Cette fic est écrite dans le cadre de la 88ème nuit écriture du FoF (Forum Francophone) pour le thème "Valise". Le FoF est un forum regroupant tous les francophones de ffnet où l'on peut discuter, demander de l'aide ou s'amuser entre nous. Le lien se trouve dans mes favoris. Rejoignez-nous !


Yuri n'avait jamais aimé faire ses valises. A chaque fois, il trouvait que c'était une prise de tête et une perte de temps innommables. Quelles affaires devait-il emmener, des vêtements plutôt chauds ou légers, quel temps ferait-il là où il allait ? Quand il ne partait que quelques jours pour une compétition, la question était vite réglée : son costume, ses vêtements préférés d'entraînement, ses patins, sa veste de l'équipe du Japon, et une autre tenue pour sortir.

Mais cette fois, il ne partait pas que quelques jours, il ne partait même pas en vacances. Après avoir raflé la médaille d'argent à la finale du Grand Prix de Barcelone et avoir demandé à Victor de l'entraîner encore un an, le fait qu'il devrait déménager à Saint-Pétersbourg était devenu une évidence. Il avait donc pris directement un avion pour Tokyo pendant que Victor rentrait en Russie pour préparer son appartement et reprendre l'entraînement pour ses nationaux. Et maintenant, il était dans sa chambre, à Hasetsu, devant d'énormes valises qu'il était censé remplir pour pouvoir partir vivre chez Victor. Ses vêtements étaient pliés et posés sur son lit, attendant qu'il choisisse lesquels il prendrait avec lui et lesquels il laisserait ici. Quelqu'un frappa à la porte de sa chambre et sa mère passa la tête par la porte.

- Tu t'en sors ?

- Oui oui ! assura-t-il.

Les piles de vêtements entassés sur son lit firent comprendre la situation à sa mère qui sourit :

- Ne te prends pas trop la tête. Tu as bien tes propres championnats nationaux dans trois semaines, à Tokyo ? Si vraiment il te manque quelque chose, tu passeras le récupérer à ce moment là ! Appelle-moi si tu as besoin d'aide ! Et ne traîne pas trop, ton père voudrait que vous partiez dans trois heures pour être à l'aéroport à temps !

Sa mère repartit, laissant Yuri méditer sur ce qu'elle venait de dire. Elle avait parfaitement raison, si vraiment il lui manquait quelque chose, il pourrait le récupérer d'une manière ou d'une autre. Et en effet, il ne devrait plus trop traîner s'il voulait être prêt à temps. Il prit une pile de tee-shirts et commença à les ranger dans la valise. Alors qu'il allait prendre une deuxième pile, son téléphone annonça l'arrivée d'un message de Victor :

N'oublie pas de prendre des vêtements chauds, on se gèle ici !

Yuri esquissa un sourire et répondit :

C'est noté merci ! J'espère surtout ne rien oublier…

Il rangea plusieurs pulls épais dans la valise avant que son téléphone ne sonne à nouveau :

N'oublie pas Makkachin. Je pourrais t'acheter tout ce que tu auras oublié d'autre à Saint-Pétersbourg.

Le sourire de Yuri se renforça. Il ne risquait pas d'oublier le caniche, sa caisse de transport était déjà devant la porte de la maison. Il le ferait entrer à l'intérieur au dernier moment. Et d'un certain côté, Victor avait raison : il ne partait pas en territoire indigène. Et il ne doutait pas que Victor serait aux petits soins pour lui à son arrivée. Légèrement rassuré par cette idée, il parvint à terminer ses bagages. Même après avoir effectué pas mal de choix et laissé chez lui un nombre conséquent d'affaires, il n'en avait pas moins quatre énormes valises, en plus d'une plus petite qu'il garderait avec lui dans l'avion. En même temps, il déménageait pour un bon moment et ses affaires de patinage prenaient à elles seules une valise entière. Il les traîna devant la porte d'entrée et, après s'être assuré qu'il n'oubliait rien – ou du moins, pas le nécessaire – il partit chercher Makkachin pour le faire entrer dans sa caisse de voyage. Il refermait la porte de la cage quand son père le rejoignit pour s'assurer qu'il était prêt à partir.

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Une fois à l'aéroport, il regretta amèrement de n'avoir pas fait un choix plus judicieux pour restreindre son nombre de bagages. Il n'osait pas calculer le poids du chariot métallique qu'il poussait devant lui tout en luttant pour voir où il avançait. Il était essoufflé lorsqu'il parvint au guichet des enregistrements, où il put envoyer toutes ses valises dans les soutes. Il aurait préféré pouvoir garder Makkachin avec lui mais l'hôtesse lui indiqua que c'était interdit, et ce fut avec un pincement au cœur et la promesse qu'il serait bien traité qu'il laissa le caniche partir dans la soute.

Même la valise plus petite qu'il avait pu garder avec lui en cabine était lourde. En montant dans l'avion, il eut l'impression de réquisitionner toutes ses dernières forces pour monter son bagage dans le coffre avant de s'effondrer dans son siège. Épuisé par les préparatifs et le trajet à l'aéroport, il s'endormit à peine quelques minutes après le décollage.

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Il avait l'impression qu'il ne dormait que depuis quelques secondes quand le pilote annonça qu'ils allaient atterrir à Saint-Pétersbourg. Il s'étira autant qu'il le put dans l'espace restreint et bâilla longuement, se préparant à faire un dernier effort. Il devrait récupérer tous ses bagages, les traîner à nouveau dans l'aéroport jusqu'à trouver un taxi pour le conduire au Palais des Glaces, où Victor s'entraînait. Et il n'était qu'à peine 17 heures ici, alors qu'il était plus de 23 heures à Tokyo. Il sentait déjà la fatigue de la journée le peser alors que c'était encore l'après-midi. Après l'atterrissage, il regroupa les dernières forces qu'il lui restait pour se redresser et récupérer sa valise qu'il trouvait déjà trop lourde – pourquoi avait-il pris autant d'affaires, sérieusement ?

Il passa rapidement toutes les formalités pour attendre avec un nouveau chariot que ses bagages – et Makkachin – sortent des soutes. Ses épaules le lançaient douloureusement alors qu'il traînait les valises de plusieurs dizaines de kilos pour les poser sur le chariot. Il attendit avec impatience Makkachin, dont la cage arriva quelques minutes après. Visiblement, le chien avait bien supporté le voyage – il devait être habitué, Victor l'emmenait avec lui partout où il allait. Ses bras tremblèrent violemment quand il essaya de pousser le chariot rempli et, l'espace d'un instant, il se fit la remarque qu'il n'arriverait jamais à le faire bouger d'un centimètre. Il finit tout de même par réussir à avancer avec, lentement mais sûrement. Il sortit dans le hall de l'aéroport et, alors qu'il cherchait parmi les pancartes celle qui indiquerait l'endroit où il pourrait trouver un taxi, Makkachin aboya joyeusement. Il releva la tête, cherchant la raison du comportement du chien et eut juste le temps de voir une tignasse argentée se jeter sur lui et le prendre dans ses bras. Il laissa échapper un petit rire de surprise pendant que Victor le relâchait doucement.

- Salut mon amour, murmura-t-il tendrement. Le voyage s'est bien passé ?

- Oui mais… Je… Je croyais que je devais te rejoindre à la patinoire… murmura-t-il, encore surpris.

- Yakov était de bonne humeur, il m'a lâché plus tôt pour que je puisse venir te chercher. Donne-moi ça, tu as l'air épuisé…

Sans lui laisser le temps de protester, il lui prit le chariot à bagages des mains et le poussa avec une facilité déconcertante, permettant à Yuri de relâcher la pression qu'il avait dans les bras et les épaules. Pendant que Victor lui racontait qu'il avait complètement arrangé son appartement pour que tout soit prêt pour y vivre à deux, il sentit un sourire apaisé et serein se dessiner sur son visage. Vivre avec Victor valait bien toutes les valises et toute la fatigue au monde.


Je ne suis pas trop satisfaite de cet OS, en fait. C'était beaucoup mieux dans ma tête xD

Je vous laisse me dire dans une review ce que vous en avez pensé !