Yo ! Aussi pour les 24h, du coup, en une heure environ. Sur le thème Cuisiné avec amour.
Bonne lecture !
S.L.U.T 2/2
(Sweet Little Unforgettable Things)
« La Reine veut ma mort. »
De dire ça, ça lui a donné une place dans le campement, tout de suite. Ils sont nombreux à vivre dans cette bande, et personne n'a vraiment le droit d'être ici. Il y a un groupe de bardes qui tournent en dérision tous les nobles du royaume, des gens au teint sombre et aux yeux marrons qui parlent une langue que Marinette ne connaît pas et une vieille femme qui fait de la magie, pratique normalement interdite en-dehors de la famille royale. Un groupe de hors-la-loi.
On lui donne une tente, qu'elle partage avec une fille aux cheveux crépus et qui sourit beaucoup. Elle a un léger accent quand elle parle, et Marinette met du temps avant de s'y habituer.
Le camp bouge toutes les semaines, ils ne restent jamais longtemps en bordure d'une même ville, alors même si la Reine retrouve sa trace, elle sait qu'elle aura du mal à savoir où elle est. Ils se déplacent de manière volontairement chaotique, ne sont jamais suivis. Passe un an, passent deux ans et elle entend les crieurs publics raconter la tristesse extrême du roi, donner des descriptions. Mais tant que sa mère la Reine est là, elle ne peut pas rentrer, elle ne veut pas non plus. Elle est mieux ici. Elle se sent plus libre. Elle porte un masque rouge et une robe de la même couleur, alors on l'appelle la Coccinelle. Personne n'utilise son vrai nom, par souci de discrétion. Elle se découvre un talent de couturière qui lui permet de gagner son pain dans le camp. Elle a travaillé toute sa vie.
Quand ils ont voyagé jusque le royaume voisin, elle a beaucoup appris. Elle aura bientôt quinze printemps, et elle a pris une décision. Elle a fait son paquet, elle a coupé ses cheveux.
« Je vais rester ici. En ville, à la capitale. Je veux ouvrir un atelier à moi, j'ai réussi à garder quelques pièces.
— Tu nous manqueras.
— Et vous me manquerez aussi. »
La Coccinelle a quinze ans, et personne en ville n'a jamais vu son visage. On raconte des histoires sur ses robes miraculeuses, venues d'ailleurs. La Coccinelle a seize ans, et les Agreste l'invitent dans leur château. Le Prince Adrien doit se marier bientôt, et il faudra pour l'occasion le plus beau des costumes, le plus élégant et le plus riche.
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« Toujours aucune nouvelle de ma fille ? »
Chloé a vieilli, en quatre ans. Le roi n'est toujours pas mort. Elle pose cette question, inlassablement, et inlassablement, Sabrina lui répond :
« Elle a disparu comme la neige fond, comme le corbeau s'envole dans le ciel et comme le sang se nettoie, bu par la terre sous lui. »
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« J-je travaille au château ! »
Il a le visage masqué, lui aussi, et Marinette se demande si elle a lancé une mode. Il est plus âgé qu'elle, il doit avoir, peut-être, quelque chose comme l'âge de sa mère. Elle fait un pas, mais il l'empêche d'avancer. Elle croise les bras.
« Vous êtes la Coccinelle ? C'est vrai que vous portez chance ?
— Et vous ? Vous savez que d'où je viens, le noir porte malheur ? »
Il ne trouve pas de réponse, et elle s'en va d'un coup. Elle doit revoir le Prince, espérer qu'il ne la reconnaisse pas.
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« Toujours aucune nouvelle de ma fille ?
— Le roi l'a trouvée, Majesté. Il avait envoyé des espions dans le royaume des Agreste, et c'est là-bas qu'elle séjourne.
— Oh. A-t-elle demandé l'asile politique ?
— Non. Elle s'est fait embaucher comme couturière. Elle travaille sur la tenue du mariage royal.
— Du mariage ? Adrien Agreste se marie ? Avec qui ? Comment se fait-il que je ne l'aie pas encore entendu ? Explique-moi !
— Il épouse la Princesse Lila Rossi, qui vient du royaume de … Italix ?
— C'est un vrai royaume, ça ? Jamais entendu parler.
— Le Prince n'a pas aimé comment vous traitiez votre fille. Vous savez que le peuple vous craint, et que les puissants vous méprisent.
— C'est ridicule, complètement ridicule ! Enfin. Qu'a fait le roi ? Est-il prêt à agir ?
— Il a envoyé un chasseur, avec ordre de ramener sa fille. Il partira demain à l'aurore.
— Alors il faut se presser. Nous devons le devancer et pour cela, nous devons partir maintenant. J'emporte mes potions et mes sortilèges : toi, va chercher l'âne qui crache des diamants par les fesses, et charge-le de tous les trésors que nous avons enfouis pendant dix-sept ans. Nous n'avons besoin que d'une chose : de temps, et alors tout sera parfait. Ecoute-moi avant de partir, une dernière chose. Il y a dans le tiroir de mon office un bocal de verre bleu, scellé de cire rouge. Il faut que tu l'ouvres, mais ne touche surtout pas ce qu'il contient. Il faudra que tu prennes un pinceau, et que tu badigeonnes les pages du Livre des Honneurs de cette substance : je sais que mon père le relira quand il apprendra ce que j'ai prévu. Voyons … Cette pomme. Cette pomme fera très bien l'affaire. File ! File, je te retrouverai devant les portes de la ville, à l'heure où les torches s'éteignent. »
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« Mademoiselle, Mademoiselle, à l'aide ! »
Marinette se retourne. Elle est presque seule dans la forêt où elle habite, seule une vieille femme est derrière elle, un panier dans les mains. Un de ses genoux touche terre, et Marinette voit que ses cheveux sont coincés dans une racine.
« Je vous en supplie, aidez-moi, coupez mes cheveux, je souffre ! Vous êtes charmante, s'il-vous-plaît, je vous donnerai une pomme, non, toutes mes pommes !
— Attendez ! J'arrive ! »
Elle se précipite chez elle, récupère un couteau et vient à la rescousse de la vieille femme, qui la remercie longuement. Elle la regarde avec des yeux bleus et fatigués, elle la fixe comme si elle l'aimait de tout son cœur. Sa reconnaissance est sincère. Elle s'incline.
« Mes pommes. Elles sont à vous.
— Non, non, c'est trop ! Je vous en prie, c'est bien normal.
— Prenez-en au moins une. C'est pour vous remercier. Je les ai préparées avec amour. »
La Coccinelle hésite un moment, puis accepte, un peu gênée. Elle croque dans la pomme. Deux secondes plus tard, elle ne voit plus rien.
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« Je lui ai retiré son masque et je l'ai portée jusqu'à la lisière de la ville. Sa mort a déjà été annoncée. Sabrina, écoute. Dans deux jours, le roi sera là pour récupérer le cadavre de sa petite-fille. Il la fera enterrer ici même, et quand il ouvrira la cérémonie, il devra lire un passage du Livre des Honneurs. Il mourra devant témoins, et quand Marinette se lèvera, je viendrai revendiquer l'assassinat du roi. Après ça, je devrai disparaître. Sabrina. Voudras-tu partir avec moi ?
— Toujours. Je suis votre miroir, Reine Chloé. Je mourrais si je ne pouvais plus vous regarder. »
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Le roi s'effondre. Des cris résonnent. Dans son cercueil de verre, Marinette ouvre les yeux. Chloé se lève, se débarrasse de sa cape, de ses cheveux de vieille et de son faux visage. Elle monte sur l'estrade. Elle sait que chacun la regarde.
« Gents damoiseaux, gentes damoiselles, mesdames et messieurs, vos altesses, je vous souhaite la bienvenue à mon banquet. Enfin, la bienvenue. Vous avez déjà mangé vos pommes. C'est moi qui les ai choisies. Je les ai cuisinées avec soin, avec toute la magie que j'ai apprise en secret. Oh, vous ne devirez jamais sous-estimer une femme. Surtout pas une Bourgeois. D'ici quelques minutes, vous fermerez tous les yeux. Certains d'entre vous, comme ma fille ici présente, ont reçu des pommes d'amours. Vous vous réveillerez dans un ou deux jours. Les autres ont reçu des pommes de haine. Elles contiennent la même chose que ce qui a tué mon père, aussi vous ne vous réveillerez jamais. Souvenez-vous de moi. Souvenez-vous de votre bêtise. Je lègue mon royaume à ma seule héritière légitime. Marinette. Ma petite sœur. Sois fière de toi. Avant que vous ne vous endormiez, je n'ai qu'une chose à dire : Sabrina ! L'hélicoptère ! »
Il y eut un vacarme et bientôt un gros engin apparut dans le ciel, et tandis que Chloé mettait des lunettes de soleil sur ses yeux, le monde entier devint noir. Personne, jamais, ne parla de cette machine étrange et des mots de Sabrina : « Direction Ibiza ? ».
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Y a un hélico dans le film. J'ai le droit.
Des bisous les chats !
