Chapitre 10 :
Terrain d'entente
Les deux premiers jours de la présence de la Première Génération furent étranges pour beaucoup au manoir. Ils dînaient avec tout le monde et passaient du temps avec eux dans les salons presque normalement. Les Simon ne s'étaient pas montrés, mangeant dans une salle à manger privée pour ne pas croiser le premier Gardien du Brouillard. On voyait bien qu'ils cherchaient à en savoir plus sur un peu tout, tous trouvant cela normal mais ils ne faisaient rien d'étrange non plus, même Daemon. D'après ce qu'on avait compris, l'homme n'avait pas encore vu sa fiancée mourir. Il n'était donc pas encore le Daemon rageur, amer et plein de colère qui leur avait fait du mal, cela les rassurant un peu. Mais cela ne les empêchait pas non plus de le surveiller de très près. Sans surprise, ils semblaient très curieux à l'égard de leurs successeurs et de toute la famille du Decimo. Ils semblèrent trouver leur place dans le manoir durant le week-end et on se fit à cette arrivée imprévue.
De leur côté, Giotto et ses gardiens observaient très minutieusement tout ce qui les entouraient, surpris par bien des choses. Ils avaient pu rencontrer d'autres habitants du manoir, les domestiques et hommes de mains bien sûr, tous semblant très fidèles au Decimo mais aussi deux enfants de plus jouant avec Lambo, Fuuta et I-pin. Il y avait aussi Bianchi et Fran, un jeune illusionniste talentueux mais très étrange. Et ils avaient aussi rencontré deux adolescentes Haru et Kyoko. Il y avait bien du monde dans cette demeure. On les avait laissé se promener dans le manoir et le jardin, leur interdisant simplement quelques endroits privés ou d'accès restreint, rien de surprenant. Ils n'avaient toujours pas vu le Decimo et personne ne lâchait la moindre information sur lui, le protégeant visiblement farouchement de l'avis de Giotto. Cependant, ils avaient pu faire un peu connaissance avec les autres et ils ne savaient pas s'il devaient être rassurés ou très inquiets pour la Famiglia.
Ce manoir était animé, très animé et tous avaient des caractères souvent très forts et parfois étranges. C'était la bataille constante entre tous, les disputes quasiment continuelles à tel point qu'on pouvait douter du sérieux de ce petit monde. Tout le monde se cherchaient et ils ne semblaient pas s'entendre du tout. Parfois, les altercations viraient vers les bagarres qui pouvaient vite devenir violentes. Aberrant dans une famiglia. Comment pouvaient-ils avoir la moindre cohésion face à de potentiels ennemis ? Il avait été très intéressant de voir qu'en cas de bataille, il suffisait que quelqu'un signale que ça ne plairait pas au Decimo pour que tout se calment presque immédiatement. Le Dixième du nom n'était pas là pourtant, son influence était présente. Cela avait poussé Giotto et ses compagnons à croire qu'il devait être quelqu'un de très impressionnant et charismatique, certainement plein d'autorité, peut-être sévère et très ferme pour arriver à tenir de telles personnalités même sans être là. Le Primo ne savait pas si c'était une bonne chose ou non, craignant que son descendant soit un mafieux dur et sans cœur. Mais il n'arrivait à être sûr de rien alors qu'il avait constaté que personne ici ne semblait craindre le boss. Il y avait juste comme un immense respect, beaucoup de loyauté et il n'en n'était que plus intrigué, voulant de plus en plus le rencontrer. Mais il n'était pas apparu et compte tenu de la situation, il était vraiment étrange qu'il ne s'arrange pas pour venir les voir au moins quelques minutes. D'autant plus qu'il était presque assurément dans ce manoir sans quoi ses gardiens n'y seraient certainement pas tous rassemblés pour y rester. On leur disait que le Decimo ne pouvait pas venir les voir et le Primo savait qu'ils disaient tous la vérité.
Le fameux Reborn ne s'était plus montré depuis leur discussion mais ils avaient parlé avec les autres. Ils avaient pu en apprendre un peu plus sur ce mystérieux ennemi qui s'avérait visiblement très cruel et sans cœur. Ils n'avaient pas eu de détails mais les airs sombres et graves sur les visages à ce sujet attestaient de ce fait. Visiblement, tous ici avaient pu constater un échantillon de cette cruauté. Ils savaient aussi qu'ils avaient pour projet de prendre le contrôle des Vongola, de la Mafia et probablement de bien plus ensuite. Cela n'avait rien de rassurant et ils n'avaient pu s'empêcher de se demander si cette famille qui leur semblait bien fragile et peu compétente pourrait gérer cela. On leur avait expliqué que leur ennemi avaient des utilisateurs de flammes dans leurs rangs et qu'ils avaient déjà créé de nombres armes aux flammes ou systèmes pour les contrer. On leur parla de ce qu'ils avaient déjà rencontré pour qu'ils puissent eux aussi le contrer en cas d'attaque. Et apprendre tout cela leur avait un peu plus montré la gravité de la situation à cette époque. Il était difficilement imaginable pour eux de savoir qu'il y avait eu une telle évolution dans le domaine des flammes, que tant de gens y avaient accès. C'était assurément dangereux surtout dans un monde comme celui de la mafia. Avec colère, ils avaient appris qu'il y avait un traître parmi les Vongola, un traître qui savait se cacher et qui livrait beaucoup trop d'informations sur eux. Assurément, la situation était difficile et Giotto s'était promis d'en savoir plus et peut-être d'aider la dixième génération le temps qu'ils étaient coincés dans ce temps.
Le lundi revenant, une partie des jeunes occupants de la demeure partirent pour l'école et cela calma un peu l'ambiance bien que cette escouade, la Varia, semblait savoir mettre l'assurer à elle toute seule. Alaude avait pourtant noté que le domaine avait un très bon système de sécurité, vraisemblablement sous la direction de Xanxus et de son second, Squalo. On ne voyait pas beaucoup le boss de l'escouade comme on ne voyait presque jamais le Gardien du Nuage du Decimo.
Ce jour là cependant, c'était un autre stress qui agitait Tsuna dans sa chambre. Il s'enquérait régulièrement de ce qu'il se passait avec la Première Génération et on lui donnait des nouvelles, lui racontant tout ce qu'il se passait. Mais ce matin, il pensait à autre chose parce qu'aujourd'hui, on retirait les pansements de ses yeux pour la première fois et il avait terriblement peur de ne pas voir correctement. On l'avait laissé seul avec Shamal et Reborn pour l'occasion, ne voulant pas le stresser plus qu'il ne l'était déjà. Le médecin l'avait confortablement assis et calé dans les oreillers. Il s'était assis près de lui et Reborn se tenait juste derrière. La lumière n'était pas très forte dans la pièce à cette heure de la matinée.
- On y va ? demanda finalement Shamal en recevant un signe de tête tendu. Alors n'oublie pas, ça va sûrement brûler un peu au début, tes yeux n'ont pas vu la lumière depuis longtemps. Cela fera un peu l'effet de prendre la lumière en plein visage quand on se réveille le matin. Il n'y a pas trop de lumière dans la chambre mais ça va brûler quand même un moment. Ensuite, tu verras certainement très brouillé d'abord. Il faut un peu de temps pour ajuster ta vision alors ne t'inquiète pas tout de suite c'est normal.
- Ok, approuva-t-il avec anxiété.
- J'y vais, annonça alors calmement le médecin.
Il détacha les pansements, les retirant progressivement avec délicatesse. Les bandes disparurent dans le silence, laissant finalement voir d'épais cotons. Shamal les retira doucement, révélant ses yeux clos qu'il lui demanda de garder fermé encore un instant. Il imbiba un coton de sérum pour nettoyer ses yeux où des croûtes s'étaient un peu accumulées.
- Tu peux ouvrir, autorisa-t-il finalement.
Ce fut sous l'immense attention des deux hommes qu'il le fit, très angoissé, mordant sa lèvre et serrant les draps dans ses mains. Il releva doucement les paupières, se mettant à cligner fortement lorsque la lumière l'atteignit et l'irrita comme annoncé. Les larmes apparurent rapidement, coulant en abondance. Il fallut un moment pour que son regard s'habitue de nouveau à la lumière mais il put finalement relever vraiment les paupières et les garder ouvertes, révélant enfin de nouveau ces iris brunes si bien connues et qui avaient manqué à tout le monde ici. Il continua à cligner un peu, relevant les yeux vers eux, plissant comme s'il voyait mal.
- C'est brouillé, remarqua-t-il.
- C'est normal, ça peut prendre un moment, rassura Shamal. Penche un peu la tête en arrière je vais te mettre des gouttes.
Le jeune homme s'exécuta et il en fit de même, venant doucement essuyer son visage pour le débarrasser des larmes et des excès de produit qui avaient coulé un peu.
- Merci, lui dit le Decimo comme très souvent.
Ils prirent leur temps, Tsuna continuant à mouvoir ses paupières et peu à peu, sa vue s'éclaircit, les rassurant progressivement. Il fallut un petit moment mais il put de nouveau voir normalement. Il leva les yeux vers Reborn et l'hitman lui sourit, sentant son émotion et son intense soulagement. Ce fut l'occasion pour l'ex-Arcobaleno de voir les changements dans son regard. C'était le même, doux, mais il y avait aussi la trace des épreuves, une maturité bien plus grande qu'autrefois, bien plus de calme aussi, de la gravité et un fond d'obscurité montrant qu'il avait énormément souffert. Là encore on voyait à quel point il avait été marqué et changé par sa détention. Mais c'était toujours lui au fond et cela était rassurant. Très vite, les larmes revinrent mais ce furent des larmes d'émotion cette fois et Tsuna laissa éclater son stress au sujet de l'état de ses yeux. Les deux hommes ne firent aucune remarque, le laissant soulager ses émotions, comprenant. Reborn vint ébouriffer ses cheveux décolorés, affectueux.
- Tu vas voir Tsuna, ça va mettre un peu de temps mais tout va revenir à la normale, assura-t-il.
Il acquiesça, acceptant un mouchoir tendu par le médecin avec gratitude. On le laissa se calmer tranquillement et ils furent heureux de le voir sourire une fois apaisé.
- On va encore faire des soins avec des collyres et des crèmes spécialisées pendant quelques temps pour bien terminer mais ça va aller maintenant, expliqua le médecin. Juste éviter les lumières trop fortes encore quelques temps et le soleil directement sur tes yeux.
- D'accord, approuva le Decimo. Merci Shamal.
- Ce n'est rien gamin. Maintenant, tu vas te reposer un peu, dit-il alors que le jeune homme avait l'air épuisé par ses émotions. Je pense qu'on commencera à essayer une alimentation un peu plus solide cette semaine aussi. Mais pour l'instant, essaye de dormir un peu tu en as besoin. On fera une séance de kiné tout à l'heure et quelques pas.
- Ok.
L'homme commença alors à ranger son matériel, quittant son chevet pour être remplacé par Reborn. Tsuna sourit lorsque Hibird le rejoignit, se posant dans ses cheveux comme souvent. L'oiseau de son Gardien du Nuage passait beaucoup de temps avec lui que son maître soit là ou non. Depuis qu'ils avaient repris l'école, Hayato lui laissait systématiquement Uri lorsqu'il partait et Takeshi lui laissait Jirou et Kojirou. Il savait que ses gardiens faisaient cela parce qu'ils s'inquiétaient pour sa sécurité mais aussi parce que les animaux de flammes familiers le calmaient. Natsu lui manquait mais Shamal ne voulait pas qu'il le fasse apparaître pour le moment. Cela lui faisait utiliser son pouvoir et il ne voulait pas le risquer tant qu'il était si fragile sans compter que Natsu puiserait dans ses forces pour rester à ses côtés. Si cela n'était pas gênant pour ses gardiens en pleine santé, lui était encore trop faible pour cela. On voyait pourtant l'Anneau du Ciel abritant la créature briller quand Tsuna lui parlait, le petit rugissement caractéristique de son lion miniature raisonnant. Le Decimo pouvait tout de même communiquer et il disait que son petit compagnon semblait comprendre la situation. Il sentait son énergie et sa présence à travers l'Anneau et il s'en contentait pour l'instant.
Mukuro laissait aussi sa chouette parfois, Mukurou. Hibari lui avait également confié Roll plusieurs fois, le posant sur son lit sans rien dire. Ryohei et Lambo s'étaient abstenus, Garyuu et Gyuudon n'étant pas vraiment à leur place dans la chambre. Les animaux des Vongola Gear semblaient tous l'adorer, calmes et doux avec lui, se laissant câliner et dormant contre lui dans le lit, Kojirou, l'hirondelle de Takeshi se nichant dans ses cheveux. Fon lui laissait Lichi, son singe, assez souvent, Colonello lui confiait Falco et Viper lui envoyait Phantasma lui aussi. Les animaux étaient un bon moyen de le détendre et de le divertir en douceur, lui faisant du bien. Et grâce à eux, leurs propriétaires avaient toujours un œil sur leur précieux ami. Mais incontestablement, l'animal qui passait le plus de temps avec lui, si ce n'était tout son temps, était Léon qui était toujours là, souvent sur son épaule, léchouillant sa joue, sa présence discrète mais très rassurante pour lui.
Aujourd'hui, il avait Hibird, Léon, Uri, Jirou et Kojiro qui ne se firent pas prier pour venir chercher un câlin lorsqu'il les appela, les autorisant à revenir près de lui. Les deux oiseaux se nichèrent dans ses cheveux, le chat sur ses genoux, le caméléon sur son épaule et le chien allongé contre ses jambes. Reborn lui laissa un moment de tendresse avec eux, sachant au combien il avait besoin de calme, de chaleur et de douceur depuis son sauvetage. Tsuna semblait avoir besoin de rattraper comme un retard pris dans sa détention mais aussi de s'en gorger pour oublier un peu la violence subie et s'assurer qu'il était bien sorti de cet enfer. Tout le monde le comprenait aisément. Il le poussa ensuite à se rallonger et à se reposer un peu, l'aidant à se réinstaller. Il s'assit près de lui et il vit le jeune homme l'observer avec joie, s'endormant progressivement sans lâcher son visage des yeux, comme apaisé.
Ce jour là, tous au manoir furent ravis d'apprendre la nouvelle et la bonne humeur se propagea à tout le monde. Même le Primo et ses Gardiens sentirent la différence au dîner ce soir là où l'ambiance était particulièrement joyeuse mais personne ne leur expliqua le pourquoi du comment. Le lendemain, Tsuna profita d'un moment de relative bonne forme pour demander à parler à Xanxus en privé. La demande surprit Reborn, Colonello, Mammon et Lal qui étaient avec lui mais ils ne firent pas de remarque, Viper allant bien gentiment demander à son boss s'il voulait bien venir. À la surprise de tous, Xanxus toqua à la porte quelques minutes plus tard, entrant l'air aussi fermé et froid qu'à l'habitude.
- Vous pouvez nous laisser s'il vous plaît ? demanda le Decimo aux ex-Arcobaleno.
Surpris par l'événement et se demandant ce que Tsuna pouvait vouloir à Xanxus, ils échangèrent un regard confus. La relation entre Tsuna et Xanxus avait toujours été houleuse. L'aîné détestait son cadet et son caractère trop gentil et le cadet n'aimait guère la brutalité et la froideur de l'aîné. Cependant, on avait constaté un changement depuis l'enlèvement et le retour du Decimo. Pour commencer, Xanxus et la Varia l'avaient cherché assidûment et avaient répondu présents immédiatement pour aller le sauver et monter la garde autour de lui. Ensuite, l'ambiance avait visiblement changée entre eux sans qu'on l'explique. Xanxus veillait à la tranquillité et à la sécurité du Decimo, se montrant bien plus neutre à son égard. Pas une fois il ne lui avait mal parlé, élevé la voix ou appelé « déchet ». Tsuna quand à lui, était bien plus calme à son égard, détendu avec lui comme jamais il ne l'avait été, bien plus ouvert. Personne ne comprenait le pourquoi du comment mais quelque chose avait changé entre eux et cette demande de Tsuna le confirma une fois encore.
Ils quittèrent la pièce sans discuter, Reborn lançant un regard d'avertissement au boss de la Varia pour qu'il n'importune pas son élève. La porte fut refermée et Tsuna invita l'homme à venir s'asseoir dans l'un des fauteuils restant constamment près de son lit pour accueillir les visiteurs. Xanxus s'approcha, aussi froid qu'à l'habitude bien que très calme. Il s'assit nonchalamment, croisant ses jambes en fixant le Decimo.
- Merci d'être venu, commença le jeune homme avec sa douceur caractéristique.
- Qu'est-ce que tu veux ? demanda-t-il d'un ton plat.
- Cela fait un moment que je voulais te parler de plusieurs choses, sourit-il, mais je voulais que l'on ait cette discussion les yeux dans les yeux alors j'ai attendu un peu. D'abord, je voulais te remercier pour tout ce que tu as fais. Je sais que tu as passé beaucoup de temps et mis beaucoup d'efforts à me chercher partout dans le monde avec Squalo et les autres alors merci beaucoup.
- Tch, je l'ai fait parce que le vieux le voulait, répondit-il en regardant ailleurs.
Tsunayoshi lui adressa un sourire à la fois attendris et indulgent. C'était fou à quel point tout le monde pouvait se fier à son hyper-intuition et, dans des moments comme celui-ci, oublier complètement qu'il savait quand on lui mentait. Il ne fit pourtant aucune remarque. Comme pour beaucoup de monde autour de lui, les émotions n'étaient pas le fort de Xanxus.
- Merci quand même, dit-il simplement. Rien ne t'y obligeait. Merci aussi d'être venu me chercher et d'avoir géré la sécurité autour de moi, d'être resté. Cela m'a rassuré, dit-il en lui faisant relever un sourcils surpris.
L'homme ne fit pourtant pas de remarque, croisant les bras en l'observant simplement. Tsuna lui sourit comme amusé par sa surprise.
- Tch, fit finalement le boss de la Varia. De quoi tu voulais me parler au juste ?
- Je voulais éclaircir une chose d'abord, reprit-il plus sérieusement de sa voix déformée. Je sais que ça t'énerve quand je dis que je ne veux pas être le Decimo, dit-il en le faisant grogner. Je voulais t'expliquer. Quand je dis que je ne veux pas être le Decimo, ce n'est pas que je ne veux pas prendre la tête des Vongola, dit-il en le laissant perplexe. Si c'était le cas, j'aurais pu mettre fin à tout ça depuis longtemps. Le Nono aurait accepté, il me l'a déjà demandé, si ça me convenait vraiment. En faite quand je dis ça, je dis que je ne veux pas être un parrain au sens où on l'entend. Je ne pourrais jamais être l'un de ces hommes avides, violents et meurtriers qui ne pensent qu'au pouvoir et au profit. Je sais que tous ne sont pas comme ça. Le Nono, Dino, Uni, Enma... ils ne sont pas comme ça mais ce que je veux dire, c'est que je veux que ce soit clair, je ne serais jamais ainsi.
- Les Vongola sont des mafieux et tu ne pourras pas changer ça, posa-t-il.
- Je ne veux pas le changer, je veux juste reprendre les manières de faire et réaffirmer le but de cette famille. Je veux que les Vongola reviennent à ce pourquoi le Primo les avait créé. Que ce soit clair, je ne veux pas les faire sortir de la mafia ou les affaiblir, au contraire. J'aimerais les renforcer encore, pour qu'on puisse avoir un maximum de pouvoir sur la mafia, pour qu'on puisse avoir un certain contrôle sur elle, dit-il en le surprenant et en le faisant sourire.
- Continue, poussa-t-il l'air intéressé.
- La mafia existera toujours, je le sais et j'en suis bien conscient mais les Vongola sont en bonne position pour la contrôler au moins en partie. J'aimerais qu'on se serve de cela pour limiter les débordements sur les civils et les innocents. J'aimerais qu'on soit ceux qui s'occupent de types comme ceux qui m'ont enlevé, qui ont fait ce genre de choses comme avec les sextuplés, commis ces horreurs, qui veulent commettre des horreurs. J'aimerais qu'on soit là pour limiter les dégâts et faire en sorte qu'il n'arrive pas de catastrophe comme ce que pourraient faire nos nouveaux ennemis ou comme Byakuran dans le futur ou Daemon. On arrêtera pas la mafia et ses magouilles, ça existera toujours et ça je peux l'accepter, c'est la nature humaine. Mais je veux pouvoir empêcher les catastrophes, arrêter des barbares comme ces gens et éviter des horreurs. Je sais que les Vongola peuvent faire ça. Je peux accepter d'être un mafieux et de permettre des choses pas vraiment claires mais je veux pouvoir aussi protéger les civils et les innocents de la cruauté et des ambitions folles de certains. Je veux qu'on soit là pour se charger des tarés en sommes. Alors oui je vais prendre la tête des Vongola mais je veux les ramener à leur rôle de protecteurs des populations sans pour autant les sortir de la mafia. Leur donner tout le pouvoir, la force et l'influence possible pour ancrer notre position et que l'on puisse dicter nos règles.
- Et donc j'imagine que la Varia et ses méthodes ne te plaisent pas, grimaça-t-il. Tu veux me dicter ma conduite ? demanda-t-il dangereusement.
- Non, pas du tout, dit-il en l'étonnant. Je veux te demander de m'aider si tu veux bien, continua-t-il en le stupéfiant un peu plus.
Il y eut un moment de silence entre eux, Xanxus visiblement un peu perdu et Tsuna reprit.
- Je suis quelqu'un de gentil, parfois trop, admit-il, tout le monde le sait. Toi et moi on est très différents c'est certain mais je sais que je vais avoir besoin de toi, de la Varia. J'y réfléchissais déjà avant mais après ce qu'il s'est passé, ce que j'ai vu, entendu, constaté... Ces gens là ne méritent pas la moindre douceur ou la moindre indulgence, dit-il en baissant les yeux sur Uri dormant sur ses genoux. Des ordures pareilles ne méritent pas qu'on reste bien gentil avec eux. Avant, je m'arrêtais à la dureté que tu pouvais manifester mais aujourd'hui je me rend compte que tu ne t'es jamais attaqué à un civil ou un innocent et que tout ceux que tu as attaqué le méritaient mille fois et je m'excuse de t'avoir jugé trop vite, dit-il en ramenant son regard dans le sien une fois de plus stupéfié. Je savais que ce monde n'était pas tendre mais je crois que je n'avais pas réalisé à quel point ça pouvait aller loin. Je sais maintenant, j'ai bien compris, dit-il l'air douloureux.
Il se tut un instant, comme hanté et Xanxus en profita pour assimiler tout ce qu'il entendait, surpris. Il avait bien vu que le gamin avait changé après ça. Comment aurait-il pu en être autrement ? Il l'avait cherché avec acharnement parce que malgré tout, il s'était attaché un peu à lui et à sa gentillesse sans pouvoir s'en empêcher. Il fallait dire aussi que le jeune homme avait quelque chose d'attractif et de convainquant, on avait envie de le suivre, ayant comme l'impression qu'on pourrait faire beaucoup de choses avec lui, sachant d'instinct que l'on pouvait lui faire confiance aveuglément. Il l'avait cherché parce que s'il ne l'aimait pas vraiment, il savait ce qui risquait de lui arriver dans sa détention et que malgré tout ce qu'il disait sur lui, jamais il ne lui avait souhaité une telle chose. Le gamin était bien le dernier à mériter une chose pareille. Pour lui, la mort valait mieux qu'un tel traitement. Ses hommes aussi s'étaient attachés à lui, il le savait et il savait qu'un tel boss protégerait son escouade quoi qu'il arrive. Depuis son sauvetage, il avait veillé, une part de lui ne savait pas trop pourquoi il l'avait fait avec tant de soin, une autre disait que Sawada méritait d'être tranquille et de pouvoir se soigner, d'être protégé après tel calvaire. Quand il y repensait, s'il n'avait pas été celui qu'il était, il serait peut-être mort à l'heure qu'il était depuis le combat des Anneaux. N'importe quel autre héritier mafieux ordinaire aurait pu demander son exécution après sa victoire, pour s'être levé contre lui, pour ce qu'il avait fait avec le Nono, son coup monté. Et la famiglia aurait accepté. Mais Tsuna n'était pas comme ça loin de là. Et aujourd'hui, il lui demandait son aide et s'excusait pour son jugement auprès de lui.
- J'ai réalisé qu'il fallait aussi de montrer ferme et impitoyable parfois dans ce monde et même simplement face à des gens de cette sorte qu'ils soient mafieux ou non, reprit le Decimo. Je veux que l'on puisse se charger de régler ce genre de problèmes avant qu'ils ne touchent trop d'innocents comme les enfants. Et je sais que tu peux m'aider pour ça. Tu es fort, la Varia est forte. Je sais que je peux me fier à toi. Tu as été là quand j'ai appelé pendant la Bataille des Représentants, tu as accepté de m'aider, tu es venu me chercher. Je sais que je peux compter sur toi, je l'ai enfin réalisé. J'aimerais que tu acceptes de m'aider pour régler les crises de ce genre, m'aider quand il faut combattre ce genre de types, mettre un stop quand ça va trop loin. Je sais que tu en as la force et je sais que tu ne laisseras pas déborder sur les civils.
Il prit un instant pour mettre de l'ordre dans ses idées avant de reprendre, son regard planté dans celui de l'homme :
- J'aimerais te demander ton aide à toi et à la Varia. Je ne vous donnerais pas d'ordre, je ne sais pas faire, s'amusa-t-il, et je ne le veux pas avec des gens que j'apprécie et que j'estime. Je préfère vous faire confiance. Je ne vous dirais jamais quoi faire, comment le faire. Mais ton aide me serait précieuse non seulement pour arrêter les familles ou les gens qui dépasseraient les bornes mais aussi pour affirmer la force des Vongola. Je sais que je ne pourrais pas me permettre de me montrer toujours trop gentil si je veux que les Vongola conservent la puissance et la place que je convoite pour faire ce que je veux. J'aurais besoin de toi, de ton point de vu et de ton conseil aussi. Avoir ton avis pourrait certainement m'aider. Il faudra de tout pour parvenir au but et je sais que j'ai autant besoin de mon propre caractère que du tien pour équilibrer les choses et pour qu'on puisse agir en conséquence de toutes les situations. Je veux que les Vongola soient puissants et influents, je ne veux pas les détruire ou les affaiblir, je veux juste aussi faire en sorte qu'ils retournent à leurs origines aussi. Donc je voulais te demander si tu accepterais de m'aider pour faire ça. J'aimerais vraiment qu'on puisse travailler ensemble lorsque je serais le Decimo.
Xanxus le regarda avec sérieux, surpris par son discours mais comprenant mieux maintenant ce qu'il voulait vraiment. Il voyait bien dans son regard qu'il était déterminé à faire ce qu'il voulait, qu'il était aussi sincère à son égard. Il était vrai que c'était une bonne chose d'avoir cette discussion yeux dans les yeux. Le jeune homme était parfaitement sérieux et il ne pouvait que constater qu'il avait énormément gagné en maturité depuis son enlèvement. Il était prêt à faire la part des choses, à accepter que tout n'était pas rose et que parfois, il était nécessaire d'être sans pitié et dur. Il semblait avoir beaucoup évolué sur bien des choses et il était agréablement surpris. Il reprit finalement la parole :
- Si jamais tu ridiculises les Vongola, que tu les affaiblis ou quoi que ce soit de ce genre, si tu t'avères incapable d'être un bon boss, si tu nuis à la famille, tu m'auras contre toi, prévint-il. Mais dans le cas contraire et si tu veux vraiment nous mettre au sommet et faire ce qu'il faut, me laisser faire comme je l'entends pour des cas de ce genre, je veux bien travailler avec toi, dit-il sérieusement. Mais ne vient pas te plaindre de mes méthodes. La Varia est une escouade d'assassins et je ne changerai pas. Je ne serai jamais gentil comme toi. Moi les déchets, je les descend et si j'ai besoin d'infos, je me fiche des méthodes pour les obtenir.
- Je peux l'accepter tant que tu ne t'attaques pas à des civils ou des innocents, et qu'il y ait un minimum de justesse dans les châtiments que tu infliges par rapport à ceux à qui tu les infliges, répondit-il.
- Tch, ça doit pouvoir se faire, répondit-il avec une mauvaise foi que Tsuna savait presque forcée par son hyper-intuition.
- Et comme je le disais, je ne serais pas contre avoir ton avis et ton conseil de temps en temps. Tu connais ce monde mieux que moi.
- Tu m'écouteras ou c'est juste pour me faire plaisir ? demanda-t-il un peu narquoisement.
- Je t'écouterais mais cela ne veux pas dire que je suivrais systématiquement ton avis, précisa-t-il.
- Je m'en doute bien, ironisa-t-il.
- Est-ce qu'on a un terrain d'entente ? demanda Tsuna.
- Oui, tant que tu ne te comportes pas en minable, répondit-il.
- Merci Xanxus, répondit-il avec un sourire lumineux qui embarrassa l'homme par sa sincérité et sa gratitude.
Il se leva pour couper court à cela, se dirigeant vers la porte.
- Mais avant de pouvoir faire ça, remarqua l'homme avant de sortir et sans se retourner vers lui, retape toi Sawada, tu fais toujours pitié, dit-il en l'amusant.
Il sentait bien que l'italien n'était pas moqueur mais qu'il s'inquiétait un minimum pour sa santé et cela le touchait. Il le montrait simplement à sa manière. Il le regarda sortir, heureux d'avoir eut cette discussion avec lui, d'avoir fait la paix et d'avoir mis les choses au clair. Il savait maintenant que ce qu'était Xanxus était nécessaire dans la Mafia et au fond, l'homme ne s'était jamais attaqué à des civils, il n'avait jamais débordé, il n'avait jamais été inutilement cruel ou barbare. Il le voyait aujourd'hui et il savait qu'il pouvait avoir confiance en lui et en sa force. Il vit rapidement Reborn et les autres revenir l'air intrigués et curieux.
- Alors, de quoi avez vous parlé ? demanda Colonello.
- J'ai simplement expliqué quelques petites choses, répondit-il en baissant les yeux sur Uri qu'il caressait doucement.
- Et qu'est-ce que ça donne ? demanda Lal. Xanxus avait particulièrement calme et satisfait en sortant.
- On a simplement trouvé un terrain d'entente, annonça-t-il en les ahurissant.
Ils échangèrent un regard alors que le Decimo ne semblait pas décidé à donner plus de détail. Mais s'ils comprenaient bien, il disait qu'il avait fait la paix avec Xanxus et trouvé un moyen pour qu'ils s'entendent. Incroyable que l'homme ait accédé à cela. Ils ne purent s'empêcher de se demander ce que Tsuna avait pu lui dire ou lui proposer mais le Gardien du Ciel ne dit rien. En tout cas, il avait vraiment dû être convainquant pour que Xanxus accepte. Cela fit sourire Reborn. Visiblement, Tsuna se transformait de plus en plus en boss très doué. La discussion entre Tsuna et Xanxus resta entre eux, peu dans le manoir sachant même qu'ils s'étaient rencontrés de la sorte.
Le lendemain, au déjeuner, on avait fait la première tentative de nourriture plus solide pour Tsuna et cela ne s'était pas très bien passé. Le Decimo n'avait même pas pu terminer son repas qu'il avait été atrocement malade, vomissant violemment tout ce qu'il avait avalé. Le malaise avait perduré même une fois son estomac vide, lui donnant de violents hauts-le-cœurs pendant un bon moment. Au final, cela l'avait laissé tremblant, épuisé, prit de fièvre et de migraine, affaibli. Il avait fallu un moment pour que tout revienne à la normale, le Decimo pâle et éprouvé. Shamal n'avait pas vraiment été étonné, sachant que cela serait difficile. Après un an et cinq mois sans avoir avalé quoi que ce soit de solide, il n'y avait rien d'étonnant à ce que son corps peine à accepter de nouveau de la nourriture. Les liquides n'avaient pas posé trop de problèmes si ce n'était quelques maux de ventre et petites indigestions, mais ils n'auraient visiblement pas autant de chance pour la suite. Le médecin disait que cela serait certainement désagréable un bon moment mais qu'ils tenteraient d'essayer différents aliments faciles à assimiler, en petites quantités, jusqu'à ce qu'il parvienne à se nourrir de nouveau.
Mais cela serait pour plus tard alors qu'à cet instant, Tsuna avait vraiment besoin de se reposer, le malaise l'ayant mis en mauvais état. Dans sa chambre, Reborn l'avait regardé s'endormir lourdement d'un sommeil fiévreux, énervé et inquiet de le voir dans cet état. Ce problème de nutrition était angoissant. Il serait difficile pour Tsuna de reprendre du poids, des forces et de guérir vraiment s'il ne pouvait pas s'alimenter correctement et avec de la vraie nourriture. Dans un coin, Kyoya était là aussi cette après-midi alors que les autres étaient soit occupés ailleurs, soit à leur tour de garde, avec la Première Génération, occupé à ses recherches pour Verde, à l'école ou alors pour Colonello, avec les sextuplés et Amedeo. L'ex-Arcobaleno de la pluie s'était pris d'affection pour ces enfants malmenés et il avait entrepris de leur apprendre le japonais, les enfants voulant connaître la langue du pays où ils étaient, celle de leur nouveau grand-frère. Et à la surprise générale, ils apprenaient extrêmement vite. Il n'y avait donc que l'ancien préfet de discipline et l'hitman au chevet du Decimo cette après-midi et cela n'était pas plus mal au vue de son état et de son besoin de calme et de sommeil après cet épisode. Si Hibari avait l'air aussi froid et détaché qu'à l'habitude, en le connaissant, on pouvait voir son inquiétude et sa colère alors qu'il ne lâchait pas son ciel des yeux, silencieux.
C'était en fin d'après-midi, à l'heure la plus calme de la journée, peu avant le retour des autres de l'école, que le portable de Reborn sonna brusquement, rompant le silence parfait de la chambre du Decimo. Sur le lit, Uri et Jirou sursautèrent, se réveillant soudainement, Hibird et Kojirou gigotant dans la tignasse du jeune homme qui grimaça dans son sommeil. L'hitman se leva en silence, décrochant et sortant rapidement pour ne pas que le bruit dérange son élève qui avait besoin de dormir. Il quitta donc la chambre, échangeant un regard avec Hibari qui lui assura d'un signe de tête qu'il veillait. Le silence revint rapidement et le Gardien du Nuage observa son ciel et les animaux de flammes se rendormir profondément. Sans un bruit, il se détacha du mur pour rejoindre l'une des fenêtres encadrant le lit, jetant un coup d'œil à l'extérieur comme souvent, s'assurant que rien de suspect ne rôdait. Il remarqua rapidement qu'un gros groupe d'herbivores rentrait de l'école, avançant sur l'allée de gravier menant à la porte principale. Les gardiens sans l'enfant vache et les Simon. Les deux filles et les enfants n'étaient pas avec eux pour une fois, peut-être partis faire une course en ville avant de rentrer. Cela arrivait souvent avec les gamins réclamant des bonbons.
Il se détourna en entendant quelqu'un entrer doucement. C'était l'apprenti du père de l'omnivore qui venait certainement rendre visite à son ami. Pourtant, quelque chose en lui le fit tiquer, comme si quelque chose n'allait pas et il se tendit imperceptiblement. Il observa l'adolescent qui s'approchait du lit tranquillement, ne détectant rien d'étrange ou d'inhabituel venant de lui. Il jeta donc un nouveau coup d'œil dehors pour s'assurer que tout était en ordre. Son attention revint pourtant bien vite sur son ciel lorsque celui-ci se réveilla subitement, faisant sursauter les animaux qui l'entouraient. Encore mal en point, il se redressa péniblement sur un coude, atrocement pâle, tremblant et respirant mal. Il porta une main à sa tête mais il se força pourtant à regarder autour de lui l'air un peu alarmé. Lorsqu'il posa les yeux sur l'apprenti de son père, Hibari comprit sur le champs que quelque chose n'allait vraiment pas en voyant son visage se faire grave, sérieux, fermé et qu'il demanda :
- Qui êtes-vous ?
Son ton brisé était pourtant ferme, exigeant réponse. Jamais il ne lui avait entendu tel ton et cela le fit frisonner d'excitation. L'omnivore avait changé dans un sens qui lui plaisait même s'il détestait la manière dont cela était arrivé. Il comprit pourtant ce qu'il se passait à la question, se rapprochant discrètement du lit, sortant ses tonfa.
- Sawada-dono ? interrogea l'adolescent l'air confus.
- Vous n'êtes certainement pas Basil, trancha le Decimo.
Une seconde plus tard, un sourire froid et calculateur totalement déplacé s'installa sur le visage du faux Basil qui bondit vers Tsuna incapable de bouger. Uri et Jirou se dressèrent sur le champs, grondant mais ce fut le Gardien du Nuage qui arrêta l'intrus, s'interposant et le repoussant d'un puissant coup qui le renvoya un peu plus loin dans la chambre. Il se planta entre le lit et l'attaquant, percevant sans mal que dans son dos, son ciel n'allait pas très bien, encore mal et pris d'une forte fièvre depuis son malaise du matin en plus de son état déjà désastreux. Il ne fallait pas que l'autre l'approche.
- Qui es-tu herbivore ? demanda-t-il le ton glacial.
L'autre ne lui répondit pas, des flammes du brouillards le nimbant soudain pour révéler un homme habillé de noir et encapuchonné comme ceux qui les avaient attaqué au manoir Italien.
- Kyoya, s'inquiéta Tsuna la voix faible.
- Reste tranquille Omnivore, je m'en charge, assura-t-il avec confiance.
L'autre rit et bondit sur lui. Seulement, il dévia au dernier moment pour l'éviter et tenter d'aller sur le lit. C'était sans compter sur l'expérience du Gardien du Nuage qui l'intercepta avec maîtrise, le renvoyant plus loin. Il ne faisait aucun doute que le Gardien du Ciel était la cible privilégiée de l'homme. Il le renvoya de nouveau et l'autre soupira l'air ennuyé, l'agaçant. Il sortit une sorte de mini détonateur et l'activa. Plusieurs flash de lumière inondèrent la pièce, faisant grimacer Tsuna dont les yeux fragiles furent loin d'apprécier.
- Attention Kyoya, bredouilla-t-il pourtant alerté par son hyper-intuition.
Hibari n'attendit donc pas pour activer son bracelet du nuage, faisant apparaître Roll qu'il nourrit d'une bonne quantité de flamme. Lorsque la lumière s'éteignit et qu'il put voir de nouveau, une quinzaine d'hommes habillés de la même manière que le premier étaient là et son radar de flamme du nuage qu'il avait immédiatement déployé en découvrant l'intrus et ses flammes du brouillard lui confirmèrent qu'il ne s'agissait pas d'une illusion. La pièce était trop petite pour qu'il puisse préserver l'Omnivore et mordre à mort ces intrus sans risque pour lui. Il devait le sortir de là, le mettre en sécurité et revenir se charger d'eux. Le groupe se jeta sur eux sans sommation, la majorité se dirigeant manifestement vers le Decimo. Sur le champs, Roll se démultiplia de nombreuses fois, construisant une barrière solide et hermétique entre eux. Il ne perdit pas de temps et se dirigea vers le lit où l'omnivore respirait mal, tremblant et faible, grimaçant de douleur.
- On doit sortir d'ici omnivore, Roll les retient, dit-il calmement en écartant la couverture.
Une violente explosion toute proche fit trembler le bâtiment et il devina qu'ils tentaient de passer son mur, sans succès pour le moment. Tsunayoshi approuva et voulut retirer ses perfusions sans y parvenir, tremblant trop, la vision brouillée par les fortes lumières. Il s'en chargea donc avant de le prendre dans ses bras comme une princesse, veillant à ne pas lui faire mal. La tête du Decimo tomba lourdement sur son épaule alors qu'il n'avait pas la force de la tenir droite et il fut d'autant plus choqué de constater son poids bien trop léger évident ainsi. Il ne perdit pas de temps et s'en alla à grands pas. Il ne pouvait pas atteindre la porte principale de l'autre côté de son mur mais il en existait deux autres secrètes dans la pièce. Il emprunta l'une d'entre elle, les animaux de flammes le suivant. Il déboucha dans une autre salle et courut souplement pour en sortir et se diriger vers les autres. Ils pourraient leur confier l'omnivore pendant qu'il revenait mordre à mort ces fous qui s'étaient introduit ici, encore furieux après ce qu'il s'était passé pendant la première attaque et l'humiliation qu'il avait pris comme les autres. Il se pressa quand son radar du nuage lui indiquait que les assaillant sortaient de la chambre pour les suivre, se demandant comment ils savaient où ils allaient.
Adriano, fils d'Asagoro ne s'était jamais considéré comme quelqu'un de moyen, au contraire. Et surtout, il s'estimait être parmi les meilleurs illusionniste mondiaux, sa flamme du brouillard plus que respectable. Cela ajouté à la technologie de flamme développée par sa famille renforçant fortement ses illusions et il s'estimait être le plus fort. C'était sans compter sur l'hyper-intuition de ce fichu sujet FF-54 qui leur causait tant de problèmes dernièrement. Non content de s'échapper, il refusait de se laisser rattraper et les forçait à révéler ce qu'ils auraient voulu garder secret encore un peu. Son père avait changé ses plans lorsque le projet Origine avait dérapé. Il était censé leur amener la Première Génération des Vongola et leur octroyer ainsi leurs puissantes flammes. Ils avaient réussi à amener le Primo et ses Gardiens dans leur temps mais ils n'étaient pas apparu dans leur laboratoire comme prévu, loin de là. Croyant d'abord avoir échoué, ils avaient ensuite appris que leurs sujets étaient à l'autre bout du monde, au Japon. La faute aux Anneaux Vongola visiblement. Décidément, les problèmes s'enchaînaient depuis la fuite de FF-54 quand il n'y en avait pas eu un seul en des générations d'activités secrètes.
Son père, Asagoro, avait alors changé ses plans et l'avaient envoyé lui, décidant de tenter une approche plus discrète pour reprendre leur sujet et arme fétiche. Il avait plusieurs missions en venant ici : confirmer la présence de la Première Génération, confirmer celle de la série 22 et reprendre FF-54. Espionnant et voyant le gamin du CEDEF quitter le domaine pour aller en ville visiblement, il avait pris son apparence pour entrer, ses illusions renforcées par les inventions de leurs ingénieurs trompant facilement ces faiblards de Vongola. Il avait pu entrer sans problème. Se faisant discret, il avait pu confirmer la présence de la Première Génération dans un grand salon. Il avait veillé à ne pas trop approcher et à ne pas se montrer, se méfiant de l'hyper-intuition du Primo. Voyageant dans la demeure en s'efforçant de croiser le moins de gens possibles, les trompant sans mal lorsque cela arrivait, il avait fini par trouver la série 22 et ce traître d'Amedeo. Il avait dû se retenir de tuer sur le champs cet insecte gênant mais il n'était pas là pour ça. Une nouvelle fois, il était parti, à la recherche de sa cible qu'il n'avait eu aucun mal à localiser grâce au détecteur créé grâce à l'empreinte de sa flamme qu'ils avaient soigneusement conservé. Il avait vérifié l'heure et constatant que le timing était parfait, il était entré l'air de rien comme un ami venant rendre visite au Decimo.
Il avait été heureux de le trouver endormi avec seulement un gardien pour veiller. Il avait de la chance. Il rit intérieurement lorsque le garde ne remarqua pas la supercherie bien qu'il le regarde intensément. Ces systèmes étaient vraiment parfaits. Maintenant, il lui suffisait simplement d'attraper, de toucher FF-54 et c'était gagné. Une fois ce chien désobéissant repris, ce serait un peu la débandade du côté des Vongola, c'était évident. Ils baisseraient leur garde autour de la série 22 et de la Première Génération pour mettre leurs moyens à la recherche de leur Decimo. Il serait alors facile de les reprendre eux aussi. Il avait juste besoin de le toucher et il serait piégé. Il ne s'était pas précipité, s'efforçant de faire naturel pour éviter d'alerter le gardien qu'il traitait allègrement d'imbécile en son fort intérieur. Il y était presque lorsque sa cible s'était réveillée et que son hyper-intuition était venue tout gâcher, ce stupide gardien venant se mettre sur sa route. Il n'avait pas tardé à faire venir du renfort. Une partie occuperait le gêneur. Il suffisait que l'un d'entre eux attrape FF-54 et c'était gagné. Il ne fallait pas que cela traîne. Au plus cela traînait, au plus les gêneurs s'accumuleraient. Seulement, l'enquiquineur avait matérialisé ce mur et les choses s'étaient compliquées. Heureusement, leur détecteur permettait de suivre FF-54 à la trace. Il décida de s'entêter quitte à provoquer un combat. Ces Vongola ne valaient rien. Gioele n'avait eu aucun mal à les maîtriser. Seul leur sujet pouvait être dangereux par sa puissance, ce n'était pas pour rien qu'ils le voulaient mais il n'était clairement pas en état d'intervenir cette fois. Il le rattraperait quitte à battre tout les présents ici. Ce n'était pas ces microbes qui allaient le mettre en échec.
Rentrant du lycée, Hayato, Ryohei, Chrome et Takeshi avaient laissé les Simon dans le hall. Enma et ses gardiens étaient partis vers leur aile comme toujours depuis l'arrivée de Spade, ne voulant pas le croiser. Et eux étaient partis vers le salon principal. Ils y avaient retrouvé la Première Génération avec Fon, Lal et Fran. Verde devait être dans son labo, la Varia dans leur espace privé ou à la garde, Colonello avec les enfants aux cheveux blancs comme souvent dernièrement. Reborn était assurément avec Tsuna, Hibari aussi certainement si les autres étaient ici, avec Shamal éventuellement. Et Mukuro ne devait pas être très loin, certainement caché par ses illusions alors qu'il surveillait très étroitement Spade depuis son arrivée. Ils saluèrent tout le monde, ceux-ci en faisant autant. Le majordome venait leur proposer une petite collation comme à chaque fois qu'ils rentraient lorsqu'une violente explosion fit trembler le manoir. Il y eut un instant de choc et de silence, de tension dans la pièce avant que Takeshi et Hayato ne se regardent avec horreur :
- Ça venait des appartements du Juudaime ! s'exclama Gokudera paniqué alors qu'il partait au triple galop avec son collègue.
Fon, Lal et Fran bondirent à leur suite avec Chrome et Ryohei et Giotto suivit, comprenant immédiatement que le manoir était attaqué. Sans surprise, ses gardiens vinrent aussi, sur le pied de guerre comme tous, suivant le Gardien de la Tempête du Decimo qui galopait en tête comme un furieux. Quelle ne fut pas la surprise de Giotto lorsqu'une copie de son meilleur ami Cozzato déboula, entourée de six jeunes gens d'un âge approchant le sien.
- Qu'est-ce qu'il se passe ? demanda-t-il en se mettant à courir près du Gardien de la Pluie. Ça venait de la chambre de Tsuna non ?!
- Oui, mais on ne sait pas ce que c'est, confirma Takeshi.
Une seconde plus tard, ils pilaient tous net quand Hibari surgit d'une pièce juste devant eux, portant une frêle et petite silhouette dans ses bras, accompagné de Uri, Jirou, Kojirou et Hibird. Tout se figea une seconde avant que l'on remarque qui il tenait :
- Juudaime ! s'exclama Gokudera en accourant avec les autres. Qu'est-ce qu'il se passe Hibari ?
- Un intrus est entré, répondit-il. Il a attaqué l'omnivore et amené d'autres herbivores gênant. Yamamoto Takeshi, interpella-t-il en lui tendant sa charge.
Le Gardien de la Pluie s'empressa de prendre celui qu'il portait avec une délicatesse infinie et beaucoup d'inquiétude sous l'attention de Giotto et de ses amis. Et ce fut le choc pour eux en trouvant un frêle jeune homme en bien mauvais état qui ressemblait comme deux gouttes d'eaux au Primo. Inutile qu'on leur dise qui il était. Takeshi le prit avec beaucoup d'attention l'air très inquiet pour lui.
- Oya oya, qu'est-ce qu'il se passe ici ? demanda Mukuro en apparaissant d'un nuage de flammes du brouillard.
- On est attaqué tête d'ananas ! Ce n'est pas évident ! s'exclama Hayato.
- La cible exacte ? demanda l'illusionniste en posant un regard grave sur le petit brun.
- L'omnivore, répondit Hibari. Il y a au moins un illusionniste dans le troupeau. Je vais les mordre à mord, dit-il en faisant demi tour.
Il stoppa cependant en se rendant compte que leurs attaquants étaient là maintenant. Tous se mirent en garde, tous sauf la Première Génération se mettant devant le Gardien de la Pluie et sa précieuse charge.
- Livrez le nous, ordonna l'un des intrus masqué l'air ennuyé. Cette lutte est vaine. Nous le récupérerons un jour ou l'autre de toute manière.
- On ne vous laissera plus jamais l'approcher ordures ! hurla Gokudera en rage.
Sans tergiverser, Hibari brandit ses tonfa qui furent bien vite nimbés de ses flammes du nuage qui inondèrent le grand couloir avec une puissance folle et une évidente envie de meurtre qui surpris Giotto et ses gardiens. Aucun ne s'attendait à ce qu'il soit capable de déployer une telle puissance. Mukuro en rajouta une couche en faisant apparaître son trident et en en faisant de même, une seconde vague de puissance écrasante balayant les lieux.
- Oya oya, sourit-il froidement. Personne ne touche Tsunayoshi en notre présence.
On vit plusieurs de leurs opposants sortir des armes qui s'illuminèrent de flammes avec bien moins de puissance que pour les gardiens. Une voix dangereuse s'éleva pourtant derrière eux, faisant sursauter tout le monde :
- Chaos, fit Reborn en émergeant des ombres son pistolet à la main.
Une aura froide et terriblement menaçante émanait de lui, son regard plus tranchant qu'une lame.
- Mettez Tsuna en sécurité, ordonna-t-il. On se charge de ces intrus.
Hibari bondit et le combat s'engagea entre leurs ennemis, les gardiens du nuage, du brouillards, du soleil, Lal et Fran. Gokudera se tourna vers Takeshi, prenant les choses en mains :
- Va mettre le Juudaime en sécurité, protège le on s'occupe de ça, affirma-t-il. Prend la Première Génération avec toi, rejoint les gamins. Ce sont tous des cibles potentielles. Colonello doit être là bas. Enma ?! interpella-t-il.
- Je vais avec Tsuna, assura-t-il alors que ses gardiens suivraient.
- Ne laisse pas le Juudaime intervenir, dit-il en baisant les yeux sur son boss pas très alerte et visiblement mal. Planquez vous on vient vous chercher quand on en a terminé.
Il y eut un violent éclat de lumière dans le couloir au milieu du combat et à l'ahurissement général, le nombre d'ennemis avait doublé lorsqu'elle s'éteignit.
- Aller ! s'exclama Hayato en allant combattre lui aussi.
- Je viens avec vous, annonça Fon à Takeshi.
- Hum, allons-y, dit-il en faisant demi-tour avec sa charge et en enjoignant les autres à suivre.
La Première génération coopéra sans problème, admettant qu'ils n'étaient pas sur leur terrain et qu'ils semblaient avoir les choses en main. Fon prit la tête avec trois gardiens d'Enma, ouvrant la route et ils tombèrent rapidement sur la Varia qui arrivait en courant, stoppant une seconde.
- Trente attaquants environ, commença Fon à l'attention de Xanxus. Ils sont à l'étage de Tsunayoshi. Un peu de toutes les flammes, les mêmes que la dernière fois, de bons illusionnistes selon Kyoya.
- Tch, cette bande de déchets va regretter d'être revenue, gronda Xanxus. Ils ont attaqué Sawada directement ou d'autre ?
- C'est lui qui était visé visiblement, répondit Fon en jetant un coup d'œil au Decimo dans les bras de son gardien.
- Déchets, dit-il en regardant Squalo et Belphegor, vous allez avec eux, nous on va éradiquer les nuisibles, dit-il en repartant.
Les deux groupes se séparèrent et ils reprirent leurs route, tombant sur Colonello qui après quelques infos fila vers le combat. Encore une minute et ils débarquaient dans la suite d'Amedeo et des enfants qui les regardèrent venir avec inquiétude.
- Nous sommes attaqués de nouveau, informa Fon en Italien. Les autres s'en chargent, nous on reste ensemble. Vous êtes aussi des cibles potentielles. On reste là pour le moment, ils sont à l'autre bout du manoir, et on protège Tsunayoshi.
Ils approuvèrent, les sextuplés d'un calme guerrier très impressionnant pour leur âge. On ferma et barra la porte, le calme retombant progressivement dans la pièce alors qu'on sentait le manoir baigné des flammes puissantes des Vongola, le bâtiment tremblant de temps en temps sous les combats, les tirs divers raisonnant. Le calme revenant, l'attention de Giotto se porta sur le jeune homme porté par Takeshi et qui lui ressemblait terriblement. Il n'avait pas l'air bien du tout, tremblant, plus pâle qu'un mort, transpirant, respirant mal et le regard trouble, atrocement maigre. Mais ce qui le choqua le plus fut les lourdes cicatrices qu'il trouva sur lui. Sur son cou, ses poignets, ses chevilles nues et partout où la peau était visible.
- Takeshi, bredouilla-t-il d'une voix faible terriblement déformée et cassée.
- Ça va aller Tsuna, assura celui-ci en lui souriant calmement et en le serrant avec protection. Ne t'en fais pas, les autres s'en occupent et tu n'auras pas besoin d'intervenir cette fois c'est promis. On ne les laissera pas t'approcher c'est juré.
- Repose toi Tsuna, conseilla doucement Enma qui l'avait rejoint et qui avait pris sa main.
Ses gardiens se tenaient entre Tsuna et la Première Génération ou plutôt entre lui et Spade qu'ils surveillaient très attentivement.
- Repose toi, répéta-t-il. Ne t'inquiète pas on ne les laissera pas te toucher c'est juré, dit-il le regard déterminé.
