Yo ! Ce chapitre est écrit dans le cadre de la Nuit du FoF sur le thème Futile.
Bonne lecture !
Futilité abusive
« J'ai l'habitude d'enregistrer les séances.
— Ne le faites pas. Vous comprenez ?
— Bien sûr. »
La psychiatre range son enregistreur avant de l'avoir allumé. A la place, elle recentre sur sa table un bloc de feuilles blanches lignées, attrape un stylo.
« Et comment dois-je vous appeler ? Ladybug ou Marie ?
— Marie. Marie, c'est bien.
— Un faux nom de famille ?
— Dupont.
— Marie Dupont, bien. Donc, est-ce que vous pouvez commencer par m'expliquer les raisons de votre venue ? »
Marinette se secoue sur son siège. Elle est là où elle voulait être, avec une psychiatre, quelqu'un qui l'écoute. Juste elle. Pour elle. Et tout lui semble futile. Ses crises, les larmes et la colère, le sentiment d'injustice, la fatigue … C'est juste l'adolescence. Malgré tout ça, elle va bien. Elle se sent bien, elle a cousu toute la nuit et s'est couchée aux aurores, quand elle s'est levée elle était un peu triste, elle a pleuré mais après le petit-déjeuner la journée s'est bien passée. Elle secoue la tête.
« C'est rien. Je fais des histoires, c'est tout.
— Vous faites des histoires ? De quel genre ? »
Et comme elle se sent si pitoyable, d'un coup, l'intérêt de la psychiatre pour elle devient ridicule. Elle rit d'un rire un peu méchant, un peu cruel, mais elle ne sait pas vers qui la cruauté se dirige.
« Du genre, des histoires d'ados ! Comme tous les ados en font ! Des histoires pour des sorties, ou pour des chagrins d'amour, ou pour des boucles d'oreilles, ou pour des disputes ! Des histoires, quoi ! »
Elle a été piquante, un peu agressive, mais la psychiatre n'hausse pas le ton, ne fronce même pas les sourcils. Elle écoute, simplement, et quand elle sent que Marinette ne va pas reprendre la parole, elle relance :
« Vous avez parlé de boucles d'oreilles, précisément ? Qu'est-ce qui s'est passé ?
— Rien d'important. Juste une crise.
— Vous voulez me raconter ? »
Marinette soupire. Elle cherche la manière la plus simple de raconter. Au moins, elle n'a pas à mentir.
« C'est tellement … Futile. Je voulais des boucles d'oreilles. Je les voulais tellement, j'avais jamais autant voulu quelque chose et … je les ai achetées. Et je les ai mises. En retirant les boucles d'oreille de Ladybug. Si un akuma avait attaqué à ce moment … »
Marinette voit que la psychiatre écrit quelque chose, et secoue la tête.
« J'ai honte.
— Et c'est un comportement récurrent ?
— De quoi ?
— Je veux dire, ça vous arrive souvent, d'agir sur une impulsion et de le regretter après ?
— Tout le temps ! Enfin, pas tout le temps tout le temps mais … Oh, vous devez vous dire que Paris est fichu dans les mains de quelqu'un comme moi.
— Je vous assure que je ne pense rien de ce genre. Je ne suis pas là pour Paris, mais pour vous, en tant que personne. Si vous êtes venue me voir, c'est pour demander mon aide. Tout ce qui ne me permet pas de vous aider est sans conséquence pour moi. »
Marinette plie la bouche. Un moment passe, et Marinette se demande si elle va dire quelque chose à nouveau. Comme la psychiatre n'ajoute rien, elle commence :
« Je suis venue parce que … Y a des moments où ça va pas. Où ça craque. J'ai toujours été à fleur de peau mais là … C'est hors de contrôle. Et, qu'est-ce qui se passerait si je craquais pendant une attaque ? Ce serait la catastrophe ! Je veux juste … Juste aller bien, gérer, ne plus faire ça.
— Donc, votre état psychologique est handicapant pour vous ? Il vous empêche de faire des choses que vous feriez normalement ?
— Oui. Je suis … desfois j'ai bien dormi, mais je suis tellement fatiguée que je me lève pas de la journée. D'autres fois, j'ai envie de crier sur tout le monde, et j'arrive pas à me concentrer.
— D'accord. »
Il y a un petit temps, où la psychiatre sort plusieurs feuilles du tiroir de son bureau, avant d'en tendre une à Marinette.
« C'est un petit questionnaire. Je voudrais que vous le remplissiez pour la prochaine fois.
— Sur la dépression ? Vous croyez que je fais une dépression ?
— Au début de la séance, vous avez parlé de fatigue, d'hypersomnie, de perte d'appétit … Je ne pense pas que vous soyez dépressive, mais il est possible que vous traversiez un épisode dépressif, en tout cas vous en présentez plusieurs symptômes. Ce que je vous propose, c'est de remplir ce questionnaire, déjà, et je vais vous donner un site internet. Vous pourrez aller vous renseigner sur la dépression, des témoignages, et voir s'il y a certaines choses dans lesquelles vous vous reconnaissez.
— Un … épisode dépressif. Mais, il y a des moments où ça va ! Je veux dire, je sors de chez moi, je vais en cours, je suis pas …
— Les épisodes dépressifs peuvent varier d'une personne à une autre, ça ne veut pas dire que vous devez être triste en permanence. Il y a plus de gens qu'on ne le croit qui en traversent dans leur vie, et l'avantage par rapport à la dépression, c'est que ça se soigne très bien. Vous avez eu le bon réflexe en décidant de venir. C'est une grande force, d'accepter d'avoir besoin d'aide. »
Marinette opine du chef. A personne d'autre elle ne l'aurait admis. A personne d'autre elle n'aurait voulu dire si vite « Aide-moi ». Et voilà qu'elle fond en larmes dans le cabinet.
.
Voilà ? Donc déjà elle va voir une psychiatre qu'est bien. J'ai pensé à lui faire faire un long parcours psychiatrique mais … C'est pas ce dont j'ai envie de parler en fait. Donc la première psychiatre qu'elle trouve est bien.
Qu'est-ce que vous en avez pensé ?
A très vite !
