Cette fic est écrite dans le cadre de la 94ème nuit écriture du FoF (Forum Francophone) pour le thème "Virus". Le FoF est un forum regroupant tous les francophones de ffnet où l'on peut discuter, demander de l'aide ou s'amuser entre nous. Le lien se trouve dans mes favoris. Rejoignez-nous !

Note de l'auteur : Vous devinerez à sa longueur que ce texte n'a pas été écrit en une heure (mais la première scène l'a été, ça compte ?). Je tiens cependant à remercier vivement Milou-sarcastic-yaoiste, sans qui cet OS n'aurait jamais vu le jour. En effet, à 1h du matin, alors que je m'endormais sur le clavier et que je cherchais dans ma liste de fandoms un truc en rapport avec l'informatique pour caser ce thème Virus, c'est elle qui a suggéré : "Ça peut juste renvoyer à quelque chose qui se transmet vite, genre une rumeur, on peut dire que c'est viral.". Et voilà le résultat. Milou, si tu passes par là, je te dis encore une fois un gros gros merci pour cette idée top géniale et j'espère que tu aimeras ce que j'en ai fait autant que j'ai aimé l'écrire !


Victor entra dans son appartement en bâillant, ses pieds traînant difficilement sur le carrelage. Son regard se posa sur Yuri, qui était déjà en train de préparer le dîner, et il grommela d'un ton sévère :

- Tu étais censé te reposer… Retourne t'allonger.

- Ça va mieux, assura Yuri.

Victor se rapprocha de lui et déposa un baiser sur sa joue avant de soulever doucement les mèches noires du japonais. Un hématome violacé, qui commençait à tirer vers le jaune, se dessinait encore sur sa tempe. La veille, alors qu'il s'entraînait à réaliser un quadruple salchow proche de la barrière de la piste, Yuri avait trébuché et avait percuté violemment le bord de la balustrade. Sur le coup, aucun d'eux ne s'en était inquiété. Yuri avait pris un quart d'heure de pause pour se remettre du choc et Victor l'avait ensuite laissé continuer la séance d'entraînement. C'était un peu avant la fin de la journée que l'hématome avait commencé à apparaître, d'abord légèrement rouge, puis plus marqué, plus violacé. Yuri avait continué à affirmer qu'il allait bien et ils étaient rentrés chez eux sans problèmes. C'était le matin même, quand le réveil avait sonné, que Yuri n'avait pas réussi à décoller la tête de l'oreiller. Une migraine persistante qui lui foudroyait le crâne à partir de l'endroit où il s'était cogné lui donnait l'impression que sa tête explosait dès qu'il essayait de bouger. Il avait pourtant essayé de ne rien dire à Victor et de se lever tout de même, mais il avait à peine réussi à descendre du lit avant de retomber allongé en laissant échapper un gémissement de douleur. Victor avait appelé le médecin de l'équipe qui s'était déplacé aussitôt et leur avait assuré que Yuri n'avait pas de traumatisme crânien. Juste un besoin de repos, de sommeil et de généreuses doses de contrecoup pour se remettre du choc.

Yuri avait confirmé qu'il irait bien tant qu'il ne se lèverait pas, et il avait incité Victor à partir s'entraîner tout de même. D'un certain côté, le russe était soulagé de voir Yuri debout et apparemment en forme. D'un autre, il ne pouvait pas s'empêcher de s'inquiéter pour lui. Il n'avait jamais vu Yuri être obligé de rater un entraînement auparavant.

- Va t'asseoir, proposa Yuri. C'est bientôt prêt. Je te jure que je vais mieux.

Victor finit par céder à sa proposition et se laissa tomber devant son ordinateur, sur lequel il ouvrit rapidement sa page Facebook. Aussitôt, les articles de journal et de blogs comportant leurs noms et leurs photos défilèrent sous ses yeux. Plusieurs plateformes semblaient avoir relayé le même article : Une photo d'eux, prise la veille au soir pendant qu'ils rentraient, où l'hématome de Yuri était clairement visible et le regard de son élève éteint par la fatigue et le choc. Le titre dansa sous ses yeux : Yuri Katsuki battu par son coach et petit-ami Victor Nikiforov ? Victor parcourut rapidement le texte de l'article qui supposait qu'il avait frappé Yuri, et il ne put s'empêcher de voir les commentaires des internautes en-dessous. Les fans de Yuri qui juraient qu'ils allaient venir frapper Victor de la même façon, ses propres fans qui le défendaient en affirmant que Yuri l'avait forcément cherché, les autres personnes plus neutres – mais trop rares – qui faisaient remarquer qu'il n'y avait aucune preuve. L'article avait été partagé des dizaines de milliers de fois dans la journée et avait probablement déjà fait le tour de tous les réseaux sociaux. Son cœur rata un battement pendant que cette rumeur dansait devant ses yeux et qu'il voyait le nombre de partages augmenter de façon exponentielle. Deux bras entourèrent ses épaules et il devina Yuri lire l'article. Le japonais finit par murmurer :

- N'y fais pas attention, Vitya. Ce… C'est pas grave…

Le tremblement de sa voix laissa comprendre à Victor qu'il était également touché par cette rumeur et Victor murmura doucement :

- Je ne sais pas ce qui est le pire… Que des gens puissent vraiment penser que je serais capable de te frapper, ou que ces gens soient en train d'en convaincre le monde entier… C'est… J'ai jamais vu une aussi grosse connerie et elle est en train de devenir virale !

Yuri contourna la chaise pour s'asseoir sur les genoux de Victor et murmurer :

- Il y a toujours eu des rumeurs débiles qui ont circulé sur nous… Victor… Toi et moi, on sait ce qui s'est passé et c'est l'essentiel, non ? Ils auront oublié cette rumeur aussi vite qu'elle se sera propagée.

Victor finit par acquiescer lentement. Il était forcé de constater que Yuri avait raison, les rumeurs stupides qui se propageaient aussi efficacement qu'un virus contagieux avaient toujours fait partie de leur vie de sportifs professionnels. Il en avait affronté des dizaines quand il était plus jeune. Il affronterait celle-ci aussi. En essayant, comme d'habitude, de fanfaronner et d'en rire publiquement pour masquer le fait que ça l'atteignait beaucoup plus qu'il n'aurait voulu l'avouer.


- Non mais qu'est-ce que c'est ce ramassis de conneries ?! hurla Yurio. Ces crétins vont inventer n'importe quoi sous prétexte qu'ils nous ont vus ensemble ! Enfin merde, quoi, s'ils ne savent plus quoi inventer ils n'ont qu'à parler de mes prochaines chorés !

- C'est vrai qu'ils pourraient se mêler de leurs affaires, grommela Otabek.

Yurio quitta la page Internet qui affichait des photos d'Otabek et lui dans les rues d'Almaty et revint rapidement sur la fenêtre Skype, où le visage de son ami s'affichait pendant que celui-ci reprenait :

- J'avais même pas remarqué que des journalistes nous avaient suivis cet été. Si tu voulais que personne n'apprenne que tu étais venu me voir, c'est raté…

- Je me fiche que les gens sachent où je suis et avec qui, mais ils pourraient se mêler de leurs oignons ! Ça et les photos qui avaient circulé quand tu m'avais emmené sur ta moto au Grand Prix, tous les fans sont déjà en train d'imaginer qu'on est en couple !

Otabek ne répondit rien mais Yurio le vit clairement esquisser l'ombre d'un sourire.

- Quoi ? Ne me dis pas que ça te fait marrer qu'ils nous imaginent ensemble ?

- J'ai rien dit… se contenta de répondre Otabek.


- C'est une succession de déceptions pour le patineur prodige du Canada, Jean-Jacques Leroy, lut Isabella. Après sa médaille de bronze à la finale du Grand Prix à Barcelone, où il convoitait explicitement l'or, il semblerait que sa fiancée Isabella Yang ne l'ait pas supporté. En effet, JJ et elle s'étaient promis en mariage le jour où le patineur aurait remporté le Grand Chelem. Cet exploit étant compromis pour le sportif, Isabella aurait plié ses bagages et serait partie avec le nouveau prodige américain du patinage… Tu entends ça chéri ? Il paraît qu'on n'est plus ensemble !

- Je préférais quand ils parlaient de mon talent ou de mes exploits aux autres épreuves du Grand Prix ! lança JJ en rejoignant Isabella pour lire l'article. C'est mal nous connaître s'ils s'imaginent que tu pourrais un jour me quitter !

- Pourquoi je le ferai ? Mon futur mari va devenir le meilleur patineur de tous les temps, et moi la femme la plus heureuse de tous les temps !

- Ça va décevoir toutes les JJ Girls qui s'imaginaient déjà dans mes bras, fit remarquer JJ avec un sourire moqueur.

- Tant pis pour elles ! Elles n'avaient qu'à te rencontrer avant !


- Ta soirée avec Chris s'est bien passée ? demanda Yuri. Tu n'étais pas trop fatigué pour ton entraînement ?

Yuri était allongé sur son lit, son téléphone à la main. Il était rentré quelques jours chez ses parents. Victor avait dû rester à Saint-Pétersbourg pour s'entraîner, malgré le fait que Chris aussi avait des vacances et en avait profité pour rejoindre le russe.

- Comment tu sais qu'on est sortis ? s'étonna Victor. Je ne t'en avais pas encore parlé…

- Regarde Facebook.

Victor pianota rapidement sur son ordinateur et aussitôt, un article s'afficha sous ses yeux. La photo le représentait avec Chris, assis sur la banquette d'un bar, une pinte de bière chacun devant eux, et était accompagnée du titre : Vous ne devinerez jamais ce que Victor Nikiforov et Christophe Giacometti ont fait ensemble en l'absence de Yuri Katsuki ! Victor hésita soudainement entre éclater de rire ou soupirer de désespoir mais finit par demander d'une voix inquiète :

- Yuri… Tu sais qu'on n'a rien fait d'autre que sortir, pas vrai ?

- Bien sûr ! Même le texte de l'article dit que vous avez juste bu quelques verres. Par contre, tu t'es fait des ennemis parmi ceux qui ont lu et partagé l'article juste en lisant son titre…

Cette fois, le soupir désespéré de Victor résonna clairement dans le téléphone.


- J'étais juste écroulé de rire en lisant cet article pour nigauds ! s'exclama la voix de Michele dans le téléphone. Franchement, imaginer que cette patineuse russe et toi, vous sortiez ensemble et que c'était pour ça qu'elle venait en vacances en Italie ! Laisse-moi rire ! Ils ne savent décidément plus quelles bêtises inventer !

- C'est clair ! commenta Sara. D'ailleurs, j'en ai vu passer un comme quoi tu serais sorti avec Emil Nekola !

- Quoi ? C'est pas vrai ! rugit son frère. Ils vont voir ce qu'ils vont voir, je ne vais pas me laisser faire ! Je te laisse, je te rappelle dès que j'ai fait supprimer ce ramassis d'idioties !

Sara raccrocha le téléphone et, après avoir vérifié que la conversation était bien coupée, sourit :

- Il n'a pas eu l'air d'y croire…

- Tu vois ? demanda Mila, allongée sur le lit de l'italienne. Je t'avais dit que personne n'y accorderait de l'importance…

Sara se laissa tomber sur le lit à côté d'elle et, le regard perdu vers le plafond, demanda :

- Comment ils ont fait pour savoir, à ton avis ?

- Comme d'habitude, supposa Mila. Ils ne le savent pas et ont juste inventé la rumeur qui inciterait les gens à cliquer…

- Pour une fois qu'ils étaient tombés juste…

Mila se retourna sur le lit pour faire face à Sara et laisser doucement ses doigts glisser sur la joue de l'italienne, qui ferma les yeux en savourant le contact. Elle vola doucement un baiser chaste aux lèvres de Sara avant de répondre :

- C'est peut-être le seul avantage de toutes ces rumeurs virales… Quand elles sont vraies, personne n'y croit.


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