Chapitre 13 :
Remise en action
Ce fut pendant un long moment que Shoichi et Spanner, restèrent avec Tsuna, expliquant ce qu'il attendait d'eux. Ils l'écoutèrent soigneusement avant de lui promettre de faire ce qu'il demandait de leur mieux au plus vite. Il les remercia chaleureusement comme toujours et ils s'en allèrent, discutant entre eux la voix basse. Reborn qui ne les avait pas quitté vint s'asseoir près de lui.
- Tu n'es pas obligé de faire ça et de prendre sur toi comme ça Tsuna, remarqua-t-il doucement.
- Je préfère prévenir que guérir. Je me sentirai mieux en les ayant. Et toi et moi on sait qu'ils vont revenir vite et... et j'ai peur de ce qu'il pourrait arriver, dit-il alors que les larmes lui montaient aux yeux. Ces types... c'est à moi qu'ils en veulent et... et ils savent parfaitement quoi faire pour me faire céder quand je tente de résister et... et ça me terrifie.
Ses larmes coulèrent et il vint les essuyer du revers de sa manche, réprimant un sanglot. D'autres coulèrent bien vite et Reborn se rapprocha, écartant ses mains de son visage alors qu'il tentait d'arrêter ses larmes.
- Tu as le droit de pleurer Tsuna, dit-il doucement en passant une main dans ses cheveux décolorés. Qu'ont-ils fait pour te faire céder ?
La question fit redoubler les larmes du jeune homme, son regard se faisant plus hanté que jamais, toute couleur quittant son visage. Reborn lui laissa le temps, comprenant qu'il avait alors dû vivre quelque chose de très grave. Et il voulait tenter de le pousser à en parler, il fallait vraiment qu'il laisse un peu sortir, qu'il se laisse aller. Toutes les nuits, on voyait Tsuna faire d'horribles cauchemars dont-il refusait de discuter. Il avait besoin de se confier, de se décharger et le tueur à gage savait qu'il ne se l'autoriserait avec personne si ce n'était lui. Il n'y avait qu'avec lui qu'il se laissait un peu aller. Son ciel pleura un long moment alors qu'il continuait ses caresses dans ses cheveux, lui signifiant qu'il était là.
- C'était... au début, commença finalement Tsuna. Quand ils me faisaient combattre avant les inoculations pour tester ma flamme, dit-il sans que les larmes ne cessent. Je voulais faire ce que je pouvais pour les freiner. Je ne voulais pas coopérer bien gentiment.
Il marqua une pause, l'hitman attendant patiemment sans cesser de le toucher. Jamais il n'avait vu une telle expression d'horreur, de tristesse, de douleur, de désarrois et de cauchemar sur le visage de son élève.
- Alors j'ai refusé de me battre même lorsque leurs engins me tapaient dessus, reprit-il. Je laissais ma flamme s'éteindre lorsqu'ils l'allumaient avec une balle et je ne faisais rien. C'était tout ce que je voyais pour résister un peu et les retarder. Je n'avais encore rien vu de ce dont-ils étaient capables, de ce qu'il pouvaient vouloir faire mais j'avais un très très mauvais pressentiment et je voulais faire ce que je pouvais pour les gêner. Alors j'ai refusé de me battre et de me servir de ma flamme.
Il s'arrêta de nouveau, fermant les yeux avec force, se crispant terriblement, serrant les poings jusqu'à en trembler.
- L'homme des hauts-parleurs était très énervé. Il avait l'air hors de lui, continua-t-il. Furieux que je lui résiste. Alors il m'a envoyé une puissante décharge. Je suis tombé. Je ne pouvais plus bouger. Ils ont ouvert les portes et... et ils ont fait entrer cinq... cinq gosses. Ils devaient avoir dix, douze ans, pleura-t-il alors que Reborn comprenait où il allait en venir. Ils les ont aligné devant moi. Ils ont pointé leurs armes sur eux. Ils étaient tellement terrorisés. Ils pleuraient, ils tremblaient. Leurs yeux suppliaient pour qu'on vienne les sauver. J'ai essayé de bouger, d'aller les chercher, de me lever. Ils m'ont envoyé une autre décharge pour que je ne puisse pas, pour que je sois juste assez conscient pour voir ça. Les enfants m'ont regardé et il... il y avait toute la terreur du monde sur leurs visages. Je leur ai hurlé d'arrêter, que j'obéirais, pleura-t-il sa voix de plus en plus difficile à comprendre dans ses sanglots. Ils... ils n'ont rien voulu entendre. Il y a eu un premier coup de feu, dit-il la voix brisée. Un deuxième, un troisième, un quatrième, un cinquième. Ils leur ont... tiré dans la tête et je vois encore leurs visages... J'ai tenté de bouger, d'y aller, j'ai rallumé ma flamme mais j'ai pris d'autres décharges. Je n'ai rien pu faire. Ils criaient et leurs voix... elles sont toujours là.
Il éclata en sanglots et Reborn se rapprocha pour le prendre dans ses bras et le serrer contre lui, furieux contre ses ravisseurs. Bien sûr, le meilleur moyen de casser Tsuna n'était pas de s'en prendre à lui mais de s'en prendre à des innocents. Il n'imaginait même pas ce que le jeune homme avait ressenti en le connaissant.
- Ils m'ont laissé là..., reprit le Decimo anéanti, avec eux, des heures. Il y avait du sang partout et... Je n'ai pas pu les sauver. Ils ont dit que si je résistais encore, ils recommenceraient autant de fois que nécessaire en pire à chaque fois. Alors j'ai arrêté de résister. Je n'ai rien pu faire et je sais qu'ils feront pareil avec vous, qu'ils n'hésiteront pas à vous blesser, à vous tuer, à vous torturer, à tenter de vous prendre vos flammes, à vous exploiter... et je ne veux plus jamais... plus jamais être aussi impuissant. Je ne veux pas qu'ils vous touchent et que je ne puisse que regarder comme ça. Je ne le supporterai pas. Ils savent bien que je préférerai retourner là bas plutôt qu'un seul d'entre vous ne soit touché. C'est pour ça qu'ils ont capturé tout le monde la première fois et je... et j'ai eu tellement peur Reborn et... et..., dit-il avec panique. Je ne supporterai pas qu'il vous arrive quoi que ce soit sans que je ne puisse rien faire... encore. J'ai vu une partie de ce qu'ils cachent encore. Je sais de quoi ils sont capables et... j'ai tellement peur Reborn, pleura-t-il. Je n'ai jamais eu aussi peur de toute ma vie, termina-t-il la voix brisée.
Il ne put articuler un mot de plus, ses sanglots éclatant définitivement sans contrôle. Il se terra contre l'hitman qui le serra en réponse. L'ex-arcobaleno jeta un coup d'œil à la porte entrouverte, parfaitement conscient que dehors, les gardiens du Decimo moins Chrome et Lambo, avaient tout entendu, horrifiés. Il vit d'ailleurs un Hibari tremblant de rage refermer sans un bruit pour laisser son intimité à Tsuna. Reborn reporta alors toute son attention sur son ciel pleurant à s'en déchirer l'âme contre lui. Il le serra avec protection, caressant ses cheveux.
- On fera tout ce qu'il faut pour que ça n'arrive pas Tsuna, je te le promet, assura-t-il. On fera tout ce qu'on pourra. Tout le monde s'entraîne dur pour être à la hauteur. Ça ira. Je sais que tu veux protéger ta famille mais n'oublie jamais dans tout ça, que tu comptes toi aussi énormément pour nous tous, que personne ici ne veux te voir souffrir davantage ou te mettre en danger. Moi le premier, confia-t-il en tentant de l'apaiser. On va faire ça ensemble. Tu n'es plus tout seul, on ne te laissera plus jamais tout seul. Alors n'oublie pas de t'appuyer sur nous et de ne pas en faire plus que tu ne peux. Te perdre serait insurmontable pour beaucoup d'entre nous, pour moi, dit-il tout bas.
S'étant progressivement calmé dans ses bras, sous son discours, Tsunayoshi releva un visage pâle et baigné de larmes vers lui. Touché par toute l'émotion qu'il sentait venir de cet homme qui comptait tant pour lui. Jamais Reborn ne s'était ouvert de la sorte et cela ne faisait que prouver davantage à quel point ces mots avaient de l'importance et de la signification pour lui. L'hitman lui offrit un doux sourire, venant caresser sa joue :
- Je sais à quel point tu as peur pour nous, reprit-il, parce que je ressens la même peur pour toi. Quoi qu'il se passe Tsuna, nous serons avec toi pour tout affronter. Je serai avec toi. Ne l'oublie pas. Ensemble, on y arrivera, comme on a toujours fait. C'est à ça que ça sert une famille. Ne te force pas à porter tout ça seul, ce n'est pas ce que je t'ai appris. Ok ?
L'adolescent approuva, ses larmes coulant encore calmement et l'homme déposa un tendre baiser sur son front, l'enfermant ensuite dans ses bras pour le consoler et l'apaiser. Cela prit d'ailleurs un long moment alors que Tsuna n'arrivait pas à retenir ses larmes et quelque part, si le voir ainsi était douloureux, l'hitman fut heureux de le voir se laisser un peu aller. Si auparavant, il avait déjà compris qu'il avait très peur qu'il leur arrive quelque chose, il ne comprenait que plus après cette révélation. Cet épisode restait certainement aussi traumatisant pour Tsuna que la torture physique, peut-être même plus encore. Il savait à quel point il avait dû souffrir de cela, être anéanti, se sentir coupable... Ses ravisseurs étaient parfaitement conscients de ses faiblesses et il était normal après tout cela que le Decimo redoute qu'ils s'en servent encore contre lui. Ce fut finalement la fatigue qui eut raison des larmes et Tsunayoshi s'endormit dans ses bras, pâle. Il le garda un peu contre lui avant de finalement le réinstaller dans son lit avec délicatesse. Il le couvrit soigneusement avant de venir essuyer les restes de larmes de son visage.
Il se leva ensuite sans un bruit, allant ouvrir la porte. Derrière elle, il trouva les cinq gardiens les plus âgés de son élève, l'air furieux, tristes et choqués d'avoir entendu ce qu'avait vécu leur ciel. Ils étaient là depuis le départ des deux ingénieurs. Ils avaient certainement dû apprendre que Tsuna les avait fait venir et sachant ce qu'il était susceptible de leur demander, ils étaient venus voir. En entendant son début de confession, ils avaient décidé de rester à l'écart, sachant que Tsunayoshi ne dirait plus rien pour les épargner s'ils étaient là et l'adolescent avait été tellement bouleversé par ce souvenir qu'il ne s'était pas rendu compte de leur présence. Ils entrèrent derrière lui sans un bruit refermant derrière eux, s'installant ensuite plus ou moins loin du lit captant toute leur attention. Il y eut un long moment de silence lourd, tous sombres en saisissant parfaitement quelle torture cela avait été pour leur ciel si gentil et bienveillant. Ce fut finalement Gokudera qui prit la parole, la voix basse alors qu'il se tenait debout près de son boss :
- Il faut qu'on devienne plus forts pour lui, pour le rassurer, dit-il. On ne peut plus se laisser avoir comme en Italie.
Ils restèrent au chevet de leur boss, veillant avec attention, digérant ce qu'ils avaient appris aujourd'hui. Cet après-midi là, ce fut avec joie que Tsuna parvint à faire quelques pas avec Shamal et Reborn qui l'encadraient et le soutenaient. Ses jambes se dérobaient de moins en moins maintenant et il commençait à pouvoir de nouveau tenir debout. Shamal disait qu'il pourrait rapidement marcher un peu plus et cela l'avait réjouit. L'exercice avait pourtant suffis à l'épuiser et on l'avait de nouveau laissé un moment seul avec Reborn le temps de se reprendre.
- Tu t'améliores, remarqua son tuteur pour l'encourager.
- Juste un peu, répondit Tsuna. Mais si ça me permet de sortir un peu de ce lit, sourit-il. Reborn ? Je peux t'emprunter Léon un instant s'il te plaît ?
- Pourquoi ? demanda-t-il en commençant pourtant à faire descendre le caméléon de son chapeau pour lui passer.
- J'aimerais appeler quelqu'un et je veux être certain de ne pas être écouté, répondit-il en réceptionnant délicatement le petit animal sur son doigt.
Il lui demanda gentiment de se transformer en téléphone et il ne se fit pas prier. Il composa un numéro qu'il connaissait maintenant par cœur même s'il ne s'en était servi qu'une fois, portant l'appareil à son oreille, Reborn suivant avec curiosité. Il y eut un instant de silence avant que l'on ne décroche de l'autre côté.
- Talbot-san ? interrogea Tsuna en faisant sourire son tuteur. Bonjour. C'est Sawada Tsunayoshi, se présenta-t-il. Excusez moi de vous déranger mais j'ai besoin de votre aide.
Pendant un moment, il lui exposa sa demande, expliquant la situation au vieil artisan parfaitement au courant de sa disparition et de son retour. Il termina finalement, l'hitman le regardant remercier et saluer l'homme avec le sourire avant de raccrocher. Léon reprit sa forme animale et l'adolescent le cajola doucement pour le remercier.
- Alors ? demanda-t-il. A-t-il accepté ?
- Il a dit qu'il venait au plus vite pour voir ça, répondit le Decimo.
- Bien, acquiesça Reborn. Il pourra certainement t'aider. Maintenant repose toi.
Un peu plus tard dans la journée, alors qu'il se réveillait doucement d'une sieste dans laquelle il ne se souvenait pas avoir glissé, Tsuna se rendit naturellement dans son ciel mental, comme souvent lorsqu'il voulait un moment de solitude et de paix totale. C'était son refuge. Un endroit où personne ne pouvait l'atteindre. Il aimait venir et admirer son ciel de flammes multicolores. Il était d'ailleurs de plus en plus beau et brillant au fur et à mesure qu'il reprenait des forces. Les dons de Giotto, Uni et Byakuran avaient aussi amélioré les choses alors qu'il terminait de les assimiler doucement. Cela était plus rapide qu'il ne l'avait imaginé, certainement parce qu'il se sentait mieux depuis sa libération. Si tout allait bien, cela serait terminé le lendemain et il pourrait avancer un peu plus alors qu'il retrouvait plus d'énergie. Il s'était aussi soudain souvenu qu'il avait un autre moyen de gagner des forces : en retirant les barrières qu'il avait autrefois mise autour de ses flammes de l'aurore pour les cacher. Il s'y attela sur le champs, les libérant. Et alors qu'il le faisait, il les sentit se répandre tranquillement en lui, toutes ses autres flammes se ravivant un peu plus. Il savoura la sensation chaude et agréable, soupirant de bien-être à sentir toutes ses flammes enfin libres.
Cela fait, il s'intéressa à autre chose, s'approchant de sa flamme du soleil, cherchant à comprendre pourquoi on ne pouvait s'en servir pour le soigner. Il y avait beaucoup réfléchis. Il savait que pour soigner, les flammes du soleil agissaient sur son corps dans lequel coulait toutes ses flammes qui faisaient peut-être barrière. Le pouvoir de soin du soleil n'était pas agressif très loin de là et il ne forçait donc pas pour entrer comme un pouvoir qu'on aurait utilisé pour l'attaquer. Ne pouvant entrer simplement, il n'avait aucun effet. C'était son hypothèse. Il pouvait en revanche utiliser ses propres flammes du soleil et il s'y employa. Il savait qu'il ne pouvait y aller trop puissamment au risque de faire du dégât et de s'épuiser alors qu'il n'en n'avait pas la force. Mais il pouvait tout de même essayer de se remettre un peu en état. S'il pouvait juste reprendre un peu de muscle pour pouvoir se lever et bouger un minimum, cela lui suffirait et ce fut sur cet objectif qu'il se pencha. Il manipula ses flammes du soleil pour les faire couler doucement, lentement dans tout son corps pour ne pas se brusquer ni trop se fatiguer, se laissant du temps. Il les concentra sur ses muscles et tout son système moteur, le stimulant doucement pour lui redonner forme. Une fois cela en place, il sourit, espérant que cela fonctionnerait. Il le verrait bien vite, cela ne prendrait que quelques jours.
Lorsqu'il eut terminé, il se dirigea vers l'arche et le palais de fusion mentale d'Ulysse. Leur jardin était vide lorsqu'il y entra et il alla poser sa main sur l'entrée du jeune garçon, lui demandant s'il pouvait venir un moment. Ce fut avec joie qu'il le rejoignit presque immédiatement, lui souriant en venant l'enlacer naturellement, heureux de le voir. Tsunayoshi lui rendit l'étreinte avec joie, prenant de ses nouvelles comme il le fit aussi. Ils s'installèrent ensuite ensemble.
- Qu'est-ce que je peux faire Tsuna-nii ? demanda le plus jeune en italien.
Le Decimo sourit à l'appellation japonaise que les sextuplés avaient repris de Lambo, Fuuta et I-pin depuis peu, l'utilisant toujours avec joie. Et cela lui faisait plaisir, leur donnant un peu plus des airs d'enfants, se considérant comme leur grand-frère depuis bien des mois déjà.
- J'aimerais que tu m'expliques comment on s'y prend pour créer un palais de fusion mentale comme celui-ci, répondit-il. J'aimerais en créer un pour mes gardiens. C'est très utile et cela pourrait aider dans certaines situations.
- Tu es sûr d'avoir assez de forces pour ça ? s'inquiéta Ulysse.
- On va déjà parlé théorie. Je ne le ferai pas si c'est risqué pour moi ne t'en fais pas. Ce serait une bonne chose mais ce n'est pas indispensable.
- D'accord, sourit-il alors.
Il commença donc à lui expliquer comment tout cela fonctionnait et ils y passèrent un long moment, Tsunayoshi très attentif. Ils s'interrompirent à l'heure du dîner lorsque Amedeo vint les chercher dans le palais pour que son protégé vienne manger, poussant Tsuna à aller en faire de même pour ensuite se reposer. Cela ne l'empêcha pas de prendre un moment pour discuter avec le jeune boss et prendre de ses nouvelles, celui-ci en faisant autant. Ce soir là, il y eut le plaisir de voir Kyoko et Haru ainsi que Chrome et Uni venir dîner avec lui, Reborn souriant en mangeant à l'écart pour le laisser profiter de la compagnie simple et douce des jeunes femmes veillant toujours sur lui avec grande attention.
Le lendemain lorsqu'il se réveilla, Tsunayoshi avait été heureux de constater qu'il avait terminé d'assimiler les dons de flammes qu'il avait reçu, se sentant mieux à grâce à cela, moins lourd. Lorsque Shamal termina son petit examen du jour en milieu de matinée, il lui demanda s'il pouvait descendre au salon, en ayant plus qu'assez de cette chambre. L'homme accepta à condition qu'il ne se fatigue pas trop. Shamal avait décidé de faire un essai en retirant les perfusions alors qu'il buvait maintenant normalement. Et s'il ne mangeait toujours pas solide, il se nourrissait assez convenablement à son goût bien qu'il surveillerait pour être sûr et que quelques compléments terminerait de faire en sorte qu'il ne manque de rien. Le jeune homme insista aussi pour s'habiller, espérant rassurer un peu son entourage à son sujet. Reborn lui sortit alors un pantalon droit noir et confortable ainsi qu'une chemise, l'aidant à s'habiller en comprenant son besoin de montrer une meilleure image surtout avec les derniers arrivés au manoir.
Il voulut aussi tenter d'y aller en marchant, arrêté par les deux hommes pour cela. Il insista, arguant qu'il lui faudrait bien s'exercer pour retrouver ses moyens. Finalement, un compromis fut trouvé devant l'entêtement du Decimo et de l'hitman. On le porterait jusqu'à descendre au rez de chaussé après quoi il pourrait marcher jusqu'au salon. Reborn le prit donc dans ses bras pour l'emmener. Il croisa Donatello dans le couloir, le majordome demandant s'il y avait un problème. Tsuna lui expliqua simplement qu'il en avait assez de son lit, qu'il allait passer un moment au salon et qu'il déjeunerait peut-être avec les autres pour une fois, l'idée lui faisant plus qu'envie. L'homme le suivit alors comme une ombre, le Decimo le remerciant en sachant qu'il allait veiller sur lui quoi qu'il dise. Il en profita pour l'informer de l'imminente visite de Talbot même s'il ne savait pas exactement quand il arriverait. Il lui demanda de préparer une chambre au cas où il accepterait de rester et de le prévenir dés qu'il serait là même s'il dormait.
Arrivé au bas des marches, Tsuna demanda à être déposé et Reborn le fit comme promis, soupirant. Il garda pourtant un bras ferme enroulé autour de lui, le soutenant. Ce fut une véritable surprise pour tout ceux présents dans le salon de le voir entrer ainsi, habillé, debout. Tellement qu'il y eut un long moment de silence avant que Takeshi ne sourit largement :
- Tu es debout Tsuna ! dit-il en bondissant.
Il accourut, venant lui offrir son appuis à l'opposé de l'hitman en voyant qu'il en avait besoin. Dans la pièce, Giotto était là avec ses gardiens de la pluie, du soleil et de la tempête. Fon, Uni, Gamma, Byakuran, Kykyo et Dino également présents. Tous l'observèrent, très surpris, heureux et inquiets aussi.
- J'en avais assez de ce lit, répondit-il à son ami.
- Viens t'asseoir, poussa celui-ci.
Tsuna se laissa conduire sans protester, touché par l'attention de son gardien et s'avouant que ses jambes tremblaient terriblement. Takeshi et Reborn l'installèrent bientôt dans un canapé. Takeshi retourna vers son fauteuil quand l'ex-arcobaleno s'asseyait sur l'accoudoir à droite de son élève.
- Comment tu te sens Tsuna ? demanda le Primo avec sollicitude.
- Mieux, sourit-il. Vos dons m'ont fait du bien merci, dit-il en regardant les trois concernés.
- On peut peut-être renouveler si cela t'aide, proposa son ancêtre.
- C'est gentil mais c'est inutile, répondit-il. Plus ne serait peut-être pas une bonne idée, expliqua-t-il alors qui sentait que plus de flammes étrangères mettraient son équilibre à mal.
- Ça ne t'a pas causé de problème avec tes flammes j'espère ? s'inquiéta Uni.
- Non pas du tout mais il n'en faudrait pas plus, répondit-il. Pas pour le moment en tout cas.
- Tsuna-nii ! hurlèrent soudain plusieurs voix.
On vit soudain débouler Lambo, Fuuta et I-pin qui accoururent vers lui avec joie pour venir le voir. Haru, Kyoko, Chrome et Bianki entrant à leur suite. Ils grimpèrent sur le canapé avec lui et il accueillit les deux plus jeunes qu'il cala dans son bras droit, Fuuta se logeant contre son flanc gauche avec un soupir d'aise avant de demander avec inquiétude :
- Tu te sens mieux Tsuna-nii ?
- Je vais bien ne t'en fais pas, assura-t-il.
- Tu restes un peu en bas avec nous ? demanda Lambo.
- Oui et je déjeune avec vous, dit-il en les faisant hurler de joie.
Très vite, on vit rappliquer bien du monde, tous heureux de passer un moment ensemble ainsi avec leur ami qui avait l'air d'aller un peu mieux aujourd'hui. On engagea des discutions, Tsuna participant peu pour plutôt observer tranquillement les siens autour de lui, appréciant cette ambiance qui ne lui avait que trop manqué. Cela lui rappela d'ailleurs de bien mauvais souvenirs qui furent éloignés lorsqu'une que la grande main de Reborn vint lui ébouriffer affectueusement les cheveux. Il releva le regard vers lui, lui offrant un faible sourire de remerciement. Si certains comme Giotto remarquèrent ce petit moment, ils ne firent aucune remarque. Lorsque Tsuna baissa de nouveau le regard vers les enfants, ils s'étaient endormis blottis contre lui l'attendrissant. Il finit d'ailleurs par s'endormir lui aussi sans s'en apercevoir, s'appuyant contre Reborn près de lui. Tous avaient d'ailleurs fait silence en s'en apercevant, observant le Decimo qui avait encore l'air épuisé. On vit Donatello avancer doucement pour venir déposer une couverture sur les jambes de son boss avec grande attention. Giotto sourit à cela :
- Vous l'aimez beaucoup n'est-ce pas ? remarqua-t-il.
- J'ai vu passer bien des boss de bien des familles, bien des hommes Giotto-sama, répondit-il en plaçant la couverture avec attention. Aucun, personne n'arrive au petit orteil de Tsunayoshi-sama, dit-il en faisant sourire tout le monde. C'est un honneur de le servir.
Il recula finalement pour se poster de nouveau dans un coin, veillant sur son patron avec attention.
- Il est très affaibli, remarqua gravement Byakuran.
- Et encore il remonte bien la pente, soupira Shamal qui les avait rejoins un moment plus tôt pour veiller son patient. Cela fait à peine deux mois que nous l'avons récupéré. Je n'espérais pas qu'il évolue aussi bien lorsque j'ai vu son état à son arrivée. Je n'avais jamais vu un truc pareil et pourtant j'en ai croisé des victimes de tortures. Mais même s'il donne l'impression d'aller mieux, il est encore très loin du compte. Le moindre incident pourrait le faire replonger sévèrement. Il ne peut toujours pas s'alimenter normalement et s'il commence à marcher, ça ne se fait pas sans mal.
- Qu'est-ce que tu veux dire le vieux ? interpella Gokudera.
- Tu crois vraiment qu'il va s'en remettre totalement sans séquelles ? répondit celui-ci. Non. Il a mal quand il bouge et si ça va s'améliorer, cela restera aussi. Tout son corps a été très abîmé, traumatisé et fragilisé. Ce qui veux dire qu'il va garder des douleurs chroniques un peu partout surtout s'il doit se battre ou faire des efforts. Sa santé va être fragile un bon moment et c'est sans parler de ses flammes. Il ne s'en plaint pas mais avec toutes les flammes qu'il a en lui, avec sa puissance déjà de base... un corps humain supporte difficilement cela et on ne peut rien faire pour ça. C'est Tsuna alors il fait bonne figure devant nous et sa nouvelle très grande résistance à la douleur n'y est pas pour rien non plus mais le fait est que ça ne va pas être tout les jours facile pour lui maintenant, dit-il en attristant tout le monde. Ça va être votre job d'être là pour lui sans bêtise, dit-il en regardant les gardiens présents qui approuvèrent sérieusement.
Ce jour là, Tsuna put déjeuner avec les autres dans la salle à manger, occupant la place d'honneur, tous ceux venant à table heureux de l'avoir avec eux. Il insista ensuite pour rester au salon et Shamal accepta, lui faisant pourtant amener une couverture alors qu'il tremblait un peu. Ce fut en milieu d'après midi, alors qu'il avait toute la première génération, ses propres gardiens, les Giglionero, les Gesso et les Cavallone avec lui que Tsuna se redressa soudain en percevant quelque chose, souriant doucement.
- Donatello ? appela-t-il doucement.
- Signore ?
- Peux-tu aller ouvrir la porte s'il te plaît ? Mon invité est là, dit-il en surprenant tout le monde se demandant comment il savait.
- Si, approuva-t-il en allant s'exécuter.
- Tu as invité quelqu'un ? s'étonna Takeshi.
- Oui, approuva-t-il en se redressant et en faisant mine de se lever.
- Reste assis Dame-Tsuna, poussa Reborn toujours près de lui. Tu en as déjà assez fait pour aujourd'hui et il ne t'en voudra certainement pas pour ça.
Le jeune homme soupira, devinant facilement que l'hitman ne le laisserait pas bouger de son fauteuil comme ça cette fois. Il resta donc là et quelques instants plus tard, le majordome revenait avec un invité qui surprit beaucoup de monde en le voyant. Il y eut un instant de silence, Tsuna souriant doucement en regardant le vieil homme qui entrait :
- Bonjour Talbot ojii-san, salua-t-il tranquillement.
- Bonjour Decimo, rendit celui-ci en s'avançant dans sa direction.
- Merci d'être venu si vite, continua Tsuna alors que l'artisan venait prendre place à côté de lui.
- Ce n'est rien voyons. Il est toujours tellement intéressant d'être dans ton entourage, s'amusa-t-il. Je suis heureux de te revoir, dit-il ensuite bien plus gravement.
- Talbot ?! s'exclama Giotto complètement atterré comme ses gardiens d'ailleurs.
- Giotto. Je suis à peine surpris de te voir ici avec tes gardiens. Il t'est encore arrivé d'incroyables choses n'est-ce pas ? dit-il en se tournant vers Tsuna qui sourit doucement. Vous êtes encore bien jeunes ma foi, s'amusa-t-il. La Triniset a encore fait des siennes.
- Comment peux-tu être toujours en vie ?! s'exclama G.
- Bien du monde aimerait avoir la réponse à cette question, ricana l'artisan. Mais je suis toujours là et toujours avec les Vongola, remarqua-t-il en surprenant la première génération. Non pas que je ne suis pas heureux de revoir mes vieux amis mais je crois bien que tu as besoin de mes services Decimo.
- Si vous le voulez bien, répondit Tsuna.
- La question ne se pose même pas, remarqua-t-il sérieusement. Allons voir ça.
Il se releva sans plus de cérémonie, tous ayant bien noté que la presque totalité de son attention était portée sur Tsunayoshi. Celui-ci acquiesça et se redressa, vite aidé par Reborn qui le souleva facilement, le prenant dans ses bras. Accompagné du majordome, ils quittèrent rapidement le salon, laissant là les autres et une première génération stupéfiée. Le silence retomba dans le grand salon lorsqu'ils furent partis, Giotto fixant la porte.
- Talbot est toujours en vie, bredouilla-t-il finalement.
- Oui, même si personne ne sait comment, remarqua Dino. Et il est toujours au service des Vongola depuis tout ce temps. Il a vu passer toutes les générations mais il paraît qu'il ne s'est que rarement montré. Il vit isolé.
- Pourquoi Tsuna a appelé le vieil homme ? demanda Ryohei.
- C'est évident tête de gazon ! s'exclama Gokudera. Avec toutes les flammes qu'il a, il va certainement lui demander un anneau pour l'aider à les maîtriser.
Ce fut dans un petit salon plus intime que Reborn amena Tsuna. Il l'installa dans un fauteuil avec attention alors que Donatello était parti chercher du thé et des petits gâteaux. Talbot s'installa non loin de lui et ils attendirent que le majordome revienne et les serve. Il s'éclipsa ensuite, l'artisan se tournant vers Reborn :
- Pouvons nous être seuls ? lui demanda-t-il.
L'hitman consulta son élève du regard, le sourire de celui-ci le décidant à approuver. Il s'en alla alors, Tsuna ne doutant pas qu'il allait attendre juste derrière la porte. Cela se confirma lorsqu'il sentit les flammes de l'homme rester juste dans le couloir, le faisant sourire.
- Et bien, tu es dans un triste état petit, remarqua l'homme affligé par ce constat. Mais tu es de retour et c'est le plus important. J'ai crains pour toi en apprenant ta disparition. Peux-tu m'en dire plus sur ce qu'il s'est passé ?
Tsunayoshi ne rechigna pas, ayant toute confiance en l'artisan, lui expliquant les grandes lignes de ce qu'il s'était passé, les intentions de leurs ennemis sans pour autant entrer dans les détails de ce qu'il avait subi. Il y eut un moment de silence lourd lorsqu'il eut terminé, Tsuna relevant finalement le regard vers lui :
- Ojii-san, est-ce que vous pourriez avoir une idée de qui sont ces gens ? demanda-t-il.
- Beaucoup de monde s'est intéressé aux flammes ces dernières décennies. Bien plus que tous ne pourraient le penser, révéla-t-il sans vraiment le surprendre.
- Je m'en doutais. Une telle chose n'a pas pu rester si secrète qu'on voulait nous le faire croire, soupira-t-il.
- En effet. Seulement, peu parviennent à de véritables résultats. C'est un sujet complexe et sans utilisateurs de flammes plus ou moins puissant et comprenant bien leurs flammes, il est ardu de réellement pouvoir faire quoi que ce soit. Ceux que tu me décris sont assurément d'un tout autre niveau. Je ne peux te renseigner, je ne sais pas de qui il s'agit. Cependant, il est évident qu'ils ont plusieurs décennies de recherche et de savoir derrière eux. Cela veut dire qu'ils savent depuis longtemps, ont accès aux flammes depuis longtemps et de manière régulière. Alors même si ça n'a rien donné jusqu'ici, je te conseille de creuser plus profondément du côtés des familles ou organisations reliées aux flammes depuis longtemps. Il y a forcément un lien quelque part.
- Je suis d'accord, approuva-t-il. Au sujet des flammes de l'Aurore Boréale ? Saviez vous qu'elles existaient ?
- Je le savais mais les utilisateurs de ces flammes étaient extrêmement rares et ils ont disparus il y a un moment maintenant. On peut désormais supposer que ce nouvel ennemi n'y est pas pour rien. Ils sont peut-être même responsables de leur extinction. Une lignée de sang uniquement pouvait développer ces flammes particulières, les Silenzio. Ils étaient discrets et on a très peu entendu parler d'eux. Isolées, les flammes de l'Aurore sont moins puissantes que celles du Ciel ou de la Terre mais réunies et bien maîtrisées, elles peuvent développer un énorme potentiel. Tu as acquis une grande puissance petit et s'ils l'apprennent, ce sera la guerre ouverte pour te reprendre.
- Hn, acquiesça-t-il en le sachant pertinemment. Est-ce qu'il existe encore d'autres flammes ?
- Oui, bien plus mineures et pas forcément réunies en famille de sept comme les principales. Beaucoup de ces porteurs particuliers ne font pas du tout parti de la mafia et peu sont conscients de leur pouvoir ou ont la moindre connaissance sur le monde des flammes. La vérité est que n'importe qui peut un jour manifester un pouvoir de flamme et il existe multitude de type dans le monde. Seulement, rares sont ceux qui en ont conscience, qui apprennent à maîtriser et développer ce don. La plus part de ces petites flammes n'ont même pas de nom et bien peu de monde est conscient qu'elles existent. Si vos ennemis savent que cela est possible, leurs connaissances des flammes sont d'autant plus avancées.
- Je vois, soupira-t-il. Au plus j'y pense au plus je trouve que nous avons tous été naïfs et arrogants de nous croire être les seuls, sourit-il ironiquement.
- C'est le propre de l'homme, balaya Talbot. Tu n'es pas ainsi petit, tu as l'esprit bien plus ouvert et humble que les autres. Tu en es conscient maintenant et je sais que tu ne prendras pas cela à la légère. Maintenant, discutons de ce qui t'a amené à m'appeler.
- Oui. Je ne sais pas si cela est possible.
- Cela l'est, assura-t-il. Contrôles-tu correctement ?
- Aussi bien que possible je pense, répondit-il. Seulement, j'aimerais mettre toutes les chances de mon côté et surtout être préparé au mieux. Il est évident que nous allons devoir nous battre encore et ça pourrait arriver très vite.
- Un nouvel anneau pourra en effet t'aider. Cette fois, je ne pense pas à un outil pour augmenter ta puissance mais plutôt pour t'aider à la gérer, à la canaliser et à la contenir. Peut-être même à servir de déversoir et de réserve externe pour soulager un peu ton corps de toute cette puissance qui le malmène.
- Vous pouvez faire cela ? demanda-t-il avec espoir.
- Oui, du moins je vais essayer. Cela sera une grande première, dit-il légèrement. Tu es décidément la personne la plus stimulante que j'ai pu rencontrer, rit-il l'air enthousiaste. Je ne m'ennuie plus depuis notre rencontre. J'ai bien compris que tu avais maintenant atteint un très haut niveau de maîtrise de tes flammes, continua-t-il plus sérieusement, je le sens clairement dans ton aura. Si je te parle de flamme intérieure, cela te parle-t-il ?
- Oui, approuva-t-il. J'appelle ça mon ciel intérieur.
- Bien. Je sais que cela n'est pas évident mais cela m'aiderait énormément dans mon ouvrage si tu acceptais de me laisser voir le tien.
- J'ai confiance en vous, sourit-il simplement.
- Ton hyper-intuition est encore plus stupéfiante que celle de Giotto désormais, s'amusa-t-il en se levant.
Il vint se poster près de lui, lui tendant une main que Tsuna prit sans hésiter.
- Je vais venir, prévint le vieil homme. Détends toi et laisse moi entrer.
Tsunayoshi accepta d'un signe de tête et ferma les yeux. Il sentit nettement l'intrusion. Cela ressemblait à celle d'un illusionniste tout en étant très différent. Une flamme encore inconnue se répandit en lui, douce et puissante. Lorsqu'il rouvrit les yeux, il était dans son ciel intérieur, avec Talbot. Il regarda le vieil homme se tenant debout à ses côtés. L'artisan était nimbé d'une légère flamme rosée qu'il n'avait jamais vu. Il resta surprit un moment avant de sourire :
- Il existe multitude de flammes que nous ne connaissons pas, remarqua-t-il.
- En effet. Elle est jolie n'est-ce pas ? dit-il en levant une main entourée de sa flamme particulière. Je l'ai appelé flamme de la rose, expliqua-t-il. Elle me permet entre autre de voir beaucoup de choses, les flammes en particulier et je les ressens ainsi plus précisément et intensément que les autres. Elle m'aide beaucoup dans mon travail. Je perçois grâce à elle un véritable monde de flamme tout autour de moi. C'est pourquoi je n'ai guère besoin de mes yeux. Elle me permet aussi de lier mes créations à ceux à qui je les donne, de créer un véritable lien entre eux. C'est avec elle que j'ai lié les anciens anneaux Vongola à vos anneaux animaliers.
- Elle est très belle, répondit Tsunayoshi. Je garderai cela pour moi.
- Je n'en doute pas. Ton ciel intérieur est absolument stupéfiant, remarqua-t-il ensuite l'air de regarder autour de lui. Fascinant. C'est un spectacle au dessus de tout ce que j'ai pu voir dans ma vie, dit-il l'air émerveillé. Tu as réalisé un exploit incroyable petit. C'est magnifique. Elles sont toutes liées entre elles ?
- Oui, approuva-t-il avant de se mettre à lui expliquer comment il s'y était pris pour tout stabiliser.
- Voilà une chose que je n'aurais jamais cru possible. Toutes tes flammes te sont parfaitement intégrées avec ta flamme du ciel plus resplendissante que jamais trônant au centre. Toutes sont calmes, stables et apaisées. Ta capacité d'acceptation et de conciliation est vraiment au dessus de tout Grand Ciel Lumineux. Merci. J'en ai assez vu.
Tsuna vit Talbot disparaître et il réintégra le monde physique à son tour, ouvrant les yeux sur le petit salon. Sa tête tourna un peu et il sentit une main le repousser gentiment dans son fauteuil pour qu'il s'y appuis. Il reprit rapidement ses esprits, trouvant le vieil artisan près de lui.
- Je vais faire de mon mieux pour créer cet anneau, assura-t-il. J'ai besoin d'un peu de sang et de flammes.
Il écarta sa cape pour sortir une fiole stylisée ainsi qu'un cristal rosé. Tsunayoshi lui tendit une main, le laissant lui prendre un peu de sang en lui entaillant la paume. Il récupéra ensuite le cristal et se concentra pour l'emplir d'un mélange de toutes ses flammes. Son anneau du ciel reluit et un petit rugissement de Natsu s'éleva, le faisant sourire. Bientôt, il pourrait l'invoquer de nouveau et il avait hâte d'y être, le lionceau lui manquant terriblement. L'opération le laissa complètement essoufflé et pâle, la vue trouble, épuisé. Talbot lui tendit une tasse de thé, récupérant le cristal brillant désormais d'une incroyable palette de flammes colorées. Il but une gorgée, ses mains tremblantes et il lui fallut un moment pour reprendre pleinement ses esprits.
- Merci, dit-il finalement au vieil homme qui le débarrassa de sa tasse vide.
- J'ai tout ce qu'il me faut. Ça ne devrait pas prendre plus de quelques jours, assura-t-il. Pour ce qui est des anneaux de l'Aurore que tu m'as demandé pour ces enfants, je me pencherai sur la question ensuite, dit-il en le faisant sourire avec gratitude. Quant à ta dernière demande, tiens, dit-il en sortant un petit coffret de sa cape.
Le Decimo le récupéra avec soin, donnant un regard infiniment reconnaissant au vieil artisan.
- J'ai confiance en toi pour en faire bon usage, dit-il. Tu devrais allez te reposer maintenant petit, je vais me mettre au travail.
- Merci Ojii-san. Donatello pourra vous conduire.
L'homme lui sourit avant de s'en aller. Il passa la porte et aussitôt, Tsuna vit Reborn entrer. L'hitman le rejoignit et il perçut vaguement une légère lueur d'inquiétude dans son regard. Il vint s'accroupir près de lui, le scrutant attentivement.
- Tu retournes au lit maintenant, imposa-t-il finalement.
Sans attendre de réponse, il se redressa et le prit dans ses bras, Tsuna se laissant faire en posant lourdement sa tête contre l'épaule de l'hitman. Rapidement, celui-ci le ramena à son lit, l'aidant à se changer et à s'installer. Tsuna avait déposé le coffret sur sa table de chevet et il ne posa pas de question à son sujet, sachant de quoi il s'agissait. Il s'assit finalement auprès du jeune homme, le regardant avec inquiétude alors qu'il était de nouveau atrocement pâle, le regard trouble. Il se détendit pourtant lorsque son ciel lui sourit.
- As-tu eu ce que tu voulais ? demanda-t-il finalement.
- Oui, approuva-t-il.
- Tant mieux. Tu devrais dormir un peu maintenant. Je te réveillerai pour dîner.
- Tu restes ?
- Oui.
- Installe toi au moins un peu sur le lit Reborn, poussa-t-il. Cela fait des semaines que tu dors et te reposes dans ces fauteuils. Tu seras mieux sur le lit, dit-il en tapotant le matelas près de lui.
L'hitman soupira avec un léger sourire en voyant son inquiétude pour lui. Ce n'était pas la première fois que son ciel s'inquiétait de son confort et de son repos, loin de là. Il accepta donc, sachant que cela l'apaiserait. Il contourna le lit, se déchaussa de deux coups de talons et monta sur le matelas. Il s'adossa dans les oreillers et allongea ses jambes devant lui. Il baissa son fedora sur ses yeux et croisa les bras, prêt à se reposer lui aussi.
- Dort maintenant Dame-Tsuna, ordonna-t-il.
Tsunayoshi sourit et se tourna vers lui, fermant les yeux pour se reposer. Il s'enfonça rapidement dans le sommeil et ce fut aussi rapidement qu'il alla se blottir d'instinct contre l'homme, le faisant sourire. Il termina finalement la tête posée sur sa cuisse et il ne put s'empêcher de venir caresser un moment ses cheveux décolorés, appréciant cette proximité avec lui. Il se détendit complètement, se reposant. Lorsque Shamal passa un peu plus tard pour s'assurer que Tsuna allait bien, il sourit d'un petit air taquin en voyant leur position. Reborn lui envoya un regard noir, le défiant de dire quoi que ce soit et il s'en alla en ricanant, refermant soigneusement.
Le lendemain, alors que beaucoup étaient repartis à l'école, Tsuna invita les ex-Arcobaleno ainsi que Byakuran et sa famille à le rejoindre dans un salon. Curieux, ils vinrent tous, Ganma accompagnant Uni venant prendre place près de lui.
- Quelle est la raison de cette petite réunion secrète Tsunayoshi ? demanda Byakuran l'air amusé en prenant place dans un fauteuil.
Le Decimo ne répondit pas, mettant plutôt en évidence le coffret qu'il tenait dans ses mains. Il y eut un moment de silence avant qu'il ne l'ouvre et ne prenne la parole en le tournant vers le reste de la pièce :
- Ils doivent retrouver des porteurs, dit-il en observant les réactions stupéfaites devant le contenu du coffret. Seuls ceux qui ont mis le sceau peuvent le retirer. J'aimerais vous demander de le faire.
Il regarda les anciens Arcobaleno un à un, tous surpris si ce n'était Reborn qui l'avait entendu en parler à Talbot lorsqu'il l'avait appelé.
- Les anneaux Mare, bredouilla Zakuro.
- Je pense que Byakuran devrait les porter de nouveau, continua Tsuna plus sérieux et ferme que jamais. Nous devons tous être prêt quoi qu'il se passe. La Triniset doit retrouver toute sa force et je crois que Byakuran devrait les avoir.
- Peu seront de ton avis Tsunayoshi, remarqua gravement ce dernier.
- Je sais que je peux avoir confiance en toi, répondit-il avec cette foi désarmante qui était sienne. Tu n'es pas celui à qui on a retiré ces anneaux et ils ont besoin de gardiens. Et dans le contexte actuel, ils te seront certainement très utiles.
- Que veux-tu en échange ? questionna le boss des Gesso.
Tous virent alors Tsuna pencher la tête sur le côté l'air de ne pas saisir la question et ils y retrouvèrent bien là le jeune homme qui de toute évidence, n'avait jamais eu l'intention de demander quoi que ce soit en retour. Byakuran sourit d'ailleurs, comprenant lui aussi.
- Tu es trop gentil Tsunayoshi, dit-il doucement. Qui sait ce que je pourrais faire avec ces anneaux ? taquina-t-il.
- Justement, remarqua gravement Colonello suspicieux. Tsuna, ce n'est peut-être pas une bonne idée.
- Ce n'est ni une bonne ni une mauvaise idée, répondit-il de sa voix brisée. Mais ça doit être fait. Les anneaux Mare ont une bonne raison d'exister et ils ont besoin de gardiens. Byakuran est celui qu'ils ont choisi. C'est un fait. Il ne fera pas de bêtise, assura-t-il avec confiance. J'ai confiance en lui, dit-il en regardant Byakuran dans les yeux.
Si celui-ci resta totalement impassible d'apparence, Tsuna discerna son émotion.
- Reborn, tu es d'accord avec ça ? demanda Viper.
- C'est la décision de Tsuna, répondit l'hitman. Il a retiré les anneaux Mare à Byakuran. J'estime qu'il peut décider de lui rendre. Et je suis d'accord avec ça. Il a raison. Avec ce que nous avons sur le dos et dont nous ne sommes pas sûr, nous devons consolider nos forces. Et puis si ce sale gosse fait encore des bêtises, on aura qu'à le remettre à sa place.
- Ma, qui te dit que vous y arriveriez, s'amusa-t-il avec provocation.
- Byakuran, soupira Tsuna.
- Mais de toute façon, je n'ai pas envie que Tsunayoshi ait à venir me taper sur les doigts, dit-il en faisant une moue boudeuse.
- Nous allons le faire, coupa Uni. Et je garderai un œil sur Byakuran, s'amusa-t-elle en regardant le concerné boudant.
Elle posa une main douce sur le bras du Decimo, lui souriant lorsqu'il la regarda. Il lui rendit l'expression, l'air heureux d'avoir son soutient.
- Très bien, acquiesça Fon.
Les autres suivirent bien que l'air méfiant en regardant Byakuran. Uni récupéra les anneaux et les anciens Arcobaleno se réunirent autour d'elle. Elle mena la manœuvre et ils combinèrent leurs flammes pour lever le sceau. Il fallut un moment mais ils le firent. Les anneaux Mare se mirent finalement à reluire de leurs flammes respectives, reprenant leurs couleurs. Lorsque ce fut terminé, tout les anciens Arcobaleno entouraient Tsuna et Uni, Reborn proche de son élève qui récupéra précieusement le coffret tendu par l'ancienne Arcobaleno du Ciel. Il y eut un moment de silence avant que tous ne retournent leur attention sur Byakuran, Tsuna lui souriant doucement. Il fit mine de se lever et Reborn l'aida sur le champs, le soutenant fermement et l'aidant à avancer vers le boss des Gesso. Celui-ci se leva et lui épargna les derniers pas en le rejoignant. Le Decimo mal assuré sur ses pieds, ne devant son équilibre qu'à Reborn le soutenant, tendit la coffret à son vis à vis qui le scruta gravement.
- Tu es sûr de toi Tsunayoshi ? demanda-t-il.
- Visiblement, ce n'est pas à moi qu'il faut poser la question, répondit-il la voix basse. Ne t'inquiète pas, tout se passera bien. Tu n'es pas le Byakuran à qui on a repris ces bagues. Il n'y a pas de raison d'avoir peur.
- Qu'est-ce qui te dit que j'ai peur ? questionna-t-il l'air arrogant.
Non loin, Uni souriait avec douceur, ayant bien compris depuis longtemps que Byakuran craignait quelque part de redevenir le monstre qu'il avait pu être dans le futur, dans un monde parallèle qui n'était désormais plus leur réalité. Tsuna l'avait visiblement compris lui aussi. Le jeune boss prit finalement les anneaux comme pour se redonner contenance. Il se tourna vers ses gardiens, leur distribuant leurs chevalières sans même se poser la question, tous les passant immédiatement l'air heureux de les avoir. Arrivant à l'anneau de la foudre, Byakuran se tourna vers Ganma, lui lançant. L'homme la rattrapa au vol, l'air contrarié :
- Je ne veux pas être ton gardien de la foudre, claqua-t-il en faisant mine de le renvoyer.
- Et je ne veux pas que tu le sois, trancha Byakuran en le figeant. Je n'ai pas de gardien de la foudre et je n'en n'ai pas besoin. Cet anneau te rendra plus fort. Prend le pour protéger Uni, dit-il avec un regard pour la jeune fille. Je n'en n'ai pas l'utilité de toute façon.
L'air partagé, Ganma garda finalement l'anneau en regardant sa jeune protégée, le passant à son doigt. Byakuran en fit de même et les sept anneaux Mare se nimbèrent de flammes, brillant magnifiquement avant de s'éteindre paisiblement, marquant l'acceptation de leurs porteurs. Tsuna sourit de nouveau, tanguant un peu sur ses pieds. Reborn le soutint plus fermement :
- Maintenant, tu retournes te reposer un peu, poussa-t-il.
Le Decimo approuva et voulut se remettre en marche, seulement, ses jambes se dérobèrent et une fois de plus, il se retrouva bien vite perché dans les bras de l'hitman. N'ayant pas vraiment envie de retourner une fois de plus au lit, Tsuna lui demanda d'aller au salon et Reborn répondit qu'il avait une meilleure idée. Il l'amena finalement dans la vaste véranda de la demeure qu'il n'avait pas encore eu l'occasion de voir. Après tout, le maître des lieux n'avait même pas encore eu l'occasion de voir son manoir et de le visiter. Il fut ravi de découvrir cette pièce splendide pleine de lumière donnant sur les jardins. Il y avait un très beau salon, un piano, de nombreuses plantes... C'était un lieu apaisant. Il fut rapidement installé dans un imposant fauteuil d'osier orné de coussins et on vit Donatello sortir de nul part pour déposer une couverture sur les jambes de son boss, lui proposant un thé pour se détendre.
