Guest : ahaha, tant mieux si l'effet de surprise fonctionne ! Je craignais que l'inintérêt de la conversation sur le recurvite ne mette la puce à l'oreille du lecteur concernant le fait qu'il allait se passer un truc !
Drago repoussa immédiatement Potter contre le mur puis, sans trop savoir pourquoi, il leva la main, et le frappa.
Ce n'était pas vraiment une gifle, à peine une petite claque : Son bras n'avait pas eu l'amplitude nécessaire à porter un coup véritable, et seuls ses doigts touchèrent la joue, lui faisant probablement plus de mal à lui qu'à sa victime.
D'ailleurs, Potter se contenta de cligner des yeux en le regardant d'un air étonné, avant que son visage ne se fende d'un sourire boudeur et qu'il ne demande : « Pourquoi ? » en semblant au bord du fou-rire.
« J'ai moi qui l'ai forcé », prétendit aussitôt Drago en fixant le couple d'intrus. Avec un peu de chance, son mensonge lui permettrait d'être immédiatement renvoyé en cellule pour agression. Il subirait peut-être une autre punition, un Doloris de représailles, mais rien d'insurmontable : Ni Potter, ni la plupart des Surveillants ne souhaitaient que…
Potter éclata alors de rire, faisant dévier les regards éberlués de ses amis vers lui.
« T'es sérieux, je suis sensé improviser là-dessus ?! »
Drago afficha une expression au moins aussi atterrée que celle des deux autres : Potter avait pourtant prétendu être un bon menteur, et…
« Bon, les gars, je préfère être honnête, ça fait un moment que Drago et moi, on sort ensemble. »
La voix de Granger était aussi aigüe que celle d'un Lutin de Cornouailles quand elle s'exclama « Oh mon Dieu ! Je le savais ! ». En même temps retentit celle de Weasley : « Comment ça ?! » puis aussitôt, en regardant son épouse, il répéta « Comment ça ?! » avec un volume et une tonalité plus élevés.
Drago était complètement paralysé.
Seul Potter semblait, comme toujours, maîtriser la situation, et même s'en amuser.
« Aux dernières nouvelles, tu étais d'accord pour que je leur dise… » s'assura-t-il en s'adressant à Drago qui répliqua aussitôt :
« Pas comme ça ! Je pensais que tu voulais leur dire la vérité !
– Ah. » Sa bouche remua dans le vide quelques secondes, puis il demanda : « Et la vérité, c'est que… ?
– On ne sort pas ensemble, par Merlin ! On n'est plus des collégiens ! On… On couche ensemble, c'est tout !
– Ça fait une éternité qu'on ne couche plus vraiment ensemble.
– Ça, c'est entièrement de ton fait, Potter ! »
Une nouvelle fois, Weasley beugla :
« Mille Gorgones constipées, c'est vrai ?! »
Potter haussa les épaules :
« Disons qu'on a une relation.
– Mais t'es pas gay !
– Alors, non. Double surprise pour toi, du coup. Je suis bi, en fait.
– Non.
– Si.
– Non !
– Ronnie, supplia Granger. S'il te plait, tais-toi.
– Non ! » répéta-t-il comme un automate, et Drago se fit la réflexion que le terme de crétin était peut-être trop charitable pour lui.
« Ron, reprit Granger d'une toute petite voix, ça fait presqu'un an que Harry nous présente un homme différent à chaque brunch. Tu croyais vraiment qu'il avait tant d'amis moldus que ça ? »
Comme si l'information pouvait revêtir une quelconque forme d'intérêt, Potter précisa à Drago, et sur un ton confidentiel « Il n'y en a pas eu tant que ça… »
Weasley semblait aussi choqué que si Potter venait de lui apprendre qu'il était en réalité un Centaure amputé des pattes arrières. Il fixa son épouse avec un air d'épouvante, puis son regard dévia vers Potter, le parcourant de haut en bas, comme s'il s'attendait soudain à le voir vêtu de bas résilles, et puisque rien ne vint confirmer ou démentir ses préjugés, il termina sur Drago, son expression d'horreur s'élargissant de seconde en seconde.
« Mais pourquoi Malfoy ?!
– Parce que je l'aime bien ? supposa Potter.
– Non.
– Si. On s'entend bien, il est marrant, et…
– Mais c'est Malfoy !
– Ouais. Je vais avoir du mal à argumenter là-dessus, parce-que…
– Harry, rassure-moi, l'interrompit Granger. Ce n'est pas sérieux entre vous ? »
Potter tourna la tête vers Drago et sembla réfléchir quelques secondes avant de répondre :
« Si »
Réponse qui prouvait bien, par ailleurs qu'il n'avait pas réfléchit du tout !
Drago contra immédiatement : « Non !
– De mon côté, si ! » s'exclama Potter en riant. Il ignora les protestations outrées de Drago et précisa : « Disons que moi, je suis amoureux de Drago, et lui ne fait que coucher avec moi par intérêt et quand je le laisse faire. Ça te va, présenté comme ça ? »
Si Drago s'était écouté, il l'aurait frappé une nouvelle fois.
« Tu n'es pas amoureux de moi, Potter !
– Si.
– Non !
– Si. » Une nouvelle fois, Drago voulut protester, mais Potter lui coupa la parole : « J'ai conscience que ma déclaration manque pas mal de romantisme, mais je pensais quand-même que tu avais compris le sous-texte quand on a commencé à discuter d'habiter ensemble et d'avoir des gosses. »
Drago sentit son visage bruler.
« Oh ! » s'exclama soudain Weasley, et son ton soulagé capta immédiatement l'attention de Drago. « J'ai compris. J'ai eu peur. Tout va bien, mon pote. » Il vint passer son bras autour des épaules de son ami et l'écarta doucement de Drago qui crut halluciner en entendant la suite de son discours : « Vous allez super bien ensemble, et je suis sûr que cette fois-ci, c'est la bonne. Le bon, je veux dire, se reprit-il rapidement. Mais pour prouver à l'univers entier que votre amour est sincère, il va falloir que tu boives un Anti Philtre d'Amour. Je suis sûr et certain que ça ne changera absolument rien à tes sentiments, et ce sera super romantique, tu vas voir. Tu as toujours ta collection d'antidotes, n'est-ce pas ? Ils sont là-haut, dans tes appartements ? »
Potter se laissait entraîner en riant silencieusement.
« Si tu veux, mais il faut que tu saches qu'il y a eu accès. »
Weasley se retourna et lança un regard assassin à Drago qui se sentit outré :
« Je n'ai jamais fait boire de Philtre d'Amour à ce crétin !
– Ce crétin t'emmerde, Malfoy ! » répliqua Weasley, avec un visage furieux aussi rouge que ses cheveux. « T'as franchement dépassé les bornes ! Garde-le à l'œil, Hermione, on revient dans cinq minutes !
– Ouais, Drago, renchérit un Potter aux yeux brillants. T'as qu'à nous attendre cinq minutes. Prépare-nous du thé ou un autre truc du genre relaxant. Je le connais, il sera pas satisfait tant que j'aurais pas pris tous mes médocs ! »
Drago aurait voulu hurler, mais il vit les deux camarades d'enfance s'éloigner, bras dessus, bras dessous, avec un rouquin inquiet qui jouait franchement mal la comédie de l'ami solidaire et compréhensif, et un brun hilare qui s'amusait à dresser la liste de tout ce qu'il avait pu consommer dans quoi Drago aurait pu verser un poison ou un Philtre d'Amour.
Une nouvelle fois, il se retrouva seul avec la Née-Moldue.
Une nouvelle fois, il réfréna le réflexe puéril de tout lui mettre sur le dos : Cette pauvre fille n'était pas responsable du fait qu'ils aient de plus en plus manqué de discrétion. Ils auraient pu être surpris par n'importe qui et n'importe où. Ils dormaient ensemble chaque nuit, par Merlin ! Les Surveillants n'étaient pas beaucoup plus prudents, et certaines des blagues de Wihelma Welbert, par exemple, auraient clairement pu mettre la puce à l'oreille des curieux.
Non, ce qu'ils auraient dû faire, et seuls Potter et Drago étaient responsables, c'est discuter du sujet, anticiper le problème, et se mettre d'accord sur la façon de présenter les choses.
Par Merlin, non ! Seul Potter était responsable ! Drago, lui, avait voulu en parler, et à plusieurs reprises ! C'était cet imbécile qui avait coupé court à la conversation !
Si Potter l'avait laissé faire, Drago aurait pu suggérer que…
Qu'ils…
Ils auraient pu prétendre que…
Certes, à cet instant précis, il ne savait pas trop comment il aurait vu les choses, mais en tout cas, pas comme ça !
« Hum, Malfoy… fit Granger en se raclant la gorge et en le tirant brutalement de ses pensées. Est-ce-que… Est-ce que ça dure depuis longtemps, cette histoire ? »
Drago réfléchit, se repassa la conversation précédente pour se rappeler des mots de Potter, puis répéta :
« Un moment.
– Est-ce que vous sortiez déjà ensemble à Nouvel An ?
– Nous ne sortons pas ensemble, par Morgan ! » s'offusqua-t-il à nouveau. « Nous… Nous avons juste une relation. Consentie. Mais pas sérieuse. Il n'y a pas de sentiments. Nous ne… Ça ne te regarde franchement pas, de toute façon ! »
Il abandonna la Sorcière pour retourner dans la salle de douche, récupérer son matériel de nettoyage pour se donner une contenance et faire quelque chose de son corps. Voir le chariot de ménage, les gants sales, la poubelle odorante ne le rassura toutefois pas. Il n'allait tout de même pas s'abaisser à nettoyer la cabine suivante alors que Granger était dans son dos à l'observer !
« Ça me regarde, prétendit-elle. Harry est mon ami, et il est plus fragile qu'il n'en a l'air. Si tes sentiments ne sont pas sincères, si vous n'attendez pas la même chose de cette relation, j'aimerais que tu lui en parles, s'il te plait.
– Crois-moi : Nous allons en parler », maugréa Drago dans sa barbe. Finalement, il sortit le chariot de ménage, le rangea contre une cabine pour ne pas oublier où il en était, mais se refusa à faire plus. Il lissa ses cheveux, laissa son regard errer autour de lui, cherchant de quoi s'occuper. Il avait fait s'asseoir Carrow sur une chaise, et devant lui se trouvait la théière de Monsieur Temrah. Parfait ! Potter avait réclamé du thé !
« Malfoy, j'ai bien compris que de ton côté… Que de ton côté, il n'y avait pas de sentiment, mais je dois savoir : Est-ce que tu ne fais vraiment que profiter de lui, ou est-ce que tu as au moins un peu d'affection pour Harry ?
– Ça ne te regarde pas, Granger !
– Si ! affirma-t-elle. Harry est déjà surmené ! Il fait de son mieux, et il a besoin de tout notre soutien ! Je ne cherche pas à t'interroger ou à fouiller dans ta vie privée : Je ne vais pas te demander exactement ce que tu as pu dire ou faire pour le pousser à te frapper, la fois dernière, mais il en a beaucoup souffert ! Peut-être bien plus que toi ! Je dois savoir si tu comptes lui briser le cœur ou non ! »
Drago eut un peu de mal à verser les cuillères de thé dans le filtre de porcelaine. Ses mains ne tremblaient pas vraiment, mais ses gestes étaient presque saccadés. Il parvint tout de même à doser correctement les choses, puis se concentra sur l'eau qui chauffait.
Il s'efforça de respirer calmement avant de répondre :
« Je n'ai aucune intention de lui faire du mal. Je l'aide comme je peux. Je… Je me doute que d'un point de vue extérieur, notre relation peut donner l'impression que je lui fais perdre son temps, mais ce n'est pas le cas. Il parvient à se détendre avec moi. Ça lui fait du bien. »
Il avait pris garde de prononcer ces mots d'une voix claire, mais à la fin de sa déclaration, il avait l'impression de marmonner comme un gamin fautif.
Granger resta silencieuse un moment avant de murmurer à son tour : « D'accord. » Après quoi, elle s'assit et ils attendirent tous les deux le retour de Potter et Weasley.
Retour qui tarda tant qu'elle finit par se lever et quitter la pièce. Après quelques minutes, Drago reçut un Patronus Messager de sa part pour l'informer qu'une nouvelle manœuvre aérienne avait été lancée, et qu'il pouvait donc certainement cesser de les attendre. Drago pesta, vérifia la température de thé, et décida finalement de retourner sur la plage pour transmettre les tasses encore relativement chaudes à Madame Johnson, Monsieur Temrah, Fleur Delacour. La quatrième fut pour Carrow qui produisait un bruit de siphon en buvant, mais provoquait moins de saleté qu'avec des couverts.
Le reste de la journée se déroula sans évènement notable : Comptes-rendus, ménage, cours de Patronus commun…
Le soir venu, Potter tarda si longtemps à venir le voir que Drago se demanda si la théorie de Weasley sur le Philtre d'Amour était si aberrante que ça, au final : Peut-être que Lucius Malfoy se serait débrouillé on ne sait comment pour que son fils ait davantage d'emprise sur le Directeur d'Azkaban ? Peut-être que des Surveillants lui auraient joué une farce ? Peut-être que par mégarde, il aurait mélangé le cadeau empoisonné de l'une ou l'autre des fans hystériques du Survivant avec une goutte de sa propre transpiration ?
Potter finit toutefois par se montrer. Pour la première fois, il frappa à sa porte avant d'entrer. Drago n'était pas couché : Il se rongeait nerveusement les ongles, assis sur le bord de son lit. Il s'étonna de cette inhabituelle marque de politesse, et Potter lui répondit, avec un air amusé, que ses amis l'avaient retenu longtemps pour discuter de choses et d'autres, et l'avaient accompagné jusqu'à la porte, expliquant aussi bien son retard que cette nouveauté.
Potter soupira, puis vint s'asseoir à ses côtés.
« Bon, commença-t-il. Je suppose que tu veux parler, toi aussi ? »
Drago hésita. Habituellement, il aurait haussé les épaules, et laissé l'homme se vider l'esprit en évoquant des banalités ou en le câlinant.
« Je croyais vraiment que t'étais d'accord pour que je leur dise. Et puis ils auraient fini par le découvrir, de toute façon. On était pas franchement discrets. Je suis même un peu surpris qu'on ait tenu autant de temps, pour être honnête.
– Je sais tout ça, Potter, marmonna Drago sans le regarder.
– Okay. Donc on est d'accord sur l'idée que le problème ne vient pas du fait que je l'ai dit, mais sur ce que j'ai dit ? »
Drago soupira et se mordilla les lèvres.
« Et bien on dirait qu'il va être temps qu'on parle de nos sentiments respectifs, alors… À la fin de cette discussion, tu devrais choisir de nouveau entre m'appeler Potter ou Harry. Je commence ou tu commences ? »
