Cette fic est écrite dans le cadre de la 86ème nuit écriture du FoF (Forum Francophone) pour le thème "Rond". Le FoF est un forum regroupant tous les francophones de ffnet où l'on peut discuter, demander de l'aide ou s'amuser entre nous. Le lien se trouve dans mes favoris. Rejoignez-nous !

Note de l'auteur : J'étais en panne d'inspiration totale sur ce thème, et je m'étais résignée à ne rien écrire dessus quand Saad Maia m'a soufflé l'idée de cet OS. C'est donc entièrement à elle que vous le devez !

Ce n'était pas possible. Pas. Possible. Phichit avait toujours mis un point d'honneur à avoir une connexion Internet en toute circonstance – il payait ses abonnements suffisamment cher pour ça. Et pourtant, maintenant qu'il devait y avoir accès, qu'il ne pouvait pas faire autrement que de poster la photo qu'il venait de prendre là, tout de suite, à cet instant, ce rond continuait à le narguer. Il était minuscule en bas de son écran, un tout petit rond bleu qui tournait encore et encore et qui ne signifiait qu'une seule chose : son ordinateur ne parvenait pas à se connecter.

Bien sûr, il aurait pu poster la photo directement de son téléphone, mais il était à l'étranger, ce qui signifiait que l'opération lui coûterait une petite fortune en hors-forfait. Il était bien plus économique de passer cette photo, cette photo unique, sa plus grande fierté jusqu'à présent, sur son ordinateur pour la poster via le wifi de l'hôtel. Si seulement celui-ci daignait répondre et lui permettre de se connecter…

Le rond bleu continuait à tourner inlassablement, et Phichit se surprenait à suivre son mouvement du regard, lui donnant presque le tournis. Cherchant à faire passer le temps, il s'empara de son téléphone et refit défiler les photos de la soirée. Pas de doute, il n'y en avait bien qu'une qui en valait la peine. Les autres étaient jolies, bien sûr, la Chine était franchement un pays très intéressant. C'était la première fois qu'il prenait le temps d'y faire du tourisme et il avait pu faire plusieurs selfies devant des bâtiments et monuments impressionnants… Mais rien qui ne valait cette photo. Cette image unique qui aurait fait rougir la personne la plus prude et réservée au monde, cette image pour laquelle Yuri le tuerait s'il parvenait à la poster sur Facebook – ce qui lui donnait encore plus envie d'y arriver.

Une petite voix dans sa tête – qui ressemblait étrangement à celle de Celestino – lui hurlait qu'il aurait dû dormir, laisser tomber et attendre simplement quelques heures pour pouvoir poster cette photo. Après tout, la première étape du Grand Prix commençait le lendemain matin et il devrait affronter, entre autres, Yuri et Christophe, qui étaient loin d'être les concurrents les plus faciles à vaincre de la compétition. Mais c'était juste impossible. Il avait posté des centaines de photos sur Facebook depuis qu'il y était inscrit, et pourtant aucune d'elles ne lui paraissait en valoir la peine à côté de celle-ci.

Il avait côtoyé Yuri depuis des années et c'était cette proximité qui lui donnait encore plus envie de pouvoir poster cette photo. Est-ce qu'il serait gêné, intimidé, en colère ? Il ne savait pas, et attendait avec une impatience mêlée d'excitation de connaître sa réaction. Si seulement ce fichu rond bleu arrêtait de le narguer !

Il s'allongea sur son lit, son téléphone toujours dans la main. La photo de Celestino ivre mort sur la table du restaurant valait le détour, également. Un sourire aux lèvres, il se laissa emporter par les souvenirs de la soirée. Yuri, qu'il retrouvait au restaurant où il mangeait avec Victor. Victor, l'idole de Yuri, avec qui il discutait pendant plusieurs minutes, ébahi et agréablement surpris par son côté accessible et sympathique. Le Yuri qu'il avait côtoyé à Détroit aurait tellement été prêt à donner tout ce qu'il avait pour vivre une telle situation ! Et pourtant, il était là, mangeant et buvant – surtout buvant, en fait – avec eux en toute simplicité. Celestino les avait rejoints. Victor avait continué à boire, se rapprochant physiquement de plus en plus de Yuri au fur et à mesure des verres qu'il descendait. Lorsque Leo et Guang Hong étaient arrivés, Victor était déjà ivre mort et à moitié affalé sur Yuri, qui s'était senti obligé de s'excuser pour lui. Ça devait être à peu près à ce moment là qu'il avait pris la photo, cette photo unique et inoubliable.

Il jeta un œil à son écran. Ce fichu rond bleu continuait de tourner inlassablement, cherchant une connexion dont Phichit commençait à douter sérieusement de l'existence. Revenant vers son téléphone, il céda à la tentation et revint sur la photo en question.

Si Guang Hong et Leo avaient été choqués et gênés, lui avait juste été amusé par la situation – et infiniment heureux pour Yuri, il devait l'avouer. Il l'avait prise au bon moment, à la bonne seconde, elle était juste parfaite. Cette image de Victor bourré et complètement nu – cela faisait alors un moment que son pantalon et ses sous-vêtements avaient atterris pas loin d'eux – enlassant et embrassant un Yuri profondément gêné et désemparé par son comportement. Son propre visage apparaissait en coin de la photo, pour montrer son amusement, mais la totalité de l'image était occupée par le dos musclé et la naissance des fesses de Victor affalé sur Yuri. Malgré l'embarras du japonais, il connaissait suffisamment bien son ami pour savoir qu'il n'aurait voulu être dans une autre situation pour rien au monde – ce qui lui faisait aimer encore plus cette photo.

Le rond bleu continuait de le narguer et un dernier coup d'œil sur la photo en question acheva de le convaincre. D'un geste, il alluma la 4G de son téléphone. Tant pis pour sa facture. Aucune somme au monde n'était plus importante que le fait de faire partager l'image de Victor Nikiforov complètement nu sur Yuri au reste du monde.

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