Ce texte est écrit pour la 167e Nuit du FoF sur le thème Gras.

Note de l'autrice : Ce texte... Ne parle pas de gras. Le thème m'a inspiré la scène avec Karadoc et tout le reste a été brodé autour pour donner du contexte. J'espère que ça vous plaira !


- Arthur ! s'écria Attila. Si tu ne me donnes pas tout de suite tout l'or de Kaamelott, je fais jeter une malédiction à tout ton château !

- Sire ! supplia Bohort à côté de lui. Je vous en conjure, donnons-lui l'or !

- Mais pourquoi ? protesta Léodagan. A chaque fois il nous fait le coup, il nous menace de tout cramer ou des pires attaques, on attend toujours de les voir se pointer à plus de deux ou trois pour mettre leurs menaces à exécution !

- Justement ! Vous voyez l'homme qui l'accompagne ? Il a la réputation d'être un grand mage des ténèbres ! Une malédiction à tout le château Sire, avez-vous idée de ce qui pourrait arriver ?

- Vous voulez dire, que je sois incapable d'obtenir la moindre information sur le Graal parce que les chevaliers qui m'accompagnent sont la pire bande de bras cassés du pays ? demanda Arthur. Merci mais en termes de malédiction je vois pas trop ce qui pourrait arriver de pire. Désolé Attila, reprit-il d'une voix plus forte, mais je ne peux pas te donner tout mon or !

- Et pourquoi ?

- Parce que sinon j'en aurais plus, voilà pourquoi !

- Aaaaaaaah ! Alors je fais jeter ma malédiction !

Attila ponctua sa phrase d'un signe de tête vers l'homme qui l'accompagnait et celui-ci brandit une baguette magique. Un éclair noir en jaillit et frappa le plafond le château.

- Désormais tout sera inversé dans ton domaine Arthur ! reprit Attila. Les moutons mangeront les loups, l'éclair tombera vers le ciel et la pluie asséchera tes plantations !

- C'est ça, balaya Arthur d'un signe de tête, on en reparlera quand vous ferez plus que balancer des machins noirs vers mon plafond. Gardes, foutez-les moi dehors !


- Ah Sire ! Vous avez deux minutes ?

- Désolé Seigneur Perceval, là je file en conseil militaire…

- Justement, c'est à propos de ça ! J'aurais une stratégie prometteuse à vous suggérer ! Quelque chose d'innovant !

Arthur resta dubitatif, clignant des yeux deux secondes en dévisageant Perceval qui reprit :

- Quoi, c'était pas le bon mot ?

- Euh si si, ça peut, justement je m'étonnais de vous entendre l'utiliser à bon escient…

- Ouais, ça va mieux maintenant que tout le monde fait l'effort de parler simplement ! Donc, pour votre stratégie militaire contre les barbares, je vous ai entendu avec Léodagan parler d'une manœuvre en V avec majoration des troupes à vers sud/sud-est, mais ça ne me paraissait pas des plus pertinents, c'est déjà ce qui est arrivé contre les Burgondes la dernière fois et ils nous avaient pris à revers. Alors que là, je me suis dit que si on concentrait nos troupes au nord-est, avec une bonne coordination, ça les ferait battre en retraite et les troupes de Calogrenant pouvaient les attendre en contrebas, disons à trente pieds direction nord-ouest. Ca leur couperait toute possibilité de fuite et on serait débarrassés d'eux.

Arthur ne répondit rien et Perceval soupira :

- Laissez-moi deviner, j'ai confondu des mots et ça veut rien dire ?

- Si… Justement… Vous… Vous savez quoi ? Je crois que j'ai besoin de m'asseoir pour digérer le choc, là. Venez avec moi au conseil militaire, je pourrais me poser et vous, vous répéterez tout ça devant des témoins parce que là même moi j'arrive pas à y croire.


- C'est vous beau-père ? s'étonna Arthur. Vous deviez pas rendre la justice aujourd'hui ?

- Si, j'ai fini.

- Quoi, déjà ? Me dites pas que vous avez encore fait cramer tout le monde !

- Mais non voyons ! protesta Léodagan. C'était que du léger aujourd'hui… Bon, y en a un, effectivement il avait volé l'intégralité de l'étalage d'un commerçant, donc je l'ai menacé de deux semaines de trou si jamais il était pris à recommencer. Les autres, je les ai acquittés.

- Quoi ? Un sursis et que des acquittements ? Alors attention, je ne m'en plains pas, mais qu'est-ce qui vous arrive ?

- Bah, il faut savoir doser aussi, punir, punir, punir, ce n'est pas comme ça qu'on donne aux gens confiance en la justice !

- Mais attendez, protesta Arthur, c'était pas aujourd'hui qu'on jugeait l'autre ordure là, celui qui avait égorgé un fermier et toute sa famille ?!

- Si si, il était dans le tas lui aussi ! Mais c'est bon, il a promis qu'il le referait plus…


- Et c'est pour cela, exposa Arthur, que j'ai besoin de deux volontaires pour mener cette mission diplomatique auprès du peuple saxon et éviter une guerre.

- Deux volontaires ? s'exclama Bohort. Pour une mission diplomatique ? Nous sommes trois fois plus forts qu'eux, une armée deux fois plus nombreuse et ordonnée, pourquoi voulez-vous de la diplomatie, on y va, on les défonce et on brûle toutes leurs baraques pour leur apprendre !

Arthur cligna des yeux plusieurs fois de stupéfaction mais n'eut pas le temps de répondre.

- La violence, la violence, vous n'en avez pas marre ? protesta Léodagan. Sire, je me porte volontaire, je m'engage sur mon honneur à vous ramener un traité de paix et d'entente signé en bonne et due forme !


Lancelot poussa la porte de la cuisine et soupira :

- Ah, c'est vous Sire !

- Seigneur Lancelot, vous êtes rentré de votre mission ?

- A l'instant ! J'ai même eu le loisir de croiser certains de nos camarades qui partaient se coucher. D'ailleurs, ils m'ont paru un peu… Bizarres. Plusieurs d'entre eux… Bon en fait tous avaient un comportement très inhabituel. Aux antipodes de ce à quoi ils nous ont habitués… Et comme j'ai eu vent des rumeurs concernant la malédiction qu'Attila aurait fait jeter en mon absence, je ne peux m'empêcher de m'inquiéter…

- C'est vrai que je me faisais la remarque que les choses ne tournaient pas rond, ces derniers temps… nota Arthur. Rendez-vous compte, le père Blaise m'a même suggéré d'arrêter les réunions de la table ronde parce que le Graal ne servirait à rien et qu'on se tuerait inutilement à chercher un vieux vase pourri au lieu de nous concentrer sur le Royaume…

- C'est assez surprenant de sa part en effet, confirma Lancelot. Vous ne pensez pas que ça pourrait venir de la malédiction ? Il avait parlé de tout inverser, non ? Est-ce que les caractères de nos camarades n'auraient pas basculé vers l'exact opposé de leurs habitudes ?

- Non… Vous y croyez vous, à ces conneries de malédiction ? Ils se sont enfin décidés à se sortir les doigts du cul et à arrêter de faire un concours à qui sera le plus débile, c'est tout…

Avant que Lancelot n'ait pu répondre, la porte de la cuisine se rouvrit sur Karadoc.

- Tiens, Seigneur Karadoc ! salua Arthur. Vous venez tailler un bout de gras avant d'aller vous coucher ?

- Un bout de gras ? Ah non merci Sire, très peu pour moi de ces saloperies ! Non, c'est vrai que je n'avais pas très faim au dîner mais c'est mauvais de se coucher le ventre vide, alors je suis venu me chercher un fruit, ça devrait passer quand même. Et puis c'est plein de fibres et de vitamines !

Karadoc s'empara d'une poire avant de ressortir et Arthur se retourna vers Lancelot.

- OK là il y a vraiment quelque chose de pas net.


- Bon, annonça Arthur, je vous ai réunis parce que vous semblez tous avoir constaté un changement radical chez plusieurs d'entre nous ces temps-ci. Cela serait dû à la malédiction jetée par le mage d'Attila l'autre jour. Certains d'entre vous auraient-ils une solution à proposer ?

Perceval haussa les épaules :

- Même en examinant la question sous tous ses angles, le mystère reste entier. Et puis, rétrospectivement, on ne peut pas dire que ce soit si calamiteux que ça.

- Mon oncle, il est vrai que ces changements ne peuvent nous apporter que du bon ! Rendez-vous compte, hier, j'ai pu m'aventurer dans les bois qui bordent Kaamelott et retrouver ma route pour rentrer au château du premier coup !

- Je veux bien plaider coupable et admettre que c'est lassant d'acquitter tout le monde en justice, avoua Léodagan, mais bon, je me dis que le jour où j'en aurais marre, j'en ferais réprimander un ou deux, ou je filerai quelques heures de cachot, et puis ça ira mieux…

- Si on veut être tout à fait honnêtes Sire, nuança Lancelot, de mon regard extérieur de personne n'ayant pas subi la malédiction, on peut se demander si ce n'est pas un mal pour un bien… D'ailleurs à ce propos, vous-même n'avez pas été impacté ?

- Moi ? Non, je ne crois pas… Mais c'était moi qu'Attila menaçait, peut-être qu'il m'a épargné pour que je puisse constater la situation et m'en désoler…

- En parlant de désolation, nota Calogrenant, j'ai croisé votre maîtresse tout à l'heure, Demetra… Elle semblait plutôt en rogne contre le monde entier. C'est la malédiction, ça, vous croyez ?

- Demetra ? Ah non ça c'est de ma faute, avoua Arthur, je l'ai larguée. Toutes mes autres maîtresses aussi. Non, ça va bien, ma femme va m'en vouloir si je couche à droite à gauche, et il faut bien donner un héritier au trône de Bretagne… Et puis une personne aussi douce, gracieuse et attachante que la reine, non il était temps que je me ressaisisse. Je n'ai d'yeux que pour elle désormais, et j'espère bien que ça va continuer !


- Alors voilà, expliqua Lancelot, vu que tout le monde ici semble être devenu l'opposé de lui-même à cause de cette malédiction, je me suis dit que peut-être, si ça vous a touché vous aussi...

- Bah l'opposé de moi-même, ce serait au contraire quelqu'un sans pouvoir magique... commença Merlin. Et tout va bien de ce côté là, merci bien !

- Justement, confirma Lancelot, je me suis dit que si cette malédiction vous avait rendu, disons, compétent en magie, alors tout n'est pas perdu...

- Parce que d'habitude je suis incompétent c'est ça que vous voulez dire ?

- Alors pas directement comme ça, mais il faut avouer que la cour du roi a été plus habituée à vos échecs ou cafouillages qu'à vos victoires et...

- Non mais ça va j'ai compris ! Oui je sais comment faire pour régler tout ça, vous direz merci Bibi ! Mais vous êtes sûr que le roi est d'accord pour tout arranger ? A la base, il n'avait pas l'air de s'en plaindre, d'avoir des chevaliers qui tiennent debout...

- Il a hésité en effet, concéda Lancelot, mais il s'est fait une frayeur en réalisant qu'il avait renoncé de son plein gré à toutes ses maîtresses. Et puis bon, si la reine est heureuse avec l'attention qu'il lui porte, grand bien lui fasse, mais je doute que ce soit ce dont elle ait réellement besoin... Non pour le bien du royaume, il vaut mieux que vous répariez tout ça...

- Si vous y tenez tant...

Merlin exécuta un mouvement des mains complexes et, alors que Lancelot se demandait encore s'il avait vu juste en supposant qu'il soit devenu compétent, un éclair noir tomba du plafond du laboratoire et fut absorbé par les mains de l'enchanteur.


- Bon et bien voilà ! s'exclama Arthur en se couchant. Tout est revenu à la normale ! Merlin a foiré sa potion contre la toux, Léodagan a fait cramer trois douzaines de criminels cette semaine, Bohort se planque d'angoisse sous son lit rien qu'à repenser aux risques qu'il a pris pendant cette période, Karadoc a vidé le garde-manger du mois pour la deuxième fois de la semaine... Non je pensais pas dire ça un jour, mais ça fait plaisir de voir que tout va comme d'habitude dans ce château !

- Eh bien, pour tout vous dire... commença Guenièvre. Il y a bien quelque chose qui a changé.

- Quoi, qui n'est pas revenu comme avant ?

- En effet, confirma-t-elle. Je voulais en être sûre avant de vous en informer mais... Je suis enceinte. Si tout se passe bien je vais prochainement donner naissance à l'héritier du trône de Bretagne.

Un silence de mort tomba sur la chambre le temps qu'Arthur digère la nouvelle. Ce ne fut qu'au bout de quelques minutes qu'il soupira :

- Il nous aura vraiment fait chier jusqu'au bout avec sa malédiction, lui...


En espérant que ça vous ait plu !

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