« James, qu'est-ce que tu fais ? Viens te coucher. »
Lily savait parfaitement ce qu'il faisait, bien sûr. Le lien qui les unissait palpitait d'anxiété, comme il l'avait toujours fait depuis la naissance de Harry. Mais cette émotion particulière s'était accentuée au fur et à mesure que les heures passaient et qu'Harry ne revenait pas.
« C'est bon, Lily-Belle. Vas dormir. Je vais rester debout. J'ai envie d'une tasse de thé. »
« Oui, tu as vraiment l'air de vouloir boire calmement un thé quand tu te tiens devant la fenêtre en faisant les cent pas, James. »
James commença à dire quelque chose avant de s'interrompre en se retournant pour la regarder d'un air coupable. Il se frotta la nuque d'une main et jeta un coup d'œil par la fenêtre.
« Je pense juste que ce n'est pas le genre de Harry de rester dehors si tard. Il ne l'a jamais fait quand il était enfant. »
« Nous sommes partis depuis des années », dit Lily en lui tenant la main. « Peut-être qu'il fait ça tout le temps maintenant. Nous devrions aller à la cuisine si nous voulons faire du thé, James. Et ensuite, je pense que nous devrions avoir une discussion. »
« Avec qui reste-t-il si tard, c'est ce que j'aimerais savoir », marmonna James alors qu'ils entraient dans la cuisine. Lily sortit la bouilloire des placards où les hommes de Jedusor l'avaient placée, et James commença distraitement à préparer le thé, comme il l'avait toujours fait dans le camp de l'Ordre. « Tu sais très bien qu'il ne sortira pas avec quelqu'un, même si nous essayons de le pousser à le faire... »
« Je crois que c'est Jedusor. »
« Oh. Tu veux dire qu'ils sont restés tard à ce stupide gala du Ministère et que Jedusor n'a pas voulu laisser Harry partir ? » James se détendit et ses mains commencèrent à préparer les feuilles de thé au lieu de les déchiqueter. « Pourquoi ne l'as-tu pas dit ? »
« Je pense qu'il est avec Jedusor. »
« Tu dit que... » Pendant une seconde, James se figea, et Lily lança un sort pour maintenir la bouilloire en l'air au lieu de la laisser éclater sur le sol. Puis James poussa un juron, doux et fervent, et reprit le contrôle du sort.
« Mais pourquoi ferait-il cela maintenant ? » demanda James à voix basse. Il gardait la tête baissée, de sorte que Lily ne voyait rien d'autre qu'une lueur sur le côté de ses lunettes. « Après tant d'années passées à se cacher de lui et à faire passer le destin du monde en premier, pourquoi succomberait-il à la tentation maintenant ? » Il poussa un nouveau juron lorsque les deux tasses qu'il avait invoquées faillirent heurter le mur et se briser, et dut s'efforcer pendant une seconde de les faire atterrir en douceur sur le comptoir.
« C'est précisément parce que nous lui avons demandé cela depuis si longtemps », répondit Lily avec douceur. Elle pouvait sentir le chagrin de James s'écouler le long du lien, mêlé à une sombre résignation. Il savait qu'il ne pouvait rien faire pour le moment afin d'influencer les choix de Harry et il ne savait même pas s'il devait essayer, tout en se sentant poussé par son ancienne loyauté envers l'Ordre.
Ce n'était pas seulement leur lien émotionnel qui permettait à Lily de ressentir si bien ce qu'il ressentait. Les questions qu'il se posait, les tentations qu'il combattait étant aussi les siennes.
Lily s'approcha de lui et passa un bras autour de ses épaules. James laissa échapper un son grave et s'appuya contre elle.
« Je pense, » murmura Lily, « que nous devons cesser de nous inquiéter de ce que dira l'Ordre, Albus, Molly, Sirius, Arthur et les amis de Harry. Nous n'avons aucune influence sur eux. Nous avons la responsabilité de voir notre fils en bonne santé et heureux. »
« Mais c'est justement ce qu'il ne sera pas s'il se range du côté de Jedusor ! »
« Penses-y de cette façon, James. Si tu avais découvert, après avoir commencé à me remarquer, que j'étais une Mage Noire et que je voulais travailler pour le gouvernement de Jedusor, aurais-tu résisté au lien qui t'unissait à moi ? »
James ferma les yeux. Lily resta debout, la main sur son épaule, ignorant l'inquiétude persistante que le thé refroidisse. Il existait des charmes de réchauffement.
James finit par murmurer : « Je serais tellement... je serais bouleversé, mais je pense que je te choisirais, même si je ne serai jamais d'accord avec le gouvernement pour lequel tu travailles et que nous ne pourrions jamais en discuter en privé. Je te choisirais. »
Lily embrasse son front. « Je sais que je ferais la même chose. » Mais elle n'avait jamais cru au bien commun autant que James et avait toujours été un peu rebelle, si bien que le choix n'aurait pas été aussi difficile pour elle. Seule la peur que Jedusor la détruise, elle et tous les gens comme elle, l'avait poussée à se ranger à l'avis d'Albus qui pensait que ce serait une bonne idée de rompre un lien d'âme sœur. « Et nous ne pouvons pas faire le choix pour Harry, James. Nous devons le laisser se débrouiller seul. »
« Je ne pense pas que Jedusor soit bon pour lui. »
« Tout le monde ne réussit pas à s'aimer, bien sûr », approuva Lily à voix basse. Il y avait un exemple vivant de cela près d'eux pendant plus de vingt ans, depuis que Sirius avait fait quelque chose que Remus, son âme sœur, trouvait impardonnable. « Mais Harry doit décider de cela par lui-même. »
James la prit dans ses bras et ne dit rien. Puis il chuchota : « Lily-Belle, s'il s'avère que Harry et Jedusor sont compatibles et que Harry peut même gommer certaines aspérités de Jedusor, comment allons-nous faire face à la culpabilité de les avoir séparés pendant toutes ces années ? »
« Tu sais qu'Harry ne demanderait jamais de remboursement ou de vengeance pour ça, James. » Lily était moins sûre pour Jedusor, mais elle était certaine que Harry ne laisserait jamais son âme sœur leur faire du mal.
« Je ne parle pas du type de paiement qu'il exigerait, Lily. Je parle de la façon dont nous allons vivre avec nous-mêmes. »
« Comme nous le faisons maintenant. » Lily le serra dans ses bras et lui frotta le dos, posant sa tête sur son épaule. « Un jour après l'autre. »
-HDD-
« Ma chère fille. Je crains d'avoir besoin de ton aide. »
Hermione leva les yeux du livre qu'elle était en train de réviser, pas vraiment surprise d'entendre la voix du directeur sortir d'un cristal qu'il lui avait donné il y a des années. La plupart des membres de l'Ordre ne portaient plus ces cristaux de communication, car ils avaient l'habitude de rencontrer le professeur Dumbledore à des moments et dans des lieux cachés. Mais Hermione n'était pas aussi douée que certains membres de l'Ordre pour transplaner et elle était recherchée pour un crime grave, alors ils avaient tous convenu qu'il valait mieux qu'elle reste dans le monde au-delà du portail et qu'elle utilise le cristal.
Hermione posa le livre sur la petite table en bois à côté d'elle et prit le cristal, une pierre aussi grosse que son poing et faîte en quartz rose. « Oui, monsieur, je suis là. Qu'est-ce qu'il y a ? Ron et moi n'avons pas encore eu l'occasion de parler à Harry ». Il n'était pas question de dire ce qui devait être dit dans un hibou que Jedusor pourrait intercepter, alors que le but était de le cacher à ce salaud.
« J'ai peur que Jedusor sache qu'il est l'âme sœur de Harry. »
Hermione fût soudainement figée, et le cristal faillit s'échapper de sa prise et s'écraser sur le sol.
Elle s'empressa de se ressaisir et déglutit légèrement. « Comment le savez-vous, monsieur ? »
« J'ai un espion au Ministère qui m'a rapporté que Harry et Jedusor ont tous deux quitté le gala où ils se trouvaient tôt hier soir, et à quelques instants d'intervalle. Leur magie s'est également entremêlée sur la piste de danse. »
Hermione expira. Ron et elle n'avaient franchi cette étape qu'après s'être liés émotionnellement, même s'ils savaient depuis des années qu'ils avaient l'âme-marquée l'un de l'autre. Hermione avait été malheureuse à l'idée d'être liée à quelqu'un qu'elle n'avait pas choisi, même si elle aimait Ron, et malheureuse à l'idée que les gens lui attribueraient plus de valeur qu'aux autres nés-moldus juste parce qu'elle était liée à un sang-pur.
« Harry tournerait-il le dos à tout ce en quoi il croit comme ça, monsieur ? » demanda-t-elle. « Je veux dire, peut-être que leur magie s'est entremêlée mais Harry ne lui a pas encore dit ».
« Je crains que même s'il ne l'avait pas fait, Jedusor l'aurait déjà forcé à lui dire la vérité », dit le professeur Dumbledore. Sa voix était si lasse qu'Hermione avait envie de pleurer pour lui. « Un événement aussi inhabituel a besoin d'une explication, et Jedusor ne se reposera pas tant qu'il ne l'aura pas trouvée. » Il marqua une pause, et Hermione s'arracha à l'idée de ce qui pouvait arriver à Harry en ce moment même.
« Alors que voulez-vous que nous fassions, monsieur ? »
« Je vais vous demander de prendre un risque, Hermione. Les hiboux ne parviendront pas à Harry, et il est extrêmement improbable que Tom laisse son âme sœur s'approcher de quelqu'un qui, selon lui, pourrait le convaincre du contraire de ce qu'il lui a dit. Va dans le monde des sorciers. Emmènes Ron avec toi. Utilise tous les moyens à ta disposition pour approcher Harry et lui parler de ce qu'il fait concernant l'avenir du monde des sorciers. »
Hermione déglutit. C'était un risque. Elle n'avait jamais vu quelqu'un d'aussi dangereux que Jedusor, du moins d'après la première page du Daily Prophet, après qu'elle et Ron aient dévalisé le Département des Mystères et s'en soient tirés. Il n'avait pas fait de promesses extravagantes sur ce qui leur arriverait s'ils étaient pris. L'article avait surtout parlé des dégâts subis par le Département, et la citation de Jedusor s'était limitée à l'émission de l'ordre d'arrestation.
Mais cela n'avait pas besoin d'être plus que cela, pas avec l'expression de ces yeux sombres.
Hermione était pourtant prête à prendre le risque. Jedusor avait mis en place des plans qui pouvaient effacer l'esprit de personnes comme ses parents, et changer le passé pour que le professeur Dumbledore et l'Ordre du Phénix n'aient jamais existé. Il y avait eu des rumeurs de pire, et...
Hermione jeta un coup d'œil à travers la pièce. Un livre reposait sur l'étagère avec les autres, mais sa couverture était usée et brillante comme aucun des autres ne l'était, même ceux qui avaient accompagné Hermione pendant des années.
« Mlle Granger ? Vous êtes là ? »
Hermione sourit un peu désespérément en se retournant vers le cristal. Les choses avaient mal tourné lorsque le professeur Dumbledore l'avait appelée par son nom de famille. Elle lui avait donné la permission d'utiliser son prénom depuis longtemps. « Je suis là, monsieur. Et je vais prendre le risque. »
Le soupir qui traversa le cristal sembla assez intense pour faire vaciller les tentures du mur, si Hermione en avait eu. « Et M. Weasley ? »
« Ron voudra aussi être impliqué dans cette affaire. Il tient beaucoup à Harry. »
« Merci, Hermione. Faites-moi savoir quand vous prévoyez de vous aventurer dans le monde des sorciers. Il se peut que je puisse créer une distraction qui occupera les Aurors et vous permettra de vous rapprocher de Harry. »
« Je le ferai, monsieur. »
Hermione attendit que le cristal s'assombrisse et jeta un coup d'œil vers l'avant de sa tente. « Je peux voir que tu es là, Ron. » Il lui disait toujours qu'il savait où elle était et ce qu'elle pensait à cause du lien d'âme sœur. Eh bien, cela allait dans les deux sens. Il ne devait pas penser qu'elle l'ignorerait.
Ron replia le rabat de la tente et entra avec un visage légèrement embarrassé qu'Hermione décida d'ignorer. « Tu crois vraiment que Harry aurait été avec lui, Hermione ? Je veux dire, Jedusor est un fou ! »
Hermione soupira. « Non, il ne l'est pas, Ron. Les choses seraient plus faciles s'il l'était. » Il aurait été beaucoup plus facile de convaincre les autres que Jedusor était dangereux et qu'il voulait faire un génocide, d'une part. Et il n'aurait jamais obtenu le pouvoir qu'il avait au ministère.
Il aurait été plus facile de dissuader Harry de tomber amoureux de son âme sœur.
Hermione avait ressenti un sentiment d'inéluctabilité lorsque le professeur Dumbledore leur avait dit la vérité sur l'âme sœur de Harry. Bien sûr, elle comprenait maintenant pourquoi Harry l'avait cachée, jusqu'à ce qu'il révèle "soudainement" le phénix lors de leur cinquième année, et sa réticence à sortir avec quelqu'un ou à parler de sa vie amoureuse. Il devait avoir tellement peur que quelqu'un voie la vraie marque et que la nouvelle se répande.
Il était donc difficile de comprendre pourquoi il avait ignoré tous les conseils de l'Ordre et vingt-quatre ans de loyauté obstinée pour se lancer tête baissée dans l'amour avec Jedusor.
Mais l'homme devait être charmant de près, ou si vous n'étiez pas né-moldu. Et Hermione pouvait comprendre l'aspect de la croisade de l'Ordre vue de l'extérieur. Ils auraient semblé fous, à moins d'avoir eu connaissance des plans ultimes de Jedusor qu'il gardait comme des secrets d'État.
« Bon, d'accord », dit Ron, la tirant de ses pensées. « Ce n'est donc pas un fou. Mais Harry doit être fou d'avoir cédé ! »
Hermione acquiesça. Honnêtement, pour elle, ce changement soudain évoquait des charmes ou une potion. Harry avait été merveilleux pour résister au sortilège de l'Imperium - testé sur tous les élèves de Poudlard lorsqu'ils étaient en quatrième année, une des nombreuses "innovations" qu'elle détestait - mais cela ne signifiait pas que quelque chose de plus subtil le laisserait indemne.
« Quand est-ce qu'on part ? »
Hermione sourit et tendit la main. Ron la saisit. Le lien qui les unissait palpitait et dansait comme un fil moldu dans le vent. C'était le genre de dévouement qu'Hermione avait toujours apprécié entre eux, la façon dont ils pouvaient se mouvoir comme un seul être, parce qu'à bien des égards, c'était le cas.
« Je pense que demain pourrait faire l'affaire, étant donné les mesures de sécurité que nous devrons prendre. »
Ron acquiesça et embrassa le dos de sa main. Le cœur d'Hermione chantait de la preuve de sa dévotion et son esprit chantait sa tristesse que Harry ne puisse jamais connaître cela.
Jedusor semblait peut-être l'offrir, mais les offres de Jedusor étaient toujours entachées. Harry était probablement dépassé par les événements. Il aurait besoin de la perspective que seuls ses meilleurs amis pouvaient lui offrir.
-HDD-
Harry ouvrit lentement les yeux.
C'était étrange, car il ne se souciait pas tellement du luxe des draps qui l'enveloppaient, ni de la douceur de l'oreiller sous sa joue. Mais ce réveil était tout de même précieux, unique, sans précédent.
Parce que les bras de son âme sœur l'entouraient, et que Harry pouvait sentir le contentement qui les entourait comme un lac chaud.
Il ouvrit les yeux et renversa la tête en arrière. Jedusor était allongé derrière lui, la tête levée dans un angle qui devait être inconfortable. Il devait regarder Harry dormir depuis des heures. Harry se sentit rougir. N'était-ce pas...
« Rien n'est trop difficile pour toi. »
Harry acquiesça lentement. Il le croyait d'une manière qu'il n'avait jamais crue chez personne d'autre, et cela le rendait méfiant, mais d'un autre côté, il n'avait pas non plus avec les autres un lien émotionnel du genre de celui qu'il avait avec Jedusor. Il était impossible de mentir quand Harry savait que le lien s'élèverait autour de lui pour dénoncer toute tromperie qu'il découvrirait.
« J'ai une requête à formuler », souffla Jedusor contre son oreille.
Harry ferma les yeux en sentant la chaleur entre ses jambes. Ce n'était pas tant de la chaleur que le sentiment que quelqu'un se concentrait sur lui et uniquement sur lui, sans se soucier du bien commun, de l'Ordre, des autres personnes ou des masses sans visage qu'il avait dû sacrifier pour sauver son âme sœur.
C'était fini, maintenant, pour de bon. Aucun Obliviato n'était assez fort pour briser le lien émotionnel et forcer Harry à retourner se cacher, et il le savait.
« Quelle est la demande ? » demanda-t-il doucement, en penchant la tête vers la poitrine de Jedusor.
« Que tu m'appelles Tom. »
Harry hésita. Il pensait à l'homme par son nom de famille depuis si longtemps qu'il pensait que "Tom" aurait un goût étrange sur sa langue.
D'un autre côté, il ne le saurait pas tant qu'il ne l'aurait pas essayé, comme le disait son père à propos de tous les aliments que Harry avait essayé de refuser quand il était enfant.
« Tom », dit-il.
Tom inspira si fort qu'on aurait dit qu'il était sur le point de s'évanouir. Stupéfait, Harry le regarda fixement et sentit l'émotion qui coulait le long de leur lien, aussi épaisse que du goudron. La faim.
Tom voulait le plaquer au lit et le dévorer. Et maintenant, Harry savait exactement à quel point.
-HDD-
Tom voulait tellement s'abaisser sur Harry et l'embrasser qu'il était douloureux de se détacher de l'idée.
Mais Tom avait appris à avoir une vision à long terme - c'était la seule vertu des décennies passées seul - et il savait qu'il y aurait des regrets s'il faisait cela. Harry considérerait probablement cela comme un tâtonnement d'adolescent, exactement le genre qu'il avait évité pendant si longtemps.
Tom voulait que leur premier contact du genre déclenche chez Harry une faim qui ne s'éteindrait jamais et qui répondrait à la sienne.
Tom se contenta d'un léger baiser sur la joue et ce qui permis d'alimenter le lien. Les joues de Harry rougissaient à présent et il détourna le regard au bout d'une seconde, secouant la tête. « Si tu continues comme ça, je ne pourrai plus marcher jusqu'au petit déjeuner », murmura-t-il.
« Qu'est-ce qui te fait penser que tu as besoin de marcher ? » Tom se retourna et fit un geste d'une main. Ses elfes de maison, bien entraînés, reconnurent le geste et apportèrent le petit déjeuner qu'il avait silencieusement demandé. « Nous pouvons manger ici. »
Harry cligna des yeux. « Ce n'est pas décent. »
« Pas aussi décent que ça pourrait l'être », a dit Tom. « Je le pensais vraiment quand j'ai dit que je voulais te gâter. Mais je sais qu'il y en aurait trop, trop tôt, si j'insistais maintenant. Nous allons donc commencer par un petit déjeuner au lit, et nous nous détendrons plus tard pour une véritable indécence. »
Harry esquissa un léger sourire, un mouvement rapide des lèvres sur lequel Tom s'arrêta immédiatement. Il était sûr que peu de gens l'avaient déjà vu. Mais Harry s'était tenu à l'écart de la plupart des gens, de peur que quelqu'un ne découvre son secret.
« Pourquoi es-tu en colère maintenant ? »
Le lien était empreint d'exaspération et Tom regarda Harry avec insistance. Ce dernier prenait une fraise enrobée de chocolat entre deux doigts et l'observait avec une dureté de regard que Tom aurait pu attendre longtemps de voir de la part de son âme sœur.
« Le fait que tu leur aies obéi pendant si longtemps. » Tom se pencha en arrière et laissa ses mains reposer de chaque côté du plateau du petit déjeuner. Il voulait des réponses plus que de la nourriture. « Pourquoi les as-tu suivis si longtemps ? Même après avoir commencé à avoir des doutes ? »
« Parce que d'autres personnes ont aussi fait des sacrifices. »
Ce n'était pas la réponse à laquelle Tom s'attendait, et il cligna des yeux, se penchant en avant.
« Expliques-moi ce que cela signifie. »
« Tant de gens ont renoncé à une vie normale pour lutter contre toi », dit Harry à voix basse, le regard fixé sur la fraise plutôt que sur lui. « Tu n'es peut-être pas le monstre qu'ils ont dépeint, mais tu as fait des choses qui les ont fait douter de toi, qui les ont fait te haïr. Comment pourrais-je me plaindre de ce que j'ai dû vivre alors qu'ils vivaient comme des fugitifs ? J'ai abandonné moins qu'eux ».
« La liberté, et ta propre vie, et la capacité de dire la vérité, et ton âme sœur. » Tom siffla le dernier mot en Fourchelangue, il ne pouvait pas s'en empêcher. « Tu étais le seul à devoir faire ça. »
« Ce n'est même pas vrai. » Harry enfonça la fraise dans sa bouche et offrit à Tom un autre type de sourire, un sourire qui contenait de la haine de soi. « Le professeur Dumbledore a renoncé à son âme sœur lorsqu'il s'est rendu compte qu'il n'y avait aucun moyen de faire revenir Grindelwald sur la voie du Seigneur des Ténèbres. »
« Mais il ne s'est jamais caché de lui », dit Tom, et il vit Harry tressaillir. Sa colère allait s'abattre sur le lien comme du grésil, et il le savait. Mais il ne pouvait pas épargner Harry, pas maintenant. Le problème avec la tromperie de Dumbledore, c'est qu'elle avait failli fonctionner.
Si Harry n'avait pas agi pour sauver la vie de Tom ce jour-là dans le bâtiment satellite de Ste. Mangouste - s'il n'avait pas été là - si Dumbledore n'avait jamais essayé d'assassiner Tom mais que, d'un autre côté, Harry n'avait jamais attiré son attention, ou l'avait fait et s'était ensuite enfui avant que Tom ne puisse découvrir ce qu'il était -, cela aurait fonctionné.
Cela aurait fonctionné. Il aurait passé le reste de sa vie dans une douleur et une solitude paralysantes.
« Non, il a fait quelque chose de plus difficile », dit Harry, et ses yeux étaient pleins d'une admiration qui donnait à Tom l'envie de tenir Dumbledore sous le Cruciatus. « Il a abandonné le lien alors qu'il était déjà établi. Je n'ai jamais eu à faire ça. »
« Et tu n'en auras jamais l'occasion non plus. » Tom n'avait pas pu s'en empêcher. Il s'avança, renversant le plateau du petit déjeuner sur les draps, saisit les mains de Harry et les plaqua sur l'oreiller au-dessus de sa tête. Les flammes bleues s'enroulèrent autour de ses doigts, semblant presque chanter, lorsqu'il toucha à nouveau la marque de Harry, et le plaisir qui imitait le lien physique qu'ils n'avaient pas encore créé frémit sous lui. Harry haletait, mais ses jambes étaient toujours repliées, ce qui empêchait Tom de s'approcher autant qu'il le souhaitait, et ses yeux étaient toujours remplis d'une flamme plus qu'assortie aux bleus. « Je ne reculerai jamais. Je ne te laisserai jamais partir maintenant. Tu comprends ? »
-HDD-
« Je comprends que les gens te croit fou à cause de ta possessivité. »
Harry ne savait pas où il avait trouvé la force de prononcer ces mots. Une partie de lui se réjouissait de toutes les émotions que Tom envoyait par le lien. Il était désiré. Personne ne lui disait, avec regret, qu'il ne pouvait pas l'avoir. Personne ne touchait délicatement le visage de son âme sœur devant lui et ne lui disait ensuite qu'il devait rester seul pour le reste de sa vie.
Mais le reste de son esprit se souvenait de la façon dont Tom avait essayé de faire entrer Harry dans sa vie, bien avant qu'il ne sache qu'ils étaient des âmes sœurs. Comment il avait planifié de le séduire et de coucher avec lui juste parce qu'il le pouvait. Les articles de journaux. Avoir gracié ses parents pour pouvoir les manipuler.
Et ses maudits votes.
« Ne sois pas d'accord avec moi, alors », siffla Tom en Fourchelangue, en se penchant jusqu'à ce que son corps coince Harry sous lui. Harry ignora l'envie d'ouvrir ses jambes et d'accepter Tom entre elles. Ce n'était qu'une distraction pour l'instant. « Lutte avec moi. Argumente avec moi sur les raisons pour lesquelles je devrais changer. Mais ne me quitte pas. Et ne te cache plus. »
« Je ne vois pas comment je pourrais le faire, même si je le voulais », fit remarquer Harry avec irritation. « Je ne suis pas assez fort pour utiliser un Obliaviato sur toi, et je ne connais rien qui puisse briser un lien émotionnel une fois qu'il est en place. »
« Oui. » Une fois de plus, Harry sentit une vague de suffisance l'envahir. Il secoua la tête et déroula ses jambes, repoussant Tom.
« Beurk », ajouta-t-il en posant son coude au milieu d'un bol de fraises écrasées. « Appelle un autre elfe de maison et demande-lui de nous préparer un autre petit déjeuner. » Il pensa brièvement à ce que dirait Hermione s'il profitait du service d'un elfe de maison, mais il ignora cette idée. Il ne savait même pas si ses amis allaient encore être ses amis.
Est-ce que j'ai renoncé à l'amour de tous ceux que je connais pour avoir mon âme sœur ?
Harry prit une profonde inspiration et se rappela qu'il n'avait pas beaucoup vu Ron et Hermione ces dernières années, depuis qu'ils avaient attaqué le Département des Mystères et s'étaient enfuis pour rejoindre les autres membres de l'Ordre en fuite. Et s'ils étaient de bons amis, comme Tom l'avait suggéré, alors ils ne l'abandonneraient pas sans l'écouter.
Mais est-ce que je peux trouver un argument suffisant pour expliquer à Hermione pourquoi je suis avec quelqu'un qui veut commettre un génocide sur tous ceux qui lui ressemblent ?
« Je n'apprécie pas la teneur de tes pensées. » Tom recula, mais garda sa main enroulée autour du poignet droit de Harry, caressant la marque de ses doigts d'une manière distraite, comme il pourrait le faire avec un chat qui se serait endormi à côté de lui. « Nous devons avoir une longue discussion, je pense, sur la signification de mes votes, sur ce que je pense des nés-moldus, et sur ce que j'ai voulu dire quand j'ai dit que la politique était un jeu. »
« Oui », dit Harry à voix basse. Il hésita. « Si c'est trop difficile pour toi, tu pourras me laisser partir. »
Tom le regarda fixement. Il y avait une lueur rouge dans ses yeux et Harry sentit un tremblement dans son bras qu'il pensa être celui de Tom qui était à deux doigts de lui saisir le poignet avec une force écrasante et qui ne put se retenir qu'au dernier moment.
« Tu crois que j'ai peur de me disputer avec toi ? »
« Je pense que si tu dois passer le reste de ta vie à débattre avec moi, tu seras plus tranquille si... »
Tom donna un coup sec sur son poignet. Harry grogna et essaya de rouler avec le mouvement, pensant que c'était le début d'une attaque, et se retrouva pressé contre la poitrine de Tom, les bras de ce dernier l'entourant, écoutant la respiration rapide de l'homme et les battements de son cœur.
« Je sais ce que signifie la paix », lui souffla Tom à l'oreille. « Cela signifie la solitude. J'ai passé de longues années à penser que je savais exactement à quel genre de personne ressemblerait mon âme sœur, et ce que je devais faire pour la gagner et la garder quand je la trouverais. Tu es différent de tous ceux que j'aurais pu imaginer, mais je m'en fiche. Je vais te garder, et faire tout ce qu'il faut pour y arriver »
Harry hocha la tête contre la poitrine de Tom. Honnêtement, il s'était attendu à ce que ce soit le cas lorsqu'il avait proposé de partir. Il se demandait même s'il avait espéré que Tom refuse, parce qu'il voulait être dorloté, caressé, gâté et...
Il grimaça. Tom pris immédiatement son menton dans sa main et le regarda dans les yeux.
« Qu'est-ce qu'il y a ? »
« Maintenant, c'est mon problème avec la décence. » Harry haussa les épaules et essaya de garder une voix légère, mais le regard de Tom lui indiqua qu'il ne s'en sortirait pas. « Je me demande si je vais continuer à poser des questions comme ça, à te tester et à faire comme si je voulais te repousser alors que ce n'est pas le cas, parce que je veux t'entendre déclarer que tu ne veux jamais me quitter. »
Tom l'embrassa, si profondément que Harry a eu l'impression que la tête lui tournait. Tom se retira finalement, alors que Harry aurait probablement manqué d'air s'il avait continué, et ronronna à son oreille : « Ça ne me dérange pas de répondre à cette question. Pousse autant que tu veux. Demande autant que tu veux. Tu es loin d'avoir atteint la limite de ce que je veux te donner. »
Harry acquiesça lentement. Puis il ajouta : « Je pense que nous devons encore avoir cette discussion. Et prendre le petit déjeuner ailleurs que dans un lit collant. »
« Oui, malheureusement, étant donné que nous ne pouvons pas rendre le lit collant comme je l'entends. »
Harry rougit à vue d'œil et essaya d'ignorer le fait que Tom avait été suffisamment proche de lui pour sentir déjà le résultat de son excitation. Il se leva et tendit la main à Tom, qui la prit en tirant dessus et descendit facilement du lit.
« Viens à la cuisine. Les elfes de maison seront heureux d'avoir plus d'une personne à servir. »
-HDD-
Harry s'assit sur la chaise en face de Tom, les yeux brillants et la bouche figée en une ligne que Tom était franchement ravi de voir. Harry se montrait docile ou rustre - comme il l'avait fait lorsqu'il pensait pouvoir éviter de se faire remarquer par Tom ou le faire reculer - et ce n'était pas la bonne façon pour lui d'agir. Tom avait envie de se lancer dans un millier de discussions avec lui plutôt que de les éviter et de finir par le perdre dans une de ces disputes inachevées.
« Alors, » dit Harry. « Je pense que nous allons commencer par le meurtre. »
Tom se contenta de hausser un sourcil. Harry allait aussi découvrir qu'il n'était pas facile à choquer.
Harry souleva le couvercle d'un plat d'œufs brouillés et le fixa un instant, comme s'il supposait que la perfection de la nourriture était quelque chose qui n'arrivait que dans les histoires, puis secoua la tête et se servit.
« Je suppose que tu veux parler du meurtre de ces individus sans défense sur lesquels tes amis ont fait s'écrouler le toit du Département des Mystères ? Nous pouvons certainement le faire. Qu'est-ce qu'ils essaieraient de dire pour se justifier auprès de toi ? »
Harry lui jeta un regard suspicieux et continua à manger. Il attendit délibérément d'avoir avalé pour dire : « Non. Ces gens que tu as assassinés et qui ont brûlé ta marque d'âme sur ta poitrine. »
« Oui. » Tom sourit. « Parlons-en. »
Harry marqua une pause. Puis il dit, sur un ton d'étonnement quelque peu masqué par le fait qu'il enfournait de nouveaux œufs dans sa bouche : « Tu n'as aucun regret, n'est-ce pas ? »
« Non, » répondit Tom. « Je ne me réveille pas tous les jours en me réjouissant de ce que j'ai fait, mais mes rêves ne sont pas troublés non plus. »
« Tu les as tués. Et leurs familles, qui ne t'ont jamais rien fait. »
« J'ai écrit à leurs familles pour demander justice. Et leurs familles m'ont ri au nez et m'ont dit qu'elles me tueraient, et pas seulement qu'elles brûleraient la marque sur ma poitrine, si je protestais auprès d'elles plus que je ne l'avais fait. »
« Je- »
Harry avait l'air choqué. Tom se concentra sur le lien. Oui, le choc était réel, se déversant comme de l'eau froide dans le lien qui les unissait.
Harry ressentait la même chose que lui, et il ferma les yeux une seconde. Il aurait ressenti le chagrin, la perte, Tom le savait. À chaque fois quand Tom pensait que le fait d'avoir sa marque d'âme brûlée pouvait signifier qu'il n'aurait jamais son âme sœur - quelqu'un qui voulait être avec lui, pour lui - et le fait que lorsqu'il en avait parlé, personne ne l'avait cru.
« Pourquoi personne ne t'a cru ? » chuchota Harry. « Tu as dû voir leurs visages. »
« Oui. Et c'était des sangs purs de Serpentard, mais ils étaient encore en sixième année. Ils n'avaient pas encore eu leur dix-septième anniversaire. Cela signifiait qu'ils étaient protégés par leur famille et qu'on ne pouvait pas les forcer à prendre le Veritaserum. Les professeurs répétaient qu'ils devaient les croire, parce qu'ils étaient deux et que je n'étais qu'un, et que leurs alibis se complétaient. Personne ne semblait remarquer à quel point ces fichus alibis étaient parfaits ». Tom respira un air réchauffé par six décennies de haine. « J'ai mis mes souvenirs dans un Pensine. Les professeurs ont dit que j'avais dû les modifier. Dumbledore n'arrêtait pas de secouer tristement la tête en disant que je devais inventer de fausses histoires par jalousie. »
« La jalousie ? » chuchota Harry.
« Ils avaient tous les deux leur âme sœur. Il paraît que j'étais devenu fou à cause de la perte de ma marque d'âme et que j'étais jaloux. »
« Alors quand vous les avez tuées... »
« Leurs âmes sœurs se sont suicidées quelques années plus tard. »
Harry détourna le regard. « Alors tu les as sacrifiés », murmura-t-il. « Et leurs familles aussi. »
« Ils m'ont sacrifié, moi aussi, au sadisme de leurs enfants ». Tom sourit, et il savait que Harry tressaillait à cause de ce qui s'écoulait du lien en ce moment même. Il s'en fichait. Harry comprendrait à qui il avait affaire, oui, mais il comprendrait tout le contexte. « Les professeurs, pour leur propre confort. Ils ne voulaient pas poser de questions qui les auraient mis mal à l'aise, eux qui essayaient d'obtenir justice auprès de familles de sang-pur importantes. Personne ne m'a aidé, Harry, même quand cela aurait été facile. J'ai dû me défendre tout seul. »
Harry déglutit, mais il avait l'air lourd et malade. Tom était désolé d'avoir dérangé l'appétit de son âme sœur, mais il s'assit et attendit les questions que Harry voudrait poser.
Elles vinrent rapidement. « Tu n'aurais pas pu les blesser d'une manière moins permanente ? »
Tom secoua la tête. « Comment ? Comment aurais-je pu leur rendre un mal équivalent ? Brûler leurs âmes-marques n'aurait rien changé, puisqu'ils avaient déjà trouvé leurs âmes-sœurs. Et ils auraient dit que c'était moi. Or, avant qu'ils ne meurent, quelqu'un leur a tendu une embuscade dans un couloir et leur a jeté des sorts - quelqu'un qui n'était pas moi, mais probablement quelqu'un qui se vengeait des brimades qu'ils infligeaient constamment aux Poufsouffles. Les professeurs m'ont tous blâmé et m'ont donné des heures de colle. Non, essayer de suivre la voie de la justice n'a pas fonctionné, et essayer de faire quelque chose de moins que d'être complètement intraçable n'aurait pas fonctionné non plus. Ils étaient tous prêts à se retourner contre moi. »
« C'est horrible », murmura Harry. « Mais ça ne justifie pas le meurtre ou le sacrifice d'innocents. L'Ordre essaie de vivre... »
« Ils vivent exactement selon les mêmes principes. » Tom se pencha, la lèvre retroussée. « Ou alors, que faisait Dumbledore en te demandant d'être un sacrifice et en se préparant à tuer des centaines d'innocents ? »
« Il m'a expliqué pourquoi je devais l'être, quand j'ai été assez grand, j'ai accepté... »
« Et a-t-il demandé le consentement et l'accord de toutes les personnes qui seraient mortes dans sa tentative de m'atteindre ? A-t-il même dit la vérité sur ce qu'il faisait à tes parents et à tous ceux qui auraient pu contribuer à ce sortilège ? »
Harry ferma les yeux, tandis que le lien irradiait du chaos de ses émotions. Puis il s'atténua et Tom soupira. Il espérait entendre un argument solide de la part de Harry cette fois-ci, et non un autre bromure élaboré par Dumbledore.
Harry le regarda et dit, calmement mais avec une conviction absolue : « Oui, les professeurs ont échoué, et Dumbledore aussi. Mais ce n'est pas pour autant que ce que tu as fait est bien ».
Tom rit de plaisir. Les sourcils de Harry se plissèrent de confusion, et Tom tendit la main pour caresser la cicatrice sur son front. « Comment t'es-tu fait ça ? »
« Accident de balai », murmura Harry, puis il se secoua vivement pour se mettre hors de portée. « Comment peux-tu rire quand je dis quelque chose comme ça ? »
« Parce que j'ai toujours espéré que mon âme sœur aurait un esprit rebelle. Quelqu'un qui me vénère m'ennuierait. Mais quelqu'un qui pourrait partager ma vie pour toujours devrait être capable de me tenir tête et de se défendre. »
« Nous sommes toujours en train de décider si éternité il y aura. »
« Bien sûr. Pour l'instant, seul le lien émotionnel est établi. Nous n'avons rien de tel que le lien magique qui suffirait à nous renforcer pour que nous n'ayons pas à mourir si nous ne le voulons pas. »
« C'est impossible. Les gens ont pensé que des âmes sœurs liées pouvaient être immortelles, mais ils se sont trompés. »
« Veux-tu voir mes calculs arithmantiques qui prouvent qu'ils se sont trompés ?"
« Je ne connais pas assez l'arithmancie pour être sûr.. » Harry serra la bouche. « Tu me détournes du sujet duquel nous parlions. »
« D'accord. » Tom se pencha en arrière et croisa les jambes. « Donc Langley et Yarrow sont morts il y a plus de soixante ans. Je ne peux pas les ressusciter. Je ne demanderai pas aux Langues de Plombs de faire des recherches sur le voyage dans le temps pour remonter le temps et empêcher leurs meurtres. Que veux-tu que je fasse pour expier ? »
« Tu serai prêt à te racheter ? »
Tom rit doucement. « Pourquoi pas ? Cela dérange mon âme sœur. »
Harry croisa les bras. « Tu ne devrais pas vouloir expier parce que ça me dérange. Tu devrais vouloir te racheter parce que... eh bien, parce que tu as des principes éthiques plus élevés. »
Sa voix s'était éteinte à la fin, et Tom lui a souri. « Oui, tu commences à remettre en question ceux qui t'ont enseigné ces principes éthiques supérieurs, n'est-ce pas ? »
Harry lui jeta un regard obstiné, puis serra les mains en poings. « Ils n'ont pas tort sur tout. »
« Peut-être pas. Je suis prêt à écouter et à considérer tes arguments. Mais je ne vais pas dire que Dumbledore avait raison simplement parce qu'il est Dumbledore. Je ne vais pas me flageller de culpabilité à cause de gens qui méritaient de mourir. Je ne vais pas accepter de sacrifier notre lien d'âmes sœurs. »
« Ce ne serait pas impossible de toute façon ? Je veux dire, maintenant qu'il a été établi. »
La panique s'était emparée du lien. Tom traversa la table pour lui toucher la main. « Oui, ce serait impossible. C'est pourquoi nous devons faire des compromis - tous les deux - et apprendre à nous respecter. Et si tu es dégoûté par l'idée que deux adolescents méritent de mourir pour avoir brûlé ma marque d'âme, alors comprends à quel point je suis dégoûté que Dumbledore ait choisi d'attribuer mes tentatives d'obtenir justice à la jalousie, et qu'il ait ensuite décidé que je méritais d'être seul pour le reste de ma vie à cause de sa propre erreur. »
« Je n'accepterai jamais qu'un meurtre soit la solution à un problème. »
« Je n'ai pas recommencé. J'étais instable quand j'étais adolescent. »
« C'est censé l'excuser ? »
« Les bonnes intentions de Dumbledore et le fait qu'il ait échoué sont-ils censés excuser sa propre tentative de meurtre ? »
Harry ferma les yeux une seconde de plus, ses doigts se resserrant autour de ceux de Tom au point d'en être douloureux. Tom ne bougeait pas, et ne libérait pas Harry de son regard intense. Après quelques instants, Harry rouvrit les yeux et hocha lentement la tête.
« Oui. D'accord. Faisons un compromis. »
Tom sourit. C'était un bon début pour leur début de vie commune.
