Cette fic est écrite dans le cadre de la 90ème nuit écriture du FoF (Forum Francophone) pour le thème "Cicatrice". Le FoF est un forum regroupant tous les francophones de ffnet où l'on peut discuter, demander de l'aide ou s'amuser entre nous. Le lien se trouve dans mes favoris. Rejoignez-nous !
Avertissement : Cet OS contient des scènes de relations intimes. Rien d'explicitement décrit (c'est du rating M, pas du MA) mais je tiens à ce que vous le lisiez en connaissance de cause.
Yuri leva les yeux vers Victor quand celui-ci entra dans leur chambre. Le japonais était déjà couché et en pyjama mais parcourait les réseaux sociaux sur son téléphone portable. Après avoir regardé les dernières photos postées par Phichit, il posa son téléphone à côté de lui et savoura le contact de Victor qui se couchait en se blottissant contre lui. Il ferma les yeux de bien-être en sentant les baisers que le russe déposait sur son visage et il se nicha vers lui pour lui rendre son étreinte. Leurs gestes devinrent rapidement plus assurés, plus désireux d'explorer le corps de l'autre. Pour autant, Victor sentit Yuri se crisper violemment quand il entreprit de lui enlever son haut de pyjama. Le russe stoppa ses gestes et, devant l'air gêné, presque désolé de Yuri, murmura :
- Eh. C'est pas grave si tu n'as pas envie…
Yuri soupira légèrement. Bien sûr qu'il avait envie. Depuis qu'ils s'entraînaient à Saint-Pétersbourg ensemble, ils passaient leurs journées sur la glace, alternant leurs temps d'entraînement et ils ressortaient souvent trop épuisés pour faire quoi que ce soit. Ça faisait trop longtemps qu'aucun d'eux deux ne s'était effondré de fatigue à peine rentrés, trop longtemps qu'ils n'avaient pas eu un tel moment d'intimité ensemble et il avait envie d'en profiter.
- C'est pas ça, répondit Yuri. C'est juste… Ça te dérange si on éteint la lumière ?
Les yeux de Victor s'éclairèrent de surprise et d'une pointe de soupçon.
- Quoi, c'est tout ce qui te dérange ?
Le ton de sa voix laissait clairement entendre ses doutes quant à la justification du japonais, mais celui-ci approuva d'un vif hochement de tête qui acheva de le convaincre. Après tout, il ne s'était jamais posé la question avant. Lorsqu'ils vivaient chez Yuri, la lumière était systématiquement éteinte pour ne pas intriguer ses parents et les rares moments de plaisir qu'ils avaient eus ensemble dans l'appartement de Victor étaient souvent au milieu de la nuit, après avoir dormi quelques heures.
- OK…
Victor se releva et, d'un geste, éteignit la lumière de la chambre. Il ne faisait pas complètement sombre, le réveil éclairait la pièce juste assez pour qu'il puisse revenir facilement dans le lit. Il se retourna vers Yuri et, en sentant le corps de son petit-ami à nouveau détendu et désireux d'explorer son corps, il eut la confirmation que c'était bel et bien la seule chose qui le dérangeait. Il laissa ses questions de côté pour replonger dans le cou de Yuri qu'il parsema de baisers.
Victor soupira légèrement et se redressa sur ses bras en constatant l'air contraint, presque forcé, de Yuri. Cela faisait plusieurs mois qu'il lui demandait systématiquement d'éteindre la lumière lorsqu'ils faisaient l'amour, qu'il refusait toute proposition de se doucher avec lui, qu'il s'enfermait dans une cabine de douche pour se changer dans les vestiaires de la patinoire. Jusqu'à maintenant, Victor n'y avait pas fait attention. Cela ne changeait pas grand-chose à leur relation, après tout. Mais ce soir, il avait insisté. Quand Yuri lui avait demandé d'éteindre, il avait protesté qu'il avait envie de le voir et le japonais avait rapidement cédé. Mais son corps crispé, ses yeux fermés, son air résigné, tout en lui hurlait qu'il n'était pas à l'aise et Victor n'avait même pas envie de continuer quoi que ce soit dans ces circonstances.
- Yuri… Tu peux me dire si tu ne veux pas, tu sais…
Yuri rouvrit les yeux et fixa un regard hésitant et légèrement honteux sur lui. Doucement, Victor reprit :
- Pourquoi la lumière te dérange autant ? Je suis si moche que ça ?
Les yeux de Yuri s'écarquillèrent de surprise et rougit encore plus pendant que Victor se renfrognait :
- Fais attention à ce que tu vas répondre, tu as mon amour propre entre les mains !
Le ton léger sur lequel Victor avait lancé sa dernière phrase lui arracha un léger sourire et il soupira :
- Non. Bien sûr que non, tu es magnifique. Toi, tu es parfait.
- Alors quel est le problème ?
- Moi, répondit Yuri en soupirant. C'est moi, le problème. Je… Tu mérites mieux. Mieux qu'un corps couvert de vergetures et distendu à cause du poids que j'ai pris l'an dernier et couvert de bleus à force de tomber tout le temps…
Sa réponse laissa Victor stupéfait. Quand il l'avait rejoint pour l'entraîner, il avait entrevu les angoisses de Yuri devant sa réaction quand il l'avait traité de porcelet pour le taquiner. Même si le japonais avait rapidement repris l'entraînement de façon à retrouver sa forme physique nécessaire pour ses compétitions, son corps en avait gardé des marques. Des cicatrices blanches et fines sur son ventre déchiré par les vergetures, presque invisibles à présent, mais qui à l'évidence continuaient d'obséder Yuri.
- Moi je l'aime bien, ton corps, protesta Victor. Il me rappelle à quel point tu as réussi à retrouver ta forme et revenir dans la course en quelques jours, à quel point tu répètes chaque mouvement jusqu'à le maîtriser parfaitement…
Yuri rougit légèrement mais ne put retenir un gémissement quand Victor joignit le geste à la parole et se baissa pour embrasser et caresser ses abdominaux en laissant ses doigts et ses lèvres glisser le long des cicatrices en question. Victor se rallongea à nouveau sur lui et, devant son regard teinté d'incertitude, reprit :
- Crois-moi, mon amour, tu peux être fier de ton corps et de chacune de tes cicatrices. Elles ne font que nous rappeler toute ta détermination et tout le mérite que tu as d'en être arrivé là aujourd'hui. Alors arrête de fermer les yeux ou de vouloir éteindre la lumière. Moi j'aime te voir, j'aime voir cette volonté que tu as eue et que tu as toujours à te surpasser.
Le regard de Yuri était encore teinté de doutes mais il acquiesça légèrement d'un hochement de tête. Il ne comprenait toujours pas comment Victor pouvait aimer voir un corps aussi détruit, mais il lui faisait suffisamment confiance pour savoir qu'il le pensait. Il était toujours torse-nu, allongé sous le corps musclé et parfait de Victor qui le caressait et l'embrassait, et, pour la première fois depuis une éternité, il réalisa que ça ne le dérangeait pas tant que ça. La honte de n'avoir rien de mieux à proposer à Victor qu'un corps criblé de cicatrices était toujours là, le sentiment d'infériorité devant le corps du russe qui témoignait d'une carrière sans le moindre faux pas aussi. Mais l'assurance et les mots de réconfort de Victor les avaient légèrement camouflés et, alors que le russe recommençait à laisser ses doigts glisser le long de ses muscles et de sa chute de reins, il se fit la remarque qu'il appréciait tout de même la vision de son fiancé qui le dévorait amoureusement du regard en le câlinant.
Petit disclaimer : Pour la phrase "Il ne comprenait toujours pas comment Victor pouvait aimer voir un corps aussi détruit, mais il lui faisait suffisamment confiance pour savoir qu'il le pensait.", j'ai réalisé après avoir écrit et posté ce chapitre que cette phrase et cette tournure n'étaient pas de moi, mais m'avaient été inconsciemment inspirées par l'excellent duo d'OS "Intimité" d'Oceanna (vous trouverez sa fic et son profil dans mes favoris). Je me disais bien aussi que cette phrase était trop bien pour être de moi xD N'hésitez pas à aller lire "Intimité" si vous ne le connaissez pas encore !
Seules les reviews permettent de savoir ce que vous en avez pensé !
(Et en plus, ça fait super plaisir à l'auteur !)
