Cette fic est écrite dans le cadre de la 81ème nuit écriture du FoF (Forum Francophone) pour le thème "Amitié". Le FoF est un forum regroupant tous les francophones de ffnet où l'on peut discuter, demander de l'aide ou s'amuser entre nous. Le lien se trouve dans mes favoris. Rejoignez-nous !


Ils n'étaient pas censés être amis. Tous les journaux pouvaient en attester : ils étaient d'éternels rivaux, des adversaires qui feraient n'importe quoi pour pouvoir vaincre l'autre. Quand ils étaient sur la glace, c'était effectivement le cas. Dès qu'il posait un pied sur la patinoire, Victor oubliait tout le reste, il oubliait la solitude, la sensation de ne pouvoir compter sur personne et surtout pas sur ses fans hystériques qui n'attendaient qu'un faux pas de sa part pour lui tourner le dos. Il oubliait la pression qu'il avait sur les épaules, les exigences du monde entier qui attendait toujours plus de sa part, qui attendait qu'il écrase et méprise ses adversaires sans la moindre considération. Mais, dès la fin de la compétition, cette solitude revenait de plus belle, l'emprisonnant, le rendant fou. Il ne comptait plus les nuits passées à serrer Makkachin contre lui pour essayer d'oublier qu'il n'avait personne d'autre dans sa vie, aucun ami sur lequel compter. Pourtant, depuis qu'il avait rencontré Christophe, quelque chose lui soufflait que ce garçon était différent de tous ses fans, différent de tous ses adversaires. Christophe l'admirait, comme énormément de personnes, mais, sans savoir pourquoi, Victor était persuadé que ce n'était pas uniquement à cause de ses prouesses sur la patinoire. Oui, il en était sûr, Christophe était autant captivé par l'homme qu'il était que par le patineur.

Appuyé nonchalamment contre le mur de la salle de réception, Victor sirotait sa deuxième flûte de champagne. Il luttait contre l'envie d'enchaîner les verres jusqu'à oublier à quel point les soirées de gala étaient toujours mortellement ennuyeuses – Yakov avait eu suffisamment de mal à faire pression sur les journalistes pour que ses actions de l'année dernière ne soient pas exposées publiquement dans tous les journaux. Alors qu'il finissait son verre et s'apprêtait à se redresser pour partir en quête de quelque chose à manger sur le buffet, une silhouette se glissa à côté de lui.

- Toutes mes félicitations, souffla Christophe. Tu ne te lasses pas de toujours finir premier ?

- Jamais. Félicitations à toi aussi, c'est la première fois que tu montes sur le podium du Grand Prix, non ?

- En effet. Ne t'habitue pas trop à cette première place, je compte bien te la dérober l'année prochaine.

- J'ai arrêté de compter le nombre de personnes qui m'ont dit ça… souffla Victor. Mais je dois reconnaître que ta performance était très impressionnante. Très… Sensuelle. J'ai bien aimé.

Dire qu'il avait bien aimé était un euphémisme, Victor en était parfaitement conscient. Il avait été captivé par la danse de Christophe, séduit par ses mouvements sensuels et provocateurs. A certains instants, Victor aurait été prêt à payer très cher pour pouvoir le rejoindre sur la piste et continuer cette danse en duo avec lui.

- Merci. Je commence à savoir comment mettre le public dans ma poche, moi aussi, commenta Christophe. Dis-moi, je suis le seul à trouver cette soirée mortellement ennuyeuse ?

- Oh non, soupira Victor. J'ai plusieurs fois pensé très sérieusement à prendre ma retraite ne serait-ce que pour échapper à ces soirées de fin de compétition.

- Sois gentil, ne prends pas ta retraite avant que je ne t'ai battu. Rien ne nous oblige à rester, fit remarquer Christophe. A moins que l'absence du grand Victor Nikiforov ne fasse vraiment trop tache ?

Victor hésita quelques secondes. Oui, son absence serait largement remarquée et commentée, c'était une certitude. Le statut de champion du monde lui donnait un certain nombre de privilèges mais aussi et surtout d'obligations. Christophe laissa échapper un léger rire :

- Tu préfères peut-être finir dans le même état que l'année dernière ?

Victor rigola légèrement.

- Ce n'est pas l'envie qui me manque, mais tu as raison, je ne peux définitivement pas me le permettre. Allons-y, ils diront bien ce qu'ils voudront.

Ils s'éclipsèrent rapidement, profitant que les journalistes soient captivés par la vainqueur de la catégorie femmes pour sortir discrètement. Victor récupéra leurs manteaux et lança le sien à Christophe.

- Il caille, à cette saison. Tu ne connais pas du tout Sotchi ?

- J'ai fait un tour dans la ville avant le début de la finale mais je n'ai pas eu le temps de visiter plus que ça.

- Alors profite-en, tu as un guide rien que pour toi ! s'exclama Victor.

- J'oubliais que tu jouais à domicile, cette année… Ça ne doit pas trop te dépayser…

- Ce n'est pas non plus Saint-Pétersbourg…

Ils sortirent du complexe et le froid de décembre les frappa de plein fouet. Montant dans la voiture de Victor, celui-ci les conduisit rapidement près de la Promenade de Sotchi, la voie piétonne qui longeait le littoral.

- C'est magnifique, souffla Christophe alors qu'ils descendaient de la voiture pour s'engager sur l'allée. Avec toutes les compétitions que tu as faites, tu dois connaître un nombre d'endroits assez impressionnant, non ?

- J'ai rarement le temps de faire du tourisme, surtout avec les journalistes qui n'attendent que ça pour me coller aux baskets.

- Pauvre petit champion du monde, rigola Christophe, incapable de faire le moindre pas sans être harcelé…

- On en reparlera le jour où tu m'auras vaincu, crois-moi tu regretteras rapidement de n'avoir personne pour te faire un peu d'ombre.

- Tu envisages donc l'idée que je puisse un jour te vaincre ? s'étonna Christophe.

- Tout est possible, répondit Victor en haussant les épaules. Tu en es capable, c'est certain.

Christophe resta silencieux, ayant du mal à réaliser que Victor Nikiforov venait d'admettre qu'il était capable de le battre un jour. Ils passèrent plusieurs heures à se promener, Victor les conduisant d'un lieu touristique à un autre pour montrer le plus d'endroits possibles au suisse. Le jour commençait à se lever lorsqu'ils revinrent enfin à l'hôtel, épuisés et frigorifiés. Atteignant la porte de la chambre de Victor, Christophe l'empêcha d'entrer, le retenant par le bras.

- Merci pour cette visite.

- Tout le plaisir était pour moi, sourit Victor. Crois-moi, j'ai largement préféré passer cette soirée en ta compagnie que dans cette salle de réception.

Chris ne l'avait toujours pas lâché mais Victor ne semblait pas non plus décidé à se dégager. Oui, Victor en était à présent persuadé, Chris était loin de ne s'intéresser qu'au patineur en lui. Faisant volte-face, il retourna le suisse face à lui, le plaquant dos contre le mur du couloir de l'hôtel avant de fondre sur ses lèvres. Les yeux de Christophe s'écarquillèrent de surprise pendant une fraction de seconde avant de lui rendre son baiser, glissant sa main derrière la nuque de Victor qui savoura le contact du suisse. Ils n'étaient pas censés être amis. Alors ils seraient amants.


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