Yo !
Et donc voilà le prochain chapitre en question, qui se passe deux semaines après le précédent.
Bonne lecture !
Instant Heureux
« Tes parents disent rien ? »
Elle ne lui a pas donné rendez-vous, cette fois, mais il est venu. Elle ne sait pas s'il se doutait qu'il la trouverait au QG, mais il ne semble pas surpris de la voir, tasse de thé à côté de son ordinateur, blocs de dessin étalés sur la table basse.
« Je pars discrètement. Ils n'ont pas encore remarqué.
— Ça fait deux semaines que tu viens ici tous les jours. Est-ce que tu dors, au moins ? »
Marinette hausse les épaules. Elle fait des petites siestes. Elle ne se sent pas fatiguée. Elle a l'impression qu'elle n'a jamais été aussi bien que ces deux dernières semaines. Elle avait rendez-vous avec sa psychiatre aujourd'hui. Elles auraient dû parler de la bipolarité. Mais Marinette n'a pas voulu y aller. Elle va bien, elle se dit. Elle va mieux que jamais. Elle n'a plus besoin d'aide. Chat Noir soupire, vient s'asseoir à côté d'elle.
« Comment ça s'est passé ? »
Bien sûr, il se souvient. Bien sûr, il va lui demander. Il s'inquiète. Elle pense parfois qu'elle ferait mieux de le tenir à l'écart de ça. Il a déjà assez de choses à gérer. Et puis, elle se rappelle que les secrets pèsent plus lourd que la dépression. Que, peut-être, la bipolarité. Alors elle soupire, elle aussi.
« J'y suis pas allée.
— Quoi ? »
Il y a de la surprise, et presque un début de jugement, et pour la première fois depuis des heures qui ressemblent à des minutes, Marinette relève les yeux de son ordinateur. Elle plisse les paupières, prend le temps de s'adapter à la lumière réelle. Quand elle peut le voir nettement, Chat Noir s'est calmé, et il a légèrement plié les lèvres.
« Et … Tu prends toujours ton traitement ? »
Elle ouvre la bouche. Elle ne veut pas lui mentir. Elle ne veut pas non plus lui dire. Elle n'en a pas besoin.
« Ma Lady …
— Quoi ? Je vais bien, tu vois ! Je vais mieux. J'ai plus envie de pleurer tout le temps, je suis pas fatiguée, je suis productive … J'ai plus besoin de ça. T'étais le premier à parler de l'inutilité des antidépresseurs.
— C'est pas une raison pour les arrêter d'un coup. Et … C'est courant chez les patients bipolaires de se distancier du milieu psychiatrique pendant les phases d'hypomanie. »
Ladybug grimace. Elle sait ça. Elle n'avait pas besoin de l'entendre. Mais …
« Tu as … fait des recherches ? »
Chat Noir ouvre la bouche, et puis il baisse la tête, et on dirait bien qu'il rougit. Il bafouille, avant de glapir un bon coup, d'éclater :
« Bien sûr ! C'est normal ! Forcément que ça m'intéresse ! Je veux pas … faire quelque chose de travers. Pas encore.
— Chaton. Tu sais que c'est absolument adorable. Viens là que je te gratouille la tête. »
Il rougit de plus belle, sous les rires de sa partenaire, et quand elle tapote le bout de ses doigts contre le haut de son crâne, il oublie tout ce qu'il voulait lui dire. Qu'il a fait des recherches, oui, et qu'il trouve que ça ressemblait trop à sa partenaire pour être anodin, que nier la maladie n'aidera pas, que la fatigue et la faim qu'elle ne ressent pas en ce moment lui retomberaient dessus au prochain épisode dépressif, que même si elle se sent bien elle se fait du mal et que la joie extrême qui la maintient éveillée des nuits entières alourdit l'épée de Damoclès qui pend au-dessus de sa tête. Il oublie tout, parce qu'il comprend. Lui non plus, il ne peut pas renoncer à cet instant de bonheur. Même s'il sait ce que ça coûtera à sa Lady. Pour maintenant, il n'arrive plus à y penser.
.
.
.
Voilà. Je pose ces deux-là très vite pour pouvoir y ajouter celui écrit pour la Nuit.
