Yo ! Cet OS a été écrit en décalé pour la Nuit du FoF sur le thème Armoire !

Bonne lecture !

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Réveil matin, 15h

Ils se réveillent côte à côte. Marinette d'abord, mais elle s'enroule un peu plus dans la couverture et ferme à nouveau les yeux. Elle a du mal à regarder Adrien. A se dire que c'est lui, maintenant et pour toujours. C'est Chat Noir. Depuis tout ce temps. Adrien se réveille ensuite, et il la regarde longtemps. Elle s'est rendormie. Il sourit. Il bâille, et il se rendort. Marinette ouvre à nouveau les yeux, et elle penche la tête pour réveiller son cou. Elle marmonne quelque chose qui ressemble à une plainte, et elle sent que ça remue à côté.

Adrien a les fesses sur ses genoux, et les bras étendus devant lui, il s'étire longuement le dos avant de rouler sur le côté. Il frotte la tête contre son oreiller, elle l'observe faire. Il étire une jambe en l'air avant de la laisser tomber par-dessus l'autre, miaule un bâillement et se frotte les yeux contre son épaule. Il l'entend rire. Il essaie de parler, mais il bâille encore en regardant Marinette, et Marinette rit encore.

Il fait gris. Il pleut même un peu, ça fait des bruits de gouttes quand ça tombe sur les carreaux de la serre. Adrien s'assied en tailleur, étire ses bras au-dessus de lui.

« Bien dormi ? »

Ils se sont rejoints ici quand leurs parents les croyaient couchés. La veille, Adrien a dit à son père qu'il rejoindrait des amis le matin. Son père le lui a interdit, mais il n'est pas là du week-end. Il a fait les yeux doux à Natalie. Elle le couvrira pour aujourd'hui – il espère seulement qu'elle ne s'est pas aperçue qu'il a découché.

« Hmm-hmm … »

Marinette bâille à son tour, c'est contagieux. De voir Adrien le faire, ça lui a donné envie, alors elle s'étire. Elle s'assied au bord du lit. Ils vont devoir parler, mais elle préférerait le faire après un café, alors elle se lève, fixe longuement la kitchenette avant de se souvenir de comment on fait, le matin. Elle a pris des croissants invendus de la veille avant de partir. Ils ne sont plus aussi bons, mais elle les fait passer au grille-pain. Elle roule des épaules. Le sol est froid sous ses pieds nus. Elle se passe de l'eau sur le visage, sent partir les restes de mascara dont elle n'avait pas pris la peine de se débarrasser la veille. Derrière elle, le bruissement des draps.

Dans la cuisine, sur le plan de travail, elle a demandé à Tikki de laisser un mot vers onze heures, pour dire qu'elle est sortie sans passer par la boutique, parce que c'était plus court. Elle va chercher son téléphone. Sa mère demande où elle est, et elle répond rapidement qu'elle est avec Adrien. Elle sait que sa mère la laissera tranquille.

« Et toi ?

— J'avais pas aussi bien dormi depuis un bail. »

Elle sourit. Elle sert deux tasses de café et revient vers le canapé-lit. Elle pose une des tasses sur la table basse, revient s'asseoir. Elle enfouit ses pieds glacés sous la couette.

« Tant mieux. »

Dès qu'elle est installée, elle regrette. Elle sait qu'elle devra se lever d'ici moins de cinq minutes pour aller aux toilettes. Elle n'a pas envie. Son T-shirt sent la sueur, ça faisait longtemps qu'elle n'avait pas partagé le lit de quelqu'un – depuis ses cauchemars d'enfant, quand elle se glissait entre ses parents endormis.

Elle le regarde, pose la joue sur son propre genou.

« Chat Noir … »

Il ne porte pas son masque mais décoiffé, les yeux endormis et malicieux, oui, il se ressemble. Elle répète ce nom. Elle a besoin de le dire pour le comprendre. Elle lui sourit.

« Je suis désolée. »

Elle n'a pas fait attention à lui, et elle s'en veut. Elle prend une gorgée de café. Il hausse les épaules.

« Je suis heureux. »

Elle ne sait pas quoi faire de cette déclaration, alors elle ne répond rien. Elle se sent bien, elle aussi, là tout de suite. Elle soupire lourdement. L'air qui la quitte emporte avec lui la fatigue et l'angoisse. Lentement, elle comprend. Elle accepte. Elle dit :

« Tu sais que j'ai eu un coup de foudre pour toi ? »

Et elle peut voir qu'il se passe beaucoup de choses, tout d'un coup, dans la tête de son partenaire. Il n'arrive même pas à parler.

« Quand tu m'as prêté ton parapluie, à la rentrée. Foudroyant, c'est le mot.

— Tu, quoi ?

— Et toi ? Comment t'es tombé amoureux de moi ? »

Il est gêné un moment, et elle rit, et il rougit en annonçant :

« Tu … Tu étais tellement incroyable. C'était pas encore … Enfin, tu as dit qu'on protégerait Paris, ensemble, et je me suis dit que je voulais te suivre pour toujours. »

Elle opine du chef.

« On est un peu bêtes, non ?

— Non. »

Il a l'air de bouder et elle sourit. Elle n'est pas encore bien réveillée.

« Moi je trouve ça beau. »

Elle rit doucement, prend une autre gorgée de café.

« C'est vrai. »

Et elle pose sa tasse et se lève, et va aux toilettes. Elle sait qu'il la regarde, mais elle n'arrive pas à marcher bien droit. L'odeur rance de son haut la gêne, alors elle le change pour une chemise qu'elle a ramenée. Elle plie la bouche en revenant s'asseoir sur le lit.

« C'est pas ce que j'ai envie de porter. »

Elle n'aime pas vraiment ça, ne pas avoir le choix de ses vêtements le matin. C'est un moment important, où elle décide à quoi elle va ressembler pour la journée.

« Et qu'est-ce que tu as envie de porter ?

— Du noir. Et un chapeau. »

Elle n'en porte pas souvent, du noir, elle trouve que les couleurs pastel lui vont mieux, mais là, elle trouve que ça irait bien, que ça serait un bon assortiment avec la simplicité du moment. Sa chemise vert d'eau, imprimée de grosses fleurs, lui semble trop compliquée. Adrien se lève, va fouiller dans le sac qu'il a ramené. Il sort un T-shirt à manches courtes simple noir, signé Gabriel Agreste, le tend à sa partenaire. Elle le regarde. C'est infiniment simple, mais c'est de bonne facture. Le tissu est extrêmement doux et fluide entre ses doigts.

« Mais toi, qu'est-ce que tu vas porter ? »

Il apporte son sac entier, et l'ouvre grand pour que Marinette puisse voir dedans. Il n'y a que des vêtements. Un pull, un autre T-shirt, un pantalon de toile, un jean et une blouse, quelques accessoires. Le pire, c'est que tout va avec tout.

« Mais … T'as ramené ton armoire ? »

Il se gratte la tête. Il semble gêné.

« Habitude de mannequin. Si autre chose te tente, sers-toi. »

Elle est impressionnée. Elle ne pensait pas avoir cette chance un jour. Elle regarde Chat Noir, comme pour demander une autorisation qu'elle a déjà eu. Son sourire s'agrandit quand il voit que ses yeux brillent.

« Et … Ce serait une idée, non ?

— Quoi ?

— Une armoire. On pourrait mettre une armoire ici. Comme ça, pas besoin de gros sac, et tu pourrais porter ce que tu veux. »

Elle le regarde longuement. Elle se demande si c'est un rêve. Elle retire sa chemise, enfile le T-shirt. Il est confortable. Elle va chercher son jean, rentre le haut dedans et l'agrémente d'une ceinture Agreste. Elle se sent voleter.

« Arrête. Je voudrais vivre ici. »

Il lui sourit. Quel magnifique début de journée.

« Moi aussi. »

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Voilà ? Un peu paisible, encore. Iels sont pas assez bien réveillé.e.s pour paniquer.