Stiles était trop gentil, et c'était sans doute la seule chose qu'il fallait retenir de sa stupide décision. Il avait fallu qu'on lui envoie un message, un seul message pour lui demander de l'aide et voilà qu'il rappliquait comme un bon toutou. C'était bien de cette manière qu'il se voyait actuellement, mais… Merde, il ne pouvait pas leur refuser quoi que ce soit. Il les aimait trop et le message de Peter transmis au nom de la meute ne l'avait pas laissé indifférent. Cependant, l'angoisse le tenait en grippe alors qu'il était dans l'ascenseur menant au grand loft de Derek Hale. Stiles jeta un léger coup d'œil à ses mains bandées et tira sur ses manches dans un geste de honte. Il n'était pas fier de sa connerie de la veille. Ramasser un verre cassé à mains nues après l'avoir fait tomber… L'idée du siècle à ne pas reproduire. Et puis, Derek était là, il l'avait vu, l'avait poussé à se soigner. Seul, Stiles ne l'aurait sans doute pas fait, mais puisque le loup le lui avait demandé… Pourquoi refuser ? Stiles n'était pas à l'abri d'un arrachage de gorge avec les dents. Désormais, il prenait sa menace au sérieux, alors même que le Hale s'était montré des plus courtois envers lui. Il ne l'avait peut-être pas traité comme un paria, mais Stiles se méfiait. Ce n'était pas une histoire de confiance, mais de protection. Oui, il se protégeait, évitant de potentielles nouvelles souffrances qui n'arrangeraient pas son état mental déjà désastreux. S'il se mettait à croire en la sympathie de Derek et que celui-ci retournait sa veste… Il ne le supporterait pas. Vraiment pas. Il s'attendait même à être accueilli par une mauvaise nouvelle : celle lui annonçant que la meute lui interdisait de continuer à se terrer au bunker. Il s'y était préparé pour la même raison concernant sa méfiance envers le loup.

Anxieux mais contenant au maximum ses émotions, Stiles se rapprocha de la porte une fois que l'ascenseur l'eut délivré à l'étage souhaité. Sortir de cet espace clos dans lequel il avait eu l'impression d'étouffer ne le remplissait pas d'autant de soulagement qu'il l'aurait voulu. Paradoxalement, les murs proches lui avaient donné l'impression d'être protégé. Là, le couloir spacieux lui donnait presque le vertige. De trop petit, il était passé à trop grand. Il fit quelques pas incertains et s'arrêtant devant la grande porte. Que devait-il faire pour s'annoncer ? Toquer ? Appeler ? Attendre ? Incapable de prendre de décision, Stiles fit de son mieux pour avorter dans l'œuf la potentielle crise de panique qui s'annonçait. Sa vie avait volé en éclat et autant dire qu'il ne s'en était pas encore remis. C'était même à se demander s'il y arriverait un jour. Ce qui était certain, c'était que tout ça l'avait on ne peut plus fragilisé et que ça, la meute n'avait pas besoin de le savoir. Alors, il utilisa ce qu'il lui restait de son conditionnement raté de Silence pour parer son visage d'un masque qu'il fit le plus impassible possible avant non pas de sonner, mais d'envoyer un message à Lydia, qui était celle qui l'avait appelé à l'aide. Quelques secondes plus tard, la porte coulissa, laissant apparaître un Scott à l'air complètement fermé. Stiles hocha légèrement la tête à son attention en guise de salut. C'était froid, mais il savait que Scott n'accepterait pas plus chaleureux. Il le haïssait de tout son être et ça… En plus de le voir, Stiles le sentait. Ses inhibiteurs restreignaient toutes ses capacités chez lui, à part celles détectant les émotions. C'était trop instinctif, trop naturel, chez lui. Sans un mot, Scott s'écarta, ce qui signifiait qu'il pouvait ou plutôt qu'il devait entrer. Stiles exécuta. Il valait mieux se plier aux ordres – même silencieux – de l'alpha.

La pièce principale du loft avait toujours été très grande, mais elle parut titanesque aux yeux de Stiles, surtout remplie par la meute. Toutes ces paires d'yeux tournées vers lui faisaient monter son angoisse, à tel point qu'il dut redoubler d'ardeur pour maintenir son semblant de masque sur son visage. Hors de question de leur montrer ce qu'il ressentait. Son odeur était déjà bien trop suffisante et certains devaient sans doute s'en lécher les doigts de le voir ainsi mis plus bas que terre par leur simple présence. Stiles tira un maximum sur ses manches sans regarder ses anciens frères et sœurs de meute. Être là n'était pas un plaisir. Arriver avec les mains bandées l'était encore moins. Son souffle se coupa un instant lorsque Scott le bouscula volontairement avant de le pousser vers le centre de la pièce.

- Avance.

Son ton n'avait jamais été aussi froid. Il glaça carrément le sang de Stiles qui obéit, simplement, jusqu'à ce que Scott lui ordonne de s'arrêter en le retenant d'une main ferme sur l'épaule, légèrement derrière lui, dans son angle mort. Une main menaçante. Et l'hyperactif se sentit tout de suite en danger. Aussitôt, il se demanda s'il avait bien fait de venir ici, d'accepter de les aider. Et si on ne l'avait fait venir que pour le tuer ? Un sentiment douloureux naquit en lui. C'était probable, fort probable. La menace Psi était forte à Beacon Hills en ce moment, certes, mais… Il n'était pas le seul à pouvoir aider à les comprendre. Il suffisait de payer l'un de ses congénères pour avoir des informations, des passe-droits. Lorsqu'il s'agissait d'argent, les gens de son peuple étaient prêts à faire certains sacrifices. Les sentiments n'avaient plus aucune importance pour eux, seul comptait l'argent, désormais. Alors oui, Scott pourrait très bien le supprimer devant tout le monde, personne ne s'y opposerait : Stiles n'était pas irremplaçable. Et puis, il était un traître. Qui voudrait encore de lui ? Mais un visage se rappela à son esprit. Celui de son père, qui se trouvait toujours chez Deaton, en sécurité. Lui seul pourrait s'opposer à sa mise à mort et au fond, c'était tout sauf surprenant.

Stiles frissonna lorsqu'il sentit la main de Scott remonter, passer lentement de son épaule à son cou, puis sa gorge. Il n'avait qu'à sortir ses griffes à cet endroit précis et c'en serait fini de l'hyperactif, qui s'entêtait à regarder tout, sauf les gens autour de lui. Il fit de son mieux pour fermer ses sens empathiques, une chose plutôt difficile en sachant que c'était une seconde nature. Il voulait tout, sauf ressentir les sentiments et émotions de ces gens qui comptaient tant pour lui, mais qui le haïssaient comme jamais auparavant. Mais s'il avait fait plus attention, Stiles aurait remarqué que cette haine n'était pas aussi forte de tous les côtés, bien au contraire. Elle était carrément absente chez certaines personnes. Scott fit un pas, se rapprocha de Stiles, sans éloigner sa main de sa gorge. Elle était toujours là, menaçante, prête à l'égorger au moindre mouvement suspect. Au fond de lui-même, l'hyperactif s'effondra. Mentalement, ça n'allait vraiment pas. Son ancien meilleur ami était à deux doigts de le tuer. Et le pire… C'était qu'il l'acceptait.

- Je me défendrai pas, lâcha-t-il au bout d'un moment sans réellement pouvoir se retenir.

Il y eut un blanc. Enfin, le loft était silencieux de base mais ce silence-là était différent. Lourd. Perplexe. Pesant.

- Pardon ? Fit Scott avec froideur malgré sa surprise.

- Si tu veux me tuer tu peux, je me défendrai pas, précisa l'hyperactif en s'affairant à baisser ses manches encore et encore.

C'était idiot, mais même si la meute ne comptait sans doute pas faire attention à ses bandages, il faisait tout pour les cacher. Il était en position de faiblesse, en plein centre de la pièce, sous leurs yeux à tous… C'était une humiliation pure et simple alors s'il pouvait au moins cacher ses mains stupidement abîmées…

Les doigts de Scott se desserrèrent légèrement sur le côté de sa gorge.

- Pourquoi tu voudrais que je te tue ? Entendit Stiles.

- Parce que tu me hais du plus profond de ton âme, répondit-il mécaniquement, et que tu meurs d'envie de me tuer.

Constater cela le blessait, mais ça restait un fait impossible à nier. Les sentiments et émotions qui provenaient de Scott étaient sacrément forts, si bien que les sens que Stiles essayait de contenir ne pouvaient que les capter et les analyser. C'était ça d'être un E-Psi. Avoir la spécificité d'être un Cardinal rendait la chose encore plus pointue.

- Je ne veux pas te tuer.

- Bien sûr que si.

Ce qui était étrange et commençait à désarçonner Scott ainsi que les autres membres de la meute présents, c'était la perte croissante d'émotions dans la voix de Stiles. Son attitude en parlant de son propre sort était également fort déroutante, surtout lorsque l'on savait qu'il se méprenait sur le motif de sa présence ici. Néanmoins, ses paroles concernant le prétendu désir de meurtre de Scott en firent s'interroger certains. Après tout, il n'était pas vraiment nécessaire de tenir ainsi l'hyperactif par la gorge. Toutefois, le cœur de leur alpha n'avait pas raté de battement ce qui voulait dire qu'il n'avait pas menti, c'était bon signe.

- Tu attends que je fasse le moindre faux pas pour pouvoir le faire sans avoir à te justifier, pour pouvoir te dire que tu l'auras fait pour les protéger, parce que j'aurais été une menace pour eux. Parce que tu ne le veux pas mais tu en as envie. Vouloir et désirer sont deux choses différentes quand on y réfléchit un peu. Et puis sinon, pourquoi cette mise en scène ? Pourquoi me mettre au milieu de tout le monde, si ce n'est pas pour faire valoir ta valeur d'alpha, prêt à tout pour sauver sa meute du grand méchant Stiles ?

Stiles était sur une pente glissante, il le savait, tout autant qu'il savait qu'il ne pouvait pas s'empêcher de parler. Il avait l'impression que son heure était si proche qu'il ressentait le besoin étrange de lâcher cela. Etait-ce à cause des doigts de Scott, prêts à perforer sa gorge de ses griffes ? En plus de cela, il faisait des efforts monstres pour faire tenir son masque de Silence. Il était bien faible et avait tout un tas de défauts si on le comparait à celui de Psis réellement Silencieux, mais c'était tout ce qu'il pouvait faire dans son état, et avec si peu d'entraînement derrière. Il se rappela vaguement de l'attitude faiblarde qu'il avait eue plusieurs fois en présence de Derek – seulement lui – et se fit la réflexion qu'il aurait dû essayer cela plus tôt, même si ça cramait certaines de ses ressources mentales. Très honnêtement, il avait toujours autant envie de s'effondrer et si les loups ne le savaient pas, ils avaient sans doute fini par deviner. L'odeur qu'il dégageait devait sans doute leur piquer le nez depuis un moment.

De son côté, Scott avait à nouveau resserré ses doigts sur le côté de la gorge de Stiles. Ce qu'il détestait son sarcasme qui n'en était plus mais qui mettait en avant une vérité que lui-même ne soupçonnait pas sur sa propre personne ! A la plus grande surprise de tous, il ne chercha pas à nier, parce qu'il ne se rendait pas encore compte que l'hyperactif avait raison sur toute la ligne. Aveuglé par cette haine effectivement bien réelle, il eut un regard mauvais, que Stiles ne vit bien évidemment pas, son ancien meilleur ami étant légèrement derrière lui. Autour d'eux, la meute se crispa, mais personne n'intervint. Il n'y avait pas de réelle menace, pas encore. Derek se tendit néanmoins un peu plus qu'il ne le devrait et l'inquiétude vint se loger dans son regard. Le deal, c'était de faire venir Stiles pour qu'il leur donne des informations sur le peuple Psi. C'était, en soi, un interrogatoire. La meute entière s'était mise d'accord et Scott avait non seulement approuvé la chose, mais c'était également lui qui en avait eu l'idée.

- A genoux.

L'ordre claqua avec violence alors même que sa voix était plus froide que jamais. Du côté de Stiles, il n'y eut aucune résistance. Il y alla doucement et la main de Scott ne s'éloigna pas un seul instant de sa gorge. Lorsqu'il fut réellement à genoux, Stiles fit le vide dans sa tête, histoire de ne pas exploser. Ses yeux le brûlaient, ses capacités ne demandaient qu'à sortir et les différentes parties de son être, à s'exprimer. Par chance, ses lentilles étaient nouvelles : elles tiendraient le coup le temps que… Le temps que Scott fasse ce qu'il avait à faire. Parce que c'était ce qui allait arriver, il en était certain et l'humiliation qu'il ressentait était totale. Il aurait aimé que ça se termine autrement, pouvoir dire au revoir à son père, à ses anciens amis, pouvoir leur dire à quel point ils avaient illuminé sa vie, à quel point il regrettait d'avoir tout gâché entre eux mais que, si c'était à refaire, il n'aurait absolument rien changé concernant sa fausse humanité. Il aurait gardé son secret, ne serait-ce que pour que son père puisse vivre une vie plus ou moins normale, sans avoir peur de se faire arrêter par des Psis en chasse. Pour lui et même s'il ne pouvait pas communiquer avec lui à cause de ses lentilles, il ravala les larmes qui avaient commencé à monter à ses yeux. Il n'aimait pas ce qu'il se passait. Pas du tout. A vrai dire, il pensait venir pour aider, juste… Aider. Et voilà qu'il était pris en embuscade pour une exécution devant toute la meute. Son exécution. En lui, la tempête des émotions se déchaînait. Il avait envie d'hurler, de pleurer, de taper partout, de laisser libre court à ses flammes dévastatrices. Son visage partiellement Silencieux ne révélait rien de tout ça. Non, seule son odeur commençait à le faire.

Elle alertait sans bruit.

- Scott, à quoi ça rime ? Qu'est-ce que tu fais ? Entendit Stiles.

Même si Stiles ne faisait pas réellement attention à ce qu'il se passait autour de lui, il savait encore reconnaître la voix de Lydia sans faire d'efforts. En fait, il le pourrait avec chacun d'entre eux.

- Ouais, il blaguait hein ? Tu comptes pas réellement faire ça ?

Jackson, cette fois.

Au lieu de ressentir quelque forme de soulagement que ce soit de voir que toute la meute n'était pas au courant des véritables envies de Scott et d'espérer que l'un d'eux s'y oppose, Stiles renforça comme il le put ses boucliers mentaux. Les digues qui empêchaient ses émotions de le submerger complètement étaient à deux doigts de céder. Autant sauver les apparences, encore quelques minutes. Il était préparé à la mort, de toute façon et ce, depuis bien longtemps. Il n'imaginait simplement pas que ce serait son ancien meilleur ami qui lui ferait rejoindre l'autre monde.

- Enlève tes lentilles, ordonna Scott sans se soucier de la meute qui commençait à le regarder avec inquiétude.

Ces trois mots l'ancrèrent dans le monde réel. Celui dans lequel il vivait encore.

- Je peux pas, répondit mécaniquement Stiles, obligé de le préciser. Elles me servent d'inhibiteurs.

Cela sous-entendait qu'ainsi, il n'y aurait plus rien pour limiter ses pouvoirs dont ils ne savaient, au final, que peu de choses, mais assez pour comprendre qu'il ne devait pas les retirer. Les retirer et chercher à le tuer ensuite, c'était jouer avec le feu. Car Stiles ne pouvait pas toujours contrôler de manière totale ses pouvoirs tant ils étaient puissants. Si son corps décidait de se défendre face à l'assaillant, pas sûr qu'il puisse l'en empêcher… Et Scott l'avait bien compris puisqu'il lâcha d'un ton menaçant et en même temps, étrangement victorieux :

- Tu avais dit que tu ne te défendrais pas, non ?

Stiles déglutit et son cœur rata plusieurs battements. Le ton de Scott était on ne peut plus menaçant. Alors c'était ça ? Il décidait finalement de montrer son vrai visage avant de laisser libre court à son envie ?

- Scott, ça suffit, entendit-il Derek dire d'un ton ferme.

Les doigts de l'alpha se resserrèrent légèrement sur sa gorge. Ses ongles le piquaient, tout simplement parce qu'ils commençaient doucement à grandir, à une lenteur qui crispa Stiles. Mais oui, Scott avait raison. Il avait dit qu'il ne se défendrait pas. Il avait dit qu'il pouvait le tuer. Et son ancien meilleur ami le prenait au pied de la lettre.

Ca lui brisait le cœur.

Très franchement, il n'avait pas envie de finir comme ça. Stiles avait des rêves, autrefois, avant que son secret éclate. Même en sachant qu'il n'avait pas d'avenir, il avait voulu faire des tas de choses avec la meute : partir en vacances avec eux, préparer leurs anniversaires à l'avance, acheter une jolie robe à Lydia, soutenir Scott pour ses premiers cours à l'université qui devait, normalement, l'accepter… Il avait prévu des tas de choses, des tas de cadeaux, des tas d'activités. Mais la meilleure à ses yeux, celle qui lui était la plus précieuse, c'était de fêter son anniversaire avec eux. Une soirée rien que pour lui avant de rejoindre sa dernière demeure. Oh bien sûr, il savait depuis le début qu'il n'atteindrait jamais cette date et c'était pour cette raison qu'il avait prévu de trouver une excuse pour le fêter un de ces jours, quelques mois en avance… Mais non. Stiles ravala ses larmes, son chagrin, cette peine immense qui brisait toujours plus son cœur à chaque seconde. Dans tous les cas, il allait mourir. Dans tous les cas, il se laisserait faire. Dans tous les cas, personne n'irait le pleurer mis à part son père. Stiles esquissa un rictus sans joie et qui, à cause de son masque Silencieux, paraissait robotique tant aucune émotion ne transparaissait, rendant la chose d'autant plus perturbante. Son odeur, elle, était explosive, si bien que certains esquissèrent un pas mais le regard devenu pourpre de leur alpha les tétanisa sur place.

- Enlève tes lentilles, répéta-t-il d'un ton qui n'appelait aucune contestation.

Stiles leva lentement sa main et retira sa lentille gauche, puis la droite. Il les laissa tomber au sol sans prendre la peine de les ranger dans la petite boîte qu'il gardait toujours dans sa poche. Elles étaient sans doute fichues, mais ce n'était pas grave. Il n'en aurait plus aucune utilité. La main de Scott s'enroula cette fois-ci complètement autour de sa gorge tandis qu'il s'accroupissait pour être à sa hauteur. Ses griffes commencèrent à lui percer la peau et Stiles contint comme un dingue le pouvoir qui montait en lui. Ne pas faire de flammes. Il ne devait pas faire de flammes. Pas réagir. Pas résister. Ne pas se défendre. Mourir de la main de son ancien ami était bien plus préférable à se faire tuer par son propre peuple qui ne se contenterait pas d'une simple mort. Malgré leur absence d'émotion, les Psis se délectaient froidement de la souffrance d'autrui. Scott allait le tuer. C'était douloureux et très honnêtement, Stiles était détruit. Son meilleur ami. C'était son meilleur ami… Et il n'avait pas le droit de contester sa volonté. Il avait beau ne plus faire partie de la meute, il ne pouvait s'empêcher de respecter son alpha… Même si c'était complètement idiot. Mais sa vie avait volé en éclat. Il les avait perdus, tous. Par sa propre faute. Avait-il le droit de se plaindre ? Non, pas le moins du monde.

Mais ses véritables iris figèrent la meute entière. Ils étaient beaux, magnifiques. Tricolores. Cyans, argentés et dorés. Des yeux uniques pour une personne unique. Des yeux expressifs. Si expressifs. Tristes. En colère. Perdus. Détruits. Retirer ses lentilles avait brisé son masque de fausse indifférence sans même qu'il s'en rende compte et tout son désarroi apparaissait au grand jour, déformait ses traits qu'ils avaient tous bien connus. Ses yeux si particuliers s'embuèrent de larmes d'un coup mais Stiles les retint courageusement, si bien qu'il n'y eut qu'une seule insolente qui coula lamentablement sur sa joue. Il ferma alors les yeux et ferma son esprit à son père. Les digues tombèrent. Les émotions débordèrent à l'intérieur de lui mais le feu n'apparut pas. C'était la seule chose qu'il pouvait contrôler, parce qu'il avait laissé tomber tout le reste. Son pseudo masque de neutralité de Silence. Son courage. Ses émotions.

Ne te défends pas.

Au même moment, les premières gouttes de sang apparurent sur sa peau pâle constellée de grains de beauté.