Nouveau chapitre et pas des moindres ! Lisez bien la note de fin avant de vous en aller, elle est particulièrement importante :)

Aussi, je tiens à m'excuser si je ne répond pas aux reviews ! Je ne reçois plus aucun mail de ffnet et la plupart du temps je me rends compte de toutes les reviews trop tard et je me sens trop mal pour vous répondre ^^' Je ferai au mieux pour la suite, promis, mais sachez que je les lis toutes et qu'elles me touchent beaucoup !

TW : Manipulation émotionnelle.


Les étagères de sa librairie étaient probablement les seules choses qu'Hermione prenait le temps de ranger. Tout était trié par genre et par auteur, sans aucune trace de poussière et toujours bien ordonné.

Lorsqu'elle recevait ses commandes de livres, elle passait plusieurs heures à ranger minutieusement chaque ouvrage après l'avoir enregistré dans son registre manuscrit. Elle savait où était placé chaque livre, chaque magazine, chaque bande dessinée. Elle était capable d'indiquer à chacun de ses clients vers quelle rangée et quelle planche ils devaient se diriger pour trouver leur bonheur.

Elle en avait lu une grande partie. Elle passait ses temps libres le nez dans ses bouquins en attendant ses clients pourtant si rares. Parfois, elle songeait au fait que l'emplacement de sa librairie n'était pas le plus judicieux, qu'un aussi petit village n'en avait d'ailleurs pas vraiment besoin et qu'elle aurait dû s'installer dans la ville la plus proche. Puis elle se souvenait des sourires que les habitants du village lui offraient lorsqu'elle leur proposait une certaine lecture, ou bien les étoiles qu'ils avaient dans les yeux lorsqu'ils lui annonçaient que le livre qu'ils avaient offert avait plu.

C'était ce genre de petits détails qui réchauffait le cœur d'Hermione lorsqu'elle se focalisait sur ses pensées négatives. Elle se plaisait dans cette librairie. Elle en prenait soin, elle aimait conseiller ses clients et elle passait la majorité de ses journées à lire.

C'était bien, c'était simple.

Trois jours chez ma mère, vous dites ? interrogea Hermione en feuilletant le registre des ouvrages de l'année précédente.

– C'est bien ça, confirma Madame Muller, la fleuriste du village voisin.

– Je crois que j'ai vendu le dernier exemplaire la semaine dernière… Mais je peux vous le commander, il devrait arriver avant la fin du mois.

– Faisons ça, acquiesça sa cliente avec un sourire. J'ai de quoi faire passer le temps en attendant.

Hermione sourit lorsqu'elle souleva la petite pile de livres qu'elle lui avait conseillés. Ses coups de cœur de ce début d'année.

Madame Muller régla ses achats et la salua avec chaleur. Elle faisait partie de ses clients mensuels, qui passaient assez souvent pour qu'elle les connaisse. Elle faisait le déplacement jusqu'ici toutes les trois semaines afin de remplir la petite bibliothèque de sa boutique. Elle-même n'avait pas beaucoup de clients et profitait de ses temps libres pour lire.

Il leur arrivait parfois d'en discuter et Hermione se laissait aller à parler des quelques problèmes qui pouvaient survenir avec sa librairie. Elle se rappelait l'avoir contactée un jour, après avoir reçu une facture sans queue ni tête. Une arnaque, d'après Madame Muller.

Hermione lui faisait assez confiance pour converser, ce qui était rare. Elle ne la qualifiait pas d'amie pour autant, elles n'étaient pas proches personnellement, mais elles se connaissaient assez pour qu'elle s'étende sur certains détails de sa vie. Âgée d'une dizaine d'années de plus qu'elle, sa cliente était expérimentée, mature et d'un stoïcisme impressionnant. Un exemple, un modèle. Elle semblait vivre ses jours avec tranquillité, sans angoisse, sans peur. Hermione rêvait d'être à sa place, d'être aussi capable qu'elle.

Elle expira longuement lorsqu'elle fut partie, après avoir réalisé qu'elle avait retenu sa respiration pendant quelques secondes. Elle voulait faire bonne impression, lui montrer qu'elle s'en sortait très bien seule et qu'elle était tout aussi parfaite qu'elle. Il ne lui manquait plus qu'un chapeau fleuri, une robe parfaitement ajustée et du fard à paupières et Hermione lui ressemblerait comme deux gouttes d'eau. C'était bien les seules différences. Car elle était aussi confiante que Madame Muller, n'est-ce pas ?

L'absence d'Albert ce jour-là ne facilitait pas les choses. Il était resté au pied de son lit, endormi. Il lui avait semblé plutôt fatigué et mal en point, Drago l'avait donc encouragée à le laisser se reposer là-bas. Elle avait longuement hésité, mais le regard rassurant de son colocataire, son ami, avait suffi à la convaincre. Son chien serait en sécurité, Drago était là.

Elle réalisait la confiance qu'elle avait réussi à placer en lui, une confiance aeugle, presque parfaite. Quelques semaines plus tôt seulement, elle aurait été incapable d'accepter qu'il ne le caresse trop longtemps, ou qu'il lui donne des ordres lorsqu'Albert chahutait. Aujourd'hui, Drago faisait partie intégrante de leurs vies et Hermione ne pouvait pas en être plus satisfaite, plus heureuse. C'était bien.

C'était elle qui se retrouvait la plus perturbée, en réalité. Elle n'avait plus l'habitude d'évoluer seule dans sa boutique, elle manquait de repères sans lui. Elle se répétait donc simplement que la journée serait bientôt terminée à chaque heure qui passait.

La sonnette de l'entrée de la librairie résonna alors qu'elle notait sur sa fiche de commande l'ouvrage demandé par Madame Muller. Elle afficha un sourire professionnel, prête à affronter le prochain client.

Était-ce un habitué ? Ou bien quelqu'un qu'elle n'avait jamais vu ?

La deuxième option était la plus angoissante. Elle détestait faire la rencontre de nouvelles personnes, c'était particulièrement stressant et elle avait toujours l'impression de passer pour une imbécile bégayante. Quand est-ce que ses capacités sociales étaient devenues si moindres ?

Elle se décida enfin à lever les yeux et se figea aussitôt en découvrant le visage de Harry en face d'elle. Elle eut tout de suite trop chaud. Elle sentait ses mains moites autour de sa fiche de commande. Peut-être que le chauffage était trop fort. Il fallait qu'elle aère la librairie, qu'elle laisse les fenêtres grandes ouvertes quitte à attraper un rhume. Il faisait trop chaud.

Il se tenait debout face à elle, le menton relevé et les mains dans les poches de son long manteau. Elle reconnut à celui-ci l'influence de Théodore.

Ses cheveux étaient encore plus en bataille que d'habitude, si c'était possible, et son regard était inquiet. Tout son corps semblait tendu, comme s'il s'attendait à se faire crier dessus. Peut-être cela allait-il arriver.

Hermione laissa tomber son stylo et se redressa, les épaules et la nuque tendues. Elle sentait la colère poindre alors qu'elle se remémorait le nombre impressionnant de lettres qu'Harry lui avait envoyées depuis Noël.

Elle aurait dû s'attendre à ce qu'il finisse par venir, elle aurait dû s'y préparer.

– Salut, se contenta-t-il de dire en faisant un pas vers elle.

Peut-être avait-il interprété son silence comme une invitation. Elle renifla.

– Qu'est-ce que tu fais là ? l'interrogea-t-elle, déjà fatiguée.

– Tu ne répondais pas à mes lettres, alors j'ai pensé que…

– Tu ne t'es pas dit que je n'avais peut-être pas envie d'y répondre ? Que j'avais besoin de temps ? demanda-t-elle, d'un ton las.

Toutes les paroles que Drago lui avait dites lui revenaient d'un coup. Toutes leurs discussions, leurs échanges à propos de leurs amis. Il l'avait prévenue, il lui avait ouvert les yeux sur la situation. Elle ne se ferait pas avoir cette fois, elle ne pardonnerait pas si facilement. Elle en avait assez.

Elle avait accumulé tant de colère, tant de fatigue, qu'elle ne parvenait plus à les contenir. Discuter avec Drago avait ouvert les vannes. Cela avait suffi à ce que sa raison ne la retienne plus, qu'elle ne l'empêche plus d'exploser et de laisser ses pensées s'échapper entre ses lèvres. Elle ne pensait pas à Harry ou aux autres, mais plus qu'à elle-même, à sa rage, à son épuisement.

Harry soupira et se passa une main dans les cheveux.

– Ne rends pas les choses compliquées, Hermione, je veux juste discuter.

Je rends les choses compliquées ? s'exclama-t-elle, outrée.

Elle n'arrivait pas à croire qu'il puisse sous-entendre cela. C'était presque ironique. Presque.

La colère montait et Hermione ne voulait pas qu'elle s'arrête.

– Oui ! Tu aurais pu répondre à mes lettres, au moins me donner de tes nouvelles ! Je me suis inquiété !

– Tu t'es inquiété ? Mais de quoi, Harry ? De quoi ?

Il recula d'un pas, le visage tordu par ce qui semblait être de la peine, puis soudain de la colère.

– Je m'inquiète constamment pour toi, Hermione ! Je fais tout pour toi, depuis des années ! Je me démène pour que tu ailles mieux, pour retrouver ce qu'on avait avant ! Tu crois que je ne vois pas comme tu vas mal, comme tu t'es échouée ici ? Tu n'es plus la même personne, Hermione ! Tu vas mal !

Les larmes lui montèrent aux yeux. Il n'avait pas le droit. Derrière elle, un livre tomba d'une étagère mais aucun d'eux n'y prêta attention.

– Tu as été égoïste, balança-t-il alors en secouant la tête. Tu es partie, seule, et tu nous as laissés.

Il semblait lui aussi se lâcher, ne plus retenir quoi que ce soit. La rage était montée si vite, elle qui avait été si longtemps contenue. Cela avait toujours été ainsi entre eux, ils faisaient des étincelles et laissaient rapidement grimper leurs émotions.

– Tu sais que je n'avais pas d'autre choix ! s'écria-t-elle en essuyant rageusement les larmes qui coulaient désormais sur ses joues.

C'était trop d'un coup, trop rapide, trop fort.

– Parce que tu crois que tu étais la seule à vouloir t'enfuir ? répliqua-t-il, le visage rouge. J'en ai marre de faire semblant, de donner l'impression que ça va et de tout faire pour les autres ! Tu crois que j'allais bien quand Théo a été enfermé, que Ron est devenu complètement fou et que tu es partie ? J'étais seul !

Hermione tremblait. Elle avait envie de vomir. Les volets de bois claquèrent sur les fenêtres de la librairie.

– Qu'est-ce qui se serait passé si je m'étais enfui, comme toi ? Hein ? Si j'avais sombré, moi aussi ?

Il eut un rire froid et renifla à son tour. Elle voyait qu'il était au bord des larmes lui aussi. Les étagères tremblaient autour d'eux.

– Je n'ai pas été assez présent, je le sais, crois-moi qu'on me l'a bien fait comprendre. Mais je ne pouvais pas me séparer en deux, ou en trois pour aider Ron ! J'ai fait ce que j'ai pu pour libérer Théo, pour essayer de te soutenir, mais je ne pouvais pas tout faire !

Il inspira en fermant les yeux. Comme si de l'électricité statique crépitait autour d'elle, les mèches qui dépassaient de ses tresses se soulevaient.

– Alors oui, je n'ai pas été là pour toi, je me suis même éloigné, mais j'en avais besoin, par Merlin ! J'allais exploser, Hermione ! Théo est revenu et j'ai… j'ai juste profité de lui, de ces petits moments positifs avec lui.

– J'ai fait ce que j'ai pu, contra-t-elle d'une voix plus faible.

Elle essayait de se défendre, mais était bien trop touchée par ses mots. Elle voulait lui faire comprendre qu'elle était aussi seule et perdue que lui, qu'elle n'avait pas pu faire plus que ça, qu'elle lui en voulait de la juger pour cela. Mais elle n'y arrivait pas. Son cœur battait la chamade, dans sa poitrine, à ses oreilles, entre ses deux sourcils, au bout de ses doigts. Partout.

Ses arguments, ceux qu'elle connaissait si bien et qu'elle avait tant répétés avec Drago, s'envolaient un à un de son esprit. Sa tête était vide. Elle ne savait plus quoi dire, elle avait tout oublié.

– Ce n'était pas suffisant, répliqua-t-il, les larmes aux yeux.

Elle étouffa un sanglot, les mains tremblantes. Son corps entier tremblait. Elle le fixait, trahie, alors que son corps s'agitait, comme en transe.

Elle le vit froncer les sourcils, mais ferma les yeux brusquement lorsqu'une migraine violente la prit aux tempes. Elle posa une main sur son front, elle se sentait fiévreuse.

Au loin, elle distingua son prénom être appelé, mais ses maux de tête étaient trop puissants pour qu'elle puisse y réagir. Elle était épuisée, elle n'avait pas envie de tout ça. Elle voulait s'enfuir, loin. Elle voulait qu'il s'en aille, que ces dernières minutes de dispute disparaissent. Il avait tout gâché. Elle tenta de respirer lentement pour se calmer, mais cela ne fit qu'accélérer ses inspirations. Elle sentit alors sa magie pulser dans ses veines.

C'était ça. Sa magie. Elle se faisait entendre, elle s'éveillait en elle et secouait chacun de ses membres. Elle se rebellait, elle refusait de laisser les choses se dérouler ainsi. C'était comme la continuité de son esprit, de son corps. Hermione avait l'impression d'être bloquée dans une bulle emplie de magie puissante et étouffante.

– Hermione !

Elle sentit son nombril être tiré vers l'arrière avant de pouvoir ouvrir les yeux. Son corps fut baladé et secoué pendant ce qui lui parut être une éternité. Elle commença alors à paniquer sérieusement. Sa respiration était bloquée dans sa poitrine, alors qu'elle continuait d'être baladée ainsi, comme transportée à l'intérieur d'un tunnel trop étroit.

Ces sensations étaient étranges, inconnues. Elle n'avait pas le souvenir d'avoir un jour ressenti de telles choses, tout en ayant une migraine aussi douloureuse et des nausées si dérangeantes. Ses oreilles sifflaient et elle n'entendait même plus la voix d'Harry au loin. Il lui semblait que son entourage avait disparu, qu'elle était seule dans ce tunnel interminable qui lui broyait les côtes.

Puis soudain, alors qu'elle s'imaginait finir sa vie en suffoquant ainsi, elle sentit le sol sous ses pieds et son corps se laissa tomber aussitôt. Elle posa ses mains près de ses genoux et baissa la tête, la respiration hachée et les lèvres tremblantes. Elle était en état de choc.

Elle avait envie de vomir, de hurler de douleur. Pourtant, elle ne sentait plus rien, elle était de retour au calme et seules ses pensées s'agitaient.

Le sol était dur sous ses genoux, il était frais et lisse. Elle s'y accrocha pour reprendre connaissance de ce qui l'entourait. Les battements de son cœur étaient assourdissants, ils lui tapaient dans les oreilles comme ces démarcheurs qui faisaient le tour des quartiers dans son enfance. Elle ne savait pas pourquoi elle pensait à eux, soudainement.

Elle se souvenait d'à quel point cela enrageait son père de devoir leur répéter tous les samedis qu'il n'était pas intéressé par leurs services de nettoyage ou de jardinage. Hermione sentit des larmes couler sur ses joues alors que ses émotions se mêlaient à ces souvenirs impromptus. Pourquoi venaient-ils la déranger maintenant ? Elle devait se focaliser sur le parquet, sur n'importe quoi qui puisse la distraire !

Pourtant, chaque fois qu'elle essayait de concentrer ses pensées vers les fleurs de son jardin ou le potager qui accueillerait bientôt de nouveaux plants, son cerveau refusait de l'aider. Il revenait sans cesse vers la dispute qui venait d'éclater, vers les mots forts et douloureux qu'avait prononcés Harry. Vers des souvenirs désagréables, ceux qui lui écrasaient le cœur et lui souriaient d'un air vicieux. Elle était perdue, noyée dans ses cris et ses accusations.

Elle ne savait même pas où elle était, ce qu'elle faisait, ce qui se passait autour d'elle. Peut-être était-elle aux pieds de Harry, peut-être le suppliait-elle de le pardonner sans même s'en rendre compte. Son esprit devenait fou, elle le sentait. Peut-être était-ce à cause des potions. Elle n'était toujours pas parvenue à en changer la composition.

– Hermione !

On l'appelait. Elle l'avait entendu, ses oreilles ne bourdonnaient plus autant. Elle était cependant incapable de répondre, de bouger. Il fallait qu'elle se concentre sur le parquet. Le parquet. Les lattes, le bois, le froid.

Ses parents la grondaient désormais. Ils la disputaient pour avoir ouvert la porte à un inconnu. L'un de ces idiots de démarcheurs.

– Hermione !

Elle sentit des mains par-dessus les siennes. Ils étaient deux à toucher le parquet. Sa respiration était rapide, trop rapide. Sa tête tournait et elle avait la nausée.

Sa mère lui aurait conseillé de déposer des gouttes d'huile essentielle de menthe poivrée sur ses tempes.

Est-ce que Harry le savait ? Est-ce qu'il voyait qu'elle se sentait mal ?

– Hermione ! Hermione, respire, tout va bien.

Tout allait bien. Oui. Tout allait bien. Les lattes étaient là, tout allait bien.

Son père l'avait bercé jusqu'au sommeil toute la semaine qui avait précédé sa rentrée à Poudlard. Tout allait bien, c'était ce qu'il lui disait chaque fois.

Les mains au-dessus des siennes caressaient désormais le haut de ses poignets. C'était agréable, doux. Hermione se concentra sur cette nouvelle sensation, sur la voix qui lui répétait que tout allait bien. Car tout allait bien.

– Tu es en sécurité.

Pourquoi était-elle dans cet état ? Son corps était si tendu qu'elle en avait mal partout. Les pouces qui caressaient sa peau la guidèrent, elle relâcha ses muscles un par un.

Elle s'entendait hoqueter, sangloter par-dessus la voix qui l'aidait à se calmer. Elle était épuisée. Elle avait mal partout, mal à la poitrine, mal aux mains, mal aux genoux sur lesquels elle réalisait être tombée. Plus les secondes passaient et plus sa panique remontait.

Quelque chose n'allait pas, mais elle était trop perturbée pour savoir quoi.

– Relâche tout, Hermione, laisse toi aller.

Et ce fut ce qu'elle fit. Elle se laissa tomber en avant avec un petit sanglot étouffé. Puis elle sombra.

oOo

Hermione avait l'impression d'être dans du coton. Du coton d'une extrême douceur et qui la coupait complètement du monde qui l'entourait. C'était agréable. Elle ne pensait à rien d'autre qu'à ce coton. C'était apaisant.

Cela ne dura pas longtemps. Ce fut comme si un seau d'eau glacé lui avait été jeté sur le visage et que le coton s'était durci autour d'elle. Elle fut sortie de sa tranquillité lorsqu'une main se posa sur sa joue.

– Hermione ?

Elle reconnut aussitôt la voix chuchotée de Drago et papillonna des yeux. Elle découvrit alors qu'elle était allongée dans l'un des canapés de son salon, la tête calée sur un oreiller et une couverture posée le long de ses jambes.

Alors qu'une migraine la prenait aux tempes, elle se souvint de sa dispute avec Harry. Elle attrapa vivement le poignet de Drago, sa main étant toujours posée sur son front, et braqua son regard dans le sien. Ses yeux se remplirent de larmes et elle le vit froncer les sourcils avec inquiétude.

– Que s'est-il passé ? demanda-t-elle, paniquée.

Sa mémoire était floue, embrouillée. Elle était perdue.

Drago récupéra sa main dans la sienne et les posa entre eux. Il était à genoux près du canapé, juste à côté de là où était allongé Albert. Il les regardait silencieusement, presque avec inquiétude.

– Tu as transplané ici, expliqua-t-il en caressant le dos de sa main avec son pouce. Tu étais… Tu étais complètement paniquée, je n'arrivais même pas à te parler sans que tu trembles. Tu n'arrêtais pas de pleurer et de répéter que…

Il se racla la gorge et détourna les yeux l'espace de quelques secondes.

– Tu répétais que tout était ta faute.

Hermione déglutit difficilement et ferma les yeux. Elle soupira alors que les souvenirs fluaient.

– Que s'est-il passé ? demanda Drago à son tour. J'ai cru que tu avais été attaquée, ou que… je ne sais pas, que quelque chose de grave était arrivé.

Hermione se sentait mal. Elle l'avait inquiété pour rien.

– C'est Harry, chuchota-t-elle sans ouvrir les yeux.

Ses paupières étaient serrées les unes contre les autres et elle avait emmêlé son poing dans la couverture posée sur ses jambes. La prise de Drago se resserra autour de sa main lorsqu'il entendit le prénom de son meilleur ami. Ses caresses ne s'arrêtèrent pas.

– Il est venu me voir, il… il voulait "discuter".

– Discuter ? répéta-t-il d'un ton suspect.

Hermione hocha la tête tout en essayant de contrôler sa respiration. Elle ne voulait pas sangloter face à lui ainsi. Elle avait honte, soudain, de se mettre dans un tel état devant Drago.

– J'étais en colère, raconta-t-elle en ouvrant les yeux, fixant son regard vers le mur qui lui faisait face. J'ai essayé de… j'ai essayé de lui dire ce que je pensais, ce dont nous avons parlé et de lui faire comprendre comment je me sentais, mais… mais…

Elle renifla. Drago leva la main et essuya sa joue droite avec son pouce. Elle se figea. Il essuya la seconde.

– Mais ?

– Mais je n'ai pas réussi, reprit-elle avec un soupir. Le ton est monté et… et il s'est énervé.

Elle ferma les paupières pour laisser couler quelques larmes. Elle usait de toute sa concentration pour ne pas éclater en sanglots. Elle se savait incapable de s'arrêter.

– Le reste est flou, plus il s'énervait et pire c'était. Je me sentais mal et…

– Et tu as fini par transplaner ici, finit Drago à sa place.

Elle hocha une nouvelle fois la tête et essuya ses larmes avec le bord de sa manche. Elle se sentait minable. Comment les choses avaient-elles pu dégénérer si vite ?

Drago posa sa deuxième main sur celle d'Hermione et soupira. Elle y sentit une certaine fébrilité, une fragilité. Elle tourna enfin la tête vers lui et croisa son regard.

Ses yeux gris étaient tout aussi remplis de larmes qu'elle, à la différence qu'aucune n'avait coulé.

– J'ai eu tellement peur, souffla-t-il en détournant les yeux.

Ses joues étaient rouges, comme s'il avait honte de lui avouer cela.

– J'ai cru que tu étais désartibulée, tu tremblais tellement et… et tu avais l'air…

Il se racla la gorge.

– Tu as fini par t'endormir contre moi, reprit-il en baissant le regard vers leurs mains jointes. Et je t'ai amenée ici, je me suis dit que… je me suis dit que ce serait plus confortable.

Il leva les yeux vers elle, l'air incertain. Elle hocha la tête en silence et serra sa main dans les siennes pour le remercier.

Elle était encore perdue, chamboulée. Elle avait du mal à réaliser tout ce qu'il venait de se passer. Les paroles d'Harry étaient floues, elle s'en souvenait à peine, et pourtant son cœur était toujours aussi comprimé dans sa poitrine.

Elle cligna des yeux pour chasser ses larmes, sans les retirer de ceux de Drago. Il la fixait avec tant d'intérêt, tant d'inquiétude qu'elle en frissonna.

– Je…

Elle se tut. Elle ne savait pas ce qu'elle s'était apprêtée à dire, mais les mots moururent sur sa langue. Elle cligna une nouvelle fois des yeux.

Les iris de Drago étaient si clairs. Comment avait-elle pu les louper ? Comment avait-elle pu rater une telle splendeur ? Elle poursuivit son observation vers son visage en se défaisant de son regard hypnotisant. Les rides d'expression qui entouraient ses yeux montraient une inquiétude évidente. Ses cils pâles battaient à fréquence régulière. Ses pommettes étaient toujours colorées et son nez droit aussi.

Elle remarqua alors qu'il avait un grain de beauté sur la lèvre inférieure. Elle fixa cette tache pendant de longues secondes, incapable de s'en défaire.

Puis soudain, sans comprendre ce qui lui prenait, sans comprendre cette pulsion qui la prit aux tripes, Hermione se pencha vers lui.

Elle se pencha jusqu'à ce que leurs lèvres se rencontrent et, sans attendre, les pressa contre celle de Drago.

Son cœur explosa au creux de sa poitrine.


Un fanart a été réalisé pour ce chapitre, vous pouvez le retrouver sur mes différents réseaux sociaux (toujours sous le pseudonyme Novafrogster)

Et voilà pour aujourd'hui, j'espère que ce chapitre vous a plu et que cette fin (ENFIN) de slow-burn était satisfaisante ahah ! C'est un chapitre que j'ai adoré écrire et que j'attendais depuis un loooong moment ! Dites moi ce que vous en avez pensé ;)

Sur une note un peu moins "cool", je vous annonce que le rythme régulier de publication touche à sa fin. Je me rend compte que c'est une énorme pression que je me met depuis des mois et pour vous éviter des longues pauses à cause de fatigue u de trop plein, je préfère me laisser le temps de poster quand je le peux et de ne plus me mettre la pression pour la traduction et pour le reste de l'histoire. Il me reste moins de 10 chapitres à écrire, mais il m'en reste une vingtaine à relire et retravailler et ce n'est pas rien ahah !
Bref, je ne posterais plus les chapitres tous les dix jours, cette résolution n'a pas duré longtemps (je suis désolée pour toutes ces fluctuations dans la publication), mais je pense que c'est pour le mieux, si je ne veux pas finir par arrêter d'écrire cette histoire :)
Je ferai au mieux pour poster des nouvelles des prochaines publications sur mes réseaux sociaux, plus particulièrement mon serveur discord, où seront référencées les dates des prochains chapitres (si je le sais à l'avance !).

Je vous dis à la prochaine, je remercie Lyra et Damelith pour leur soutien depuis le début et je vous dis à bientôt !
Nova