenait pas une baguette. « Comment pourrais-je prendre le fait que tu m'aies sauvé la vie deux fois ? »

Harry déglutit, mais ne parla pas.

« Et maintenant, ceci. » Tom baissa la voix. « Je veux que tu me dises comment tu as purgé le poison. »

« Quand on a une magie aussi puissante que la mienne... »

L'amusement de Tom s'évanouit. C'était le revers de la médaille d'Harry, si différent de la plupart des gens qui l'entouraient : il pensait pouvoir s'en tirer en traitant Tom comme s'il était stupide. « Je sais très bien qu'une magie puissante n'est pas une défense contre les poisons, sinon le poison ne m'aurait pas tué. »

« Vous n'y étiez pas préparé. Je l'étais. »

« Même ça, ce n'est pas une réponse. » Tom avait demandé aux médicomages de prélever des échantillons du liquide qui s'écoulait de la peau de Harry. C'était un mélange incroyablement puissant de venin de cobra et de taïpan, additionné de magie jusqu'à ce qu'il prenne cette consistance blanche et épaisse. Tom savait qu'il aurait eu plus de chance de le vaincre s'il en avait été conscient au moment de l'attaque, mais il se serait quand même retrouvé à se tordre sur le sol et à perdre connaissance pendant presque aussi longtemps que Harry.

Ce qui laissait une possibilité.

« Depuis combien de temps es-tu un fourchelangue ? »

Harry se figea, sa fourchette en l'air. Puis il se retourna, les yeux plissés. « Je n'en suis pas un. »

« Allons, Harry, ne t'obstine pas. » Tom se pencha en avant, espérant qu'Harry ne verrait pas le léger tremblement de ses mains. Il y verrait de la faiblesse, et Tom voulait de l'honnêteté en ce moment, pas des défis. En réalité, il avait affaire à un plaisir si intense qu'il le brûlait comme une flamme.

« Personne d'autre qu'un autre Fourchelangue n'aurait pu vaincre le venin, et tu me comprends manifestement. »

« Je n'en suis pas un. Je peux le comprendre, mais je ne peux pas le parler. » Harry allait plier la fourchette s'il continuait à la serrer comme ça. « Quand j'avais treize ans, j'ai découvert que j'avais le potentiel pour prendre la forme d'un Animagus serpent. »

Tom cligna des yeux. Puis il dit : « Tu sais que j'honore ceux qui ont une forme serpentine. Pourquoi l'as-tu caché ? »

Harry se retourna complètement pour le regarder pour la première fois depuis que Tom était entré dans la pièce. Cette fois, il montra ses dents et dit : « Oh, je me le demande bien ».

L'exaspération se mêla à la joie, comme un second feu qui s'allume. Tom se leva, mais continua à parler en Fourchelangue tout en marchant vers le lit d'hôpital de Harry, sa main s'élançant et s'entortillant dans les cheveux de Harry. Les yeux verts qui le fixaient n'exprimaient que du défi, tandis que Tom disait : « Tu dois cesser de vouloir me priver de ce que je veux ».

« Tant que ces choses m'incluent, je ferai ce que je veux ».

Tom lâcha Harry mais s'assit sur le côté du lit, beaucoup plus près que d'habitude. Cela mis pratiquement le feu aux poudres dans les yeux d'Harry, mais Tom ignora la façon dont il essaya de s'éloigner. « Tu joues un jeu qui n'a aucune raison d'être. Je sais déjà qui tu es, ce dont tu es capable. Quand tu sortiras de l'hôpital, je ferai en sorte que tu participes à un programme d'entraînement pour Animagus, car je suis sûr que tu n'as jamais pris la peine de maîtriser ta forme. »

Le visage de Harry prit une expression étonnamment insipide, celle qu'il avait arborée lors de la journée publique de Tom, avant que Dumbledore ne tente de faire s'écrouler le toit et que Harry ne les sauve tous. « L'entraînement des animagus ? Hein ? Tu sais que je me suis probablement fait arracher tout le cerveau par des Cognards il y a des années. »

Tom le dévisagea. « Tu échouerais à ce cours. »

« Incroyable supposition, Seigneur des Ténèbres. »

Tom eu l'impression que quelqu'un l'avait frappé au visage avec un fouet. Il se mit de nouveau à parler anglais. « Je ne suis pas un Seigneur des Ténèbres. Je n'ai pas choisi cette voie. Et je n'ai jamais fait quoi que ce soit pour que tu puisses me jeter à la figure ce nom. »

« Je vous ai déjà dit ce que je pensais de votre politique concernant les moldus et les nés-moldus. »

« Et j'aurais dû t'en dire assez pour que tu comprennes que je ne commettrai pas de génocide sur les nés-moldus ou je ne sais quelle excuse ridicule imaginée par Dumbledore pour me faire passer pour un Seigneur des Ténèbres ! C'est un jeu... »

« Faire plaisir à des gens obsédés par le génocide est le genre de jeu qui signifie que vous ne vous souciez de personne d'autre. » Harry se cachait à nouveau derrière un mur de justice, sa magie s'agitait au point de l'entourer de petits éclairs blancs étincelants comme des feux d'artifice. « Vous les laisserait parler et vous laisserait le discours britannique se retourner de plus en plus contre les nés-moldus, et vous vous en moquerait, parce que tout ce qui compte pour vous, c'est d'être celui qui, au centre, donne le ton. »

« Et tout ce qui compte pour toi, c'est l'entêtement inutile. »

« Vous ne pouvez pas faire de moi un de vos serviteurs. Je pense que ce jeu est finit. »

Tom s'imposa le genre de retenue qu'il devait avoir pour traiter avec les Mages Noirs, et parvint à esquisser un mince sourire. « Tu n'as pas vu le journal aujourd'hui, n'est-ce pas ? »

« Oh, ils m'appellent comme l'un de vos serviteurs ? Cela n'a pas d'importance. Nous connaissons tous les deux la vérité, et nous savons à quel point je résisterai passionnément si - ou est-ce que sont mes parents ? Qu'avez-vous fait à mes parents ? »

Passionnément. Tom voulait cette passion, oui, mais il la voulait en s'abandonnant volontairement.

Il pouvait imaginer Harry sous lui, la bouche ouverte, les mains tendues vers le haut et désireuses de s'enrouler autour des tempes de Tom, son visage rougissant lorsqu'il comprenait les mots d'amour en fourchelangue sifflés par Tom, ce qui était plus que n'importe qui d'autre ne l'avait jamais fait - Tom le voulait si fort qu'il n'y avait aucune raison pour qu'il le fasse.

Tom avait tellement envie de lui qu'il dut faire un effort pour reculer, mais il parvint à secouer la tête. « Rien sur tes parents. Ils ont été gardés à l'extérieur de St. Mangouste parce qu'ils étaient tellement déterminés à essayer de faire quelque chose contre le venin en toi qu'ils se sont mis en travers du chemin des Médicomages. Mais ils peuvent venir te voir maintenant que tu es conscient. L'article est une invention de Madame Skeeter. »

« Alors je ne vois pas pourquoi j'aurais envie de le lire puisque de toute façon ce ne sont que des mensonges. »

« Harry, je croyais que tu comprenais les mécanismes du pouvoir. »

« Je les comprends très bien. Cela ne me dit pas pourquoi je devrais les pratiquer. »

Tom marqua une pause. Il se demandait si Dumbledore avait appris à Harry à agir de la sorte, ou si c'était quelque chose que Harry faisait de lui-même. Vraiment, alors que Harry pouvait être presque n'importe quoi, pourquoi choisissait-il d'être comme ça ?

« Je m'en souviendrai », dit-il en dépliant l'exemplaire du Daily Prophet qu'il avait gardé à côté de lui pour le réveil de Harry. « Maintenant, si tu veux bien jeter un coup d'œil à cet article et essayer ensuite de m'accuser à nouveau de te faire du mal, ma journée sera complète. »

Harry lui jeta un regard étroit, puis regarda le journal. Ses yeux s'écarquillèrent. « Espèce de fils de pute. »

« Mes parents étaient aussi mariés que les tiens. »

« Ou aussi mariés que peuvent l'être un moldu et une sorcière qui a utilisé des philtres d'amour sur lui. »

Tom dut raidir ses muscles pour résister à l'envie de frapper. « Tu peux rendre les choses dangereuses et ennuyeuses pour toi-même, Harry, ou tu peux m'accompagner », suggéra-t-il doucement. « Pourquoi ne pas m'accompagner ? »

« Parce que ce que vous attendez de moi, c'est mon service, ma loyauté. Et j'ai déjà une cause à laquelle je suis fidèle. »

Tom recula d'un pas. « Une cause qui ne t'a pas donné grand-chose, puisqu'elle t'a fait cacher qui tu es, t'a convaincu que tu ne pourras jamais approcher ton âme sœur, et t'a privé de tes parents et de ton parrain. Considère au moins mon offre, Harry, au lieu de la rejeter aveuglément ».

Harry avait du mal à détourner son regard de la première page du journal, ce qui était une bonne chose et c'était, d'ailleurs, ce que Tom avait prévu, mais Harry se tourna alors vers lui avec des yeux étroits et brillants.

« J'ai réfléchi à ce que je veux comme paiement de la dette de vie. »

« Qu'est-ce que c'est ? »

« Que vous restiez loin de moi. »

« Non. »

Harry le fixait, beau même dans sa frustration. Tom veilla à ce que rien de son désir n'apparaisse sur son visage. « Quoi ? Je fais une demande. Vous ne pouvez même pas faire semblant d'honorer une demande que vous m'avez incité à faire il n'y a pas un jour ? »

« Cela fait plus d'un jour », dit Tom d'un ton plaisant, pour le plaisir de voir le grognement de Harry s'accentuer. « Et tu ne connais pas aussi bien que tu le crois les règles qui entourent les dettes à vie, Harry, sinon tu aurais su qu'il ne fallait pas faire cette demande particulière. La personne qui a sauvé la vie de l'autre est supposée avoir un certain intérêt pour celui qu'elle a sauvé. Cela signifie qu'ils doivent passer du temps ensemble, et le sauveteur ne peut pas simplement renvoyer le débiteur. Cela reviendrait à souhaiter que tu ne m'aies jamais sauvé la vie. »

« Je souhaite ne jamais l'avoir fait ! »

Tom rit. « Et je sais que si quelqu'un parvenait à m'empoisonner en ce moment même, tu surgirais pour me sauver. Tu n'es pas doué pour tromper les gens, Harry. J'aimerais que tu n'essaies pas. Si tu savais ce que je peux te donner, ce que j'ai envie de te donner... »

Harry ouvrit la bouche comme pour dire quelque chose, puis se détourna en secouant violemment la tête. « Je veux voir mes parents. »

« Mais bien sûr. Tant que tu es hors de danger. » Tom s'arrêta pour regarder Harry fixer à nouveau le journal, la bouche crispée, puis il sourit. « Je te verrai plus tard, mon cher, et nous parlerons plus longuement. »

Harry refusa de réagir à cette langue de bois, mais Tom quitta la pièce, satisfait. L'article de Skeeter lui avait permis de se venger, à supposer qu'il en ait jamais eu besoin, mais en vérité, il voulait trouver un moyen de gagner la loyauté de Harry.

Peut-être devrait-il se pencher à nouveau sur le cas de son parrain.

-HDD-

'' LE PRODIGE DU MINISTRE A PEUR D'APPROCHER SON ÂME SŒUR ! ''

Harry déglutit et secoua la tête. Le titre était horrible, et ce n'était pas à cause de l'article qui suivait, qui se gargarisait des détails que Harry avait racontés à Jedusor et que ce dernier avait transmis à Rita Skeeter. L'article disait que l'âme sœur de Harry était quelqu'un d'important au Ministère, quelqu'un qui appréciait la pureté du sang et qui avait des convictions politiques à l'opposé de celles de Harry, et concluait par "l'appel émouvant" de Jedusor, comme le disait Skeeter, à l'âme sœur inconnue pour qu'elle s'approche de Harry.

'' « Je sais exactement à quel point notre M. Potter est précieux », m'a dit le ministre Jedusor en me regardant dans les yeux avec la sincérité si caractéristique de sa politique. « Je ne voudrais pas que quelqu'un perde la chance de le connaître à cause d'une croyance erronée en la pureté du sang. » ''

Les doigts de Harry s'enroulèrent autour du bord du papier et le froissèrent. Puis il déglutit et inclina la tête vers sa poitrine.

On aurait dit qu'il avait dit à Jedusor qui était son âme sœur, ou qu'il y avait fait allusion.

Dumbledore serait-il capable de lui pardonner cela ? Ses parents aussi ?

Puis Harry rejeta violemment l'idée que Dumbledore puisse lui pardonner. Bien sûr qu'il ne pouvait pas, puisque Harry avait interféré dans ses tentatives de mettre fin à la guerre à deux reprises déjà.

Non, il prendrait cela comme une confirmation qu'il devait aussi tuer Harry maintenant. C'était la réaction de ses parents qui l'inquiétait.

La porte de la chambre s'ouvrit et sa mère s'exclama en entrant : « Oh, Harry, tu vas bien ? ».

Harry jeta le papier de côté et se tourna vers eux. Les yeux de ses parents brillaient d'anxiété et Harry sentit son cœur se serrer. Ils étaient là, ils étaient réels, ils étaient vivants, et Jedusor n'avait pas dit un mot pour les rendre responsables de l'empoisonnement. Il tendit les bras et sa mère traversa la pièce en courant et se jeta dans ses bras.

Son père arriva un peu plus lentement, mais le saisit tout de même dans une étreinte brutale. Il chuchota : « Quel prix Jedusor a-t-il exigé pour nous gracier ? »

« Rien. Il essaie de s'en servir comme pot-de-vin. » Harry regretta de ne pas avoir de plus gros bras.

Il était difficile de serrer ses parents dans ses bras comme il le souhaitait, et le fait que sa mère émette des petits sanglots et se blottisse plus près de lui n'arrangeait rien.

« Maintenant que nous sommes de retour, nous pouvons t'aider à ne pas te retrouver dans des situations où tu devrais sauver la vie de Jedusor. » James sembla se rendre compte que cela n'avait pas bien marché et se racla la gorge. « As-tu dit à Jedusor qui était ton âme sœur ? »

Harry ricana. « C'est loin d'être le cas. Je lui ai dit que mon âme sœur était quelqu'un qui ne voudrait pas de moi à cause de la pureté de son sang et de ses convictions politiques, et il en a tiré ses propres conclusions. »

« Oh. » James se pencha plus près de lui et le serra dans ses bras tandis que Lily s'éloignait enfin, s'essuyant les yeux et souriant. « Harry, il faut que je te dise... »

Harry acquiesça et laissa son père lancer le sort qui permettait de projeter des pensées comme le faisait Sirius, même si personne ne pouvait répondre à la voix silencieuse. C'était le moyen le plus sûr de communiquer à l'hôpital, qui grouillait probablement d'espions et de larbins de Jedusor.

« Albus n'était pas content que nous quittions l'Ordre. Nous nous sommes même demandé s'il n'avait pas prévu que l'empoisonnement se produise au moment où nous arrivions au rendez-vous. Mais tout n'est pas perdu, à condition de ne pas révéler à Jedusor le nom de son âme sœur. »

« Ne t'inquiète pas, » dit Harry en souriant à James. Lily lui prit la main, Harry la lui rendit et la serra à nouveau dans ses bras alors qu'elle s'asseyait sur le bord de son lit. Elle était bien mieux accueillie que Jedusor ne l'avait été.

« Je suis désolé », dit James à voix haute. « Nous t'avons demandé tant de sacrifices, et maintenant nous allons t'en demander encore plus. »

Harry soupira. « Je savais quand j'étais petit que je n'aurais pas mon âme sœur, papa. »

« Et pourtant, tu n'es jamais sorti avec quelqu'un d'autre. »

« Comment pourrais-je priver quelqu'un d'autre de son propre bonheur ? »

Lily l'interrompit. « Ça devient morbide. Parlons de choses plus joyeuses, comme le fait que tu as un nouvel appartement qui pourrait tous nous accueillir, Harry. Je crains que le ministère n'ait pas jugé bon de relâcher l'interdiction qui pesait sur notre maison... »

Harry se laissa joyeusement replonger dans le domaine de la conversation "normale", toujours à moitié incrédule quant au fait qu'il ait retrouvé ses parents, pour de vrai.

-HDD-

« Et c'est tout ce qu'ils ont dit ? »

« C'est tout ce qu'ils ont dit à propos de son âme sœur, monsieur. Le reste de la conversation portait sur l'endroit où ils allaient vivre et sur l'argent qu'ils pourraient utiliser sur les comptes qui avaient été dégelés pour acheter des meubles. »

Tom acquiesça et congédia le médicomage Enkson, qui lui devait suffisamment de faveurs pour rapporter sans hésitation les conversations de n'importe qui qu'il entendrait. Enkson s'inclina et sortit précipitamment de la pièce. Tom s'appuya sur sa chaise et regarda le plafond.

Qui était l'âme sœur de Harry ? Et comment aurait-il pu le savoir depuis qu'il était jeune, étant donné qu'il portait l'image du phénix sur son bras, et que les images étaient notoirement difficiles à faire correspondre les unes aux autres ? C'était l'une des raisons pour lesquelles Tom avait dû tester tous ceux qui portaient un phénix ; il n'y avait aucun moyen d'être sûr de qui il s'agissait à partir d'une simple description.

Tom ferma les yeux. Cela n'avait pas de sens, pas plus que Harry cachant sa forme d'Animagus serpent.

Enfin, non, il supposait que cette dernière partie avait du "sens" de la même manière étrange que tout le reste : Harry avait été totalement déterminé à éviter l'attention de Thomas Jedusor en particulier. Même s'il avait refusé d'entrer dans la Garde du Serpent, il aurait été surveillé, et soumis à une "persuasion" et à des tests constants de la part de ceux qui étaient au courant de sa forme d'Animagus.

Mais comment aurait-il pu savoir qui était son âme sœur...

Tom ouvrit brusquement les yeux, le souffle court. Harry aurait pu le savoir s'il portait un nom. Les âmes sœurs nées avec le nom de quelqu'un d'autre sur leur peau étaient rares, et même dans ce cas, la personne avec laquelle elles étaient jumelées pouvait avoir une image ou une phrase différente, et non le nom correspondant. Cela correspondait parfaitement à la situation. Harry savait qui était son âme sœur, mais l'autre personne ne s'en rendait pas compte.

Et cela signifiait que l'image du phénix que portait Harry était une illusion. Un mensonge.

Il ment depuis le début, pensa Tom, son cœur s'effondrant dans sa poitrine. Il avait menti sur tellement de choses, pourquoi ne mentirait-il pas à ce sujet aussi ?

Mais Tom ne pouvait pas non plus se fier aux autres informations qu'Harry lui avait données. Peut-être que son âme sœur n'était pas haut placée au Ministère, ou qu'elle ne croyait pas à la pureté du sang. Peut-être que Harry avait une autre raison de rester loin d'elle.

Non, attendez. Tom avait écouté en tant que Legilimens lorsque Harry avait prononcé ces mots. Il aurait perçu les vrais mensonges. L'illusion sur la peau de Harry, cependant, était un mensonge passif, le genre de chose que personne n'aurait de raison de sonder.

Comment le sait-il ? Qui est-ce ?

Le désir déferla en fusion à travers Tom. Il avait pensé un instant promettre à Harry de dissoudre tout obstacle entre l'idiot têtu et son âme sœur, mais il avait déjà tenté de le faire avec l'article, et Harry avait été tout sauf reconnaissant. En vérité, Tom Jedusor ne voulait pas aider Harry Potter à trouver son âme sœur.

Il serait bien plus satisfaisant de séduire Harry Potter pour qu'il abandonne sa loyauté infructueuse envers quelqu'un qu'il était déterminé à ne jamais rejoindre.

Nous verrons si j'en suis capable. Tom Jedusor tendit à nouveau la main vers le dossier posé sur le bord du bureau.

-HDD-

« Mais es-tu sûr que c'est une bonne idée, mon fils ? »

Harry adressa un sourire à son père. Les médicomages ne le laissaient toujours pas sortir du lit parce qu'ils voulaient être sûrs qu'il "récupère de son épuisement magique", ce qui était stupide.

Combattre le poison avait été beaucoup moins difficile que de soulever le toit de l'immeuble par la magie, et personne n'avait insisté pour qu'il se repose à ce moment-là. « Oui, c'est vrai. Tu as vu l'article que Jedusor a publié sur moi. »

« Oui, mais je pense que Skeeter est un allié difficile à avoir. »

Harry haussa les épaules et leva les yeux lorsque la porte de sa chambre s'ouvrit. James se crispa à côté de lui, et Harry était sûr de savoir pourquoi. Il ne devait pas être facile de passer des années en exil et de voir son plus grand ennemi s'approcher de lui comme si de rien n'était, la main tendue et un sourire vide sur le visage. Harry n'était pas sûr que son père ait remarqué la façon dont le regard de Jedusor restait fixé sur lui, même si Jedusor semblait s'intéresser de James.

D'un autre côté, la sincérité ou non des félicitations de Jedusor n'inciterait guère James à changer de camp.

« Monsieur Potter ? » La voix de Jedusor était basse et douce. « Je suis le ministre Tom Jedusor. Je suis très heureux que le Magenmagot ait pu accorder sa grâce pour les crimes que je n'ai pas jugés assez attentivement. Et je suis désolé que nous ayons dû nous rencontrer plus tard, dans ces circonstances, que notre rencontre initiale prévue dans la forêt. »

« Ministre Jedusor. » La voix de James était raide, mais il serra la main de ce salaud, ce que Harry trouva plutôt gracieux de sa part. « Je suis désolé que ma femme ne puisse être là pour vous accueillir. Elle est en train de lire. »

« Lire ? » La voix de Jedusor était poliment déconcertée. Il prit la chaise à côté du lit de Harry comme s'il y avait sa place, celle qui est habituellement réservée à un parent de sang ou à une âme sœur. James ouvrit la bouche comme pour dire quelque chose à ce sujet, puis la referma. Harry s'en réjouit. Il avait déjà assez de mal à contrôler ses propres réactions.

Mais cela le rendait encore plus sûr de la ligne de conduite qu'il avait adoptée hier, lorsqu'il avait envoyé un hibou à Skeeter.

« Oui. Elle n'a pas pu se documenter beaucoup sur les nouvelles techniques de guérison au cours des dernières années. Les livres auxquels elle avait accès étaient... limités. »

Jedusor sourit aussi gentiment que s'il n'y avait été pour rien. « Bien sûr. Eh bien, transmettez mes amitiés à Mme Potter. Mais il est tout à fait possible que je reste ici jusqu'à ce qu'elle revienne. »

« C'est vrai, monsieur ? Mais vous devez être très occupé. »

« J'ai libéré mon emploi du temps ce matin. C'est le moins que je puisse faire étant donné que la personne qui m'a sauvé la vie deux fois est à l'hôpital. »Jedusor se tourna doucement vers Harry.

§ N'est-ce pas, mon cher ? §

Harry le regarda calmement. Ris maintenant, espèce de salaud, tant que tu le peux encore. Il ne tint pas compte de l'inspiration de son père à l'évocation du fourchelangue et se contenta de dire : « Je suis honoré de votre attention, Monsieur le Ministre, mais ce n'est pas nécessaire. Les médicomages m'ont assuré que je me rétablirai complètement. »

« Nous avons encore d'autres sujets à discuter, cependant. Par exemple, j'ai eu l'impression que vous n'étiez pas satisfait de l'article publié par Madame Skeeter. »

« Je comprends que vous ne puissiez pas contrôler les activités des journalistes, Monsieur le Ministre, et ce qu'ils choisissent ou non d'écrire. » Surtout pas aujourd'hui. « Cela ne veut pas dire que vous devez prendre du temps sur votre emploi du temps pour gérer ma réaction personnelle. »

« Mais je ne vous déplairais pour rien au monde, Harry. » Jedusor lui souriait, de cette expression lourde qui se posait sur Harry comme le ferait une main. « S'il vous plaît, dites-moi s'il y a quelque chose que vous voulez que j'arrête. »

James lui posa une question d'un seul regard. Harry haussa les épaules. Il supposa que cela ne pouvait pas faire de mal.

« Pourriez-vous arrêter de m'appeler par mon prénom ? »

Jedusor hocha la tête d'un air pensif. « Je comprends que cela vous irrite, car, selon vous, nous ne sommes pas égaux. Je vous considère comme mon égal en puissance et en intelligence, bien sûr, mais vous continuez à m'appeler à l'aide d'un titre respectueux, et il est logique que vous souhaitiez la même chose pour vous-même. »

« Merci », dit Harry avec circonspection, tandis qu'une partie de lui essayait de démêler le nouveau jeu qui venait de lui être imposé. Jedusor le considérait comme son égal en intelligence ? Ce n'était pas possible.

« Et il est logique que vous souhaitiez un minimum d'intimité. J'ai une longue expérience de la première page des journaux, alors que vous n'en avez pratiquement aucune. »

Harry pensa à ce qui allait faire la une du journal plus tard dans la journée et faillit rire. « Je comprends que quelqu'un doive parfois prendre une photo de moi, monsieur. Cela fait partie de mon rôle de garde du corps. »

Jedusor sourit. « Compte tenu de tout cela, et du fait que je n'aime pas la distance entre nous qu'implique 'M. Potter', je pense que vous appeler 'mon cher' est un compromis suffisant. »

Harry sursauta. Les mots avaient été prononcés en Fourchelangue, et même s'il n'avait que peu d'expérience de cette langue, il pouvait en saisir les nuances. Ils vibraient presque d'appréciation pour sa capacité à chasser et à tuer quand il le faisait, et contenaient les limites extrêmes d'un serpent prêt à s'accoupler.

Il ne peut pas...

Harry fixa Jedusor dans les yeux, essayant de deviner ses intentions. Il n'avait aucune expérience de la Légilimencie, mais il pouvait voir le message que Jedusor envoyait. Son regard était devenu profond et doux - enfin, une imitation de douceur, ce qui était le mieux que l'on puisse obtenir avec quelqu'un comme Jedusor - et était légèrement empreint de désir.

Merde. Il veut me faire la cour. Merde.

Harry maîtrisa sa panique instinctive et secoua légèrement la tête. « Je ne pense pas que ce soit un bon nom non plus, monsieur ».

« Mais vous voulez que je vous appelle par votre nom. Et M. Potter met trop de distance entre nous. »

« C'est une distance appropriée pour un ministre et un garde du corps, monsieur. »

« Mais j'appelle mes Aurors par leur prénom. Ou bien vous n'êtes pas là depuis assez longtemps pour l'entendre ? »

Harry serra les mains sous les couvertures. Oui, il était vrai que Jedusor appelait Whipwood , Jalena et d'autres Aurors Samuel, Morgane ou Betsy. Mais il n'avait jamais pensé que cela s'appliquerait à lui. Techniquement, il était toujours l'ennemi de Jedusor, et ce dernier aurait dû se méfier de lui, se concentrer sur sa punition.

Mais encore une fois, presque rien de ce que Jedusor avait fait depuis le moment où Harry lui avait sauvé la vie pour la première fois n'avait de sens.

Harry expira lentement et haussa les épaules. « Si vous insistez vraiment pour m'appeler ainsi - en fourchelangue, Monsieur le Ministre, alors je ne peux pas vous en empêcher. »

« Eh bien, il y a une chose qui pourrait m'en empêcher. »

« Quoi ? » demanda rapidement Harry, se demandant s'il devait utiliser une dette à vie pour obliger Jedusor à l'appeler "M. Potter".

« Vous me permettez de vous appeler à nouveau Harry. »

« Vous semblez être trop intime avec mon fils pour quelqu'un qui n'est pas son âme sœur ou son parent de sang, Ministre Jedusor », dit James froidement, ce qui fit sursauter Harry. Il avait honnêtement oublié que son père était là, tant il était concentré sur Jedusor. C'est mauvais signe, Harry, se dit-il. « J'honorerais ses souhaits, étant donné que vous n'êtes ni l'un ni l'autre. »

Jedusor haussa les sourcils et lui rendit son regard, un regard assez doux selon ses critères, mais qui fit rougir le père de Harry. En souriant, Jedusor regarda Harry. « Lequel des deux préfères-tu ? Mon cher ou ton prénom ? »

« Ni l'un ni l'autre. »

« Si les deux sont égaux, alors je crains que le choix ne soit le mien. Mon cher. »

Harry se retenait de donner une réponse vraiment vulgaire lorsque la porte s'ouvrit et que sa mère entra, portant un exemplaire du Daily Prophet. Harry lui sourit et lui tendit la main. Lily lui adressa un léger sourire et le lui tendit.

« Je suppose que vous n'avez pas eu l'occasion de lire le journal aujourd'hui, monsieur ? »

« Dites-moi, mon cher ami, est-ce que votre âme sœur s'est manifestée en réponse à cet article ? »

Harry lui lança un regard plein d'émotion. « Vu ce qui s'est passé dernièrement, Monsieur le Ministre, elle pourrait penser qu'elle n'est pas la bienvenue. » Il tendit le papier à Jedusor, qui faillit le déchirer dans son empressement à prendre connaissance de la chose.

Jedusor s'était immobilisé dès qu'il put voir le titre. Harry s'adossa à son lit et savoura cette immobilité, ainsi que les lignes blanches qui apparurent de part et d'autre de son poing une minute plus tard.

« Tu as osé ». Le dernier mot n'était pas prononcé en Fourchelangue, mais au vu de la netteté du sifflement, Harry pensa que Jedusor aurait aimé le dire en anglais.

« Bien sûr que j'ose », dit Harry doucement. « J'oserais bien plus au nom de la compréhension de nos positions respectives, Monsieur le Ministre. »

-HDD-

Tom feuilleta lentement l'article. La seule photo était celle de Harry allongé dans son lit d'hôpital, pâle et magnifique, mais encore une fois, il n'y avait pas besoin de plus, étant donné le contenu de l'article.

'' LE MINISTRE EXHORTE SON PROTÉGÉ À RENONCER À LA MORALE ! ''

Les premiers paragraphes étaient du pur Rita Skeeter tenant ses lecteurs à bout de souffle ; ils auraient pu mettre un titre différent et Tom l'aurait reconnu comme étant celui de Skeeter.

'' Il semble que le dernier protégé du ministre Tom Jedusor, le miraculeusement puissant Harry Potter, soit incité à abandonner sa morale "démodée". Selon M. Potter, le ministre Jedusor est en train de lui faire la cour et pense que sa détermination à ne fréquenter personne d'autre que son âme sœur est loin d'être louable. Cette nouvelle intervient moins d'un jour après que ce même journal a rapporté les propos du ministre Jedusor exhortant l'âme sœur de M. Potter à se manifester. ''

'' « Je pensais vraiment qu'il essayait de faire ce qu'il fallait et d'agir au nom de l'amour véritable, en faisant tomber les barrières », a déclaré M. Potter depuis sa chambre d'hôpital où il se remettait encore d'avoir sauvé la vie du ministre Jedusor. La dernière tentative a consisté en un venin enchanté qui, selon les témoins, a rendu le ministre incapable de respirer. « Pour quelle autre raison m'aurait-il interrogé sur mon âme sœur et aurait-il ensuite publié cette information ? Mais tout cela n'était qu'une façade ». ''

'' M. Potter a déclaré que M. Jedusor était assis sur le bord de son lit hier, dans une position réservée aux parents de sang ou aux âmes sœurs. Il y a aussi le fait que le ministre Jedusor a donné un nouvel appartement à M. Potter, en a fait l'un de ses gardes du corps après un seul incident qui n'a pas démontré le potentiel d'un garde du corps décent, et a fait passer le pardon des parents de M. Potter par le Magenmagot. ''

'' M. Potter était presque en larmes sur ce dernier point. « J'ai d'abord cru qu'il faisait preuve de bonne volonté », a-t-il déclaré. « Mais ensuite, il a gracié mes parents. Tout le monde sait que le ministre Jedusor représente une justice inflexible. Que signifie la justice si chacun obtient ce qu'il veut ? Je déteste penser que ses tentatives pour me faire aimer de lui l'amènent à abandonner ses principes. ». ''

'' Les lecteurs se souviendront peut-être des indiscrétions passées du ministre Jedusor avec des individus aussi différents que Isolde Greengrass, alors chef du Magenmagot, et Manfred Gaunefroy, sorcier noir présumé, dont l'identité a été démentie depuis...''

Tom ne s'attarda pas sur ces ragots et ces nouvelles, et arriva à la fin de l'article, où se cachait la conclusion de Skeeter.

'' « Bien que certains aient pu se débarrasser des vieilles courtoisies comme étant, en fait, vieilles, il n'y a aucune raison pour que le ministre fasse pression sur les personnes qui ne le souhaitent pas », a déclaré M. Potter.''

'' « Je ne veux jamais sortir ou coucher avec quelqu'un d'autre que mon âme sœur », a déclaré M. Potter, les larmes les plus innocentes aux yeux. « Si cela fait de moi quelqu'un de vieux jeu, qu'il en soit ainsi. Je préfère être vieux jeu que... » Et M. Potter s'est caché les yeux et n'a pas pu prononcer le moindre autre mot.''

'' Je suis sûr que le reste d'entre nous peut le prononcer à sa place, chers lecteurs. Et je vous invite à vous joindre à moi pour demander au Ministre Jedusor de laisser la poursuite de M. Potter à son âme sœur, si jamais elle répondait aux appels de M. Potter. ''

Tom leva lentement les yeux. Harry l'observait, un sourire aux coins des lèvres. Tom se pencha en avant. Harry se pencha pour l'imiter.

« Tu es un imbécile si tu penses que cela me fera m'éloigner de toi », chuchota Tom.

La surprise authentique se lit sur le visage de Harry pendant une seconde, puis il ricana. « Oui, mais je peux faire en sorte qu'il soit politiquement trop coûteux pour toi de me poursuivre. »

Tom sortit sa baguette, ignorant la façon dont James Potter inspirait en bégayant et dont Lily Potter bougeait comme pour se mettre entre lui et son enfant. Ce qui comptait, c'était Harry, celui qu'il admirait, qui l'observait avec un sourire teinté d'une légère trace de suffisance.

Tom sortit sa baguette et visa l'illusion, le mensonge, qui s'étendait sur le bras de Harry. « Finite Incatatem ! »

Rien ne se produisit. Le phénix continua de briller sur le bras de Harry, qui haussa légèrement les sourcils et s'adossa au lit. « Est-ce que ça fait mal de se tromper à ce point, Tom ? »

Même dans la tempête de confusion qui s'abattait sur son esprit, une partie de Tom saisit et se réjouit du fait que Harry ait prononcé son prénom. Il remit sa baguette dans le fourreau attaché à son bras et secoua la tête. « Tu as fait des erreurs. Tu as laissé suffisamment de traces derrière toi pour que je découvre qui est ton âme sœur ».

Harry haussa les épaules. Harry haussa les épaules : « Fais ce que tu veux. Cela ne changera pas ma détermination et ne calmera pas le scandale qui va en découler. » Il fit glisser ses doigts sur le papier, et son personnage imaginé le regarda avec des yeux écarquillés.

« Je vais découvrir qui c'est », poursuit Tom. « Et je vais te séduire pour te détourner de cette ''âme sœur ''. »

Harry s'était redressé dans son lit, mais il ne dit pas un seul mot, malgré ses yeux écarquillés. Son expression était figée dans un masque de pierre tandis qu'il regardait Tom sortir de la chambre. Tom entendit les Potters plus âgés commencer à gronder leur fils avant que la porte ne soit refermée, mais il doutait que Harry leur prête attention. Tom ne l'aurait pas fait à sa place.

La tempête dans l'esprit de Tom était devenue une tempête de détermination. Jamais auparavant il n'avait eu d'ennemi capable de faire jeu égal avec lui dans tant de domaines : pouvoir magique, politique, manipulation de l'opinion publique, et retournement des revers apparents à son avantage.

Tom ne dirait pas qu'il était amoureux. Il ne dirait pas qu'il n'abandonnerait pas Harry s'il découvrait demain son âme sœur.

Mais pour l'instant, il savait ce qu'il voulait, avec un désir profond qu'il n'avait pas connu depuis qu'il avait appris ce que signifiait la marque sur sa poitrine.