Hello ! Voici donc la suite tant attendue (ou pas) !
Pour la Nuit du FoF (qui est surpris.e ? Personne ?) sur le thème Ronronner.
Bonne lecture !
Tout va bien, ne t'en fais pas
Marinette n'a pas beaucoup dormi.
Elle a dit à ses parents qu'elle voulait passer donner les devoirs à Adrien avant les cours du matin, qu'elle avait oublié la veille, elle est partie aux aurores. Elle avait cette peur, sans raison, cette peur impossible qu'il ne soit plus là.
Mais il était là. Endormi sur le canapé-lit déplié, Plagg à ses côtés. Elle n'a pas voulu le réveiller. Elle n'a pas voulu non plus qu'il se réveille, et que l'endroit soit vide. Elle comprend pourquoi il est parti, comment c'est devenu impossible pour lui de rester chez son père. Elle ne veut pas que ça arrive ici. Elle ne veut pas qu'il se retrouve ici et qu'il se sente seule. Abandonné. Elle a laissé un croissant et un pain au chocolat avec un petit mot sur le sac en papier. Elle a dessiné un cœur à la main, pleine d'appréhension. Elle est partie après un baiser sur le front de son aimé, léger comme une coccinelle. Elle ne pourra pas faire ça tous les jours.
Elle somnole sur son bureau, écrit quelques lignes brouillonnes. Elle ne croit pas qu'elle sera capable de les relire. Ni de se souvenir. Tant pis. Des regards inquiets convergent vers elle, qui lui font froncer les sourcils. Alya garde toujours un contact avec elle. Une épaule contre son épaule, une main sur son dos, un regard sur sa peau, elle ne la lâche qu'à la récréation, revient pour lui donner un café. Marinette ne croyait pas qu'elle avait à ce point une sale tête. C'est presque sa tête habituelle, les cernes et l'inquiétude, et elle offre à sa meilleure amie un sourire pâle, qui le lui rend, en plus douloureux. Alya ne dit rien, ne demande rien de la journée.
Les cours s'achèvent, et elle veut se dépêcher d'aller voir Adrien, de lui demander ce qu'il a fait de sa journée, si ça a été, s'il veut qu'elle lui amène des livres, des jeux, sa vieille DS qu'elle n'utilise plus ou qu'elle se glisse dans sa chambre pour récupérer son PC.
Et sur le parvis, quand elle va pour filer, une main la retient. Elle se retourne. L'œil visible de Juleka la fixe, plein d'inquiétude. Derrière elle, il y a Luka. Lui non plus, il ne la quitte pas des yeux. Quand elle sait qu'elle a son attention, Juleka lâche son poignet, s'excuse. Marinette hausse les épaules.
« Tu tiens le coup ? »
La voix de Luka est basse, calme. Mais ça se voit que c'est un effort. Il fait exprès d'elle calme. Marinette fronce les sourcils. Il lui offre un sourire doux, et elle baisse la tête. Il s'approche, pose naturellement une main sur son épaule.
« Je suis désolé, pour Adrien. On a appris ce matin. »
Marinette fronce les sourcils. Pour Adrien ? Qu'est-ce qu'ils ont appris ? Est-ce que quelque chose s'est passé ? Est-ce que Gabriel l'a retrouvé, l'a ramené chez lui et el retire de l'école ? Est-ce qu'elle vient de le perdre sans même le savoir ? Sans un mot, sans un adieu ? Toute l'inquiétude lui revient en pleine face, elle a besoin de le voir maintenant, de le toucher, de savoir qu'il va bien, au moins physiquement. Des larmes lui montent aux yeux et les bras de Luka l'entourent. Elle se demande comment il peut faire ça aussi naturellement, alors qu'elle vient de le rejeter. Elle se demande si elle mérite tant de bonté. Elle sent qu'elle est sur le point de s'effondrer. Elle veut s'effondrer sur la poitrine de Chat Noir, poser l'oreille sur son torse et l'entendre ronronner puissance mille quand elle lui gratte l'arrière du cou. Les bras de Luka l'emmènent loin de tout ça. Dans un monde plus facile à expliquer, plus simple. Tout est toujours plus simple avec Luka.
« Tu veux rentrer à la maison avec nous ? On a une répétition avec le groupe … mais, si tu veux, on peut juste prendre un goûter ou quelque chose.
— N-nan. Merci, mais c'est bon. Je vais rentrer … chez moi. »
Chez eux. Dans leur jardin secret. Elle ne veut qu'être là-bas.
« T'es pas obligée de rester toute seule, Marinette. »
Oh, les larmes reviennent, et cette fois elles coulent pour de bon. Toute seule ? Elle ne serait pas toute seule. Adrien serait là-bas. Son monde entier. Elle suffoque ici. Elle a peur.
« J-je … »
Elle déglutit. Il faut qu'elle respire mieux que ça, si elle veut parler. Elle inspire, ça la fait sangloter. La main de Juleka dans son dos, la main d'Alya qui prend la sienne. La voix de Luka.
« Viens à la maison. On va faire du chocolat chaud. »
Elle veut du chocolat chaud. Du chocolat chaud avec Luka et Alya et Nino et Juleka et Rose et sa mère et son père et Adrien. Elle ne veut pas cacher, pas mentir. Elle tremble. Une voiture freine, elle n'a pas le temps de parler, une voix grave l'interpelle.
« Marinette Dupain-Cheng ? »
C'est une question, pourtant elle connaît la voix. C'est le père de Sabrina, et elle s'écarte de l'étreinte de Luka. Derrière Roger, sa mère se tient, les bras croisés comme pour s'étreindre elle-même. On dirait qu'elle a pleuré. C'est si grave que ça ?
« Nous avons quelques questions à vous poser, concernant la disparition d'Adrien Agreste. Si vous voulez bien nous suivre ?
— O-où ça ? »
Le bras de Luka autour de ses épaules, les mains de ses amies. Elle ne veut pas les quitter. Sa mère s'approche. Elle la touche elle aussi. Marinette ferme les yeux.
« Où tu voudras, ma chérie. A la maison ? Ou est-ce que tu veux t'arrêter quelque part prendre quelque chose à boire ?
— J-je veux juste … J'ai rien à dire. Je veux voir personne. »
Elle dit ça, et pourtant elle s'accroche à toutes les mains qui la touchent. Mais elle doit être seule. Elle doit vérifier de ses propres yeux, de ses propres mains, qu'Adrien est encore là où il devrait être, là où il est le mieux. Sa disparition ? Alors il n'est pas rentré chez lui. Il doit encore être au QG. Elle en mettrait sa main à couper. En fait, s'il n'y est pas et s'il a vraiment disparu, ne coupez pas que sa main, coupez-lui la tête et arrachez son cœur aussi. Elle ne le supporterait pas. Elle s'arrache à l'amour qui l'entoure, s'écarte de quelques pas. Elle sent qu'on la regarde, elle ne peut pas le supporter. Elle doit les rejeter. Sinon pour elle, au moins pour Adrien.
« Je … laissez-moi tranquille.
— Marinette ! »
Le cri de sa mère s'éloigne comme Marinette commence à courir. Elle court. Elle court comme une dératée, pour être sûre que personne ne puisse la suivre, elle court jusqu'à sentir que sa gorge en feu veut mourir, et elle court encore après ça, s'arrête à peine une seconde quand elle trouve un endroit pour se transformer, pleine de panique, une urgence insatiable dans les veines.
Elle ouvre la porte d'un geste qui menace de faire vaciller la structure, le diable au corps.
Et il est là. Un livre entre les mains, une couverture sur les genoux, une tasse de thé sur la table basse. Le sac en papier des croissants est vide. Est-ce que c'est la seule chose qu'il a mangé de la journée ? Il tourne la tête vers elle, lui sourit.
Il lui sourit comme personne ne lui a souri aujourd'hui. Il lui sourit comme si tout allait bien. Comme si tout, enfin, était à sa place. Et elle fond vers lui, pour coller l'oreille contre sa poitrine, certaine que tout d'un coup va s'éclaircir, que le monde va retrouver son sens. Il ronronne, et elle ferme les yeux aussi fort qu'elle peut.
« J'étais morte d'inquiétude.
— Tout va bien. Tout va bien. »
L'inquiétude se tarit. Elle est avec lui. Il va bien. Il sourit. Il ronronne. Ils sont juste tous les deux, où ils ont envie d'être. C'est un instant parfait. Alors pourquoi ? Pourquoi son ventre se retourne contre elle, lui crie que tout va mal et que rien ne pourra jamais fonctionner ? Pourquoi elle a envie de crier à Adrien qu'il ment ?
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Haha.
Genre c'était trop joyeux jusque là.
Bref. C'est l'adolescence, pas le temps de se reposer.
Et oui, le titre c'est parce que je pense au bouquin Je vais bien ne t'en fais pas.
