Yo ! Voici un OS court écrit sur le thème La glace à la vanille, c'est simple, ça va avec tout !, en environ une heure, pour les 24H du FoF.

J'étais contente de me pencher un peu sur Chloé !

Bonne lecture !

Variations sur glace à la vanille

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I — Poire belle Hélène

– Une poire

– Deux boules de glace à la vanille

– Un bol de chocolat fondu avec du beurre

– Une pognée d'amandes effilées

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Chloé aime les choses classiques : celles que tout le monde voudrait avoir mais que fort peu peuvent se permettre. Simple, mais classique et toujours dans un bon goût irréprochable. Ça, c'est pour les vêtements, mais c'est tout aussi valable pour la nourriture.

Elle aime la viande rouge de première qualité, le thon rouge, et, par-dessus tout, les pâtisseries les plus chères de Paris. Et si elle la cache, quiconque la connaît a eu vent de son amour absolu pour la glace à la vanille.

Elle a dix ans quand, rentrée pour quelques jours de New York, sa mère lui fait remarquer qu'elle a grossi pendant son absence. Une fois que sa mère est partie, elle arrête de manger pendant trois jours, et quoi qu'on lui serve, elle fait tout sortir dans les toilettes quelques heures plus tard, ça la réveille au milieu de la nuit, ça la fait transpirer à grosses gouttes. Elle a de la fièvre et son père engage les meilleurs diététiciens, mais elle vomit leurs cures autant que le reste.

C'est son quatrième jour de jeûne quand Jean, le majordome, entre dans sa chambre au milieu de la nuit. Elle est faible, et la faim la fait délirer. Il a un plat dans les mains et elle le renvoie d'une phrase acerbe sans force.

« Laisse-moi ! J'ai pas faim ! Et c'est mauvais !

— Mademoiselle devrait manger quelque chose.

— Je te dis que j'ai pas faim, t'es sourd ou quoi ? Je vais appeler mon père et vous faire virer !

— Mais, c'est un rêve, Mademoiselle.

— Qu'est-ce que tu racontes ?

— C'est un rêve, vous pouvez faire ce que vous voulez, et ça n'aura pas d'incidence sur la vie réelle. Mangez donc.

— Tu te fiches de moi ?

— Non, Mademoiselle. Vous savez que jamais je ne rentrerais dans vote chambre au milieu de la nuit. Et puis, cette recette de Poire Belle-Hélène, c'est celle de votre nourrice, vous savez bien que je ne sais pas cuisiner.

— C'est se demander à quoi tu sers, oui ! »

Elle argumente mais sa raison lui fait faux bond, et elle se laisse convaincre malgré elle quand on glisse dans sa bouche une cuillère de glace à la vanille recouverte de chocolat fondu et durci au contact du froid. C'est un rêve, elle se répète, c'est un rêve, et comme elle avale les poires, les amandes, le chocolat et la glace sans haut-le-cœur, elle songe que c'est le plus beau rêve du monde. Elle le refait cinq nuits de suite, et son état s'améliore sensiblement. Elle reprend quelques forces, suffisamment pour décider de virer Jean qui l'a trompée, sachant très bien que son père le garderait au final. Elle ne lui dit jamais merci, mais à chaque venue de sa mère, il lui prépare ce dessert, et c'est le seul qu'elle ne vomit jamais ô grand jamais.

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II — Mi-cuit au chocolat

– Servir chaud avec une boule de glace à la vanille

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Chloé fête ses onze ans, et sa mère était supposée les rejoindre au restaurants en sortant de son jet privé. Il faut croire qu'elle a eu mieux à faire, parce que Chloé est seule face à son père, une bouteille de champagne qu'il est le seul à avoir bue entre eux. Les desserts arrivent, et Chloé en a trop.

Depuis la fenêtre du restaurant, Chloé voit tout Paris, comme si la ville était à ses pieds, mais ça ne lui suffit pas. Tout Paris, c'est bien joli, mais si sa mère n'est pas là, elle n'en veut plus. Elle tape la plus grosse colère que son père lui aie jamais vue en public, crie à s'en éclater les poumons pendant que de grosses larmes coulent sur ses joues. On essaie de la faire sortir, mais elle se débat corps et âme. Son dessert, le meilleur mi-cuit au chocolat de tout Paris, finit sur le visage de son père, et la glace à la vanille avec.

Entre les cris, le sucre et les larmes, Chloé trouve que la glace sert parfaitement sa colère. Elle fond, elle fond, elle tâche. Elle ose bien espérer que son père ne pourra jamais plus porter cette cravate ridicule.

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III — Milk-shake

– Deux boules de glace à la vanille

– Un grand verre de lait

– Une banane

– Deux cuillères à soupe de pâte à tartiner

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Chloé fête ses douze ans en grande pompe dans l'hôtel de son père, et parmi la foule des gosses de riches qui se presse là, boit et mange aux frais du maire, Adrien n'est pas là. Chloé décide de bouder : et elle est très douée à ce jeu.

Et puis il y a cette petite fille, cette petite fille pas très jolie qui la suit partout parce que son père travaille pour son père, et qui détonne dans une salle si richement décorée. Elle se balance d'un pied sur l'autre en tenant un gobelet dans chaque main, qu'elle ne semble pouvoir ni poser ni jeter ni confier à qui que ce soit.

« Qu'est-ce que tu fiches ici ?

— Oh, Chloé ! Joyeux anniversaire ! Je n'avais plus d'argent de poche pour faire un cadeau, alors je t'ai ramené un milk-shake fait maison.

— Mais c'est ridicule. Complètement ridicule. »

La petite, Sabine ou quelque chose, baisse la tête et sourit, ce qui est très bizarre parce qu'elle ne semble pas joyeuse du tout. Chloé ne veut jamais sourire alors qu'elle est triste, ou en colère, on fatiguée.

« Je sais … Je ne pensais pas qu'il y aurait autant à manger … »

Chloé lui arrache un des gobelets des mains, et prend une longue gorgée. Ça a fondu, pour le temps que c'est resté dans les mains de la jeune fille, mais Chloé reconnaît le goût de la glace à la vanille en fond. Le visage de l'autre s'éclaire d'un coup, elle semble prête à sauter de joie.

« Tu aimes ?

— Pf. Il n'y a pas assez de lait et c'est trop sucré. Mais j'imagine que ce n'est pas trop imbuvable pour une première fois. Peut-être que tu n'es pas aussi inutile que tu en as l'air, Sabine.

— Sabrina. Je m'appelle Sabrina !

— Ouais, ouais, c'est ça. Sabrina, va me chercher une chaise, j'ai mal aux pieds !

— Tout de suite Chloé ! »

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IV — Café glacé

– Une tasse de café froid

– Une larme de lait

– Une boule de glace à la vanille

– Quelques glaçons

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C'est l'été des treize ans de Chloé et elle est surélevée de bonheur. Elle passe les vacances dans leur villa en Italie, pas très loin de Rome, et Adrien a pu venir.

Sabrina lui a envoyé un nombre fou de carte postale auquel elle n'a pas répondu, mais elle lui a envoyé un snap d'une glace à la vanille. Elle estime avoir fait son devoir de meilleure amie. Elle préfère se concentrer sur Adrien, lui faire découvrir la maison.

« Qu'est-ce que Mademoiselle voudra boire ? »

Elle sait exactement ce qu'elle aime boire ici : une boisson d'adultes mais sucrée quand même. Elle est heureuse de la faire découvrir à Adrien. Il va adorer. Et il va l'adorer, elle aussi. Il est bien obligé.

« Deux cafés glacés ! Fissa !

— Pour mon fils, ce sera sans sucre et sans lactose je vous prie. Et évitez les glaçons. »

Adrien n'objecte rien comme son père gâche totalement la commande. Quand on sert à Chloé un grand verre festif avec une paille, une ombrelle et des glaçons qui se cognent dans un bruit cristallin, on apporte à son Adrichou une boisson noire et amère qui ne semble pas lui faire envie. Chloé dit qu'elle va lui montrer le jardin, et elle file en prenant son verre. Quand ils sont hors de portée du regard de qui que ce soit, elle lui tend le café glacé. Il s'illumine et en boit une gorgée.

« Wow, qu'est-ce que c'est ?

— C'est la glace à la vanille ! »

Et son rire est si clair, Chloé est persuadée que ce rire lui appartiendra pour toujours.

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V — Glace au pot

Chloé a quatorze ans, elle est toute seule dans sa chambre et elle cuve sa déception. Elle a dit qu'elle ne voulait voir personne, elle a fermé sa porte à clés. Jean, Sabrina et Adrien sont venus frapper, elle n'a ouvert à personne. Elle regarde une série en mangeant de la glace à la vanille à même le pot. Comme les souvenirs fusent et se mélange dans sa tête, elle renifle un bon coup. Rien qu'avec ce goût, oui, elle a l'impression que tous sont avec elle, tous en même temps, à lui sourire.

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Et voilà !

J'espère que ça vous aura plu, parce que j'ai beaucoup aimé écrire. J'ai dormi quatre heures cumulées dans ces trente-trois dernières heures donc je suis navrée s'il y a des fautes.

N'hésitez pas à donner votre avis !

À très vite !