Yo ! Cet OS-ci a été écrit en plus d'une heure, évidemment, sur le thème Miel. Si, si, il est présent. Si, si.

Bonne lecture !

Plus rien ne suffit/Trop, trop, trop

Après l'incident des boucles d'oreilles, Marinette et Tikki ont fini par avoir une longue, longue conversation, sur l'impulsivité de Marinette, son besoin d'insouciance et de légèreté. Son besoin d'extérioriser tout ce qui se passe, aussi, son besoin de parler. Avec tout le monde, elle ment. Elle ne peut confier que la moitié de ses problèmes.

« Mais moi, je suis là.

— Mais … Ça ne suffit pas ? Par moments, ça ne suffit pas ? Tu comprends ? »

C'est difficile à entendre, pour Tikki. Elle a eu affaire à plusieurs porteuses de son miraculous, mais aucune qui ressemblait à Marinette. Bien sûr, il aura fallu qu'elles aient toutes, Marinette comprises, les qualités d'une Ladybug, mais aucune auparavant n'avait été à la fois si investie et si instable. Marinette est aussi la première Ladybug a lui faire part de ça.

« Je comprends. Mais tu n'as pas vraiment le choix.

— C'est pour ça que j'ai pensé. Un psychologue.

— Un psychologue ?

— Oui. Quelqu'un qui serait tenu au secret professionnel. Quelqu'un à qui je pourrais dire que je suis Ladybug, et Marinette.

— Marinette, c'est –

— Je sais que ce n'est pas évident. Mais tu veux bien, juste, y penser ?

— Bien. Je te promets. »

.

« Chat Noir ? »

C'est régulier, maintenant. De se retrouver ici. C'est devenu un quartier général, un vrai de vrai, auquel chacun ajoute son grain de sel de temps en temps. Chat Noir a ramené des plantes qu'il vient arroser régulièrement, il y a un calendrier des tâches que Marinette a dessiné où ils recensent ce qu'ils ont fait quel jour – vaisselle, plantes, ramené un livre, cassé une tasse, passé l'aspi', un thé demain à minuit ?, racheté du lait et du sucre – et des post-its qui décorent le frigo – tu as vu mon peigne ?, oublie pas la patrouille à deux rdv ici, un thé demain à minuit ?, il faudrait racheter du produit pour les vitres, un four ce serait bien, nan ?, penser à sortir la poubelle cartons. Ça ressemble à une colocation, et ça plaît à Marinette. Elle se dit, quand elle aura l'âge, elle ferait bien une colocation avec Chat Noir. Ce ne serait pas possible, dans les faits, mais elle y rêve parfois. Elle ne croyait pas que son partenaire serait si facile à vivre, ni si porté sur les tâches ménagères. Il fait la vaisselle très naturellement, alors même qu'il lui a dit qu'il ne s'en occupait jamais chez lui, il fait même la poussière, ce à quoi Marinette ne pense jamais.

« Oui ? »

Elle pense que c'est important de lui dire, ne serait-ce que pour éviter un éventuel problème. Ce serait un malencontreux et peu probable hasard, mais tout de même.

« Je … Tu as déjà pensé à voir un psy ? »

Chat Noir lève la tête pour réfléchir, comme si le ciel qu'il apercevait au travers des vitres de la serre allaient lui donner la réponse. Il aime ça, ici, voir le jour depuis l'intérieur. Ça lui rappelle les baies vitrées de sa chambre, qui ont pris une toute autre dimension depuis qu'il peut en sauter.

« Hm, j'en ai vu un à la mort de ma mère. Mais ça n'a pas donné grand-chose alors j'ai préféré arrêter les séances. »

Et son père a préféré mettre quelque chose de plus productif sur ce créneau. Quel besoin d'aller bien quand on sait déjà le simuler ?

« Pourquoi ? Tu en cherches un ?

— J'en ai trouvé un.

— Oh. Et … Tu ne penses pas que ça pourrait être dangereux ? Par rapport à ton identité.

— Justement. Je pense lui dire clairement que je suis Ladybug. En y allant sous ma forme civile. »

Chat Noir se renfrogne immédiatement. Elle s'attendait à ça.

« Ah. »

Il ne dit rien, pas Il a le droit de savoir et pas moi, mais ça s'entend dans son silence, et Ladybug prend une grande inspiration.

« Je pense que j'en ai besoin.

— De quoi ?

— De, de, je sais pas ? De parler ?

— Moi, je suis là pour ça. Et ton kwami, aussi, j'en suis certain.

— Oui. C'est ce qu'elle m'a dit aussi. Mais ce n'est pas pareil. »

Chat Noir boude. Marinette ne sait pas lui expliquer. Ne veut pas avoir à lui expliquer. Elle y a réfléchi, beaucoup et longtemps. C'était un questionnement intime, qui l'a chamboulée, elle n'est pas prête à partager ça, à remettre ça en question dans le regard de quelqu'un d'autre. C'est à elle et rien qu'à elle. Elle a la certitude que quelqu'un qui la connaît ne comprendrait pas. Elle espère qu'un médecin sera libre de l'image que les autres ont d'elle. Qu'il saura, au maximum, la prendre comme une feuille vierge sur laquelle les choses s'écriront au fur et à mesure des séances.

« Chat … Je ne veux pas me disputer avec toi pour ça …

— On ne se dispute pas.

— Ah bon ? Alors pourquoi tu me regardes pas dans les yeux ?

— Parce que … Je suis vexé, OK ? Tu t'y attendais, non ?

— Pas vraiment, non. »

Elle ment, mais elle se sent vraiment blessée. Elle savait qu'il aurait du mal à entendre. Mais elle ne pensait pas avoir à se défendre. Elle ne le voulait pas.

« Je pensais que tu serais encourageant. Que tu serais content que je fasses quelque chose pour aller bien.

— Mais tu vas bien !

— Ah bon ? »

Ladybug marque une pause. C'est exactement ce qu'elle ne voulait pas entendre. Ce dont elle avait peur. Et là, elle a peur. Elle a peur, et elle est en colère, et tout est clair face à elle, et elle tremble et sa voix est droite comme une flèche.

« Pardon, mais qu'est-ce que tu en sais ?

— Je … je sais pas, c'est … je t'ai dit que j'étais là pour parler si …

— Et je viens de te dire que c'est pas ce dont j'ai besoin.

— Mais comment tu peux savoir sans avoir essayé ?

— Je le sais, c'est tout ! Chat Noir ! Je te demandais pas ton avis, en fait.

— Et qu'est-ce qu'il va faire, ton psy ? Te donner des médicaments en te disant que ça va tout arranger ? Parce que ça arrange rien du tout.

— Mais te parler, ça n'arrangera rien non plus ? »

Ladybug le sait. La flèche de sa voix est venue se planter droit dans le cœur de son partenaire. Il la regarde comme si elle venait de le gifler. Elle ne peut pas retirer ce qu'elle a dit, et ne veut pas la faire.

« Ma Lady …

— Ça n'est pas suffisant, Chat Noir.

— Je suis pas suffisant ? »

Il le prend si à cœur, si personnellement que Ladybug ne peut que rire.

« Bien sûr que non, Chaton. Mais tu sais quoi ? Ma mère est pas suffisante non plus. Et ma meilleure amie non plus. Et le mec que j'aime non plus. Et mon kwami non plus, et maintenant, même moi, je me suffis plus ! Rien n'est jamais assez, et j'ai l'espoir que peut-être un psy apportera quelque chose de nouveau, et j'ai pas besoin de savoir ce que t'en penses, je voulais juste te donner son nom pour être sûre que tu n'iras pas le voir aussi, qu'il n'aura pas nos deux noms parce que ce serait trop, mais toi ? Tu dis que tu m'aimes mais pour la première fois que je te parle de moi tu réponds en parlant de toi. »

Ladybug est essoufflée. Elle a crié. Crié contre Chat Noir. Vraiment, vraiment, comme ça n'était jamais arrivé. C'est de pire en pire, alors. Cette perte de contrôle. La colère n'est pas encore redescendue qu'elle sent déjà le remord qui la guette.

« Je suis désolé. »

Il ne se justifie pas, n'argue pas, et ça aide Marinette a respirer un peu. Son accès de colère court toujours dans ses veines comme du feu liquide. Elle a des courants électriques au bout des doigts et des pieds.

« Tu peux. »

Elle a rajouté un coup et regrette déjà, parce que Chat Noir est déjà K.O., mais elle sait qu'elle n'est pas prête à parler calmement. Elle veut partir en trombe, ne pas faire demi-tour, mais elle sait que la culpabilité l'empêcherait de dormir. Chat Noir n'ose qu'à peine la regarder par-dessous ses cheveux, piteux, au bord des larmes. L'effort qu'il fait pour ne pas pleurer est très visible. Et c'est elle qui a fait ça.

« Qu – Qu'est-ce que je peux faire ?

— Rien. »

Voilà, la culpabilité prend le pas sur la colère, les retombées commencent. Marinette a envie de se gifler. Elle serre les dents. Quelque chose.

« Du chocolat. Tu peux faire du chocolat chaud. »

Voilà. Du chocolat chaud, ce serait bien. Ils en ont besoin. Tous les deux.

« Je vais faire un tour. J'ai besoin de me calmer. Et quand je reviens, on discute. »

Ladybug quitte la serre sans se retourner. Chat Noir ne doit pas voir les larmes qui commencent déjà à couler – mais elle, elle ne peut pas manquer son glapissement, qui ressemble à un sanglot quand elle part.

L'air froid au-dehors lui fait du bien, et elle s'enfonce dans le bois à grands renforts de yo-yo. Elle n'arrive pas. À tout faire sortir. À bout de souffle, elle invoque son Lucky Charm. Un grelot. Un grelot tombe dans ses mains et soudain elle ne peut plus que pleurer. Comme elle se détransforme, elle doit avoir pleuré longtemps, et le son d ses boucles d'oreilles renforce les sanglots. Elle reste encore un temps avant de relever les yeux vers Tikki, qui lui sourit tendrement.

« Ça fait du bien, de pleurer.

— Ah ? »

Marinette a un bout de rire qui se perd dans une toux soudaine. Quand elle entend une explosion, au loin, elle éclate clairement de rire. Il ne manquait plus qu'une attaque. Tikki avale un demi-cookie en vitesse et en un rien de temps, elle est sur la scène, pleine d'une énergie rare et confiante. Ça, elle sait faire. Chat Noir la rejoint rapidement et quand elle croise son regard, elle sait qu'ils sont d'accord. Ils mettent tout de côté. Ils régleront tout ce qu'i régler entre eux plus tard, ce n'est ni le lieu ni le moment pour une réconciliation. Ils combattent comme ils ont toujours combattu : ensemble, et Chat Noir s'autorise même des jeux de mots au fur et à mesure qu'ils reprennent confiance en eux, au duo qu'ils forment. C'est une constante. Ladybug saute, elle en fait peut-être même trop, frôle l'accident à plusieurs reprises, mais elle maîtrise. Avec Chat Noir à ses côtés, là, maintenant, elle se sent invincible. Elle se sent bien. Elle pourrait courir le tour de la Terre.

« Bien joué ! »

Le papillon, purifié, s'est envolé au loin et Chat Noir la prend dans ses bras. Elle lui tapote le dos, sourit. Toute sa colère, plus tôt, lui semble dérisoire.

« Ce chocolat chaud ? »

Elle sent son partenaire se figer contre elle. Il l'attrape par les épaules, l'écarte de lui.

« Le chocolat chaud ! »

Il file en quatrième vitesse vers leur repaire et Ladybug le suit aussi vite, plus amusée que paniquée. Quand ils arrivent, le lait a brûlé la casserole et coulé contre la plaque, mais rien n'a pris feu. Le chocolat est fichu, cependant. Ils se séparent le temps de nourrir Tikki et Plagg et reviennent dans leur salon, Chat Noir avec un air très embêté, Ladybug luttant contre son hilarité.

« Je suis désolé … J'ai encore raté …

— C'est rien ! Il nous faudra une nouvelle casserole. Mais en attendant on peut toujours faire du thé.

— Hm … Mais c'est moins réconfortant que le chocolat chaud. »

Il fait la moue, et lui aussi, il a besoin d'être consolé. Ladybug lui sourit. Elle ne peut lui offrir que ça.

« On mettre du lait dedans.

— Et du miel.

— Beaucoup de miel. »

.

.

.

Voilà. Le chocolat chaud cramé, c'était l'idée de base. Donc, Miel. Ça compte.

Enfin.

Du coup on aborde plus encore les problèmes de Marinette, comment elle va et … je sais pas ce que vous en pensez ? Je sais pas exactement ce que j'en pense non plus mais voilà. J'ai déjà mon idée de ses séances chez le psy et tout ça, et peut-être que je fais fausse route mais c'est un chemin que j'ai grave envie d'explorer pour elle, et j'espère que vous voudrez bien essayer de le prendre avec moi !

Merci d'avoir lu et n'hésitez pas à laisser un retour, quel qu'il soit !

Des bisous à vous et à très vite !