Tom entra dans le Ministère et savoura le choc dans le regard des gens qui le regardait, comme si c'était un jour normal et qu'il passait toujours par le même feu de cheminette pour se rendre à son bureau. Il salua la foule d'un signe de tête distant et garda les yeux rivés vers l'avant. Quelqu'un allait bientôt s'approcher de lui.
« Monsieur le Ministre ! »
Il n'avait pas prévu que la première personne à le faire serait Percy Weasley, mais l'homme ne semblait pas partager les craintes exagérées du reste de sa famille. Tom se tourna vers Weasley, son léger sourire bien en place. « Oui, Monsieur Weasley ? » demanda-t-il, et le silence s'épaissit à mesure que ses mots tombaient.
Weasley s'arrêta devant lui, le regardant attentivement. « Nous voulions nous assurer que vous alliez bien, monsieur. Personne ne vous a vu depuis que vous avez disparu du gala hier soir. »
Tom acquiesça. « Mais vous avez bien reçu les hiboux qui ont annulé ma rencontre avec le directeur du Département de la Coopération Magique Internationale, n'est-ce pas ? » Weasley était le sous-secrétaire de Bartémius Croupton, qui dirigeait le-dit département.
« Oui, bien sûr, monsieur ». Weasley trottina anxieusement à ses côtés tandis que Tom se dirigeait vers les ascenseurs qui le conduiraient à son bureau. « Mais nous nous demandions simplement- puisque nous savons que vous ne quitteriez pas un événement officiel aussi important sans une excellente excuse... »
Tom tourna la tête. Weasley se tût devant l'expression de son visage et s'inclina précipitamment, l'expression un peu crispée.
« Bien sûr, monsieur, bien sûr », murmura-t-il, bien que Tom n'ait rien dit.
« Merci », dit Tom, puis il monta dans l'ascenseur, laissant Weasley se demander à quoi servaient ses remerciements. Cela devrait lui faire gagner suffisamment de prudence pour qu'il soit plus courtois lorsqu'il aurait de nouveau l'idée d'approcher à nouveau Tom.
Les ragots se déplaçaient rapidement, mais Tom ne s'attendait pas à moins. Lorsqu'il sortit de l'ascenseur, plusieurs personnes l'attendaient pour le saluer, mais la seule importante était Amélia.
Tom la salua d'un signe de tête et se dirigea vers son bureau.
« Madame Bones, si vous le voulez bien ? »
Amélia congédia le reste de ses collègues avec quelques haussements de sourcils - rien de plus ne fût nécessaire, elle avait bien formé son personnel - et le suivit dans son bureau. Elle le dévisagea alors qu'il s'asseyait derrière son bureau. « Il doit s'agir de quelque chose d'important pour que vous n'en ayez parlé à personne après avoir quitté le gala. »
« Dites-moi, Amélia, que pensez-vous avoir vu au gala entre Harry Potter et moi même ? »
Elle croisa son regard et attendit un moment avant de dire : « Il semblait que votre magie se mêlait à celle de M. Potter. Mais cela devrait être impossible, sauf entre âmes sœurs. »
Tom la regarda fixement.
Ses yeux s'écarquillèrent et cherchèrent un instant le phénix de diamant et d'onyx qui pendait à une chaîne autour de son cou. Puis elle se mit à sourire. « Oh, félicitations, monsieur. Félicitations, en effet. » Elle marqua une pause, puis ajouta délicatement : « Mais je croyais que le jeune M. Potter n'était pas votre âme sœur ? »
Tom soupira et déplaça un papier marqué "urgent" sur le côté du bureau. « Vous vous souvenez que jusqu'à récemment, ses parents étaient des fugitifs ? Ils se sont enfuis quand j'allais les arrêter pour les interroger sur ce qu'ils savaient de certains des raids que l'Ordre du Phénix préparait. »
Amélia montra à nouveau sa rapidité d'esprit. « Ils lui ont donc appris à vous craindre. »
Tom acquiesça. « C'est mon nom, Amélia, qu'il porte. » Il se délecta un instant du regard émerveillé de la jeune femme. Il y avait encore des sangs-purs parmi les plus anciens qui pensaient que les marques d'âme nominatives étaient plus impressionnantes que toutes les autres et qu'elles indiquaient que le lien serait d'une force particulière une fois qu'il serait établi. Tom soupira et changea sa voix en une voix empreinte d'une profonde tristesse. « Et il est à moitié fou de honte pour ça. »
« De honte ? » Amélia le dévisagea, sa bouche se figeant lentement en une ligne. « Et James et Lily Potter lui ont appris cela ? Je n'aurais jamais pensé qu'ils étaient ce genre de personnes. »
« Ils lui ont appris à l'époque, mais ils ont changé, appris de nouveau. Je n'ai plus aucun doute sur le fait qu'ils peuvent l'aider à apprendre à vivre avec. » Tom se pencha en arrière et croisa pensivement les bras derrière sa tête. « Mais je ne pense pas que ses parents aient eu cette idée d'eux-mêmes. Ils étaient à peine dans la politique quand il est né. Non, quelqu'un d'autre les a effrayés. Mais je dois trouver cette personne, et je n'ai que peu d'indices. Harry n'aime pas en parler ».
À travers ses cils baissés, Tom observa Amélia qui réfléchissait avant de dire : « C'est sûrement Albus Dumbledore, qui est derrière tout ça. »
Tom se laissa aller à rouler des yeux, tandis que le plaisir brûlait en lui comme une flamme en réserve, dont la chaleur n'était surpassée que par le lien émotionnel avec Harry qui était constamment comme drapé autour de ses épaules. « Amélia, vous savez aussi bien que moi que nous avons cherché à trouver quelque chose qui relie Albus à l'Ordre du Phénix, et que nous n'avons rien trouvé de concluant. »
« Et votre âme sœur n'est pas disposée à donner ce témoignage ? Et ses parents ? »
Tom soupira. « Amélia, je ne peux pas les faire témoigner contre le vieil homme, même s'ils ont un lien avec lui. Le chemin pour qu'Harry Potter m'accepte comme son âme sœur sera suffisamment difficile sans lui demander de trahir une loyauté aussi ancienne. De même, ses parents n'ont aucune raison de me faire confiance. »
« Vous les avez graciés ! »
« Oui, mais à l'époque je m'intéressais à leur fils. Et certains diront aujourd'hui que je connaissais depuis le début le prétendu secret de la marque d'âme de Harry et que je les ai graciés pour le manipuler. » Il s'agissait d'une véritable manipulation à l'époque, mais Tom savait, au feu qui montait dans les yeux d'Amélia, qu'elle deviendrait désormais l'une de ses plus ferventes défenseuses contre cette idée. « Nous ne pouvons pas trouver la preuve de cette façon, et je n'essaierai pas. »
« Et si je parlais à M. et Mme Potter ? »
« Je ne pense toujours pas que ce soit une bonne idée d'avoir un représentant important du ministère... »
« En tant que parent concerné. »
Tom cligna des yeux. « Je ne savais pas que vous aviez de la famille à Poudlard en ce moment. »
« Eh bien, non », admit Amélia. « La dernière était ma nièce Susan, qui a été diplômée avec M. Potter. » Elle adressa à Tom un léger sourire. « Mais elle m'a raconté deux histoires sur la façon dont Albus l'a approchée et lui a demandé de venir à des 'réunions privées' où il pourrait lui donner des 'instructions spéciales'. Susan a refusé sur les conseils de ses parents. Mais maintenant... »
« Oui, on dirait bien que le directeur tentait d'influencer une élève. Mais ce n'est pas la même chose que de dire qu'il est derrière l'Ordre du Phénix ou les activités qu'ils ont pu entreprendre. »
« Comme les tentatives d'assassinat à votre encontre ? »
C'est elle qui l'a suggéré, pas moi. Tom regarda ses mains pendant un moment. « Amélia... »
« Je sais très bien que vous n'aimez pas le vieil homme, monsieur. Je ne sais pas pourquoi vous n'avez pas agi plus agressivement pour l'abattre avant qu'il ne vous refuse la justice pour la brûlure de votre marque d'âme. »
Tom ne s'attendait pas à cela. Il regarda Amélia un instant, puis haussa les épaules, jouant sans problème de sa réaction honnête. « Enfant, à quoi cela aurait-il servi ? Et en grandissant, oui, je ne l'aime pas, mais je sais très bien qu'il est un pilier de la communauté et une force pour le bien à Poudlard. »
« Cela ressemble moins à du bien qu'à de la manipulation pour moi. » Amélia se mit à marcher d'avant en arrière pendant un moment. « Je vais mettre Griselda au courant. Je sais qu'elle voudra être impliquée. »
Griselda Marchbanks était un membre éminent du Magenmagot, et l'âme sœur d'Amélia. Tom ne laissa pas ses lèvres frémir, même s'il en mourrait d'envie. « Si vous êtes sûre de vous. »
« Je le suis ». Amélia s'arrêta près de la porte et regarda par-dessus son épaule. « Félicitation pour votre âme sœur, Monsieur le Ministre. Voulez-vous que je m'en occupe avec les Aurors ? »
« S'il vous plaît. » Tom n'avait pas hâte d'expliquer à sa garde rapprochée surprotectrice pourquoi il l'avait laissée derrière lui au milieu du gala.
Amélia acquiesça avec un doux sourire. « Alors, je le ferai. Encore toutes mes félicitations, Monsieur le Ministre. » Et elle sortit par la porte.
Tom resta quelques instants les yeux fermés, puis se mit à travailler sur quelques formulaires et rapports qu'il devait absolument lire et signer. Il écoutait cependant, et lorsque le vacarme dans le couloir devint suffisamment fort, il interpella "Entrez" sans lever les yeux de son bureau.
La porte s'ouvrit et Jalena Whipwood entra dans la pièce. Sa respiration était suffisamment forte pour étouffer le bruit de ses pas, une première pour Tom.
Il se pencha en arrière et la regarda avec des yeux suffisamment calmes pour que cela semble exaspérer davantage Whipwood. Elle se pencha en avant, les mains appuyées de chaque côté du bureau, et siffla : « Monsieur le Ministre, que pensiez-vous faire exactement ? »
« Quitter le gala ? »
« N'importe quoi. Mais oui, commençons par cela. Monsieur. »
Tom ne s'attendait pas à ce que Whipwood perde son sang-froid à ce point. La plupart du temps, c'était elle qui disait aux autres qu'ils ne devaient pas exploser de colère car cela ne ferait que faire mal réagir Tom. (Les sorts d'écoute dans les bureaux des Aurors étaient si utiles). Mais là, elle avait l'air prête à le jeter du haut d'une falaise.
Tom l'observa pensivement suffisamment longtemps pour qu'elle semble prête à crier à nouveau, puis se contenta de lui sourire. « J'ai trouvé mon âme sœur. »
Whipwood ouvrit la bouche pour parler, puis sembla se retrouver à court de mots. Elle secoua la tête et dit dans un croassement doux : « Quoi ? »
« Je ne vous en veux pas d'avoir été surprise », dit Tom, mais il observait et il savait que l'émotion sur son visage était plus profonde que la surprise. On aurait dit...
De la déception ?
Et pourtant, Whipwood était une âme sœur heureuse, et sa femme l'aurait certainement su si Whipwood avait des penchants ailleurs.
Tom sortit sa baguette et la tint prête sous le bureau, en travers de ses jambes, tout en secouant la tête. « Pas de félicitations ? Ou êtes-vous encore trop surprise ? »
Whipwood se racla la gorge. « Stupéfaite, monsieur. Je suppose que lorsque quelqu'un reste sans son âme sœur pendant des années, on suppose qu'il en sera toujours ainsi. Mais bien sûr, je suis heureuse pour vous ». Elle sourit et s'éloigna.
Tom n'aurait pas eu besoin d'être un Legilimens pour sentir le mensonge dans ces mots. Et il était prêt lorsqu'elle lui lança un sort pour l'assommer, sournoisement, bien que le fait qu'elle n'ait pas utilisé de baguette ait été une surprise en soi.
Tom fit claquer un Protego et se leva calmement. Il était vraiment calme, et pas seulement parce qu'il voulait éviter d'alarmer Harry par le biais du lien, même si c'était un effort important.
Il contourna le bureau, les yeux rivés sur Whipwood. Elle s'était déjà mise en position de duel.
« Vous constaterez que toutes les protections anti-transplanage autour de mon bureau ont été levées, » dit Tom. « De même que celles qui désactivent les Portauloins et les cheminettes les plus proches. »
« Je n'ai pas envie de m'enfuir de toute façon », dit Whipwood avec un sourire aveuglant. « Espèce de salaud. »
« Alors dites-moi, comment en êtes-vous venue à travailler pour l'Ordre du Phénix ? » Tom observa la rougeur qui montait de son cou à ses joues. Whipwood était une bonne duelliste, comme tous les Aurors qui avaient gravi les échelons aussi haut qu'elle, mais ils mesuraient leur talent dans des matchs d'exhibition. Le poison dans la forêt était de sa part, elle était la traîtresse, c'était obligé. Mais Tom avait lu tous les rapports, et ils disaient qu'elle n'était pas bonne du tout en duel quand elle se battait en colère.
Tom voulait qu'elle soit incroyablement en colère quand il aurait fini.
« Thera Wildwood. Vous souvenez-vous de ce nom ? » Whipwood commença à se déplacer dans le cercle des duellistes. Tom suivit.
« Non, je ne peux pas dire que je m'en souvienne. Un parent à vous ? »
« Non. Une amie. Une amie moldue. »
« Ah. » Tom pensait voir où tout cela allait mener. Il garda les pieds libres et les yeux fixés sur la baguette de Whipwood. Il aurait pu demander de l'aide, mais il était honnêtement intéressé par le genre d'informations qu'il pouvait tirer d'ennemis qui fulminaient, et les Aurors qui entraient dans le bureau risquaient d'hésiter un instant entre lui et Whipwood, et de créer des distractions fatales.
« Elle savait que vous ne lui permettriez jamais de rester dans le monde des sorciers après avoir terminé ses études à Poudlard. Alors elle vous a volé. »
« Je ne me souviens pas d'un tel vol dans mes coffres. » Tom avait bâti sa fortune grâce à des dons, des cadeaux, des testaments de riches disciples sans enfants, et le genre de pots-de-vin malavisés que les gens pensaient pouvoir utiliser pour l'influencer dans les premières années.
« Elle vous a volé son talent et son avenir. Elle a dit qu'elle travaillerait dans le monde moldu et qu'elle leur révélerait la magie. Pourquoi ne pas le faire ? Ils méritent d'avoir de la magie pour soigner leurs maladies et leurs blessures, comme n'importe qui d'autre ! Savez-vous que nous pouvons guérir un bras cassé en quelques heures alors qu'il leur faut des semaines ? »
Tom se retroussa un peu les lèvres. Il ne servait à rien d'essayer de débattre avec un fanatique, mais il pouvait penser à des mots qui pourraient pousser Whipwood à aller plus loin dans sa diatribe. « Et il ne vous est jamais venu à l'esprit, à l'une comme à l'autre, que la nouvelle d'un tel 'miracle' pourrait faire tomber les Moldus sur nous comme des rats sur des œufs ? »
« Qu'est-ce que ça peut faire ? Ce monde est tellement corrompu qu'il aurait bien besoin d'être secoué ! »
Whipwood lança un nouveau sort pendant qu'elle parlait encore, cette fois avec l'Avada Kedavra.
Tom s'en écarta et concentra toute sa magie dans un souffle de chaleur. Il entendit les gens commencer à frapper à la porte. Apparemment, quelqu'un avait enfin remarqué que les barrières anti-transplanage s'étaient levées et était maintenant impatient de faire son travail correctement.
De plus, il pourrait obtenir des informations de Whipwood plus tard avec Légilimencie et le Veritaserum, et il pensait qu'il devait à Harry de ne pas être blessé.
Whipwood leva le bon bouclier pour faire face à la malédiction qu'elle s'attendait à recevoir, mais il ne s'agissait pas d'une malédiction, mais d'une simple chaleur, aussi impossible à arrêter par un bouclier magique qu'un coup de soleil. Whipwood hurla tandis que des cloques explosaient le long de ses bras levés et que sa baguette prenait feu. Tom frappa du pied une fois sur le sol, libérant les protections et dirigeant sa magie en même temps.
Lorsque les Aurors firent irruption par la porte, Whipwood était étalé, inconsciente, sur la pierre.
« Monsieur ? » Kingsley Shacklebolt s'avança, les yeux écarquillés. « Vous allez bien ? »
« Malheureusement, l'Auror Whipwood m'a attaqué. » Tom haussa les épaules et abaissa sa baguette. « Je dois admettre que je ne comprends pas toutes ses motivations, mais elle semble travailler avec l'Ordre du Phénix, et m'a attaqué en apprenant que mon âme sœur avait été retrouvée. »
Il observait leurs visages, et vit les quelques personnes qui tressaillirent ou s'éloignèrent de lui. Tom leur sourit, et ils cessèrent brusquement de bouger. Kingsley n'avait pas cillé, mais il avait pris un léger air choqué.
« C'est une bonne nouvelle, Monsieur le Ministre. » Kingsley se racla la gorge et tendit la main pour faire léviter Whipwood. « Pensez-vous qu'elle était également responsable de l'attaque dans la forêt ? »
« Elle l'était. » Tom soutint le regard de Kingsley un instant. « J'aimerais savoir, Auror, pourquoi personne au Département de l'Application des Lois Magiques n'a soupçonné que le traître était l'un des leurs. »
« Je poserai également cette question, Monsieur le Ministre. »
La voix de Kingsley était dure comme il se devait, et après un moment de réflexion, Tom lui fit un signe de la main. « Allez faire ce que vous avez à faire, Auror Shacklebolt. Je dois rentrer chez moi pour récupérer pendant quelques heures, mais je reviendrai ».
Kingsley acquiesça une fois, puis sortit du bureau, Whipwood flottant derrière lui et les voix des Aurors s'élevant. Tom leur lança un regard impassible, et ils comprirent l'allusion et s'en allèrent.
J'espère que je n'ai pas trop volé la vedette à Amélia, pensa Tom, et c'est à ce moment-là qu'un désespoir brutal traversa le lien de la direction d'Harry et il disparut sans penser à ce qui se passerait lorsque d'autres personnes ressentiraient cette secousse à travers les boucliers du Ministère dans son ensemble.
-HDD-
Harry leva les yeux du livre dans lequel Tom avait écrit ses calculs arithmantiques et haussa légèrement les sourcils lorsqu'il vit une lueur argentée devant lui. S'agissait-il d'une sorte de protection dont Tom ne lui avait pas parlé ? Tom était en ce moment même au Ministère pour apaiser les esprits qui, selon lui, s'échaufferaient puisqu'ils avaient quitté le gala ensemble, et Harry essayait de trouver le courage d'envoyer un hibou à ses parents.
C'est alors que la lueur argentée se transforma en un Patronus de loutre très familier, et Harry sentit son souffle se couper tandis qu'il le fixait. Il ne pouvait pas... il ne pouvait pas répondre...
« J'ai trouvé le moyen de mettre un charme de synchronisation sur mon Patronus pour qu'il ne se manifeste que lorsque tu es seul », dit la voix d'Hermione à partir de la bouche de la loutre. « Harry, Ron et moi allons bientôt nous aventurer dans le monde des sorciers sous des déguisements. Sois au Chaudron Fuyant à deux heures de l'après-midi le quatre. »
Le Patronus se dissolut et Harry enfouit sa tête dans ses mains. Tous les doutes qu'il avait dissipé lorsqu'il était dans les bras de Tom revinrent à la surface comme une vague déferlante.
Comment allait-il expliquer cela à Ron et Hermione ? Comment pouvait-il le faire, bordel ?
Mais il savait qu'il devait être là. Tom allait placer des Aurors sur lui, ou vouloir le faire, à chaque fois que Harry se déplacerait en public, mais ce serait un plan caduc. Harry devait voir ses amis.
Il voulait s'expliquer. Il voulait qu'ils soient heureux pour lui. Il pensait que c'était trop espérer qu'il y parviendrait dès la première conversation, mais c'était quand même quelque chose qu'il voulait.
« Harry ? »
Harry sursauta et se tourna vers la porte d'entrée, clignant des yeux lorsqu'elle s'ouvrit. Que faisait Tom ici ? Il était parti il y a près d'une heure, mais il avait dit qu'il s'attendait à être au ministère une bonne partie de la matinée.
« Qu'est-ce qui ne va pas ? » Tom ferma la porte derrière lui et se dirigea vers Harry, les yeux plissés comme s'il cherchait quelqu'un qui lui aurait causé du tort.
Et bien sûr, c'était le cas. Ce fichu lien affectif, réalisa brusquement Harry. Il avait pensé que la distance pourrait l'affecter - ce n'était pas quelque chose que les gens qui avaient trouvé leur âme sœur expliquaient en public - mais il aurait dû savoir que même si c'était la façon dont cela fonctionnait habituellement, ce n'était pas le cas pour eux.
« Pourquoi t'es-tu énervé ? »
Harry se rassit dans son fauteuil avec un long soupir et secoua la tête. « Je pensais juste à comment j'allais tout leur expliquer », dit-il. Il soupira à nouveau lorsque Tom s'installa à ses côtés et passa une main dans ses cheveux. Le lien chantait autour de lui, plus palpable lorsqu'ils étaient l'un à côté de l'autre, serrés, chauds et proches qu'autrement. « Je sais que tu n'as pas beaucoup d'amis, mais pour moi, mes amis étaient les personnes avec lesquelles je pensais passer ma vie. Je me demandais comment leur expliquer et je ne trouvais rien ».
Tom sourit, se pencha jusqu'à ce que sa bouche soit près de l'oreille de Harry et souffla : « Conneries. ».
Harry ouvrit les yeux en un clin d'œil. Il avait apprécié la chaleur de leur lien émotionnel et ne s'attendait pas du tout à ce mot.
« C'est plus que ça qui te perturbe. Tu es passé du calme à l'effroi en quelques secondes. Je l'ai senti. » Tom tourna autour de lui et prit une autre chaise avec un sourire agréable. Ces yeux affamés, bien sûr, signifiaient que le sourire n'aurait pas trompé quiconque était proche de lui. Et Harry pouvait aussi sentir le lien qui se renforçait avec le désir et le manque d'amusement de Tom. « Dis-moi. »
« C'est vraiment... »
« Le lien signifie que tu ne pourras plus jamais me mentir, Harry. Et j'étais là, l'autre jour, à penser que tu ne voudrais jamais le faire, parce que bien sûr, tu as appris mieux que ça maintenant que nous nous sommes trouvés comme des âmes sœurs. » Tom pencha la tête et soupira. « Il semble que non. Allez, dis-moi. »
Harry serra les dents. « C'est à propos des gens que tu détestes. »
« C'est dommage, n'est-ce pas ? »
« Donc je n'ai pas le droit d'avoir une vie privée tant que le lien existe ? »
Tom haussa les épaules. « Je n'ai pas l'intention d'utiliser Légilimencie sur toi sans une excellente raison. Mais me mentir pendant des années et des années signifie que tu n'auras pas ma confiance tant que tu n'auras pas prouvé que tu es sincère. »
Harry ferma les yeux. Le lien ne pouvait pas cacher la douleur qui accompagnait les paroles légères de Tom et qui lui rappelait, une fois de plus, qu'il avait toujours connu la vérité, alors que Tom avait dû faire face à l'idée qu'il était seul au monde. Il hocha lentement la tête. « C'était un message de Ron et Hermione. »
Il y eut un silence en face de lui, mais pas du côté du lien. Il piquait et remuait comme un dragon ancien qui ouvrirait un œil.
« Laisse-moi deviner », chuchota Tom, et Harry savait qu'il ne devrait pas être excité par le ton de sa voix, mais il était si difficile de faire autrement. Et il ne devait pas non plus penser au mot "difficile". « Ils veulent te rencontrer et te convaincre de redevenir un martyr pour la cause de l'Ordre. Bien sûr qu'ils le voudraient. »
« Ils... il ne s'agit pas de me persuader d'être un martyr... »
« Mais ils pensent que c'est mal que tu aies trouvé ton âme sœur, bien sûr. Leur as-tu dit qu'ils peuvent te considérer comme une victime innocente parce que je ne t'ai pas laissé le choix ? »
« Je n'ai pas encore renvoyé de message », grommela Harry.
Tom acquiesça. « Eh bien, il suffit de dire que tu n'iras à aucune réunion sans moi. »
« Tu es fou ? »
« Non. C'est ce que Dumbledore voulait que je sois, mais j'ai réussi à l'éviter. J'ai toujours cru que je trouverais un jour mon âme sœur. »
« Dumbledore ne voulait pas que tu... »
« Pourquoi fais-tu tout ce que tu peux pour les excuser ? Que devrais-je faire pour gagner le même genre de loyauté de ta part, Harry ? Te maltraiter pendant le même nombre d'années ? »
Harry prit une inspiration difficile. La vérité était là, mais il ne savait pas s'il avait la force de la dire.
Tom continua à le fixer intensément et silencieusement, au lieu de parler, et cela donna enfin à Harry le courage de murmurer : « Je pense que les blâmer serait de la complaisance. Parce qu'une partie de moi croit encore que je suis faible de t'avoir cédé et qu'il serait étrange de blâmer l'Ordre pour cela alors que je pourrais me blâmer moi-même. »
Tom le considéra encore un instant, puis acquiesça. « Je ne pouvais guère m'attendre à ce que tu sortes indemne de cet endoctrinement », murmura-t-il, et il tendit les doigts pour les laisser tracer doucement l'os du poignet droit de Harry, près de la marque de l'âme, mais sans la toucher. « Très bien. Je t'accompagnerai sous une cape d'invisibilité et je resterai silencieux. Mais je serai là. »
« Si je m'enfuyais, tu n'aurais pas tant de mal à me retrouver », marmonna Harry, irrité de constater qu'il rougissait et qu'il voulait seulement que Tom continue à le toucher.
« Il s'agit de bien plus que cela. Tu as cru que j'aimais voir ta souffrance ? »
« Je sais que ce n'est pas le cas, mais c'est d'autant plus étrange que tu veuilles m'accompagner ! Parce que je vais souffrir quand je leur parlerai. C'est inévitable. Pourquoi ne pas rester ici et attendre un rapport de ma part, ou faire ce que tu as à faire au ministère ? »
« En fait, il a fallu limiter les dégâts là bas. » Tom ne s'éloignait toujours pas et n'arrêtait pas de le toucher.
« Et ce que je veux dire par ne pas aimer la vue de ta souffrance, c'est que je ferai tout ce que je peux pour l'empêcher. »
« Rien ne peut l'empêcher. » Harry ferma les yeux et secoua la tête, essayant de déterminer dans sa propre tête si ce qu'il ressentait lorsque Tom le touchait valait la perte de ses plus anciennes amitiés.
« C'est comme ça, c'est tout. »
« Alors au moins je pourrai être là quand tu voudras t'effondrer à cause des idées erronées que je suis sûr que Weasley et Granger vont exprimer. »
Harry déglutit et rencontra les yeux de Tom, vit la noirceur déterminée qui y brûlait. « Tu ne va pas changer d'avis à ce sujet, n'est-ce pas ? »
« Non. On peut en discuter, si tu veux. » La bouche de Tom tressaillit d'un amusement que ses yeux et le lien, épais, sombre et étroit, ne reflétaient pas. « J'aime bien ça. »
« J'aurai besoin d'un peu d'intimité à un moment ou à un autre, une vie privée. »
« Je m'y attends. Je respecte cela. Mais tu n'auras pas d'intimité pour quelque chose qui te cause autant de douleur. »
Au bout d'un moment, Harry acquiesça, puis se réarrangea dans le fauteuil de façon à s'appuyer contre l'accoudoir. Tom déplaça sa propre chaise de façon à ce que son bras soit sous la tête de Harry. Harry soupira et murmura : « Alors, que s'est-il passé au ministère ? Est-ce que tout le monde me déteste maintenant, ou est-ce que personne ne sait ce qui s'est passé ? »
« Je ne garderai pas notre lien secret », dit Tom en passant ses doigts dans les cheveux de Harry et sur la vieille cicatrice de son front. « Il y a trop de chances que quelqu'un d'autre te remarque, maintenant que tu as été introduit dans les cercles de pouvoir, et essaie de te séduire. »
Harry soupira. « Je n'irais pas avec eux. »
« Je ne veux pas être témoin de ça. »
« D'accord. Mais que s'est-il passé ? »
Tom se pencha vers lui et commença à parler en Fourchelangue, et Harry s'oublia presque dans la voix chaude qui lui parlait doucement et le lien qui l'entourait comme une flamme qui ne brûlait pas et qui ne faisait que donner un peu de chaleur dans un hiver glacial.
-HDD-
Harry se tenait debout, les mains serrées dans la salle de restauration du Chaudron Baveur, et essayait d'ignorer les regards avides qui venaient de tous les coins de la pièce. Ils lui donnaient des fourmis dans les jambes. Les gens savaient qu'il était l'âme sœur du ministre, maintenant.
Ils ne savaient pas que ses deux meilleurs amis seraient bientôt là. Et ils ne savaient pas que le ministre se trouvait en ce moment même dans le fauteuil à côté de Harry, sous la cape d'invisibilité qui appartenait à la famille Potter.
Harry avait l'impression d'être - enfin, d'être le seul à connaître toute la vérité, même si ce n'était pas le cas. Tom le savait. Mais il pensait que tout allait bien, ce qui ne faisait qu'accroître le stress de Harry qui se demandait si c'était un bon signe ou non.
Les réactions de ses parents avaient été étrangement discrètes. Lily l'avait regardé dans les yeux, avait soupiré et l'avait entouré de ses bras. « Je pense que c'est peut-être la mauvaise décision, mais je te soutiendrai quoi que tu décides de faire », avait-elle murmuré.
James avait toussé et donné à Harry une tape maladroite sur l'épaule. « Il y a longtemps que je ne me suis pas occupé de toi, et tu es un homme maintenant », avait-il dit. « Tant que tu y réfléchis et que tu es sûr de ce que tu veux, Harry. ».
Le problème, c'est que Harry n'était pas sûr. Et plus il essayait de chercher quelqu'un qui pourrait lui dire quoi faire, plus il avait l'impression d'être dans un petit bateau ballotté sur des eaux agitées.
« Potter. »
Harry se retourna avec un soupir de soulagement. Les personnes qui se tenaient devant lui devaient être Ron et Hermione, bien que les déguisements fussent si bons qu'ils donnaient vraiment l'impression d'être les hommes barbus qu'ils semblaient être. Des sorciers, même, avec des cheveux crépus qui pendaient sur les côtés de leur tête. « Tu as quelque chose pour moi ? » demanda-t-il, le signal qu'il avait arrangé lors d'autres échanges de Patronus avec Hermione.
Des échanges dont Tom était au courant et dont il avait été témoin. Harry avait l'impression d'avoir été plongé dans la lave alors que le mot Traître, traître, résonnait dans sa tête encore et encore.
« Feu du Phénix », marmonna le sorcier de gauche, d'une voix qui ressemblait à celle de Ron si Harry y réfléchissait plus.
Harry prit une grande inspiration et acquiesça. « Alors venez », marmonna-t-il du coin de la bouche, en se dirigeant vers l'escalier. Il y avait des chambres au-dessus du pub que l'on pouvait louer pour une semaine, un jour ou une heure. Harry avait choisi un jour. Il ne savait pas combien de temps durerait la conversation.
Ce qu'ils auraient à lui dire. Si Tom, qui faisait les cent pas derrière eux avec un doux amusement se déversant sur le lien, pourrait garder le silence. Ce que Harry ressentirait après que Ron et Hermione lui aient parlé.
Il se sentait si sale et si troublé qu'il était étonnant que Tom se soit abstenu de le toucher jusqu'à présent, sa réaction habituelle lorsque Harry faisait descendre de telles émotions le long du lien.
Mais peut-être qu'il commençait à s'y habituer.
-HDD-
Oh, Harry.
Tom se maintint immobile sous la cape d'invisibilité parce qu'en ce moment, il savait que tenir la promesse qu'il avait faite à Harry était plus important pour l'avenir de leur lien que de le rassurer constamment. Mais il brûlait d'envie de le rassurer. Harry était en train de se déplacer sur place et d'envoyer des sirènes de détresse le long du lien, et ses amis - comme ils étaient sous l'emprise des illusions qu'ils étaient en train d'enlever - le regardaient en le jugeant silencieusement. Tom voulait tellement...
Eh bien, il avait enduré des désirs inassouvis pendant des années avant cela. Il s'installa silencieusement pour regarder, gardant ses mains immobiles. Ils ne devraient jamais savoir qu'il était là, et c'était ce qu'il voulait, voir comment ils traitaient Harry en privé.
Harry tendit une main hésitante. Le sorcier roux qui devait être Ron Weasley s'avança pour la serrer. Tom ne bougea pas, mais c'était difficile. Il regardait le visage d'un homme qui avait assassiné beaucoup des siens.
La sorcière aux cheveux bruns derrière lui, Hermione Granger, n'était pas beaucoup plus facile à regarder pour Tom. Elle avait les épaules raides, une expression raide et, d'après ce que Tom savait d'elle, un cerveau étroit. Elle avait été brillante à Poudlard, mais son génie ne suivait que des voies étroites, ce qui expliquait en partie pourquoi elle n'avait jamais obtenu de mention très bien en défense, selon Tom. Elle n'avait pas cette façon vraiment créative et perspicace de se battre ou de contrer les malédictions qui faisait que les examinateurs donnaient les meilleures notes.
« Harry », dit Granger. Le ton était sec, plein de jugement. « Nous voulions te mettre en garde contre le fait de céder et de laisser Jedusor te corrompre. »
« Qu'entendez-vous par 'corrompre' ? » Le ton de Harry était calme. Il n'avait pas fait un geste, pas même un petit mouvement de tête, en direction de Tom, même s'il était bien sûr au courant de sa présence. Tom plissa les yeux. Harry était un bon acteur, il fallait qu'il le soit, mais Tom n'avait pas réalisé avant cela à quel point il avait voulu voir l'honnêteté infuser les actions de Harry après la révélation de leur lien d'âme sœur.
Harry toucha mentalement le lien, comme une corde de harpe, sans bouger non plus. Tom se ressaisit.
La dernière chose qu'il voulait, c'était que Harry ait à le rassurer dans cette situation.
« Eh bien, tu sais ce qu'elle veut dire, mon pote. » Weasley croisa les bras et regarda Harry comme s'il s'agissait de quelqu'un que Weasley avait surpris en train de tricher au Quidditch. « C'est ridicule, la façon dont il s'y prend. Il te fera détester les Moldus et les nés-moldus avant que tu t'en rende compte. »
Harry sourit faiblement. « Je ne pourrais jamais faire ça. Ma mère est une née-moldue, comme tu le sais très bien. »
Le lien hurla. Tom s'imposa le contrôle de soi qui lui avait permis de laisser un sort passer à un centimètre de sa tête lors d'une tentative d'assassinat. Harry resta là, comme si tout était normal.
Peut-être était-ce normal depuis des années. La définition de la normalité selon l'Ordre. Ils disaient à Harry de faire quelque chose ou faisaient une supposition à son sujet, et il souriait et acceptait, alors qu'à l'intérieur il hurlait à l'agonie.
Tom allait changer cela. Et il commencerait ce soir, une fois cette affreuse conversation terminée.
« Mais Jedusor est charmant, » dit Granger. « Il a même déjà corrompu certains espions de l'Ordre. Tu le sais bien. »
« Eh bien, s'il est si charmant que vous pensez que je vais me faire avoir malgré moi, que voulez-vous que je fasse exactement ? Soit je suis fort et capable de lui résister, soit je suis si faible que tu as dû prendre le risque de venir dans le monde des sorciers en tant que criminelle recherchée pour me gronder, et ça ne suffira toujours pas. »
Tom se lécha les lèvres et se dit qu'il fallait dompter son imagination. Pour l'instant, il ne pouvait pas prendre le temps de réfléchir à la façon dont il voulait récompenser Harry pour son intelligence et sa force.
Granger et Weasley hésitèrent et se regardèrent l'un l'autre. Puis Granger dit : « Ce n'est pas pour te gronder ».
« Qu'êtes vous en train de faire, dans ce cas ? »
De nouveau, les regards s'échangèrent. Puis Granger dit : « Tu dois comprendre que nous n'avons pas parlé de cela avec le professeur Dumbledore. »
« Mais nous sommes d'accord », dit Weasley. « Il n'y a aucune raison pour que tu restes ici plus longtemps, Harry. Tu ne peux plus fournir d'informations à l'Ordre maintenant que tu es compromis, et quel genre de carrière ou de contribution peux-tu vraiment apporter au monde des sorciers si tu es le chouchou de Jedusor ? » Il tendit la main. « Viens avec nous. Reviens dans la cachette de l'Ordre. Nous savons que tu peux redevenir toi-même si tu es avec nous. »
Tom tendit tous ses muscles. Si Harry s'apprêtait à accepter la main de Weasley autrement que pour plaisanter, il ne tiendrait pas sa promesse. La seule chose qu'il ne pouvait pas supporter, c'était que son âme sœur le quitte à nouveau.
Harry regarda en silence la main de Weasley. Puis il leva les yeux et secoua la tête. « Je n'ai aucune raison de rester ici alors que mes parents sont libres ? »
« Tu sais que Jedusor va changer d'avis à ce sujet dès qu'ils ne seront plus politiquement intéressants », dit Granger avec impatience. « M. et Mme Potter sont fidèles à notre cause, Harry. Ils ont accepté d'être graciés parce qu'ils voulaient te voir et qu'ils voulaient se rapprocher de Jedusor et lui soutirer quelques secrets s'ils le pouvaient, mais cela ne durera pas éternellement. »
« Oui, il l'a fait pour que tu sois de son côté », ajouta Weasley. « Ils reviendront bien assez tôt, et alors tu voudras être avec eux. »
Harry se lécha les lèvres. Puis il dit : « Que ferais-tu si Hermione soutenait quelque chose que tu détestes vraiment, Ron ? »
« Elle ne ferait pas ça », dit Weasley, avec une foi qui aurait pu être touchante si elle n'avait pas été aussi stupide. « Nous sommes des âmes sœurs. Nous ne pouvons pas être dans des camps opposés. »
« Alors comment Jedusor et moi pouvons-nous être dans des camps opposés ? » Harry chuchotait maintenant. « Non, quelque chose a mal tourné. Ou bien. Je ne sais pas lequel. Je sais que je ne veux pas courir vers la cachette secrète de l'Ordre maintenant. Pas avec mes parents libres, et pas avec la possibilité que j'ai eu tort. »
« Sais-tu ce que nous avons trouvé au Département des Mystères ? » demanda Granger. « Des livres reliés en peau humaine, Harry ! »
« La bibliothèque de Poudlard en possède aussi... »
« Récemment, Harry ! Les Langues de Plombs menaient des expériences pour voir si le contenu des livres magiques changeait lorsqu'ils étaient reliés avec de la peau humaine ! Et nous avons trouvé des notes de Jedusor lui-même encourageant ces pratiques ! Il voulait savoir si la peau des meurtriers conservait suffisamment de souvenirs pour qu'il puisse s'en servir comme moyen de torture ! »
Tom fronça les sourcils. Il avait en effet oublié ces expériences. Il avait regretté de les avoir approuvées, puisqu'il semblait qu'aucun des Langues de Plombs n'en tirait d'enseignements utiles.
« Quoi ? » s'étouffa Harry.
« Je parie que tu ne savais pas ça à propos de ton âme sœur, n'est-ce pas ? » Le regard de Weasley était triomphant, même si Tom s'occupait davantage des vagues d'émotions qui avaient commencé à remonter le lien qui l'unissait à Harry. « Oui, exactement, Harry. C'est exactement ce qu'il faisait. C'est exactement pour cela que nous devons nous opposer à lui ! Il est en train de faire ce genre de choses ! »
Harry déglutit et se couvrit les yeux d'une main. Le lien était empli d'un chaos total maintenant, bondissant entre eux comme si quelqu'un l'avait tendu comme une corde. Tom lui répondit tranquillement en le rassurant, retenant sa haine des Weasley et des Granger. Harry n'avait pas besoin de cela en ce moment.
« Il faut que je lui parle de ça », dit Harry brusquement. « Le confronter à cela. »
Tom se crispa et sut qu'il serait impossible d'empêcher une partie de ce qui se passait de sortir du lien. La tête de Harry ne bougea pas, cependant. Il garda son regard sur Weasley et Granger, qui avaient tous deux l'air contrariés.
« Je ne ferais pas ça, Harry », dit Granger en secouant sagement la tête. « Qu'est-ce que tu vas faire ? Supposer que tu obtiendras de lui une réponse acceptable ? La façon dont... »
« De la même façon que j'obtiendrais des réponses acceptables de ta part si je te demandais pourquoi tu as assassiné des gens au Département des Mystères ? »
Les yeux de Granger s'écarquillèrent. Weasley recula comme si Harry lui avait mis une lame sous la gorge. Au bout d'un moment, Granger dit : « Comment as-tu découvert cela ? »
« Mon âme sœur me l'a dit », dit Harry, et l'amertume s'abattit sur le lien. « Et c'est vrai, n'est-ce pas ? Tu as tué des gens ! »
« Seulement en légitime défense ! »
« Une légitime défense dont tu n'aurais même pas eu besoin si tu ne t'étais pas introduit dans ce foutu Département des Mystères ! »
« On dirait que tu es déjà du côté de Jedusor, mon pote. »
« Oui, je suis un traître, » dit Harry. « Je suis une personne terrible, horrible. » Il tremblait, et Tom avait du mal à décrire ce qui se passait dans leur lien. C'était comme être baigné dans du sang brûlant qui contenait également des dizaines de minuscules fragments de verre. « Parce que peu importe où je regarde, je trouve quelque chose à redire, et je n'ai pas une belle âme sœur sûre qui, j'en suis absolument certain, ne fera jamais rien de mal, et j'aurais dû mourir comme un bon petit martyr au lieu de sauver ma propre vie quand Dumbledore a essayé de faire s'effondrer un immeuble sur un tas d'innocents ! »
« Ils auraient été des victimes de guerre... »
Le pouvoir de Harry explosa. Tom sursauta sans bruit en voyant la bouche de Granger se fermer à l'aide de chaînes qui sortaient tout simplement de ses lèvres et de sa mâchoire et se reliaient les unes aux autres. Weasley hurla quelque chose d'incohérent et tituba vers Harry, mais la magie de ce dernier s'empara également de lui et l'emprisonna dans un caisson de verre.
Harry enfouit son visage dans ses mains.
Tom essaya d'exprimer son inquiétude sur le lien, mais Harry releva la tête et la secoua si fort qu'il dut se blesser à la nuque. Tom savait que les mots qu'il prononça ensuite étaient autant pour lui que pour Weasley et Granger.
« Je m'en vais. Ne me suivez pas. »
Harry s'élança dans un transplanage sauvage et non dirigée, et Tom sentit leur lien se refermer de son côté, coupant les émotions de Harry aussi fermement que l'Occlumancie le permettait.
